60
00 N, 100 00 E |
La Fédération de Russie
ou Russie (de Ros, nom d'un canton suédois, d'où était
originaire Rurik ,
le fondateur de la première puissance russe ,
dite russo-varègue; ou de Rouss, nom du pays de Kiev ,
sur le Dniepr) est une fédération de républiques
qui occupe une grande partie de l'Europe orientale
et tout le Nord de l'Asie. Au total, la Fédération
de Russie a une superficie de 17 millions de kilomètres carrés, ce qui
en fait le plus grand pays du monde; et, avec un PIB 2225 milliards de
dollars (divisé par deux depuis l'effondrement de l'Union soviétique ),
c'est la septième puissance économique mondiale (la huitième si on considère
l'Union Européenne). Capitale : Moscou.
Autres grandes villes : Saint-Pétersbourg,
Kazan,
Kouibychev, Oufa, Perm,
Tchelyabinsk,
Sverdlovsk, Omsk, Novossibirsk,
etc.
-
Carte
de la Russie. Source : The World Factbook.
(Cliquer
sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).
Du point de vue de la géographie et de
l'histoire, on peut diviser ce vaste espace en deux parties : la
Russie d'Europe, Ã l'Ouest de l'Oural, et en Russie
d'Asie, à l'Est. Cette dernière correspond pour l'essentiel à la Sibérie ,
à laquelle se rattachent, en périphérie, quelques régions et îles
de peu d'étendue relative (Bouriato-Mongolie, partie Russe de la Mandchourie
(Province maritime), péninsule du Kamtchatka, île
Sakhaline,
îles Kouriles, îles de l'Océan
arctique, etc.).
-
D'un point de vue administratif, la division
de la Fédération de Russie est plus complexe : il y a ainsi 46 oblasts
(provinces), 21 républiques, 4 okrugs (districts) autonomes, 9 krays (territoires),
2 villes fédérales et 1 oblast autonome. La population totale, surtout
conscentrée en Russie d'Europe et le long de l'étroite bande au Sud de
la Sibérie, traversée par le chemin de fer transsibérien, est évaluée
à 140 millions d'habitants (2009).
Les divisions
administratives de la Russie
|
Oblasts
Amour
(Blagoveshchensk)
Arkhangel'sk
Astrakhan'
Belgorod
Bryansk
Chelyabinsk
Irkutsk
Ivanovo
Kaliningrad
Kaluga
Kemerovo
Kirov
Kostroma
Kurgan
Kursk
Leningrad
Lipetsk
Magadan
Moscou,
Murmansk
Nizhniy
Novgorod
Novgorod
Novosibirsk
Omsk
Orenburg
Orel
Penza
Pskov
Rostov
Ryazan'
Sakhalin
(Yuzhno-Sakhalinsk)
Samara |
Saratov
Smolensk
Sverdlovsk
(Yekaterinburg)
Tambov
Tomsk
Tula
Tver'
Tyumen'
Ul'yanovsk
Vladimir
Volgograd
Vologda
Voronezh
Yaroslavl'
Oblast
autonome
Oblast
autonome Yevrey [=Juif] (Birobidjan)
Républiques
Adygeya
(Maykop)
Altaï
(Gorno-Altaysk)
Bashkortostan
(Ufa)
Buryatiya
(Ulan-Ude)
Tchéchtchénie
(Grozny)
Chuvashiya
(Cheboksary)
Daghestan
(Makhachkala)
Ingushetiya
(Magas)
Kabardino-Balkariya
(Nal'chik)
Kalmykiya
(Elista)
Karachayevo-Cherkesiya
(Cherkessk)
Kareliya
(Petrozavodsk) |
Khakasiya
(Abakan)
Komi
(Syktyvkar)
Mariy-El
(Yoshkar-Ola)
Mordoviya
(Saransk)
Ossétie
du Nord
(Vladikavkaz)
Sakha
[Yakoutie] (Yakutsk)
Tatarstan
(Kazan')
Tyva
(Kyzyl)
Udmurtiya
(Izhevsk)
Okrugs
autonomes
Chukotka
(Anadyr')
Khanty-Mansi
(Khanty-Mansiysk)
Nenets
(Nar'yan-Mar)
Yamalo-Nenets
(Salekhard)
Krays
Altaï
(Barnaul)
Kamtchatka
(Petropavlovsk-Kamchatskiy)
Khabarovsk
Krasnodar
Krasnoyarsk
Perm'
Primorskiy
(Vladivostok)
Stavropol'
Zabaykal'sk
(Chita)
Villes
fédérales
-
Moscou
Saint
Pétersbourg |
Les divisions
administratives ont en général les mêmes noms que leur chef-lieu; dans
le cas contraire le nom du chef-lieu est indiqué entre parenthèses. Quand
le nom a été francisé, on l'a écrit en caractères italiques.
Géographie physique
Les limites de la
Russie. Les côtes et les îles.
La Russie est est bornée au Nord
par l'Océan Glacial Arctique; à l'Est
par l'Océan Pacifique et la Mer d'Okhotsk,
au Sud, par la Corée du Nord (sur 17 km....),
la Chine, la Mongolie,
le Kazakhstan et les montagnes
du Caucase; Ã l'Ouest par l'Ukraine,
la Biélorussie (Belarus), la Lettonie,
l'Estonie, la Finlande
et, au Nord-Ouest par la Norvège. Le pays possède
en outre, avec l'oblast de Kaliningrad ,
une petite portion de territoire, bordée par la Mer
Baltique et enclavée entre la Pologne et
la Lituanie.
Les frontières ont une longueur de 20
240 km et les côtes se développent sur 37 600
km. Sur la façade du Pacifique, les côtes
sont baignées par la Mer du Japon, avec Vladivostok
comme principal port, la mer d'Okhotsk, dans laquelle se trouve l'île
Sakhaline et que séparent de l'Océan Pacifique proprement dit les
îles
Kouriles (dont les plus méridionales sont revendiquées par le Japon),
et par la Mer de Barents, le long du Kamtatchka. Les côtes que baigne
l'Océan Arctique sont les plus longues.
L'océan lui-même prend plusieurs noms sur cet immense littoral. De l'Est
à l'Ouest on a : la Mer des Tchoutches, la Mer de Sibérie orientale,
la Mer de laptev, la Mer de Kara et, en Europe, la Mer de Barents. Les
limites de chacune de ces portions est marquée par des îles
ou des archipels, respectivement : Ile Wrangel, Iles de la Nouvelle Sibérie,
Severnaja Zemblia (Terres du Nord) et Novaja-Zemblia (Nouvelle-Zemble).
