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Fédération de Russie
Rossiyskaya Federatsiya (Rossiya)

60 00 N, 100 00 E
La Fédération de Russie ou Russie (de Ros, nom d'un canton suédois, d'où était originaire Rurik, le fondateur de la première puissance russe, dite russo-varègue; ou de Rouss, nom du pays de Kiev, sur le Dniepr) est une fédération de républiques qui occupe une grande partie de l'Europe orientale et tout le Nord de l'Asie. Au total, la Fédération de Russie a une superficie de 17 millions de kilomètres carrés, ce qui en fait le plus grand pays du monde; et, avec un PIB 2225 milliards de dollars (divisé par deux depuis l'effondrement de l'Union soviétique), c'est la septième puissance économique mondiale (la huitième si on considère l'Union Européenne). Capitale : Moscou. Autres grandes villes : Saint-Pétersbourg, Kazan, Kouibychev, Oufa, Perm, Tchelyabinsk, Sverdlovsk, Omsk, Novossibirsk, etc.
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Carte de la Russie.
Carte de la Russie. Source : The World Factbook.
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).

Du point de vue de la géographie et de l'histoire, on peut  diviser ce vaste espace en deux parties : la Russie d'Europe, à l'Ouest de l'Oural, et en Russie d'Asie, à l'Est. Cette dernière correspond pour l'essentiel à la Sibérie, à laquelle se rattachent, en périphérie, quelques régions et îles de peu d'étendue relative (Bouriato-Mongolie, partie Russe de la Mandchourie (Province maritime), péninsule du Kamtchatka, île Sakhaline, îles Kouriles, îles de l'Océan arctique, etc.). 
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D'un point de vue administratif, la division de la Fédération de Russie est plus complexe : il y a ainsi 46 oblasts (provinces), 21 républiques, 4 okrugs (districts) autonomes, 9 krays (territoires), 2 villes fédérales et 1 oblast autonome. La population totale, surtout conscentrée en Russie d'Europe et le long de l'étroite bande au Sud de la Sibérie, traversée par le chemin de fer transsibérien, est évaluée à 140 millions d'habitants (2009).

Les divisions administratives de la Russie 

Oblasts

Amour (Blagoveshchensk)
Arkhangel'sk
Astrakhan'
Belgorod
Bryansk
Chelyabinsk
Irkutsk
Ivanovo
Kaliningrad
Kaluga
Kemerovo
Kirov
Kostroma
Kurgan
Kursk
Leningrad
Lipetsk
Magadan
Moscou
Murmansk
Nizhniy Novgorod
Novgorod
Novosibirsk
Omsk
Orenburg
Orel
Penza
Pskov
Rostov
Ryazan'
Sakhalin (Yuzhno-Sakhalinsk)
Samara

Saratov
Smolensk
Sverdlovsk (Yekaterinburg)
Tambov
Tomsk
Tula
Tver'
Tyumen'
Ul'yanovsk
Vladimir
Volgograd
Vologda
Voronezh
Yaroslavl'

Oblast autonome

Oblast autonome Yevrey [=Juif] (Birobidjan)

Républiques

Adygeya (Maykop)
Altaï (Gorno-Altaysk)
Bashkortostan (Ufa)
Buryatiya (Ulan-Ude)
Tchéchtchénie (Grozny)
Chuvashiya (Cheboksary) 
Daghestan (Makhachkala)
Ingushetiya (Magas)
Kabardino-Balkariya (Nal'chik)
Kalmykiya (Elista)
Karachayevo-Cherkesiya (Cherkessk)
Kareliya (Petrozavodsk)

Khakasiya (Abakan)
Komi (Syktyvkar)
Mariy-El (Yoshkar-Ola)
Mordoviya (Saransk)
Ossétie du Nord (Vladikavkaz)
Sakha [Yakoutie] (Yakutsk)
Tatarstan (Kazan')
Tyva (Kyzyl)
Udmurtiya (Izhevsk)

Okrugs autonomes

Chukotka (Anadyr')
Khanty-Mansi (Khanty-Mansiysk)
Nenets (Nar'yan-Mar)
Yamalo-Nenets (Salekhard)

Krays

Altaï (Barnaul)
Kamtchatka (Petropavlovsk-Kamchatskiy)
Khabarovsk
Krasnodar
Krasnoyarsk
Perm'
Primorskiy (Vladivostok)
Stavropol'
Zabaykal'sk (Chita)

Villes fédérales

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Moscou
Saint Pétersbourg
Les divisions administratives ont en général les mêmes noms que leur chef-lieu; dans le cas contraire le nom du chef-lieu est indiqué entre parenthèses. Quand le nom a été francisé, on l'a écrit en caractères italiques.

Géographie physique

Les limites de la Russie. Les côtes et les îles.
La Russie est  est bornée au Nord par l'Océan Glacial Arctique; à l'Est par l'Océan Pacifique et la Mer d'Okhotsk, au Sud, par la Corée du Nord (sur 17 km....), la Chine, la Mongolie, le Kazakhstan  et les montagnes du Caucase; à l'Ouest par l'Ukraine, la Biélorussie (Belarus), la Lettonie, l'Estonie, la Finlande et, au Nord-Ouest par la Norvège. Le pays possède en outre, avec l'oblast de Kaliningrad, une petite portion de territoire, bordée par la Mer Baltique et enclavée entre la Pologne et la Lituanie.

Les frontières ont une longueur de 20 240 km et les côtes se développent sur 37 600 km. Sur la façade du Pacifique, les côtes sont baignées par la Mer du Japon, avec Vladivostok comme principal port, la mer d'Okhotsk, dans laquelle se trouve l'île Sakhaline et que séparent de l'Océan Pacifique proprement dit les îles Kouriles (dont les plus méridionales sont revendiquées par le Japon), et par la Mer de Barents, le long du Kamtatchka. Les côtes que baigne l'Océan Arctique sont les plus longues. L'océan lui-même prend plusieurs noms sur cet immense littoral. De l'Est à l'Ouest on a : la Mer des Tchoutches, la Mer de Sibérie orientale, la Mer de laptev, la Mer de Kara et, en Europe, la Mer de Barents. Les limites de chacune de ces portions est marquée par des îles ou des archipels, respectivement : Ile Wrangel, Iles de la Nouvelle Sibérie, Severnaja Zemblia (Terres du Nord) et Novaja-Zemblia (Nouvelle-Zemble). Dans la partie européenne, les côtes se découpent en golfes et en presqu'îles nettement dessinés : les golfes de la Petchora et de Tcheskaïa, la presqu'île de Kanin. La mer Blanche, qui n'est qu'un golfe de la Mer de Barents, est moins froide, peu profonde et très poissonneuse; elle se ramifie en quatre golfes : de Mezen, d'Arkhangel, d'Onéga et de Kandalaskaia. A l'entrée du golfe d'Onéga sont les îles Solovetzk, avec un monastère vénéré des Russes du Nord. 

Malgré la longueur de ses côtes la Russie ne dispose que de débouchés maritimes limités. La navigation dans l'Océan arctique est fortement entravée par la banquise une grande partie de l'année; le littoral pacifique est beaucoup trop éloigné des centres économiques et de peuplement. Enfin, l'accession à l'indépendance à partir de 1991, de plusieurs républiques périphériques de l'URSS, ont  amputé la Russie, héritière de l'ancienne puissance soviétique, de quelques-unes de ses côtes les plus utiles. Ainsi, depuis l'indépendance du Kazakhastan, du Turkménistan et de l'Azerbaïdjan, la Russie n'est plus baignée par la Mer Caspienne qu'entre les bouches de la Volga, dans la région d'Astrakhan, et le Caucase, à la hauteur de Derbent. Sur la Mer Noire, c'est l'indépendance de l'Ukraine et de la Géorgie qui a amputé le pays de la plus grande partie de son littoral méridional : il s'étend, au Nord-Est de cette mer, le long de la côte orientale de la mer d'Azov, puis entre le détroit de Kertch et la frontière géorgienne, au Sud-Est de Sotchi. Enfin, l'accession à l'indépendance des pays Baltes n'a plus laissé à la Russie que deux petits débouchés sur la Mer Baltique : au fond du golfe de Finlande, avec le port de Saint-Pétersbourg, et aux bouches de la Pregolia et du Niémen, avec l'enclave de Kaliningrad.

L'orographie de la Russie
Le relief de la Fédération de Russie est caractérisé par de grandes plaines, qui s'étendent sur presque toute la Russie d'Europe et sur toute la Sibérie Occidentale. Si l'on excepte le l'Oural, chaîne d'altitude médiocre, les montagnes sont toutes en périphérie, et un grand plateau occupe la Sibérie centrale. 

