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La Terre > Les parties de la Terre |
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Les mers
et les océans sont les grandes masses d'eau salée
qui recouvrent les deux-tiers de la surface du globe
terrestre. Le mot mer reçoit, dans le langage géographique,
deux acceptions différentes. Dans son sens le plus général,
il désigne, par opposition aux masses continentales, à la
terre
ferme, l'ensemble des eaux salées du globe. Dans un sens plus
restreint, il arrive parfois que l'on oppose les termes de mer et
d'océan, en appliquant ce dernier terme aux grands espaces
maritimes dont la constitution est ou paraît sensiblement uniforme,
tandis que l'expression de mer est réservée à celles
des parties du domaine maritime général, à qui leurs
limites géographiques précises, ou certaines particularités
de leur régime (marées,
courants),
constituent une sorte d'individualité. Ainsi, l'Atlantique
ou le Pacifique sont des océans;
la Méditerranée, la Manche,
la Baltique, etc., sont des mers. Parfois
le terme de golfe est utilisé concurremment
à celui de mer. Par exemple, la mer de Cortez reçoit aussi
le nom de Golfe de Californie, et le
Golfe
Persique (ou Arabo-Persique) et tout à fait l'équivalent
de la Mer Rouge : seul l'usage à imposé le choix de la dénomination.
On désigne parfois, dans la terminologie géographique, sous le nom de mers secondaires celles de ces entités dont le régime général est étroitement lié à celui de l'océan ou même de la plus grande mer voisine, dont ils sont une dépendance et comme une province : ainsi, la mer des Caraïbes par rapport à l'Océan Atlantique, l'Adriatique par rapport à la Méditerranée. Le terme de mer bordière est appliqué souvent à celles de ces mers, généralement peu profondes, qui couvrent, à la lisière des terres, une partie du socle continental (Manche, mer du Nord, par exemple). Enfin, l'expression de méditerranée sert à désigner les mers qui n'ont avec le reste des océans qu'une communication précaire (détroit), et jouissent en conséquence d'une grande indépendance de régime : ainsi la mer Méditerranée, la mer Rouge, etc. Répartition
des mers.
qui complètent cette nomenclature maritime. Relief
sous-marin
Notons d'abord ce fait, que, dans le relief sous-marin comme dans le relief terrestre, les dénivellations extrêmes constatées, au-dessus de 8000 mètres, sont tout à fait exceptionnelles, et constituent des fosses locales : 8600 mètres dans la dépression du Tuscarora, sur la côte orientale de l'archipel sibérien; 9400 mètres aux abords des îles Tonga, dans l'Océan Pacifique; 11.000 m dans la fosse des Mariannes, sont les fonds les plus considérables que l'on ait été amené à constater. La moyenne des grandes profondeurs marines oscille entre 3000 et 4500 mètres, et la valeur de la dépression moyenne correspond à 3800 mètres, l'Océan Pacifique, l'Océan Indien et l'Océan Atlantique venant dans cet ordre dans la croissance des profondeurs moyennes. En second lieu, il faut signaler comme la coïncidence des grandes fosses avec les lignes principales de relief du globe, telles qu'elles sont marquées par les chaînes de montagnes de structure récente. C'est une conséquence de l'interaction de deux plaques tectoniques, l'une s'enfonçant sous l'autre (zone de subduction) : une fosse se forme en bordure de la première, tandis que la seconde se trouve surélevée à sa bordure et, les déformations qui s'ensuivent aidant, explique la formation de la chaîne de montagnes constatée. Processus accompagné d'une forte activité sismique et de phénomènes volcaniques divers. Cette situation se rencontre, par exemple, dans le Pacifique nord, par l'existence de la Fosse du Tuscarora sur le rebord des chaînes de soulèvement qui bordent l'Asie orientale et, mieux encore, par la continuité de cette dépression de près de 4000 mètres en moyenne qui forme comme un fossé profond au pied des hautes montagnes des rivages occidentaux de l'Amérique. Dans les régions, au contraire,
où le relief continental ancien est depuis longtemps établi
et stable, la mer apparaît souvent comme une mince nappe couvrant
une sorte de pénéplaine : le plateau continental,
qui n'est que la partie immergé de la lithosphère continentale.
Ainsi les mers bordières de l'Europe occidentale,
Manche, mer du Nord, Baltique. Enfin, on
se souviendra que, dans la répartition générale des
profondeurs, les dépressions inférieures à 2000 mètres
n'occupent qu'un cinquième environ de la superficie totale des mers;
les zones de dépression entre 3000 et 5000 mètres représentent
plus de la moitié des fonds marins.
Température.
La vie sous-marine dans les eaux chaudes du Pacifique (Bora-Bora). Source : The World Factbook. Vers le fond règnent les températures voisines de 0 °C. La raison de ce fait doit être cherchée dans l'afflux constant des eaux polaires destinées à compenser l'évaporation superficielle, afflux qui s'effectue par le fond et qui est surtout intense dans l'hémisphère sud, où il n"existe aucune barrière géographique entre les eaux de l'Océan Pacifique et celles de l'Océan Austral. Dans les mers fermées, ou seulement faiblement ouvertes, où cette circulation par les grands fonds ne peut avoir lieu, le refroidissement ne s'effectue pas, et la température abyssale reste celle du mois le plus froid à la surface : dans la Mer Méditerranée, au-dessous de la couche, profonde de 250 à 300 mètres, que le soleil échauffe constamment, la température reste à peu près constante, comprise entre 13,6 °C et 13,5 °C, au fond, précisément la température des eaux de l'Océan à la profondeur de 365 mètres, qui est celle du détroit de Gibraltar, par où se produit dans la Méditerranée l'afflux d'eau froide. Le même phénomène peut d'ailleurs se présenter dans des mers libres à la surface, mais dont les cuvettes profondes sont isolées par des bourrelets sous-marins, comme tel est, par exemple, le cas pour la mer de Banda (Indonésie). Salinité
et densité.
