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Thomas Reid
est un philosophe, chef de l'Ecole
Ecossaise, fréquemment désignée en Angleterre
sous le nom d'École du sens commun, né à Strachan
(comté de Kincardine), près d'Aberdeen, le 26 avril 1710, mort le 7 octobre
1796 à Glasgow. Reid peut être considéré
comme le chef de la philosophie écossaise; il eut pour but d'appliquer
avec rigueur à l'étude de l'esprit humain la méthode
d'observation recommandée par Francis Bacon.Il
combattit avec force l'idéalisme de Berkeley,
le
scepticisme de Hume,
et renversa la théorie métaphysique des
idées-images (intermédiaires supposés entre les corps et l'esprit),
qui avait longtemps régné dans les écoles; mais on lui a parfois reproché
de trop multiplier les principes de la nature humaine.
- Thomas Reid (1710-1796). Son père, Louis Reid, était pasteur de la paroisse. Lui-même fit ses études à Marischal College. Il cultiva d'abord la théologie, entra même dans l'église presbytérienne, et devint en 1737 ministre à New-Machar, près d'Aberdeen. Mais bien vite ses goûts le dirigèrent vers les problèmes spéculatifs. Un de ses premiers écrits en cet ordre fut son Essay upon Quantity, paru dans les Philosophical Transactions, en 1748, dans lequel il discutait la tentative faite par Hutcheson en vue d'appliquer aux sujets de morale les méthodes mathématiques. En 1751, il est nommé régent de King's College, à Aberdeen, et son cours embrasse, avec la philosophie, les mathématiques et la physique. En 1758, de concert avec son parent Gregory, il fonda la Société philosophique connue sous le nom de The Wise Club, dont Beattie notamment fut membre. Les entretiens de ce club avaient pour principal objet la critique des théories de Hume. Il en sortit plus d'un ouvrage réputé. Le principal des livres suscités par ces causeries fut précisément les Recherches sur l'entendement humain d'après les principes du sens commun, publiées en 1764 (il y traite surtout de la formation des idées dues aux sens). Cette même année, le succès immédiat de cet ouvrage désigna l'auteur pour la chaire de philosophie morale de Glasgow, rendue vacante par la démission d'Adam Smith. Reid occupa la chaire jusqu'à sa mort. Deux ouvrages contiennent la substance de son enseignement : l'Essai sur les facultés (powers) intellectuelles (1785) et l'Essai sur les facultés actives (1788). Si Reid est reconnu comme le chef de l'école écossaise, ce n'est pas qu'il ait été le premier philosophe de cette lignée qui devait se prolonger durablement, avec ses traits originaux. Cette école existait; elle avait compté des maîtres de valeur, tels que Carmichael, Andrew Baxter, Hutcheson, Turnbull, Henry Home, plus connu sous le nom de lord Kames; déjà elle se signalait par certains caractères qu'elle n'a jamais perdus et que l'on retrouverait, au XIXe siècle même, chez des hommes tels que Hamilton et Mansel : défiance à l'égard de l'a priori, prédilection pour la méthode d'observation intérieure, culte du sens commun, renoncement à l'esprit de système et en même temps horreur du scepticisme, ce fruit, estimait-elle, de l'union accomplie entre le sensualisme et l'idéalisme, volonté ferme de s'élever jusqu'aux principes, conviction inébranlable qu'on les peut atteindre intuitivement. Ces tendances appartenaient en commun aux devanciers de Reid. Mais il leur manquait d'être mises en harmonie et d'être coordonnées, sous des principes généraux, en une théorie systématique. Principes et théorie, il allait appartenir à Reid de les formuler. Parmi les influences qui agirent sur sa pensée, il en est une que l'on ne saurait exagérer : celle de Francis Bacon. Il n'a pas caché sa dette envers l'auteur du Novum Organum, pour lequel il témoignait une admiration sans limites, au point d'écrire à Gregory : « Je suis très capable de mesurer l'intelligence d'un homme sur l'opinion qu'il se fait de cet auteur ».De Bacon il avait appris que la méthode constructive ou déductive, chère aux métaphysiciens, était stérile et impropre à nous faire accomplir le moindre progrès dans la connaissance de la nature; qu'une logique nouvelle, inconnue ou méconnue de la scolastique, avait seule chance d'y réussir : celle qui, procédant de l'observation et de