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L'embranchement
des Brachiopodes rassemble des animaux
marins possédant une coquille à deux valves
qui les fait ressembler extérieurement aux Lamellibranches.
Mais leur organisation générale est très différente :
1° La position normale de la
coquille d'un Lamellibranche est verticale avec une valve à droite et
l'autre à gauche; leur plan de séparation coïncide avec celui qui divise
les organes internes en deux moitiés symétriques. La coquille d'un Brachiopode
a, au contraire, une position horizontale et ses deux valves sont couchées;
l'une est ventrale, l'autre est dorsale, et leur plan de séparation est
perpendiculaire à celui qui divise les organes internes en deux moitiés
symétriques.
2° La valve ventrale est plus grande et
plus bombée que la valve dorsale; elle sert pour ainsi dire de couvercle.
Elle se prolonge au delà de la charnière, c'est-à -dire de l'articulation
des deux valves, en une sorte de bec creux plus ou moins développé, qui
livre passage à un cordon musculaire ou pédoncule par lequel l'animal
se fixe aux pierres.
3° Les Lamellibranches possèdent un ligament
qui tend à maintenir les valves écartées, et dont l'action est, contre-balancée
par un on deux muscles adducteurs qui les rapprochent en se contractant.
Les Brachiopodes ne possèdent au contraire que des muscles
pour ouvrir et fermer leur coquille : les abducteurs
rapprochent les deux valves; les déducteurs ou divaricateurs sont fixés
très obliquement, de telle sorte que leurs contractions font basculer
la valve dorsale autour de sa charnière et la forcent ainsi à se soulever.
L'organisation interne présente des différences
non moins considérables.
La masse viscérale est relativement très
réduite et est située dans le voisinage de la charnière, où elle n'occupe
qu'une très petite portion de l'espace compris entre les deux valves.
Le tube digestif est très court, recourbé,
avec oesophage,
estomac
et intestin; ce dernier est généralement
terminé en cul-de-sac. Il existe bien, comme chez les Lamellibranches,
un manteau dont les deux moitiés tapissent les valves et limitent une
grande chambre palléale communiquant librement avec l'extérieur quand
les deux valves sont entrouvertes; mais cette chambre abrite un appareil
respiratoire très différent de celui des Mollusques.
Il consiste en deux baguettes cartilagineuses
contournées en anse ou en spirale, que l'on appelle les bras, et dont
l'un des bords porte une rangée de filaments charnus ou cirres,
couverts eux-mêmes de cils vibratiles servant Ã
la respiration. Ces bras sont très peu mobiles
et sont soutenus par des tiges calcaires dont la
forme varie avec les espèces et dont l'ensemble constitue ce qu'on appelle
le appareil brachial
ou appareil apophysaire. Ce squelette est toujours fixé sur la valve dorsale.
Ajoutons que la bouche se trouve à la base des deux bras, à leur point
de jonction, et que les mouvements des cils déterminent un courant d'eau
qui sert aussi bien pour la respiration que pour amener les particules
nutritives à la bouche. Il existe deux néphridies
ou reins qui s'ouvrent d'une part dans la cavité
générale et d'autre part dans la chambre palléale. Il ne paraît pas
y avoir de coeur ni de vaisseaux différenciés,
contrairement à ce que l'on a cru pendant longtemps.
Les Brachiopodes ont présenté un très
grand développement dans les mers de l'ère primaire, où l'on trouvait
environ 50 Brachiopodes pour un Lamellibranche.
Ils sont beaucoup moins nombreux aujourd'hui; il n'y en a plus guère qu'un
pour 50 Lamellibranches. Un certain nombre de ces genres très anciens
se sont perpétués jusqu'à l'époque actuelle. Tels sont :
1° Les Lingules qui vivaient
dès le début du Paléozoïque et que l'on
retrouve encore aujourd'hui dans les sables des plages des îles Moluques.
Leur coquille est cornée, mince, saris charnière, et entre les deux valves,
il sort un pédoncule pouvant atteindre 15 cm pour une coquille qui ne
dépasse jamais 5 cm. C'est une espèce d'organisation très simple.
2° Les Rhynchonelles et les Térébratules,
qui étaient nombreuses dans les mers secondaires (Jurassique
et Crétacé), vivent aujourd'hui dans la Méditerranée
et la mer du Nord. Ce sont les deux principaux genres actuels, auxquels
s'ajoute la Crania, petite espèce de la Méditerranée d'un centimètre
et dépourvue de squelette brachial. Les Spirifers et les Productus de
l'ère primaire n'existaient déjà plus à l'ère secondaire.
(A. Pizon).
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