|
. |
|
André-Marie
Ampère
est un physicien et philosophe,
né à Poleymieux, près de Lyon,
en 1775, et mort à
Marseille le
10 juin 1836. Son père J.-J. Ampère, ancien négociant
peu aisé, était chargé des fonctions de juge de paix
à Lyon, au moment de la Révolution.
Il fit partie du comité qui s'insurgea au mois de mai 1793 contre
la municipalité terroriste et résista pendant 60 jours à
l'armée de la Convention.
Aussi, Dubois-Crancé le fit arrêter le 29 septembre 1793 et
l'envoya à l'échafaud le 24 novembre. Avant de mourir
J.-J. Ampère adressa à sa femme une lettre touchante où
nous relevons une phrase prophétique :
« Quant à mon fils, il n'y a rien que je n'attende de lui. »Ce n'est pas sans raison que cet illustre savant fut toujours tourmenté de la pensée qu'il aurait pu faire beaucoup plus qu'il n'avait fait. Car sans parler de fonctions officielles auxquelles il se condamnait pour suffire aux dépenses d'un ménage mal administré par exemple des tournées d'inspection générale de l'Université, qui n'allaient pas bien avec ses habitudes d'esprit et avec ses distractions perpétuelles, il faut dire qu'une grande et précieuse partie de son temps fut employée à des projets et à des travaux qu'il abandonnait ensuite. Il faut en chercher la cause en partie dans la vivacité trop peu réglée de son imagination et dans son esprit naturellement aventureux, en partie dans le défaut de direction de son éducation première, qui laissa se développer au hasard ses prodigieuses facultés. Dans son village, le jeune Ampère s'instruisit comme il put, sans autres maîtres que son père et les livres de la bibliothèque paternelle : oeuvres d'éloquence religieuse et profane, d'histoire, de poésie, de fiction romanesque, tout lui plaisait. Mais surtout avec une mémoire aussi prompte que tenace, l'enfant étudia les vingt volumes in-folio de l'Encyclopédie de d'Alembert et Diderot, qu'il concilia comme il put avec les sentiments de piété profonde dans lesquels il était élevé. Quand la bibliothèque paternelle ne lui suffit plus, son père le mena de temps en temps à Lyon, où il put étudier dans la bibliothèque publique. Dès sa plus tendre enfance, il avait montré un goût et une aptitude extraordinaires pour les mathématiques. Quelques leçons de latin et de calcul différentiel, données généreusement par le savant bibliothécaire de Lyon, l'abbé Daburon, mirent cet enfant de douze ans en état de comprendre les oeuvres mathématiques d'Euler et de Bernoulli. Plus tard, il apprit le grec. A treize ans, il présentait à l'Académie de Lyon deux mémoires sur deux problèmes insolubles, sur la quadrature du cercle et sur la rectification des arcs de cercle. A dix-huit ans, suivant son propre témoignage, il savait autant de mathématiques qu'il en sut jamais. Pourtant combien d'autres choses il avait apprises avant cette fatale époque de 1793! Il savait à fond toutes les matières traitées dans l'Encyclopédie. L'article Langue l'avait spécialement frappé : ayant éprouvé les inconvénients de la diversité des langues, il avait créé de toutes pièces une langue destinée à tenir lieu de la langue primitive et unique du genre humain et à devenir universelle. Il en avait écrit la grammaire et le dictionnaire et il composait, en cette langue, qui était bien la sienne, des poésies intelligibles pour lui seul. En 1793, son père, on l'a dit, fut
guillotiné, comme aristocrate, après
le siège de Lyon. Ce malheur abattit le jeune homme au point d'altérer
sa raison; pendant plus d'un an il vécut à Poleymieux comme
un somnambule. Puis les Lettres de Jean-Jacques
Rousseau sur la botanique, l'étude
de cette science au milieu des champs, et la
lecture des poètes latins, lui
rendirent son activité intellectuelle et une sensibilité
vive, qui se portèrent surtout vers la poésie
française, et qui produisirent plusieurs essais de tragédies
et de grands poèmes.
