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Jean de Salisbury
(Johannes Sarisbierensis ou Parvus ou Leverianus),
né à Salisbury au commencement
du XIIe siècle, mort à Chartres
en 1180, représentant de l'Ecole
de Chartres. Il vint en 1136 étudier à Paris,
où il fut l'élève d'Abélard.
Sa pauvreté le força à quitter Paris et à se
retirer à l'abbaye de Montier-la-Celle, où il continua ses
études. En 1148, l'archevêque Theobald de Canterbury l'emmena
en Angleterre, et fit de lui son secrétaire. Il fut ensuite celui
de Thomas Becket, dont il partagea la fortune
et la disgrâce. Rentré en France en 1176, il fut, grâce
à Thibaut, comte de Champagne,
nommé évêque de Chartres, ou il mourut. Le principal
ouvrage de Jean de Salisbury, intitulé Policraticus sive de nugis
curialiurn et vestigiis philosophorum, est du plus haut intérêt
pour l'histoire de la scolastique. Les dix premiers livres sont, une sorte
d'histoire de la philosophie.
La philosophie grecque est une tour de
Babel,
pleine de l'orgueil de la raison. Le stoïcisme
et l'épicurisme ont si bien corrompu
la vérité qu'il n'est resté de place que pour le doute
de la Nouvelle Académie. Les deux derniers livres contiennent les
idées religieuses et morales personnelles à l'auteur. L'humilité
chrétienne est une meilleure préparation à la philosophie
que l'insensibilité stoïcienne. Le but de la philosophie est
le bonheur, où l'on arrive par la vertu, et pour lequel il faut
réunir toutes les méthodes proposées par les écoles,
afin que l'homme soit uni à Dieu par des liens multiples d'intelligence
et d'amour. A cet ouvrage il faut joindre le Metalogicus, écrit
de logique et de polémique. On y trouve une connaissance très
suffisante de la logique d'Aristote. L'auteur
lui reprocha des subtibilités, et le juge plus fort pour détruira
que pour fonder. Le fondement de toute connaissance est la sensibilité,
d'où se dégagent la pensée et l'imagination. L'abstraction
fait du sensible la science, grâce à laquelle l'entendement
aperçoit les formes substantielles. Mais ce progrès ne peut
se faire qu'avec l'aide de la grâce. Les universaux ne sont ni des
noms ni des réalités indépendantes de Dieu : ce sont
des concepts abstraits par l'entendement et qui reproduisent les formes
ou qualités inhérentes aux choses.
Ces deux ouvrages ont été
publiés séparément le Policraticus en 1476,
à Bruxelles, le Metalogicus en 1610 à Paris; et ensemble,
à Lyon (1613), Leyde (1639), Amsterdam (1666), Oxford (1648, éd.
Miles). Le Policraticus a été traduit en 1640 par
Mézerai. On a encorede lui un poème: De Membris conspirantibus,
une Vie de saint Anselme de Canterbury (Anglia Sacra, II, 14.);
Vie de Thomas Becket, dans la Quadrilogue (1495); un Comment.
de saint Paul, (1646), et des Lettres.
(C-EL.). |
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