l'expérimentation, s'élevait inductivement aux lois et qui avait reçu de son éloquent théoricien le nom d'Interpretatio naturae. De Bacon il tenait encore que la science ne se réformerait qu'à la condition de s'affranchir de son culte servile envers les génies anciens et leurs fictions rationnelles, par conséquent, à la condition de briser d'abord ces idoles du théâtre qui abusent les esprits et les détournent du travail patient, sincère, d'autant plus fécond. Seulement, la réforme que Bacon avait surtout conçue en vue de la philosophie naturelle, il s'agira pour Reid de la transporter dans le champ de la philosophie morale ou, comme il dira, de « la science de l'esprit humain ». Aussi de même que l'auteur du De Dignitate et Augmentis scientiarum s'était assigné pour tâche initiale la réjective, c.-à -d, la mise à l'écart des erreurs qui eussent fait obstacle à la droite recherche du vrai, le maître Ecossais jugera que son premier devoir est de réfuter résolument des doctrines si accréditées soient-elles, si favorables même qu'en fin de compte elles se soient montrées aux dogmes métaphysiques et moraux que lui-même accepte, mais qui, par de faux principes et une dialectique vicieuse, devaient infailliblement faire sombrer la philosophie dans le scepticisme. De là la place si étendue que Reid a faite dans ses oeuvres a la discussion des systèmes. C'est une polémique infatigable contre les doctrines égarées par l'esprit de système, contre l'immatérialisme berkeleyen par lequel il avoue qu'en sa jeunesse il s'était laissé séduire, contre le sensualisme humiste, destructeur de toutes les certitudes et les croyances de l'humanité. Mais, avant ces philosophes, celui qu'il tient pour responsable de tous les égarements de la raison spéculative depuis un siècle, c'est Descartes. Oui, le doute cartésien, telle a été l'origine, juge-t-il, de tout le mal, ce doute qui a fait table rase de toutes les connaissances tenues jusque-là pour les plus inébranlables, de toutes les évidences les plus pures, et cela pour confier ensuite à une dialectique suspecte le soin de retrouver avec effet les certitudes si bénévolément abandonnées. L'esprit métaphysique s'est de la sorte accoutumé aux obscurités factices; il s'est à plaisir aveuglé dans le dessein de mieux y voir. Il s'est éloigné du sens commun, et la vérité s'est éloignée de lui. En vain la philosophie a-t-elle prétendu traduire le sens commun à sa barre; celui-ci décline la mise en demeure et désavoue son autorité. Il n'a, lui, nul besoin de la philosophie, n'est tenu à elle par nuls liens. Au contraire, la philosophie n'a d'autres racines que les principes du sens commun : « C'est d'eux qu'elle prend sa croissance, d'eux qu'elle tire sa nourriture. Coupée de ces racines, son éclat s'efface, sa sève est desséchée, elle meurt et pourrit » (lnq. Introd., Il,-4).Si grave et féconde en sophismes qu'ait été l'erreur inhérente au doute méthodique, toutefois, ce doute lui-même, si on y prend garde, apparaît comme la conséquence d'une faute préalable, germe profond de toutes les théories sophistiques auxquelles a donné lieu le problème de la connaissance. Ce primum falsum consiste dans l'implicite persuasion que toute réalité est connue de l'esprit par l'intermédiaire des idées, lesquelles s'interposeraient entre les choses et la pensée et constitueraient l'unique objet véritablement manifesté à cette dernière. La conception des idées représentatives, tel a été le poison de la philosophie moderne. Cette conception, le sage Locke lui-même s'y est laissé tromper. Transmise à Berkeley, elle lui fait rejeter comme inutiles et inconcevables les choses que ces idées représentaient : il n'y a plus de matière. Recueillie par Hume, elle l'amène à se passer et de la notion d'un sujet pensant les idées et de la notion d'une cause active, les engendrant; il n'y a plus d'objet, plus de sujet, plus de Dieu. La théorie cartésienne des idées a développé ainsi ses dernières conséquences. Ruiner cette théorie et par elle les doctrines de plus en plus sceptiques qu'elle renfermait en puissance a été la grande tâche que Reid s'est proposé de remplir et dont l'accomplissement a absorbé toute son activité philosophique. En face des paradoxes de l'idéalisme, restaurer