André-Marie Ampère (1775-1836). Le 10 avril 1796, il rencontra, en herborisant dans un pré, la jeune fille, Julie Carron, qui devait être la passion, le seul amour de toute sa vie; les sentiments qu'il éprouve à sa vue mettent heureusement fin à cette apathie, à ce dégoût de toute chose, de ses livres mêmes, dont il se plaignait à ses amis. Dès lors, Julie occupe dans son existence une place immense. Il écrit un Journal où les moindres entrevues avec sa fiancée sont notées soigneusement en phrases courtes et nettes, d'une naïveté et d'une fraîcheur exquises. Nous suivons pas à pas ses progrès, ses luttes, ses joies, ses désespoirs : il est très jeune, il est pauvre, il n'a d'autres ressources que le prix de leçons de mathémathiques qu'il donne à Lyon; toutes raisons qui inspirent à la famille Carron de légitimes inquiétudes. Enfin, le 2 août 1799, Ampère épouse Julie. (Ballanche à écrit à cette occasion un curieux épithalame). La première année de cette union réalisé toutes les joies rêvées : mais de l'aveu du grand savant, c'est la seule vraiment heureuse de sa vie entière. En 1800 naît Jean-Jacques Ampère (ci-dessous). A cette époque, n'ayant pas de fortune il avait dû se laisser imposer une carrière, dans laquelle il avait débuté en donnant à Lyon des leçons particulières de mathématiques. Le soir, il se délassait en lisant avec d'autres jeunes gens la Chimie de Lavoisier. En 1801, Ampère fut nommé professeur de chimie et de physique à l'école centrale de l'Ain. Ainsi exilé à Bourg-en-Bresse, loin de sa femme déjà malade, il lui écrit de volumineuses lettres qui nous mettent au courant de ses affaires les plus minutieuses et nous permettent d'assister à l'éclosion de ses découvertes, à la joie qu'elles lui causent, aux découragements où parfois il tombe. En même temps, ses lettres prouvent qu'il rêvait pour son jeune ménage un prix de soixante mille francs, proposé par Bonaparte pour quelque grande découverte sur l'électricité : il avait commencé sur ce sujet l'impression d'un ouvrage de physique, qui ne fut pas achevé. Il préparait un ouvrage mathématique, qu'il n'acheva pas davantage, sur les séries et les autres formules indéfinies. Faisant un cours de chimie expérimentale, il écrivait un ouvrage sur l'avenir de la chimie; mais plus tard, effrayé de la témérité de ses prédictions, il le détruisit dans un moment de ferveur religieuse, et ensuite il en regretta amèrement la perte. Cependant, dans toute cette correspondance, très curieuse, très intéressante, un sujet domine tout le reste : la santé de Julie. La jeune femme est atteinte d'une affection cardiaque dont elle mourra le 13 juillet 1804, au moment où Ampère venait enfin d'être nommé professeur de mathématiques au nouveau lycée de Lyon. Poste obtenu , après avoir publié en 1802, à Lyon des Considérations mathématiques sur la théorie du jeu, ouvrage de haute analyse, apprécié par Lalande et surtout par Delambre, qui étaient venus préparer l'organisation de ce lycée. La mort de Julie plongea de nouveau Ampère dans une apathie morale qui, ectte fois, persista jusqu'à la fin de sa vie; et dont on retrouve des traces dans toutes les lettres adressées à ses parents et à ses amis. « Ma vie est un cercle, dit-il, dont tous les anneaux se ressemblent, m'ennuyer en travaillant, m'ennuyer lorsque j'ai un moment de repos, voilà à peu près toute mon existence. »Il avait toujours eu un penchant aux impressions mélancoliques, au détachement terrestre. Mais ces impressions, rares dans sa jeunesse, deviennent habituelles quand il a perdu Julie. Il cherche un refuge dans le travail. Un mémoire sur l'application du calcul des variations à la mécanique, mémoire présenté dès 1802 à Delambre, et vers 1803 à l'Institut, avait achevé de le faire connaître des savants. Ampère fut nommé, vers la fin de 1805, répétiteur d'analyse à l'École polytechnique, et bientôt il se remaria à Paris. Ce second mariage (1807), dont il eut une fille Albine Ampère, n'allait lui causer que des déceptions et se terminer par une séparation du ménage, après de cruels démêlés judiciaires (1809). Il fut nommé, en mars 1806 secrétaire
du bureau consultatif des Arts et métiers; mais il donna bientôt
sa démission en faveur de Thénard.
En 1807, il faisait à l'Athénée un cours moitié
mathématique, moitié métaphysique,
dans lequel la classification des sciences et les études psychologiques
avaient leur place. Il devint en 1808, inspecteur général
de Université, et de plus, en 1809 professeur d'analyse
et de mécanique à l'Ecole polytechnique. En 1814, il entra
à l'institut comme successeur du mathématicien Bossut.
Chargé d'un cours de philosophie
à la Sorbonne en 1819 et 1820 il
fut nommé en 1820 professeur de physique générale
au Collège de France. De
1820 à 1827, il fit les découvertes électro-dynamiques
qui ont immortalisé son nom, et presque toutes les sociétés
savantes de l'Europe voulurent le compter au nombre de leurs membres.
« C'est un brasier qui était dans son coeur. »Aussi, en quelque haute estime que l'on mette les oeuvres d'Ampère, la sympathie qu'excite son caractère est si vive qu'on ne sait ce qu'il faut admirer le plus de son coeur ou de son génie.. Les champs d'étude
d'Ampère.
De 1802 à l'automne de 1820, il s'est adonné surtout aux mathématiques et à la psychologie. De l'automne de 1820 jusqu'à sa mort, il s'est occupé surtout de physique et de chimie, de zoologie, de cosmogonie et de philosophie appliquée à l'ensemble des sciences. Psychologie.
Mathématiques.
