| Le nom d'Oxfordien a été proposé en 1829 par Brongniart (d'Oxford , ville anglaise), et employé par les géologues dans diverses acceptions. Aujourd'hui on le définit comme l''étage le plus ancien du Malm (Jurassique supérieur). Il suit le Callovien et précède le Kimméridgien. On y distingue trois sous étages, du plus ancien au plus récent : l'Argovien, le Rauracien et le Séquanien. En ce qui concerne les Ammonites, c'est le règne des Cardioceras, des Pachyceras, des Neumayria, des Ochetoceras, etc. Au point de vue stratigraphique, il importe de constater que l'Oxfordien succède à une grande trangression callovienne, qui a pour effet l'invasion par la mer d'une partie des masses continentales, telles que le continent nord-atlantique, le continent indo-malgache, tandis que, par compensation, la mer est partiellement refoulée hors des géosynclinaux, vraisemblablement par suite de plissements peu considérables, préludant aux mouvements alpins. L'Oxfordien est transgressif sur le bord des géosynclinaux, et cette transgression semble compensée par une légère régression sur les masses continentales, comme par exemple dans la Russie centrale. Dans le bassin de Paris, la mer perd en profondeur ce qu'elle gagne en étendue; c'est dans la série qui va de l'Argovien au séquanien que sont localisées, dans cette région, les formations coralligènes, considérées autrefois à tort comme appartenant à un ensemble unique, désigné sous le nom de corallien. L'Argovien. La zone inférieure (Ochetoceras Henrici, Peltoceras arduennense, P. Constanti, P. Eugenii) fait partout défaut sur le bord septentrional du Massif central, elle manque aussi en beaucoup de points du Jura et des Alpes suisses, ainsi que dans l'Aragon ailleurs, comme à Villers-sur-Mer, à Neuvizy (Ardennes), en Souabe, en Argovie, elle est représentée par des calcaires à oolithes ferrugineuses ou par un minerai de fer. La zone moyenne (Perisphinctes plicatilis, Ocheloceras arolicum, canaliculatum, Aspidoceras Oegir, Cardioceras alternans, tenuiserratum) est constituée sur de vastes surfaces par un calcaire grumeleux à Céphalopodes et à Spongiaires, connu surtout par les gisements très fossilifères de Birmensdorf, en Argovie; de Trept, dans l'Isère; de Chabrières, dans les Alpes-de-Haute-Provence; de Cazalet, dans le Gard, etc. Ce niveau est transgressif dans un grand nombre de points; outre les régions citées pour l'absence de l'oxfordien inférieur, on peut mentionner les environs de la Voulte, dans l'Ardèche, le Sud des Alpes-de-Haute-Provence, le Sud des Alpes-Maritimes. Au Zaghouan, en Tunisie, ou, comme en général dans l'Atlas, l'oxfordien est à l'état de calcaires rouges noduleux, il repose directement sur le Lias. La zone supérieure (Ochetoceras canaliculatum, Zeilteria impressa) est presque toujours représentée par des calcaires marneux ou par des marnes, connues dans le Jura sous le nom de couches d'Effingen. A côté des faciès à Céphalopodes et à Spongiaires, on rencontre quelquefois dans l'Argovien des faciès coralligènes, véritables calcaires construits ou subcoralligènes, comme par exemple l'oolithe de Trouville (Cidaris florigemma, Hemicidaris crenularis), qui appartient à la zone supérieure, le « corallien » des Ardennes, qui correspond à la zone inférieure (Munier-Chalmas), puisqu'il est surmonté par les couches à Perisphinctes Martelli, le « corallien » du Jura septentrional, qui peut comprendre tout l'Argovien (Rollier). Dans la région méditerranéenne, on retrouve dans l'oxfordien les mêmes fossiles que dans le bassin de Paris et dans le Jura, associés à des Phylloceras, tels que Phyll. Manfredi et Phyll. tortisulcatum, qui sont rares dans le Nord. Rauracien et séquanien. Ces deux étages sont intimement reliés par leur faune et n'ont jamais été bien délimités l'un de l'autre. Ils ont été créés pour les faciès néritiques correspondant aux deux zones à Peltoceras bimammatum (Perisphinctes virgulatus, Achilles, Ochetoceras Marantianum) et à Oppelia tenuilobata (Perisphinctes polyplocus, Lothari, Oppelia Weinlandi, Neumayria compsa, Sutneria Galar, Aspidoceras iphicerum), du type bathyal. Ces deux zones ont été distinguées par Oppel en Souabe et en Franconie; on les retrouve sur le versant suisse du Jura, en quelques points du bassin de Paris et dans tout le bassin du Rhône. Dans l'Allemagne méridionale et dans le Jura, on observe souvent des intercalations de faciès à Spongiaires et à Brachiopodes. C'est soit à l'un, soit à l'autre de ces deux horizons que correspondent les formations coralligènes de l'Est (Saint-Mihiel, Doulaincourt) et du Sud (Tonnerre, Châtel-Censoir), du Bassin parisien et celles du Jura central. C'est dans le Rauracien qu'il convient de ranger les sables de Glos, près de Lisieux, à Trigonia Bronni, célèbres par l'admirable conservation de leurs Lamellibranches et de leurs Gastéropodes. Quant au séquanien, il est représenté en Normandie par les argiles de Villerville et d'Honfleur à Ostrea subdeltoidea, qui renferment une faune de mers froides (Cardioceras, Nucules, etc.). Les zones à Céphalopodes de l'oxfordien sensu lato sont bien développées en République Tchèque, en Pologne, en Lituanie, et leurs caractères lithologiques et paléontologiques restent souvent remarquablement constants sur de grandes étendues. On constate une non moins grande constance des horizons oxfordiens vers le Sud-Ouest de l'Europe : dans le bassin de l'Aquitaine (Glangeaud); en Espagne, en particulier dans le Sud de l'Aragon, où, d'après les travaux de Dereims, l'identité aver la Souabe est quelquefois parfaite; enfin, au Portugal, où Choffat a retrouvé les faunes à Céphalopodes de l'Argovien, du Rauracien et du Séquanien dans un ensemble de couches pour lesquelles il a proposé le nom d'étage lusitanien. Des couches séquaniennes existent sous la forme de calcaires rouges ou gris à Ammonites dans les Alpes méridionales, dans l'Apennin, en Sicile, dans les Baléares et en Andalousie. Dans toutes ces régions la faune renferme des Phylloceras, des Lytoceras et des Simoceras, associés à des espèces que l'on retrouve dans les couches de même âge de l'Europe centrale. (Emile Haug). | |