La densité et la salinité diminuent, dans une proportion d'ailleurs assez faible, à mesure que l'on s'élève en latitude, exception faite pour les régions marines parcourues par des courants chauds; mais les différences deviennent plus notables, si l'on pénètre dans les bassins maritimes relativement fermés. La Mer Rouge, par exemple, sous son ciel de feu, privée d'eaux douces qui lui pourraient venir des fleuves, garde une salure uniformément forte; même phénomène, quoique à un moindre degré, pour la Mer Méditerranée. Par contre, la Mer Noire, alimentée en eaux douces par les grands fleuves de l'Ukraine et de la Russie méridionale, voit sa salinité considérablement diminuée, et certaines parties de la Mer Baltique, telles que le golfe de Finlande, présentent de larges zones d'eau à peine saumâtre. De tous les phénomènes auxquels les différences de salinité donnent lieu, le plus intéressant est assurément celui que présentent les eaux de la Mer Morte (en fait un lac), chargées de sels divers concentrés au point de les rendre impropres à la vie (à l'exception de certaines bactéries), et d'une densité telle (1,28 environ) qu'il est à peu près impossible à un humain de s'y noyer : il est vrai que nous sommes en présence, ici, du résidu, en quelque sorte, d'un bassin maritime jadis plus large. Dynamique.
Ici encore, des différences tout
à fait notables se présentent dans la marche et l'intensité
du phénomène, dont l'amplitude, normale dans les larges zones
océaniques, très atténuée ou à peu près
nulle dans les bassins presque fermés tels que la Méditerranée
ou la Baltique, devient tout à coup considérable dans les
seuils étroits ou peu profonds, tels que le Pas de Calais ou la
Manche.
Les mers ont un rôle de distributrices, par l'intermédiaire des vents, des courants, de l'humidité et de la chaleur, et jouent également un rôle dans l'établissement des différents régimes climatiques. Quant à leur rôle dans le modelé des contours des continents, on en trouvera l'exposé aux mots côte, dune, etc. Rappelons seulement que l'action des mers, à ce point de vue, pour être énergique et souvent bruyante (démantèlement des falaises, destruction de côtes rocheuses, etc.), n'en est pas moins le plus souvent locale, et d'ailleurs compensée dans la plupart des cas par un travail concomitant de transport et de sédimentation. En France, les golfes anciens de la Flandre ont été comblés avec les matériaux enlevés aux falaises de la Normandie. Et, si l'on peut citer des exemples remarquables d'une érosion marine continue amenant des modifications notables dans la répartition des terres (ainsi la destruction du seuil primaire entre la Bretagne et le Pays de Galles, le creusement du Pas de Calais, etc.), il n'y a aucun parallèle à établir, au point de vue de l'efficacité réelle, entre l'érosion marine et celle des eaux de ruissellement ou des courants fluviaux. (NLI). Flore marineAu point de vue des formes végétales, la variété n'est pas grande. Deux catégories principales de plantes contribuent à former la flore marine, ce sont les herbes marines, au nombre de quelques dizaines d'espèces seulement, et les Algues. Les herbes se rapportent à deux familles de Monocotylédones, les Hydrocharitines et les Potamées ou Naïadinées. La plupart de ces plantes présentent des feuilles minces semblable à celles des Graminées et généralement pourvues de grandes gaines comme dans le Zostera marina du Nord de l'Europe, et de plus, comme cette espèce, possèdent de fortes rhizomes qui rampent sur le fond de l'eau. Seuls les Posidonia et Phyllospadix s'éloignent de ces formes. Le rhizome du Posidonia oceanica, répandu dans la Méditerranée, forme par ses nombreuses ramifications, un feutrage serré fortement adhérent aux fonds rocheux. Les Cymodoce isoetifolia et C. manatorum se distinguent également pur leurs feuilles cylindriques qui les font ressembler à des Joncs plutôt qu'à des Graminées; il en est de même de celles des Halophila, ovoïdes ou allongées, à pétiole long atténué vers la base. Ces herbes marines existent dans toutes les mers, sauf dans les régions polaires; elles affectionnent les fonds vaseux et sablonneux et le long des côtes peuvent découvrir à marée basse. Souvent des Algues viennent se fixer sur leurs feuilles.Les Algues marines et les Varechs sont bien plus nombreux et se répartissent dans les Floridées ou Algues rouges, les Mélanophycées ou Algues brunes, les Chlorophycées ou Algues vertes, les Bacillariées (Diatomées). Les Diatomées ou Algues siliceuses, qui forment souvent de puissants dépôts fossiles, vivent aussi bien