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Il existe en Inde une foule de mythes cosmogoniques (L'hindouisme). On se bornera ici à relater ici celui qui paraît le plus généralement adopté, bien que peut-être il ne soit pas le plus ancien et le plus authentique; c'est celui qui résulte des Puranas et autres livres sacrés. De toute éternité et antérieurement à tous les temps existe un être spirituel, immense, infini, tout-puissant, existant par Iui-même, et cause première de tous les êtres. On l'appelle Brahm ou Brahman, et mieux Parabrahma, le Brahma primitif et suprême. Om ou Aum est la première parole qu'il prononça, et cette parole est son verbe, son premier-né, le résumé de la triade divine et l'origine de toutes choses. A une certaine époque, tout ce qui existe était plongé dans l'obscurité, imperceptible, dépourvu de tout attribut distinctif, et semblait entièrement livré au sommeil. C'était un véritable chaos. Cet état de choses était le résultat de la dissolution, ou pralaya, d'un univers antérieur; car, de toute éternité, les créations et les destructions se succèdent périodiquement. Le dieu souverain résolut de faire émaner de sa substance les êtres mobiles et immobiles, et, s'unissant à Mâyâ, ou l'illusion, il commença son oeuvre créatrice. Mâyâ est considêré, tantôt comme le désir et la volonté éternelle de Brahman, tantôt comme une vaine apparence; d'après cette dernière hypothèse, il résulterait que rien de ce qu'a produit l'être souverain n'a une existence réelle, et que tout ce que nous voyons n'est que l'effet d'un prestige. Mais, sans entrer dans les discussions philosophiques qui encore à présent partagent les théologiens hindous sur ce sujet, nous dirons que Mâyâ d'un commun accord est douée de trois qualités, savoir, la bonté, la passion et l'obscurité, et que cette mère de toutes choses, s'unissant à l'être lumière, à Parabrahma, donna naissance à la trimourti , c'est-à-dire aux trois formes ou trois aspects de la divinité, personnifiés en Brahmâ, Vishnou et Shiva. Le premier est le principe créateur, le second le principe conservateur, et le troisième le principe destructeur, ou plutôt reproducteur, car il ne détruit que pour reproduire. Le monde, fut d'abord caché sous les eaux, et ces eaux étaient dans Atman, l'âme universelle, Parabrahma; de tout temps elles furent grosses du monde. Ces eaux sont sans rivages, tout ce qui existe est eau; et l'eau et Aum ne sont qu'un. Les eaux primitives sont la mer de Mâyâ. Lorsque la trimourti et les trois qualités eurent été produites, du milieu de celles-ci tomba sur les eaux une goutte, un germe. Ce germe devint un oeuf brillant comme l'or, aussi éclatant que l'astre aux mille rayons; et l'Etre souverain y naquit lui-même sous la forme de Brahmâ. Sous cette forme il reçoit encore plusieurs autres noms : on l'appela Narayana, celui qui se meut sur les eaux ; Hiranyagarbha, sorti de la matrice d'or, par allusion à l'oeuf d'or ou brahmanda. Hiranyagarbha est le principe de toute production; il est lui-même la production première, le grand phénomène, Maha-bhouta, dont le corps est cet univers visible. Sa bouche dévore toutes choses; il a des têtes innombrables, des sens à l'infini; il est le grand trône, l'arbre de vie; il est unique dans le monde, et le monde est plein de lui. Cette substance originelle, assemblage des éléments subtils , et à la fois de toutes les substances individuelles, est appelé par les sages Mâhan-atmân, la grande âme; Sati, la vérité, la vie. On le nomme aussi Mrityou, la mort, parce qu'il détruit et absorbe en lui-même tout ce qu'il enfante. Assis sur le lotus où il venait de naître, Brahmâ, continue le même auteur, promenait ses regards autour de lui, n'apercevait des yeux de ses quatre têtes que l'immense Après avoir demeuré dans la contemplation d'un si magnifique spectacle durant une année de Brahmâ, équivalant à trois milliards cent dix millions quatre cent mille années solaires, Hiranyagarbha se mit à l'oeuvre. Par sa seule pensée il divisa l'oeuf en deux parts, dont il forma Swarga, le ciel, et Prithivi ou Mritloka, la terre. Au milieu, il plaça Antarickcha, l'atmosphère , c'est-à-dire l'espace compris entre le ciel et la terre. C'est ce qu'on appelle communément les trois mondes. Dans cet intervalle, il distribua les huit régions célestes, qui comprennent les quatre points cardinaux et les quatre points intermédiaires; puis les sept swargas ou