Dans la partie européenne, les côtes se découpent en
golfes
et en presqu'îles nettement dessinés : les golfes de la Petchora
et de Tcheskaïa, la presqu'île de Kanin. La mer Blanche, qui n'est qu'un
golfe de la Mer de Barents, est moins froide, peu profonde et très poissonneuse;
elle se ramifie en quatre golfes : de Mezen, d'Arkhangel, d'Onéga et de
Kandalaskaia. A l'entrée du golfe d'Onéga sont les
îles
Solovetzk, avec un monastère vénéré des Russes du Nord.
Malgré la longueur de ses côtes la Russie
ne dispose que de débouchés maritimes limités. La navigation dans l'Océan
arctique est fortement entravée par la banquise
une grande partie de l'année; le littoral pacifique est beaucoup trop
éloigné des centres économiques et de peuplement. Enfin, l'accession
à l'indépendance à partir de 1991, de plusieurs républiques périphériques
de l'URSS ,
ont amputé la Russie, héritière de l'ancienne puissance soviétique,
de quelques-unes de ses côtes les plus utiles. Ainsi, depuis l'indépendance
du Kazakhastan, du Turkménistan
et de l'Azerbaïdjan, la Russie n'est plus
baignée par la Mer Caspienne qu'entre les
bouches de la Volga, dans la région d'Astrakhan ,
et le Caucase, Ã la hauteur de Derbent .
Sur la Mer Noire, c'est l'indépendance de l'Ukraine
et de la Géorgie qui a amputé le pays de la
plus grande partie de son littoral méridional : il s'étend, au Nord-Est
de cette mer, le long de la côte orientale de la mer d'Azov, puis entre
le détroit de Kertch
et la frontière géorgienne, au Sud-Est de Sotchi. Enfin, l'accession
à l'indépendance des pays Baltes n'a plus laissé à la Russie que deux
petits débouchés sur la Mer Baltique :
au fond du golfe de Finlande, avec le port de Saint-Pétersbourg ,
et aux bouches de la Pregolia et du Niémen, avec l'enclave de Kaliningrad.
L'orographie de
la Russie
Le relief de la Fédération de Russie
est caractérisé par de grandes plaines, qui
s'étendent sur presque toute la Russie d'Europe
et sur toute la Sibérie Occidentale. Si l'on excepte le l'Oural,
chaîne d'altitude médiocre, les montagnes
sont toutes en périphérie, et un grand plateau occupe la Sibérie centrale.
Relief
de la Russie d'Europe.
La Russie d'Europe, au contraire de l'Europe
occidentale, qui est si accidentée, est une immense plaine, au sol uniforme;
le plateau de Valdaï (ou Valdaj), source
de la
Volga, d'où rayonnent les autres chaînes,
a pour point culminant le Popowa-gora (351 mètres). Des fleuves,
au cours immense, vont se jeter dans des mers, gelées
en hiver, d'une navigation difficile. Ces steppes,
intermédiaires entre l'Europe et l'Asie,
se sont prêtées, tout au long de l'histoire, aux mouvements et aux invasions
des hordes nomades d'Asie centrale comme aux armées d'invasion européennes
de Napoléon
et, plus tard, des Nazis.
La ligne de partage des eaux y est si peu
marquée, que la Duna, le Dniépr et la Volga
entremêlent leurs sources dans des lacs et des
marécages
et ont été facilement réunis par des canaux. Cette communauté d'origine
de ses fleuves a fait l'unité de la Russie. Au
Nord, les collines d'Olonetz séparent le bassin de l'Onéga de celui de
la mer Blanche. Entre l'Océan Arctique
et le bassin de la Volga, le plateau
d'Uvalli s'élève à 250 mètres. Au Sud-Est, des ondulations courent
entre le Don et la Volga, serrant le grand fleuve
de leurs falaises sablonneuses. De l'île de Vaigatch
(Vajgac) Ã Orenburg et Orsk l'Oural se divise
en trois parties que séparent des brèches, routes d'Europe en Sibérie.
Dans la partie méridionale, au Nord d'Orenborg,
le plus haut sommet est le mont Iremel (1536 mètres); la partie centrale,
riche en or, platine,
argent,
malachite,
fer
et houille, atteint 1633 mètres au Denejkin-Kamen.
Dans la partie septentrionale, pays des Ostiaks et des Samoyèdes, le plus
haut sommet est le Töll-Pos Is (1688 mètres). De la presqu'île d'Apchéron,
dans la Mer Caspienne, Ã celle de Taman,
dans la mer Noire, le Caucase, semblable aux
Pyrénées
par sa conformation, forme une barrière plus haute que le mont Blanc,
car le mont Elbrouz, point culminant de la Russie, atteint 5633 mètres,
et le Kazbek 5043 mètres.
Le
relief de la Sibérie.
La Sibérie est,
dans son ensemble, une vaste plaine, légèrement
ondulée, et descendant graduellement des monts Altaï
au Sud jusqu'à l'océan Arctique. A I'Ouest,
se trouvent les steppes d'Ischim et de Baraba,
larges étendues de terres basses, où les prairies
herbeuses alternent avec les marécages pleins
de roseaux, les lacs d'eau douce avec ceux d'eau
salée, et un fertile sol arable avec de vastes forêts.
A l'Est, la plaine sibérienne est plus fréquemment coupée de collines;
mais elle n'a que peu de terre cultivable. Toute la côte Nord est une
région désolée de steppes salées et de marécages glacés.
Au Sud-Est , la Sibérie
est limitée et séparée de la Dzoungarie ,
de la Mongolie et de la Mandchourie par une
suite continue de montagnes élevées : le massif
de l'Altaï (avec les monts Sayansk), les monts
Iablonvy et les monts Stavonoï. Le mont Bieloukha, dans l'Altaï, atteint
4506 mètres. Les monts Sayansk et Iablonovy ont une orientation Sud-Ouest
Nord-Est. A l'Ouest du lac Baïkal, le Mounkou-Sardik
s'élève à 3492 mètres. Les pics principaux des monts Iablonovy sont
le Bystrinskiy Golets (2523) le Sokhondo en Daourie (2499 mètres);
au Nord de cette chaîne s'étend le plateau de Vitim (700 mètres).