dans les eaux douces que dans les eaux salées, ce qui les distingue nettement des trois autres groupes. Les Floridées dominent surtout dans les mers chaudes, et si elles sont encore abondantes dans les mers froides, il n'en est pas moins vrai que les Algues brunes y jouent un rôle organique beaucoup plus considérable, témoins les immenses Laminaires répandues dans les mers du Nord de l'Europe; le Laminaria longicruris du Groenland a de 20 à 25 m de longueur; dans la mer d'Okhotsk on signale comme également très grandes les Alaria. La lumière étant indispensable à la végétation des Algues, celles-ci ne peuvent vivre que près de la surface de l'eau, au plus à 200 brasses; on a distingué trois zones principales dont la dernière s'arrête à cette profondeur et dont la description n'offrirait pas grand intérêt. Ajoutons seulement qu'il existe à de plus grandes profondeurs quelques Algues unicellulaires, munies de chlorophylle, et nageant librement dans la mer, qui ne paraissent pas redouter l'absence de lumière dans la zone obscure, comme on l'appelle quelquefois. En général les Algues se fixent aux corps solides, principalement aux côtes rocheuses, ou encore aux feuilles des grandes herbes marines, et par ce dernier moyen arrivent à envahir et à fixer des vases et des sables mouvants ou elles n'auraient pu s'implanter directement. Ainsi le Posidonia oceanica et le Phucagrostris minor ont fixé des sables de la Méditerranée et le Caulerpa prolifera a pu former de véritables prairies sur des fonds vaseux. Les Algues siliceuses (Diatomées, Bacillariacées), unicellulaires ou réunies en colonies, nagent la plupart libre. ment en haute mer, et par l'intime association d'un petit nombre d'espèces, constituent ce qu'on appelle les formations de plancton, si importantes au point de vue de l'entretien de la vie animale. On peut rattacher au Plancton les Algues marines arrachées aux côtes lointaines et continuant à se développer en plein océan, comme les Algues de la mer des Sargasses venues des côtes des Antilles. Les saisons n'influent guère sur la végétation des Algues marines dans les mers froides; dans les régions tempérées il n'en est pas ainsi, et l'apogée de la floraison varie selon la profondeur. Quant à la répartition des familles d'Algues marines, on peut distinguer un domaine boréal, un domaine tropical et un domaine austral; le domaine boréal, qui renferme surtout les Laminaria, Alaria, Agarum, Fucus, descend en Europe jusqu'en Irlande, en France et en Espagne. Le domaine tropical dépasse beaucoup plus les tropiques au Nord et au Sud que ne le font les flores terrestres correspondantes; il comprend encore la Méditerranée et est principalement caractérisé par le grand développement des Floridées et par la variété extrême des formes des Sargassum. Enfin le domaine austral voit de nouveau prédominer les Algues brunes avec des caractères qui les différencient notablement des espèces boréales; citons entre autres les gigantesques Durvillaea, Macrocystis, etc. Ce domaine s'étend aux côtes méridionale de l'Afrique du Sud, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, de l'Amérique antarctique et des îles de ces régions. (Dr L. Hahn). Faune marineLa faune des Océans est beaucoup plus riche que la flore, car il n'est aucun point du globe ou cette faune ne soit représentée par des organismes appartenant à presque tous les groupes du règne animal depuis les Mammifères jusqu'aux Protozoaires. Cette abondance de la vie animale est remarquable par son uniformité relative : elle est à peu de chose près la même du Pôle à l'Equateur, et s'il est vrai que la faune est plus nombreuse et plus variée sur les côtes, il n'en est pas moins vrai que l'on trouve des animaux marins en grand nombre jusqu'à plusieurs milliers de kilomètres des côtes et depuis la surface jusqu'à la profondeur énorme ds 5000 à 8000 m. La nature du milieu marin, qui est dans un mouvement incessant sous l'influence des marées et des courants, fait que la distribution des animaux marins est comparable à celle des oiseaux et des insectes et non à celle des animaux terrestres ou d'eau douce. On sait que les animaux marins, même les plus sédentaires à l'âge adulte, naissent sous forme de larves nageuses qui se laissent facilement entraîner par les courants : il en résulte que la plupart des espèces ont une répartition géographique très vaste et que les régions fondées sur l'étude de cette répartition sont beaucoup plus étendues et moins bien caractérisées que celles qui se rapportent à la distribution des animaux sur les continents.Faune pélagique.