sphères étoilées, et les sept patalas ou régions inférieures, lesquelles forment les quatorze mondes de purification. De Param-atmâ, l'âme suprême, il tira la conscience, le moi, ou Ahankara; le sentiment, Manas, et l'intelligence, Mahât ou Bodhi; et tout ce qui est susceptible de recevoir les trois qualités de bonté (satva), de passion (radjas), et d'obscurité (tamas); plus, les cinq organes destinés à percevoir les objets extérieurs, à savoir : l'oeil, l'oreille, le nez, la langue et la peau; les cinq organes de l'action : la voix, les mains, les pieds, l'orifice inférieur du tube intestinal, et les parties naturelles; enfin les atomes constitutifs des cinq éléments, ou de l'éther, de l'air, du feu, de l'eau et de la terre, qui, unis et combinés, lui servirent à former tous les corps. Il créa la lune, qui renferme l'eau vitale, source de toutes les eaux; le soleil dont la lumière est la lumière de l'auteur de toutes choses. Aux côtés du soleil, sont le jour et la nuit, les étoiles sont sa figure; la terre et le ciel l'ouverture de sa bouche. Avec le soleil naquit le temps, Kala. De toute éternité, le temps habitait dans Parabrahma; mais alors il ne connaissait pas de limites. Brahmâ créa en outre les Védas, qui sortirent de ses quatre bouches; la dévotion, la parole, la volupté, et remplit tout ce vaste univers de dieux et de génies sans nombre, appelés Dévas et Asouras, et de mille autres noms, chargés d'en animer, d'en conduire et d'en gouverner toutes les parties. Cependant la terre demeurait déserte; Brahmâ résolut de la peupler. A cet effet, il divisa son corps en deux parts, devint moitié mâle et moitié femelle; et s'unissant à la partie femelle, il engendra Viradj, qui lui-même enfanta, en se livrant à une austère dévotion, Manou-Smayambhouva, lui donna pour femme Sataroupa, et, les bénissant tous deux, leur dit de multiplier. A son tour Manou donna naissance à dix saints éminents, appelés maharchis ou pradjapatis, seigneurs des créatures, lesquels mirent ensuite au jour sept autres Manous, qui, chacun pendant leur période, ont produit et dirigé ce monde. Manou s'approcha de Sataroupa; et de ce contact naquirent les êtres humains : le premier homme, Adimo; la première femme, Prakriti (la procréée). Les deux époux prirent une autre figure. Sataroupa revêtit la forme d'une vache; Manou devint un taureau; et leurs fruits furent des vaches. Sataroupa se changea en jument, Manou en cheval; elle en ânesse, lui en âne; et les chevaux et les ânes provinrent de ces deux unions successives. De la même manière, ils créèrent chaque couple d'animaux, jusqu'aux fourmis et aux moindres insectes. Il y a sur la création de l'homme, une tradition sacrée qui diffère de celle-là : Brahmâ produisit de ses lèvres un fils nommé Brahmana, c'est-à-dire prêtre, à qui il fit don des 4 védas, qui sont les 4 paroles de ses 4 bouches, avec mission d'enseigner ces livres divins. Bramahna se consacra à la vie solitaire; mais, exposé aux attaques des animaux féroces qui peuplaient les forêts, il supplia son père de lui venir en aide. Aussitôt Brahmâ enfanta de son bras droit un second fils, Kshatriya, c'est-à-dire guerrier, et de son bras gauche une femme, Kshatriyani, qu'il lui donna pour épouse. Cependant, occupé sans cesse à défendre son frère, Kshatriya était impuissant à pourvoir à ses propres besoins. Brahmâ tira alors de sa cuisse droite un troisième fils, Vaisya, et de sa cuisse gauche Vaisyani, sa femme, qui se livrèrent à l'agriculture, aux métiers et au commerce. Et connue ces derniers ne pouvaient suffire au travail qui leur était imposé, Brahmâ, consommant son oeuvre, créa pour remplir toutes les fonctions serviles, de son pied droit, un quatrième fils, Soudra, et de son pied gauche, Soudrani, à laquelle il l'unit. Seul, Brahmana n'avait pas reçu de compagne: il se plaignit à son créateur, de cette exclusion, qu'il jugeait injuste. En vain Brahmâ lui remontra-t-il que, né pour l'instruction, pour la prière et pour le culte des dieux, il lui importait de s'affranchir de tous les biens terrestres de nature à le distraire de ses austères devoirs; Brahmana insistait encore. Irrité de cette persistance, Brahmâ, pour le punir, lui donna une fille de l'engence maudite des géants. C'est de ces différents couples que dérivent les quatre castes, qui depuis ont rempli la terre en se multipliant. » (A. Bertrand / Clavel). |
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