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La géologie de l'Europe |
L'Europe
est, de toutes les parties du monde, celle dont la constitution géologique
a été le plus étudiée et est le mieux connue,
celle par conséquent dont la carte paraît le plus compliquée
; mais cette complication reconnaît pour cause la variété
extrême des terrains de l'Europe occidentale
dont la configuration accidentée, avec ses presqu'îles, ses
îles, ses golfes, etc., permet de se faire une idée des transformations
qu'elle a subis pendant les âges antérieurs. Ce ne sont plus,
comme dans l'Europe orientale et la plus grande partie de l'Asie,
ces vastes bassins et ces bandes de terrain qui s'étendent souvent
à des distances considérables, presque sans interruption
ou accident notable, soit du Nord au Sud, soit de l'Ouest à l'Est,
etc. En raison même de leur complexité, nous ne pouvons donner
ici qu'un aperçu général des modifications qu'a subies
le continent européen depuis les époques les plus reculées,
et qui ont déterminé sa constitution et sa configuration
actuelles.
Précambrien (terrain primitif)Les plus anciens terrains d'Europe, qui affleurent dans la péninsule de Kola (Russie) ou en Ukraine, remontent à 3,3 milliards d'années (Paléoarchéen). A ces assises primitives ont succédé des terrains qui se sont étagés jusqu'au Cambrien (il y a environ 600 millions d'années) des terrains comprennnent les gneiss où le mica se présente en lamelles parallèles dans une pâte de quartz et de feldspath, les micaschistes, schistes de quartz et de mica, les granits où les grains de quartz, de feldspath et de mica sont diversement associés, etc. De structure à la fois cristalline et stratiforme, elles se distinguent et des masses éruptives, dont le contact les a souvent modifiées, et des formations d'origine externe, purement sédimentaires. Ces terrains, remarquables par l'uniformité de composition qu'ils offrent partout, peut être, partout aussi, divisé en deux étages, qui sont la formation laurentienne ou du gneiss primitif et la formation huronienne ou des schistes primitifs des auteurs; il constitue la partie centrale des grandes chaînes de montagnes de l'Europe, dont la surrection résulte de plissements d'époques diverses, mais bien plus récents : Alpes centrales et occidentales, Fichtelgebirge, Erzgebirge, monts des Géants, monts de la Bohème, Carpates, Caucase, Oural; en Autriche, on remarque une vaste couche de terrain précambrien (éozoïque) s'étendant du Bühmerwald au Danube; en Russie, une bande étroite de direction Nord-Sud allant de la l'océan Glacial Arctique à la latitude de l'extrémité septentrionale de la mer Caspienne; la péninsule Scandinave et la Finlande en sont formées presque exclusivement. En France, le terrain primitif constitue le Massif Armoricain et le Massif Central avec le Morvan et les Cévennes. Il est représenté en outre dans les Pyrénées et les montagnes de la péninsule Ibérique, dans les massifs de la Corse et de la Sardaigne, et constitue en partie les Vosges, la Forêt-Noire, I'Odenwald, le Harz. Enfin, il reparaît dans le Sud de la Russie, entre le Boug et le Dniepr, et dans les Balkans d'une part, en Ecosse, au Nord et à l'Ouest de l'Irlande, et aux Hébrides de l'autre.PaléozoïqueFormations cambrienne et silurienne.Le Silurien (avec l'Ordovicien), associé aux couches sous-jacentes du Cambrien (542-488 millions d'années), occupe en Europe deux vastes régions, l'une s'étendant de la Petchora au Cornouaille et caractérisée par la faune baltico-scandinavique, l'autre suivant le long axe de l'Europe depuis Bogolowsk jusqu'au Portugal et caractérisée par le faciès bohémien de sa faune. A la première de ces régions se rattachent les terrains siluriens de la Grande-Bretagne (Pays de Galles, Sud de l'Ecosse, Nord de l'Irlande), de la Scandinavie (bassin d'Oslo, Sud de la Suède, île Gotland), de la Russie (Saint-Pétersbourg) et de l'Estonie; à la seconde appartiennent les couches siluriennes de la Bohème (de Prague à Beraun), du Harz, de la Saxe, de la Thuringe, de la France (Bretagne) et de la péninsule Ibérique (bandes Ouest-Est des Pyrénées, etc.). On voit, d'après ce qui précède, que les mers de l'Ordovicien et du Silurien (488-416 millions d'années) étaient très étendues; toute la partie septentrionale de l'Europe était sous les eaux, mais la division des océans en bassins était beaucoup moins accentuée qu'aujourd'hui; pendant le Cambrien, la faune n'offre guère que des espèces littorales (Annélides, Mollusques et Crustacés, parmi lesquels les Trilobites primordiaux; lors du Silurien (444-416 millions d'années), les mers sont plus profondes, ce qu'attestent les espèces fossiles, mais les formations de plages dominent encore; les rivages plats, marécageux, sont très instables et constamment remaniés par les flots maritimes. Les Trilobites forment le trait dominant de la faune silurienne (Calymene, Paradoxides, Asaphus, Homalonotus, etc.), avec d'autres Crustacés tels qu'Eurypterus, Peltocaris, Pterygotus et plusieurs Ostracodes (Primitia, Beyrichia, Aristozoe, etc.), et même un Scorpionide très voisin des Scorpions actuels découvert par Lindstrüm dans le Silurien supérieur du Gothland, en 1884; c'est l'un des tout premiers animaux respiration aérienne qui soient connus. Ajoutons les Céphalopodes, très nombreux et quelques-uns de très grande taille (Nautiles, Orthoceras, Trochoceras, Cyrtoceras, Goniatites, etc.), avec d'autres Mollusques Ptéropodes (Theca, Conularia, Tentaculites) et Gastéropodes (Turbo, Pleurotomaria, etc.), les Brachiopodes qui pullulent (Lingula, Spirifer, Rhynchonella, Terebratula, Pentamerus, Orthis, etc.), enfin des Echinodermes et des Coelentérés (Graptolithes, Zoantharia, Cyathaxonia, Calamopora, Halysites, Astylospongia, etc.). La flore est pauvre et se réduit à des Fucoïdes (Arthrophycus, Chondrites) et à quelques Lycopodiacées trouvées à la partie supérieure du système, où elles apparaissent, sur les terres de peu d'étendue émergées, comme les précurseurs de la flore dévonienne. Dévonien.
