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Les Mammifères
Aperçu
Téguments, poils
Appareil digestif
Système dentaire
Squelette
Système nerveux Reproduction Comportement Paléontologie Classification
Les Mammifères forment une classe de Vertébrés à sang chaud, à la peau couverte de poils (cependant, parmi les Mammifères, les Cétacés n'ont que des poils fort rares) et faisant presque toujours leurs petits vivants et dont les femelles sont pourvues de glandes spéciales appelées mamelles, sécrétant le lait qui sert à la nourriture de ces petits. Ce dernier caractère, qui est absolument sans exception, est celui qui a donné son nom à la classe.

Les autres caractères communs à tous les Mammifères sont d'abord ceux des vertébrés; l'appareil digestif est complet, avec une bouche munie de dents, un oesoppage, un estomac, des intestins, un foie et un pancréas; le sang est rouge et chaud, le coeur est à quatre cavités; deux ventricules et deux oreillettes; la respiration est pulmonaire. Tous les Mammifères, sauf les quelques mammifères marins, ont quatre membres qui servent à la locomotion; les humains n'en utilisent que deux, ils sont dits bipèdes. On a décrit à peu près 5500 espèces de mammifères actuellement vivantes, mais il n'en existe peut-être pas beaucoup plus d'une centaine en France, en y comprenant les Cétacés qui fréquentent les côtes.

Le nom de Mammifères est d'origine scientifique et moderne, ne datant, dans la langue française, que de la fin du XVIIIe siècle, pour désigner les animaux que Buffon appelait encore Quadrupèdes vivipares pour les distinguer des Quadrupèdes ovipares (Reptiles). Déjà, en 1766, dans la 12e édition du Systema Naturae, Linné avait bien défini cette classe sous le nom latin de Mammalia, qui fut traduit en français par celui de Mammaux, bientôt remplacé définitivement par celui de Mammifères (Cuvier, 1798), et la science qui s'occupe de cette classe fut appelée Mammalogie. Avant cette époque, on plaçait encore les Cétacés parmi les Poissons, si bien que Brisson, dans son Règne animal (1756), considéra comme un progrès d'en faire une seconde classe à la suite des Mammifères. Comme nous venons de le dire, c'est seulement en 1766 que Linné les sépara des Poissons pour les réunir définitivement aux Mammifères.
Caractères.
La classe des Mammifères - du moins pour ce qui concerne les mammifères actuels - est considérée comme une des mieux caractérisées du règne animal, malgré la grande variété de ses formes, puisqu'elle renferme non seulement des quadrupèdes terrestres (la grande majorité des Mammifères), mais aussi des animaux ailés (les Chiroptères) et des animaux aquatiques (les Pinnipèdes, les Siréniens et les Cétacés). C'est aussi celle qui joue, à l'époque actuelle, le rôle le plus important à la surface du globe. Sans parler des Humains, on peut dire que ce sont les animaux de cette classe qui se sont le plus épanouis, depuis le début de l'époque tertiaire, par leur taille, leur force et leur intelligence, supérieures à celles de tous les autres animaux. C'est parmi eux que les Humains ont trouvé presque tous les animaux qu'ils ont domestiqués, dont ils tirent leur nourriture et leurs vêtements, ou dont ils ont fait les instruments de leur civilisation.

Revenant maintenant sur les caractères généraux de la classe, nous dirons que, parmi les Vertébrés, les Mammifères diffèrent des Ichtyopsida (Poissons et Batraciens) et se rapprochent des Sauropsidés (Reptiles et Oiseaux) par la présence chez l'embryon d'un amnios et d'une allantoïde. Ils diffèrent des Reptiles et ressemblent aux Oiseaux par la température de leur corps qui est invariable (animaux à sang chaud), par leur coeur à quatre cavités et leur circulationqui est double et complète. Ils diffèrent des Oiseaux en ce que les globules rouges du sang sont dépourvus de noyaux et, sauf de rares exceptions, circulaires et non elliptiques comme chez les Oiseaux et les Reptiles; la cavité thoracique est complètement séparée de la cavité abdominale par le muscle diaphragme qui contribue puissamment à la respiration; enfin le cerveau est plus développé que dans aucune autre classe. La température du sang des Mammifères varie entre 26° (Ornithorhynque) et 37° à 40° (Mammifères supérieurs) ; elle n'atteint jamais celle des Oiseaux (42°). Les autres caractères distinctifs des Mammifères seront indiqués d'une façon plus complète en traitant de chacun des systèmes de la vie organique que nous allons passer successivement en revue.

