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Belgique
Royaume de Belgique / Koninkrijk Belgie

50 50 N, 4 00 E
La Belgique est un Etat de l'Ouest de l'Europe. Elle est bornée au Nord, par les Pays-Bas; à l'Est, par les Pays-Bas, l'Allemagne et le Grand-duché de Luxembourg; au Sud, par la France; à l'Ouest, par la France et la mer du Nord. D'une superficie de 30,528 km² et d'une population de de 11,5 à 12 millions d'habitants (2009), ce pays est une démocratie fédérale parlementaire, qui s'inscrit dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle. On distingue administrativement 10 provinces et and 3 régions (Bruxelles, Flandres, Wallonie). La capitale de la Belgique est Bruxelles. Autres grandes villes : Gand, Charleroi, Bruges, Liège, Anvers, Namur, Mons.

Les divisions administratives de la Belgique

Région capitale

Bruxelles


Flandres

Antwerpen (Anvers)
Limburg
Oost-Vlaanderen (Flandre orientale)
Vlaams-Brabant (Brabant flamand)

West-Vlaanderen (Flandre occidentale)

Wallonie

Brabant Wallon
Hainaut
Liège
Luxembourg
Namur

Depuis la révision constitutionnelle de 1993, qui a instauré l'organisation fédérale de la Belgique, il existe trois niveaux de gouvernement (fédéral, régional et de communauté linguistique), avec une répartition complexe des responsabilités.

Géographie physique de la Belgique

CĂ´tes.
La mer du Nord baigne la Belgique sur une Ă©tendue de cĂ´tes de 66,5 kilomètres. Une chaĂ®ne de dunes borde le rivage et sert de barrière contre les envahissements des flots; entre Wenduyne et Heyst, oĂą cette dĂ©fense naturelle manquait, il a fallu la remplacer par dès jetĂ©es. Au Sud de Nieuport au contraire, la mer tend Ă  abandonner la cĂ´te; chaque annĂ©e l'estran avance de plus d'un mètre. Les dunes, sous l'influence du vent du Nord-Ouest, envahissent l'intĂ©rieur du pays et ne s'arrĂŞtent que lorsqu'on leur oppose des plantations. Des bancs nombreux, d'un sable fin, forment le prolongement sous-marin de la cĂ´te. Ils peuvent se diviser en deux zones : la première se rattache aux atterrissements du rivage et aux sables qui s'accumulent Ă  l'entrĂ©e des ports; la seconde s'Ă©tend au large et se compose de plateaux plus ou moins isolĂ©s. Il y en a plusieurs qui, au moment des basses eaux, sont Ă  peine Ă  trois mètres de profondeur. 

Orographie.
On peut résumer comme suit les corrélations entre l'hypsométrie et la nature des terrains de ces diverses régions.

Basse-Belgique. 
Sable de Campine, dunes et polders compris entre la mer et l'altitude de 20 m dans la partie occidentale, l'altitude de 75 m dans la partie orientale.

Moyenne-Belgique. 
Limon de la Hesbaye, compris entre la Basse-Belgique et l'altitude approximative de 175 m.

Haute-Belgique.
Comprenant : le Condroz, constituĂ© par des terrains quartzo-schisteux et calcareux alternant, et qui est compris entre la Moyenne-Belgique et l'altitude approximative de 275 m; l'Ardenne, constituĂ©e par des terrains exclusivement schisteux et quartzeux; et qui est limitĂ©e au Nord par le Condroz, au Sud par la Lorraine; le Signal de Botrange, point culminant de la Belgique, atteint 694 m 

RĂ©gion Lorraine. 
Formant, sur la contre-pente de l'Ardenne, la région correspondante à la Moyenne-Belgique, constituée par des terrains argileux, sablonneux et calcareux, lesquels reposent sur les roches de l'Ardenne, à une altitude de moins de 400 m.

Carte de la Belgique.
Carte de la Belgique. Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).

Hydrographie.
La Belgique est arrosée par : La Meuse, qui vient de France, passe à Dinant, Namur, Andenne, Huy, Liège, Visé, Maeseyck et poursuit son cours en Hollande. La Meuse reçoit à droite : la Semois, la Lesse, le Bocq, le Hoyoux, l'Ourthe et la Berwinne; à gauche : l'Hermeton, la Sambre, la Méhaigne et le Jaar. La Meuse est navigable sur tout son parcours belge. Sa largeur va croissant de 80 à 140 m. L'Ourthe est navigable de Barvaux à Comblain-au-Pont et canalisée de Comblain à Liège. L'Ourthe reçoit à Comblain l'Amblève qui est canalisée depuis Remouchamps.

La Sambre est navigable depuis Landrecies (France). Plusieurs canaux importants ont été creusés dans le bassin de la Meuse. La Sambre, qui n'a pas d'affluents navigables, communique avec le canal de Charleroi à Bruxelles, qui la rattache à l'Escaut inférieur par l'intermédiaire du canal de Bruxelles à Willebroeck. Le canal de Liège à Maastricht, part de la Meuse, en amont de Liège, et la rejoint à Maastricht, au bassin du canal de Bois-le-Duc.
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Bruges : pont sur un canal.
Pont sur un canal de Bruges. Source : The World Factbook.

L'Escaut vient de France, passe Ă  Antoing, Tournai, Audenarde, Gand, Wetteren, Termonde, Anvers et entre aux Pays-Bas. L'Escaut est navigable sur tout son parcours en Belgique, la marĂ©e se fait sentir jusqu'Ă  Gand. L'Escaut est en communication avec les voies suivantes : Ă  la droite : 1° la Haine, le canal de Mons Ă  CondĂ©, le canal de Caraman, le canal de Pommeroeul Ă  Antoing et le canal de Blaton Ă  Ath; 2° la Dendre 3° le Rupel avec les rivières de son bassin (Dyle, Nèthe, Demer) et les canaux de Louvain, Willebroeck et de Charleroi qui s'y rattachent, 4° le canal de jonction Ă  la Meuse, avec ses embranchements vers Beverloo, Hasselt et Turnbout; Ă  gauche :  1° le canal d'Espierre; 2° le canal de Bossuyt; 3° la Lys et les nombreux canaux qui s'y rattachent; 4° le canal de Terneuzen; 5° le canal de Moerwaart et la Durme.

