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Hédonisme

On donne souvent le nom d'Hédonisme (du grec hêdonê, plaisir) à toute doctrine morale qui, considérant le plaisir et la douleur comme les seuls mobiles de l'activité humaine, s'efforce d'y ramener tous les autres, non seulement l'intérêt personnel ou l'amour d'autrui, mais même le devoir. Voici, formulé par Herbert Spencer dans son livre Data of Ethics, le principe fondamental de l'hédonisme : 
« Le plaisir, de quelque nature qu'il soit, à quelque moment que ce soit, et pour n'importe quel être ou quels êtres, voilà l'élément essentiel de toute conception de moralité. C'est une forme aussi nécessaire de l'intuition morale que l'espace est une forme nécessaire de l'intuition intellectuelle. »
Dans ce sens très large, l'hédonisme est, en quelque sorte, un genre qui contient plusieurs espèces : hédonisme proprement dit, utilitarisme, eudémnonisme. Ces trois doctrines ont, en effet, ce caractère commun de chercher dans la sensibilité, c.-à-d. dans le plaisir et la douleur, le principe de la qualification morale des actions humaines. 

Elles s'opposent par là aux doctrines qui, comme celles de Kant, croient pouvoir déterminer l'idéal moral ou la loi morale par la raison seule, abstraction faite de toute considération de plaisir et de douleur.

En un sens plus étroit et plus précis, l'hédonisme est distinct de l'utilitarisme et de l'eudémonisme. Il est surtout représenté dans l'histoire de la philosophie par la doctrine d'Aristippe de Cyrène et  de l'école cyrénaïque : le bien pour l'humain, c'est le plaisir actuel et présent; l'espérance d'un bien à venir est toujours mêlée d'inquiétude parce que l'avenir est toujours incertain; il faut donc chercher avant tout le plaisir du moment, le plaisir le plus vif et le plus proche, ce que Aristippe appelait le plaisir en mouvement. Une telle morale exclut toute prévoyance, toute modération dans la recherche du plaisir : elle abandonne à l'instinct et à la passion la conduite entière de la vie.

L'utilitarisme fait, au contraire, une part à l'intelligence et à la volonté : il régularise la recherche du plaisir en proposant comme fin dernière l'intérêt ou l'utilité, c.-à-d. la plus grande somme de plaisirs diminuée de la plus grande somme de douleurs. Avant d'agir, on doit toujours examiner ce que l'action toute et ce qu'elle rapporte : elle est bonne, si la somme de ses conséquences agréables dépasse celles de ses conséquences pénibles, mauvaise dans le cas contraire. Toutefois, les plaisirs ne diffèrent entre eux que par la quantité (Bentham) ou par une qualité dont la sensibilité est seule juge (Stuart Mill).

D'après l'eudémonisme, la fin suprême est le bonheur, lequel consiste, sans doute, dans un plaisir, mais dont la valeur peut et doit être mesurée par la raison. Tout exercice d'une de nos facultés ayant pour conséquence un plaisir, le plaisir le plus pur et le plus complet, le bonheur véritable, a évidemment pour condition l'exercice harmonieux de nos facultés les plus hautes : il se confond ainsi avec la vertu. Telle est la doctrine d'Aristote. (E. Boirac).

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