Plan d'organisation

Au premier abord, il paraît difficile d'admettre que le Lion et la Baleine, le Phoque et la Chauve-souris soient organisés sur le même plan; cependant un simple coup d'oeil jeté sur le squelette suffit déjà pour montrer cette unité de plan à travers toutes les différences de forme.

Squelette
Chez tous les Mammifères, le crâne est séparé de la colonne vertébrale. Il est formé des mêmes os, ayant les mêmes rapports essentiels. La mâchoire supérieure est soudée au crâne; les dents sont constamment implantées dans des cavités spéciales ou alvéoles.

Le cou, aussi bien chez la Girafe qui a cette région fort étendue, que chez la taupe où elle est excessivement restreinte, est formé de sept vertèbres cervicales; quelques Paresseux paraissent en avoir un plus grand nombre et quelques Cétacés moins, mais en y regardant de près, on voit que, chez les uns, des vertèbres dorsales ont été prises pour des vertèbres cervicales, et que, chez les autres, il y a fusion de plusieurs vertèbres entre elles. Les Mammifères ont de dix à vingt-trois vertèbres dorsales, de deux à neuf vertèbres lombaires, autant de vertèbres sacrées et de quatre à quarante-six vertèbres caudales.

Toutes les vertèbres portent des côtes, au moins rudimentaires; cependant on ne regarde généralement comme côtes que les os longs, plats, recourbés, articulés en arrière avec les vertèbres dorsales, et se réunissant en avant, soit directement, soit par l'intermédiaire de cartilages, avec le sternum. La proportion varie beaucoup entre le nombre des côtes vraies, c'est-à-dire articulées isolément avec le sternum, et celui des côtes fausses, c'est-à-dire articulées avec le sternum par l'intermédiaire d'une masse cartilagineuse commune.

Ce sont les membres qui, de toutes les parties du squelette, présentent les plus grandes variations. Chez les cétacés, les membres postérieurs disparaissent complètement ou sont réduits à de simples moignons; Aux membres antérieurs, c'est la portion scapulaire et la main qui varient le plus. La clavicule est très développée ou manque complètement, suivant que l'animal est fouisseur ou coureur. Les doigts existent ou sont atrophiés, ou soudés, suivant que l'on a affaire à une main, à une patte, à un sabot; leur nombre varie entre cinq et un. Le développement des autres os des membres est aussi très variable; mais toutes ces variations ne suffisent pas pour masquer l'uniformité de plan.

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Boeufs des Highlands.
Boeufs des Highlands.

Cette uniformité est telle que quelques os suffisent pour restaurer tout le squelette d'un animal inconnu.

Muscles
Le squelette, vraie charpente osseuse, est mis en mouvement par des muscles (vulgairement nommés viande ou chair), qui s'insèrent aux os de la manière la plus favorable pour la motilité, et le plus souvent pour la force à employer.

Les muscles sont en harmonie avec la structure du squelette et le genre de vie de l'animal. Tel muscle manque chez un animal, qui est très développé chez un autre; la Baleine n'a pas de muscles du cou proprement dits, tandis que, chez les Primates, ils sont très développés. Les Mammifères qui grimpent, fouissent ou volent ont de forts muscles pectoraux pour fléchir le bras; ceux qui courent, ont les muscles de la cuisse et de la hanche très vigoureux; ceux qui se servent de la queue comme d'un cinquième membre ont les muscles de cette partie très développés; les muscles de la face manquent chez l'ornithorynque et, sont très développés chez les Carnivores, etc. En un mot, chaque animal est organisé en vertu de son genre de vie.