Relief de la Russie d'Europe.
La Russie d'Europe, au contraire de l'Europe occidentale, qui est si accidentée, est une immense plaine, au sol uniforme; le plateau de Valdaï (ou Valdaj), source de la Volga, d'où rayonnent les autres chaînes, a pour point culminant le Popowa-gora (351 mètres). Des fleuves, au cours immense, vont se jeter dans des mers, gelées en hiver, d'une navigation difficile. Ces steppes, intermédiaires entre l'Europe et l'Asie, se sont prêtées, tout au long de l'histoire, aux mouvements et aux invasions des hordes nomades d'Asie centrale comme aux armées d'invasion européennes de Napoléon et, plus tard, des Nazis. 

La ligne de partage des eaux y est si peu marquée, que la Duna, le Dniépr et la Volga entremêlent leurs sources dans des lacs et des marécages et ont été facilement réunis par des canaux. Cette communauté d'origine de ses fleuves a fait l'unité de la Russie. Au Nord, les collines d'Olonetz séparent le bassin de l'Onéga de celui de la mer Blanche. Entre l'Océan Arctique et le bassin de la Volga, le plateau d'Uvalli s'élève à 250 mètres. Au Sud-Est, des ondulations courent entre le Don et la Volga, serrant le grand fleuve de leurs falaises sablonneuses. De l'île de Vaigatch (Vajgac) à Orenburg et Orsk l'Oural se divise en trois parties que séparent des brèches, routes d'Europe en Sibérie. 

Dans la partie méridionale, au Nord d'Orenborg, le plus haut sommet est le mont Iremel (1536 mètres); la partie centrale, riche en or, platine, argent, malachite, fer et houille, atteint 1633 mètres au Denejkin-Kamen. Dans la partie septentrionale, pays des Ostiaks et des Samoyèdes, le plus haut sommet est le Töll-Pos Is (1688 mètres). De la presqu'île d'Apchéron, dans la Mer Caspienne, à celle de Taman, dans la mer Noire, le Caucase, semblable aux Pyrénées par sa conformation, forme une barrière plus haute que le mont Blanc, car le mont Elbrouz, point culminant de la Russie, atteint 5633 mètres, et le Kazbek 5043 mètres. 

Le relief de la Sibérie.
La Sibérie est, dans son ensemble, une vaste plaine, légèrement ondulée, et descendant graduellement des monts Altaï au Sud jusqu'à l'océan Arctique. A I'Ouest, se trouvent les steppes d'Ischim et de Baraba, larges étendues de terres basses, où les prairies herbeuses alternent avec les marécages pleins de roseaux, les lacs d'eau douce avec ceux d'eau salée, et un fertile sol arable avec de vastes forêts. A l'Est, la plaine sibérienne est plus fréquemment coupée de collines; mais elle n'a que peu de terre cultivable. Toute la côte Nord est une région désolée de steppes salées et de marécages glacés. 

Au Sud-Est , la Sibérie est limitée et séparée de la Dzoungarie, de la Mongolie et de la Mandchourie par une suite continue de montagnes élevées : le massif de l'Altaï (avec les monts Sayansk), les monts Iablonvy et les monts Stavonoï. Le mont Bieloukha, dans l'Altaï, atteint 4506 mètres. Les monts Sayansk et Iablonovy ont une orientation Sud-Ouest Nord-Est. A l'Ouest du lac Baïkal, le Mounkou-Sardik s'élève à 3492 mètres. Les pics principaux des monts Iablonovy sont le Bystrinskiy Golets (2523)  le Sokhondo en Daourie (2499 mètres); au Nord de cette chaîne s'étend le plateau de Vitim (700 mètres).

Les hautes terres du bassin de l'Amour sont le prolongement du plateau de Mongolie et sont dominées par les chaînes du Grand et du Petit Khingun et de Mandchourie. Le Sikhota-Alin, qui s'élève au bord de la mer, est formé d'anciens volcans. Le plateau sibérien se termine sur la mer d'Okhotsk par les monts Stavonoï. La presqu'île du Kamtschatka présente, le long de la mer d'Okhotsk, des chaînes de granit et de porphyre; tandis que le long de la mer de Béring émergent des volcans, dont plusieurs sont actifs. Vers le milieu de cette côte se croisent les deux arcs de cercle formés par les volcans des îles Kouriles.

Les cours d'eau.
Les fleuves qui se jettent dans l'océan Glacial et la mer Blanche traversent des tourbières et des plaines marécageuses dites toundras. En Europe, ces fleuves sont la Kara, la Petchora, le Mezenc, la Dvina, l'Onéga et la Tana. La Sibérie est elle aussi parcourue par d'immenses cours d'eau dirigés presque uniformément du Sud au Nord. Ce sont, en ayant de l'Ouest à l'Est 1° la Kara; 2° l'Obi, qui prend sa source dans l'Altaï, au lac Telezk; il passe à Barnaul (Barnaoul) et coule vers le Nord-Ouest et le Nord avec une pente très faible par Kolywan, Narym et Beresov : il se jette au fond d'un golfe long et étroit (700 m sur 110), après 3200 km de cours. Il revoit à droite le Tom, qui arrose Tomsk, le Tschulym, le Kes, le Tym, la Wach; à gauche, l'Irtisch (3900 km), qui sort de Altaï, traverse le lac Saïsan, arrose Semipalatinsk, Omsk et Tobolsk; il se grossit de l'Ischim, du Tobol, dont un affluent, l'Isset, passe à Yekaterinenbourg. 3° L'Iénisséi (3000 kilom), né en Chine, pénètre en Sibérie par les défilés des monts Sayansk; il coule vers le Nord, arrose Krasnojarsk, lénisseik et Turnschansk. Les affluents sont, à droite : 1 ° LAngara, grande rivière semée de rapides qui vient du lac Baïkal, passe à Irkoutsk, coule au Nord puis à l'Ouest jusqu'aux environs d'Iénisseik; où elle se jette dans l'lénisséi. 2° La Podkamennaja. 3° La Tunguska inférieure ou Kiscknaja. 4° La Lena (2700 km) prend sa source à l'Ouest du lac Baïkal, coule vers le Nord-Est jusqu'à lakoutsk, puis vers le Nord-Nord-Ouest. Elle recoit à droite le Witim, sorti des monts Jablonoi, ainsi que l'Aldan; à gauche, le Wiljoni. 5° L'Indighiska. 6° La Kolima.

Sur le versant du Pacifique, il n'y a qu'un seul fleuve remarquable , c'est l'Amour (4000 km), formé de I'Argoun et de la Chilka, qui descendent de la Daourie en perçant les monts Chingan; il forme la frontière entre la Sibérie et la Mandchourie; il se jette dans la mer, près de Nikolaievsk, en face l'île Sakhaline. L'Amour a une très grande importance au point de vue de la navigation, qui a lieu sur presque tout son cours, sauf en hiver où il est couvert de glace malgré la rapidité considérable du courant; il arrose les villes de Blagowjeschtschensk et de Khabarovka, au confluent de l'Oussouri.

Il y a beaucoup de lacs en Sibérie, mais tous petits, excepté le lac Baïkal, qui est aussi le plus profond du monde. Il est tributaire de l'Iénisséi auquel l'Angara apporte ses eaux. Il a 660 kilomètres de long et 40 à 100 de large. La navigation est rendue difficile par les écueils et les tempêtes, malgré la grande profondeur des eaux (oblast d'Iskoutsk). Il reçoit la Selenga (1200 kilomètres), grande rivière qui vient de Mongolie. 

Le lac Onéga envoie ses eaux par le Svir dans le lac Ladoga (18120 km²), qui est le plus grand de l'Europe, et nourrit des phoques dans ses eaux et a la Néva pour déversoir. Le lac Ladoga reçoit encore, par le Volkhov, les eaux du lac Ilmen. Le lac des Tchoudes (lac Peipous), à la frontière avec l'Estonie, formé de deux petits lacs qui s'assèchent peu à peu, s'écoule dans le golfe de Finlande par la Narva. Le Niémen finit dans l'oblast de Kaliningrad et reçoit la Vilia, la rivière de Vilnius (Lituanie).

Dans la mer Noire, les cours d'eau de la Russie sont : le Don, qui finit dans la mer d'Azov, et est grossi, à gauche, du Donetz, qui traverse un riche bassin houiller; à droite, du Voronej, et le Kouban s'écoule dans d'immenses marécages qui s'étendent entre la mer Noire et la mer d'Azov. Dans la Mer Caspienne se jette le plus grand fleuve de l'Europe, la Volga, long de 3700 kilomètres, artère vitale de la Russie. Il commence en pleine Europe et finit aux confins de la steppe kazakhe; ses rives sont plates jusqu'à Simbirsk : là, le fleuve heurte un massif calcaire qu'il traverse à Samara; cette chaîne calcaire, haute de 300 mètres, l'accompagne sur sa rive droite, qui est continuellement minée, s'effrite et s'éboule. La rive gauche, délaissée par le fleuve, qui se déplace vers l'Ouest, est très marécageuse; à Tzaritzine, la Volga se jette dans la mer par 72 bouches. A droite, elle recoit l'Oka, grossie de la Moskova et de la Kliasma; la Sura; à gauche, la Volga reçoit la Mologa et la Cheksna, communiquant par canaux avec les lacs Ladoga et Onéga, la Kostroma et la puissante Kama, qui traverse la riche région de l'Oural; la Kama elle-même est grossie de la Viatka et de la Biélaïa. 
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Volga.
La Volga près de Zubtsov.

