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Les
Graminées
Graminales / Poales |
Les Graminales
ou Graminées (du latin gramen = gazon) forment un
ordre de plantes monocotylédones.
Ce sont de plantes généralement herbacées,
annuelles ou vivaces,
plus rarement ligneuses, et pouvant, comme
les Roseaux et les Bambous, atteindre de grandes dimensions. Leurs tiges
aériennes ou chaumes (du latin calamus
= roseau) ordinairement simples, sont cylindriques, le plus habituellement
creuses dans les entre-noeuds, renflées au contraire et toujours
pleines aux noeuds; toutefois, dans le Maïs,
la Canne à sucre, le Sorgho,
etc., la moelle persiste, et c'est en elle que s'accumulent les réserves
sucrées.
Plusieurs Graminales, que l'on réunit sous le nom de céréales, sont cultivées depuis le Néolithique pour leurs caryopses qui servent à nourrir les humains et les animaux. Ce sont d'abord les Blés ou Froments, les Orges, le Seigle, les Avoines, le Maïs, et le Riz ; puis les Millets, les Sorghos, les Eleusine, le Phalaris Canariensis L. D'autres sont cultivées, d'une part pour leur moelle sucrée, comme la Canne à sucre et le Sorgho, d'autre part pour leurs principes odorants, comme le Vétiver (Andropogon), ou bien pour leurs tiges dures et ligneuses comme le Roseau (Arundo donax L.) et le Bambou, ou bien encore pour leurs feuilles résistantes qui servent à faire des ouvrages de sparterie, comme le Lygeum Spartum L. Un grand nombre d'espèces sont fourragères;
d'autres, comme l'Herbe de la Pampa (Gynerium argenteum Nees), servent
à l'ornementation des jardins et des parcs; d'autres enfin sont
utilisées pour faire des bouquets, soit à l'état frais,
soit à l'état sec, après que leurs inflorescences
ont été teintes de diverses couleurs.
Chiendent (Triticum repens). A gauche, une fleur isolée avec ses deux glumellules à la base. A droite, un épi composé. |
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Les graminales sont cespiteuses ou bien présentent des rhizomes rampants, qui émettent, au niveau des noeuds inférieurs, de nombreuses racines adventives. Les feuilles naissent des noeuds que possèdent leurs tiges par un pétiole qui forme une gaine fendue, embrassant la tige sur une plus ou moins grande longueur; le limbe est en général linéaire, en forme de ruban, marqué de nervures parallèles et terminé par des bords entiers, sans aucune sinuosité ni découpure. A sa jonction avec le pétiole, le limbe, qui fait avec lui un angle très marqué, porte sur la face qui regarde la tige un appendice foliacé, nominé ligule, qui n'est autre chose qu'une stipule et semble garantir contre l'infiltration de l'eau la gaine du pétiole et la tige qu'elle embrasse. |
Coupe schématique d'une tige de Graminale. - La tige est un chaume, c'est-à-dire qu'elle est creuse, avec de distance en distance des cloisons de de séparation P, qui correspondent aux noeuds; à chaque noeud, la tige présente un petit renflement circulaire externe sur lequel s'attache une feuille F. Les feuilles - feuilles distiques - sont insérées séparément tout le long de la tige et réparties sur deux rangées opposées (F1, F2). |
Les feuilles sont alternes, distiques, longuement engainantes, à gaines fendues et pourvues d'une longue membrane ou lipule, de forme très variée. On pourra sur une tige verte de froment, de seigle, d'avoine ou de maïs, constater et vérifier toute cette organisation. |
Feuille de Graminale. - La gaine G est fendue de haut en bas en f à l'opposé du limbe, ce qui permet de retirer complètement la feuille L, sans la déchirer; on observe alors à sa partie supérieure, juste à l'endroit où commence la gaine, une petite languette l qui s'appelle une ligule. |
Les fleurs, généralement
hermaphrodites, sont presque toujours
disposées en petits épis ou épillets,
groupés à leur tour en épis ou en grappe et involucrés
chacun par deux bractées écailleuses
opposées, appelées plumes. Chaque fleur se compose normalement
de trais squamules verticillées ou plumellules, irrégulières,
libres ou soudées entre elles et de trois étamines
hypogynes, quelquefois de six ou quatre, rarement de deux ou une seule
par avortement, le tout enveloppé par deux bractées, appelées
paillettes, balles ou glumelles, l'une
inférieure et externe, souvent munie d'une arête terminale
ou dorsale ou basilaire, l'autre supérieure et interne, presque
toujours mutique. L'ovaire, uniloculaire et uniovulé,
ordinairement surmonté de deux styles à stigmates plumeux,
devient à la maturité un fruit sec
(caryopse), monosperme,
indéhiscent, à péricarpe
ordinairement mince, membraneux ou coriace, adhérent à la
graine; celle-ci renferme un embryon
très petit, situé à la base et en dehors d'un albumen
farineux très épais.