Au Silurien, les continents étaient peu importants relativement à l'étendue des mers où était du reste presque exclusivement cantonnée la vie; pendant le Dévonien, des soulèvements lents et les dépôts formés par les eaux déterminent un important accroissement des terres émergées; les bassins sont mieux circonscrits et on y constate déjà des différences dans la nature et la faune des dépôts synchroniques. La formation du vieux grès rouge au Nord de la Grande-Bretagne, avec son caractère littoral bien net, est l'indice d'un grand continent qui, à cette époque, était établi dans les régions polaires, ce que prouvent d'ailleurs des observations analogues faites dans l'Amérique du Nord. Il existait une vaste mer de la région rhénane, reliée à la mer des Ardennes et à ce qui forme la Manche aujourd'hui par le détroit de la Meuse. L'Armorique et le Cotentin formaient une île avec de petits golfes, à peu près dans leurs limites actuelles. La faune, encore exclusivement marine, de l'époque dévonienne, est plus pauvre que celle des mers siluriennes; cependant les Poissons, qui avaient fait leur première apparition dans les couches les plus supérieures de l'étage bohémien (Pteraspis, Onchus), forment de nombreuses espèces et abondent dans les mers; ce sont presque tous des Ganoïdes hétérocerques (Haloptychius, Osteolepis, Dipterus,etc.; Cephalaspsis, Pterichtys, Coccosteus,etc., et divers Squales). En revanche, les Trilobites sont en pleine décadence, mais ils sont remplacés par des Crustacés de taille géante, les Mérostomes (le Pterygotus anglicus mesure 1,80 m). Les Céphalopodes sont représentés par des Orthoceras, Gyroceras, Goniatites, etc.; les Brachiopodes, très riches en espèces, par des Spirifer, rhynchonella, Productus, etc., et par des genres exclusivement dévoniens, Strigocephalus et Uncites. On y rencontre des Ptéropodes (Conulariées, Tentaculites), des Gastéropodes (Euomphalus, Turbo, Macrochilus, etc.). Parmi les Crustacés, les Trilobites sont encore nombreux, et plus encore les microscopiques Cypridiens. Enfin les Graptolithes ont disparu, mais les Polypiers (Calceola, Cyathophyltum, Pleurodictyum, Aulopora) sont si nombreux qu'on a pu avec raison considérer le Dévonien comme l'époque corallienne du Paléozoïque. Les Echinodermes sont presque exclusivement représentés par les Crinoïdes (Cupressocrinus, Eucalypto, Crinus, etc.). Grâce à l'extension qu'avaient prise les continents, une flore terrestre s'est installée définitivement avec des types qui sont les précurseurs de la flore carbonifère : Lycopodiacées (Lepidodendron), Conifères (Proto- taxites, Aporoxylon, Dadoxylose), Calamites (Arthrostigma, etc.), Fougères (Cyclopteris, Archacopteris, Nevropteris, Pecopteris, etc.); des réserves de houille et d'anthracite marquent les emplacements des forêts dévoniennes. Il existait aussi à cette époque une faune terrestre représentée par des Insectes ailés (Libellules). Carbonifère.
Pendant le Carbonifère, les noyaux déjà émergés de terrain primitif ou de schistes anciens s'agrandissent et se consolident, pendant que les débris de la végétation développée sur ces terres nouvelles viennent s'entasser ou sur le bord de la mer on dans les dépressions lacustres de l'intérieur. Mais l'Océan ne garde pas moins une étendue considérable, et au large des côtes se forment, par l'activité des organismes, des dépôts qui n'ont rien de commun avec les formations sédimentaires. Il existe donc à cette époque trois régimes : le régime continental, le régime côtier et le régime pélagique. Le régime côtier domine dans l'Europe septentrionale, au Sud de l'Angleterre septentrionale et de la Scandinavie émergées, suivant une ligne qui part de l'Angleterre et de l'Irlande et aboutit à la Russie en passant par la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne (Westphalie, Harz) et la Pologne (Silésie); les dépôts continentaux sont épars surtout sur les massifs anciens situés au Sud de cette ligne; le régime pélagique enfin a laissé ses traces plus au Sud encore. C'est dans les dépôts de la catégorie littorale que sont concentrées les masses de houille. Il en est ainsi des bassins houillers du Sud de la Grande-Bretagne, de l'Ecosse et de l'Irlande, où l'on trouve généralement, reposant sur le grès rouge ancien, du calcaire carbonifère, puis du grès meulier, enfin, la terrain houiller proprement dit; le calcaire carbonifère (étage anthracifère) se retrouve en France, dans le Boulonnais, l'Artois, la Flandre, correspondant à la mer qui occupait alors cette région et communiquait avec le bassin de Westphalie par le Limbourg, par le détroit Franco-westphalien qui a gagné au Nord; cette mer anthracifère se retire de plus en plus, laissant des dépressions littorales, des lagunes, des estuaires, où s'accumulent les dépôts de houille. Les lagunes étant souvent envahies par la mer, on trouve intercalés entre les schistes et les grès houillers des dépôts avec fossiles marins et d'eau saumâtre, très minces du reste. La Massif Central de la France a été baigné à l'Est par la mer anthracifère largement ouverte au Sud et envoyant au Nord un golfe qui s'engageait entre le plateau central et le Morvan qu'il contournait pour se poursuivre probablement jusqu'au Ballon d'Alsace. Mais, dès l'étage houiller, la mer avait disparu de cette région, la végétation s'entassait dans de nombreuses cuvettes; en même temps, un réveil de l'activité volcanique amenait à la surface des épanouissements de roches porphyriques, tant au Massif Central que dans les Vosges, la Bretagne, le massif des Maures et de l'Estérel. En Russie, comme nous l'avons vu, le terrain carbonifère occupe une surface énorme, en couches très peu accidentées, couvrant un bassin plat dont le bord s'appuie d'une part