| Intuition (du latin intueri, regarder). - Ce mot eut d'abord un sens exclusivement religieux : la théologie entendait par là une vue immédiate et surnaturelle, accordée soit aux élus dans le ciel, soit à quelques privilégiés ici-bas; c'était un des effets de l'extase. La philosophie pris le même mot en modifiant sa signification. Kant nomme intuition la perception par les sens, et il distingue les intuitions pures, comprenant le temps et l'espace, et les intuitions empiriques ou représentations sensibles. Toute connaissance qui résulte d'une intuition est dite intuitive, tandis que celle qui résulte d'un rapport est discursive; la première est simultanée, la deuxième successive. Pour Schelling, l'intuition est un fait par lequel l'intelligence saisit l'absolu. Les écoles écossaise et française appellent; intuitifs tout jugement et toute croyance qui se présentent spontanément à l'esprit, en appliquant cette appellation aux résultats donnés par les sens et à ceux produits par la raison. C'est un sens proche de celui-là que l'on adopte généralement aujourd'hui : on appelle intuition tout acte immédiat de l'intelligence ou des sens. Voir, sentir, écouter, entendre sont des actes intuitifs sensibles. Discerner deux éléments dans une seule représentation est un acte intuitif intellectuel. C'est, en effet, quelque chose de plus que la simple vision qui me fait discerner la vue de mon papier du bout de ma plume. Ce discernement est immédiat et mérite d'être appelé intuitif. Un discernement de même genre s'exerce dans nos pensées et nous fait distinguer ce qui en elles est essentiel, nécessaire, de ce qui est accidentel et contingent. Ce serait ainsi par intuition que nous découvririons les principes de la vie mentale, les lois métaphysiques et peut-être même les lois- physiques (Induction). Eprouver la nécessité, la vérité de la conclusion d'un raisonnement est encore une intuition. (R ./ G. F.). | |