L'Yser vient de France, passe à Dixmude et se jette dans la mer à Nieuport, il est navigable sur tout son parcours en Belgique. L'Yser est en communication : à droite avec, 1° l'Yperlée et le canal de Boesinghe; 2° le canal de Handsaeme; 3° le canal de Plasschendaele; à gauche, avec le canal de Nieuport à Dunkerque et ceux de Loo et de la Basse-Colme. Les fleuves et rivières présentent en Belgique une longueur navigable de 1000 km environ; trente-huit canaux ayant un développement total d'environ 1000 km forment avec les cours d'eau un réseau complet de navigation intérieure reliant les bassins de la Meuse, de l'Escaut; de l'Yser et la mer du Nord.

Climat.
La Belgique, située à l'extrémité de la plaine baltique, reçoit sans obstacle les vents doux du Sud-Ouest et de l'Ouest; en été, toute la Basse-Belgique, depuis Tournai et Furnes jusqu'à Herve et à Maeseyck, n'a qu'un même climat, mais en hiver, lorsque le courant polaire descend du Nord-Est et entame la Belgique par la basse Meuse, il existe une différence sensible entre la frontière hollandaise et celle de la France. La première est souvent cachée sous la neige, pendant que les flocons se fondent en touchant le sol plus chaud de la dernière. Voilà l'effet de la latitude, mais il faut tenir compte aussi de l'altitude; il existe sur les hauts plateaux de l'Ardenne une différence de trois degrés par rapport aux plaines du Brabant et des Flandres.

Bien que la Belgique ait, à proprement parler, quatre saisons météorologiques, elle se rapproche de la zone où il n'en existe plus que deux; un été chaud, mais court, et un hiver long et rigoureux. En effet, les saisons intermédiaires du printemps et de l'automne y sont courtes et assez peu caractérisées. La moyenne des pluies observées à Bruxelles est de 726 mm par an. ( E. H).

La flore de la Belgique.
Malgré le peu d'étendue de la Belgique, la flore de cette contrés offre une assez grande variété due à la constitution minéralogique et au relief du sol qui va en s'élevant insensiblement de l'Ouest à l'Est, du littoral aux Ardennes. Il est probable que la végétation actuelle de la Belgique est bien différente, par sa variété et sa richesse, de celle qui recouvrait ce pays avant le dépôt du limon poldérien, le défrichement et la culture par laquelle un certain nombre de plantes étrangères ont été introduites. Telle qu'elle est aujourd'hui cette flore se compose de 1254 espèces indigènes, Phanérogames et Cryptogames vasculaires. Peut-être y existe-t-il un nombre égal de Cryptogames cellulaires. Ces espèces Si l'on compare la flore de la Belgique avec celle des pays voisins, on n'a pas de peine à reconnaître qu'elle en diffère peu et cela s'explique aisément par sa situation géographique. Les relations de cette flore doivent donc être avec le Nord de la France, la Hollande et les provinces Rhénanes, qui sont formées par la grande plaine cimbro-germanique, les Ardennes et les monts Hercyniens et, par conséquent, présentent une végétation presque, uniforme. Il convient cependant de faire remarquer que le land allemand de Rhénanie-Palatinat, dont l'étendue est inférieure à celle de la Belgique, possède un nombre total d'espèces supérieur au sien. La Hollande, au contraire, bien que plus grande, offre moins d'espèces. En résumé, la flore belge, bien que peu différenciée des flores voisines, est loin d'être homogène. Elle comprend des plantes d'origines différentes que des migrations ont amenées dans cette contrée. Ce sont des espèces boréales, qui s'avancent au Sud bien au delà de la Belgique; des espèces méridionales dont l'une, le Carex divisa, y atteint sa limite septentrionale; des espèces occidentales, qui se tiennent sur littoral ou s'avancent parfois dans l'intérieur; des espèces orientales; enfin des espèces des régions montagneuses du centre de l'Europe, qui y arrivent par les Ardennes.

Cette flore est bien connue grâce aux nombreux et remarquables travaux de Crépin que nous ne pouvons que résumer ici; elle se divise naturellement en quatre régions bien distinctes :

1° RĂ©gion septentrionale. 
Cette rĂ©gion comprend toute la plaine basse occidentale de la Belgique et peut se subdiviser en trois zones aussi diffĂ©rentes l'une de l'autre par la constitution du sol que par la vĂ©gĂ©tation. 

a. La zone maritime, entièrement sablonneuse, peut atteindre un dĂ©veloppement assez grand, par exemple 3 km de large près de Nieuport et de Knocke. Dans ces sables plus du moins imprĂ©gnĂ©s de sel ne croissent que des plantes halophiles, soit terrestres, soit aquatiques, au nombre d'environ 51 espèces caractĂ©ristiques. Mais, Ă  cĂ´tĂ© de ces plantes, on y trouve aussi quelques autres espèces non halophiles, venues de l'intĂ©rieur. Ce nombre de 51 espèces caractĂ©ristiques est relativement considĂ©rable eu Ă©gard Ă  la latitude du littoral belge, mais en revanche aucune de ces espèces ne lui est spĂ©ciale. On peut citer comme remarquables, par leur prĂ©sence en ce point de la Belgique : Trifolium scrabrum et subterraneum, Bupleurum tenuissimum, Petroselinum segetum, Torilis nodosa, Carduus tenuiflorus, Helminthia echioides, Thesium humifusum, et Scirpus Holoschaenus, qui ne pĂ©nètrent pas dans l'intĂ©rieur du pays. Ammophila arenaria, Festuca arenaria, Agropyrum junceum, acutum et littorale, Elymus arenarius, Carex arenaria, association de GraminĂ©es et de CypĂ©racĂ©es, Ă  laquelle vient se joindre une autre association d'espèces des endroits salĂ©s : Salicornia herbacea, Suoeda maritima, Blitum rubrum, Halimus portulacoides, Armeria maritima, Statice timonium, Glaux maritima, Aster Tripolium, Plantago maritima, Trigloehin palustre. 