La géologie.
Au point de vue géologique, le sol russe n'est pas seulement horizontal dans ses couches superficielles, mais encore dans ses couches souterraines, où les roches superposées conservent un parallélisme régulier sur d'immenses espaces. Entre la mer Blanche et la Néva se retrouvent les granits et les gneiss de la péninsule scandinave; de là, jusqu'au coeur de l'Asie centrale, au Sud et à l'Est, s'étendent les roches paléozoïques et carbonifères; ensuite viennent les assises du nouveau grès rouge, avec les formations permiennes qui ont tiré leur nom de l'immense oblast de Perm et s'étendent vers la base de l'Oural, entre les steppes des Kirghiz et les bords de l'océan Glacial. Des strates jurassiques longent au Sud ces étendues permiennes et forment un triangle irrégulier qui s'amincit peu à peu des toundras du Nord aux rives de la Volga. Plus au Sud, les formations crétacées, tertiaires et modernes se sont déposées autour d'un plateau de granit qui traverse obliquement la région des steppes méridionales et se prolonge dans les Etats voisins d'Asie centrale. 

Par la partie superficielle du sol, la Russie d'Europe forme deux régions distinctes : celle où les glaces mouvantes ont laissé la trace de leur passage et celle où ne se rencontrent ni blocs erratiques, ni argiles glaciaires. Toute la Russie du Nord, moins la base de l'Oural, était sous les glaciers qui, à l'époque glaciaire, couvraient l'Écosse, la Norvège, la Suède et la Finlande; ces blocs erratiques, parmi lesquels on petit citer celui qui sert de piédestal  à la statue de Pierre le Grand à Saint-Pétersbourg et celui qui recouvre le tombeau de Napoléon aux Invalides, n'ont pas été transportés par les glaces, mais sont les restes de gigantesques moraines. Aux Terres Noires du Sud  s'arrêtent les limites des anciens glaciers; là, le sol végétal, depuis de longues périodes géologiques, est formé par la décomposition des gazons.

Les ressources minérales.
Les richesses minérales de la Fédération de Russie sont considérables. Elles sont concentrées surtout à l'Ouest la Sibérie, dans l'Oural, et dans l'Altaï et les environs du lac Baïkal. On exploite de longue date des mines d'or, d'argent, de graphite, de platine, de cuivre, de fer, de plomb, de zinc, d'antimoine, d'arsenic, de malachite, d'émeraudes, de topazes, etc. Mais ce qui fait aujourd'hui la grande richesse de la fédération de Russie, ce sont ses ressources énergétiques : le pays possède occupe le premier rang mondial pour ses réserves de gaz naturel, le deuxième rang pour ses réserves de charbon et le huitième pour ses réserves de charbon. C'est aussi à l'heure actuelle le premier exportateur mondial de gaz naturel et le deuxième exportateur de pétrole. 

Le climat.
Le climat de la Russie d'Europe est essentiellement continental; les hautes montagnes de la Norvège arrètent l'influence du courant du Gulf Stream et des vents d'ouest; l'uniformité de cette vaste plaine fait que, durant le long hiver (150 jours de gel par an, à Moscou) les vents glacés du Nord la balayent jusqu'à ses extrémités méridionales, sans aucun obstacle, tandis que les vents continentaux de l'Est, après avoir traversé l'Asie, sont brûlant en été et glacés en hiver. Le contraste entre les saisons est ainsi très accentué; entre la mer d'Azov et la Mer Caspienne, le thermomètre descend en hiver à -30°C et remonte en été à +40°C. Les pluies sont rares dans l'Ouest, la hauteur est de 0,60 m par an; dans le Sud, elle n'est que de 0,40 m. Le climat de la Sibérie est beaucoup plus froid que sous les latitudes correspondantes en Europe, et sa rigueur s'accroît vers l'Est, surtout  dans les régions orientales. lakoutsk passe pour la ville la plus froide du monde.  Dans l'Arctique,  Le sol reste constamment gelé sur plusieurs mètres (permafrost). La surface du sol ne dégèle jamais avant la fin de juin, et elle est reprise par la glace vers le milieu de septembre. Ces conditions expliquent sur les rives de l'océan Arctique, se soient conservés, enfouis à peu de profondeur, un nombre immense de restes fossiles de Mammouths et d'autres animaux d'espèces éteintes.

Biogéographie de la Russie

La biogéographie de la Russie est exceptionnelle par son ampleur et sa diversité. S'étendant sur plus de 17 millions de kilomètres carrés à travers l'Eurasie, la Russie couvre onze fuseaux horaires et englobe une vaste gamme de zones biogéographiques, qui vont des toundras arctiques aux déserts semi-arides, en passant par les forêts boréales, les steppes tempérées et les montagnes alpines. Ce territoire immense est structuré par de grands gradients climatiques, orographiques et hydrologiques qui conditionnent la répartition des écosystèmes et des espèces.

Au nord, la Russie arctique se compose de toundras froides, dominées par des sols gelés en permanence (pergélisol) et une végétation basse composée de mousses, de lichens, de carex et de petits arbustes. Ces milieux, bien que peu productifs, sont essentiels pour la nidification de nombreuses espèces d'oiseaux migrateurs, comme les oies, les cygnes chanteurs ou les bécasseaux. Des mammifères comme le renard arctique, le lemming ou l'ours polaire sont typiques de ces régions, particulièrement dans les zones côtières de la mer de Kara et de la mer de Laptev.

En descendant vers le sud, la zone de taïga constitue la plus vaste région écologique de Russie, s'étendant du nord de l'Europe jusqu'à l'océan Pacifique. Elle est composée principalement de forêts de conifères – épicéas, pins sylvestres, mélèzes – mêlés parfois à des bouleaux ou des peupliers trembles. Ce biome abrite une riche faune boréale, avec des espèces emblématiques comme l'élan, le lynx, le glouton, l'ours brun et la zibeline. Les rivières, lacs et marais de la taïga sont cruciaux pour la biodiversité aquatique et les cycles migratoires de poissons comme le saumon du Pacifique et l'esturgeon.

Plus au sud, la zone de forêt mixte et de feuillus occupe la Russie occidentale et centrale. On y trouve des chênaies, des charmaies, des tilleuls et des érablières, dans des milieux plus fertiles, où la diversité floristique et faunistique augmente. Ces régions sont les plus densément peuplées et fortement modifiées par l'agriculture, l'urbanisation et l'exploitation forestière. Les grands prédateurs y sont plus rares, mais on y rencontre encore le sanglier, le cerf élaphe, ainsi que diverses espèces de rapaces et de passereaux.

Les steppes russes, situées dans la partie sud du pays, notamment dans le bassin du Don et de la Volga, sont des prairies semi-arides riches en graminées et plantes xérophiles. Ce biome est fortement anthropisé, transformé en terres agricoles depuis le XIXe siècle, mais il subsiste encore des zones naturelles abritant la saïga, le hamster sauvage, le renard corsac ou l'aigle impérial. Les steppes sont particulièrement sensibles à la désertification, à la surexploitation des sols et à la perte de biodiversité.

La région du Caucase, au sud-ouest, offre une biodiversité exceptionnelle dans un espace réduit. La complexité géologique et topographique des montagnes du Caucase favorise la présence de nombreuses espèces endémiques, comme le léopard du Caucase, le bouquetin de l'Est ou la vipère du Caucase. Les forêts y sont mixtes, avec des espèces méditerranéennes, tempérées et alpines coexistantes. Cette région est un point chaud biogéographique d'importance mondiale.

La Sibérie orientale et extrême-orientale présentent une combinaison unique de taïga, de montagnes, de rivières et de forêts humides tempérées. Dans l'Extrême-Orient russe, notamment dans les oblasts de l'Amour et du Primorié, les forêts mixtes abritent des espèces rares et menacées comme le tigre de Sibérie, le léopard de l'Amour et l'ours noir asiatique. Cette région est soumise à de fortes pressions, notamment la déforestation illégale et le braconnage, mais elle conserve encore de vastes territoires relativement intacts.

Le système montagneux de l'Altaï, au centre-sud, forme un carrefour biogéographique entre les faunes sibérienne, mongole et d'Asie centrale. On y trouve des écosystèmes alpins, subalpins et de forêts claires, avec une grande diversité floristique et faunique, notamment des espèces comme le lynx de l'Altaï, le mouflon de l'argali et des rapaces rares comme l'aigle royal et le faucon sacre.

Les régions désertiques et semi-désertiques du sud-est, notamment dans la région de l'Astrakhan ou autour de la mer Caspienne, présentent des conditions arides avec une végétation clairsemée de type xérophile. On y observe des reptiles spécifiques, des petits mammifères adaptés à la sécheresse, et des oiseaux spécialisés comme l'outarde.

