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Histoire de la philosophie |
Histoire
de la philosophie
La philosophie anglaise |
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La
philosophie anglaise médiévale
La scolastique, c.-à -d. la philosophie mise au service de l'Eglise, a fleuri en Angleterre, et peut-être plus tôt que partout ailleurs. Jean Scot Erigène, le premier scolastique de grand renom, est un Ecossais né en Irlande (IXe siècle). Mais on ne peut pas dire pour cela qu'il y ait une scolastique anglaise d'un caractère original, ayant son unité et son indépendance. Comme l'Eglise, dont ils font tous partie, comme les ordres religieux dont ils sont, les scolastiques anglais, à proprement parler, n'ont pas de nationalité. La question des ordres, au Moyen âge, a plus d'importance. La plupart, nés en Angleterre, étudient ou enseignent sur le continent; tels sont : Alcuin appelé par Charlemagne, Scot Erigène par Charles le Chauve, Jean de Salisbury, qui fut évêque de Chartres, Duns Scot, Roger Bacon, Guillaume d'Occam; d'autres comme Lanfranc et saint Anselme, tous deux archevêques de Canterbury, sont Italiens de naissance et Français autant qu'Anglais d'adoption. On ne citera que pour mémoire, après ces grands noms, Adelard de Bath, Robert Greathead (Grosseteste), Michel Scott, Thomas Bradwardine, Walther Burleigh, Richard de Middletown, Robert Holcot, dont les noms seuls disent assez l'origine. Alcuin.
Scot
Érigène.
Jean
de Salisbury.
Duns
Scot.
R.
Bacon.
Occam.
La philosophie anglaise pendant la Renaissance Le passage du Moyen âge aux Temps modernes (XVe et XVIe siècles), est caractérisé avant tout par la renaissance des lettres anciennes en général et, au point de vue qui nous occupe, par la renaissance des anciennes doctrines philosophiques (platonisme et néo-platonisme, aristotélisme, scepticisme, etc.). L'Angleterre ne prend aucune part appréciable à ce mouvement, l'oeuvre à peu près exclusive de l'Italie et de la France. De même la Réforme est essentiellement l'oeuvre de l'Allemagne, puis de la France; l'Angleterre qui devait l'épouser si complètement n'y eut d'abord pas d'initiative. Et quand, non contents de choisir l'autorité à laquelle ils entendent se soumettre, les esprits secouent de plus en plus le joug de toute autorité, quand éclate le grand mouvement de libre curiosité qui, se portant sur toutes choses à la fois, produit la théosophie allemande, le naturalisme italien, des découvertes décisives dans les sciences, des ouvrages immortels de philosophie politique et de philosophie du droit, à peine l'Angleterre a-t-elle un nom un peu considérable à mettre en ligne, Thomas More, son seul penseur original en ce temps-là . Th.
More.
![]() Thomas More (1478-1535). L'Utopie de
More, comme, plus tard, l'Oceana La philosophie anglaise des temps modernes Le XVIIe
siècle.
Bacon est donc un réformateur. Malgré les attaques dirigées contre lui par J. De Maistre, Bacon est une haute et vaste intelligence; esprit à la fois théorique et pratique, homme d'État, jurisconsulte, moraliste et philosophe, il avait cette hauteur de vues et ce coup d'oeil si spécial qui, sans posséder les détails des choses, embrasse et domine l'ensemble, juge le passé, comprend le présent et devine l'avenir. On lui attribue une part presque égale à celle de Descartes dans la révolution intellectuelle qui a changé la face des sciences et de la philosophie au XVIIe siècle. II a, dit-on, fondé la méthode des sciences physiques et naturelles, comme Descartes a fondé celle des sciences métaphysiques et morales. Nous ne pouvons discuter ici cette opinion qui a été souvent reproduite à la légère; mais nous tâcherons de fixer avec impartialité la place et le rôle de Bacon dans la philosophie moderne. Si déjà des expériences et des découvertes importantes avaient été faites, si Copernic, Galilée, Kepler avaient