les convictions primitives du sens commun sera le but constant qu'il poursuivra et qu'à son exemple se propose ront, même alors qu'ils auront subi l'action du criticisme kantien, ses continuateurs écossais. Dès lors, on eût pu prévoir que le problème de la connaissance et, plus spécialement celui de la perception serait le point central de toute sa philosophie. Retraçons dans ses grandes lignes la solution qu'il en donna et qui, pendant tant d'années, grâce à Victor Cousin et Théodore Jouffroy (qui a traduit et publié tous les ouvrages, avec une savante préface et la Vie de l'auteur par Dugald Stewart, 1828-1836, 6 vol. in-8.), devait régner en France. On peut ramener aux points principaux qui vont suivre les thèses d'où découle la conclusion réaliste que Reid met en contraste avec le sujectivisme des philosophes qui l'ont précédé : 1° Et d'abord si les idées doivent être prises au sens d'un tertium quid entre l'esprit et l'objet, il faut impitoyablement les rayer du tableau de l'esprit humain. Ce sont entités pures, forgées par l'imagination métaphysique; il n'en est point trace dans la pensée humaine. « Nous ne connaissons rien qui soit dans l'esprit, sinon par la conscience, et nous ne sommes conscients de rien, sauf des divers modes de penser, tels qu'entendement, vouloir, affection, passion, action, souffrance ». S'il plaît d'appeler idée quelque mode de penser dont nous avons conscience, qu'on le fasse; « mais c'est là introduire dans le langage un mot inutile, ambigu et de nature à égarer. » (Intell. Pow. Essay IV, ch. II). 2° Même à prendre les idées en un sens acceptable, la réduction que Hume en a faite à des impressions et l'installation de ces dernières au seuil immédiat de notre connaissance doivent être condamnées. L'impression comprise comme un phénomène psychologique premier ne lui paraît pas moins constituer un être de raison que ces idées représentatives dont nous parlions tout à l'heure. Ces prétendus faits premiers, d'où sortirait tout le développement de la connaissance, ces composants de nos pensées, unités mentales distinctes, discontinues, simples, « atomiques », que l'analyse mentale découvrirait dans nos pensées complexes, sont dépourvus de réalité. Leur prêter ce rôle initial, c'est se méprendre du tout au tout sur la nature des primitives démarches de l'esprit. Ce qui est à l'origine, ce n'est point la pure analyse, mais bien déjà la synthèse; ce n'est point une infinie poussière de sensibilité, c'est l'action unifiante et ordonnatrice de l'intelligence. En cette phase de sa critique, l'adversaire de Hume n'est pas sans avoir montré quelque profondeur. 3° Pour son compte, Reid admet bien l'impression au seuil du processus perceptif, mais il l'admet au titre de phénomène exclusivement organique, à la suite duquel se produit un fait d'ordre nouveau, réellement psychique cette fois, celui de la sensation : entre l'un et l'autre n'existe nulle ressemblance de nature. La liaison qui les unit est synthétique et se réduit à un rapport de succession invariable. Elle est contingente, «-arbitraire », comme eût dit Berkeley, de qui notre philosophe, a retenu l'un des principes favoris. Mais la sensation, état conscient purement affectif, qui ne nous informe, à proprement parler, que de nous-mêmes, est à son tour suivie d'un événement nouveau, avec lequel elle est unie, non par essence, mais par une invariable concomitance; je veux dire : la perception. Tandis, en effet, que « la sensation, prise en elle-même n'implique ni conception, ni croyance en aucun objet extérieur; qu'elle suppose un être sentant et une certaine manière dont il est affecté et qu'elle n'implique rien de plus » (Intell. Pow. Essay II, ch. XVI), la perception, au contraire, « a toujours un objet distinct de l'acte par lequel il est perçu, objet qui peut exister, soit qu'on le perçoive ou non » (Inq. XX). De même que l'impression suscite la sensation, celle-ci suscite la perception. Et cette dernière ne se distingue pas moins de la connaissance acquise par raisonnement. La conviction qu'elle entraîne, qu'un objet existe présentement, est immédiate, et la raison n'y intervient en rien. (Intell. Pow. Essay II, ch. v). Reid, en sa théorie de la perception extérieure, accorde