Enfin, les écosystèmes marins et côtiers, du nord arctique au Pacifique oriental, complètent la richesse biogéographique russe. Les zones côtières de la mer d'Okhotsk, du détroit de Béring et du Kamchatka sont des lieux de reproduction pour les cétacés, les otaries et de nombreuses espèces d'oiseaux marins. Les récifs volcaniques du Kamchatka offrent une diversité biologique unique en zone subarctique.

La biogéographie russe est aujourd'hui confrontée à plusieurs menaces : changement climatique (particulièrement marqué dans l'Arctique), déforestation, industrialisation extractive, pollution des sols et des cours d'eau, fragmentation des habitats et perte d'espèces. Le pays abrite de nombreux parcs nationaux, réserves naturelles (zapovedniki) et sites inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco, mais la gestion de la conservation reste inégale selon les régions. 

La végétation.
Dans les régions arctiques, il n'y a que des déserts glacés couverts de mousse et de lichen; c'est la toundra. Plus au Sud, sur des sols pauvres et acides (podzols), s'étend une vaste forêt, la taïga, qui se compose principalement de résineux dans les régions centrales de la Sibérie,  mais qui se transforme en forêt mixte (résineux + feuillus) en Russie d'Europe et dans l'extrême-Orient. Les principales essences y sont : le bouleau, le mélèze, le sapin, le pin, le saule, le peuplier, l'orme et l'érable de Tartarie. Dans la Russie d'Europe, cette forêt prolonge celle de la Finlande. Plus au Sud, l'espace est livré à la polyculture (blé, seigle,pomme de terre, lin), puis à la grande culture céréalière (blé, maïs). Enfin la steppe d'élevage (moutons), occupe la région proche des rives de la Mer Caspienne. En Sibérie, au Sud de la taïga, dans les régions traversées par le chemin de fer Transsibérien, les cultures qui ont été développées sont le blé, l'orge, le seigle, le blé noir, l'avoine et le chanvre. Les navets et d'autres légumes des climats tempérés y prospèrent en certaines localités favorables. 

La faune.
Malgré la rigueur de son climat, la Russie a un territoire tellement grand qu'on peut y observer une faune d'une étonnante diversité. Parmi les Mammifères, on citera, pour la Russie d'Europe, l'Ours brun, les Saïgas au Nord de la Mer Caspienne, les Sangliers, et les Spermophiles; pour la Sibérie, les loups, les Cerfs élaphes,  les Cerfs Sika, Cerfs et les Bouquetins de Sibérie, les Wapitis de l'Altaï,  les Zibelines, les Renards argentés, les Lemmings, les Pikas; les Gerboise, les Putois tigrés, les Lynx, les Tigres de Mandchourie, les Phoques du Baïkal, les Morses, les Phoques barbus; De vastes troupeaux de rennes parcourent tout le nord de la Sibérie. Les Kalmouks et quelques autres tribus nourrissent des chameaux. Il y a deux espèces de moutons domestiques : le mouton russe, et le mouton kirghiz à queue large. Pour ce qui est des Oiseaux, on a, en Russie d'Europe : des Alouettes, des Coqs de Bruyère dans l'Oural, des Bernacles et Oies de Mer au Nord; en Sibérie, on mentionnera les Harfangs, les Grouses noires, les Gorge-bleues, les Grands-Ducs, les Orfraies, les Eiders à lunettes, les Plongeons à Bec-Jaune, les Cygnes siffleurs, les Guillemots, les Stellers, les Ptarmigans, les Mésanges bleues, Geais de Sibérie, les Pélicans blancs, etc. Enfin, parmi les Poissons, on trouve des Morues et des Saumons dans la Mer d'Okhotstk et des Esturgeons dans la Mer Caspienne.

Géographie humaine

Population.
La grande majorité de la population russe est concentrée dans la partie européenne du pays, à l'ouest de l'Oural. Les principales villes comme Moscou, Saint-Pétersbourg, Nijni Novgorod et Kazan se trouvent dans cette région. Environ 75 % des Russes vivent dans cette partie du pays, même si elle ne représente qu'environ 25 % de la superficie totale. La Sibérie et l'Extrême-Orient russe, qui représentent une grande partie du territoire, sont très peu peuplées en raison de conditions climatiques difficiles (froid intense, sol gelé) et de leur éloignement. La densité de population y est souvent inférieure à 1 habitant par kilomètre carré.

Plus de 75 % de la population russe vit dans des zones urbaines. Les villes jouent un rôle central dans la vie économique et sociale du pays. Moscou et Saint-Pétersbourg sont les principaux pôles économiques et culturels, tandis que des villes industrielles comme Ekaterinbourg, Novossibirsk et Kazan sont également en pleine expansion. Les zones rurales, notamment en Sibérie et dans l'Extrême-Orient russe, sont généralement isolées et peu développées. La dépopulation dans certaines régions rurales est un problème croissant, en particulier dans les zones au climat difficile.

La Russie est un pays multiculturel avec plus de 190 groupes ethniques. Les Russes ethniques représentent environ 80 % de la population, mais il existe des minorités importantes comme les Tatars (environ 4 %), les Bachkirs, les Tchétchènes, les Bouriates et d'autres peuples autochtones de Sibérie et du Caucase. La Russie est une fédération composée de 85 entités fédérales, dont certaines sont des républiques ethniques autonomes. Par exemple, la République du Tatarstan (capitale Kazan) est un centre de la culture tatare et musulmane, tandis que la République de Sakha (Iakoutie) est la plus grande région de Russie en superficie et est peuplée principalement par les Iakoutes.

Le russe est la langue officielle et la plus parlée dans tout le pays, mais de nombreuses régions autonomes ont aussi leurs propres langues officielles, comme le tatar, le bachkir ou l'iakoute.La majorité des Russes sont orthodoxes, avec l'Église orthodoxe russe comme la religion dominante. Il existe aussi d'importantes communautés musulmanes, particulièrement dans les républiques du Caucase (Tchétchénie, Daghestan) et du Tatarstan. Le bouddhisme est pratiqué dans certaines régions comme la Bouriatie et la Kalmoukie.

La Russie fait face à un vieillissement de la population et à un faible taux de natalité. Cela pose des défis pour l'économie, notamment en termes de main-d'oeuvre. Il existe une tendance à la migration des zones rurales vers les grandes villes, ainsi qu'une migration externe, notamment de travailleurs venus d'Asie centrale (Ouzbékistan, Tadjikistan), pour combler les besoins en main-d'oeuvre dans certaines industries.

Quelques-unes des grandes villes de la Russie

• Moscou. - La capitale de la Russie et la plus grande ville du pays, avec une population d'environ 12 millions d'habitants. C'est le coeur politique de la Russie, abritant le Kremlin, qui est le siège du gouvernement russe et la résidence officielle du président. Moscou est aussi le centre économique et financier du pays, abritant de nombreuses grandes entreprises, banques et institutions internationales. La Place Rouge et le Kremlin sont deux des monuments les plus célèbres de Russie.  La Cathédrale Saint-Basile, avec ses dômes colorés, est l'une des icônes de l'architecture russe.  Le théâtre Bolchoï,est célèbre pour ses représentations d'opéra et de ballet.

• Saint-Pétersbourg . - Avec une population d'environ 5 millions d'habitants, Saint-Pétersbourg est la deuxième plus grande ville de Russie. Fondée par le tsar Pierre le Grand en 1703, elle fut la capitale de l'Empire russe pendant plus de 200 ans (jusqu'en 1918).  Ville des arts et de la culture, Saint-Pétersbourg est célèbre pour ses festivals de musique, d'opéra et de ballet. Le théâtre Mariinsky est l'une des scènes les plus prestigieuses au monde. Le Musée de l'Hermitage est l'un des plus grands musées d'art au monde, situé dans l'ancien palais d'hiver des tsars. La Forteresse Pierre-et-Paul est le lieu où sont enterrés plusieurs tsars, dont Pierre le Grand. Les canaux et ponts de la ville, qui lui valent le surnom de "Venise du Nord". Le Palais de Peterhof est parfois comparé à Versailles, avec ses jardins et ses fontaines impressionnantes.

• Novossibirsk. - Troisième plus grande ville de Russie avec environ 1,6 million d'habitants. Elle est souvent qualifiée de capitale non officielle de la Sibérie. La ville est un important centre industriel et une plaque tournante du transport pour la Sibérie, située sur la route du Transsibérien, le célèbre chemin de fer qui relie l'ouest et l'est de la Russie. Akademgorodok, une petite ville voisine est dédiée à la science, avec de nombreux instituts de recherche et universités, un centre majeur pour l'innovation scientifique en Russie. Le théâtre d'opéra et de ballet de Novossibirsk est l'un des plus grands de Russie, surnommé "le Bolchoï sibérien". Le Zoo de Novossibirsk est l'un des plus importants en Russie, avec une grande variété d'animaux, notamment des espèces sibériennes rares. La cathédrale Alexandre Nevski est une belle église orthodoxe en briques rouges.