L'épi que présentent la plupart des graminales (blé, seigle) est une inflorescence ou réunion de fleurs assez compliquée, dont les pédoncules s'allongent parfois pour former une panicule (avoine); mais, dans l'un comme dans l'autre cas, l'inflorescence se compose de petits épillets où l'on compte depuis une seule jusqu'à huit, et un plus grand nombre de fleurs. Chacune de ces fleurs offre habituellement un pistil entouré de ses étamines; mais, au lieu d'un périanthe régulier, on ne trouve autour de ces organes essentiels de la fleur que des paillettes ou folioles, qui sont véritablement des bractées. Souvent l'épillet contient, outre les fleurs développées, des fleurs plus ou moins complètement avortées; ce qui en rend l'analyse assez difficile. |
Un épillet d'Orge à une fleur. - G, les glumes. - gl.i ( = glumelle inférieure) et gl.s ( = glumelle supérieure), les deux glumelles. - F, fleur. - P, axe de l'épillet. - T, tige. |
Dans quelques genres, les fleurs sont unisexuées (maïs); dans quelques autres, polygames. A la base de l'épillet se voient deux bractées lui formant une sorte d'enveloppe désignées sous le nom de glumes, et que Linné appelait le calice. En écartant les glumes, on peut distinguer la fleur ou les fleurs de l'épillet; chacune d'elles est enveloppée par 2 bractées nommées glumelles, balles ou paillettes : Linné les regardait comme la corolle. Ces bractées, d'après leur position par rapport à l'épillet, reçoivent les noms de glumelle supérieure et glumelle inférieure; celle-ci est attachée à un niveau plus bas que la première; elle présente des nervures en nombre impair et se termine souvent par une arête. |
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une seule fleur. |
Dans
l'intérieur de la fleur des graminales,
on trouve encore la trace d'une petite enveloppe membraneuse, sous la forme
de deux petites écailles (rarement trois) situées du coté
extérieur de la fleur. Ce sont les glumellules, nommées squamules
ou paléoles par divers auteurs, et lodicule par Palisot de Beauvois.
Les étamines sont au nombre de 3, ou plus
rarement 6 ou davantage; leurs filets sont grêles, et leurs anthères,
à 2 loges, s'ouvrent longitudinalement. L'ovaire
est libre et se termine par 2 ou 3 styles plumeux. Le fruit ou grain a
une conformation. spéciale due à ce que, dans son développement,
le péricarpe se soude et se confond
avec l'enveloppe de la graine; on le nomme caryopse.
Il renferme un endosperme farineux,
très abondant, et un embryon monocotylédone.
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La classification des Graminales a été faite par différents auteurs dont nous citons les principaux : Palisot de Beauvois (Agrosiogrophie, 1811); Trinius (Fundamenta agrostogruphiae, 1820); Kuntz (Agrostographia synoptica, 1833). La classification de ce dernier auteur ayant été reconnue la plus naturelle, a été adoptée, sauf de légères modifications jusque dans les années 1960. A l'origine, deux à 3000 espèces de graminales étaient connues. Mais beaucoup d'autres ont été découvertes au fil du temps. On en recenserait aujourd'hui plus de 12 000, et les anciens regroupements ont sensiblement évolué (600 genres sont définis). Il n'est pas possible ici dans de tels détails, aussi nous contenterons-nous ici d'indiquer les treize groupes principaux entre lesquelles se répartissent les genres et les espèces les plus importants : |
Phléoidées | Vulpin (Alopecurus, Lin.); Phléole (Phleurn, Lin.). |
Agrostidées | Agrostis (Agrostis, Lin. ), dont une espèce vulgaire porte souvent le nom de Cornue. |