Les hautes terres
du bassin de l'Amour sont le prolongement du
plateau
de Mongolie et sont dominées par les chaînes du Grand et du Petit Khingun
et de Mandchourie. Le Sikhota-Alin, qui s'élève au bord de la mer,
est formé d'anciens volcans. Le plateau sibérien
se termine sur la mer d'Okhotsk par les monts Stavonoï. La presqu'île
du Kamtschatka présente, le long de la mer d'Okhotsk, des chaînes de
granit
et de porphyre; tandis
que le long de la mer de Béring émergent des volcans, dont plusieurs
sont actifs. Vers le milieu de cette côte se croisent les deux arcs de
cercle formés par les volcans des îles
Kouriles.
Les cours d'eau.
Les fleuves qui
se jettent dans l'océan Glacial et la
mer Blanche traversent des tourbières et des
plaines
marécageuses dites toundras. En Europe, ces
fleuves sont la Kara, la Petchora, le Mezenc, la Dvina, l'Onéga et la
Tana. La Sibérie est elle aussi parcourue par d'immenses
cours d'eau dirigés presque uniformément du Sud au Nord. Ce sont, en
ayant de l'Ouest à l'Est 1° la Kara; 2° l'Obi, qui prend sa source dans
l'Altaï, au lac Telezk; il passe à Barnaul (Barnaoul)
et coule vers le Nord-Ouest et le Nord avec une pente très faible par
Kolywan, Narym et Beresov : il se jette au fond d'un golfe
long et étroit (700 m sur 110), après 3200 km de cours. Il revoit Ã
droite le Tom, qui arrose Tomsk, le Tschulym, le Kes, le Tym, la Wach;
à gauche, l'Irtisch (3900 km), qui sort de Altaï, traverse le lac Saïsan,
arrose Semipalatinsk, Omsk et Tobolsk ;
il se grossit de l'Ischim, du Tobol, dont un affluent, l'Isset, passe Ã
Yekaterinenbourg .
3° L'Iénisséi (3000 kilom), né en Chine, pénètre
en Sibérie par les défilés des monts Sayansk; il coule vers le Nord,
arrose Krasnojarsk, lénisseik et Turnschansk. Les affluents sont, à droite
: 1 ° LAngara, grande rivière semée de rapides qui vient du lac
Baïkal, passe à Irkoutsk, coule au
Nord puis à l'Ouest jusqu'aux environs d'Iénisseik; où elle se jette
dans l'lénisséi. 2° La Podkamennaja. 3° La Tunguska inférieure ou
Kiscknaja. 4° La Lena (2700 km) prend sa source à l'Ouest du lac Baïkal,
coule vers le Nord-Est jusqu'Ã lakoutsk, puis vers le Nord-Nord-Ouest.
Elle recoit à droite le Witim, sorti des monts Jablonoi, ainsi que l'Aldan;
à gauche, le Wiljoni. 5° L'Indighiska. 6° La Kolima.
Sur le versant du
Pacifique,
il n'y a qu'un seul fleuve remarquable , c'est
l'Amour (4000 km), formé de I'Argoun et de la Chilka, qui descendent de
la Daourie en perçant les monts Chingan; il forme la frontière entre
la Sibérie et la Mandchourie; il se jette dans la mer, près de Nikolaievsk,
en face l'île Sakhaline.
L'Amour a une très grande importance au point de vue de la navigation,
qui a lieu sur presque tout son cours, sauf en hiver
où il est couvert de glace malgré la rapidité considérable du courant;
il arrose les villes de Blagowjeschtschensk et de Khabarovka, au confluent
de l'Oussouri.
Il y a beaucoup de
lacs
en Sibérie, mais tous petits, excepté le lac Baïkal,
qui est aussi le plus profond du monde. Il est tributaire de l'Iénisséi
auquel l'Angara apporte ses eaux. Il a 660 kilomètres de long et 40 Ã
100 de large. La navigation est rendue difficile par les écueils et les
tempêtes, malgré la grande profondeur des eaux (oblast d'Iskoutsk). Il
reçoit la Selenga (1200 kilomètres), grande rivière qui vient de Mongolie.
Le lac Onéga envoie ses eaux par le Svir
dans le lac Ladoga (18120 km²), qui est le plus grand de l'Europe,
et nourrit des phoques dans ses eaux et a la Néva
pour déversoir. Le lac Ladoga reçoit encore, par le Volkhov, les eaux
du lac Ilmen. Le lac des Tchoudes (lac Peipous), à la frontière avec
l'Estonie, formé de deux petits lacs qui s'assèchent
peu à peu, s'écoule dans le golfe de Finlande par la Narva. Le Niémen
finit dans l'oblast de Kaliningrad et reçoit la Vilia, la rivière de
Vilnius
(Lituanie).
Dans la mer Noire, les cours d'eau de la
Russie sont : le Don, qui finit dans la mer d'Azov,
et est grossi, Ã gauche, du Donetz, qui traverse un riche bassin
houiller;
à droite, du Voronej, et le Kouban s'écoule dans d'immenses marécages
qui s'étendent entre la mer Noire et la mer d'Azov.
Dans la
Mer Caspienne se jette le plus grand
fleuve
de l'Europe, la
Volga,
long de 3700 kilomètres, artère vitale de la Russie. Il commence en pleine
Europe et finit aux confins de la steppe kazakhe;
ses rives sont plates jusqu'à Simbirsk : là , le fleuve heurte un massif
calcaire
qu'il traverse à Samara; cette chaîne calcaire, haute de 300 mètres,
l'accompagne sur sa rive droite, qui est continuellement minée, s'effrite
et s'éboule. La rive gauche, délaissée par le fleuve, qui se déplace
vers l'Ouest, est très marécageuse; à Tzaritzine, la Volga se jette
dans la mer par 72 bouches. A droite, elle recoit l'Oka, grossie de la
Moskova et de la Kliasma; la Sura; à gauche, la Volga reçoit la Mologa
et la Cheksna, communiquant par canaux avec les lacs
Ladoga et Onéga, la Kostroma et la puissante Kama, qui traverse la riche
région de l'Oural; la Kama elle-même est grossie
de la Viatka et de la Biélaïa.
-
La
Volga près de Zubtsov.
La géologie.
Au point de vue géologique, le sol russe
n'est pas seulement horizontal dans ses couches superficielles, mais encore
dans ses couches souterraines, où les roches
superposées conservent un parallélisme régulier sur d'immenses espaces.
