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Les Monotrèmes
ont depuis longtemps excité l'intérêt des zoologistes .
Ils représentent l'Australie dans ce qu'elle a de singulier. La
découverte de l'Amérique
a considérablement élargi le cadre de la zoologie, mais jamais
les naturalistes n'ont été embarrassés pour en ranger
les animaux systématiquement, leurs formes ne s'éloignant
pas de celles des animaux de l'ancien continent. Il n'en est pas de même
pour l'Australie. Les Marsupiaux nous en ont déjà fourni
un exemple, et ils ne sont pas les êtres les plus étranges
de ces contrées.
"Parmi les
animaux extraordinaires, dit Giebel les Monotrèmes sont les plus
singuliers; toutes les irrégularités que nous avons vues
chez les édentés, nous les retrouvons chez eux à un
bien plus haut degré".
Les Monotrèmes sont des mammifères;
le fait est certain, mais il a fallu des années avant qu'on eût
cette certitude. On est resté longtemps sans connaître les
glandes mammaires, et l'on admettait comme vraie la fable qu'avait inventée
celui qui découvrit ces animaux. Meckel, le premier, en 1824, vit
les mamelles de l'ornithorhynque, et
en publia la description. Avant lui on regardait ces organes comme des
glandes muqueuses. Le mamelon, en effet, manque chez les Monotrèmes.
Les glandes situées le long des flancs de la femelle ont de nombreux
canaux excréteurs, qui s'ouvrent à la surface de la peau,
et qui sont en partie recouverts par les poils.
Chez beaucoup de Mammifères, les mâles ont des glandes analogues
et situées à la même région; aussi les anatomistes
méconnurent ces organes jusqu'au moment où Meckel et Baer
montrèrent, le premier, que ces glandes font défaut chez
l'ornitotorhynque mâle, et le second, que les mamelles de la baleine
sont construites sur le même type. Plus tard, en 1832, Richard Owen
reprenant l'étude des mamelles chez les Monotrèmes, trouva
que chacune d'elles était pourvue de cent vingt ouvertures environ.
Il vit qu'elles sécrétaient réellement du lait, et
trouva de ce lait coagulé dans l'estomac des jeunes animaux. Il
arriva ainsi à ranger les Monotrèmes parmi les Mammifères.
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Un
Ornithorhynque.
Lorsqu'on jette un simple coup d'oeil sur
un ornithorhynque ou sur un échidné,
on se demande naturellement à quelle classe il appartient; il ne
faut donc pas s'étonner, que les premières peaux importées
en Angleterre
aient été attribuées à l'imagination d'un charlatan.
On voyait là une peau de taupe, avec un bec de canard, et l'on fut
obligé de s'habituer, presque avec répugnance, à l'idée
que pareil animal fabuleux pouvait exister. L'échidné, découvert
plus tard, en 1824, causa moins d'étonnement: on connaissait déjà
l'ornithorhynque, et l'on trouva facilement chez lui ce que l'on avait
cherché si péniblement chez celui-ci.
En résumé, on serait tenté
de dire que les Monotrèmes, à force de singularités,
n'ont des mammifères que la peau : l'ornithorhynque le pelage, l'échidné
les piquants; ils s'en distinguent essentiellement par tous les autres
caractères. Un bec, corné comme celui du canard, remplace
chez eux la bouche, et les organes génito-urinaires débouchent
dans un cloaque. Nous retrouvons cette disposition
chez les oiseaux, mais ils s'éloignent
complétement de ceux-ci par leurs formes et par le squelette. Le
bec corné, le cloaque, la clavicule
double se trouvent aussi chez les tortues, et
leur caractère d'animaux représentant un stade archaïque
d'évolution n'en est que plus évident. Ils se rapprochent
des marsupiaux par la conformation des os du bassin,
et, comme eux, ils mettent bas des embryons,
mais ils n'ont pas de bourse marsupiale et ne portent pas leurs petits
avec eux. (A.E. Brehm). |
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