Ampère a également laissé, plus tard, deux mémoires célèbres sur l'intégration des équations aux dérivées partielles, qui, à eux seuls, suffiraient pour lui faire occuper une place distinguée parmi les mathématiciens de son époque (Journal de d'Ecole polytechnique, t. XI). Mais il n'a retrouvé ni la bonheur, ni la tranquillité d'esprit de ses jeunes années. Théorie
atomique.
Zoologie.
Cosmogonie.
Classification
des sciences.
Electrodynamique.
Première page des "Mémoires sur l'action mutuelle de deux courans électriques, sur celle qui existe entre un courant électrique et un aimant ou le globe terrestre, et celle de deux aimans l'un sur l'autre", lus à l'Académie royale des sciences Mais surtout, dès le 18 septembre
1820, il montrait à l'Académie un nouvel ordre de phénomènes,
dits électrodynamiques, c'est-à-dire les attractions et les
répulsions mutuelles de deux courants électriques, suivant
qu'ils vont dans le même sens ou en sens contraires. Puis, continuant
ses recherches, non seulement il suivait ces actions attractives et répulsives
dans tous leurs détails accessibles à l'expérimentation
à l'aide d'appareils judicieusement combinés; mais, de plus,
appliquant aux données ainsi obtenues l'analyse mathématique,
il démontrait, avec une certitude fondée sur l'expérimentation
et sur le calcul, ce que l'expérimentation
seule n'aurait pas pu atteindre directement : il arrivait ainsi aux lois
premières de l'électrodynamique, dans lesquelles l'électromagnétisme
rentrait comme cas particulier; car Ampère prouvait qu'un fil parcouru
par un courant électrique continu se dirige comme l'aiguille aimantée,
et par l'invention des solénoïdes, il montrait que tous les
effets produits par un barreau aimanté le sont également
par un système de courants électriques circulaires, parallèles
entre eux, perpendiculaires à leur axe commun et très rapprochés
les uns des autres. Dès lors la force directrice du globe terrestre
sur la boussole pouvait évidemment s'expliquer par l'existence de
courants électriques circulaires, dirigés à la surface
de ce globe dans le sens du mouvement de rotation.
Toutes ces belles découvertes furent exposées par Ampère dans une série de mémoires publiés par lui de 1820 à 1827. il laissait aux physiciens explorateurs la tâche de déterminer par les observations magnétiques aidées du calcul les directions et les intensités de ces courants électriques dans toutes les contrées de la Terre. Suivant une vue émise par lui à la fin de son hypothèse cosmogonique, la direction de ces courants de l'est à l'ouest est déterminée par l'action de la chaleur solaire sur la couche superficielle, dont elle diminue temporairement la conductibilité. Que cette dernière explication ait été erronée ne change rien au fait que la découverte des lois électrodynamiques est une des plus admirables applications de la méthode physico-mathématique dont Galilée avait été le principal auteur et dont il avait bien compris les principes philosophiques. Psychologie et
classification des sciences.
Psychologie
et métaphysique.
La passion d'Ampère pour la philosophie devint telle, qu'en 1813, l'année même où il publiait deux importants mémoires d'analyse mathématique et où il se présentait en concurrence avec Poinsot pour la place laissée vacante à l'Académie des sciences par la mort de l'analyste Lagrange, il prenait, peut-être après l'échec de cette candidature, un profond dégoût pour les sciences mathématiques et physiques. Il négligeait de répondre à une lettre de Davy, pour n'avoir pas, disait-il, à s'occuper de ces ennuyeuses choses, et il écrivait à ses amis de Lyon qu'il était presque décidé à renoncer aux études de ce genre, pour se donner tout entier à une science bien supérieure, à la psychologie, dont il se croyait destiné, disait-il, à poser les fondements pour tous les siècles. Cette passion exclusive pour la philosophie ne dura pas, et ce fut heureux; car c'était à la physique qu'il devait bientôt rendre les plus grands services, tandis que cette philosophie à laquelle il avait été tenté de tout sacrifier, pouvait accomplir sans lui ses progrès, et en attendant elle ne lui donnait ni la tranquillité d'esprit ni le bonheur, mais seulement des illusions présomptueuses, qui risquaient de le détourner de sa voie véritable. Deux ans plus tard, en 1815, lorsqu'avec le patriotisme dont il fut animé toute sa vie depuis 1789, il souffrait des malheurs de la France et se plaignait amèrement à ses amis de Lyon de la joie de quelques-uns de ses amis de Paris, il ne trouvait pas plus que Jouffroy à la même époque une consolation et un appui dans cette philosophie exclusivement vouée à l'analyse psychologique : tourmenté par le doute, il jetait à ses amis de Lyon un cri d'angoisse et de regret, du fond du gouffre où il s'était précipité, disait-il, en gardant de ses anciennes idées trop peu pour le faite croire, mais assez pour le frapper de terreur. Cependant, à partir de 