Entre la mer Blanche et la Néva se retrouvent les
granits
et les gneiss de la péninsule scandinave; de là ,
jusqu'au coeur de l'Asie centrale, au Sud et Ã
l'Est, s'étendent les roches paléozoïques
et carbonifères; ensuite viennent les assises
du nouveau grès rouge, avec les formations permiennes qui ont tiré leur
nom de l'immense oblast de Perm
et s'étendent vers la base de l'Oural, entre les
steppes
des Kirghiz et les bords de l'océan Glacial.
Des strates jurassiques longent au Sud ces
étendues permiennes et forment un triangle irrégulier qui s'amincit peu
à peu des toundras du Nord aux rives de la Volga.
Plus au Sud, les formations crétacées,
tertiaires
et modernes se sont déposées autour d'un plateau
de granit qui traverse obliquement la région des steppes méridionales
et se prolonge dans les Etats voisins d'Asie centrale.
Par la partie superficielle du sol, la
Russie d'Europe forme deux régions distinctes : celle où les glaces mouvantes
ont laissé la trace de leur passage et celle où ne se rencontrent ni
blocs erratiques, ni argiles glaciaires. Toute
la Russie du Nord, moins la base de l'Oural, était
sous les glaciers qui, à l'époque glaciaire, couvraient l'Écosse, la
Norvège,
la Suède et la Finlande;
ces blocs erratiques, parmi lesquels on petit citer celui qui sert de piédestal
à la statue de Pierre le Grand
à Saint-Pétersbourg
et celui qui recouvre le tombeau de Napoléon
aux Invalides ,
n'ont pas été transportés par les glaces, mais sont les restes de gigantesques
moraines.
Aux Terres Noires du Sud s'arrêtent les limites des anciens
glaciers;
là , le sol végétal, depuis de longues périodes géologiques, est formé
par la décomposition des gazons.
Les
ressources minérales.
Les richesses minérales
de la Fédération de Russie sont considérables. Elles sont concentrées
surtout à l'Ouest la Sibérie, dans l'Oural, et
dans l'Altaï et les environs du lac Baïkal.
On exploite de longue date des mines d'or, d'argent,
de graphite, de
platine, de cuivre, de fer,
de plomb, de zinc, d'antimoine,
d'arsenic, de malachite, d'émeraudes, de topazes, etc. Mais ce qui fait
aujourd'hui la grande richesse de la fédération de Russie, ce sont ses
ressources énergétiques : le pays possède occupe le premier rang mondial
pour ses réserves de gaz naturel, le deuxième rang pour ses réserves
de charbon et le huitième pour ses réserves de charbon. C'est aussi Ã
l'heure actuelle le premier exportateur mondial de gaz naturel et le deuxième
exportateur de pétrole.
Le climat.
Le climat de la
Russie d'Europe est essentiellement continental; les hautes montagnes
de la Norvège arrètent l'influence du courant
du Gulf Stream et des vents d'ouest; l'uniformité
de cette vaste plaine fait que, durant le long
hiver
(150 jours de gel par an, Ã Moscou )
les vents glacés du Nord la balayent jusqu'à ses extrémités méridionales,
sans aucun obstacle, tandis que les vents continentaux de l'Est, après
avoir traversé l'Asie, sont brûlant en été et
glacés en hiver. Le contraste entre les saisons est ainsi très accentué;
entre la mer d'Azov et la Mer Caspienne,
le thermomètre descend en hiver à -30°C et remonte en été à +40°C.
Les pluies sont rares dans l'Ouest, la hauteur est de 0,60 m par an; dans
le Sud, elle n'est que de 0,40 m. Le climat de la Sibérie est beaucoup
plus froid que sous les latitudes correspondantes en Europe,
et sa rigueur s'accroît vers l'Est, surtout dans les régions orientales.
lakoutsk passe pour la ville la plus froide du monde. Dans l'Arctique,
Le sol reste constamment gelé sur plusieurs mètres (permafrost).
La surface du sol ne dégèle jamais avant la fin de juin, et elle est
reprise par la glace vers le milieu de septembre. Ces conditions expliquent
sur les rives de l'océan Arctique, se
soient conservés, enfouis à peu de profondeur, un nombre immense de restes
fossiles de Mammouths et d'autres animaux d'espèces éteintes.
Biogéographie de la
Russie
La biogéographie de
la Russie est exceptionnelle par son ampleur et sa diversité. S'étendant
sur plus de 17 millions de kilomètres carrés à travers l'Eurasie, la
Russie couvre onze fuseaux horaires et englobe une vaste gamme de zones
biogéographiques, qui vont des toundras arctiques aux déserts semi-arides,
en passant par les forêts boréales, les steppes tempérées et les montagnes
alpines. Ce territoire immense est structuré par de grands gradients climatiques,
orographiques et hydrologiques qui conditionnent la répartition des écosystèmes
et des espèces.
Au nord, la Russie
arctique se compose de toundras froides, dominées
par des sols gelés en permanence (pergélisol)
et une végétation basse composée de mousses,
de lichens, de carex et de petits arbustes. Ces
milieux, bien que peu productifs, sont essentiels pour la nidification
de nombreuses espèces d'oiseaux migrateurs,
comme les oies, les cygnes chanteurs ou les bécasseaux. Des mammifères
comme le renard arctique, le lemming ou l'ours polaire sont typiques de
ces régions, particulièrement dans les zones côtières de la mer de
Kara et de la mer de Laptev.
En descendant vers
le sud, la zone de taïga constitue la plus vaste
région écologique de Russie, s'étendant du nord de l'Europe jusqu'Ã
l'océan Pacifique. Elle est composée principalement de forêts
de conifères – épicéas, pins sylvestres, mélèzes – mêlés parfois
à des bouleaux ou des peupliers trembles. Ce biome
abrite une riche faune boréale, avec des espèces emblématiques comme
l'élan, le lynx, le glouton,
l'ours brun et la zibeline. Les rivières, lacs
et marais de la taïga sont cruciaux pour la biodiversité
aquatique et les cycles migratoires de poissons comme le saumon
du Pacifique et l'esturgeon.
Plus au sud, la zone
de forêt mixte et de feuillus occupe la Russie occidentale et centrale.