Arundinacées | Calamagrostis (Calamagrostis, Adan..); Roseau (Arundo, Lin.), comprenant, parmi ses espèces, la Canne de Provence; Phragmite (Phragmiles, Trin.), qui a pour type le roseau ou jonc à balais; Gynerium (Gynerium, Humb., Bonpl et Kun.), dont une espèce (herbe de la pampa) embellit nos jardins par ses épis en panaches argentés ou roses. |
Avenacées | Canche (Aira, Lin.); Houque (Holcus, Lin.), dont deux espèces abondent dans nos prés; Avoine (Avena, Lin.), riche en espèces cultivées ou répandues dans nos prairies naturelles. |
Pappophorées | Echinaire (Echinaria, Desf.) |
Chloridées | Chiendent (Cynodon, Rich.); Eleusine (Eleusine, Gaertn.), dont l'espèce type est le Coracan ou Tsada d'Afrique; Spartine (Spartina, Schreb.). |
Festucacées | Seslérie (Sesleria, Ard.); Glycérie (Glyceria, R. Br.), qui a pour espèce principale l'Herbe à la manne ou Manne de Prusse, dont on mange, en Allemagne, le grain cuit dans le lait; Brize (Briza, Lin.), connu sous le nom vulgaire d'Amourette, et qui peuple nos prés de ses espèces d'une si élégante légèreté; Paturin (Poa, Lin.), qui fournit les diverses espèces de gazon; Dactyle (Dactylis, Lin.), autre genre de nos pâturages; Brôme (Bromus, Lin.), où abondent les espèces répandues dans nos champs, sur les bords des chemins, dans les lieux incultes ou pierreux, sur les vieux murs; Fétuque (Festuca, Lin.), presque aussi riche en espèces communes dans nos bois, nos pâturages; Mélique (Melica, Lin.); Molinie (Molinia, Maench.), vulgairement Guinche ou Ganne; Cynosure (Cynosurus, Lin.), vulgairement Crételle; Bambou (Bambusa, Schreb.), dont les proportions gigantesques atteignent sous les tropiques celles de nos grands arbres. |
Hordéacées | Ivraie (Lolium, Lin.), où l'on range l'lvraie commune, les Ray-grass; Froment (Triticum, Lin.), le genre le plus célèbre de cet ordre; Seigle (Secale, Lin.), presque aussi connu; Orge (Hordeum, Lin.), qui tient lieu de blé en beaucoup de pays; Elyme (Elymus, Lin.); Egilope (Aegilops, Lin.); Nard (Nardus, Lin.). |
Andropogonées | Canne (Saccharum, Lin.), qui a pour type la fameuse Canne à sucre; Barbon (Andropogon, Lin.), où l'on peut citer le Chiendent à balais, le Vétiver ou chiendent des Indes; Sorgho (Sorghum, Pers.) |
Panicées | Millet (Milium, Lin.); Panic (Panicum, Lin.), qui comprend le mil; Sétaire (Setaria, Pal. Beauv.), où l'on range le millet des oiseaux; Bardanette (Tragus, Hall.); Lygée (Lygeum, Lin.); Larmille (Coix, Lin.); Maïs (Zea, Lin.). |
Phalaridées | Phalaris (Phalaris, Lin.); Flouve (Anthoxanthum, Lin.). |
Stipacées | Stipe (Stipa, Lin.); Lasiagrostis ( Lasiagrostis, Link.). |
Oryzées | Riz (Oryza, Lin.), dont une espèce célèbre alimente une grande partie des populations de l'Asie. |
La distribution
géographique de ces espèces offre des traits tout particuliers.
Dans la zone équatoriale (de 0°à 10%, les plantes graminales
forment du nombre total des espèces de plantes phanérogames;
dans la zone tempérée c'est 1/12 enfin c'est 1/14 dans la
zone glaciale On trouve les Graminales, dit Duchartre, sur toutes les modifications
du sol, et même dans les eaux douces, soit stagnantes, soit courantes;
mais jamais dans les eaux des mers. Un grand nombre d'entre elles sont
sociales (vivent réunies en grand nombre sur une même surface
du sol), et même au plus haut degré, comme on le voit dans
les prairies, et surtout dans les steppes, où souvent une seule
espèce couvre une immense étendue de pays. Il en est aussi
d'isolées, et celles-ci paraissent se montrer de préférence,
soit dans les sables arides, soit surtout dans les parties chaudes du globe.