1816, la petite société philosophique à laquelle il appartenait, et qui se réunissait maintenant chez Maine de Biran fixé à Paris depuis 1812, prenait une couleur plus décidément spiritualiste, et comptait parmi ses membres Stapfer, le docteur Bertrand, Loyson et surtout Victor Cousin, qui, après ses cours de 1816 et 1817 sur les principes nécessaires, ouvrait le 4 décembre 1817 son cours sur le vrai, le beau et le bien. C'était aussi l'époque où Maine de Biran sentait de plus en plus le besoin du sentiment religieux et arrivait peu à peu à la foi chrétienne. Les idées religieuses d'Ampère, ravivées par une correspondance suivie avec le P. Barret, l'un de ses anciens amis lyonnais, devenu prêtre et jésuite avaient ramené le calme dans son âme. De 1819 à 1820, il faisait à la Sorbonne un cours de philosophe sur la classification des faits intellectuels, et il songeait à publier une exposition complète de son système psychologique. Mais l'électromagnétisme et l'électrodynamique lui firent oublier pour un temps la philosophie; et quand il y revint, ce fat pour l'appliquer à l'ensemble des sciences. Voyons ce qu'était cette philosophie qu'Ampère n'a pas trouvé le temps d'exposer d'une manière suivie et complète. Le système psychologique d'Ampère, formé peu à peu et bien des fois modifié, appartient à une philosophie de transition dans laquelle Ampère n'a paru jouer qu'un rôle secondaire à côté de son ami Maine de Biran. Dans ce passage lent du sensualisme au spiritualisme, la part de Maine de Biran paraît plus prédominante qu'elle ne l'a été en réalité, parce qu'il a laissé des oeuvres plus étendues, plus suivies et rédigées en un style moins obscur. La part d'Ampère a été plus grande qu'elle ne paraît, parce qu'il n'a laissé, en philosophie pure, que des lambeaux d'écrits très décousus et dont le langage est difficile à comprendre. Les oeuvres purement philosophiques d'André-Marie Ampère forment la seconde moitié d'un volume publié en 1866, par Barthélemy Saint-Hilaire, sous le titre : Philosophie des deux Ampère; elles se composent des Fragments du Mémoire de l'an XII (1803 à 1804), des lettres à Maine de Biran et de quelques fragments réunis par Jean-Jacques Ampère et insérés soit dans son Introduction à la philosophie de mon père, soit surtout dans un appendice à cette introduction qui forme la première moitié du volume cité. Quand Ampère écrivait les fragments du Mémoire psychologique de l'an XII, il ne connaissait encore Maine de Biran que par la lecture de son mémoire, purement sensualiste, sur l'habitude. Il empruntait à ce mémoire la distinction de l'idée et du sentiment, mais il distinguait plus nettement que l'auteur les sentiments et les sensations, phénomènes réunis sous un même nom dans le Mémoire sur l'habitude, et il devançait Maine de Biran en constatant l'activité volontaire comme parfaitement distincte de la sensation, du sentiment et de l'idée. Du reste, sur l'analyse des phénomènes intellectuels, il se contentait encore des amendements apportés par De Gérando au système de Condillac. Mais il hasardait quelques vues méthaphysiques hardies jusqu'à la témérité. Par exemple, il posait en principe que tout être fini occupe nécessairement une place dans un être infini de même nature. Il admettait, avec Newton, que le temps infini et l'espace infini sont des êtres réels; mais de plus, il voulait que l'étendue de chaque corps fît partie de l'espace infini, et que la durée de chaque être fît partie du temps infini. Ce n'est pas tout : conséquent jusqu'au bout avec son principe, il voulait que chaque être pensant occupât une place dans une pensée infinie, et que chaque changement dans les pensées de cet être fini fût un changement dans la pensée infinie qui embrasse toutes les pensées, comme chaque mouvement d'un corps est un changement de lieu dans l'espace infini qui embrasse tous les corps. En un mot en 1804, pour être panthéiste, il ne manquait à Ampère que de s'apercevoir qu'il l'était. Cette conception ne se retrouve pas dans ses écrits les plus récents. Sa rupture de plus en plus complète avec le sensualisme s'est faite de 1805 à 1812, en commun avec Maine de Biran. Ampère avait porté le premier son attention sur l'activité volontaire. Maine de Biran en a approfondi la notion sur un point, en concentrant ses études sur l'analyse de la conscience que nous avons de l'effort musculaire. Mais, tandis que, pour s'élever au-dessus du sensualisme, Maine de Biran prenait pour point d'appui Reid, Ampère opposait avec succès à Reid Kant mieux compris qu'il ne l'était alors par les autres philosophes français. Ampère avait d'abord été tenté d'admettre le scepticisme subjectif de Kant; mais ensuite il l'avait rejeté après mûr examen, en attribuant une valeur absolue et objective aux jugements synthétiques a priori de Kant et à ce que lui-même appela plus tard les conceptions objectives. Il faisait ainsi à la raison une part que Maine de Biran n'a jamais