paru, si Campanella avait parlé d'une direction nouvelle à imprimer aux esprits, il restait à formuler cette méthode, à rallier d'une voix puissante les intelligences égarées dans d'autres routes, à les convier à cette grande oeuvre, à empêcher que l'esprit moderne encore jeune ne s'éprit des hypothèses brillantes qui pullulaient de toutes parts ou ne se confiât trop à la puissance du raisonnement qui avait perdu la science des Anciens. Il fallait montrer que le succès de l'entreprise dépendait de l'observation des phénomènes du monde physique, que de là devaient sortir les merveilles des arts et de l'industrie, qu'à cette seule condition l'humain pouvait établir sa domination sur la nature. Emerveillé des progrès soudains de la physique, Bacon ainsi se donne pour tâche de décrire exactement les procédés par lesquels l'esprit découvre, vérifie et démontre les rapports des faits, la méthode à suivre pour établir dans l'ordre expérimental des vérités générales susceptibles d'applications pratiques. Un programme accompli avec une supériorité telle, qu'il efface ses prédécesseurs ou ses contemporains. Sous ce rapport, Bacon a tout vu et tout prévu avec une fermeté de coup d'oeil et une foi dans la fécondité de la méthode nouvelle qui laissent bien loin dans l'ombre les faibles et timides essais du même genre. Il a été la grande voix, la voix éloquente qui a annoncé au monde moderne les conquêtes de la science et de l'industrie dans leur indissoluble alliance. La philosophie particulière de Bacon, distincte de sa méthode, mais qui y tient de près, est conforme à son caractère, qui est l'empirisme. Complétant pour ainsi dire l'Organon d'Aristote, il écrit la Logique de l'instruction. Codifier les règles de l'observation et de l'expérience, démasquer les préjugés, dénoncer les causes d'erreur qui empêchent l'homme d'avancer dans la connaissance de la nature, voilà son but; et cette tâche il l'a accomplie. A vrai dire, cette logique des sciences expérimentales devait nécessairement être dépassée : quelque valeur qu'elle eût on plusieurs de ses parties, comment eût-elle été définitive, quand les sciences en question ne faisaient encore que bégayer, et quand l'auteur n'avait pas lui-même la maniement des méthodes qu'il décrivait, spectateur enthousiaste mais non acteur dans le mouvement scientifique de son temps. Cet esprit, le moins naïf qui fût, a
des naïvetés singulières. Il n'est pas éloigné de croire encore Ã
la pierre philosophale; il semble ne concevoir aucune limite aux transmutations
possibles des corps, persuadé par exemple qu'en extrayant la couleur jaune,
la dureté, la pesanteur des corps qui offrent ces qualités et en les
unissant ensemble on fera de l'or ( Sa méthode, qui est l'observation des sens, engendre le sensualisme, en attendant que Locke vienne la constituer sur sa base métaphysique. Dans ses écrits consacrés à la morale ou à la philosophie pratique, au droit civil, etc., Bacon a émis des pensées remarquables, des maximes pleines de sens et de sagesse; mais il manque à ses conseils et à ses préceptes d'être vivifiés et soutenus par des principes de haute théorie, et d'être coordonnés en système. Il faut avouer que ses prescriptions sont dépourvues d'élévation, et manquent de la véritable grandeur qui caractérise toute morale désintéressée, fondée sur les idées de devoir, non de l'utile et du bonheur. De toute façon, la médiocrité de son caractère n'en eût d'ailleurs jamais fait qu'un médiocre moraliste. Ses successeurs, au contraire, allaient de plus en plus s'attacher à l'étude des phénomènes sociaux et de la vie mentale, faire de cette étude, en quelque sorte, le domaine propre de la philosophie anglaise. A l'école de Bacon se rattachent Hobbes, plus tard Locke, puis les penseurs qui, dans diverses directions de la science ou de la philosophie, appartiennent à l'école sensualiste. Hobbes.