b. La zone poldĂ©rienne, longeant le littoral sur environ 10 km de large, est formĂ©e d'alluvions' argileuses dĂ©posĂ©es depuis un temps relativement court. Aussi ne trouve-t-on dans cette zone qu'une vĂ©gĂ©tation immigrĂ©e, dont les principaux types proviennent soit de la zone maritime, Ă  laquelle elle est Ă©troitement unie, soit de la troisième zone campinienne. Elle n'offre donc qu'un caractère mixte ou de transition, qui tend Ă  s'accentuer chaque jour davantage, par suite de la diminution de la salure du sol et des cultures dont est recouverte cette riche contrĂ©e agricole. 

c. La zone campinienne s'étend depuis la précédente jusqu'à l'Ouest de l'Escaut et au Sud de la Dyle, suivant une ligne qui coupe la Belgique de l'Ouest à l'Est, de Dixmude à Maestricht. Elle est tout entière formée de plaines basses siliceuses et présente, dans les Campines anversoises, des landes entrecoupées de marécages et de tourbières Sa végétation, par suite de cette constitution, est éminemment silicicole et hygrophile. Elle a pour caractère important d'être composée de types spécifiques peu variés, mais très riches en individus, groupés parfois en associations étendues. Les espèces caractéristiques de cette zone, au nombre d'environ 29, se décomposent en 27 vivaces; 3 annuelles et 25 hygrophiles. Les Drosera anglica, Subularia aquatica, Lathyrus palustris, Lysimachia thyrsiflora, Utricularia intermedia, sont propres à cette zone. Les végétaux arborescents y sont peu abondants et réunis en forêts peu considérables.

2° Région moyenne.
Elle a pour limite Sud-Est une ligne qui va, de Marienbourg Ă  Verviers, en s'inflĂ©chissant vers le Sud-Est, et se subdivise en deux zones. 

a. La zone argilo-sablonneuse est formée tout entière par le limon hesbayen et sa surface offre des ondulations ne dépassant pas 100 m de hauteur. Le fond de sa végétation est un nombre assez grand d'espèces ubiquistes, auxquelles se joignent certaines espèces des zones voisines. Les types les plus caractéristiques sont : Geranium phaeum, Herniaria hirsuta, Lathraea clandestina, Pulmonaria officinalis, Gagea spathacea, Endymion nutans, Carex strigosa. Les forêts y occupent d'assez vastes emplacements et témoignent d'une végétation ancienne plus riche.

b. La zone calcareuse est plus accidentée et constitue des sortes de terrasses s'appuyant à l'Est contre les Ardennes. Grâce à la présence, dans cette zone, de terrains divers, d'affleurements de calcaires et de bandes quartzo-schisteuses, la végétation est formée d'un nombre d'espèces caractéristiques, bien supérieur à celui des zones précédentes. Toutes ces espèces habitent des stations sèches, elles sont xérophiles, particularité qui donne à la végétation de cette partie de la Belgique un aspect spécial. Parmi ces espèces, il est intéressant d'en signaler quatre absolument localisées: Alsine verna, Thlaspi alpestre, var., calaminare, Viola lutea et Armeria elongata, ne végétant que sur les gîtes ou haldes et calaminaires et, pour cette raison, désignées sous le nom de plantes calaminaires. Enfin une autre particularité à signaler, c'est que les espèces les plus caractéristiques de cette zone sont groupées sur la bande calcaire la plus rapprochée du massif des Ardennes. Ici les forêts sont nombreuses et formées d'essences variées. On compte environ 64 espèces caractéristiques et exclusives à cette zone.

3° Région ardennaise.
Les Ardennes, coupant du Sud-Ouest au Nord-Est la Belgique, dans le Sud-Est, forment cette région dont la flore, considérée dans son ensemble, présente un caractère silicicole et hygrophile très net. Parmi les espèces caractéristiques, au nombre d'environ 40, il convient de signaler comme propres à cette région Ranunculus platanifolius, Empetrum nigrum, Circaea intermedia, Meum athamanticum, Saxifraga caespitosa, Trientalis europaea, Digitalis ambigua, Campanula cervicaria, Hypochaeris maculata, Polygonatum verticillatum, Gymnadenia albida, Coralliorrhiza innata, Carex paucijlora, Calamagrostis arundinacea, Allosorus crispus, Asplenium viride, Aspidiuns Lonchitis, Hymenophyllum tanbridgense, Lycopodium annotinum et alpinum. Quelle que soit l'altitude de cette région, le tapis végétal conserve son caractère et ne présente pas ces différences si importantes que l'on constate dans les régions montagneuses suivant l'altitude. Enfin, sur les plateaux, dans les gorges, le long des cours d'eau, les forêts abondent encore, malgré de nombreux défrichements.

4° RĂ©gion jurassique. 
C'est la plus petite des quatre; elle comprend la pointe Sud-Est de la Belgique et elle est uniquement formée de sables, grès, calcaires ou marnes jurassiques. La végétation de cette région, malgré un certain nombre des espèces caractéristiques de la Campine et de la zone calcareuse, offre cependant un cachet spécial, grâce à la présence de Aconitum Napellus, Polygala calcarea, Orobanche epithymum, Asperula glauca, Helichrysum arenarium, Carex paradoxa, limosa et ornithopoda, Eriophorum gracile. (Paul Maury).

