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L'épicurisme
est une doctrine philosophique qui tire son nom d'Épicure,
son fondateur. C'est surtout comme système
de morale qu'elle est célèbre.L'épicurisme
a un but essentiellement pratique, qui est de découvrir les moyens
de rendre l'homme heureux. Aussi la morale tient-elle, dans cette doctrine,
une place prépondérante. La logique (canonique)
et la physique lui sont subordonnées
et ne servent qu'à la préparer.
En effet, le plus grand obstacle à la félicité humaine est la crainte d'un monde surnaturel; il faut une philosophie de l'univers pour chasser cette crainte et pour enseigner que rien hors de nous ne s'oppose à notre bonheur. Mais la physique suppose des règles qui permettent de distinguer le vrai du faux; il appartient à la canonique de fixer ces, règles. L'oeuvre de la morale sera de déterminer ensuite la notion du vrai bonheur. La morale épicurienne a son fondement dans la sensation interne du plaisir et de la douleur; le plaisir nous est propre et constitue le bien, la douleur nous est hétérogène et constitue le mal. Rechercher l'un, fuir l'autre, tel est le devoir des humains; en cela seulement consiste la sagesse ou la vertu, dont le principal attribut est la prudence. On a dit, pour ces raisons, que l'épicurisme est la forme la plus complète de l'égoïsme. Canonique ou logique
épicurienne
La sensation est évidente par elle-même. Elle s'impose par cela seul qu'elle se présente. L'idée générale n'est que le souvenir de plusieurs perceptions semblables. Le souvenir permet la prévoyance ou l'anticipation. Toute idée a pour origine la sensation et c'est ce qui fait sa valeur, la sensation communiquant à l'idée l'évidence qu'elle tient de sa propre nature. L'anticipation doit être exprimée par un mot qui la fixe. Le langage permet de raisonner. Toute connaissance a donc son origine dans une impression corporelle, dans la sensation. Les sensations elles-mêmes sont dues à des formes ou images matérielles qui proviennent des corps et frappent les sens. Quant aux affections, elles nous font connaître uniquement le plaisir et la douleur que les objets nous causent. C'est sur elles que repose la philosophie, pratique. Physique d'Epicure.
Abandonnés à la seule pesanteur, les atomes tomberaient éternellement sans se rencontrer. Pour expliquer la formation de l'univers, il faut admettre qu'ils ont le pouvoir de changer la direction de leur mouvement. Ce pouvoir consiste dans une spontanéité libre, qui se manifeste en un point de l'espace absolument indéterminé. Ce mouvement spontané s'appelle la déclinaison. Par suite, les atomes se rencontrent et le monde peut naître. La formation de l'univers suppose donc, dans ses premiers éléments, un principe de liberté qui anéantit la fatalité. La conséquence de cette physique est de délivrer l'humain de la chimère des superstitions, de la crainte de la mort, de la crainte des enfers et des dieux. En effet, l'âme n'est qu'un composé d'atomes subtils qui s'évanouit quand le corps se décompose. Dès lors, pourquoi craindre la mort? Il ne faut pas plus s'en soucier que du temps qui précéda notre naissance. Si l'âme est mortelle l'enfer n'existe pas. Enfin, l'univers étant dû au hasard, les dieux n'interviennent pas dans l'ordre des choses. Les combinaisons éphémères se détruisent d'elles-mêmes, et quand elles sont durables, elles durent. Sans doute les dieux existent, puisque nous en ayons l'idée et que toute idée vient d'une sensation; mais ils vivent dans la béatitude, heureux et tranquilles, sans s'occuper ni des humains ni des choses. Ils jouissent de cette sérénité à laquelle l'humain doit s'efforcer de parvenir. Ils ne sauraient se départir de cet état sans cesser d'être des dieux, puisque l'idéal de toute sagesse est le calme ou le repos absolu. De là résulte la théorie de la connaissance : des atomes, émanés des corps, produisent la sensation dans le cerveau, et par suite la perception; à cette notion particulière se joint l'anticipation, qu'Epicure définit une idée générale permanente; elle dérive des sens, comme la première. Morale épicurienne.
Quel est le souverain bien que doit rechercher le sage? Epicure répond : le plaisir. Mais il faut distinguer deux sortes de plaisirs l'un qui nous assure le repos, le calme, la béatitude, le plaisir en repos; l'autre qui est rapide et passager, le plaisir en mouvement. Le premier est exempt de toute inquiétude, l'autre n'est qu'une invitation de la nature à satisfaire des besoins insatiables. La suprême félicité consiste à ne pas souffrir dans son corps et à ne pas être troublé dans son âme. Le sage recherche les plaisirs en repos. Mais quels sont les besoins dont la satisfaction assure le plaisir en repos? Epicure y répond par la critique des désirs. Il y a trois sortes de désirs. 1° Les désirs naturels et nécessaires. Ils sont très faciles à apaiser.Puisque le plaisir est le bien suprême, la vertu n'a aucune valeur par elle-même. Il faut l'acquérir pour le bonheur qu'elle peut nous assurer.« N'est-ce pas, en effet, un ragoût admirable que le pain et l'eau, quand on en trouve dans le temps de sa faim et de sa soif? »2° Les désirs naturels et non nécessaires, tels que le mariage, l'amour, les affections de la famille. Bien que ces désirs soient naturels, le Cependant Epicure fait une place à part à l'amitié. Il la regarde comme un bien précieux, et sa dernière pensée fut pour les enfants de Métrodore qu'il avait adoptés. Il étendait cette bienveillance à tous les humains et il disait qu'un esclave est un ami d'une condition inférieure. La fin de la morale épicurienne
est, on le voit, d'apprendre à l'humain à ne pas donner prise
à la souffrance en modérant ses désirs. L'idéal
est l'ataraxie ou l'absence de trouble qui est un sentiment
positif.
L'école
épicurienne.
A près Epicure, Hermachus prit la direction de l'école. Polystrate, Denys, Basilide lui succédèrent. La doctrine se répandit dans tout l'empire romain en gardant son caractère de renoncement. Elle fut enseignée encore par Apollodore, Zénon de Sidon, qui eut Cicéron pour auditeur, par Sciron, qui eut Virgile pour disciple, et par Philodème. Elle fut pour ainsi dire renouvelée parle poète Lucrèce, qui regardait Epicure comme un dieu et qui puisa dans sa philosophie l'inspiration de la poésie la plus belle, la plus éclatante et la plus hautaine. Un autre, parmi les plus grands poètes latins, Horace, se vantait de vivre selon les préceptes d'Epicure. Mais il semble que la doctrine ait alors sensiblement dévié et que le nom d'épicurien ait commencé à devenir synonyme de voluptueux et même de débauché. C'est là l'idée qu'on se fait vulgairement de la morale d'Epicure; si elle avait déjà cours chez les Romains au temps d'Auguste, il serait injuste d'en faire remonter la faute à Epicure lui-même. (R. / Buisson et al.).
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