| Critérium, en grec critèrion (de crinô, juger, discerner), moyen de discerner une chose d'une autre, et spécialement la vérité de l'erreur. Après avoir été d'un assez fréquent usage dans la philosophie ancienne, chez les Épicuriens, les Stoïciens et les Pyrrhoniens, ce mot a repris cours dans la philosophie moderne à propos des recherches de Descartes, et, plus tard, de Kant et des Écossais sur la certitude en général et particulièrement sur celle des notions morales. Les Epicuriens et tous les sensualistes ont placé le critérium de la vérité dans le témoignage des sens; d'autres, comme Lamennais, dans l'accord universel. Le critérium de la vérité, selon Descartes, c'est l'évidence qui se résout dans la clarté et la distinction des idées (Discours de la méthode, Ile partie, 1re règle). Cette évidence, en tant que résidant dans les vérités a priori, est aussi, suivant les Écossais, le principe de toute certitude. Pour ce qui est de Kant, s'il s'est laissé, comme métaphysicien, entraîner au scepticisme, c'est précisément pour n'avoir pas voulu attribuer à l'évidence des principes, prise comme critérium de certitude et de vérité, une valeur absolue; et si, par une heureuse inconséquence, il s'en est préservé en morale, c'est pour avoir à juste titre considéré les caractères de fixité et d'obligation inhérents à certaines formes des déterminations volontaires comme un véritable critérium de leur moralité. Pour les sceptiques, qui rient la vérité ou refusent à l'humain tout moyen de la connaître, il n'y a pas de critérium. (B-E). | |