une grande place à la distinction reçue depuis Descartes et Locke, entre les qualités primaires et les qualités secondes des corps. Parmi les qualités primaires, la plus importante, qui est le fondement des autres, savoir l'étendue, a donné lien, de sa part, à des variations marquées. Tout d'abord gagné par l'explication fameuse de Berkeley qui réservait au sens tactile et locomoteur la perception directe de cette qualité, la vision ne la suggérant que d'une manière médiate et grâce à un symbolisme acquis, il finit par s'en détacher, comme nous le montre le traité des pouvoirs intellectuels. L'argument berkeleyen, dira-t-il dans cet ouvrage, perd toute sa force, s'il est vrai que la figure visible et l'extension visible ne sont qu'une conception partielle, la figure et l'extension tangibles une conception plus complète de la figure et de l'extension réellement existantes dans l'objet (Essay II, ch. XIX). En dernière analyse, sa pensée a été que l'étendue n'était pas proprement un objet de perception; qu'elle était bien plutôt une conception, mais une conception qui accompagne inévitablement le fait de percevoir une conception enfin qu'il faut tenir pour un « fait premier » de l'esprit et dont il serait chimérique d'entreprendre l'analyse. « Quand nous tachons de comprendre le tout de l'espace, d'en retracer l'origine, nous nous perdons dans notre recherche. Les spéculations profondes d'hommes ingénieux sur ce sujet différent si considérablement qu'elles peuvent nous conduire à soupçonner que la ligne de l'entendement humain est trop courte pour en atteindre le fond » (Ibid.).On croit entendre un écho de l'enseignement de Locke. 4° Au-dessus de la perception s'étend le règne de la raison. Cette faculté remplit deux offices : « le premier est de juger des choses évidentes par elles-mêmes; le second de tirer des conclusions non évidentes par elles-mêmes en les dérivant de vérités qui le sont ». De ces deux offices, le second est connu et admis de tous : il n'y a pas intérêt à s'y arrêter. Il ouvre le champ de la logique. Par contre, le premier n'a pas été apprécié comme il convenait et c'est à son sujet que Reid surtout innovera. La raison, à ce premier point de vue, coïncide avec le sens commun. Elle est « purement le don du Ciel ». Contre cette raison intuitive, jamais la raison discursive, la raison raisonnante ne saurait prévaloir (Intell. Pow., Essay VI, ch. II). C'est elle qui édicte ces jugements originels et naturels auxquels on donne indistinctement le nom de : principes du sens commun, notions communes, vérités évidentes par elles-mêmes, toutes propositions qui se reconnaissent à ce caractère qu'elles sont aussitôt crues que comprises. Dès qu'on les énonce, « le jugement sait nécessairement l'appréhension et l'un et l'autre sont également l'oeuvre de la nature et le résultat de nos pouvoirs originels. Il n'y a pas à en chercher l'évidence, à peser les arguments; la proposition n'est ni réduite ni inférée d'une autre; elle a en elle-même la lumière de la vérité. » (Ib., ch. IV). Déterminer quels sont ces principes, les présenter dans tout leur jour, les distribuer selon leur ordre, les protéger contre les obscurcissements de la raison sophistique, telle serait donc l'oeuvre la plus haute que le philosophie soit appelée à accomplir. Ces principes premiers, qui sont la richesse du sens commun, Reid les a répartis en deux grandes classes. « Ils sont ou bien des vérités nécessaires et immuables dont le contraire est impossible; ou bien des vérités contingentes et susceptibles de changement, dépendant de quelque effet de la volonté et d'un pouvoir qui a eu un commencement et peut avoir une fin » (lb., ch. v).Si nous parcourons la liste qu'a dressée Reid de ces vérités contingentes, nous y trouvons des conceptions immédiatement suggérées par notre conscience et nos perceptions : l'existence réelle de tout ce dont je suis conscient; la réalité de mon moi, de mon esprit, de ma personne; la réalité passée de tout ce dont je me souviens distinctement; l'identité personnelle du sujet conscient; l'existence des objets de notre perception extérieure; l'inhérence à nos volontés d'un certain degré de pouvoir sur nos actes et nos déterminations. Mais aussi nous y apercevons