Peau
La peau des Mammifères est formée d'un derme et d'un épiderme comme celle de tous les Vertébrés.

a) Le derme présente comme chez l'Humain des aspérités ou papilles, dont les unes renferment des vaisseaux sanguins nourriciers et les autres des corpuscules tactiles. Il renferme toujours des glandes sudoripares et des glandes sébacées plus ou moins nombreuses, ainsi que de petits amas ou panicules de graisse; chez les Mammifères aquatiques et chez ceux qui ont les poils rares, ces panicules forment une couche continue de lard, qui a surtout pour effet d'empêcher la déperdition de la chaleur du corps par rayonnement (Porc, Baleine, etc.). Une Baleine peut en fournir jusqu'à 30.000 kg.

b) L'épiderme est remarquable par la grande épaisseur de sa couche cornée, dont les parties superficielles se détachent régulièrement comme chez l'Humain. Il engendre un certain nombre de productions ayant pour effet de mieux assurer la protection de la surface du corps. Chez la grande majorité on trouve des poils, mais, chez quelques Mammifères, le corps est nu ou recouvert d'écailles, de piquants, de plaques cornées, de squames; ce sont là les différentes formes que peuvent prendre les productions cutanées, quoique toutes soient constituées par la même substance :

1° Les poils. Les Mammifères, à cause des poils qui les recouvrent, ont été quelque fois nommés pilifères. Ils sont plus ou moins fins et plus ou moins serrés, prenant la forme de laine, de crins, de soies (Porcs), etc.

2° Les piquants des Porcs-Épics et des Hérissons, qui ne sont que des poils volumineux.

3° Les ongles, qui présentent aussi de très grandes variations; ils sont tantôt lisses et minces, tantôt épais et arrondis, droits ou recourbés, pointus ou émoussés. Selon la disposition qu'ils affectent, ils constituent des ongles proprement dits, des griffes, des sabots. Les ongles et les griffes qui recouvrent la face dorsale de la dernière phalange chez beaucoup de Mammifères, sont qualifiés pour cela d'Onguiculés; les sabots sont des espèces d'étuis en corne qui enveloppent totalement la dernière phalange chez certains autres Mammifères, que l'on qualifie pour cela d'Ongulés (Boeuf, Mouton).

4° Les cornes des Rhinocéros et des Ruminants (Boeuf, Chèvre), les fanons des Baleines, les grosses écailles imbriquées qui recouvrent le dos et les flancs des Pangolins, les petites écailles qui couvrent la queue des Rongeurs (Rat).

Le derme, par contre, donne fort peu de productions spéciales, contrairement à ce qui se passe chez les Poissons et les Tortues; il n'engendre guère que les plaques osseuses formant la carapace des Tatous, et encore cette carapace reste-t-elle absolument indépendante du squelette interne; elle est recouverte par des plaques cornées qu'engendre l'épiderme.

Il faut y ajouter les cornes pleines et caduques des Cervidés, que l'on appelle les bois. Ces cornes ramifiées n'existent que chez le mâle et tombent chaque année pour repousser ensuite plus développées. Leur chute laisse une plaie saignante par la mise à nu des vaisseaux du derme.
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Girafe.
Mammifères à robe tachetée, au Rwanda (Parc de la Kagera). © Serge Jodra.

Appareil digestif.
L'appareil digestif, quoique présentant partout le même plan, offre aussi de nombreuses variations. La bouche est caractéristique : elle est garnie de lèvres charnues et très sensibles, et renferme une langue qui est le véritable organe du goût. Les dents, implantées dans les deux mâchoires, ne se montrent nulle part aussi développées que chez les Mammifères; elles témoignent du genre d'alimentation de l'animal et donnent des caractères excellents pour les classifications. On les divise selon leurs fonctions et leurs formes en incisives, qui coupent; en canines, qui déchirent; et en molaires, qui broient. Quelques espèces, comme les fourmiliers, en sont complètement dépourvues, tandis que d'autres, comme les Dauphins, en comptent plus de deux cents; mais, armées ou non, qu'elles soient minces et nues ou pourvues de fortes dents, les mâchoires n'en sont pas moins en parfaite harmonie avec le régime de l'animal.