su lui faire. En même temps, il conservait à la perception externe toute sa valeur, sans laquelle les sciences cosmologiques ne seraient qu'un vain jeu de notre esprit avec des fantômes. Pour rendre justice à cette philosophie d'Ampère antérieure à 1815 il faut constater encore les points suivants : 1°Ampère a aidé Maine de Biran a établir une distinction entre deux choses que ce dernier avait d'abord confondues, à savoir : la conscience de l'effort et la sensation du mouvement musculaire. Ampère a vu que cette sensation est rapportée au muscle mis en jeu, et qu'il n'en est pas de même de l'effort volontaire; mais il a eu tort de croire que tout homme a naturellement et primitivement conscience de la localisation de l'effort dans le cerveau, tandis que c'est là une notion acquise, notion qui, justifiée par l'observation et l'induction, et vulgarisée aujourd'hui par l'éducation et par les habitudes du langage, était restée étrangère aux croyances populaires des anciens Grecs et Romains, comme leur langage l'atteste, et qui a été rejetée par la plupart de leurs philosophes.La justice envers la psychologie d'Ampère ne serait pas complète, si l'on ne cherchait cette psychologie que dans les fragments écrits par lui avant 1815. Depuis cette époque, dans ses leçons philosophiques à la Sorbonne et au Collège de France, il a développé de vive voix des observations psychologiques remarquables par leur justesse et par leur nouveauté. Il ne les a pas mises par écrit, mais on en trouve un intéressant extrait, fait par Roulin, dans un article reproduit à la fin de la préface de la première partie de l'essai d'Ampère Sur la philosophie des sciences. Ce qui caractérise surtout ces observations psychologiques, c'est leur caractère synthétique, qui consiste à présenter les phénomènes dans leur réalité vivante, dans leurs rapports naturels et dans leur ordre réel de succession, sans négliger pourtant l'analyse psychologique, qui signale la part de chaque faculté dans chaque phénomène complexe, tandis que la réalité échappe aux psychologues qui, par l'emploi trop exclusif de l'analyse, isolent fictivement les facultés, toujours plus ou moins associées dans leur exercice commun. Quelques points méritent spécialement d'être signalés. Par exemple il faut citer les vues d'Ampère sur ce qu'il appelle concrétion, c'est-à-dire le phénomène complexe résultant de la réunion d'une sensation présente avec les images fournies par la réminiscence involontaire de sensations antérieures. Il faut noter aussi ce qui concerne le rôle de l'activité dans la sensation, c'est-à-dire ce qu'Ampère appelle la réaction, distincte de l'attention volontaire. Enfin il faut mentionner une théorie qui a exercé une influence prédominante sur sa classification des sciences : c'est la théorie des quatre ordres de conception, réunis deux à deux en deux classes, dont la première est dite indépendante du langage, tandis que, suivant Ampère, la seconde le suppose nécessairement. La première classe comprend : 1° les conceptions primitives et subjectives de l'étendue et de la durée, conceptions qui prêtent à la perception sensible sa forme nécessaire;Classification des sciences. Arrivons à la dernière grande oeuvre d'Ampère, oeuvre de philosophie appliquée aux autres sciences. Disons d'abord comment il fut conduit à ce grand travail. Nous avons dit que dès 1807 il avait abordé dans son cours de l'Athénée la question de la classification des connaissances humaines. Des observations courtes et peu claires de Maine de Biran, conservées parmi les lettres d'Ampère à ce philosophe, nous permettent d'entrevoir quelque chose des premières vues d'Ampère sur cette classification. Maine de Biran aurait voulu une première division des sciences en plus de deux règnes. Au contraire, il paraît que dès lors Ampère avait divisé toutes les connaissances humaines en deux règnes seulement, dont l'un comprenait à la fois la métaphysique, la théologie, la jurisprudence, l'histoire, l'archéologie, etc.; mais qu'il avait fondé alors cette division sur une considération qu'il abandonna depuis, savoir, sur la distinction de deux modes d'application du principe de causalité. Après 1807, la philosophie
pure, les mathématiques et les sciences
physiques occupèrent, comme nous l'avons vu, la pensée
d'Ampère jusqu'en 1828. A cette dernière époque, après
la publication de son Mémoire mathématique sur les ondulations
lumineuses, ses amis l'exhortaient à continuer dans la même
voie et à compléter l'oeuvre de Fresnel
mort en 1827. Mais, en 1829, obligé par sa mauvaise santé
d'aller chercher le climat du midi, il revint à ses études
de philosophie, pour les appliquer à l'ensemble des sciences,
et toute son attention, pendant les sept dernières années
de sa vie fut absorbée par cette unique pensée, avec quelques
épisodes, qu'il y rattachait et dont nous avons parlé, sur
la structure atomique des corps, sur la zoologie et sur la cosmogonie.