• Ekaterinbourg. - Environ 1,5 million d'habitants, ce qui en fait la quatrième plus grande ville de Russie. Située dans l'Oural, à la frontière entre l'Europe et l'Asie, Ekaterinbourg est  considérée comme le point de transition entre ces deux partie de l'Eurasie. Centre industriel majeur, particulièrement dans les secteurs du métal et des machines. La ville est également un important centre financier et commercial pour la région de l'Oural. Ekaterinbourg est célèbre pour être le lieu où la famille impériale russe, les Romanov, a été exécutée en 1918 après la Révolution russe. Aujourd'hui, l'Église sur le Sang, construite à l'emplacement de l'exécution, est un site commémoratif. Le monument de la frontière Europe-Asie symbolise la position unique de la ville. Le gratte-ciel Vysotsky est l'un des plus hauts de Russie; il offreune vue panoramique sur la ville.

• Nijni Novgorod. - Environ 1,2 million d'habitants. Située sur la Volga, à environ 400 km à l'est de Moscou, Nijni Novgorod est l'une des plus anciennes villes de Russie. Fondée au XIIIe siècle, elle est l'un des centres historiques et culturels les plus importants de Russie. Pendant la période soviétique, la ville a été renommée Gorki en l'honneur de l'écrivain Maxime Gorki, né dans la ville. C'est un centre important de construction navale et d'ingénierie. En raison de son emplacement stratégique sur la Volga, Nijni Novgorod est un noeud clé pour le commerce fluvial. Le Kremlin de Nijni Novgorod est un ensemble fortifié qui surplombe la Volga; il brite de nombreux monuments historiques et gouvernementaux. La Cathédrale Alexandre Nevski est l'une des églises emblématiques de la ville. La rue piétonne Bolchaïa Pokrovskaïa est célèbre pour ses boutiques, restaurants et bâtiments historiques.

• Kazan. - Environ 1,3 million d'habitants. Située à environ 800 km à l'est de Moscou, Kazan est la capitale de la République du Tatarstan. Kazan est un centre industriel et économique. C'est aussi une ville universitaire avec plusieurs institutions d'enseignement renommées, notamment l'Université fédérale de Kazan. La ville a été fondée il y a plus de 1000 ans, et elle a longtemps été un centre majeur du khanat de Kazan avant d'être annexée par la Russie en 1552 par Ivan le Terrible. Kazan est l'une des villes les plus multiculturelles de Russie, où se côtoient les cultures tatare et russe, ainsi que les religions musulmane et orthodoxe. Elle est souvent décrite comme un modèle de tolérance religieuse en Russie. Le Kremlin de Kazan est un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui abrite la mosquée Qolsharif et la cathédrale de l'Annonciation. La rue piétonne Baumana est l'une des principales artères de la ville, avec de nombreux magasins, cafés et monuments historiques. Le Temple de toutes les religions est une structure qui symbolise l'unité entre différentes croyances.

• Samara. - Environ 1,2 million d'habitants. Située sur la rive gauche de la  Volga, dans la région de la Moyenne-Volga, Samara se trouve à environ 850 km au sud-est de Moscou. C'est un important centre industriel, avec une spécialisation dans l'industrie aérospatiale, l'industrie chimique et la production automobile. Elle est aussi un centre pour l'industrie énergétique, notamment les raffineries de pétrole. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Samara (appelée Kouïbychev à l'époque) a été désignée comme la "capitale de réserve" en cas de chute de Moscou face à l'Allemagne nazie. Le bunker de Staline y est toujours visitable aujourd'hui. Le Musée spatial de Samara reflète le rôle important de la ville dans l'industrie aérospatiale. La place de Kouïbychev est l'une des plus grandes places d'Europe. La promenade de la Volga est un lieu  pour les promenades avec une vue pittoresque sur le fleuve.

• Omsk. - Environ 1,1 million d'habitants.  Située en Sibérie occidentale, Omsk se trouve sur les rives de l'Irtych, à environ 2 200 km à l'est de Moscou. Omsk est un important centre industriel en Sibérie, notamment dans les secteurs du raffinage du pétrole, de la production chimique, de la construction de machines et de la défense. Fondée en 1716 comme une forteresse, Omsk est devenue un centre administratif de Sibérie sous l'Empire russe. Pendant une courte période durant la guerre civile russe, Omsk a été la capitale du gouvernement provisoire anti-bolchevik. La cathédrale de l'Assomption est une église orthodoxe magnifiquement restaurée. Le musée de la littérature Fiodor Dostoïevski est le lieu où où l'écrivain a été emprisonné durant ses années d'exil en Sibérie. Le théâtre dramatique d'Omsk est un des plus anciens théâtres de Sibérie.

• Tcheliabinsk. - Environ 1,2 million d'habitants. Située dans l'Oural, Tcheliabinsk se trouve à l'est de la chaîne de montagnes qui sépare l'Europe de l'Asie, à environ 1800 km de Moscou.  Ville industrielle importante, Tcheliabinsk est connue pour son industrie métallurgique et mécanique. Elle a joué un rôle crucial dans la production d'armement pendant la Seconde Guerre mondiale, au point d'être surnommée "Tankograd". Tcheliabinsk a attiré l'attention mondiale en 2013, lorsqu'un météore a explosé au-dessus de la ville, causant des dégâts matériels et des centaines de blessés. Le monument au météore de 2013 est une installation commémorant cet événement rare. Le musée régional des beaux-arts abrite une vaste collection d'art russe et européen. Le parc Gagarine est un espace vert avec des attractions pour les familles.

• Rostov-sur-le-Don. - Environ 1,1 million d'habitants. Située dans le sud de la Russie, sur la rivière Don, à environ 1000 km au sud de Moscou. Rostov-sur-le-Don est souvent considérée comme la porte d'entrée vers le Caucase. C'est un centre de transport majeur grâce à son port sur le Don, qui relie la mer Noire et la mer Caspienne. L'économie de Rostov est diversifiée, avec des industries telles que l'agriculture, la construction navale, la mécanique et l'énergie. Rostov est également un centre culturel important dans le sud de la Russie. Elle a été fondée en 1749 comme un poste douanier. Son emplacement stratégique en fait une plaque tournante commerciale depuis des siècles. La Cathédrale de la Nativité est un symbole religieux et historique de la ville. Le parc Rostov Gorki est un grand espace vert. Le musée régional de Rostov raconte l'histoire de la région, depuis les Cosaques du Don.

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Groupes ethnolinguistiques.
La Fédération de Russie est un État multinational aux dimensions continentales, qui abrite plus de 190 groupes ethniques et une grande diversité linguistique. Bien que les Russes ethniques soient majoritaires, représentant environ 77 à 80 % de la population, le pays est structuré par une mosaïque de peuples autochtones, de minorités historiques et d'ethnies issues des migrations internes ou des recompositions post-soviétiques. Cette diversité est organisée en partie par un système fédéral asymétrique, dans lequel certaines républiques ethniques disposent de droits culturels et linguistiques étendus.

Les Russes, de langue slave orientale, forment le groupe dominant sur les plans démographique, politique et culturel. Le russe est la langue officielle de la Fédération et la langue véhiculaire dans tous les domaines : administration, éducation, médias et vie publique. Les Russes sont présents sur tout le territoire, y compris dans les républiques autonomes à majorité non russe, souvent en position de cohabitation ou de domination démographique.

En dehors du groupe majoritaire, plusieurs grands ensembles ethnolinguistiques structurent la géographie humaine de la Russie. Le groupe turcique est l'un des plus importants, à la fois par sa dispersion et son poids démographique. Il comprend notamment les Tatars, deuxième groupe ethnique de Russie, concentrés principalement dans la république du Tatarstan et dans le bassin de la Volga. Ils parlent le tatar, langue turcique appartenant à la branche kipchak, et conservent une identité culturelle forte, articulée autour de la langue, de l'islam sunnite et d'un sentiment d'autonomie culturelle.

Les Bachkirs, voisins des Tatars dans la région de l'Oural, parlent également une langue turcique et partagent des traditions islamiques et pastorales. Les Tchouvaches, autre peuple turcophone mais de religion orthodoxe, possèdent une langue distincte et une histoire propre marquée par des influences finno-ougriennes. Les Yakoutes (ou Sakhas), peuple turcique de Sibérie orientale, habitent la vaste république de Sakha-Yakoutie et pratiquent un mode de vie adapté au climat subarctique, combinant élevage de rennes, chasse et traditions chamaniques.

Le groupe caucasien est extrêmement diversifié, principalement situé dans les républiques du Caucase du Nord. Il comprend les Tchétchènes et les Ingouches (langues nakh), les Avars, Darguines, Lezguiens et d'autres peuples daghestanais (langues du groupe nord-est caucasien), ainsi que les Circassiens, Kabardes et Adygués (langues abkhazo-adiguéennes). Ces populations parlent des langues non indo-européennes généralement mutuellement incompréhensibles, mais sont largement russophones en contexte urbain. La plupart sont musulmans sunnites et conservent de fortes structures communautaires et coutumières.