Sa situation est fort curieuse entre récole, dont il procède encore, et les nouveautés baconiennes. II a de commun toutefois avec Bacon le sentiment très vif des services à attendre de la science. Tout ce qu'il donne de soins à la théorie pure est en vue des applications. Sa politique même, si étrange en quelques points, n'est que l'expression de ce qu'il regarde comme les nécessités pratiques d'un état social régulier. Pour le comprendre il ne faut pas oublier que, si l'Angleterre est devenue la terre classique de la liberté, elle ne l'était pas encore. Les temps troublés qu'on traversait faisaient sentir surtout le besoin de l'ordre, et un esprit plus ferme qu'étendu a pu croire alors que la garantie de l'ordre était dans le pouvoir absolu poussé à ses dernières limites. On ne comprit que plus tard qu'elle est, tout au contraire, dans la liberté s'imposant à elle-même sa règle, mais tempérant pour le moins et limitant le pouvoir traditionnel. La métaphysique de Hobbes, c'est l'atomisme de Démocrite et de Lucrèce; l'homme, c'est le corps, et la science de l'homme est la science du corps; l'âme est le résultat de l'organisation. La connaissance se réduit à la sensation; celle-ci est produite par les images sensibles, et représentée par des mots. Toute la science de l'esprit humain se réduit ainsi à la science des mots, ou à une sorte de calcul; c'est le nominalisme. En morale, le principe de nos actions est l'intérêt personnel ou l'égoïsme. Hobbes a surtout appliqué sa théorie au droit et à la politique : c'est là la partie originale de ses écrits et qui l'a rendu célèbre. Le De Cive et le Léviathan, traitent de la constitution du corps social. Rien de plus simple et de plus clair que cette théorie : Hobbes admet un état antérieur à la société, et qu'il appelle l'état de nature, état où l'homme, essentiellement égoïste, est l'ennemi naturel de l'homme, homo homini lupus. Cet état de guerre de tous contre tous ne peut durer. La paix et l'ordre s'établissent par la création du pouvoir social ou du gouvernement : c'est la force qui fonde ce pouvoir. Il ne faut chercher aucun autre principe à sa légitimité que le fait lui-même; nulle idée de droit ou d'équité. La force et le droit sont synonymes; la force fonde et renverse le pouvoir; tout gouvernement fort est par la même légitime. Tel est le fondement de la politique de Hobbes le fait ou la force faisant équation avec le droit. Hobbes poursuit son principe dans toutes ses conséquences, sans reculer devant aucune. C'est le mérite de son sytème en général, oeuvre de logique, parfaitement liée, qui met à nu ses faiblesses, et condamne le sensualisme qui lui a donné naissance. Les contemporains (et contradicteurs) de Hobbes, Herbert de Cherbury, Joseph Glanville, Cudworth, Samuel Parker, Richard Cumberland, Wollaston, Henry More, Cudworth, Th. Burnet, les deux Gale, Pordage, Bromley, offrent un spectacle bien confus; on est forcé d'avouer que, s'il ne manque pas de philosophes en Angleterre - à la vérité, ce sont plutôt des théologiens, des jurisconsultes ou des érudits que des penseurs originaux, il n'existe pas encore vraiment une philosophie anglaise. Cumberland.
Wollaston.
Cherbury.
Glanville.
Beaucoup plus réservé, moins absolu dans sa doctrine que Hume, Glanville ne veut que rabaisser la raison, non la détruire, la rendre défiante et modeste. Il démontre sa faiblesse par rapport aux objets principaux qu'elle veut connaître; il soumet a une critique ingénieuse et intelligente les principaux systèmes dont il relève les contradictions. Théologien, il emprunte à la révélation un argument tiré du péché originel, qui a dû, selon lui, obscurcir et affaiblir la raison. Philosophe, et c'est ici que se dévoile l'origine véritable de ce scepticisme, il attaque, avant Hume, l'idée de cause comme base de nos connaissances, soutenant que nous ne connaissons en réalité aucune cause d'une manière immédiate, ni l'enchaînement des causes et des effets dans la nature; ce qui rend toutes nos connaissances incertaines. Mais, n'osant aller jusqu'au bout, il s'arrête ou recule, il tombe même dans la plus extrême crédulité comme beaucoup de sceptiques. C'est un bel esprit, un sceptique érudit, religieux, surtout inconséquent; en lui se révèle l'affinité du scepticisme avec le sensualisme, qui lui fournit ses arguments sérieux. Ailleurs il ne fait que répéter ce qu'avaient dit ses maîtres, Montaigne et Charron. Cudworth.
H.
More.
Gale
& Gale.
Pordage.
Glisson.
Locke.