Une partie de son cours au Collège de France fut remplie par ces
épisodes, tandis que l'autre partie avait pour objet la mathésiologie,
c'est-à-dire la classification des connaissances humaines. Avec
l'aide de Gonod, professeur à Clermont, il rédigeait son
Essai
sur la philosophie des sciences ou Exposition analytique d'une classification
naturelle de toutes les connaissances humaines. Pendant une tournée
d'inspection générale, il composait en chaise de poste 158
vers latins techniques remarquables par leur concision élégante
et dans lesquels cette classification se trouve habilement résumée.
La première partie de l'Essai sur la philosophie des sciences
fut imprimée avant sa mort, mais n'a été publiée
qu'en 1838; l'autre partie a paru en 1843, par les soins de son fils, Jean-Jacques
Ampère, avec une notice biographique de Sainte-Beuve
et
Littré.
Ampère. Dans son ensemble, et surtout dans ses divisions les plus générales, cette classification est très supérieure a toutes celles qui l'avaient précédée. Mais dans beaucoup de détails, et surtout dans les dernières subdivisions, elle est défectueuse, et même assez vaine. Botaniste distingué, Ampère prit pour modèle de la classification des connaissances humaines la classification botanique de Bernard de Jussieu. Dès lors, il est clair qu'il ne devait pas se placer au point de vue subjectif, en classant, comme Bacon et d'Alembert, les sciences d'après les facultés qu'elles mettent principalement en jeu, mémoire, imagination, raison, ou bien en les classant, comme le P. Ventura, d'après les procédés qu'elles emploient, autorité, raisonnement, observation; mais qu'il devait, avec raison, se placer au point de vue objectif, en classant ces connaissances d'après la nature de leurs objets. Les connaissances humaines portent sur deux grandes classes d'objets, ceux qui appartiennent à la matière, et ceux qui appartiennent a la pensée. C'est pourquoi Ampère les divisa en deux règnes, celui des sciences cosmologiques et celui des sciences noologiques. Il divisa le premier en deux sous-règnes, celui des sciences cosmologiques proprement dites ou sciences de la matière inorganique, et celui des sciences physiologiques ou sciences de la matière organisée et vivante. Il divisa de même le second règne en deux sous-règnes celui des sciences noologiques proprement dites et celui des sciences sociales. Puis il divisa chacun des quatre sous-règnes en deux embranchements chaque embranchement en deux sous-embranchements, subdivisés chacun en deux sciences du premier ordre, dans chacune desquelles il trouva deux sciences du second ordre, divisées chacune en deux sciences du troisième ordre. Il eut ainsi 128 sciences du troisième ordre, embrassant dans leur ensemble toutes les connaissances humaines. Ampère compare ces sciences du troisième ordre aux familles naturelles, que Jussieu a déterminées d'abord sans aucune idée préconçue et d'après l'ensemble des caractères observés dans les espèces végétales; il a réuni ensuite ces familles en groupes plus ou moins élevés, et il les a subdivisés en descendant jusqu'aux espèces végétales. Ampère s'est arrêté aux sciences du troisième ordre, sans pousser la division plus loin; mais, pour tout le reste, il croit avoir procédé comme Jussieu. Cependant, de l'inspection du tableau final d'Ampère et de ses explications mêmes, il résulte que c'est là une illusion. Il est vrai que sa méthode d'exposition consiste à partir des sciences du troisième ordre, en remontant de degré en degré jusqu'aux deux règnes. Mais il est évident et l'auteur lui-même nous apprend que telle n'a pas été sa méthode d'invention, et qu'une vue philosophique a priori l'a forcé de modifier après coup ses divisions et ses subdivisions, pour remplir les cadres uniformes et entièrement semblables entre eux des deux règnes dans cette division invariablement dichotomique. Les familles botaniques de Jussieu existaient dans la nature, et ce savant n'a fait que les y trouver. Au contraire, parmi les sciences du troisième ordre d'Ampère, il y en a beaucoup qui n'ont jamais existé et n'existeront jamais comme sciences distinctes. Parmi les sciences de ses deux premiers ordres, il y en a moins qui aient ce défaut capital, mais il y en a encore. Par exemple, dans le sous-embranchement des sciences philosophiques, la thélésiologie, science du premier ordre, n'existera jamais comme science distincte et des quatre sciences du troisième ordre quelle contient, la première, la télésiographie, description de la volonté; fait partie de la psychologie la seconde et la troisième font partie de l'éthique. Or la psychologie et l'éthique sont deux des quatre sciences du premier ordre de ce même sous-embranchement. Prenons maintenant l'ontologie, autre science philosophique du premier ordre. Parmi ses quatre subdivisions, l'hyparctologie et la théodicée n'existeront jamais comme distinctes des deux autres qui sont l'ontothétique et la théologie naturelle. Le règne des sciences cosmologiques
donnerait lieu à des critiques du même genre. Par exemple,
des quatre sciences du troisième ordre comprises dans la zootechnie,
deux rentrent en partie dans les deux autres et n'en diffèrent qu'a
titre de points de vue d'une même science, tandis que les quatre
sciences du troisième ordre comprises dans la physique médicale
ont chacune un objet différent de celui des trois autres. Il y a
donc, dans ces divisions de chaque science du premier ordre en quatre du
troisième, une symétrie apparente et non réelle, factice
et non naturelle. Les cadres étaient faits il fallait les remplir.