Les peuples finno-ougriens occupent plusieurs régions de la Russie européenne et de l'ouest sibérien. Les Mordves (moksha et erzya), Maris et Oudmourtes vivent principalement dans le bassin moyen de la Volga. Leurs langues, apparentées au finnois et au hongrois, sont enseignées dans les écoles régionales, bien que leur usage décline. Plus au nord, les Komis et les Komis-Permiens, ainsi que les Nénets, représentent des populations indigènes de la zone arctique, avec des langues et modes de vie centrés sur l'élevage de rennes, la pêche et la chasse dans la toundra.

Les peuples sibériens autochtones, comme les Khantis, les Mansis, les Tchouktches, les Évènes, les Nganassanes ou les Koriaks, sont de plus petite taille démographique mais culturellement distincts. Leurs langues appartiennent à des familles variées (ouralique, paléo-sibérienne, toungouse, etc.). Ces communautés vivent dans des conditions écologiques extrêmes et sont souvent confrontées à des problèmes d'assimilation, de marginalisation sociale et de perte linguistique.

L'Extrême-Orient russe comprend aussi des populations d'origine asiatique : les Bouriates, peuple mongolophone majoritaire dans la république de Bouriatie, sont bouddhistes tibétains, tandis que les Touvas parlent une langue turcique et pratiquent un mélange de chamanisme et de bouddhisme. D'autres groupes comme les Coréens russes, installés depuis le XIXe siècle, ont été déplacés par Staline en Asie centrale, mais certains vivent encore dans l'Extrême-Orient, notamment dans la région de Khabarovsk.

La Russie post-soviétique compte aussi une importante population d'origine caucasienne hors du Caucase proprement dit (Arméniens, Azerbaïdjanais, Géorgiens) ainsi que des diasporas centrasiatiques (Ouzbeks, Tadjiks, Kirghizes), souvent migrantes ou temporairement installées pour des raisons économiques. Ces groupes parlent leurs langues nationales mais sont aussi russophones, parfois de manière exclusive chez les jeunes générations.

L'ukrainien, le biélorusse, l'allemand, le yiddish ou le romani sont également présents, mais généralement dans des contextes diasporiques ou fragmentés. Le nombre de locuteurs actifs est en forte baisse, en raison de l'assimilation linguistique, de l'absence de politique de soutien ou de migrations.

Le cadre constitutionnel russe reconnaît le droit des républiques et des minorités à préserver leurs langues et cultures. Toutefois, la centralisation croissante du pouvoir, les réformes de 2018 supprimant l'obligation de l'enseignement des langues locales dans les écoles, et la domination du russe comme langue unique de l'État, ont affaibli la vitalité de nombreuses langues minoritaires. La cohabitation interethnique reste globalement pacifique, mais des tensions politiques, identitaires et religieuses subsistent, notamment dans le Caucase et certaines régions musulmanes.
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Moscou : la cathédrale de Kazan.
La cathédrale de Kazan, à Moscou (Russie). Source : The World Factbook.

Culture.
La culture de la Russie est le produit d'un vaste héritage historique, géographique et religieux, façonné par des influences européennes, asiatiques, orthodoxes et soviétiques. Elle se caractérise par un profond attachement à la tradition, un sens aigu de la grandeur nationale, et une tension constante entre modernité et conservatisme. L'identité russe s'est forgée autour d'un espace immense, d'un climat rude et d'une histoire marquée par des transformations brutales, des révolutions, des guerres et des renaissances successives. Cela a donné naissance à une culture d'endurance, de profondeur émotionnelle, et d'expression artistique puissante.

La langue russe joue un rôle central dans la cohésion culturelle du pays. Riche, nuancée et poétique, elle est à la fois un outil de communication et une arme littéraire redoutable. Elle est le vecteur d'une littérature parmi les plus influentes du monde, avec des figures comme Tolstoï, Dostoïevski, Tchekhov ou Pouchkine, dont les oeuvres abordent les grands dilemmes moraux, existentiels et sociaux. La littérature n'est pas seulement un art en Russie : elle est une institution et un miroir de la psychologie nationale.

La religion orthodoxe russe, longtemps marginalisée sous le régime soviétique, a retrouvé une place centrale dans la société contemporaine. Instrument du contrôle social au service du régime, elle façonne les symboles, les fêtes, l'architecture et les valeurs. Les églises aux dômes en bulbe, ornées d'icônes sacrées et d'encens, témoignent d'une esthétique mystique et solennelle. Le rite orthodoxe, avec ses chants liturgiques et ses processions, reste un moment fort du calendrier culturel, notamment lors de la Pâque orthodoxe, l'une des fêtes les plus importantes du pays.

La musique classique est un autre pilier culturel fondamental. Elle a produit des compositeurs mondialement reconnus comme Tchaïkovski, Rachmaninov, Prokofiev ou Chostakovitch. Le ballet russe, avec les compagnies comme le Bolchoï ou le Mariinsky, est considéré comme un sommet de la discipline. Il mêle perfection technique et expressivité dramatique. La tradition musicale populaire, quant à elle, comprend les chants folkloriques, les romances tsiganes, et les ballades soviétiques, habituellement teintées de nostalgie et de nationalisme.

Les arts plastiques russes ont été marqués par une alternance entre iconographie religieuse, réalisme socialiste et avant-gardes révolutionnaires. L'école d'icônes médiévale, notamment celle d'Andreï Roublev, reflétait une religiosité profonde. Puis, le XXe siècle a vu émerger des mouvements audacieux comme le suprématisme de Malevitch ou le constructivisme de Tatline, avant que l'idéologie soviétique n'impose le réalisme socialiste, qui glorifiaitt l'ouvrier et la patrie.

L'architecture russe oscille entre grandeur impériale, monumentalité soviétique et modernisme post-soviétique. Les palais baroques de Saint-Pétersbourg, les cathédrales byzantines de Moscou, les blocs de béton typiques de l'ère soviétique et les gratte-ciel contemporains forment un paysage architectural contrasté. Cette diversité témoigne des ruptures historiques que le pays a traversées et de sa capacité à se réinventer sans jamais rompre complètement avec son passé.

La cuisine russe reflète l'adaptation à un climat rigoureux et une géographie vaste. Elle repose sur des aliments simples et nourrissants : pain noir, pommes de terre, betteraves, choux, poisson, céréales. Des plats emblématiques comme le bortsch, les pelmeni, le koulibiak ou le kachapouri (dans les régions du Caucase) traduisent une culture de la convivialité et du partage. La vodka, généralement associée aux rituels sociaux et symboliques, joue un rôle dans les célébrations, les toasts, et parfois même les rituels funéraires.

La culture familiale est fortement marquée par des valeurs de solidarité intergénérationnelle, de respect envers les aînés, et d'une éducation rigoureuse. L'éducation intellectuelle, en particulier la maîtrise des disciplines scientifiques et artistiques, est très valorisée. Cela s'est traduit historiquement par une excellence dans les domaines des mathématiques, de la physique et de l'ingénierie, que l'URSS a promue comme fondement de sa puissance.

Enfin, le nationalisme russe, souvent empreint de mémoire historique plus ou moins réécrite, traverse toutes les couches de la culture. Il est entretenu , et parfois exacerbé ad nauseam, par des grandes célébrations comme le Jour de la Victoire, des monuments commémoratifs aux guerres napoléoniennes ou à la Seconde Guerre mondiale (ici appelée Grande Guerre patriotique) ou encore du discours politique.

Economie.
L'économie de la Russie est l'une des plus importantes du monde, avec une richesse fondée principalement sur ses vastes ressources naturelles, notamment le pétrole, le gaz naturel, et les minerais. L'économie russe reste fortement dépendante des revenus tirés du pétrole et du gaz, ce qui la rend vulnérable aux fluctuations des prix de ces produits sur les marchés mondiaux. La diversification de l'économie est un défi majeur pour réduire cette dépendance. La Russie a du mal à moderniser son économie et à stimuler l'innovation. Le pays doit investir davantage dans les technologies de pointe, la recherche et le développement, et soutenir les secteurs non liés aux ressources naturelles. Le déclin démographique et le vieillissement de la population constituent une menace pour la croissance économique. Le manque de main-d'oeuvre qualifiée et la migration interne posent des défis dans plusieurs régions.

La région de la Volga est une zone clé pour l'industrie manufacturière, la production automobile et la pétrochimie, avec des villes comme Samara et Kazan. La Volga, plus long fleuve d'Europe, est aussi un axe de transport majeur. L'Oural est une région riche en ressources naturelles, notamment les métaux et les minéraux, avec des villes industrielles comme Ekaterinbourg et Tcheliabinsk. C'est un centre de production métallurgique.L Sibérie est une région stratégique pour l'économie russe en raison de ses vastes ressources naturelles (pétrole, gaz naturel, charbon). Des villes comme Novossibirsk, Omsk, et Krasnoïarsk sont des centres économiques et industriels majeurs. Bien que faiblement peuplée, l'Extrême-Orient russ est important pour ses ressources naturelles (forêts, minerais) et pour ses ports sur le Pacifique. Des villes comme Vladivostok sont essentielles pour le commerce avec l'Asie.