A la bouche fait suite I'oesophage, qui, chez les Mammifères, ne présente jamais de dilatation.

L'estomac est une poche à parois plus ou moins minces, simple ou divisée en trois cavités. Il présente une forme particulière chez les animaux qui mâchent leurs aliments après les avoir avalés une première fois, et qui ne lés digèrent qu'après cette opération.

L'intestin et les autres organes, tels que les glandes salivaires, le foie, le pancréas, et les reins, ne présentent rien de particulier. Notons cependant que les Mammifères sont les seuls chez lesquels l'urine est expulsée isolément, et chez lesquels aussi l'on rencontre souvent au voisinage de l'anus des glandes qui sécrètent une matière très odorante ou fétide.

Système urinaire.
Les reins sont compacts, en forme de haricot, le plus souvent munis d'un ou de plusieurs calices qui se réunissent en un bassinet et un uretère unique débouchant au hile ou portion centrale de l'organe. Chez l'Humain, les tubes du rein forment des pyramides qui chez certains Mammifères (Ours, Phoques, Cétacés) constituent des lobules séparés ou rénules reliés par du tissu conjonctif. Chez tous les Mammifères (excepté les Monotrèmes) les deux uretères se déchargent dans la vessie, et celle-ci a pour conduit excréteur le canal de l'urètre. A sa sortie de l'abdomen, celui-ci se soude au pénis chez le mâle, au clitoris chez la femelle de beaucoup de Mammifères (Rongeurs, Insectivores, Lémuriens). Chez les Monotrèmes, bien que la vessie existe, les uretères déversent leur contenu dans le canal uro-génital (cloaque) sans entrer dans la vessie.

Appareil génital. 
La conformation de l'appareil génital est caractéristique. Les organes internes consistent, chez toutes les femelles de Mammifères, en deux ovaires, deux trompes et un utérus où se développe l'ovule. L'ovaire est, sphérique, ovoïde ou en grappe; il renferme une quantité prodigieuse de petits ovules. Les trompes, tubes conducteurs de l'ovule, s'ouvrent séparément de chaque côté dans la cavité de l'utérus. Chez les Marsupiaux et chez beaucoup de Rongeurs; il y a deux utérus; les autres Mammifères n'en ont qu'un seul, qui est bifide ou simple. L'utérus, chez les ornithorynques, débouche à l'extrémité anale du rectum, dans une sorte de cloaque; chez les autres Mammifères, son ouverture extérieure est distincte de celle de l'anus.

Les mamelles ne manquent chez aucun Mammifère; elles sont ou pectorales, ou ventrales, ou inguinales; mais dans beaucoup de cas elles occupent à la fois les trois régions de la poitrine, de l'abdomen et de l'aine. Leur nombre varie de deux à douze. Elles sont formées de tubes flexueux, en cul-de-sac, qui sécrètent le lait, lequel sort par plusieurs trous dont est criblé le mamelon. Ces glandes commencent à fonctionner un peu avant l'accouchement; elles ne sont qu'indiquées dans la jeunesse.

Appareil circulatoire.
L'appareil circulatoire ne varie que très peu chez les divers Mammifères. Le coeur a deux ventricules et deux oreillettes; les artères sont élastiques; les veines munies de valvules; les vaisseaux lymphatiques présentent de nombreuses anastomoses entre eux et viennent aboutir dans la veine cave supérieure. 

Le sang contient des globules rouges de forme circulaire (sauf chez les Camelidae) et de taille assez variable, mais sans aucun rapport avec celle de l'animal : les Chevrotains (Tragulidae) sont remarquables par la petite taille de ces globules. Le coeur est toujours à quatre cavités complètement séparées : chez les grands Ongulés, la portion tendineuse de la base du muscle s'ossifie irrégulièrement (os cordés). Les vaisseaux artériels et veineux ont généralement la disposition de ceux de l'Humain, se subdivisant par bifurcation et ramification régulière. Mais chez les Paresseux (Edentés) et les Loris (Lémuriens), on observe des plexus artériels (retia mirabilia) formés par la subdivision immédiate des grands troncs artériels en un grand nombre de petits vaisseaux parallèles qui se distribuent ainsi aux membres et ralentissent la circulation. L'existence de ces plexus rend compte de la lenteur des mouvements chez ces animaux. Des plexus analogues existent dans la région intercostale des Cétacés et constituent de véritables réservoirs de sang oxygéné, conformation en rapport avec la vie aquatique chez des animaux pulmonés. Des plexus semblables s'observent dans le système veineux chez les Phoques, etc. 