On y trouve des chênaies, des charmaies, des tilleuls et des érablières,
dans des milieux plus fertiles, où la diversité floristique et faunistique
augmente. Ces régions sont les plus densément peuplées et fortement
modifiées par l'agriculture, l'urbanisation et l'exploitation forestière.
Les grands prédateurs y sont plus rares, mais on y rencontre encore le
sanglier,
le cerf élaphe, ainsi que diverses espèces de
rapaces et de passereaux.
Les steppes
russes, situées dans la partie sud du pays, notamment dans le bassin du
Don et de la Volga, sont des prairies semi-arides
riches en graminées et plantes xérophiles. Ce biome est fortement anthropisé,
transformé en terres agricoles depuis le XIXe
siècle, mais il subsiste encore des zones naturelles abritant la saïga,
le hamster sauvage, le renard
corsac ou l'aigle impérial. Les steppes sont
particulièrement sensibles à la désertification, à la surexploitation
des sols et à la perte de biodiversité.
La région du Caucase,
au sud-ouest, offre une biodiversité exceptionnelle dans un espace réduit.
La complexité géologique et topographique des montagnes du Caucase favorise
la présence de nombreuses espèces endémiques, comme le léopard
du Caucase, le bouquetin de l'Est ou la vipère du Caucase. Les forêts
y sont mixtes, avec des espèces méditerranéennes, tempérées et alpines
coexistantes. Cette région est un point chaud biogéographique d'importance
mondiale.
La Sibérie
orientale et extrême-orientale présentent une combinaison unique de taïga,
de montagnes, de rivières et de forêts humides tempérées. Dans l'Extrême-Orient
russe, notamment dans les oblasts de l'Amour et du Primorié, les forêts
mixtes abritent des espèces rares et menacées comme le tigre de Sibérie,
le léopard de l'Amour et l'ours noir asiatique. Cette région est soumise
à de fortes pressions, notamment la déforestation illégale et le braconnage,
mais elle conserve encore de vastes territoires relativement intacts.
Le système montagneux
de l'Altaï, au centre-sud, forme un carrefour
biogéographique entre les faunes sibérienne, mongole et d'Asie centrale.
On y trouve des écosystèmes alpins, subalpins
et de forêts claires, avec une grande diversité floristique et faunique,
notamment des espèces comme le lynx de l'Altaï, le mouflon de l'argali
et des rapaces rares comme l'aigle royal et le
faucon
sacre.
Les régions désertiques
et semi-désertiques du sud-est, notamment dans la région de l'Astrakhan
ou autour de la mer Caspienne, présentent
des conditions arides avec une végétation clairsemée de type xérophile.
On y observe des reptiles spécifiques, des petits mammifères adaptés
à la sécheresse, et des oiseaux spécialisés comme l'outarde.
Enfin, les écosystèmes
marins et côtiers, du nord arctique au Pacifique oriental, complètent
la richesse biogéographique russe. Les zones côtières de la mer d'Okhotsk,
du détroit de Béring et du Kamchatka sont des lieux de reproduction pour
les cétacés, les otaries et de nombreuses espèces
d'oiseaux marins. Les récifs volcaniques du Kamchatka offrent une diversité
biologique unique en zone subarctique.
La biogéographie
russe est aujourd'hui confrontée à plusieurs menaces : changement climatique
(particulièrement marqué dans l'Arctique), déforestation, industrialisation
extractive, pollution des sols et des cours d'eau, fragmentation des habitats
et perte d'espèces. Le pays abrite de nombreux parcs nationaux, réserves
naturelles (zapovedniki) et sites inscrits au patrimoine mondial
de l'Unesco, mais la gestion de la conservation
reste inégale selon les régions.
La végétation.
Dans les régions
arctiques, il n'y a que des déserts glacés couverts
de mousse et de lichen;
c'est la toundra. Plus au Sud, sur des sols pauvres
et acides (podzols), s'étend une vaste forêt, la taïga,
qui se compose principalement de résineux dans les régions centrales
de la Sibérie, mais qui se transforme en forêt
mixte (résineux + feuillus) en Russie d'Europe et dans l'extrême-Orient.
Les principales essences y sont : le bouleau, le mélèze, le sapin, le
pin, le saule, le peuplier, l'orme et l'érable
de Tartarie .
Dans la Russie d'Europe, cette forêt prolonge celle de la Finlande.
Plus au Sud, l'espace est livré à la polyculture (blé,
seigle,pomme
de terre, lin), puis à la grande culture céréalière (blé,
maïs).
Enfin la steppe d'élevage (moutons), occupe la
région proche des rives de la Mer Caspienne.
En Sibérie, au Sud de la taïga, dans les régions traversées par le
chemin de fer Transsibérien, les cultures qui ont été développées
sont le blé, l'orge, le seigle, le blé noir, l'avoine
et le chanvre. Les navets et d'autres légumes des climats tempérés y
prospèrent en certaines localités favorables.
La faune.
Malgré la rigueur
de son climat, la Russie a un territoire tellement grand qu'on peut y observer
une faune d'une étonnante diversité. Parmi les
Mammifères,
on citera, pour la Russie d'Europe, l'Ours brun,
les Saïgas au Nord de la Mer Caspienne, les Sangliers, et les Spermophiles;
pour la Sibérie, les loups, les Cerfs élaphes, les Cerfs Sika,
Cerfs et les Bouquetins de Sibérie, les Wapitis de l'Altaï,
les Zibelines, les Renards argentés, les Lemmings, les Pikas;
les Gerboise, les Putois tigrés, les Lynx, les Tigres de Mandchourie,
les Phoques du
Baïkal, les Morses, les Phoques
barbus; De vastes troupeaux de rennes parcourent tout le nord de la Sibérie.
Les Kalmouks et quelques autres tribus nourrissent des chameaux. Il y a
deux espèces de moutons domestiques : le mouton russe, et le mouton kirghiz
à queue large. Pour ce qui est des Oiseaux,
on a, en Russie d'Europe : des Alouettes, des Coqs de Bruyère dans l'Oural,
des Bernacles et Oies de Mer au Nord; en Sibérie,
on mentionnera les Harfangs, les Grouses noires,
les Gorge-bleues, les Grands-Ducs, les Orfraies, les Eiders à lunettes,
les Plongeons à Bec-Jaune, les Cygnes siffleurs, les Guillemots, les Stellers,
les Ptarmigans, les Mésanges bleues, Geais de Sibérie, les Pélicans
blancs, etc. Enfin, parmi les Poissons, on trouve
des Morues et des Saumons dans la Mer d'Okhotstk
et des Esturgeons dans la Mer Caspienne.