La Russie est l'un des plus grands producteurs et exportateurs mondiaux de pétrole et de gaz naturel. Les exportations de ces ressources représentent environ 60 % des recettes d'exportation du pays et environ 40 % du budget fédéral. Les principales entreprises comme Gazprom, Rosneft, et Lukoil dominent le secteur énergétique russe. En plus des hydrocarbures, la Russie est riche en ressources minières, notamment le charbon, le fer, le nickel, et l'aluminium. Des entreprises comme Rusal dominent la production mondiale d'aluminium. La Russie possède la plus grande superficie forestière au monde, représentant une source importante de bois et de produits dérivés.

L'histoire du secteur russe des hydrocarbures, pilier de son économie et de son influence géopolitique, s'étend sur plus d'un siècle et demi. Elle débute au XIXe siècle avec l'émergence de la production pétrolière commerciale dans la région du Caucase, notamment à Bakou (aujourd'hui en Azerbaïdjan), alors sous l'Empire russe. Dans les années 1870, Bakou devient une plaque tournante pétrolière mondiale, portée par des entrepreneurs comme la famille Nobel et les Rothschild, qui investissent dans les technologies de forage. La production de la région connaît un essor fulgurant, et représente près de la moitié de la production mondiale de pétrole dans les années 1880, approvisionnant la Russie, l'Europe et au-delà. Cette période pose les bases de l'industrie russe des hydrocarbures, bien que celle-ci reste fragmentée et privée jusqu'au XXe siècle.

La Révolution russe de 1917 et la création de l'Union soviétique en 1922 marquent un tournant. Le nouveau régime nationalise le secteur, centralisant le contrôle sous le Goskomneft (Comité d'État du pétrole), réorganisé plus tard en Ministère du Pétrole et du Gaz. A travers ses ambitieux plans quinquennaux, l'Union soviétique donne la priorité à l'industrie lourde et à l'autosuffisance énergétique. Dans les années 1930, d'importants gisements pétroliers sont exploités dans la région Volga-Oural (à Romashkino et dans le Tatarstan, notamment), tandis que le gaz naturel, jusque-là sous-exploité, commence à susciter l'intérêt. La découverte du vaste gisement de Samotlor en Sibérie occidentale en 1965 révolutionne le secteur, propulsant l'URSS au rang des principaux producteurs mondiaux de pétrole et de gaz. Les années 1970 voient l'achèvement du Transsibérien, un projet d'infrastructure monumental qui transporte le gaz sibérien vers les marchés européens, et souligne le rôle du secteur dans la politique étrangère soviétique et la génération de revenus.

La transition post-soviétique de 1991 apporte des changements radicaux. La privatisation sous Boris Eltsine a entraîné une fragmentation des actifs publics, permettant à des oligarques à l'image de Mikhaïl Khodorkovski de prendre le contrôle d'entreprises clés, comme Ioukos. Cependant, cette période est marquée par la corruption, les batailles juridiques et l'instabilité. Au début des années 2000, le gouvernement de Vladimir Poutine réaffirme le contrôle de l'État en nationalisant des actifs clés. La création de Gazprom (1989), géant gazier contrôlé par l'État, et de Rosneft (1995, restructuré en 2004), consolident la domination de l'État. L'arrestation de Khodorkovski en 2003 et le démantèlement ultérieur de Ioukos symboliseront le retour du pouvoir de l'État, les hydrocarbures devenant un outil de pression politique et économique. La Russie valorise dès lors ses exportations de gaz vers l'Europe grâce à des gazoducs comme Nord Stream (2011) et Nord Stream 2 (2021), et utilise souvent l'énergie comme arme diplomatique, en particulier contre l'Union Européenne.

Malgré son poids économique – les hydrocarbures représentaient plus de 40 % du budget fédéral russe dans les années 2010 –, l'industrie a dû faire face à des difficultés. Les sanctions imposées suite à l'annexion de la Crimée (2014) ont restreint les investissements et l'accès aux technologies occidentales, incitant la Russie à se tourner vers les marchés asiatiques et à diversifier ses exportations. Les préoccupations environnementales, notamment les fuites d'oléoducs et les risques liés aux forages en Arctique, ont suscité des critiques, bien qu'elles aient généralement été éclipsées par les priorités stratégiques. L'invasion de l'Ukraine en 2022 a déclenché des sanctions sans précédent, qui ont réduit drastiquement les exportations de pétrole et de gaz, et obligé la Russie à réacheminer ses expéditions vers l'Inde, la Chine et d'autres pays, tout en subissant d'importantes pertes économiques.

Aujourd'hui, la Russie demeure le premier exportateur de gaz et le deuxième producteur de pétrole au monde, mais son économie, dépendante des hydrocarbures, est confrontée à des vulnérabilités. Le vieillissement des infrastructures, la baisse de la production des champs matures et l'isolement induit par les sanctions compromettent sa viabilité à long terme. L'évolution du secteur reflète la trajectoire globale de la Russie : une combinaison de croissance tirée par les ressources, d'affirmation géopolitique et de tension entre intégration mondiale et autonomie. Alors que la transition vers les énergies renouvelables s'accélère à l'échelle mondiale, le modèle russe, centré sur les hydrocarbures, est confronté à un avenir incertain, mais, pour l'instant, son influence persiste grâce à ses vastes réserves et à ses infrastructures stratégiques.

Le secteur industriel de la Russie est centré sur la production d'acier, la métallurgie, la fabrication de machines et d'équipements. Les industries métallurgiques sont particulièrement importantes dans des régions comme l'Oural, avec des villes industrielles comme Magnitogorsk et Tcheliabinsk. La Russie possède une industrie de la défense et de l'aérospatiale bien développée, héritée de l'époque soviétique. Des entreprises comme Sukhoï et MiG sont renommées dans le domaine de l'aviation militaire, tandis que Roscosmos supervise les activités spatiales, notamment la production de fusées et de satellites. L'industrie automobile russe produit principalement pour le marché intérieur, avec des marques comme AvtoVAZ (Lada). Les investissements étrangers ont aussi joué un rôle dans ce secteur, avec des partenariats entre constructeurs russes et européens ou asiatiques.

La Russie est l'un des plus grands exportateurs mondiaux de céréales, notamment le blé. La région de la Volga, la Sibérie et les régions du sud comme le Kouban sont des zones agricoles importantes. Outre les céréales, la Russie produit également de la viande, des produits laitiers, et des cultures comme les pommes de terre et le tournesol. Depuis les sanctions de 2014 imposées par l'Occident à la suite de l'annexion de la Crimée, la Russie a renforcé sa politique d'autosuffisance alimentaire, développant sa propre production pour réduire les importations agricoles.

Les principaux partenaires commerciaux de la Russie sont la Chine, l'Union européenne (même si les sanctions ont limité les échanges), ainsi que des pays d'Asie centrale. La Chine est aujourd'hui le principal partenaire commercial de la Russie, avec des échanges croissants dans le domaine de l'énergie, des minerais et des produits manufacturés. Depuis 2014 et encore davantage depuis 2022, la Russie fait face à des sanctions économiques imposées par les États-Unis, l'Union européenne et d'autres pays occidentaux, en raison de l'annexion de la Crimée puis de la guerre d'agression menée contre l'Ukraine. Ces sanctions ont affecté les secteurs financier, énergétique et de la défense, limitant l'accès aux technologies et aux marchés occidentaux. En réponse aux sanctions, la Russie a renforcé ses relations économiques avec les pays non occidentaux, notamment la Chine, l'Inde et les États du Moyen-Orient. Le projet de gazoduc Power of Siberia, qui exporte du gaz vers la Chine, en est un exemple concret.

Le Transsibérien, qui relie Moscou à Vladivostok, est la ligne ferroviaire la plus longue du monde (9000 km) et un axe vital pour le transport de marchandises à travers la Russie. Le réseau ferroviaire russe est l'un des plus denses et développés au monde, particulièrement pour le transport de fret. La Russie possède un vaste réseau de pipelines qui transportent le pétrole et le gaz naturel vers les marchés asiatiques et ncore, pour le gaz naturel, vers l'Europe. La Russie utilise des ports sur la mer Noire (Novorossiisk), la mer Baltique (Saint-Pétersbourg) et l'Extrême-Orient (Vladivostok) pour ses exportations et importations. Le développement de la route maritime du Nord, rendue plus accessible par la fonte des glaces en Arctique, est un projet stratégique pour la Russie.