Comme annexes au système lympathique, il existe un certain nombre de glandes borgnes, c.-à-d. dépourvues de conduit excréteur (rate, capsules surrénales, corps thyroïde, thymus, amygdales, etc.). On admet que ces glandes sécrètent un liquide particulier qui se répand dans l'organisme par l'intermédiaire des vaisseaux sanguins dont elles sont plus ou moins abondamment pourvues (sécrétion interne). Certaines de ces glandes (thymus) atteignent leur plus grand développement avant la naissance ou pendant l'allaitement et s'atrophient peu après.

Appareil respiratoire.
La cavité thoracique est complètement séparée de la cavité abdominale par le diaphragme. - Les poumons y sont librement suspendus, et ne communiquent pas avec des sacs aériens.  - La trachée se divise en deux, et quelquefois en trois branches, comme chez les Cétacés et la plupart des Equidés. Il n'y a jamais qu'un larynx, situé à l'extrémité supérieure de la trachée, et constitué par sept cartilages.

Les narines forment une paire d'ouvertures situées à l'extrémité du museau, sauf chez les Cétacés odontocètes ou elles se soudent en un conduit unique. Chez l'Eléphant et quelques autres Mammifères, il se développe une véritable trompe à l'extrémité de laquelle est l'ouverture des deux narines. Chez les Mammifères plongeurs (CétacésPinnipèdes), l'ouverture des narines peut se fermer par un véritable sphincter. La trachée est maintenue béante par des anneaux cartilagineux souvent incomplets en arrière : elle se divise en deux branches correspondant aux deux poumons dont les mouvements de distension et de contraction sont produits non seulement par le soulèvement des côtes mues par les muscles intercostaux, mais encore et surtout par le diaphragme, grand muscle à convexité antérieure ou supérieure, qui chez les seuls Mammifères isole complètement la cavité thoracique de la cavité intestinale.

Le larynx ou renflement antérieur de la trachée est pourvu de cordes vocales qui, tendues par des muscles spéciaux, vibrent sous l'influence de la colonne d'air expulsée par les poumons, et produisent ainsi la voix. Presque tous les Mammifères ont un cri plus ou moins caractéristique de leur espèce, et qui est d'ordinaire plus fort chez le mâle que chez la femelle; souvent ce cri peut se modifier de manière à exprimer des sentiments : colère, douleur, etc.) ou servir d'appel entre les deux sexes à l'époque de la reproduction. Chez aucun Mammifère on ne trouve de syrinx ou larynx inférieur, comme chez les Oiseaux, ni par conséquence de chant. L'Humain seul a appris l'art des inflexions qui constitue la voix parlée et chantée. 

Certains Mammifères sont pourvus de sacs aériens annexés au larynx et servant à renforcer la voix. Tels sont les sacs laryngés de l'Orang-Outan, des Singes Hurleurs, du Grand Fourmilier, de la Baleine, etc. Des sacs aériens post-pharyngiens, s'observent chez le Cheval; les Dauphins, certains Phoques (Cystophore), les Tapirs, les Rhinocéros, l'Eléphant, ont des sacs analogues diversement situés, mais toujours en rapport avec les organes respiratoires.

Système nerveux et organes des sens. 
Le cerveau et les nerfs offrent de grandes variations. Le premier remplit toujours la cavité crânienne, mais celle-ci est parfois très petite, et la masse cérébrale est par conséquent très restreinte. Chez les Mammifères les moins intelligents, le cerveau ressemble à celui des Oiseaux; mais on peut le voir chez les autres se développer rapidement, et présenter des circonvolutions, dont le nombre et l'étendue sont généralement en rapport avec le développement intellectuel.

