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Curiosité

La curiosité est le désir de savoir. Elle est de deux espèces, parentes dans le fond et dans les ressorts, mais qui diffèrent profondément  dans leur objet et, si l'on veut, en dignité même. Entre la démangeaison de savoir n'importe quoi, les riens, les mille nouvelles du jour, les menues affaires et les petits secrets d'autrui, et la passion de connaître scientifiquement, de chercher la vérité ou par soi-même ou dans les ouvrages sérieux, il y a un abîme évidemment. Le fond commun de ces deux tendances est sans doute une certaine activité d'esprit, mais cette activité est si différente de part et d'autre qu'on a pu dire, non sans raison, qu'un de ces goûts, dès qu'il est vif, exclut l'autre, que la grande curiosité tue la petite, et que celle-ci est une marque certaine de médiocrité intellectuelle.

La curiosité de bon aloi, au contraire, le désir d'apprendre est un des traits les plus élevés de la nature humaine. Cet attribut essentiel d'un être pensant varie infiniment avec l'organisation individuelle et la culture. L'importance dans le développement intellectuel en est évidente; la question intéressante est de savoir dans quelle mesure et comment une qualité si précieuse peut être accrue par nos soins ou compromise par nos fautes, en un mot, dépend de l'éducation. Or, comme pour les qualités d'initiative en général, il semble certain que, si l'éducation ne donne guère la curiosité, elle la tue quelquefois. Elle peut donc quelque chose pour elle, au moins indirectement, ne fût-ce que d'écarter ce qui l'éteint.

La qualité des méthodes d'enseignement peut se mesurer à ce qu'elles font pour favoriser l'initiative intellectuelle, pour exciter encore plus que satisfaire le besoin de savoir et de comprendre. Pitoyables à ce point de vue sont celles qui, laissant l'esprit passif, lui ingurgitent le savoir tout fait, l'accablent de réponses à des questions qu'il ne s'est jamais posées, l'encombrent de faits sans lien, de mots sans contenu, de formules. Les bonnes méthodes, au contraire, visent moins à enseigner beaucoup qu'à donner le désir de savoir; elles développent l'habitude de penser par soi-même et de chercher à se rendre compte. Le moyen, pour cela, c'est avant tout de maintenir la curiosité naturellement si vive de l'enfant, tandis qu'il est rare qu'elle survive aux premières années d'école. 

L'emploi prématuré et l'abus des livres, l'insuffisance ou la maladresse de l'interrogation, la surcharge des notions mnémoniques par lesquelles on brille dans les examens, telles sont les causes les plus ordinaires de l'indifférence et du dégoût qui chez les élèves succèdent si souvent à la curiosité première. Il est malheureusement plus facile de signaler le mal et ses causes que de le vaincre. (H. Marion).

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Dictionnaire Idées et méthodes
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