La Banque centrale de Russie joue un rôle clé dans la gestion de l'inflation et la stabilité monétaire. En réponse à la chute des prix du pétrole et aux sanctions, la banque a renforcé ses réserves de change et maintenu une politique monétaire prudente. La monnaie russe, le rouble, a subi des fluctuations importantes au cours des dernières années en raison des sanctions, des fluctuations des prix du pétrole, et des tensions géopolitiques. La dépréciation du rouble a cependant permis d'augmenter la compétitivité des exportations russes. Les banques russes, dominées par Sberbank et VTB, ont dû s'adapter aux sanctions en réduisant leur dépendance aux financements étrangers et en renforçant les financements internes.
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L'Oboronka

Le complexe militaro-industriel russe, ordinairement désigné sous le terme d'« oboronka » en Russie, constitue un pilier central de l'économie, de la politique et de la stratégie de défense du pays. Ses racines plongent profondément dans l'ère soviétique, où la production militaire bénéficiait d'une priorité absolue, ce qui a créé un vaste réseau d'usines, de bureaux d'études et d'instituts de recherche souvent spécialisés verticalement. Après l'effondrement de l'URSS, le secteur a connu une période de fragmentation et de déclin, mais il a été progressivement consolidé sous le contrôle de l'État, en particulier sous la direction de Vladimir Poutine.

Aujourd'hui, il est largement structuré autour de grandes holdings d'État et de sociétés par actions contrôlées par l'État, comme Rostec, qui regroupe une multitude d'entreprises dans divers secteurs (aviation, hélicoptères, électronique, munitions, etc.). Parmi d'autres acteurs majeurs, on nommera Almaz-Antey pour les systèmes de défense antiaérienne et antimissile, l'Obyedinyonnaya Aviastroitelnaya Korporatsiya (UAC, United Aircraft Corporation) pour les avions, l'Ob'yedinyonnaya Sudostroitel'naya Korporatsiya (USC, United Shipbuilding) pour les navires, et l'Uralvagonzavod pour les véhicules blindés.

Ce complexe est d'une importance capitale pour l'économie russe. Il représente une part significative du PIB et constitue un employeur majeur, souvent le principal dans de nombreuses régions et villes de province. Les commandes de défense de l'État (Gosoboronzakaz) représentent une source de financement stable et essentielle pour ces entreprises, et assurent la production pour les forces armées russes et le maintien des capacités.

La Russie est un acteur majeur sur le marché mondial de l'armement. Le pays se classe régulièrement parmi les deux ou trois plus grands exportateurs mondiaux. Les exportations, gérées principalement par l'agence d'État Rosoboronexport, sont une source essentielle de revenus en devises étrangères et un outil de politique étrangère qui permet à la Russie de maintenir son influence et ses alliances stratégiques avec des pays clients en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique Latine. La gamme de produits exportés est très large. Elle va des avions de combat (Su-30, Su-35, bientôt Su-57) et hélicoptères (Mi-8/17, Mi-24/35, Ka-52) aux systèmes de défense antiaérienne (S-300, S-400), aux chars d'assaut (T-90) et aux sous-marins.

Sur le plan technologique, le complexe militaro-industriel russe possède des forces indéniables dans certains domaines traditionnels, comme la défense antiaérienne et antimissile (systèmes S-), les missiles de croisière et balistiques (Iskander, Kalibr), les sous-marins, et une expertise reconnue dans les avions de combat rustiques et puissants. Cependant, il fait face à des défis importants, notamment dans les domaines de la microélectronique, des composants de précision, des systèmes de drones avancés (bien que des efforts soient faits pour rattraper le retard) et de l'intégration de réseaux complexes par rapport aux standards occidentaux les plus élevés. La dépendance aux composants importés, notamment d'Europe occidentale et des États-Unis avant les sanctions, a été une vulnérabilité, poussant à des efforts d'import substitution, parfois au prix de performances ou de coûts.

Les sanctions internationales imposées à la Russie, particulièrement depuis 2014 et intensifiées massivement en 2022 en réponse à l'invasion de l'Ukraine, ont eu un impact significatif sur le complexe militaro-industriel. Elles entravent l'accès aux technologies de pointe, aux financements internationaux et à certains composants critiques. Cela a conduit la Russie à rechercher des fournisseurs alternatifs, notamment en Chine, l'Iranan ou même la Corée du Nord, et à accélérer ses programmes de production nationale.

Le conflit en Ukraine a mis le complexe militaro-industriel sous une pression immense. Il est mobilisé pour remplacer les pertes d'équipement considérables subies par les forces armées russes et pour soutenir l'effort de guerre continu. Cela a entraîné une augmentation spectaculaire des cadences de production pour les munitions d'artillerie, les chars d'assaut, les missiles, les drones et d'autres équipements essentiels. Cette situation met en lumière la résilience et la capacité d'adaptation du complexe, mais aussi ses limites en termes de capacités de production à grande échelle pour une guerre de haute intensité et de sa capacité à innover rapidement face aux défis technologiques posés par les équipements fournis à l'Ukraine par les pays occidentaux. Le rôle de l'État, via le Gosoboronzakaz et le contrôle direct, est plus crucial que jamais pour orienter, financer et coordonner cette production en temps de guerre.



Pascal Marchand, Atlas géopolitique de la Russie, Autrement, 2007. - Qu'en est-il de la puissance russe aujourd'hui? Après plus de quinze ans d'atermoiements, comment la Fédération de Russie organise-t-elle son retour sur la scène internationale? Atouts, défis, relations géostratégiques... un Atlas pour passer au crible les nouvelles donnes du plus grand état du monde. Avec la fin de l'URSS, la Russie, en proie à un effondrement économique, devenue incapable de peser dans les affaires du monde pendant la décennie quatre-vingt dix, avait, de l'avis général, disparu de la liste des grandes puissances. Depuis 1998, les gouvernements russes se sont employés à restaurer ce statut et cherchent à consolider le retour de la Fédération de Russie sur la scène internationale. Ils ont été opportunément soutenus en cela par la flambée des cours des matières premières et des hydrocarbures, produits dont la Russie est un grand fournisseur. Au milieu de la première décennie du siècle, on reparle d'une puissance russe, parfois pour s'en inquiéter. En réalité, beaucoup d'éléments de puissance étaient restés en place. Ainsi, les forces militaires n'ont jamais disparu, sauf peut-être des journaux occidentaux; simplement, elles se sont redéployées. Le pouvoir russe, trop affaibli, n'était plus en capacité de les mettre au service d'une politique. Il était trop occupé à chercher les moyens de rattraper le retard accumulé par la Russie pendant les cinquante dernières années. Bien avant eux, Lénine, avait déjà engagé le pays dans une tâche de rattrapage d'un retard accumulé. Bien avant lui, Pierre le Grand avait déjà engagé ce projet. La Russie va-t-elle se réadapter au monde ou est-elle décidément vouée à perpétuer la légende de Sisyphe? Les défis à relever sont multiples et d'importance mais la Russie dispose d'éléments de puissance bien réels et le Kremlin semble bien décidé à les coordonner pour les mettre au service d'une politique de restauration du statut international perdu. Plus vaste Etat du monde, étendu sur deux continents et sur dix fuseaux horaires, la Russie est par nature de dimension planétaire. Sur ses multiples interfaces, la Russie déploie aujourd'hui ses intérêts de grande puissance. Avec près de 80 cartes et infographies, un index, une bibliographie. (couv.).
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Anne-Marie Lizin, Nicolas Zeisler et al., Gazprom, stratégie de la Russie, Luc Pire, 2007. - Dix-sept ans à peine après l'explosion de l'empire soviétique, la Russie supporte à nouveau de vastes ambitions internationales. Pour satisfaire sa volonté de puissance, elle dispose d'un atout de poids : l'énergie. Zone de production mais aussi zone de transit reliant l'Asie, l'Asie centrale, le Caucase et l'Europe, elle fait figure de partenaire incontournable et entend coûte que coûte faire fructifier une telle position stratégique. Complètement inféodée au pouvoir russe, Gazprom, la plus grande compagnie de gaz naturel au monde, est donc l'arme fatale d'un Kremlin bien décidé à faire du gaz sa principale ressource politique et diplomatique. Or, un tel impérialisme énergétique inquiète : la récente crise ukrainienne a donné à voir les défis posés par la politique gazière de Vladimir Poutine. Désormais toute l'Europe, qu'elle le veuille ou non, se trouve concernée au plus haut point par les ambitions du nouveau Tsar de Russie. Quant aux Etats-Unis, point n'est besoin de préciser les inquiétudes suscitées par la reconstitution d'un empire énergétique qui leur rappelle les heures les plus chaudes de la Guerre froide... Cet ouvrage est l'oeuvre collective d'étudiants en première et deuxième années du master Carrières internationales de Sciences Po Paris. Il a été réalisé dans le cadre du séminaire " Organisations internationales " donné par Anne Marie Lizin, présidente du Sénat belge et rapporteuse de la Commission des Droits de l'Homme de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe. A l'origine du projet, un exercice de simulation de sommet de l'OSCE autour de la politique de Gazprom et de la Russie a été proposé par l'enseignant et a remporté l'adhésion de l'ensemble des étudiants. (couv.).
 
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