des généralisations plus ou moins habituelles, plus ou moins instinctives, par exemple. « Il y a vie et intelligence dans nos semblables, avec qui nous sommes en rapport »; ou encore : « certains traits de la physionomie, certains sons de la voix et certains gestes du corps indiquent certaines pensées et dispositions de l'esprit »; ou bien : « on doit une certaine considération au témoignage humain dans les questions de fait et même à l'autorité humaine en matière d'opinion »; ou enfin : « dans les phénomènes de la nature ce qui sera ressemblera probablement à ce qui, dans des circonstances semblables, a été ». On remarquera ce mot : probablement, restriction singulièrement imprécise dans un principe prétendu premier. Quant à ceux des premiers principes qui constituent des vérités nécessaires, Reid les classe en grammaticaux (ex. :« toute phrase complète doit avoir un verbe»); logiques (ex.: « toute proposition est on vraie ou fausse »); mathématiques, esthétiques, ou axiomes du goût; moraux; métaphysiques. De ces derniers il en énumère trois : a : « les qualités que nous percevons par nos sens doivent avoir un sujet que nous appelons corps et les pensées dont nous avons conscience un sujet que nous appelons esprit »;Cette énumération incontestablement arbitraire et obtenue sans méthode bien définie n'apporte et ne peut apporter avec elle aucune garantie de son exactitude. D'autre part, comme son auteur est muet sur les problèmes d'origine, car ce n'est pas répondre que d'appeler primitif un jugement dont nous demandons précisément à savoir le mode de formation, on peut dire que la doctrine de Reid, bien loin de donner satisfaction au besoin de comprendre, qui est toute notre raison de philosopher, n'a fait que stimuler ce besoin, que rendre plus impérieuse la nécessité de critiquer tant d'affirmations dont nous échappent à la fois là justification et le lien. Le cadre de notre étude ne nous permet pas de suivre dans tout leur développement les conceptions métaphysiques et morales dont ce système de la connaissance est le centre. Mais il est aisé de prévoir quelle insuffisante résistance elles offriront à la discussion critique dirigée, soit du point de vue de l'empirisme, soit du point de vue de la réflexion a priori. Le réalisme qu'elle compose n'a barré le chemin ni à la méthode de Hume ni à celle de Kant. Et cependant le succès de cette philosophie
marque une date importante dans l'histoire de la spéculation moderne.
Il a constitué un signalé retour de cet esprit dogmatique dont la réapparition
ne manque jamais de suivre les périodes inquiètes ou l'esprit d'examen
soumet à son contrôle les méthodes, les convictions, les principes universellement
reçus, en entreprend la réduction, en tente l'étiologie et subordonne
la commodité de croire au besoin d'expliquer. Comme la réforme de Francis
Bacon et l'enquête logique de Hobbes ont dans
l'objectivisme de lord Herbert leur contre-partie; comme l'Essai
de Locke trouve son antithèse dans les Characteristics de
Shaftesbury,
de même le sensualisme de Hume et de Condillac,
l'empirisme de Hartley provoquent la réaction
de cette école écossaise, dont Reid demeure la grande autorité. Le dogmatisme
de ce maître, que l'admiration de Royer-Collard
allait acclimater, pour une longue durée, dans l'enseignement officiel
en France, a eu d'ailleurs le solide
mérite de désigner « la science de l'esprit humain », c.-à -d. la psychologie,
comme le premier domaine que dut explorer la réflexion philosophique,
un domaine autonome, qui ne doit être confondu avec aucune des régions
occupées par les choses, domaine qui a sa juridiction, ses méthodes,
ses critères distincts. D'autre part, ce même dogmatisme a mis en garde
contre les constructions aventureuses de l'imagination métaphysique. Il
a incité à découvrir une réconciliation entre le fait et l'idée, l'observation
et l'intuition pure. Sa grande
erreur est d'avoir
cru l'oeuvre trop facile; mais son erreur même a été instructive, et
la philosophie critique en a tiré de précieuses leçons.
(Georges Lyon).
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Sir William Reid
est un officier et météorologiste anglais, né à Kinglassie (Fifeshire)
en 1791, mort à Londres le 31 octobre 1858.
