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Dictionnaire des idées et méthodes
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Kalokagathie (du grec ancien kalos = beau et agathos = bon, noble). - Mélange harmonieux de beauté physique et de bonté morale ou de vertu. Dans la Grèce antique, le concept de kalokagathie était souvent associé à une idée d'excellence holistique, où l'apparence extérieure et le caractère intérieur d'une personne étaient considérés comme interconnectés. Cette notion était importante dans le contexte de l'aristocratie grecque, où l'idéal de la personne kalos kai agathos ( = belle et bonne) était très estimé.

Kantisme : philosophie de Kant; c'est le Criticisme, une sorte de demi-scepticisme. - L'influence de Kant, ou, pour mieux dire, la révolution kantienne
est comparable à la révolution socratique et à la révolution cartésienne. La révolution socratique
avait été préparée par les Sophistes qui, d'une part, avaient ruiné les spéculations des philosophes antérieurs par leur scepticisme, d'autre part, avaient ramené la philosophie à l'étude de l'humain et de la société. C'est, de même, le scepticisme de Hume qui contraignit Kant à critiquer et à répudier le dogmatisme de Leibniz et de Wolf : il voulut faire au scepticisme sa part légitime et la fit très large puisqu'il lui sacrifia toute recherche transcendante. Comme Socrate, il fut ainsi amené à subordonner la spéculation à la morale. 

Descartes avait comme annoncé et préparé la révolution accomplie par Kant : le kantisme, en effet, est avant tout une critique, c'est-à-dire un retour de l'esprit sur lui-même pour se juger et mesurer la portée exacte de ses facultés; or Descartes avait ramené l'esprit à
l'étude de lui-même, d'une part, en formulant son principe je pense donc je suis, d'autre part, en demandant à l'examen attentif du sujet pensant cette idée de perfection qui lui sert pour s'élever jusqu'à Dieu. Lui aussi avait rencontré au début de ses spéculations le doute et le scepticisme, mais il l'avait déclaré provisoire, hyperbolique, insoutenable, tandis que Kant fut amené, en matière métaphysique, à supprimer la science pour édifier la foi.Le caractère propre du kantisme est donc bien marqué par ce divorce radical entre la raison spéculative et la raison pratique que Descartes unissait au contraire étroitement : c'est ce qui fait l'originalité et aussi la faiblesse du kantisme. Les épopées métaphysiques qui suivirent (Fichte, Schelling, Hegel) furent une protestation contre cette mutilation de la raison humaine. Le scepticisme spéculatif se concilie mal avec le dogmatisme moral et s'il n'y a pas dans l'oeuvre de Kant la « sublime contradiction » qu'on a prétendu y reconnaître, il est vrai toutefois, que la raison, divisée contre elle-même, perdrait toute autorité, qu'on essayerait en vain de la sauver par une sorte de coup d'État dialectique qui restaurerait la spéculation au moyen de la morale, et que les conséquences les moins contestables du kantisme pourraient bien être le scepticisme et le pessimisme.

Karma. - Notion qui trouve ses racines dans les traditions philosophiques et religieuses de l'Inde, en particulier dans l'hindouisme et le bouddhisme. En tant que concept philosophique, la notion de karma repose sur l'idée que chaque action engendre des conséquences. Les actions, qu'elles soient positives ou négatives, créent une sorte de force éthique qui influe sur le destin de l'individu. Dans le contexte hindou, le karma est souvent lié au cycle de la réincarnation (samsara). Les actions d'une vie peuvent influencer la qualité de la vie suivante. Le karma est donc lié à la notion de progression spirituelle à travers différentes vies.Le karma souligne la responsabilité individuelle pour ses actions. Chacun est considéré comme responsable des conséquences de ses propres actes, et cette responsabilité transcende la vie actuelle. Bien que le karma soit souvent perçu comme une force accumulée à travers les actions passées, il offre également la possibilité de transformation. En prenant des actions positives et en cultivant une conscience éthique, une personne peut influencer favorablement son karma futur. Dans le bouddhisme, le but ultime est de transcender le cycle du karma et de la renaissance en atteignant l'éveil (nirvana). Cela implique la compréhension profonde de la nature de la réalité et la cessation du désir et de l'attachement. 