Les organes des sens sont disposés d'une manière très harmonique; il n'y a d'exception que pour les Cétacés. Ils ont bien un nez, mais il n'est pas un organe d'olfaction, les nerfs propres à cette fonction manquant complètement. Les fosses nasales, chez eux, ne forment qu'une cavité respiratoire. Chez tous les autres Mammifères, il y a deux narines, formées par des os et des cartilages. Parfois le nez se prolonge en une trompe qui est un organe tactile et préhenseur. Les cornets nasaux, sur lesquels vient s'épanouir le nerf olfactif, sont plus ou moins développés, et en même temps l'odorat est plus ou moins parfait.

L'organe de l'audition est plus compliqué que chez les autres animaux; l'oreille moyenne renferme toujours trois osselets, le marteau, l'enclume et l'étrier; chez les Mammifères les plus élevés, chez les espèces terrestres surtout, il y a un pavillon extérieur souvent très ample. 

La vue n'a généralement pas une très grande étendue. Les yeux, toujours au nombre de deux, sont relativement petits, et les mouvements de l'iris ne sont pas volontaires. La membrane clignotante est atrophiée ou rudimentaire; les paupières sont parfaites, parfois munies de cils, et la pupille est ronde ou allongée soit transversalement, soit verticalement. Chez quelquesMammifères, la Taupe aveugle par exemple, les yeux sont atrophiés. Les muscles moteurs du globe oculaire sont souvent plus nombreux et plus développés que chez l'Humain.

Le goût, chez la plupart des Mammifères, est très développé, ce que fait préjuger, d'ailleurs, une langue charnue et riche en nerfs. Cette langue varie beaucoup quant à sa forme, à sa structure et à ses mouvements; elle est tantôt large, lisse, immobile, tantôt mince, longue, protractile; elle est parfois frangée sur les côtés, munie de papilles, comme chez tous les félidés. Elle peut porter à la face inférieure un appendice, ou langue accessoire.

Le sens du tact se montre assez parfait; le nez, les pattes, les poils de la moustache sont des organes tactiles pour les Mammifères. La sensibilité, d'ailleurs, est répartie sur toutes les parties du corps. 

Comportement. 

Les moeurs des Mammifères sont en rapport avec leur régime alimentaire. Les espèces phytophages qui ont avantage à se rapprocher pour se protéger mutuellement vivent en troupes plus on moins nombreuses sous la conduite du plus vieux mâle; les espèces carnivores vivent isolées ou par couple surtout lorsqu'elles attendent leur proie à l'affût (Felidés); plus rarement elles poursuivent cette proie à la course et alors se réunissent en troupe (Canidae). La plupart déploient une certaine intelligence dans le choix des ruses qu'elles mettent en oeuvre pour attaquer cette proie ou pour déjouer les poursuites de leurs ennemis. Cette intelligence est très développée chez les Singes et les Carnivores; elle est encore très marquée chez beaucoup d'Ongulés; mais elle semble beaucoup plus obtuse dans les autres groupes où l'instinct suffit aux besoins de l'animal. En raison du mode spécial de reproduction, les femelles construisent rarement un nid comparable à celui des Oiseaux : cependant celui du Rat nain (Mus minutus) est remarquable par sa perfection. Le plus souvent la femelle met bas sur un simple amas de feuilles, d'herbes sèches ou de branchages grossiers; chez les Rongeurs, quelques Carnivores, etc., ce nid est situé au fond d'un terrier plus ou moins compliqué qui sert également à emmagasiner des provisions de bouche pour l'hiver. Le Castor et quelques autres Rongeurs (Cynomys ludovicianus) sont les seuls à vivre en sociétés nombreuses constituant de véritables villes, et l'industrie du Castor, qui bâtit des huttes sur pilotis, est exceptionnelle et nécessitée par son genre de vie aquatique. 
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Chevaux.
Chevaux, dans le Sud-Ouest de la France. © Serge Jodra, 2007.