Quoi qu'il en soit, il applique à l'étude de l'esprit l'observation et l'expérience, et professe un franc empirisme. Niant l'existence des idées innées, des principes a priori, il ne voit dans l'esprit, à l'origine, qu'une table rase sur laquelle rien n'est écrit que par la sensation ou la réflexion, l'expérience extérieure ou l'expérience interne. Sans être un métaphysicien de haut vol, Locke est sans contredit un des principaux philosophes des temps modernes, le père de l'idéologie et de la psychologie analytique. Sur la question de l'origine des idées, sur celle des rapports des idées avec les mots, il fut le grand initiateur. Le premier peut-être, il s'efforça de distinguer rigoureusement les vérités certaines et démontrables des choses qui peuvent être objet de foi et de celles qu'on ne saurait croire sans absurdité. L'existence de Dieu lui paraît certaine, nécessaire; la spiritualité de l'âme et la vie future seulement vraisemblables. En morale son principe est la recherche du bonheur; et sa politique est tout inspirée de ce principe à la fois élevé et utilitaire. II fut un des promoteurs, un des acteurs et le grand théoricien de la révolution de 1688. Son Essai sur le gouvernement, 1689, en est l'apologie et l'éclatante justification : là est contenue toute la philosophie de ce gouvernement représentatif qui a fait la grandeur de l'Angleterre, et par lequel elle a initié l'Europe à la liberté. Locke est encore de son temps, à la vérité, autoritaire jusque dans sa théorie des libertés publiques. On ne le voit pas sans surprise, dans un petit Projet de constitution pour la Caroline, déclarer que la croyance en Dieu est politiquement exigible, et que sans elle on devrait être mis hors la loi, parce que rien ne répond plus que l'on sera un bon citoyen. Qu'on ne lui demande pas, après cela, de préconiser dans ses Essais sur la tolérance, qui lui font d'ailleurs tant d'honneur, un libéralisme sans réserve. Il ne demande la tolérance que pour ceux de qui on peut l'attendre; il est d'avis par exemple qu'on doit la refuser absolument aux « papistes », qui n'en admettent pas le principe et la demandent pour eux sans l'accorder aux autres. Si l'on songe avec cela que Locke était médecin, économiste, toujours soucieux de l'intérêt public, et que dans ses Pensées sur l'éducation, écrites pour un gentilhomme, il a jeté à pleines mains des idées universellement applicables, dont beaucoup ont fait fortune dans son pays, on avouera qu'en lui l'esprit anglais a trouvé son incarnation la plus parfaite et par lui son expression excellente. A la modération près, et à la finesse, que ses compatriotes n'ont pas toujours au même litre, à la puissance près, qu'ils ont souvent plus remarquable et qui lui manqua avec la santé, on peut dire qu'il réfléta dans ses ouvrages toutes les meilleures tendances de la philosophie anglaise. Newton.
Clarke.
Le XVIIIe
siècle.
Shaftesbury.
Berkeley.
Collier.
Hume.
Burke.
L'école
écossaise.
Citons surtout après Thomas Reid, 1710-1796 (Inquiry into the human mind, 1763; on the active powers of man, 1788); James Beattie, 1735-1803 (Essay on the nature and immutability of truth in opposition to sophistry and scepticism, 1770); James Oswald (Appeal to common sense in behalf of religion, 1766-1772); Dugald Stewart 1753-1828 (Elements of the philosophy of human mind, 1792-1827; Outlines of the moral philosophy, 1793); Thomas Brown, 1778-1820 (Lectures on the philosophy of human mind, 1820); James Mackintosh, 1764-1832 (Dissertation on the progress of ethical philosophy, chiefly during the 17 and 18 centuries, 1830). La philosophie
anglaise au XIXe siècle.
Bentham.
Sa doctrine c'est le sensualisme en morale et en politique avec toutes ses conséquences; c'est l'intérêt substitué à l'équité ou à la justice, bases de systèmes différents que Bentham qualifie dédaigneusement d'ascétiques. Le calcul de l'intérêt, voilà la vraie morale, la règle unique des actions humaines; en fait et en droit, aucune action n'est désintéressée. Cet intérêt se calcule comme tout intérêt; le grand point est de bien calculer. La morale, à ce titre, est une science. Bentham établit une sorte d'arithmétique du bonheur, pour laquelle il crée même des mots, comme le maximum du bonheur, la maximisation des jouissances. Dans la science sociale, son principe unique est l'utile; il a fondé ce qu'on a appelé l'utilitarisme. Sur ce principe repose tout son système de législation civile et pénale et toute sa politique. Bentham est le chef de toute une école, l'école utilitaire (ou utilitariste), opposée à celle du droit naturel fondé sur l'équité ou la justice. Ses écrits ont eu beaucoup de retentissement et exercé une grande influence; il a eu sa part dans les réformes du siècle. Il fut l'âme du groupe d'écrivains et de polémistes qui préparèrent la réforme politique, fondèrent la Westminster Review et l'université de Londres. A lui se rattachent les économistes, Malthus, Ricardo. etc., et, par un côté, les deux Mill. J.