Keynésianisme. - Théorie économique qui tire son nom de John Maynard Keynes (1883-1946). Elle a émergé dans les années 1930 en réponse à la Grande Dépression et a eu une influence majeure sur la politique économique dans de nombreux pays au cours du XXe siècle. Le keynésianisme se signale par une vision optimiste mais réaliste de la rationalité limitée des agents économiques. Keynes a remis en question l'idée que les individus et les entreprises prennent toujours des décisions économiques de manière parfaitement rationnelle. Il a soutenu que les agents économiques peuvent être influencés par des incertitudes et des attentes irrationnelles, ce qui peut conduire à des fluctuations économiques et à des périodes de chômage. L'une  des valeurs fondamentales du keynésianisme est la préoccupation pour le plein emploi. Keynes a cherché des moyens d'atténuer le chômage cyclique et de stabiliser l'économie pour éviter les graves récessions et dépressions économiques. Les économistes classiques, avant Keynes, croyaient souvent en l'idée que l'économie atteindrait naturellement un équilibre sans intervention externe. Keynes a contesté cette notion, affirmant que l'économie pouvait rester longtemps dans un état de sous-emploi si elle n'était pas stimulée par des mesures gouvernementales. Le keynésianisme insiste sur le rôle crucial de la demande globale (consommation, investissement, dépenses publiques, exportations) dans la détermination du niveau de production et d'emploi. Les politiques keynésiennes visent à stimuler la demande globale pour favoriser la croissance économique. Le keynésianisme défend l'idée que le gouvernement doit jouer un rôle actif dans la gestion de l'économie, en utilisant des politiques fiscales et monétaires pour stabiliser l'activité économique. Cela implique parfois des déficits budgétaires temporaires pour stimuler la demande pendant les périodes de ralentissement économique.

Kinesthésie. - Sens qui nous permet de percevoir la position et le mouvement de notre corps dans l'espace, ainsi que la tension musculaire, sans nécessairement dépendre de la vision. Il s'agit donc d'une forme de perception sensorielle liée au mouvement et à la proprioception. Les informations kinesthésiques proviennent des récepteurs sensoriels situés dans les muscles, les tendons et les articulations. La kinesthésie joue un rôle essentiel dans la coordination motrice, la posture et l'équilibre. En psychologie et en éducation, le terme kinesthésique est utilisé pour décrire un style d'apprentissage préférentiel. Les individus qui ont un style d'apprentissage kinesthésique préfèrent généralement apprendre par l'expérience physique et le mouvement. Ils peuvent avoir une meilleure compréhension des concepts lorsqu'ils sont physiquement impliqués dans l'apprentissage, par le biais d'activités pratiques, de manipulation d'objets ou de mouvements corporels. 

Krausisme. - Mouvement intellectuel et éducatif qui a émergé au XIXe siècle, principalement en Espagne, et qui tire son nom Karl Christian Friedrich Krause (1781–1832). Le krausisme s'est également répandu en Amérique latine. Ce courant s'inspire de l'idéalisme philosophique, notamment des idées de Krause, qui a cherché à intégrer des éléments de la pensée idéaliste allemande avec des principes de spiritualité et d'unité cosmique. Bien que le krausisme ne soit pas strictement religieux, il a souvent été associé à une approche spirituelle et humaniste de la vie. Certains krausistes ont tenté de combiner des éléments de la pensée chrétienne avec des idées philosophiques.

Il l met l'accent sur l'importance de l'éthique, de la moralité et de l'éducation comme moyens de réaliser le progrès humain et cherche à promouvoir le bien-être individuel et social en mettant l'accent sur le développement moral et intellectuel. Les krausistes étaient souvent impliqués dans des activités sociales et politiques. Ils ont soutenu des idées progressistes et ont cherché à promouvoir des réformes sociales et éducatives. Les krausistes ont notamment prôné une approche libérale de l'éducation, mettant l'accent sur

le développement intégral de l'individu. Le krausisme a d'ailleurs eu un impact significatif sur l'éducation en Espagne et dans les autres régions où il s'est répandu. Il a inspiré la création d'écoles et d'institutions éducatives basées sur ses principes idéalistes et humanistes. Le mouvement a également influencé certains aspects de la pensée politique et sociale de l'époque. Parmi les penseurs associés au Krausisme, on peut mentionner : 
• Karl Christian Friedrich Krause (1781–1832) est le fondateur du krausisme. Ses idées, centrées sur l'idéalisme, la spiritualité et l'unité cosmique, ont servi de base au mouvement.

• Francisco Giner de los Ríos (1839–1915) philosophe et éducateur, est considéré comme l'un des principaux représentants du krausisme en Espagne. Il a fondé l'Institution Libre d'Enseignement (Institución Libre de Enseñanza ou ILE), une école progressiste qui a eu une influence significative sur le système éducatif espagnol. Il a joué un rôle majeur dans la diffusion des idées krausistes dans le domaine éducatif espagnol.

• Adolfo Posada (1840–1924) a également été un acteur majeur du krausisme en Espagne. Il a écrit sur des sujets tels que l'éthique, la morale et l'éducation, s'inspirant des idées krausistes.

• Joaquín Costa (1846–1911), homme politique et penseur, été influencé par les idées krausistes. Il a plaidé en faveur de réformes sociales et éducatives et a joué un rôle dans le mouvement de la Régénération, qui cherchait à réformer la société espagnole à la fin du XIXe siècle.