Peut-être; mais l'erreur consiste à croire que des points de vue d'une même science sont es sciences distinctes. Par exemple, suivant Ampère, dans la physique générale élémentaire, première partie de la physique générale, il y a la physique expérimentale, qui s'arrête aux faits observés, et la chimie, qui scrute les faits cachés; et dans la physique mathématique, seconde partie de la physique générale, il y a la stéréonomie, qui applique à tous les corps les procédés nécessaires pour arriver à l'exactitude mathématique dans les observations physiques et chimiques et dans les formules qui en résument tous les résultats, et l'atomologie, qui s'élève à la recherche des causes des phénomènes et des lois de physique et de chimie. Cet exemple choisi par l'auteur est malheureux; car il est évident que la physique et la chimie sont deux sciences distinctes, séparées avec raison dans la première subdivision et confondues à tort dans la seconde. Les quatre points de vue auraient dû, suivant les principes posés expressément par Ampère, servir seulement de contre-épreuve à la classification des sciences divisées et subdivisées d'après leurs objets : au contraire, ce sont bien évidemment les quatre points de vue qui d'une part l'ont forcé à diviser en deux une science naturellement une, comme la physique, à laquelle appartient la partie physique de la stéréonomie et de l'atomologie, ou comme la chimie, à laquelle appartient la partie chimique de ces deux mêmes sciences; d'autre part ce sont aussi les quatre points de vue qui l'ont forcé à réunir en une seule science deux sciences naturellement distinctes, comme la partie physique et la partie chimique de la stéréonomie et de l'atomologie. Cette même théorie des quatre points de vue a produit chez Ampère une autre illusion, combattue avec raison par Arago dans sa Notice. Ces quatre points de vue, qui déterminent toutes les divisions et les subdivisions des connaissances humaines, étant analogues aux quatre ordres de conceptions rangés suivant l'ordre de leur apparition successive dans la première enfance, Ampère se croit en droit de conclure que, sauf la nécessité d'une instruction primaire préparatoire, ses 128 sciences se trouvent rangées dans son tableau dans l'ordre le meilleur à suivre soit pour les étudier toutes, soit pour en étudier à fond quelques-unes en omettant ou en se contentant d'effleurer les autres. Ainsi il admet qu'il vaut mieux avoir acquis toute l'instruction qu'on peut et qu'on veut acquérir dans les 64 sciences cosmologiques, avant de commencer l'étude des sciences noologiques. De plus, il croit qu'il faut apprendre dans chaque règne les sciences du premier ordre une à une, chacune depuis ses premiers éléments jusqu'à ses parties les plus élevées dans les quatre sciences du troisième ordre, avant de passer aux sciences suivantes du premier ordre; qu'ainsi il faut apprendre les mathématiques supérieures, sans excepter l'astronomie, avant la physique élémentaire et par conséquent avant aucune notion d'optique. Il n'est pas besoin d'aller plus loin pour voir que les sciences cosmologiques, classées, comme elles doivent l'être, d'après leurs objets ne sont pas rangées dans l'ordre suivant lequel elles doivent être apprises, et qu'il faut avoir appris les éléments de plusieurs sciences du premier ordre avant de pouvoir atteindre les parties les plus élevées de l'une quelconque d'entre elles, à l'exception des mathématiques pures. Il en est de même pour les sciences noologiques. Par exemple, à qui Ampère fera-t-il croire qu'un futur philosophe doit commencer par acquérir une instruction aussi complète qu'il pourra dans les sciences cosmologiques, avant d'aborder l'étude de la psychologie élémentaire, et que celui qui veut devenir linguiste doit avoir achevé ses études dans les sciences cosmologiques dans les sciences philosophiques, et de plus dans les beaux-arts, avant de commencer l'étude des langues? Cette illusion d'Ampère peut s'expliquer par la puissance exceptionnelle de ses facultés, par le défaut de direction dans les études de son enfance et de sa jeunesse, et par l'ordre étrange qu'il avait suivi lui-même, comme nous l'avons vu, dans l'acquisition de ses vastes connaissances. (Th. H.-M. / J. et R. S.).
|
|||||
Jean-Jacques Antoine
Ampère
est un littérateur français,
fils du précédent, né à
Lyon
le 12 août 1800, et mort à
Pau le
27 mars 1864. Ses goûts, que son père chercha longtemps à
modifier, le poussaient vers les études littéraires, philologiques,
et en particulier les
langues et les littératures
étrangères. Le Nord l'attira d'abord et, en 1827, parcourant
l'Allemagne,
le Danemark,
la Suède
et la Norvège,
il alla recueillir sur place des poésies populaires qu'il comparaît
avec ce qu'on avait des Eddas,
des Niebelungen
et des Sagas. A son retour, il fut présenté par Ballanche,
son ami, à Chateaubriand et à
Mme Récamier, fréquenta les salons littéraires en
même temps qu'il suivait les cours de Fauriel,
de Villemain, de Cousin.