Mill.
Hamilton.
L'influence de ce « relativisme » systématique s'est fait sentir indirectement sur toute la spéculation ultérieure, mais surtout sur ses contemporains qui ont recueilli l'héritage de l'idéalisme anglais du XVIIIe siècle et de la philosophie rationnelle : Collyns Simon, Ferrier, Fraser, l'éditeur de Berkeley. John
Stuart Mill et l'école expérimentale anglaise.
Mais il y a d'ailleurs des différences radicales entre le positivisme français et l'Ecole expérimentale anglaise. La principale est que les positivistes français refusent de reconnaître dans la psychologie une science à part, ayant son objet propre et ses modes d'investigation, et ne veulent voir en elle qu'une branche de la biologie, la physiologie cérébrale, tandis que Mill et ses disciples, initiés dès l'abord, formés notamment par Mill le père aux études que désignent si bien les noms si anglais de « philosophy of mind », « Analysis of mind », sont essentiellement une école de logiciens et de psychologues. Loin de regarder comme contraire à l'esprit scientifique la tentative de constituer sur ses bases propres la science de l'esprit, ils ont compris d'emblée, grâce à leur éducation critique et philosophique, que les phénomènes de l'esprit, les faits de conscience, quels qu'en puissent être d'ailleurs les rapports avec le reste de la nature, sont en un sens un monde à part, la première réalité qui nous soit donnée, l'objet le plus certain de l'observation et de l'expérience. William Whewell, l'auteur d'une excellente Histoire des sciences inductives (1837) qui eut tant d'influence sur Stuart Mill, est un kantien; l'archevêque Whately (1787-1863), avec lequel il eut à compter, est un logicien classique fortement nourri d'Aristote. Mill lui-même avait reçu de son père une forte culture philosophique, avait été rompu dès l'enfance à la dialectique la plus serrée. Cette éducation, ce milieu, joints à la nature de son esprit et aux traditions culturelles anglaises, rendent compte de sa doctrine bien mieux que l'influence de Comte, problématique, ou du moins très bornée. Il est déjà tout entier dans son System of Logic (1843), où il faut surtout remarquer les chapitres consacrés à la logique des sciences morales. Cependant son Examen de la philosophie de sir William Hamilton contient peut-être les pages les plus fortes qu'il ait écrites. Sur l'économie politique, sur les questions de droit public et de morale sociale, sur la religion, sur tout ce qui passionne son pays en général et notre temps en particulier, Surart Mill a pensé avec une vigueur et une personnalité, écrit avec une sincérité d'accent qui en font sans contredit un des plus grands esprits, comme un des caractères les plus respectés de son siècle. Samuel Bailey, Alexandre Bain, les philosophes qui ont fondé en 1876 et qui alimentèrent de leurs travaux la revue The Mind, se rattachent plus ou moins à Stuart Mill. Bain parmi eux mérite une attention particulière pour la variété et l'ampleur de ses écrits, qui portent sur la pédagogie et l'histoire aussi bien que sur la logique et la psychologie. Il a porté au plus haut point la conscience minutieuse dons la description et l'analyse des faits psychiques (The Senses and the intellect, 1855; The Emotions and the will, 1859). Herbert
Spencer.