- Grappe d'épis d'Avoine. Dans les parties froides ou tempérées de la surface du globe, les graminales sont généralement de taille peu élevée; déjà vers le 45° de latitude Nord, on voit la taille de plusieurs s'élever; et, dans quelques cas, leur chaume prendre plus de consistance. Enfin, entre les tropiques, les bambous se classent parmi les grandes espèces de cette végétation si riche et si vigoureuse, et atteignent fréquemment une hauteur de 15, 20 et quelquefois même de 30 mètres. Les Graminales intertropicales ont, en outre, une tendance à porter des feuilles plus larges proportionnellement à la longueur; que le nombre des espèces à fleurs dioïques est aussi commun parmi elles, qu'il est rare parmi les Graminales des autres zones; qu'enfin les plantes de cet ordre sont d'autant moins sociales qu'elles se rapprochent plus de l'équateur. Sous ce rapport, ajoute Duchartre, en voit déjà une grande différence entre le Nord et le Sud de l'Europe : au Nord, les prairies naturelles sont communes; elles sont beaucoup plus rares dans le Sud; elles manquent enfin dans la zone torride, où l'on ne rencontre plus ces gazons serrés qui donnent tant de fraîcheur au paysage dans les parties septentrionales du globe.C'est à l'ordre des Graminales qu'ont été empruntées les espèces qui, sous le nom de Céréales (à l'exception du sarrasin, qui est une polygonale), forment la base des cultures chez tous les peuples et fournissent la part la plus importante de leur alimentation. Adrien de Jussieu (Cours élémentaire d'histoire naturelle, Botanique) a résumé dans les lignes qui suivent les renseignements essentiels sur l'extension de la culture de ces plantes précieuses. La culture des céréales est poussée dans le Nord de la Scandinavie (Suède et Norvège) jusque vers le 70° degré, à peu près vers la limite où cessent aussi les arbres. C'est le seul point où elle dépasse le cercle polaire, en deçà duquel elle s'arrête sur tout le reste de la terre, vers 60°' dans l'Ouest de la Sibérie, vers 55° plus à l'Est; près de la côte orientale, elle n'atteint pas le Kamtschatka, c'est-à-dire 51° N. Dans l'Amérique, elle peut arriver jusqu'au 57e degré. vers la côte occidentale, comme le prouve l'expérience des possessions russes; mais sur l'orientale, elle ne dépasse pas 50° ou au plus 52°. La ligne qui la circonscrit au Nord. dans les deux continents se trouve donc suivre les mêmes inflexions que les isothermes. C'est l'orge qui mûrit jusqu'à cette limite dont s'approche aussi l'avoine, mais à laquelle la récolte est loin d'être sûre, et ne réussit quelquefois qu'une année sur plusieurs. Leurs graines font l'aliment de l'homme dans le nord de l'Ecosse, de la Norvège, de la Suède et de la Sibérie. Plus au Sud, on voit s'y associer la culture du seigle, qui, du reste, monte aussi loin que celle de l'avoine dans la Scandinavie. C'est celle qui domine dans cette partie de la zone tempérée froide, que forment le Sud. de la Suède et de la Norvège, le Danemark, presque tous les pays riverains de la Baltique, le Nord de l'Allemagne et une portion de la Sibérie. On commence à y rencontrer aussi le blé ou froment, et l'on ne cultive plus guère l'avoine que pour la nourriture des chevaux, l'orge que pour la fabrication de la bière. Puis commence une grande zone où le blé est cultivé presque à L'exclusion du seigle, et qui comprend le Sud de l'Ecosse, l'Angleterre, la Crimée et le Caucase, et des parties de l'Asie centrale, celles où il y a quelque agriculture. Comme la vigne croît dans une partie de cette zone, le vin remplace la bière, et en conséquence l'orge est moins recherchée. Le blé s'étend bien plus au Sud, mais là on y associe communément la culture du riz et du maïs. C'est ce qui a lieu dans la péninsule espagnole, une partie du Sud de la France, notamment celle qui borde la Méditerranée, l'Italie, la Grèce, l'Asie Mineure et la Syrie, la Perse, le Nord de l'Inde, l'Arabie, l'Egypte, la Nubie, la Barbarie [= le Maghreb] et les Canaries. Dans ces derniers pays, le maïs et le riz sont le plus souvent cultivés vers le Sud, et dans quelques-uns aussi le sorgho et le poa abyssinica (nommé teff en Abyssinie).On trouvera aux noms des principaux genres cités plus haut (Blé, Seigle, Avoine, Riz, Sorgho, Maïs, Canne à sucre, etc.), les détails qui n'ont pu trouver place dans cet article général (Ad, F. et G-s.). |
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