Tous les animaux pélagiques sont des types essentielment nageurs, ou tout au moins capables de flotter à la surface ou entre deux eaux, en se laissant entraîner par les courants (V. ci-après § Plancton). Les plus caractéristiques de ces animaux pélagiques sont les Cétacés (Baleines, Dauphins), un grand nombre de Poissons surtout carnivores tels que les Requins, les Daurades, les Poissons-Pilotes (Naucrates), les Poissons-Volants, les Poissons-Lunes (Lampris), les Espadons, les Maquereaux, etc.; parmi les Crustacés, les Schizopodes, les Amphipodes et les Copépodes qui vivent en troupes innombrables et constituent en grande partie la nourriture des Mammifères et des Poissons pélagiques; parmi les Tuniciers et les Mollusques, les Salpes, les Pyrosornes, tous les Ptéropodes, beaucoup de Gastéropodes (Atlanta, Janthina, Glaucus), les Céphalopodes et particulièrement les plus grands d'entre eux; parmi les Coelentérés, les Méduses, les Siphonophores, les Physalies, etc.; enfin les Radiolaires, les Foraminifères et d'autres Protozoaires microscopiques montrent la richesse de cette faune. Les insectes eux-mêmes y sont représentés par les Halobates, Hémiptères marins analogues aux Gerris des étangs et que l'on voit, dans la mer des Moluques, flotter au milieu des Méduses, à une grande distance de toute terre. A ces animaux adultes viennent se joindre, comme nous l'avons dit, les larves de la plupart des animaux qui vivent sédentaires ou fixés dans la zone littorale. Les Poissons eux-mêmes présentent dans leur jeune âge des formes larvaires adaptées à la vie pélagique et souvent très différentes de la forme adulte. Telle est la Baudroie (Lophius piscatorius), Poisson lourd et difforme, qui vit ordinairement dans la zone littorale où il attend sa proie au passage, à demi-enfoncé darts la vase. Mais au sortir de l'oeuf, la jeune Baudroie a présenté une forme beaucoup plus légère munie de larges nageoires semblables aux ailes d'un papillon, elle a mené une vie active et aventureuse au milieu de la faune pélagique. Un grand nombre de Poissons pondent leurs oeufs en pleine mer, pendant la nuit, sous forme de longs rubans gélatineux qui flottent à la surface. Ce n'est qu'au bout de quelques semaines qu'ils se rapprochent des côtes : c'est ce qui explique pourquoi les formes jeunes de certains Poissons, d'ailleurs très communs (Harengs, Sardines, etc.), sont restées si longtemps inconnues des pêcheurs et des naturalistes. D'autres représentants plus étranges de la faune pélagique sont les Leptocéphales, singuliers Poissous allongés en forme de ruban grêle et transparent, à tête très petite, à squelette cartilagineux, toujours dépourvus d'organes reproducteurs, et qui sont longtemps restés problématiques aux yeux des ichthyologistes. On sait aujourd'hui que ce sont des formes larvaires de Muraenidae (Congres, Anguilles), qui vivent à l'âge adulte sur les côtes et dans les fleuves (Grassi). La plupart des organismes pélagiques sont nocturnes, en ce sens qu'ils s'enfoncent à une profondeur variable pendant le jour et ne viennent à la surface que pendant la nuit. C'est ainsi, du moins, que les choses se passent dans la zone intertropicale, et pendant l'été, dans les régions tempérées, plus rapprochées des pôles. D'ailleurs, l'influence de la température de l'air échaudé par le soleil ne se fait sentir que dans les couches les plus superficielles de la mer; même dans la zone équatoriale où la température de la surface s'elève à 30°C, cette chaleur cesse de se faire sentir déjà entre 100 et 200 m de profondeur, suivant les localités et la pureté du ciel. Les courants froids venus des pôles et qui glissent sous cette couche surchauffée, s'y mélangeant peu à peu, contribuent à régulariser la température du milieu marin. Cette température varie très peu dans les grandes profondeurs ou elle reste toujours voisine de 0°C, ne subissant que des oscillations insignifiantes sous l'influence des saisons. Pour vivre presque constamment dans un milieu à température égale, il suffit donc aux animaux marins d'un déplacement presque insignifiant dans le sens vertical, et ce déplacement est quelquefois nécessité par le besoin de chercher la nourriture. C'est ainsi que, dans le golfe de Gascogne, on a pêché au large, par de faibles profondeurs, des Germons (Thynnus alalonga) dont l'estomac était rempli d'Amphipodes (Brachyscelus crusculum, Phrosima semiluna), qui ne viventque sur lies grands fonds, par 4000 m de profondeur. Dès qu'on se rapproche des côtes, ces Amphipodes disparaissent et les Germons n'ont plus que des poissons dans l'estomac. Plancton.
Haeckel a distingué du véritable Plancton ou Haliplancton : 1° le Necton formé par las animaux qui nagent et peuvent lutter contre le courant; 2° le Benthos (du grec profondeur) formé par les animaux qui rampent sur le fond ou s'y fixent d'une façon plus ou moins durable. C'est surtout sous forme de larves que ces deux derniers groupes contribuent à former le Plancton. Quant à la poussière organisée qui tombe dans les grandes profondeurs (au delà de 400 m), elle est presque toujours morte et constitue des dépôts stratifiés comparables aux couches fossiles : c'est ainsi que se sont formées, au fond des mers, dans la suite des temps géologiques, ces puissantes assises calcaires que l'on exploite aujourd'hui sous forme de pierre à bâtir. A ce point de vue, on peut distinguer dans la mer trois régions : 1° la zone pélagique, allant de la surface à la limite de pénétration de la lumière solaire en plein jour : elle comprend du Plancton et du Necton et se caractérise par son abondance en végétaux microscopiques; 2° la zone néritique qui va de la côte à environ 4000 m; elle comprend surtout du Benthos et sa faune est très variable suivant les localités; la zone abyssale, qui s'étend jusqu'aux grandes profondeurs, faisant suite à la précédente et qui comprend du Benthos et du Necton. C'est lorsque le Plancton, entraîné par les courants, est poussé sur les côtes, que les bancs de Sardines qui s'en nourrissent se montrent à sa suite : l'estomac de ces poissons est rempli de Péridiniens, végétaux microscopiques qui entrent pour une large part, comme nous l'avons dit, dans la composition du Plancton. Rôle des
courants marins.