Dans ses Premiers principes, il procède à la fois de Kant et de William Hamilton; son effort sincère pour séparer exactement le domaine du connaissable de celui de l'inconnaissable ne l'empêche pas, toutefois, d'user largement de l'hypothèse et d'étendre le champ du connaissable singulièrement au delà du connu. On s'en aperçoit dans ses Principes de biologie. Ses Principes de psychologie portent l'associationnisme au plus haut degré de rigueur et de hardiesse qu'il ait atteint. Tous ses autres ouvrages ne sont que l'application desdits principes à la politique, à la morale, à l'éducation. Une des parties les plus neuves de son oeuvre est sa tentative pour constituer la sociologie à l'état de science. L'idée maîtresse de la doctrine entière est l'idée de l'évolution, non pas empruntée à Darwin (car Spencer y est arrivé de son côté et l'a conçue d'une manière qui lui est propre), mais commune à lui, qui a cru pouvoir en tirer toute une rénovation philosophique, et à Darwin, qui en a régénéré entièrement les sciences naturelles. Ce n'est que justice de ne pas terminer sans faire une place au nom de cet incomparable naturaliste dans une revue générale de l'histoire de la philosophie anglaise. Tels savants, ses disciples, à la tête desquels est Huxley (auteur d'un excellent travail sur Descartes, et d'une étude profonde sur Hume), auraient droit aussi à une mention à la fin de cette rapide esquisse, pour avoir réalisé avec éclat le rêve du XIXe siècle, qui fut dès l'origine celui de l'esprit anglais, l'union de la science la plus authentique et la plus pratique, avec la philosophie la plus libre et la plus large. (Henri Marion / B-D.). La philosophie anglaise depuis 1900Philosophie analytique et philosophie du langage.La philosophie analytique est le courant dominant de la philosophie anglaise depuis le début du XXe siècle. G.E. Moore (1873-1958),qui a contribué à l'éthique et à l'épistémologie, a plaidé pour une clarté et une précision linguistique dans les débats philosophiques. Son ouvrage Principia Ethica a eu une influence durable sur la philosophie morale. Bertrand Russell (1872-1970), figure centrale de la philosophie analytique, a travaillé sur la logique, la philosophie des mathématiques et la philosophie du langage. Son ouvrage, co-écrit avec Alfred North Whitehead, Principia Mathematica, est un texte fondamental. Michael Dummett (1925-2011) a eu lui aussi une influence durable sur la philosophie du langage et la logique, particulièrement par son interprétation de Gottlob Frege et ses travaux sur l'antiréalisme. La philosophie du langage en Angleterre est surtour redevable à J.L. Austin et à G. Ryle. J.L. Austin (1911-1960) est l'auteur d'une théorie des actes de langage. Il s'est intéressé à la manière dont les phrases peuvent être utilisées pour accomplir des actions plutôt que simplement pour décrire des états de choses. Gilbert Ryle (1900-1976), connu pour son ouvrage The Concept of Mind, Ryle a critiqué le dualisme cartésien et introduit des concepts clés dans la philosophie de l'esprit. Plus récemment, Timothy Williamson (né en 1955) a réfléchi sur des sujets tels que l'épistémologie, la logique philosophique, et la métaphysique. Son ouvrage Knowledge and its Limits est particulièrement notable. Simon Blackburn (né en 1944) a, lui, engagé une réflexion en méta-éthique et en philosophie du langage. il a défendu une forme de quasi-réalisme dans des livres comme Think et Truth: A Guide. Philosophie des
sciences.
De nos jours, Nancy Cartwright (née en 1944) a travaillé sur la nature des lois scientifiques et les modèles de causalité. Parmi ses libres, on remarque : How the Laws of Physics Lie et Nature's Capacities and Their Measurement. De son côté, Timothy Gowers (né en 1963), mathématicien et philosophe, a contribué à la philosophie des mathématiques et à la logique, en proposant une analyse de la nature des objets mathématiques et des fondements de la vérité mathématique. Philosophie politique
et morale.
Derek Parfit (1942-2017) a laissé une empreinte durable sur l'éthique et la méta-éthique. Il a abordé des thèmes de liés à l'identité personnelle et à la rationalité. Son ouvrage Reasons and Persons est considéré comme l'un des plus importants travaux en philosophie morale du XXe siècle. Jonathan Dancy (né en 1946) est un défenseur du particularisme moral. Il a contribué de manière significative à la théorie éthique contemporaine avec des ouvrages comme Ethics Without Principles. Quassim Cassam (né en 1961) travaille sur la perception, la connaissance de soi et la philosophie politique. Son livre Self-Knowledge for Humans explore les défis de la connaissance de soi dans le contexte humain. R.M. Hare (1919-2002) a travaillé en éthique et en philosophie morale, et a développé une théorie de la moralité basée sur la logique des prescription. Galen Strawson (né en 1952) est un philosophe de l'esprit et un métaphysicien. Il a réfléchi sur des questions de conscience, de libre arbitre et d'identité personnelle. Parmi ses oeuvres : Selves: An Essay in Revisionary Metaphysics.
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