Il sortit de l'École de Woolwich en 1809 comme lieutenant du génie, servit
sous Wellington en Espagne,
prit part à la bataille de Waterloo et
au siège d'Alger (1816) et devint en 1836
gouverneur des Bermudes,
puis, en 1846, de la Barbade,
et en 1856 de Malte. Il reçut, cette dernière
année, le grade de major général, et était depuis 1839 membre de la
Royal Society de Londres. Il avait été,
en 1851, président du comité exécutif de l'exposition universelle.
Reid a fait faire de grands progrès à la météorologie par ses travaux sur les ouragans, fruit des observations par lui faites dans ses séjours aux Antilles. Il a publié : An attempt to develop the law of storms by means of facts ( Londres, 1838; 3e edit., 1850); The progress and the development of the laws of storms and periodical winds (Londres, 1849). A partir de 1835, au moyen de cartes donnant la direction du vent sur tout le domaine d'une tempête, Reid et Redfield aux États-Unis, Piddington aux Indes anglaises, ont reconnu que les vents tournent autour d'un centre, et, de ce caractère, ils déduisirent les règles de manoeuvre d'un navire dans une tempête. (Lebon, 1899). |
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Thomas Mayne'Reid
est un écrivain anglais, né Ã
Ballyroney (comté de Down) le 4 avril 1818, mort près de Ross (Herefordshire)
le 22 octobre 1883. Fils d'un pasteur presbytérien, il fut destiné Ã
l'église, mais il marqua une aversion profonde pour la carrière où son
père le voulait engager et il émigra en Amérique.
- Le capitaine Mayne Reid (1818-1883). Il mena à la Nouvelle-Orléans une existence des plus aventureuses : tour à tour surveillant d'esclaves, maître d'école, acteur, coureur de prairies. De 1843 à 1846, il faisait du journalisme à Philadelphie où il connut Poe. Finalement il s'engage dans l'armée et prend part à l'expédition du Mexique (1847) où il se distingue par son courage et où il est gravement blessé. En 1849, Mayne Reid revient en Angleterre et il écrit, à l'aide de ses souvenirs, les nombreux romans destinés à la jeunesse, qui ont établi sa réputation. Citons parmi ses ouvrages, presque tous traduits en français ou en allemand, qui ont fait les délices des amateurs d'aventures merveilleuses : The rifle Rangers (Londres, 1850, 2 vol.); The Scalp Hunters (1851); The Hunter's Feast (1854); The bush boys (1855); The War trail (1857); The plant Hunters (1858); The wild Huntress (1860); The Cliff Climbers (1864); A float in the Forest (1865); The boy Slaves (1865); The Finger of Fate (1868); The Vee Boers (1880); Gaspar the Gaucho (1880). (R. S.). |
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Whitelaw Reid est un
homme politique américain, né à Cedarville, près de Xenia (Ohio)
le 27 octobre 1837, mort le 15 décembre 1912, Londres.
Entré jeune dans le journalisme, il suivit, comme correspondant de la
Cincinnati Gazette, les opérations de la Guerre
de sécession, où il prit même une part active on qualité d'aide
de camp de Rosecrans. Nommé en 1863, bibliothécaire de la Chambre des
représentants, il s'occupa, en 1866, de plantation de coton en Louisiane.
En 1868, il entre dans la rédaction de la New-York Tribune dont il devenait rédacteur en chef en 1872. Ambassadeur en France en 1889, il s'occupa activement des négociations du nouveau traité d'extradition entre la France et l'Amérique, et de l'abolition des droits prohibitifs qui frappaient l'importation des viandes de porc américain. En 1892, il fut désigné par la convention républicaine nationale comme candidat à la vice-présidence des Etats-Unis aux côtés de B. Harrison. Mais les démocrates l'emportèrent, et Whitelaw Reid reprit la direction de la New-York Tribune. En 1897, il représenta son pays au Jubilé de la reine d'Angleterre; en 1898, il fut un des commissaires qui négocièrent le traité de paix entre l'Amérique et l'Espagne. Enfin, de 1905 à sa mort en 1912, il occupa le poste d'Ambassadeur des Etats-Unis à Londres. On a de Whitelaw Reid : After the War (1866); Ohio in the War (1868, 2 vol.); Schools of Journalism (1871); The Scholar in Politics (1873); Some newspaper tendencies (1879); Town-Hall suggestions (1884), etc. (R. S.). |
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