Géographie humaine
Population.
La grande majorité
de la population russe est concentrée dans la partie européenne du pays,
à l'ouest de l'Oural. Les principales villes comme Moscou, Saint-Pétersbourg,
Nijni Novgorod et Kazan se trouvent dans cette région. Environ 75 % des
Russes vivent dans cette partie du pays, même si elle ne représente qu'environ
25 % de la superficie totale. La Sibérie et l'Extrême-Orient russe, qui
représentent une grande partie du territoire, sont très peu peuplées
en raison de conditions climatiques difficiles (froid intense, sol gelé)
et de leur éloignement. La densité de population y est souvent inférieure
à 1 habitant par kilomètre carré.
Plus de 75 % de la
population russe vit dans des zones urbaines. Les villes jouent un rôle
central dans la vie économique et sociale du pays. Moscou et Saint-Pétersbourg
sont les principaux pôles économiques et culturels, tandis que des villes
industrielles comme Ekaterinbourg, Novossibirsk
et Kazan sont également en pleine expansion.
Les zones rurales, notamment en Sibérie et dans l'Extrême-Orient russe,
sont généralement isolées et peu développées. La dépopulation dans
certaines régions rurales est un problème croissant, en particulier dans
les zones au climat difficile.
La Russie est un
pays multiculturel avec plus de 190 groupes ethniques. Les Russes ethniques
représentent environ 80 % de la population, mais il existe des minorités
importantes comme les Tatars (environ 4 %), les Bachkirs, les Tchétchènes,
les Bouriates et d'autres peuples autochtones de Sibérie et du Caucase.
La Russie est une fédération composée de 85 entités fédérales, dont
certaines sont des républiques ethniques autonomes. Par exemple, la République
du Tatarstan (capitale Kazan) est un centre de la culture tatare et musulmane,
tandis que la République de Sakha (Iakoutie) est la plus grande région
de Russie en superficie et est peuplée principalement par les Iakoutes.
Le russe est la langue
officielle et la plus parlée dans tout le pays, mais de nombreuses régions
autonomes ont aussi leurs propres langues officielles, comme le tatar,
le bachkir ou l'iakoute.La majorité des Russes sont orthodoxes, avec l'Église
orthodoxe russe comme la religion dominante. Il existe aussi d'importantes
communautés musulmanes, particulièrement dans les républiques du Caucase
(Tchétchénie, Daghestan) et du Tatarstan. Le bouddhisme est pratiqué
dans certaines régions comme la Bouriatie et la Kalmoukie.
La Russie fait face
à un vieillissement de la population et à un faible taux de natalité.
Cela pose des défis pour l'économie, notamment en termes de main-d'oeuvre.
Il existe une tendance à la migration des zones rurales vers les grandes
villes, ainsi qu'une migration externe, notamment de travailleurs venus
d'Asie centrale (Ouzbékistan, Tadjikistan), pour combler les besoins en
main-d'oeuvre dans certaines industries.
Quelques-unes
des grandes villes de la Russie
| •
Moscou.
- La capitale de la Russie et la plus grande ville du pays, avec une population
d'environ 12 millions d'habitants. C'est le coeur politique de la Russie,
abritant le Kremlin, qui est le siège du gouvernement russe et la résidence
officielle du président. Moscou est aussi le centre économique et financier
du pays, abritant de nombreuses grandes entreprises, banques et institutions
internationales. La Place Rouge et le Kremlin sont deux des monuments les
plus célèbres de Russie. La Cathédrale Saint-Basile, avec ses
dômes colorés, est l'une des icônes de l'architecture russe. Le
théâtre Bolchoï,est célèbre pour ses représentations d'opéra et
de ballet.
• Saint-Pétersbourg
. - Avec une population d'environ 5 millions d'habitants, Saint-Pétersbourg
est la deuxième plus grande ville de Russie. Fondée par le tsar Pierre
le Grand en 1703, elle fut la capitale de l'Empire russe pendant plus de
200 ans (jusqu'en 1918). Ville des arts et de la culture, Saint-Pétersbourg
est célèbre pour ses festivals de musique, d'opéra et de ballet. Le
théâtre Mariinsky est l'une des scènes les plus prestigieuses au monde.
Le Musée de l'Hermitage est l'un des plus grands musées d'art au monde,
situé dans l'ancien palais d'hiver des tsars. La Forteresse Pierre-et-Paul
est le lieu où sont enterrés plusieurs tsars, dont Pierre le Grand. Les
canaux et ponts de la ville, qui lui valent le surnom de "Venise du Nord".
Le Palais de Peterhof est parfois comparé à Versailles, avec ses jardins
et ses fontaines impressionnantes.
• Novossibirsk.
- Troisième plus grande ville de Russie avec environ 1,6 million d'habitants.
Elle est souvent qualifiée de capitale non officielle de la Sibérie.
La ville est un important centre industriel et une plaque tournante du
transport pour la Sibérie, située sur la route du Transsibérien, le
célèbre chemin de fer qui relie l'ouest et l'est de la Russie. Akademgorodok,
une petite ville voisine est dédiée à la science, avec de nombreux instituts
de recherche et universités, un centre majeur pour l'innovation scientifique
en Russie. Le théâtre d'opéra et de ballet de Novossibirsk est l'un
des plus grands de Russie, surnommé "le Bolchoï sibérien". Le Zoo de
Novossibirsk est l'un des plus importants en Russie, avec une grande variété
d'animaux, notamment des espèces sibériennes rares. La cathédrale Alexandre
Nevski est une belle église orthodoxe en briques rouges.
• Ekaterinbourg.
- Environ 1,5 million d'habitants, ce qui en fait la quatrième plus grande
ville de Russie. Située dans l'Oural, à la frontière entre l'Europe
et l'Asie, Ekaterinbourg est considérée comme le point de transition
entre ces deux partie de l'Eurasie. Centre industriel majeur, particulièrement
dans les secteurs du métal et des machines. La ville est également un
important centre financier et commercial pour la région de l'Oural. Ekaterinbourg
est célèbre pour être le lieu où la famille impériale russe, les Romanov,
a été exécutée en 1918 après la Révolution russe. Aujourd'hui, l'Église
sur le Sang, construite à l'emplacement de l'exécution, est un site commémoratif.