entre la mer Blanche et Moscou, de l'autre contre l'Oural. A la base, on retrouve les formations littorales et lagunaires de l'époque, tandis que les calcaires marins, très puissants, sont reportés au sommet. Donc, vers la fin du Carbonifère, une vaste mer s'étendait sur la Russie, alors que l'Europe occidentale, en grande partie émergée, était couverte de lacs et de marécages d'eau douce entourés de la riche végétation houillère que favorisaient un climat tropical étendu à tout le globe et des pluies torrentielles incessantes; celles-ci sont attestées par les empreintes de gouttes conservées par les limons durcis des plages à côté de celles des pas de Labyrinthodontes, les premiers Reptiles ou mieux Amphibiens terrestres, voisins des Salamandres actuelles (Anthracosaurus, Pholidosaurus, Dendrerpeton, etc.), qui n'ont toutefois fait leur apparition que vers la fin du Carbonifère, en même temps que des reptiles nageurs (Enaliosauriens). L'air, rendu respirable par la soustraction prodigieuse de carbone effectuée par les plantes dont les débris enfouis sous les alluvions successives ont accumulé ce carbone dans les dépôts houillers, l'air, disons-nous, était le séjour de multitudes d'Insectes Orthoptères, Névroptères, etc., et permettait aux Gastéropodes pulmonés terrestres de prospérer. Les Poissons des mers carbonifères sont des Sélaciens ou des Ganoïdes (Carcharopsis, Ctenacanthus, Leptacanthus, etc.). Les Trilobites disparaissent avec les Phillipsia et sont remplacées par d'autres Crustacés, entre autres par les Limules qui ont persisté jusqu'à nos jours. Les Gastéropodes et les Céphalopodes ne sont guère modifiés. Les Bellerophon assez nombreux et variés sont représentés par des Pecten, Avicula, Conocardium, Posidonomya, etc. Parmi les Brachiopodes, les Spirifer sont en décroissance et les Productus dominent. Les Crinoïdes acquièrent leur maximum de développement avec les Cyathocrinus, Actinocrinus, Pentatrematites, etc. Les Echinidés, les Polypiers et les Foraminifères sont nombreux. La flore carbonifère porte essentiellement le cachet d'une végétation de marais et ne comprend que des Cryptogames vasculaires et des Gymnospermes. On peut distinguer dans le développement de cette flore, trois phases principales caractérisées, la première par la prédominance des Lycopodiacées (Lepidodendron, Ulodendron) et des Fougères herbacées à fronde découpée (Archaeopteris, Sphenopteris, Cardiopteris, etc.), avec quelques Calamites primordiales (Barnia), la deuxième par celle des Sigillaires et des Calamites, associées à des Fougères arborescentes (Pecopteris, Nevropteris, etc.) et à des Ulodendron; la troisième enfin, par l'abondance des Fougères (Pecopteris, Caulopteris, Odontopteris) et des Cordaïtes, associées à des Calamariées (Annularia, Asterophyllites, Sphenophyllum, Calamodendron, Calamites gigas); c'est vers la fin de cette troisième phase qu'apparaît un grand Conifère, le Walchia, qui prédomine ensuite dans les forêts permiennes. Permien.
Dans la faune permienne, le type des Reptiles continue à se développer. Les Dinobatraciens sont représentés par des Labyrinthodontes des genres Actinodon et Archegosaurus et par un petit Triton, Protriton petrolei; les Lacertiens font leur première apparition certaine avec des genres tels que Aphelosaurus et Proterosaurus, qui possèdent encore les vertèbres biconcaves des Poissons; on rencontre des types mixtes, à la fois Lacertiens et Dinobatraciens tels que Euchirosaurus et Stereorachis (dont les vertèbres sont ossifiées) et les Thériodontes carnivores (Cynodraco, Brithopus, Orthopus, etc., sortes de précurseurs des Monotrèmes), ces derniers découverts en Russie. Quant aux Poissons, ce sont des Ganoïdes hétérocerques à petites écailles (Palaeoniscus, Platysomus, Amblypterus) et un Placoïde, le Xenacanthus decheni. Dans le Permien et même le Carbonifère de l'Oural, on voit apparaître des Ammonitidés qui fournissent la transition à la faune triassique. Les Trilobites ont totalement disparu. Les Céphalopodes ne sont représentés que par quelques espèces de Nautilus, d'Orthoceras et de Cyrtoceras (Russie), les Gastéropodes par quelques Turbo, Chiton, Natica, Dentalium, etc. Les Lamellibranches, plus nombreux, appartiennent au genre Avicula, Arca, Mytilus, Pecten, Gervillia, etc. Les Brachiopodes sont très nombreux et variés (Productus, Spirifer, Terebratula, Lingula). Enfin les Bryozoaires sont bien représentés par les Fenestella, les Coraux par les Zoantharia, mais les Echinodermes sont très rares. La flore permienne comporte deux phases, celle du grès rouge qui prolonge en quelque sorte, avec appauvrissement, la flore houillère avec quelques types spéciaux de Callipteris, d'Odontopteris, de Walchia (très nombreux), et celle du calcaire magnésien, pauvre, avec des Conifères des genres Ullmannia, Baiera et des Gigkoales (Gingkophyllum). MésozoïqueTriassique.La formation triassique (251-200 millions d'années), très puissante en Allemagne, a été longtemps considérée comme y présentant son développement typique; on y distingue trois étages, un étage marin, le calcaire conchylien (Muschelkalk ou Triassique moyen), intercalé entre deux formations d'eau douce, le grès bigarré (Bundtsandstein ou Triassique inférieur) en bas, les marnes irisées (Keuper, étage saliférien ou Triassique supérieur) en haut; le Triassique s'étend, du Nord au Sud de l'Allemagne, sur d'immenses territoires, se continue au delà du Rhin dans les Vosges et la forêt de la Haardt, puis dans la Lorraine, une des régions typiques du Triassique avec la Franconie et la Souabe, enfin peut être suivi assez loin en France jusque dans le Jura salinois. En Angleterre, le Triassique, qui est appelé nouveau grès rouge, est d'un type bien différent, grâce