Ces courants ont eu une grande influence sur la distribution géographique des organismes marins : ils permettent de se rendre compte du grand nombre d'espèces sub-cosmopolites que l'on signale dans la faune océanique; ils favorisent singulièrement les migrations périodiques que les Phoques et les Otaries , parmi les Mammifères, les Manchots, parmi les Oiseaux, accomplissent chaque année, se rapprochant du pôle pendant le court été des régions arctiques pour vaquer aux soins de la reproduction, descendant vers les régions tempérées lorsque l'hiver et le défaut de nourriture les chasse de ces régions glacées. La présence des grands continents qui barrent à l'époque actuelle la route normale du grand courant équatorial (isthme de Panama, Afrique, archipel Indonésien), le divisant en trois tronçons et le forçant à s'infléchir sur les côtes des continents, explique la distribution géographique dé certaines espèces. C'est ainsi que l'on a montré que les Otaries, originaires de l'océan Antarctique, n'ont pu pénétrer dans le Nord du Pacifique que par un seul point, qui est la mer des Moluques et le détroit de Macassar, point où le courant de Tessan fait communiquer l'Océan Indien avec le Pacifique et suit une direction favorable à cette migration : partout ailleurs le sens des courants s'y oppose. Mais si cette migration est possible pour les Otaries, animaux littoraux et qui passent à terre une partie de leur vie, elle est impossible pour certains Cétacés, notamment pour les Baleines franches (Balaena), qui craignent par-dessus tout d'échouer sur les côtes, accident qui entraîne leur perte. Aussi les espèces de ce genre sont-elles confinées dans les mers froides et tempérées des deux hémisphères. Maury a montré que les courants chauds étaient pour les Baleines comme un « cercle de feu » qui les tient éloignées de l'Equateur, de telle sorte que des espèces représentatives, mais bien distinctes, se rencontrent des deux côtés de la zone intertropicale. Les Dauphins au contraire se plaisent dans toutes les mers, sauf le Narval et le Beluga qui sont propres aux mers arctiques. Enfin, les Cachalots remplacent les Baleines dans les mers intertropicales, s'aventurant plus rarement dans les mers tempérées et fuyant avec soin les mers polaires. Le Gulf Stream est l'exemple le mieux connu d'un courant détourné de sa route naturelle par la présence d'un continent (l'Amérique centrale) : mais il est probable que sa direction actuelle ne remonte qu'à une époque relativement récente, celle de la fermeture de l'isthme de Panama, et c'est ce qui explique les rapports que l'on constate entre la faune de la mer des Caraïbes et celle du golfe de Panama dans le Pacifique. A l'époque actuelle, au contraire, ce courant établit des échanges continuels à travers l'Atlantique, entre les faunes littorales de l'ancien et du nouveau continent. Faune des Sargasses.
Les Poissons pélagiques viennent chercher pâture au milieu des Sargasses comme sur les rivages des continents : on y remarque surtout des représentants de la famille des Macruridae, remarquables par leur forme allongée, et des Pleuronectes, qui ayant perdu l'habitude de se cacher dans le sable en se couchant sur le côté, n'ont pas les deux faces dissymétriques : par contre, ils portent de longs tentacules. On est encore plus surpris de rencontrer au milieu de cette faune pélagique un représentant du genre Amphioxus (ou Branchiostoma), dont tous les autres représentants connus vivent dans la zone littorale où ils s'enfoncent profondément dans le sable. La plupart des animaux qui fréquentent les mers de Sargasse présentent un curieux mimétisme : pour échapper à la voracité des Poissons carnivores qui rôdent autour des Algues, ils revêtent la couleur brun olivâtre, formée par le mélange de taches brunes; vertes ou jaunes qui est celle de ces varechs et que l'on a nommée la « livrée des Sargasses ». Ces teintes ternes tranchent nettement avec la couleur bleue, azurée, qui revêt les animaux pélagiques et qui se montre sur l'Hippolyte ensiferus, espèce de Crevette nageuse très agile et qui est d'un bleu si intense qu'on ne la voit pas quand elle est plongée dans la mer. Les jeunes Poissons volants (Exocetus), qui se développent à l'ombre des Sargasses, commencent par revêtir cette livrée brune si caractéristique, mais dès qu'ils sont assez forts pour quitter cet abri, les taches brunes disparaissent pour faire place à la, teinte d'un bleu uniforme qui est propre aux adultes. Faune des bancs
de coraux.
Les plus remarquables de ces ennemis des Coralliaires sont les poissons des familles des Choetodontidae et des Pomacentridae qui se nourrissent principalement des polypes des Madréporaires qu'ils broutent littéralement lorsque ces animalcules s'épanouissent sur la muraille des Polypiers. Mais les fissures et les anfractuosités de cette muraille servent de refuge à une foule d'animaux marins Annélides, Crustacés, Bryozoaires, Brachiopodes, Mollusques, Echinodermes, etc. La lourde coquille des Tridacnes, les plus grands de tous les Bivalves, se voit souvent implantée sur une saillie du récif et lorsque cette coquille s'entrouvre et que le manteau de l'animal déborde, dans une eau claire et calme, on croirait voir un parterre de tulipes, tant cet organe est paré de couleurs vives et tranchées. Faune littorale.