La faune de la Belgique.
La faune de la Belgique diffère peu de celle du Nord de la France et de l'Allemagne. Pays de plaines et de riche culture, à population nombreuse, la Belgique ne possède plus guère de grands animaux sauvages que dans la région des Ardennes, au Sud-Est, pays de forêts, de landes et de marécages incultes, beaucoup moins peuplé que le reste du territoire. C'est là que se sont réfugiés les Renards et les Sangliers, devenus rares partout ailleurs. L'Ours a complètement disparu, bien que les cavernes à ossements de la province de Liège renferment de nombreux ossements, indices de sa présence au Pléistocène. Le Chevreuil est le seul ruminant qui habite les forêts, car le Cerf est devenu très rare, même dans les Ardennes. Par contre, les Rongeurs sont assez abondants; le Lièvre et le Lapin (Lepus timidus, L. cuniculus), sont les principaux gibiers à poils. Les Campagnols (Arvicola) sont nombreux en espèces. Les petits Carnivores (Blaireau, Martre, Fouine, Putois, Belette), qui leur font la chasse, sont insuffisants à réduire leur nombre. Un petit Rongeur voisin des Rats et des Campagnols, le Hamster (Cricetus frumentarius), répandu dans toute l'Europe moyenne, a sa limite occidentale et septentrionale en Belgigue, dans la province de Liège, et ne se trouve ni dans les Ardennes, ni sur le versant français des Vosges. Les Insectivores (Hérisson, Taupe, Musaraignes) et les Chauves-Souris, ne diffèrent pas de ceux du nord de la France une espèce de ces dernières (Vespertilio dasycneme) a sa limite occidentale dans les Flandres, bien qu'elle se retrouve en Angleterre et en Italie. En résumé, 60 mammifères terrestres ont été observés en Belgique, en y comprenant 8 ou 9 espèces domestiques. Parmi ces dernières, le Boeuf, le Cheval et le Mouton sont l'objet d'un élevage considérable, auquel se prêtent les plaines de la Belgique, riche en pâturages toujours verts, grâce à son climat à la fois humide et tempéré.

Les oiseaux ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s avec soin, notamment par Schlegel et par Dubois. Ce dernier a publiĂ© un magnifique ouvrage en cinq volumes, renfermant près de 700 planches coloriĂ©es qui reprĂ©sentent les oiseaux de la Belgique avec leurs nids et leurs oeufs. La plupart des espèces sont communes Ă  ce pays, Ă  l'Allemagne, Ă  la France, et mĂŞme. Ă  l'Angleterre, car les Pays-Bas sont sur la route directe que suivent les espèces migratrices pour passer du continent dans les Ă®les Britanniques; 318 espèces ont Ă©tĂ© observĂ©es Ă  l'Ă©tat sauvage, en comptant celles qui sont simplement de passage aussi bien que celles qui nichent dans le pays ou sont sĂ©dentaires : 11 espèces sont Ă©levĂ©es en domesticitĂ©. 

Parmi les types exclusivement  marins, les Mammifères pisciforme, comptent, dans la mer du Nord, 10 Ă  12 espèces de CĂ©tacĂ©s qui frĂ©quentent les cĂ´tes de la Belgique et s'y Ă©chouent de temps en temps. Les Dauphins sont reprĂ©sentĂ©s par des types variĂ©s (Delphinus delphis, D. rostratus, D. tursio, D. orca, D. phocaena, D. melas, D. micropterus, Hyperoodon butzkopf) et le Cachalot (Physeter macrocephalus) s'y Ă©gare quelquefois. Par contre, les Baleines ne sont reprĂ©sentĂ©es que par une seule espèce, du groupe des Baleinoptères (Balaenoptera musculus ou physalus) : les Baleines franches (genre Balaena), dont deux espèces habitent l'Atlantique septentrional, ne paraissent pas s'aventurer dans la mer du Nord. Les Phoques sont reprĂ©sentĂ©s par une seule espèce (Phoca vitulina). 

Vers le NĂ©ogène, la faune de la mer du Nord, qui avait la forme d'un vaste golfe, largement ouvert vers le Nord et sans communication avec la Manche, Ă©tait beaucoup plus riche en Mammifères marins que de nos jours. De nombreux CĂ©tacĂ©s, et particulièrement des Baleines de genres variĂ©s, des Phoques (20 espèces appartenant Ă  une dizaine de genres), ont laissĂ© leurs dĂ©bris dans les sables miocènes et pliocènes du Crag d'Anvers. Ces dĂ©bris sont conservĂ©s dans le musĂ©e d'histoire naturelle de Bruxelles et ont Ă©tĂ© dĂ©crits et figurĂ©s avec le plus grand soin par Van Beneden dans les Annales publiĂ©es par cet Ă©tablissement. 

Les Reptiles sont peu nombreux, comme dans toute la zone Nord tempĂ©rĂ©e :  7 espèces seulement habitent la Belgique et 13 espèces de Batraciens se trouvent dans ce pays. Le chiffre des Poissons, portĂ© Ă  117 espèces, en y comprenant Ă  la fois les espèces d'eau douce et les espèces marines, est probablement au-dessous, de la vĂ©ritĂ© : 7 espèces sont rares ou accidentelles. Les Mollusques comptent environ 300 espèces, qui se subdivisent ainsi : 200 GastĂ©ropodes (terrestres, d'eau douce et marins), 100 Lamellibranches ou Bivalves (d'eau douce ou marins), 8 CĂ©phalopodes, 1 Brachiopode et 5 Tuniciers tous marins. Les huĂ®tres d'Ostende sont renommĂ©es; on y pĂŞche Ă©galement la morue et le hareng.

Les Arthropodes terrestres sont beaucoup plus riches en espèces. Les Insectes ont 3700 Hyménoptères, 3000 Coléoptères, 1400 Lépidoptères, 1500 Diptères, 500 Hémiptères, 239 Névroptères, 46 Orthoptères, etc. On rencontre, en outre, en Belgique, 24 Myriapodes, 300 Arachnides, et quelques Crustacés d'eau douce ou terrestres.