à l'absence du Muschelkalk. Dans les Alpes, il est loin aussi de présenter l'aspect qu'il a en Allemagne, grâce à l'adjonction d'un faciès marin très distinct du Muschelkalk; ce faciès alpin, qu'on retrouve dans l'Himalaya, la Sibérie, la Californie, etc., est de beaucoup le plus répandu et doit servir à caractériser les dépôts de l'océan triassique. Entre le Triassique alpin et le Jurassique vient s'intercaler une formation puissante, la Rhétienne, qui est à peine indiquée en Allemagne et doit être rattachée au Jurassique. Le Triassique alpin a été également le siège des dernières éruptions de porphyres quartzifères et mélaphyres, ce qui contraste vivement avec l'absence absolue d'éruptions volcaniques contemporaines du Triassique allemand; on y constate, il est vrai, des éruptions de basalte et de dolérite, mais elles sont survenues postérieurement. Lors du Triassique, les Vosges, les chaînes moyennes de l'Allemagne ainsi que celles de la Bohème sont déjà émergées; l'Auvergne et la Bretagne, alors unie au Cornouaille, forment de grandes terres insulaires; le reste de la France est sous-marin. La Belgique, partiellement sortie de la mer, s'étend dans la direction de Londres sur l'emplacement de la mer du Nord et de la Manche; en revanche, une grande mer s'étend entre la Belgique et la Bretagne et au Nord couvre une grande partie de l'Angleterre depuis Londres jusqu'au pays de Galles. Les emplacements des grandes chaînes des Alpes, des Pyrénées, la Savoie, la Pannonie, d'un côté, et l'Aquitaine de l'autre, sont encore sous les eaux de la Méditerranée permo-carbonifère un peu déplacée vers le Nord et communiquant, comme aux époques antérieures, avec les dépressions de l'Oural et de l'Asie centrale. A un moment donné les eaux marines se retirent au Sud et à l'Est, et le régime des lagunes, peut-être même des étangs , prévaut à l'époque tyrolienne (Keuper) sur toute la France, toute l'Angleterre et la majeure partie de l'Espagne. Dans la mer, on rencontre des Reptiles nageurs (Placodus, Nothosaurus, Simosaurus, Mastodonsaurus), ainsi que des Poissons ganoïdes hétérocerques, des Dipneustes (Ceratodus), des Sélaciens, etc. Sur les plages, nombreux Labyrinthodontes, entre autres le Chirotherium, des Dinosauriens, des Thériodontes, etc. Les Ammonitides (Ammonites, Ceratites) ont pris, depuis le Permien, une grande extension dans l'Océan; les Orthoceras, Honiatites, etc., persistent, les Brachiopodes (Térébratules, Spirifer, Spiriferina, Rhynchonella, etc.) abondent, ainsi que les Lamellibranches, les Encrines, etc. Quant à la végétation, les Equisetum ont remplacé les Calamites dans les marécages, et les forêts sont occupées par des Fougères arborescentes (Anomopteris, Nevropteris, Pecopteris, Clathropteris, Taeniopteris, etc.), avec prédominance de Cycadées (Pterophyllum, et des types nouveaux tels que Zamites, Pterozamites, Otozamites) et de Conifères voisins des Cyprès actuels (Voltzia, et des types nouveaux tels que Pallisya, Thuites, Palaeoxyris). Jurassique.
Les terrains correspondants comprennent une longue et puissante série d'assises marines, principalement formées de masses d'argiles et de calcaires, qui se sont déposées avec calme dans des océans bien établis et s'étendent bien plus à l'Ouest que dans la mer triassique. Ce sont les dépôts de sable (Infralias ou Rhétien) qui commencent; ils sont bientôt suivis de dépôts marneux et calcaires (Lias, Jurasique supérieur et moyen, etc.), qui préparent l'avènement de la période suivante (Corallien, etc.), où dans presque toute l'Europe, devenue un archipel de coraux, il ne va guère plus se déposer que du calcaire. Les terrains non submergés étaient occupés par des lagunes dont l'existence est attestée par des dépôts de schistes et de houilles. Lias
(Jurassique inférieur).
Dans la faune, ce sont les Reptiles qui dominent et parmi ceux-ci les Reptiles nageurs (Ichtyosaure, Plésiosaure, etc.); les Sauriens, analogues aux Gavials qui vivaient sur des terres émergées, appartenaient aux genres Mystriosaurus, Pelagosaurus et Macrospondylus; ils étaient protégés par d'épais boucliers osseux; les Mammifères font leur première apparition par quelques Marsupiaux, entre autres le Microlestes antiquus, dont les dents ont été rencontrées déjà dans le Keuper supérieur du Wurttemberg. Dans la mer, les Poissons sont des squales et des Ganoïdes homocerques (Lepidotus, Dapedius, etc.). On a trouvé des élytres de Coléoptères et des ailes d'Hyménoptères, dans le Gloucestershire et dans le canton d'Argovie. Les Gastéropodes sont assez répandus comme individus (Turbo, Trochus, Pleurotomaria). Les Ammonitidés multiplient de plus en plus leurs formes et un nouveau genre de Céphalopodes, celui des Bélemnites, laisse ses débris sur les plages vaseuses; les Lamellibranches sont très nombreux; ce sont des Pecten, des Cardium, des Cardinia, des Avicula, des Mytilus, etc., et surtout des Gryphaea qui forment des bancs entiers. Les Brachiopodes sont principalement représentés par les Térébratules, les Rhynchonella, etc. Les Crinoïdes pullulent comme individus. Les Coraux, les Spongiaires et les Foraminifères sont relativement rares. La flore du Lias (200-176 millions d'années) présente des types de terrains secs et humides; autour des lacs et des lagunes, ce sont des Cycadées (Podozamites, Pterozamites, Pterophyllum, Nilssonia), des Conifères (Araucarites, Baiera, etc.), des Fougères (Clathropteris, Dictyophyllum, Taeniopteris, etc.). C'est à la base du système liassique, dans les couches à Insectes d'Angleterre, qu'apparaissent les premières Monocotylédones. C'était en somme une flore monotone, dénotant l'absence de zones climatologiques bien tranchées. Malm
(Jurassique supérieur) et Dogger (Jurassique moyen).