• Manuel Bartolomé Cossío (1857–1935),éducateur et disciple de Giner de los Ríos, a également été impliqué dans l'Institution Libre d'Enseignement et a contribué à la diffusion des idées krausistes dans le domaine de l'éducation.

• Angel Ganivet (1865–1898), écrivain et essayiste, était un krausiste influent qui a participé au mouvement de la Régénération. Ses écrits reflètent les idées du krausisme, et il a également contribué à la réflexion sur la culture et l'identité espagnoles.

• Antonio Machado (1875–1939), poète, bien qu'il ne soit pas directement affilié à l'ILE, partageait des liens intellectuels avec les krausiens espagnols. Son oeuvre poétique reflète certaines des valeurs humanistes et éthiques associées au krausisme.

• José Castillejo (1877–1945), lié directement à l'ILE, Castillejo était un éducateur et écrivain, qui a contribué à la diffusion des idées krausistes dans le domaine éducatif et au-delà.

• Manuel Azaña (1880–1940), écrivain, homme politique et président de la République espagnole pendant la Seconde République (1931–1939), était également lié à l'ILE et a été influencé par les idées krausistes, soutenant des réformes éducatives et sociales progressistes.

Kronecker (symbole de). - Ce symbole s'écrit ik. On a : ik  = 1 si i = k, et ik = 0 si i  k.

KyÅto (École de). - On nomme ainsi les philosophes qui, à la suite de  Nishida KitarÅ (1870-1945) et de Tanabe Hajime (1885-1962), ont développé, au Japon, une pensée qui mêle la tradition philosophique japonaise, en particulier du bouddhisme zen (avec notamment ses  concepts de de vacuité (śūnyatÄ) et de méditation), avec des influences de la philosophie de Kant principalement (néo-kantisme), mais aussi de Schelling et de Paulsen, de Husserl, même de l'existentialisme. Cette École a joué un rôle important dans le développement de la philosophie japonaise moderne. Elle a influencé non seulement la pensée académique, mais aussi la culture japonaise dans son ensemble, en contribuant à des discussions sur l'identité, la modernité et la relation entre la philosophie occidentale et les traditions japonaises.

Bien que les penseurs de l'École de KyÅto aient développé des perspectives philosophiques variées (on a parfois dit qu'ils apparaissent davantage comme l'expression d'une époque que celle d'une doctrine), quelques thèmes communs émergent de leurs travaux : Un concept central est celui de réalité pure ou expérience immédiate (en japonais : 純粋経験, junsui keiken). Nishida a cherché à transcender les dualités traditionnelles entre sujet et objet, en développant une compréhension de la réalité en tant qu'expérience directe, non médiée par des catégories conceptuelles préexistantes. Après lui, les philosophes de l'École de KyÅto ont étudié la relation entre l'expérience et la non-expérience, cherchant à comprendre comment ces deux aspects sont intrinsèquement liés. Cette réflexion se lie à la tentative de transcender les dualités conceptuelles pour atteindre une compréhension plus profonde de la réalité. 

Certains membres de l'École de KyÅto, comme Tanabe Hajime, ont appliqué les principes de la philosophie de la réalité pure à des questions éthiques et morales. Ils ont cherché à comprendre comment l'éthique peut émerger de l'expérience immédiate et comment elle peut être ancrée dans une compréhension plus profonde de la réalité. Ils ont également abordé des questions liées à la société et à l'individu. Certains ont étudié comment la réalité pure peut être exprimée dans des contextes sociaux et culturels, et comment elle peut contribuer à la compréhension de la nature de la communauté. Parmi les noms associés à l'École de KyÅto, mentionnons :

• Nishida KitarÅ (1870–1945), considéré comme le fondateur de l'École de KyÅto, a joué un rôle central dans le développement de la philosophie néo-kantienne au Japon, en combinant des éléments de la philosophie occidentale avec des influences du bouddhisme zen japonais pour élaborer sa propre philosophie, connue sous le nom de  philosophie de la réalité pure  (pure expérience ou expérience immédiate).

• Tanabe Hajime (1885–1962), étudiant de Nishida, a poursuivi et développé les idées néo-kantiennes. Il a également intégré des éléments du bouddhisme dans sa pensée, cherchant à résoudre des questions philosophiques liées à la morale et à la religion.

• Nishitani Keiji (1900–1990) , également influencé par les idées de Nishida, a abordé des thèmes de l'existence, de la liberté et de la nature de la réalité. Il a également étudié des questions liées à la religion, en particulier le bouddhisme.

• Kuki ShūzŠ(1888–1941), bBien qu'il ne soit pas directement associé à Nishida, a contribué au mouvement de l'école de Kyoto. Ses travaux se concentrent sur l'esthétique et l'herméneutique, analysant les relations entre l'art, la culture et la subjectivité.

• On cite encore : Koyama Iwo et Kosaka Masaaki.

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