Les animaux marins, de l'embranchement des Arthropodes, sont représentés sur les côtes de la Belgique par une centaine de Crustacés. Les autres types marins inférieurs sont représentés par des Annélides (Chétopodes), 30 Bryozoaires, 3 Holothuries, 7 Oursins, 5 Etoiles de mer, 4 Cténophores, 7 Méduses, 50 Hydroïdes (Campanulaires) environ, 8 Actinies, 3 Alcyonnaires et 3 Eponges fibreuses. On sait que tous ces types inférieurs appartenant à l'embranchement des Coelentérés sont assez rares dans les mers tempérées qui baignent le centre et le nord de l'Europe. (E. Trouessart).
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Bruxelles : le Manneken Pis.
Le Manneken Pis, Ă  Bruxelles (vers 1900).

Géographie humaine de la Belgique

Démographie.
La Belgique compte environ 11,8 millions d'habitants (chiffre variable selon les estimations récentes), concentrés sur un territoire relativement petit, ce qui en fait l'un des pays les plus densément peuplés d'Europe. La population est inégalement répartie. La Flandre, au nord, est la région la plus peuplée et la plus densément habitée, suivie de la Wallonie, au sud, dont la densité est plus faible sauf dans les zones urbaines et l'ancien sillon industriel. Bruxelles-Capitale, bien que la plus petite région, est la ville la plus peuplée et la plus dense.

La croissance démographique est principalement tirée par l'immigration internationale. Le solde naturel (naissances moins décès) est modéré, voire légèrement négatif certaines années en Wallonie. Comme dans de nombreux pays occidentaux, la population belge vieillit, avec une proportion croissante de personnes âgées et une diminution relative des jeunes. Cette tendance a des implications significatives pour le système de santé, les pensions et le marché du travail.

Le pays a une longue histoire de migration. Après la Seconde Guerre mondiale, il a  accueilli des vagues d'immigration pour rĂ©pondre aux besoins de main-d'oeuvre, notamment dans les mines et l'industrie (Italiens, Espagnols, Grecs, MaghrĂ©bins, Turcs). Plus rĂ©cemment, l'immigration provient de l'Union europĂ©enne (en particulier des pays d'Europe de l'Est) et d'autres rĂ©gions du monde, attirĂ©e par l'Ă©conomie, les Ă©tudes ou la protection internationale. Cette immigration a conduit Ă  une grande diversitĂ© culturelle, particulièrement visible dans les grandes villes comme Bruxelles, Anvers et Liège. La population d'origine Ă©trangère ou nĂ©e Ă  l'Ă©tranger reprĂ©sente une part importante de la population totale, et influence la composition linguistique, les pratiques culturelles et les dynamiques sociales.

La Belgique est divisée par des lignes linguistiques : néerlandophone en Flandre, francophone en Wallonie, avec une petite minorité germanophone dans l'est de la Wallonie, et la région bilingue de Bruxelles-Capitale, enclavée en Flandre mais majoritairement francophone. Cette division se traduit par l'existence de trois Communautés (flamande, française, germanophone) responsables des matières liées aux personnes (culture, enseignement, santé, aide aux personnes) et de trois Régions (flamande, wallonne, Bruxelles-Capitale) compétentes pour les matières territoriales (économie, emploi, environnement, travaux publics).

Les institutions, des partis politiques aux syndicats, en passant par les médias, l'enseignement et les associations culturelles, sont souvent structurées le long des lignes communautaires. Cela façonne les identités collectives : on se sent souvent d'abord Flamand, Wallon ou Bruxellois, et ensuite Belge, l'intensité de ce sentiment variant considérablement selon les individus et les régions. La "pilarisation" (verzuiling), bien que moins rigide qu'auparavant, a historiquement organisé la société en réseaux verticaux (catholique, laïque/socialiste, libéral), et structuré la vie sociale de la naissance à la mort autour d'affiliations idéologiques, un modèle qui a fortement marqué la sociologie belge.

La diversité culturelle due à l'immigration s'ajoute à cette complexité. L'intégration sociale et culturelle des populations immigrées est un enjeu majeur. Elle se manifeste différemment selon les villes et les régions, et donne lieu à des débats sur le multiculturalisme, la laïcité et la cohésion sociale. Les quartiers urbains sont souvent des microcosmes de cette diversité, où coexistent de multiples nationalités et langues, donnant lieu à des interactions sociales riches mais parfois aussi à des tensions ou des phénomènes de ségrégation spatiale.

La Belgique, comme d'autres pays européens, connaît des inégalités basées sur le revenu, l'éducation et l'origine sociale ou ethnique. Le déclin des industries lourdes en Wallonie a eu des conséquences sociales importantes, générant du chômage et nécessitant des reconversions, tandis que la Flandre a connu un développement économique plus dynamique, bien que des poches de pauvreté existent aussi. Le système éducatif, géré par les Communautés, est à la fois un vecteur de mobilité sociale et, selon certaines analyses, un facteur de reproduction des inégalités, avec des disparités de performances entre établissements et un impact significatif de l'origine sociale sur la réussite scolaire.

Le système de sĂ©curitĂ© sociale, historiquement gĂ©nĂ©reux et fondĂ© sur des compromis sociaux, joue un rĂ´le crucial dans la redistribution des richesses et la protection sociale, bien qu'il soit confrontĂ© Ă  des dĂ©fis structurels liĂ©s au vieillissement et aux Ă©volutions du marchĂ© du travail. 

Quelques-unes des principales villes de la Belgique

• Bruxelles (région de Bruxelles-Capitale). - Environ 1,2 million d'habitants (agglomération). Capitale de la Belgique, Bruxelles est également le siège de nombreuses institutions internationales, notamment l'Union européenne et l'OTAN. C'est un centre politique, économique et culturel majeur. Son patrimoine architectural inclut la Grand-Place, le Manneken-Pis et l'Atomium. Bruxelles est une ville multilingue (français, néerlandais, anglais) avec une scène artistique et gastronomique florissante, notamment réputée pour son chocolat et ses bières.

• Anvers (Antwerpen) (région flamande, province d'Anvers).- Environ 530 000 habitants. Deuxième plus grande ville du pays, Anvers est un important centre économique, notamment grâce à son port, le deuxième plus grand d'Europe. La ville est un pôle dans les domaines du commerce de diamants, de la mode et de la logistique. Anvers est également célèbre pour son patrimoine architectural, ses musées (comme le Musée Royal des Beaux-Arts) et sa scène artistique contemporaine.