« Les rivages, a écrit Vélain, s'exhaussant simultanément, ces différents dépôts se sont disposés en retrait les uns au-dessus des autres. C'est ainsi que les calcaires de l'oolithe sont moins étendus que ceux du Lias; de même, les argiles oxfordiennes laissent à découvert une bonne partie de la surface des calcaires oolithiques qui étaient relevés et leur servaient de rivages au moment où elles se déposaient. »Si les dépôts se sont faits si régulièrement dans le bassin Anglo-parisien, si son émersion offre une réelle homogénéité, il s'en faut qu'il en ait été de même dans toute l'Europe. Dans le Sud et l'Est, le régime pélagique persistait; les calcaires étaient peu distincts du Lias, sauf pour quelques fossiles, comme les Aptychus, au Tyrol, par exemple; ailleurs, ils sont franchement siliceux ou supportent des marbres rougeâtres ou un calcaire blanc qui se relie sans discontinuité au Crétacé. Quoi qu'il en soit, à la fin de l'Oxfordien, les îles disséminées en France tendent à se souder à l'aide d'isthmes ou de seuils, celui de Poitiers d'une part, celui de la Côte-d'Or de l'autre. A l'époque corallienne, les bassins de Paris, de l'Aquitaine et du Rhône ne communiquent plus. Le bassin du Sud-Est était entièrement émergé à l'époque du Kimméridgien et du Portlandien (ces terrains n'occupent qu'un espace restreint dans le Bassin Parisien). Finalement, la France vient se souder à l'Angleterre et forme sur l'emplacement de la Manche un vaste continent couvert de lacs entourés d'une végétation luxuriante au milieu de laquelle vivent des Reptiles herbivores, les Iguanodon, avec de nombreux Marsupiaux, tels que les Amphitherium, Phascolotherium, etc. Le même régime s'établit dans l'Europe septentrionale qui, à la fin du Jurassique (époque Purbeckienne), est entièrement émergée. Il n'en était pas de même, sauf quelques îlots, ni de la région alpine, ni des contrées méditerranéennes qui conservaient leur caractère pélagique. La zone équatoriale atteignait encore le 55° degré de latitude Nord, ce que démontre l'existence de récifs coralliens au centre même de la Grande-Bretagne; il est probable, dans ces conditions, qu'il n'existait pas encore de glaces au pôle arctique. Les Reptiles jouent un rôle prépondérant dans la faune jurassique; nous avons déjà mentionné les Dinosauriens bipèdes, soit carnivores (Megalosaurus), soit herbivores (Iguanodon); ajoutons les Crocodiliens (Teleosaurus, Cetiosaurus), les Lézards volants (Pterodactylus, Ramphorhynchus), les Enaliosauriens (Ichthyosaurus, Plesiosaurus, ces deux rares, Pliosaurus, etc.), enfin les premiers Chéloniens (Chelonydes, Stylemis, Emys); le Vertébré le plus remarquable est l'Archaeopteryx, petit oiseau à affinités reptiliennes très prononcées. Les Poissons sont des Ganoïdes homocerques et quelques Poissons osseux, les premiers. Les Ammonites et les Bélemnites sont nombreuses; on a donné le nom d'Aptychus à l'un des organes internes des Ammonites oolithiques; ce sont alors les Gastéropodes (Nerinea, Troches, etc.), les Lamellibranches (Ostrea, Gryphaea, Exogyra, etc.), les Brachiopodes (Térébratules, Rhynchonellides), les Chamacés à test épais, les Bryozoaires, les Echinides, les Crinoïdes, les Spongiaires (Scyphia), etc. La flore n'est pas très variée; ce sont des Fougères des terrains secs (Ctenopteris, Cycadopteris, etc.), des Cycadées des localités sèches ou humides, des Conifères de grande taille analogues aux Araucaria, aux Cyprès, aux Sequoia, et d'autres à tiges nues (Brachyphyllum). Crétacé.
Crétacé
inférieur.
La prédominance des formations d'eau douce aux latitudes élevées de l'Europe témoigne de l'immersion progressive de cette région, tandis que les formations méditerranéennes gardent le caractère pélagique (avec récifs coralliens). Le Néocomien établit la transition entre les formations méditerranéennes et les sédiments du Bassin Parisien où les dépôts d'eau douce se multiplient en avançant vers le Nord. Les couches néocomiennes de la zone comprise entre la Loire et la Meuse se sont déposées près du rivage septentrional d'une mer qui arrivait du Jura par où elle se reliait avec la Méditerranée de l'époque, de sorte que le bassin de Paris communiquait avec cette dernière par le détroit de la Côte-d'Or, fermé peu après. Les restes de Mammifères manquent dans le Crétacé inférieur; parmi les Reptiles domine l'Iguanodon, à côté de quelques représentants attardés des genres Plesiosaurus, Ichthyosaurus, Pterodactylus. Dans la mer, les Ammonites et les Bélemnites présentent leur maximum de développement; les premiers déroulent de plus en plus leur spire, les autres s'aplatissent. Les Lamellibranches sont nombreux; dans les eaux douces paraissent les Unio. Parmi les Gastéropodes marins, certains genres, tels que Cerithium, sont fréquents. Les Oursins irréguliers (Spatangues) fourmillent. Les Polypiers reculent vers le Sud, les conditions tropicales disparaissant du Nord de l'Europe. Cependant la flore a conservé son aspect jurassique avec ses Fougères (Gleichenia, Sphenopteris), ses Cycadées (Anomozamites, Podoxemites, Glossozamites, etc.) et ses Conifères (Sequoia, Gingko, Cyparissidium, Pinus, Cedrus, Abietites); c'est un mélange de types des régions tempérées actuelles avec les types tropicaux qui se prolongeaient jusqu'au voisinage du pôle. Crétacé
supérieur.