Classification des faunes marines littorales. Günther admet 5 zones primordiales qui se subdivisent en régions et en districts de moindre importance et qui sont : I. Zone de l'océan Arctique. - II. Zone Nord tempérée avec 2 régions : A. Atlantique N. tempéré avec 3 districts: Britannique, Méditerranéen et Nord-Américain; B. Pacifique Nord tempéré, avec 3 districts : Kamtshadale, Japonais et Californien. - III. Zone équatoriale avec 3 régions: A. Atlantique tropicale; B. Indo-Pacifique tropicale; C. Pacifique américaine, celle-ci avec 3 districts: Amérique centrale, Galapagos, Péruvien. - IV. Zone Sud tempérée avec une seule région et 4 districts : Cap de Bonne-Espérance, Sud-Australien, Chilien et Patagonien. - V. Zone de l'océan Antarctique.Cette classification qui est, comme on voit, tout à fait géographique et d'une régularité qui contraste avec l'irrégularité des régions continentales, s'applique également, dans la plupart des cas, à la distribution des Mollusques, des Crustacés et des Echinodermes. En effet, les subdivisions proposées par Woodward et Fischer, par Dana et par Agassiz pour ces divers groupes, ne font que reproduire sous d'autres noms les subdivisions (districts) de Güinther. On peut en juger par la liste suivante des 18 provinces admises par Woodward, pour la distribution des Mollusques marins : 1. Arctique; 2 Boréale; 3. Celtique; 4. Lusitanienne; 5. Aralo-Caspienne; 6. Africaine occidentale; 7. Africaine australe; 8. Indo-Pacifique ; 9. Australo-Zélandaise; 10. Japonaise; 11. Aléoutienne ;12. Californienne ;13. Panamtique; 14. Péruvienne ; 15. Magellanique ou Antarctique; 16. Patagonienne; 17. Caraïbe (Antilles); 18. Transatlantique (Américaine). - On voit qu'il y a peu de choses à faire pour établir la concordance de ces 18 provinces avec les 17 districts de Günther.En raison des différences légères qui séparent les zones et les régions marines, on a proposé de les réduire à 3 zones, dont une seule, beaucoup plus importante que les autres comprendrait 3 régions. On aurait ainsi : 1° Zone Arctique froide et tempérée; 2° Zone Equatoriale avec 3 régions : A. Indo-Pacifique ; B. Atlantique; C. Américaine occidentale. 3° Zone Antarctique.I. La faune littorale Arctique, est, comme nous l'avons dit, d'une grande richesse surtout en individus, et cette abondance contraste avec la pauvreté de la faune terrestre. D'après Sars, les Mollusques marins arctiques ont plus de 250 espèces, tandis que les Insectes, partout ailleurs si nombreux, ne dépassent pas une trentaine d'espèces. Les Poissons arctiques sont de nombreuses espèces de Morues (Gadidae) qui servent à la nourriture des habitants des côtes. Les genres Cyclopterus et Liparis (famille des Cyclopteridae), sont propres à cette zone, et les Esturgeons (Accipenseridae) y passent périodiquement de la mer aux eaux douces. Les Blennoïdes (Lycodidae) sont communs aux régions Arctique et Antarctique, ainsi que les Myxines poissons vermiformes, parasites externes des Morues. II. La faune Antarctique est caractérisée par la réapparition, dans sa zone tempérée, des types arctiques qui ne se trouvent pas dans la zone équatoriale intermédiaire. L'identité des types s'étend quelquefois jusqu'aux espèces (Galeus canis, Engraulis euchrasicolus, Clupea sprattus, Conger vulgaris). Dans la zone froide, les Gadidaes sont moins nombreux que dans la région arctique. Les genres Zanclorhynchus, Choenichthys, Haspagifer, Thysanopsetta sont propres à cette zone et se trouvent sur les côtes du détroit de Magellan ou des îles Kerguelen. La grande région Indo-Pacifique, qui s'étend de la mer Rouge jusqu'aux archipels orientaux de la Polynésie, est à elle seule plus riche que toutes les autres, comme on peut s'y attendre d'après son étendue. Elle est bien caractérisée par le grand développement des Coraux madréporiques qui forment le soubassement d'un grand nombre d'îles dans l'océan Indien et le Pacifique. On compte plus de 80 genres de Poissons propres à cette région, et la plupart des espèces dans toutes les classes d'animaux marins se retrouvent identiques de la mer Rouge à l'archipel d'Hawaii. La région atlantique équatoriale a très peu de genres qui lui soient propres (Centropristis, Rhypticus, Haemulon, Malthe). Les autres se retrouvent dans le Pacifique. Les récifs coralliens n'existent que dans la région qui s'étend des Antilles à la Floride. Un certain nombre d'espèces s'étendant des mers d'Europe à l'Australie, tandis que la faune terrestre de ces deux régions est aussi dissemblable que possible. La faune de la Méditerranée n'est qu'une dépendance de celle de l'Atlantique. La région américaine occidentale (ou du golfe de Panama) est complètement dépourvue de récifs coralliens, même sous l'équateur, ce qui tient à la basse température de ses eaux sans cesse refroidies par les courants venant des pôles (courant de Humboldt dans l'hémisphère Sud, courant de Tessan sur les côtes de la Californie). L'absence des Coraux entraîne celle des Poissons qui s'en nourrissent, des Mollusques et des Crustacés qui se plaisent sur les récifs. Les genres sont bien les mêmes que dans la région Indo-Pacifique, mais les espèces sont différentes. Le district de l'Amérique Centrale (province Panamique) est remarquable par la presque identité de sa faune avec celle de la mer des Antilles et du golfe du Mexique: nous en avons déjà indiqué la cause (V. le § Rôle des courants marins). Zones ou étages
de la faune littorale.