• Gand (Gent) (région flamande, province de Flandre-Orientale. - Environ 265 000 habitants. Gand est une ville historique avec un riche passé médiéval, visible à travers son château des comtes de Flandre et sa cathédrale Saint-Bavon, qui abrite le célèbre Agneau mystique. Aujourd'hui, c'est un centre universitaire important, avec une vie culturelle dynamique et une scène alternative très active. Elle se démarque également par ses festivals.

• Charleroi (région wallonne, province de Hainaut). Environ 200 000 habitants. Charleroi, historiquement un centre industriel majeur (notamment pour le charbon et la métallurgie), est en pleine transformation après une période de déclin industriel. Aujourd'hui, elle se réinvente avec des projets de rénovation urbaine et un accent mis sur les industries créatives et technologiques. Charleroi possède également un aéroport international en pleine expansion.

• Liège (rĂ©gion wallonne, province de Liège). - Environ 195 000 habitants. Liège est un autre ancien centre industriel de la Belgique, notamment dans les secteurs de la sidĂ©rurgie et de l'armement. SituĂ©e près des frontières avec l'Allemagne et les 

Pays-Bas, Liège est un centre universitaire et culturel important. La ville abrite également l'un des principaux ports intérieurs d'Europe sur la Meuse, ainsi qu'une gare futuriste, la gare des Guillemins, conçue par Santiago Calatrava.

• Bruges (Brugge) (région flamande, province de Flandre-Occidentale). - Environ 120 000 habitants. Bruges est parfois surnommée la Venise du Nord en raison de ses canaux et de son centre médiéval bien préservé, classé au patrimoine mondial de l'Unesco. C'est une des destinations touristiques les plus populaires de Belgique. La ville se recommande pour son architecture gothique, ses musées d'art flamand et son artisanat local, notamment les dentelles et les chocolats.

• Namur (région wallonne, province de Namur). - Environ 110 000 habitants. Namur est la capitale de la Wallonie et un centre administratif et politique important. Située au confluent de la Sambre et de la Meuse, la ville est dominée par une impressionnante citadelle. Namur joue un rôle stratégique en tant que carrefour pour le transport fluvial et routier. La ville est également réputée pour ses festivals, son université et sa vie culturelle.

• Louvain (Leuven) (région flamande, province du Brabant flamand). - Environ 100 000 habitants. Louvain est connue pour son université, la Katholieke Universiteit Leuven (KU Leuven), l'une des plus anciennes et des plus prestigieuses d'Europe. La ville a une atmosphère étudiante animée, avec de nombreux bars, restaurants et événements culturels. Elle est également le siège de la brasserie AB InBev, l'un des plus grands producteurs de bière au monde.

• Mons (région wallonne, province de Hainaut). - Population : Environ 95 000 habitants. Capitale culturelle européenne en 2015, Mons est une ville historique avec un patrimoine architectural remarquable, comme la collégiale Sainte-Waudru et le beffroi classé par l'Unesco. Mons est également un centre universitaire et abrite un nombre croissant d'entreprises technologiques, notamment dans le parc scientifique.

• Hasselt (région flamande, province du Limbourg). - Environ 80 000 habitants. Hasselt est la capitale de la province du Limbourg et un centre commercial et administratif. La ville est connue pour sa production de genièvre, une eau-de-vie locale, et ses jardins japonais. Hasselt offre également une vie culturelle active avec des musées, des festivals et une scène musicale contemporaine.

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Culture.
Loin d'ĂŞtre monolithique, la culture belge se caractĂ©rise par sa diversitĂ© et la coexistence, parfois harmonieuse, parfois tendue, de diffĂ©rentes identitĂ©s rĂ©gionales et linguistiques. Au coeur de cette complexitĂ© rĂ©side la rĂ©alitĂ© linguistique. On l'a dit, le pays compte trois langues officielles : le nĂ©erlandais, parlĂ© principalement en Flandre (la rĂ©gion septentrionale) ; le français, parlĂ© en Wallonie (la rĂ©gion mĂ©ridionale); et l'allemand, parlĂ© dans une petite population Ă  l'est du pays. Bruxelles, la capitale, est officiellement bilingue français-nĂ©erlandais, bien que majoritairement francophone dans la pratique quotidienne. Cette division linguistique n'est pas qu'une affaire de langue; elle sous-tend des identitĂ©s culturelles distinctes, des mĂ©dias sĂ©parĂ©s, des institutions politiques spĂ©cifiques et des sensibilitĂ©s diffĂ©rentes. Comprendre la Belgique, c'est d'abord apprĂ©hender cette multiplicitĂ© flamande, wallonne et bruxelloise, chacune avec ses particularitĂ©s, ses traditions et son histoire propre. 
La vie sociale et politique est marquée par la nécessité constante de dialogue et de compromis entre les différentes communautés. Cette recherche de consensus, bien qu'elle puisse parfois sembler lente et complexe vue de l'extérieur, est une caractéristique intrinsèque du fonctionnement belge. Les Belges ont appris à vivre avec leurs différences, développant une culture de la négociation et une certaine résilience face à la complexité.

Certains éléments culturels transcendent toutefois les frontières linguistiques et régionales et sont internationalement reconnus comme typiquement "belges". La gastronomie en est sans doute l'exemple le plus frappant. Qui ne connaît pas les frites belges, servies avec une variété impressionnante de sauces et souvent dégustées dans un cornet en papier? La culture de la frite est une institution, un art culinaire simple mais perfectionné. Parallèlement, le chocolat belge jouit d'une réputation mondiale pour sa qualité supérieure, son savoir-faire artisanal et ses nombreuses variétés, des pralines fondantes aux tablettes les plus fines. La bière belge est une autre fierté nationale, reconnue par l'Unesco comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Le pays compte des centaines de brasseries et des milliers de sortes de bières, allant des trappistes brassées dans les abbayes aux bières lambics fermentées spontanément, en passant par toute la déclinaison des blondes, des brunes, des ambrées, chacune avec ses arômes et son histoire. Cette culture de la bière s'incarne dans les nombreux cafés et estaminets, véritables lieux de vie sociale. Les gaufres, qu'elles soient de Liège (plus sucrées et caramélisées) ou de Bruxelles (plus légères et aérées), sont également des douceurs emblématiques.