Un caractère général des dépôts crétacés supérieurs, c'est la discordance qui se remarque entre eux et ceux qui les ont précédés. Presque partout, en Europe, les sédiments de la craie sont transgressifs relativement aux terrains sous-jacents; souvent, ils débutent par un conglomérat reposant sur les roches primaires. L'ouverture de la période crétacée a donc été marquée par un remaniement considérable de la carte du monde et par le retour de la mer sur des régions qu'elle avait longtemps abandonnées; cette invasion marine a atteint son maximum lors du dépôt de la craie blanche. Toute l'Europe septentrionale s'abîme en quelque sorte sous les eaux, et les régions méridionales, émergées depuis le corallien, sont de nouveau recouvertes par la mer, de telle sorte que l'action sédimentaire est dépassée par celle des organismes microscopiques dans le Nord et presque remplacée par celle des Rudistes dans le Sud, où du reste le régime pélagique a presque toujours prédominé. Au Nord, la grande mer crétacée avait submerge toute la Belgique, à l'exception des Ardennes, et couvrait le bassin Anglo-parisien depuis la Touraine jusqu'au Sud-Est de l'Angleterre, puis la Hollande, la Westphalie; la Basse-Saxe jusqu'au Jutland; au Sud, la mer couvrait la Gascogne et, du côté de la Méditerranée, formait, sur la Provence et le Dauphiné, un vaste golfe qui se prolongeait au delà de la Suisse; du reste, presque tout le Sud de l'Europe était submergé. Mais le Massif central émergé, soudé aux Vosges et à la Vendée, s'opposait à toute communication entre ces deux grandes mers. Vers la fin de la période crétacée, un soulèvement releva jusqu'à 150 m au-dessus des marées, entre Douvres et Calais, les falaises où la mer creusa ensuite le canal de la Manche, et un mouvement analogue commença à se faire sentir du côté des Pyrénées et de la Provence. Quant à la faune crétacée supérieure, on n'y a pas constaté, en Europe, de Mammifères, ni d'Oiseaux, mais des Reptiles, quelques Plésiosaures, Ichtyosaures et Ptérodactyles retardataires, et, à côté, de vrais Crocodiles, des Iguanes herbivores, tels que le Hadrosaurus et enfin le Mosasaurus de Maastricht. Les Ganoïdes diminuent, les Poissons cartilagineux augmentent (Ptychodus, Oxyrhina, Otodus, etc.). Parmi les Crustacés, les premiers vrais Crabes font leur apparition; parmi les Bryozoaires, les Eschara jouent un rôle important. Les Ammonites et les Bélemnites (Betemnitella) abondent encore dans les mers; les Brachiopodes sont à peu près limités aux Térébratules et aux Rhynchonelles. Les Lamellibranches (Gryphaea, Exogyra, Ostraea, Pecten, surtout des Rudistes tels que Hippurites, Sphaerulites, Radiolites, Caprina, etc.) sont très nombreux. Les Echinodermes acquièrent le maximum de leur développement avec les genres Micraster, Cidaris, Ananchytes, Galerites, etc., et jouent, ainsi que les Foraminifères, un rôle capital dans la formation de la craie. Les Polypiers reculent de plus en plus au Sud à mesure que la zone tropicale se réduit; les formations coralligènes sont remplacées par les calcaires à Rudistes. Cependant le climat de l'Europe est encore assez uniforme, car on constate la présence du Figuier en Silésie, celle du Palmier au Groenland; le pôle était probablement indemne de glace. Le caractère saillant de la flore crétacée est l'apparition des Dicotylédones angiospermes (à l'époque du Cénomanien, premier étage du Crétacé supérieur), c.-à-d. de plantes à fleurs (indice d'un soleil radieux) et à feuilles caduques qui forment la flore actuelle; ainsi aux Palmiers, aux Lauriers, aux Pandanées et à des types aujourd'hui disparus sont associés, dans les forêts du crétacé, les Peupliers, les Lierres, les Châtaigniers et les Platanes, puis des Conifères (Araucaria, Abietites, Sequoia, etc.), des Cycadées (Cycadites), des Fougères à aspect jurassique (Lomatopteris). CénozoïqueTertiaire.Pendant le Tertiaire (systèmes Paléogène et Néogène), on assiste à un mouvement continu d'émersion des continents et au soulèvement des plus hautes chaînes de montagnes; dans les régions septentrionales domine le régime lacustre, parfois interrompu par des incursions marines; dans le voisinage de la Méditerranée, le régime pélagique avec ses vastes formations calcaires. Cette longue période est en outre marquée par une activité volcanique qui n'a cessé de se faire sentir et n'est pas éteinte aujourd'hui. Éocène.