Chez la plupart des Mammifères onguiculés, le jeune naît faible, nu et hors d'état de marcher : ici la nécessité d'un nid, si grossier qu'il soit, s'impose; la plupart se contentent d'une caverne, d'un trou de rocher, du creux d'un tronc d'arbre. Mais chez les Mammifères ongulés, les Rongeurs subongulés, les Ichtyomorphes (Cétacés, Pinnipèdes), le jeune naît couvert de poils et assez fort pour suivre sa mère immédiatement après sa naissance; chez ces animaux le nid devient inutile.

On observe rarement des migrations périodiques analogues à celles des Oiseaux (Chiroptères insectivores), mais le plus souvent des migrations irrégulières provoquées par le besoin de nourriture (Lemmings, Antilopes), et elles sont toujours spectaculaires. Beaucoup de Mammifères se soustraient sur place à l'influence des saisons et à la disette qui en résulte en s'engourdissant dans leur retraite pendant l'hiver (hibernation). C'est ce qu'on observe chez beaucoup de Rongeurs, de Carnivores, de Chiroptères, etc. 

Distribution géographique. 

On sait que c'est principalement sur la distribution des Mammifères à la surface du globe qu'est fondée la division des continents en régions zoologiques d'après la classification de Wallace (1876), qui est aujourd'hui classique, même si d'autres, plus précises, s'y sont ajoutées depuis. Wallace divise les continents de l'époque actuelle en six grandes régions, dont chacune se subdivise elle-même en quatre sous-régions. Les six grandes régions sont : 

1° la région paléarctique comprenant l'Europe, le Nord de l'Afrique et le Nord de l'Asie

2° la région néarctique formée par le Nord de l'Amérique

3° la région orientale comprenant le Sud de l'Asie et l'Insulinde

4° la région éthiopienne formée par l'Afrique au Sud du Sahara et Madagascar; 

5° la région néotropicale formée par l'Amérique méridionale à partir du Mexique; 

6° enfin la région australienne comprenant l'Australie avec la Nouvelle-Guinée et toutes les îles de la Polynésie

Cette classification, bien que rudimentaire, est commode par cela même, et a été suivie dans les divers articles que nous avons consacrés ici à la répartition géographique des animaux, et nous y renvoyons pour l'indication des sous-régions ainsi que pour la distribution des principaux genres de Mammifères (Afrique, Amérique, Asie, Océanie, Europe, Géographie zoologique).

Nous ferons remarquer cependant que cette classification est considérée aujourd'hui comme artificielle et tenant encore trop compte de la division actuelle des continents. Si l'on étudie simplement la distribution actuelle des Mammifères, il paraît plus naturel de réduire ces six régions à quatre, car les deux dernières (néotropicale et australienne) sont beaucoup mieux caractérisées que les autres qui peuvent se réunir deux à deux, les régions paléarctique et néarctique formant la région holarctique, et la région orientale ne formant qu'une subdivision de la région éthiopienne. On a ainsi quatre grandes régions qui sont : 

1 ° la holarctique au Nord des deux continents, caractérisée par l'absence, à l'époque actuelle, des grands Ongulés (Eléphants, Rhinocéros, etc.), des Singes, des Edentés et des Marsupiaux, le grand développement des Insectivores placentaires;

 2° la Région éthiopienne ou zone intertropicale de l'ancien continent, caractérisée par la présence des grands Ongulés, des Singes catarrhiniens, des Lémuriens et l'absence des Marsupiaux;

 3° la Région néotropicale ou de l'Amérique du Sud caractérisée par la présence des principaux Edentés, d'une famille spéciale de Marsupiaux (Didelphydae), des Singes platyrrhiniens et de presque tous les Rongeurs subongulés;

4° la région australienne, caractérisée par la présence de tous les Marsupiaux autres que les Didelphydae et des Monotrèmes.