Au-delĂ  des plaisirs de la table, la Belgique a une riche tradition artistique et crĂ©ative. Le pays est une terre de bande dessinĂ©e, considĂ©rĂ©e comme le neuvième art. Des personnages universellement connus comme Tintin et Milou, Spirou et Fantasio, les Schtroumpfs, Lucky Luke ou Gaston Lagaffe sont nĂ©s de l'imagination d'auteurs belges. 

L'École belge de bande dessinée est avant tout une tradition, un style et une histoire riche qui s'est développée principalement en Belgique après la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit d'un ensemble d'auteurs, de styles et de maisons d'édition qui ont marqué durablement le Neuvième Art à l'échelle mondiale. Cette effervescence a trouvé son berceau dans les grands magazines hebdomadaires destinés à la jeunesse de l'époque, notamment le Journal de Tintin (lancé en 1946 par les Éditions du Lombard) et le Journal de Spirou (existant depuis 1938, publié par Dupuis). Ces deux piliers ont polarisé et nourri les talents, donnant naissance à des styles distincts mais complémentaires qui constituent l'essence de l'École belge. D'un côté, on trouve la célèbre Ligne claire, dont Hergé, le créateur de Tintin, est le chef de file incontesté. Ce style se caractérise par un trait précis, des contours nets sans hachures, une colorisation en aplats, un souci du détail réaliste même dans les décors les plus fantastiques, et une narration claire et efficace, généralement axée sur l'aventure, le mystère ou l'exploration. Des auteurs comme Edgar P. Jacobs (Blake et Mortimer), Willy Vandersteen (Bob et Bobette) ou Jacques Martin (Alix) sont d'autres figures majeures associées à cette esthétique. De l'autre côté, l'École de Marcinelle, liée aux Éditions Dupuis et au Journal de Spirou, incarne une approche plus souple, dynamique et souvent centrée sur l'humour. Ce style, porté par des génies comme André Franquin (Spirou et Fantasio, Gaston Lagaffe), Morris (Lucky Luke) ou Peyo (Les Schtroumpfs, Johan et Pirlouit), privilégie le mouvement, l'expressivité des personnages, les formes plus rondes et cartoon, et excelle dans le gag et la comédie. Y sont également associés des auteurs comme Jijé, Will ou Tillieux. Au-delà de ces deux grandes tendances, l'École belge a aussi exploré des voies semi-réalistes ou humoristiques variées avec des auteurs comme Raymond Macherot ou Paul Deliège. Cette richesse stylistique et thématique (aventure, humour, fantastique, historique) a permis à la bande dessinée belge de s'exporter massivement et d'acquérir une reconnaissance internationale. L'influence de ces maîtres a été immense sur les générations suivantes d'auteurs, en Belgique et ailleurs, faisant de cette tradition l'un des piliers majeurs de l'histoire de la bande dessinée franco-belge et mondiale.
L'art pictural a également laissé une empreinte majeure, des primitifs flamands comme Van Eyck ou Memling à la Renaissance avec Brueghel, en passant par les surréalistes Magritte et Ensor, dont l'oeuvre, volontiers teintée d'étrangeté et d'absurdité, semble parfois refléter l'âme complexe du pays. L'Art Nouveau a trouvé en Belgique un terreau fertile, notamment à Bruxelles avec l'architecte Victor Horta. Dans le domaine littéraire, la Belgique a vu naître des auteurs majeurs, écrivant en français (Simenon, Nothomb, Michaux) ou en néerlandais (Claus, Hertmans), qui témoignent encore une fois de la dualité culturelle.

L'humour belge est souvent teinté d'absurdité, de surréalisme et peut-être d'une manière de prendre du recul face à la complexité du réel. La convivialité est une valeur importante, se manifestant dans l'attachement aux cafés, aux réunions familiales et aux célébrations locales, comme les carnavals (dont celui de Binche, reconnu par l'Unesco).