La Manche n'existait pas à cette époque; la Bretagne reliée à la presqu'île de Cornouaille fermait de ce côté le golfe Anglo-parisien qui s'ouvrait largement à l'Ouest en passant au-dessus des Ardennes pour s'étendre sur la Belgique, et au Sud s'étendait jusqu'à Nemours. Un lac d'eau douce remplace alors la mer (sédiments de Reims et de Rilly), puis la mer revient pour un temps, et en se retirant laisse dans les environs immédiats de Paris un grand lac dont les dépôts d'argiles plastiques sont exploités aujourd'hui à Vaugirard, à Issy et à Montereau. Bientôt se forme en Europe la mer nummulitique constituant une immense Méditerranée qui s'étend du fond de l'Inde et de la péninsule Indochinoise jusqu'au golfe de Gascogne et au Maroc et bouleverse tout le continent. Ce dernier revêt alors une physionomie africaine sous l'influence de cette mer chaude qui touche au tropique vers le Sud. C'est aussi le moment où l'activité interne commence à se faire sentir surtout par une éruption de roches serpentineuses qui accompagne le soulèvement des Pyrénées et celui des Apennins. La faune terrestre est représentée par des Marsupiaux (Didelphys, Plagiaulax) et par de nombreuses formes qui font la transition entre eux et les Mammifères placentaires (Arctocyon, Palaeonictis, Pleuraspidotherium). La prédominance appartient aux pachydermes et aux groupes proches, surtout dans l'Eocène supérieur (Palaeotherium, Toryhodon, Hyracotherium, Chaeropotamus, Anoplotherium, etc.); le Lophiodon est le précurseur des Tapirs; les Ruminants débutent par le Xiphodon, le Dichodon, etc., qui tiennent encore des pachydermes; il y avait en outre, surtout pour l'Eocène inférieur, de grands Oiseaux marcheurs, le Gastornis parisiensis, et des Tortues, des Crocodiliens, des Sauriens. Dans les mers, c'étaient des Squales et des Raies, de nombreux Mollusques lamellibranches (Cardita, Cardium, Corbula, Lucina, etc.) et Gastéropodes (Cerithium, Melania, Rostellaria, Nerita, Fusus, Conus, Turritella, etc.), avec des Céphalopodes et des Brachiopodes de plus en plus rares. Les formations d'eau douce fournissent Unio, Paludina, Limnaea, Cyclostoma, Planorbis, Physa, etc. Dans l'Eocène inférieur dominent les Quercinées, les Lauracées et les Fougères (Osmunda, Alsophila, etc.). Lors de la recrudescence de chaleur par l'envahissement de la mer nummulitique, le Palmier prospère en France, le Cocotier en Angleterre; c'est une flore analogue à celle de l'Afrique et de l'Inde. Oligocène.
L'Oligocène a laissé dans le Bassin Parisien une formation d'eau douce, le calcaire de Brie avec meulières, les sables de Fontainebleau et d'Etampes d'origine marine, enfin un nouveau dépôt lacustre, le calcaire de Beauce; en Allemagne, les dépôts de lignite surtout sont très importants. On a vu vers la fin de l'Eocène la mer se retirer du continent, mais elle revient bientôt, échancre l'Europe du Nord-Ouest et vient occuper le Bassin Parisien jusqu'au Gâtinais, celui du Rhin jusqu'à Bâle, avec des golfes aboutissant à Leipzig, puis à Neisse et à Oppeln (Silésie). Cette mer, contournant la Normandie, entamait à peine le Sud de l'Angleterre, mais occupait une bonne partie de la Belgique au Nord-Est. Lorsque cette mer se retire, elle est remplacée par des lacs, des lagunes, des marécages, des tourbières (Allemagne); en France, elle laisse un très grand lac où se dépose le calcaire de Beauce. Les lacs se dessèchent à leur tour en attendant l'arrivée de la mer molassique. Parmi les animaux de cette époque, citons le Palaeotherium qui ne tarde pas à disparaître et l'Anthracotherium qui laisse pressentir l'importance prochaine des Ruminants, puis des Marsupiaux (Didelphis), des Carnivores (Canis, Hyaenodon), des Rongeurs (Sciurus), des Chiroptères (Vespertilio), et, dans la mer, un Sirénien (Halitherium), des Squales, quelques Oursins; dans les couches alternativement d'eau douce et d'eau saumâtre, on rencontre de nombreux Gastéropodes (Cyrena, Unio, Paludina, Planorbis, Cerithium, Limnaea, Helix, Bulimus, etc.). La flore, analogue à celle de l'époque précédente, est plus riche qu'elle; les plantes aquatiques se développent; divers Conifères (Taxites, Taxoxylon, Cupressinoxylon, Sequoia, etc.) descendent des terres arctiques; les arbres à feuilles caduques (Chêne, Châtaignier, Aulne, Erable, Charme, etc.) descendent des hauteurs et se mêlent aux Palmiers qui atteignent encore le 50e degré, aux Camphriers qui vivent encore au 55e degré, aux Figuiers, aux Cannelliers, aux Magnolias, Sassafras, etc.; c'est une flore qui a à peu près le faciès de celle de la Floride, mais elle se rapproche beaucoup d'autre part de la flore indo-australienne. Miocène.
Sous l'influence de l'action volcanique qui se manifeste an dehors, principalement en Auvergne, dans la vallée du Rhin et en Hongrie, en même temps que le continent se soulève en quelque sorte autour des Alpes comme pivot, la mer se retire de plus en plus et finit par être remplacée par des terres fermes qui occupent l'emplacement actuel de la Méditerranée et sont couvertes de lacs alimentés par de grands fleuves qui ont laissé leurs alluvions. N'oublions pas de dire que le soulèvement des Alpes a été contemporain de celui des Cordillères et de l'Himalaya. Les Mammifères du Miocène s'éloignent de plus en plus des Marsupiaux; ce sont des Proboscidiens (Mastodon, Dinotherium), des Périssodactyles (Rhinoceros, Anotherium), puis apparaissent l'Antilope et le Castor et probablement le féroce Machairodus. A un moment donné, les Ruminants l'emportent sur les autres Ongulés : Hipparion, Anchitherium, Hippopotamus, dont l'apparition coïncide avec celle de l'Elephas de l'Inde. Les couches d'Oeningen (molasse d'eau douce supérieure) renferment un grand nombre d'Insectes, surtout des Coléoptères de type subtropical, et, comme Vertébrés, de nombreux Leuciscus et les restes d'une gigantesque Salamandre, l'Andrias Scheuchzeri, enfin des Mollusques (Limnaea, Planorbis, Unio, Helix). La faune marine est très riche ; ce sont des Squales, des Mollusques (Cerithium, Murex, Pecten, Ostrea Crassissima et autres, etc.), des Oursins (Spatangus, Clypeaster, etc.), des Foraminifères (Amphistegina, Trioculina, Globigerina, etc.). La flore, favorisée par une température égale, par un climat doux en hiver, pluvieux en été, est très riche. Elle est composée de tous les arbres qui forment le fond de la flore européenne actuelle, y compris Myrica, Comptonia, Platanus, Liquidambar, etc., mêlés avec des Laurus, des Cinnamomum, des Camphora, des Magnolia, Mimosa, Acacia, etc.; le Camphrier fleurit sur les bords du lac de Constance; les Conifères sont représentés par des Pinus, des Cupressus, des Sequoia, des Taxodium, des Glyptostrobus; les Palmiers sont clairsemés; les Graminées deviennent de plus en plus abondantes. Pliocène.