Si l'on pousse encore plus loin l'analyse de la distribution actuelle des Mammifères, on voit que les deux premières régions (holarctique et éthiopienne) ont plus de rapports entre elles qu'avec les deux autres, qui à leur tour se ressemblent plus qu'elles ne ressemblent aux deux premières. Ce fait est surtout frappant si l'on fait intervenir, avec Zittel, le document paléontologique, et si l'on se reporte à l'époque tertiaire, qui est celle du grand développement des Mammifères. On voit qu'à cette époque la région holarctique possédait de grands Ongulés placentaires comme la région éthiopienne actuelle. De même, l'Amérique méridionale a possédé, à la même époque, des Edentés et des Rongeurs gigantesques, ainsi que des Marsupiaux beaucoup plus nombreux et variés qu'à l'époque actuelle, ce qui la rapproche de la région australienne de sorte que l'on serait conduit à opposer l'hémisphère septentrional, patrie d'origine des grands Mammifères placentaires, à l'hémisphère méridional, région où se sont développés les Marsupiaux, les Edentés et les Rongeurs subongulés.
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Gnous.
Gnous, dans le cratère du Ngorongoro (Tanzanie). © Serge Jodra.

Si nous examinons successivement les divers ordres de la classe des Mammifères, nous voyons que les Rongeurs et les Chiroptères sont seuls cosmopolites. Les Ongulés et les Carnivores placentaires ne font défaut qu'à la région australienne. Les Insectivores sont propres aux régions holarctique et éthiopienne et sont remplacés dans les régions néotropicale et australienne par des Marsupiaux insectivores. Les Edentés, plus nombreux dans la région néotropicale, ont seulement deux genres (Manis, Oryctéropus) dans la région éthiopienne. Les Singes sont propres à la zone intertropicale des deux continents (régions éthiopienne et néotropicale). Les Lémuriens ayant leur centre de dispersion à Madagascar ne se trouvent que dans la région éthiopienne. Enfin les Marsupiaux et les Monotrèmes (à l'exception de la famille néotropicale des Didelphydae) sont tous de la région australienne. 

Pour la distribution des Mammifères marins, nous renvoyons aux mots Cétacés, Sirénidés, Pinnipèdes, et pour plus de détails sur celle des autres ordres aux mots Carnivores, Chiroptères, Edentés, Insectivores, etc.

Paléontologie

Les plus anciens Mammifères que l'on connaisse datent de l'époque triassique (début du Mésozoïque ou Ere secondaire). Issus, avec les Reptiles, d'une souche commune les Mammifères ont eu une évolution qui est restée longtemps parallèle à celle des Reptiles, puis ils se sont d'abord séparés en deux branches : de l'une sont issus les Monotrèmes actuels, de l'autre sont issus deux rameaux, d'une part les Marsupiaux, et de l'autre tous les les Mammifères placentaires. 

Le grand épanouissement des Mammifères a dû attendre la grande extinction qui termine le Crétacé, et qui a vu disparaître notammant les Dinosauriens.  Ils abondent  dès le début du Cénozoïque (ère Tertiaire) et jusqu'au et Pléistocène (début du Quaternaire), époque à laquelle les espèces, aujourd'hui disparues, atteignirent des dimensions dont les éléphants actuels ne peuvent donner qu'une faible idée.

La distribution géographique ancienne des Mammifères était tout autre que maintenant; mais déjà certaines régions avaient leurs types particuliers. La plupart des ossements des Mammifères se rencontrent à l'époque glaciaire; cependant, on trouve de ces animaux dans les glaces de la Sibérie, conservés avec leur peau, leur toison et même leur chair, dont se nourrissent les Ours blancs et les chiens des Iakoutes.

Très peu de ces Mammifères, la septième partie environ, ont traversé la période de formation du Pléistocène et existent encore actuellement; les autres espèces ont disparu. On trouve parmi les Mammifères fossiles des singes, autant des Chiroptères, des centaines d'espèces de Carnivores, des Marsupiaux,  des Rongeurs, des Edentés, des multiongulés, des Ruminants, des Pinnipèdes et des Cétacés. (E. Trouessart / A.E. Brehm / A. Pizon).



Kingdon Jonathan, Guide des Mammifères d'Afrique, Delachaux , 2010. 
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Dictionnaire Les mots du vivant
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