Le Carnaval de Binche est l'un des Ă©vĂ©nements folkloriques les plus cĂ©lèbres de Belgique, reconnu internationalement et inscrit au Patrimoine culturel immatĂ©riel de l'HumanitĂ© par l'Unesco depuis 2003. Il se dĂ©roule chaque annĂ©e dans la petite ville wallonne de Binche, principalement durant les "jours gras", les trois jours prĂ©cĂ©dant le Mercredi des Cendres : le Dimanche Gras, le Lundi Gras et surtout le Mardi Gras, jour culminant. Bien que les festivitĂ©s commencent bien plus tĂ´t avec des rĂ©pĂ©titions et des sorties prĂ©-carnavalesques, la pĂ©riode intense se concentre sur ces trois jours. Le Dimanche Gras est marquĂ© par les sorties des diffĂ©rentes "SociĂ©tĂ©s" de Carnaval dĂ©guisĂ©es selon des thèmes variĂ©s, et le matin, la première sortie des Gilles avec leur masque de cire traditionnel. Le Lundi Gras est la journĂ©e des jeunes, avec des joutes, des rondeaux et le Bal des Enfants. Le Mardi Gras est sans conteste le jour le plus emblĂ©matique. C'est le grand jour des Gilles. Ces personnages, exclusivement des hommes de Binche, portent un costume traditionnel très Ă©laborĂ© : un pantalon et une blouse de lin blanc ornĂ©s de motifs hĂ©raldiques (lions, couronnes, Ă©toiles, etc.) en feutrine noire, jaune et rouge, une ceinture de laine et grelots, et des sabots. TĂ´t le matin, ils sortent en portant le masque de cire. Plus tard dans la journĂ©e, ils revĂŞtent l'impressionnant chapeau ornĂ© de plumes d'autruche, qui pèse plusieurs kilos et coĂ»te très cher. AccompagnĂ©s par les tambours et les fifres des musiciens, les Gilles (ainsi que les autres personnages traditionnels comme les Paysans, les Arlequins et les Pierrots) dĂ©filent dans les rues. Une tradition très connue du Mardi Gras est le lancer d'oranges sanguines par les Gilles Ă  la foule. Ce geste symbolise le don et la gĂ©nĂ©rositĂ© et porte bonheur, mais il est de coutume de ne pas rendre l'orange. L'après-midi est consacrĂ©e aux cortèges qui se terminent sur la Grand-Place oĂą les Gilles dansent. La journĂ©e se clĂ´ture par un rondeau nocturne sur la Grand-Place et un feu d'artifice. Le Carnaval de Binche n'est pas une simple fĂŞte dĂ©guisĂ©e, c'est une tradition vivante, très codifiĂ©e et empreinte de rituels prĂ©cis et de respect pour les coutumes. Les participants, en particulier les Gilles, s'y prĂ©parent longuement et la transmission de ces traditions se fait de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration au sein des familles et des sociĂ©tĂ©s. 
Economie.
L'économie belge est uneéconomie ouverte, hautement développée et orientée vers les services et le commerce international. La Belgique bénéficie d'une position géographique stratégique et d'infrastructures logistiques de premier plan, notamment ses ports maritimes comme Anvers (le deuxième d'Europe) et Zeebrugge, ainsi que son réseau dense de routes, de voies ferrées et de voies navigables. Le pays est membre fondateur de l'Union européenne et joue un rôle central en tant que siège de nombreuses institutions européennes et internationales à Bruxelles, ce qui stimule considérablement le secteur des services, en particulier les services administratifs, financiers, juridiques et de conseil.

Historiquement, l'économie belge a été l'une des premières d'Europe continentale à s'industrialiser, avec des secteurs forts dans le charbon, l'acier, le textile et les constructions mécaniques. Bien que ces industries traditionnelles aient connu un déclin important depuis le milieu du XXe siècle, l'industrie conserve un rôle non négligeable, s'étant réorientée vers des secteurs de haute technologie et à plus forte valeur ajoutée. Parmi les industries clés aujourd'hui figurent l'industrie chimique et pharmaceutique (la Belgique est un acteur majeur dans ce domaine, notamment en Flandre et dans certaines régions de Wallonie), la construction automobile (assemblage), l'agroalimentaire, la fabrication de machines et d'équipements, la transformation de métaux et, de manière plus spécifique à Anvers, le commerce et la transformation de diamants.

Cependant, le secteur des services constitue de loin la part la plus importante du produit intérieur brut (PIB) et de l'emploi. Outre les services liés aux institutions internationales et aux administrations publiques, le secteur financier et des assurances est robuste. Les services aux entreprises (conseil, ingénierie, informatique), les transports et la logistique, le commerce de gros et de détail, l'hôtellerie et la restauration, ainsi que les services de santé et sociaux contribuent également massivement à l'économie.

L'économie belge dépend fortement du commerce extérieur. En raison de sa petite taille et de son marché intérieur limité, une part très significative de sa production est exportée, et elle importe également massivement. Les exportations représentent un pourcentage élevé du PIB, plaçant la Belgique parmi les pays les plus ouverts au monde sur le plan commercial. Ses principaux partenaires commerciaux sont ses voisins immédiats (Allemagne, France, Pays-Bas) ainsi que le Royaume-Uni, les États-Unis et d'autres pays de l'UE. Le pays agit également comme une importante plateforme de transit et de redistribution de marchandises pour l'ensemble de l'Europe.

Le marché du travail belge se caractérise par un taux d'activité relativement élevé mais aussi par un taux de chômage structurel persistant, bien que celui-ci varie considérablement selon les régions. Le coût du travail est traditionnellement élevé, en partie en raison du système d'indexation automatique des salaires, ce qui peut peser sur la compétitivité des entreprises, même si des mesures ont été prises pour modérer cette rigidité. La population active est globalement bien formée, mais le pays fait face aux défis du vieillissement de la population et de l'adaptation des compétences aux évolutions technologiques et numériques.

Une caractéristique fondamentale de l'économie belge est sa forte dimension régionale. La structure fédérale du pays implique que les trois régions (Flandre, Wallonie, Bruxelles-Capitale) ont des compétences économiques importantes et présentent des profils distincts. La Flandre, traditionnellement plus orientée vers le commerce et l'industrie légère, est aujourd'hui le moteur économique principal, forte de ses ports (Anvers), de sa concentration d'industries chimiques et pharmaceutiques, de logistique et de services à forte valeur ajoutée, et d'un dynamisme entrepreneurial supérieur. La Wallonie, héritière du lourd passé industriel (mines, sidérurgie), est confrontée à des défis de reconversion et de restructuration, même si de nouveaux pôles de compétitivité émergent dans les secteurs comme la biotechnologie (surtout dans le sud), l'aéronautique et la logistique (autour de Liège). La Région de Bruxelles-Capitale, bien que petite en taille, est un centre économique majeur dominé par les services, les administrations, les sièges d'entreprises et les institutions internationales; elle concentre richesse mais aussi un taux de chômage et des inégalités socio-économiques plus élevés. Cette complexité régionale se reflète dans les politiques économiques, qui sont souvent coordonnées, mais peuvent aussi différer significativement entre les entités fédérées.

Parmi les défis auxquels l'économie belge est confrontée figurent le maintien de la compétitivité face aux économies émergentes et aux autres pays développés, la gestion de la dette publique qui reste élevée, le financement du vieillissement de la population et du système de sécurité sociale, la réduction du chômage structurel (particulièrement chez les jeunes et dans certaines catégories de population), l'adaptation aux exigences de la transition énergétique et écologique, et la simplification de l'environnement réglementaire pour les entreprises.


- Edmond Picard, Les paysages de la Belgique, édition en ligne.
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