Romantique et libéral, Jean-Jacques Ampère avait collaboré, dès la fondation, au Globe de Dubois et à la Revue française où Guizot combattait le gouvernement, mais où lui-même, dédaigneux de la politique militante, ne s'occupa jamais que de questions littéraires. En 1830, sur le refus de Sainte-Beuve et la proposition de Mignet, il alla professer à l'Athénée de Marseille, nouvellement fondé. Il y traita de la poésie primitive chez les peuples du nord de l'Europe, après une leçon d'ouverture imprimée sous ce titre : De l'histoire de la poésie; Marseille, 1830. C'était la première fois que l'on parlait en France avec quelque développement de ces Eddas mystérieux où Ampère retrouvait, sous les voiles du mythe, l'histoire de la formation de la société scandinave. La sagacité de sa critique lui montrait les analogies qui existent entre ces poèmes et les épopées homériques; il y retrouvait des héros pareils et même un Achille, Sigurd (Siegfried), qui depuis a eu des destinées bruyantes. Il remonta jusqu'aux Sagas et analysa ces histoires naïves et parfois grandioses, ces chants dont la tristesse va jusqu'au lugubre, laissés par les scaldes d'un peuple primitif du nord de l'Europe. Plus importante encore peut-être fut la révélation au public français des Niebelungen, cette épopée des temps héroïques de la Germanie, qu'il comparait à l'Iliade, non sans un peu trop d'enthousiasme. Quant au but qu'il s'était proposé en tirant de leur nuit ces vieux poèmes, et quant à l'utilité de leur étude, il s'en expliquait avec une remarquable largeur de vues. Il y cherchait la solution de vastes problèmes d'histoire primitive, se demandant si le Nord ne se rattachait pas à l'Orient par quelque côté, s'il n'avait pas eu d'étroits rapports avec la Grèce et l'Italie, la Perse et l'Inde. A un autre point de vue, il aurait voulu, en comparant ces épopées du Nord aux épopées grecques, éclaircir la question de la poésie primitive, percer le secret de sa naissance et de son développement. Jean-Jacques Ampère (1800-1864). Ces sortes de problèmes le passionnèrent toujours, et, mis en goût par ces premières découvertes, Jean-Jacques Ampère étudia l'origine de la langue et de la littérature françaises, qui n'était alors guère mieux connue que celle des épopées scandinaves. Que n'étudia-t-il pas? Rien ne l'avait rebuté, ni le sanscrit, ni le chinois, ni les hiéroglyphes; et sur tout il avait quelque vue originale, paradoxale souvent, parfois profonde. Revenu à Paris, il suppléa Fauriel et Villemain à la Sorbonneet en 1833, à la mort d'Andrieux, le remplaça dans la chaire d'histoire de la littérature française au Collège de France. En 1841, J.-J. Ampère repartit pour un nouveau voyage, alla jusqu'en Egypte et en Nubie, puis avec Mérimée, Lenormant, de Witte, il visita la Grèce et revint par l'Italie, d'où il rapporta son fameux Voyage dantesque. C'est le récit pittoresque du pèlerinage entrepris par l'auteur à tous les lieux consacrés par les vers du grand poète. Son guide est la Divine Comédie, et on le suit à Pise, à Lucques, à Florence, à Bologne, à Padoue, à Ravenne, partout où Dante exilé s'est arrêté; et en même temps qu'une histoire de Dante et de son oeuvre, c'est un tableau des luttes et des agitations politiques de l'Italie au commencement du XIVe siècle. Cet ouvrage, que l'érudition a depuis longtemps dépassé, est encore utile à lire et aucun n'a plus fait pour populariser en France la gloire du grand poète italien. A son retour, Jean-Jacques Ampère
fut nommé à l'Académie des inscriptions en remplacement
de Gérando (1842). En 1848, il remplaçait
A.
Guiraud à l'Académie
française. L'Amérique,
après l'Europe, l'attira. Il visita le Canada,
les Etats-Unis,
les Antilles,
revint en s'arrêtant aux Açores
(1851). Ce fut son dernier voyage, et depuis lors il consacra tout son
temps à l'achèvement de son grand ouvrage, l'Histoire
romaine à Rome. C'est en y travaillant qu'il mourut presque
subitement.
Ses recherches, bien que superficielles, sur les premiers siècles de la littérature française en ont provoqué de plus savantes, et c'était tout au moins une idée heureuse que d'aller étudier l'histoire ancienne aux lieux mêmes où elle s'était déroulée. Il avait sur toutes choses des curiosités d'ordre supérieur, le besoin de savoir et le besoin d'enseigner; aussi a-t-il beaucoup écrit. (R. de Gourmont). |
. |
|
|
|||||||||||||||||||||||||||||||
|