1° la zone littorale proprement dite (zone intertidale), située entre les limites du balancement des marées, zone des Algues épaves ou arrachées du fond, que le flot pousse au rivage: c'est l'habitat des Littorina (lorsque le fond est rocheux), des Hydrobia (quand ce fond est vaseux); c'est la région subterrestre de Vaillant. 2° Zone des Laminaires, qui s'étend des plus basses marées à 27 m environ de profondeur, dite aussi « Zone des Zostères » et subdivisée en région des, Algues vertes (jusqu'à 12 et 15 m) et région des Algues rouges (jusqu'à 36 m) ; c'est là que vivent les Mollusques herbivores (Bissoa, Trochus), etc.) et l'Huître comestible. 3° Zone des Corallines (ou Algues incrustantes), entre 27 et 91 m, zone assez mal dénommée, car ces Corallines habitent déjà la zone des Laminaires; on pourrait l'appeler plus exactement Zone des grands Buccins (Buccinium, Fusus, Triton, Cassis). 4° Zone des Brachiopodes et des Coraux, entre 91 et 185 m et plus, caractérisée par la rareté ou l'absence complète de végétation fixée, la présence des Coralliaires (Oculina, Dendrophyllia), des Bryozoaires, des Alcyonnaires et des Brachiopodes). Immédiatement à la suite de cette quatrième zone commencent les zones de la faune Abyssale, car il est utile de faire remarquer que sur la pente sous-marine, plus ou moins régulière ou accidentée, qui forme le plateau continental, il n'y a pas en réalité de limite tranchée entre la faune littorale et la faune des grandes profondeurs, dont il nous reste à parler. Faune Abyssale
ou des grandes profondeurs.
Les Poissons des grandes profondeurs appartiennent aux familles des Macruridae, Scopelidae, Lophiidae, Luciocephalidae, Sternopthyeidae, Stomiatidae, Muraenidae, qui ont des représentants, soit dans la faune littorale, soit dans la faune pélagique; ils constituent tout au plus des genres particuliers, mais présentent un facies spécial. Leur peau est couverte d'un enduit muqueux très épais et leurs écailles se détachent facilement. Les muscles sont mous et peu épais, les os spongieux et fragiles, bien que tous appartiennent au groupe des Poissons osseux les Poissons cartilagineux n'y sont pas représentés. Leur bouche est généralement grande et armée de dents grêles et recourbées en forme d'hameçons : tous sont carnivores et doivent vivre dans une vase épaisse que leurs mouvements seuls remue. Les uns sont allongés, anguilliformes (Cyema, Macrurus, Stomias, Malacosteus, etc.); d'autres sont plus courts et ne semblent formés que d'une large bouche et d'un estomac extrêmement dilatable (Metanocetus, Dibranchus) : le Melanocetus Johnsoni a été péché à plus de 4500 m de profondeur. Ces poissons vivent ainsi sous une pression qui dépasse souvent 200 atmosphères, de telle sorte que lorsque la drague les amène à la surface, ils ont presque toujours l'estomac renversé hors de la bouche, par suite de la décompression trop brusque subie par les gaz que renferme leur vessie natatoire. Si la plupart de ces poissons ont des couleurs sombres et ternes, il n'en est pas de même des Crustacés quelques-uns de ceux-ci sont, il est vrai, blanchâtres et transparents (Pentacheles, Polycheles, Willemaesia), mais d'autres sont parés de couleurs d'une intensité surprenante; telles sont les grandes Crevettes du genre Aristeus (par 1000 à 3000 m), dont la teinte rouge carminée semble factice au premier abord. D'autres sont remarquables par leur grande taille : Gnathophausia goliath (2300 m) est le géant des Schizopodes, car il a 25 cm de long : le Bathynomus giganteus de 23 cm, qui provient de 1700 m, est le plus grand de tous les Isopodes connus, et le Colossendeis titan, trouvé à 4000 m, est un Pygnogonide d'une taille vraiment plus grande que celle des espèces vivant près des côtes. C'est parmi les Echinodermes et les Brachiopodes que l'on trouve ces types archaïques que l'on croyait éteints avant qu'on les ait retrouvés vivants dans les brandes profondeur. Les Crinoïdes, type très ancien, sont représentés à 4500 m environ par le Pentacrinus Wyville-Thomsoni, à 2700 m par le Bathycrinus Aldrichianus. Un genre d'Oursins mous, à carapace mobile comme celle d'une poche de cuir (Calveria), permet de se faire une idée exacte de l'organisation de certains types fossiles précédemment connus et qui avaient la même conformation. Les Brachiopodes sont souvent de grande taille (Terebratula Wyvillei pêchée à 2000 et 4000 m) et se rapprochent de types jurassique. Les Crustacés Pentacheles et Polycheles, dont nous avons déjà parlé, se rattachent également au G. Eryon qui est de la même époque géologique. Une autre particularité remarquable de la faune des grandes profondeurs, c'est que les distinctions géographiques n'y ont plus de raison d'être : cette faune est presque uniforme des pôles à l'Equateur, ce qui se comprend sans peine lorsque l'on sait qu'à la profondeur de . 2000 m, la température est sensiblement la mêôme sous toutes les latitudes. C'est ainsi que les Lithodes, Crustacés de grande taille supposés d'abord propres aux mers polaires, ont été dragués par le Travailleur, à la profondeur de 1500 m, sur les côtes du Sahara africain. On peut dire que les types de la faune abyssale sont cosmopolites. Conditions d'existence
de la faune abyssale.