Le climat, très doux aux débuts du Pliocène, devient plus rigoureux par la suite; la mer se retire et en même temps la flore s'appauvrit définitivement et ressemble à la flore actuelle avec quelques types qui se trouvent actuellement au Portugal, en Algérie ou dans les forêts de l'Amérique; il n'est plus question de Camphriers et de Palmiers, sauf le Chamaerops humilis qui persiste près de Marseille vers la fin de la période. La prépondérance, dans la faune, appartient aux Herbivores, qui hantent les bords des lacs salés restés après le dessèchement de la mer molassique; citons : Antilope, Cervus, Helladotherium, Camelopardalis, Palaeotragus, etc., puis Hipparion, Mastodon, Mesopithecus, Hylobates, Dryopithecus, etc.; l'Elephas meridionalis fait des incursions jusqu'en Angleterre; le Mastodon disparaît graduellement. Les Rhinoceros et Hippopotamus sont à leur apogée; le genre Equus (Cheval) fait son apparition, ainsi que les Cerfs, les Antilopes, les Gazelles, les Ours, les Chiens, les Chats. Après le retrait de la mer molassique, on entre sans transition dans le Quaternaire, avec son régime lacustre, ses phénomènes torrentiels, le creusement des vallées, les dépôts d'alluvions, etc. Quaternaire.
Contrairement aux idées généralement admises, le climat de l'Europe moyenne n'était pas ce qu'est actuellement le climat polaire; entre les moraines frontales des glaciers, la température était suffisante pour permettre le développement d'une végétation abondante servant à l'alimentation d'une faune nombreuse et de Mammifères de très grande taille; pendant la période glaciaire, la température moyenne annuelle de la France a dû être de 6 à 9° C et plus; la température de la Provence était assez élevée pour que les phénomènes glaciaires n'aient pas pu l'atteindre; mais des pluies abondantes tombaient dans la plaine, des cours d'eau puissants, à lit très large, la sillonnaient. Lorsque les conditions climatiques se modifièrent, les glaces diminuèrent également; la sécheresse vint amoindrir et, dans beaucoup de pays, tarir même la source des glaciers. La transparence de l'air favorisant le rayonnement, les nuits devinrent plus froides, les hivers plus rigoureux et les cours d'eau moins considérables pendant cette rude saison; par contre, la température de l'été s'éleva et acheva la fonte des glaces. En un mot le climat devint plus extrême. Ce régime ne s'établit pas tout d'un coup; les glaciers oscillèrent avant de reculer définitivement; ce sont ces oscillations, simples phases d'un même grand phénomène. La formation glaciaire se réduit aux trois termes suivants. 1° alluvions anciennes ou glaciaires à la base; 2° terrain erratique proprement dit, avec ses blocs anguleux, sa boue à cailloux striés, ses moraines en bourrelet; 3° le lehm ou loess, formé aux dépens des terrains erratiques par de puissants lavages, par des ruissellements continus sur les pentes. Pendant les hivers très rigoureux, le sol gelait à une grande profondeur; à la surface les alternatives de gelée et de dégel ont fait éclater le silex et transformé le loess en limon brun. Les vastes phénomènes erratiques du Nord de l'Europe paraissent avoir été postérieurs à ceux de l'Europe moyenne. Quoi qu'il en soit, la température devenant plus clémente, il s'établit à un moment donné un régime tranquille de cours d'eau qui déposent dans les vallées et les plaines de nouvelles alluvions, graviers, limons calcaires ou non, etc.; il se forme des lacs et des tourbières qui viennent combler les anciens lits des fleuves plus ou moins asséchés. La première partie de la période Quaternaire (le Pléistocène) s'achève et l'ère actuelle, ou Holocène, commence. L'Humain, qui, au début du Quaternaire, vivait le long des fleuves, a laissé dans les graviers d'alluvions les plus anciens et dans les grottes des traces de sa première industrie, les silex taillés, qu'on rencontre à côté des ossements d'espèces d'animaux disparus ou analogues à ceux qui peuplent la Terre aujourd'hui. Parmi les espèces disparues, citons : Elephas antiquus, successeur de l'E. mediterraneus, et E. primigenius (Mammouth), Rhinoceros tichorhinus, Hippopotamus major, Ursus spelaeus, Hyaena spelaea, Felis spelaea, Cervus megaceros, etc. D'autres espèces ont simplement émigré. Tel est le Renne (Rangifer tarandus) et le Glouton (Gulo luscus), aujourd'hui confinés dans la région arctique; le Chamois (Rupicapra) et la Marmotte (Arctomys marmota) sont cantonnés dans les Alpes et les Pyrénées, les derniers Aurochs dans quelques forêts de l'Europe occidentale. Dans les tufs calcaires, formés au début du Quaternaire, dans les anses abritées des grands fleuves, on trouve des feuilles et des fleurs fossilisées; on constate qu'alors, aux environs de Paris, vivaient la Vigne, le Figuier et le Laurier des Canaries, qui n'y croissent plus spontanément aujourd'hui. Après l'époque glaciaire, à l'époque de la formation des tourbières et le retour d'un climat humide tempéré, les conditions redeviennent plus favorables à la végétation et de grandes forêts prennent naissance, là où auparavant n'existaient que des champs de glace; c'était à peu près la flore actuelle. Un mot encore sur les phénomènes volcaniques, si fréquents pendant l'époque glaciaire; de grandes fractures se produisirent dans l'écorce terrestre; la vallée du Rhin est due à une faille de cette nature, de même que l'ouverture du canal de la Manche. Le Massif Central s'est fissuré en tous sens, en s'affaissant, et au niveau des fissures se sont formés les volcans à cratère, contemporains de ceux de l'Eifel, de la Hongrie, de l'Italie et de la Suède.(L. Hahn). |
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