Le monument de la frontière Europe-Asie symbolise la position unique de
la ville. Le gratte-ciel Vysotsky est l'un des plus hauts de Russie; il
offreune vue panoramique sur la ville.
• Nijni
Novgorod. - Environ 1,2 million d'habitants. Située sur la Volga,
à environ 400 km à l'est de Moscou, Nijni Novgorod est l'une des plus
anciennes villes de Russie. Fondée au XIIIe siècle, elle est l'un des
centres historiques et culturels les plus importants de Russie. Pendant
la période soviétique, la ville a été renommée Gorki en l'honneur
de l'écrivain Maxime Gorki, né dans la ville.
C'est un centre important de construction navale et d'ingénierie. En raison
de son emplacement stratégique sur la Volga, Nijni Novgorod est un noeud
clé pour le commerce fluvial. Le Kremlin de Nijni Novgorod est un ensemble
fortifié qui surplombe la Volga; il brite de nombreux monuments historiques
et gouvernementaux. La Cathédrale Alexandre Nevski est l'une des églises
emblématiques de la ville. La rue piétonne Bolchaïa Pokrovskaïa est
célèbre pour ses boutiques, restaurants et bâtiments historiques. |
•
Kazan.
- Environ 1,3 million d'habitants. Située à environ 800 km à l'est de
Moscou, Kazan est la capitale de la République du Tatarstan. Kazan est
un centre industriel et économique. C'est aussi une ville universitaire
avec plusieurs institutions d'enseignement renommées, notamment l'Université
fédérale de Kazan. La ville a été fondée il y a plus de 1000 ans,
et elle a longtemps été un centre majeur du khanat de Kazan avant d'être
annexée par la Russie en 1552 par Ivan le Terrible. Kazan est l'une des
villes les plus multiculturelles de Russie, où se côtoient les cultures
tatare et russe, ainsi que les religions musulmane et orthodoxe. Elle est
souvent décrite comme un modèle de tolérance religieuse en Russie. Le
Kremlin de Kazan est un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco,
qui abrite la mosquée Qolsharif et la cathédrale de l'Annonciation. La
rue piétonne Baumana est l'une des principales artères de la ville, avec
de nombreux magasins, cafés et monuments historiques. Le Temple de toutes
les religions est une structure qui symbolise l'unité entre différentes
croyances.
• Samara.
- Environ 1,2 million d'habitants. Située sur la rive gauche de la
Volga, dans la région de la Moyenne-Volga, Samara se trouve à environ
850 km au sud-est de Moscou. C'est un important centre industriel, avec
une spécialisation dans l'industrie aérospatiale, l'industrie chimique
et la production automobile. Elle est aussi un centre pour l'industrie
énergétique, notamment les raffineries de pétrole. Pendant la Seconde
Guerre mondiale, Samara (appelée Kouïbychev à l'époque) a été désignée
comme la "capitale de réserve" en cas de chute de Moscou face à l'Allemagne
nazie. Le bunker de Staline
y est toujours visitable aujourd'hui. Le Musée spatial de Samara reflète
le rôle important de la ville dans l'industrie aérospatiale. La place
de Kouïbychev est l'une des plus grandes places d'Europe. La promenade
de la Volga est un lieu pour les promenades avec une vue pittoresque
sur le fleuve.
• Omsk.
- Environ 1,1 million d'habitants. Située en Sibérie occidentale,
Omsk se trouve sur les rives de l'Irtych, à environ 2 200 km à l'est
de Moscou. Omsk est un important centre industriel en Sibérie, notamment
dans les secteurs du raffinage du pétrole, de la production chimique,
de la construction de machines et de la défense. Fondée en 1716 comme
une forteresse, Omsk est devenue un centre administratif de Sibérie sous
l'Empire russe. Pendant une courte période durant la guerre civile russe,
Omsk a été la capitale du gouvernement provisoire anti-bolchevik. La
cathédrale de l'Assomption est une église orthodoxe magnifiquement restaurée.
Le musée de la littérature Fiodor Dostoïevski est le lieu où où l'écrivain
a été emprisonné durant ses années d'exil en Sibérie. Le théâtre
dramatique d'Omsk est un des plus anciens théâtres de Sibérie.
• Tcheliabinsk.
- Environ 1,2 million d'habitants. Située dans l'Oural, Tcheliabinsk se
trouve à l'est de la chaîne de montagnes qui sépare l'Europe de l'Asie,
à environ 1800 km de Moscou. Ville industrielle importante, Tcheliabinsk
est connue pour son industrie métallurgique et mécanique. Elle a joué
un rôle crucial dans la production d'armement pendant la Seconde Guerre
mondiale, au point d'être surnommée "Tankograd". Tcheliabinsk a attiré
l'attention mondiale en 2013, lorsqu'un météore a explosé au-dessus
de la ville, causant des dégâts matériels et des centaines de blessés.
Le monument au météore de 2013 est une installation commémorant cet
événement rare. Le musée régional des beaux-arts abrite une vaste collection
d'art russe et européen. Le parc Gagarine est un espace vert avec des
attractions pour les familles.
• Rostov-sur-le-Don.
- Environ 1,1 million d'habitants. Située dans le sud de la Russie, sur
la rivière Don, à environ 1000 km au sud de Moscou. Rostov-sur-le-Don
est souvent considérée comme la porte d'entrée vers le Caucase. C'est
un centre de transport majeur grâce à son port sur le Don, qui relie
la mer Noire et la mer Caspienne. L'économie de Rostov est diversifiée,
avec des industries telles que l'agriculture, la construction navale, la
mécanique et l'énergie. Rostov est également un centre culturel important
dans le sud de la Russie. Elle a été fondée en 1749 comme un poste douanier.
Son emplacement stratégique en fait une plaque tournante commerciale depuis
des siècles. La Cathédrale de la Nativité est un symbole religieux et
historique de la ville. Le parc Rostov Gorki est un grand espace vert.
Le musée régional de Rostov raconte l'histoire de la région, depuis
les Cosaques du Don. |
---
Groupes ethnolinguistiques.
La Fédération
de Russie est un État multinational aux dimensions continentales, qui
abrite plus de 190 groupes ethniques et une grande diversité linguistique.
Bien que les Russes ethniques soient majoritaires, représentant environ
77 à 80 % de la population, le pays est structuré par une mosaïque de
peuples autochtones, de minorités historiques et d'ethnies issues des
migrations internes ou des recompositions post-soviétiques. Cette diversité
est organisée en partie par un système fédéral asymétrique, dans lequel
certaines républiques ethniques disposent de droits culturels et linguistiques
étendus.
