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Moritz Cantor
est un historien des mathématiques,
né le 18 août 1829 à Mannheim, mort le
10 avril 1920 Ã Heidelberg,. Il appartenait
à une famille juive du Portugal
émigrée au Danemark, dont une branche
est allée s'établir à Amsterdam, où
est né le père de Moritz Cantor, tandis qu'une autre branche, d où est
sorti Georg Cantor (V. ci-dessous) se fixait en Russie.
Après avoir suivi les classes supérieures
du gymnase de Mannheim, Moritz Cantor se rendit à l'Université de Heidelberg
(1848), puis à celle de Göttingen où
Stern lui donna le goût des recherches historiques. Docteur à Heidelberg
en 1851 (Dissertation inaugurale sur le système coordonné entre l'abscisse
et l'arc de la courbe), il alla suivre à Berlin
le cours de Lejeune-Dirichlet, puis revint
se fixer à Heidelberg où il fut nommé privat-docent en 1853, professeur
extraordinaire en 1863, professeur honoraire en 1877.
Après avoir publié des Grundzüge
einer Elementar Arithmetik (Heidelberg, 1855), il rédigea en 1858
avec ses collègues de Heidelberg un Kritische Zeitschrift für Chemie,
Physik und Mathematik, publié à Erlangen, entra en 1859 dans la rédaction
du Zeitschrift für Mathematik und Physik (Schlömilch et Cantor),
dont il dirigea la partie historique, séparée à partir de 1876. En 1863,
parut à Halle son premier volume sur l'histoire
des mathématiques : Mathematische Beiträge zum Kulturleben der Völker.
En 1875, il donnait : Die römischen Agrimensoren und ihre Stellung
in der Geschichte der Feldmesskunst (Leipzig); enfin en 1882, le premier
volume de ses Vorlesungen über Geschichte der Mathematik (Leipzig).
En dehors d'un mémoire spécial : Das Gesetz im Zufall (Berlin,
1877), Moritz Cantor a encore écrit dans divers recueils et journaux un
très grand nombre d'articles touchant l'histoire des mathématiques; c'est
notamment lui qui rédigeait les biographies des mathématiciens allemands
dans la grande publication de Duncker et Humblot (Leipzig), commencée
en 1875.
Esprit ingénieux et hardi, qui s'est pondéré
avec l'âge, d'une exactitude et d'une conscience parfaites, doué de tous
les talents de l'écrivain, Moritz Cantor a joué un rôle prépondérant,
non seulement par ses ouvrages. mais aussi par les innombrables articles
de son Zeitschrift, dont quelques-uns sont extrêmement importants.
S'il n'a pas été précisément le premier à commencer le renouvellement
de l'histoire des mathématiques et à y introduire les procédés d'information
et de critique qui y ont fait défaut jusqu'au XIXe
siècle, il n'en est pas moins le véritable chef d'école, et si quelques-unes
de ses opinions peuvent prêter matière à contestation, son nom ne leur
en donne pas moins une singulière autorité. (P. Tannery). |
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Georg-Ferdinand-Ludwig-Philipp
Cantor est un mathématicien,
né le 3 mars 1845 à Saint-Petersbourg,
mort le 6 janvier 1918 Ã Halle, atteint par
une maladie mentale. Il a reçu son éducation en Allemagne à partir de
1856, dans différentes écoles à Wiesbaden, Francfort-sur-le-Main et
Darmstadt. Il a suivi les cours de l'Université de Zurich (1862), puis
de Berlin (1863-1867) en même temps que Weierstrass.
Reçu docteur en philosophie à Berlin
en 1867 (De Aequationibus secundi gradus indeterminatis), il fut
admis en 1869 comme privat-docent à l'Université de Halle (De Transformatione
formarum ternariarum quadraticarum) où il est devenu professeur extraordinaire
(1872), puis ordinaire (1879). En dehors du volume : Grundlagen einer
allgemeinen Mannigfaltigskeitslehre (Leipzig, 1863), ses travaux ont
paru dans les Mathematische Annalen (vol. 15 Ã 23), dans le Journal
de Crelle (vol. 72 Ã 84), dans les Acta mathematica (vol. 2 Ã
7) et dans le Zeitschrift für Philosophie und phil. Kritik (vol.
88 Ã 92).
Sauf les deux premiers articles, relatifs
à la théorie des nombres et aux séries trigonométriques,
ces travaux sont, sous différents titres, consacrés à la théorie des
ensembles que Georg Cantor a constituée de toutes pièces et dont les
résultats singuliers ont vivement attiré l'attention des mathématiciens.
Il est difficile de nier que l'auteur de cette théorie ne soit un des
puissants esprits de son temps. Sa détermination du continu mathématique,
comme variété particulière d'un genre d'ensembles beaucoup plus étendu,
a été une avancée notable.
Au travail capital de Georg Cantor, il
a adjoint des recherches aussi importantes, quoiqu'elles n'aient pas été
unanimement appréciées; il a voulu approfondir également la notion de
l'infini actuel (théorie des transfinis) et non
seulement il en soutient la réalité, mais il
établit un certain nombre de propositions sur des nombres infinis, mais
susceptibles de distinction entre eux. Une tentative aussi hardie que difficile
de suivre.
Ses idées ont été très froidement accueillies
et critiquées, notamment par Leopold Kronecker.
David Hilbert donnera par la suite à l'approche
cantorienne une forme axiomatique qui jouera un rôle important tout au
long du XXesiècle.
D'un point de vue philosophique,
Georg Cantor se déclarait hostile à l'idéalisme
moderne des écoles issues de Kant et se réclamait
directement de Platon et d'Aristote.
(P. T.). |