La basse température des grandes profondeurs, l'absence des courants et des vagues, des végétaux fixés et des rochers anfractueux, la nature du fond qui est en quelque sorte nivelé par une couche de vase homogène tassée sous une pression énorme, telles sont les conditions qui forcent les jeunes à se développer en restant attachés à leur mère (Pterasteridae, Cidaris nutrix, Hemiaster cavernosus). Une Holothurie (Cladodactyla crocea) porte ses petits dans des poches spéciales ou fixés à ses piquants; un Crustacé (Arcturus Baffini) les promène cramponnés à ses antennes. Comme les courants ne renouvellent pas sans cesse la nourriture, les Polypiers branchus et qui vivent en colonies nombreuses sont rares, tandis que les Polypiers solitaires (Caryophyllia) abondent : munis d'un long pied mobile qu'ils enfoncent dans la vase, ils se déplacent facilement (Hyalonema). Des Ascidies pédonculées (Ascopera, Corynascidia) vivent de la même manière, ainsi que des Hydraires, des Alcyonnaires (Monocaulon, Virgularia, Umbellularia) et les Crinoïdes dont nous avons déjà parlé (Pentacrinus, Rhizocrinus); leur pédoncule atteint quelquefois plusieurs mètres de long, ce qui explique l'abondance des articles (entroques) qui forment cette tige dans certaines couches géologiques du Mésozoïque. La présence de Polypiers nuancés de violet, de jaune et de vert, d'Ombellulaires d'un violet éclatant, de Pentacrinus d'un vert clair, de Comatules jaunes ou rouges, de Brisinga orangés ou écarlates, d'Hymenaster roses et lilas, d'Oursins mous pourprés, de Pourtalesia d'un violet magnifique, de Crustacés d'un rouge carminé (Gnathophausia, Nematocarcinus, Hapalopoda), etc., prouve que la lumière du soleil n'est pas nécessaire au développement de ces pigments colorés. On sait combien la phosphorescence est commune chez les organismes marins, mais cette propriété est encore exaltée chez ceux qui habitent les grandes profondeurs. Lorsque après un dragage on ramène le soir le chalut chargé de butin à bord du navire, on assiste à un spectacle magnifique. Tout est en feu dans le filet. Les rameaux des Polypiers, les Etoiles de mer, et parmi celles-ci, la brillante et fragile Brisinga, les Mopsées répandent une lumière qui permet de lire à cette clarté mystérieuse. La vase même est pétrie de Protozoaires lumineux, de telle sorte que le fond lui-même doit être éclairé par l'effet des mouvements des organismes qui s'agitent à sa surface. Les appareils lumineux dont certains Crustacés sont pourvus, ont une variété surprenante : l'Acanthephyra pellucida du groupe des Palémons, qui se pêche déjà par 500 m de profondeur, a des yeux phosphorescents énormes et de plus sept espèces différentes d'organes lumineux distribués sur tout le corps. L'Euphausia pellucida porte également de ces organes que l'on peut comparer aux appareils de projection d'un phare et qui ont probablement, comme l'oeil des Chats la propriété de recueillir et de condenser la plus faible lumière au milieu de la nuit. Les Poissons ont leur raie latérale phosphorescente : le Malacosteus niger porte sur la tête deux paires d'appareils lumineux, l'une vert clair, l'autre jaune et munie d'une lentille. Chez l'Ipnops murrayi (par 3500 m), ces appareils lumineux couvrent toute la tête. Les Rhizopodes, les Eponges calcaires, cornées et charnues, les Polypes hydraires, les Méduses, les Oursins réguliers, les Holothuries normales (rayonnées) sont des types qui manquent dans la faune abyssale. Les Entomostracés, les Mérostomacés, les Nemertes et les Annélides, les Bryozoaires, les Brachiopodes, les Céphalopodes et les Ptéropodes sont rares, mais la plupart des autres familles qui sont représentées dans la faune littorale le sont aussi dans la faune abyssale : celle-ci est plus riche en individus de même espèce qu'en formes variées; elle s'appauvrit d'ailleurs à mesure que la profondeur augmente. En se fondant sur l'étude des Echinodermes, qui sont les animaux les plus caractéristiques de la faune abyssale, on peut diviser cette faune en 5 zones, qui font suite aux zones littorales, et qui sont ainsi définies : 1re zone de 100 à 500 m (qui se confond en partie avec la quatrième zone littorale dite « zones des Brachiopodes et des Coraux »); elle est caractérisée par Antedon phalangium, avec des Eponges calcaires, des Askonema et des Gorgones.Migrations des animaux marins. Parmi les animaux marins, les Pinnipèdes (Phoques et Otaries) dont nous avons déjà parlé sont les seuls qui effectuent de véritables migrations périodiques comparables à celle des oiseaux de long vol. Cependant les migrations de certains poissons qui passent chaque année de la mer aux eaux douces et vice-versa pour vaquer aux besoins de la reproduction (Anguilles, Saumons, Esturgeons), s'en rapprochent jusqu'à un certain point. La plupart recherchent les rivières pour y déposer leurs oeufs dans les eaux plus calmes où les jeunes courent moins de dangers que dans la mer : les Anguilles, au contraire, naissent dans la mer et remontent les fleuves alors qu'elles sont encore jeunes, et s'y installent à l'âge adulte. Quant aux prétendus voyages des Sardines et des Harengs, ils n'ont pas le caractère qu'on leur supposait autrefois : on croyait que ces poissons, dont les bancs se montrent au printemps sur les côtes, venaient des régions arctiques où ils auraient passé le reste de l'année. On sait aujourd'hui qu'il n'en est rien. C'est dans les grandes profondeurs que la Sardine vit pendant l'hiver : elle ne se rapproche des côtes que pour frayer, de telle sorte que ces déplacements consistent simplement à remonter d'une zone à une autre et vice-versa, et rappellent les déplacements des oiseaux sédentaires, qui passent de la forêt ou de la montagne à la plaine, suivant les saisons, plutôt que les migrations lointaines des Hirondelles, des Echassiers et des Palmipèdes voyageurs. Rapports paléontologiques
des faunes marines.
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