Les Russes, de langue
slave orientale, forment le groupe dominant sur les plans démographique,
politique et culturel. Le russe est la langue
officielle de la Fédération et la langue véhiculaire dans tous les domaines
: administration, éducation, médias et vie publique. Les Russes sont
présents sur tout le territoire, y compris dans les républiques autonomes
à majorité non russe, souvent en position de cohabitation ou de domination
démographique.
En dehors du groupe
majoritaire, plusieurs grands ensembles ethnolinguistiques structurent
la géographie humaine de la Russie. Le groupe turcique est l'un des plus
importants, à la fois par sa dispersion et son poids démographique. Il
comprend notamment les Tatars, deuxième groupe ethnique de Russie, concentrés
principalement dans la république du Tatarstan et dans le bassin de la
Volga. Ils parlent le tatar, langue turcique appartenant à la branche
kipchak, et conservent une identité culturelle forte, articulée autour
de la langue, de l'islam sunnite et d'un sentiment d'autonomie culturelle.
Les Bachkirs, voisins
des Tatars dans la région de l'Oural, parlent également une langue turcique
et partagent des traditions islamiques et pastorales. Les Tchouvaches,
autre peuple turcophone mais de religion orthodoxe, possèdent une langue
distincte et une histoire propre marquée par des influences finno-ougriennes.
Les Yakoutes (ou Sakhas), peuple turcique de Sibérie orientale, habitent
la vaste république de Sakha-Yakoutie et pratiquent un mode de vie adapté
au climat subarctique, combinant élevage de rennes, chasse et traditions
chamaniques.
Le groupe caucasien
est extrêmement diversifié, principalement situé dans les républiques
du Caucase du Nord. Il comprend les Tchétchènes et les Ingouches (langues
nakh), les Avars, Darguines, Lezguiens et d'autres peuples daghestanais
(langues du groupe nord-est caucasien), ainsi que les Circassiens, Kabardes
et Adygués (langues abkhazo-adiguéennes). Ces populations parlent des
langues non indo-européennes généralement mutuellement incompréhensibles,
mais sont largement russophones en contexte urbain. La plupart sont musulmans
sunnites et conservent de fortes structures communautaires et coutumières.
Les peuples finno-ougriens
occupent plusieurs régions de la Russie européenne et de l'ouest sibérien.
Les Mordves (moksha et erzya), Maris et Oudmourtes vivent principalement
dans le bassin moyen de la Volga. Leurs langues, apparentées au finnois
et au hongrois, sont enseignées dans
les écoles régionales, bien que leur usage décline. Plus au nord, les
Komis et les Komis-Permiens, ainsi que les Nénets, représentent des populations
indigènes de la zone arctique, avec des langues et modes de vie centrés
sur l'élevage de rennes, la pêche et la chasse dans la toundra.
Les peuples sibériens
autochtones, comme les Khantis, les Mansis, les Tchouktches, les Évènes,
les Nganassanes ou les Koriaks, sont de plus petite taille démographique
mais culturellement distincts. Leurs langues appartiennent à des familles
variées (ouralique, paléo-sibérienne, toungouse, etc.). Ces communautés
vivent dans des conditions écologiques extrêmes et sont souvent confrontées
à des problèmes d'assimilation, de marginalisation sociale et de perte
linguistique.
L'Extrême-Orient
russe comprend aussi des populations d'origine asiatique : les Bouriates,
peuple mongolophone majoritaire dans la république de Bouriatie, sont
bouddhistes tibétains, tandis que les Touvas parlent une langue turcique
et pratiquent un mélange de chamanisme et de bouddhisme. D'autres groupes
comme les Coréens russes, installés depuis le XIXe
siècle,
ont été déplacés par Staline en Asie centrale, mais certains vivent
encore dans l'Extrême-Orient, notamment dans la région de Khabarovsk.
La Russie post-soviétique
compte aussi une importante population d'origine caucasienne hors du Caucase
proprement dit (Arméniens, Azerbaïdjanais, Géorgiens) ainsi que des
diasporas centrasiatiques (Ouzbeks, Tadjiks, Kirghizes), souvent migrantes
ou temporairement installées pour des raisons économiques. Ces groupes
parlent leurs langues nationales mais sont aussi russophones, parfois de
manière exclusive chez les jeunes générations.
L'ukrainien, le biélorusse,
l'allemand, le yiddish ou le romani sont également présents, mais généralement
dans des contextes diasporiques ou fragmentés. Le nombre de locuteurs
actifs est en forte baisse, en raison de l'assimilation linguistique, de
l'absence de politique de soutien ou de migrations.
Le cadre constitutionnel
russe reconnaît le droit des républiques et des minorités à préserver
leurs langues et cultures. Toutefois, la centralisation croissante du pouvoir,
les réformes de 2018 supprimant l'obligation de l'enseignement des langues
locales dans les écoles, et la domination du russe comme langue unique
de l'État, ont affaibli la vitalité de nombreuses langues minoritaires.
La cohabitation interethnique reste globalement pacifique, mais des tensions
politiques, identitaires et religieuses subsistent, notamment dans le Caucase
et certaines régions musulmanes.
-
La
cathédrale de Kazan, à Moscou (Russie). Source
: The World Factbook.
Culture.
La culture de la
Russie est le produit d'un vaste héritage historique, géographique et
religieux, façonné par des influences européennes, asiatiques, orthodoxes
et soviétiques. Elle se caractérise par un profond attachement à la
tradition, un sens aigu de la grandeur nationale, et une tension constante
entre modernité et conservatisme. L'identité russe s'est forgée autour
d'un espace immense, d'un climat rude et d'une histoire marquée par des
transformations brutales, des révolutions, des guerres et des renaissances
successives. Cela a donné naissance à une culture d'endurance, de profondeur
émotionnelle, et d'expression artistique puissante.
La langue russe joue
un rôle central dans la cohésion culturelle du pays. Riche, nuancée
et poétique, elle est à la fois un outil de communication et une arme
littéraire redoutable. Elle est le vecteur d'une littérature
parmi les plus influentes du monde, avec des figures comme Tolstoï,
Dostoïevski,
Tchekhov
ou Pouchkine, dont les oeuvres abordent les
grands dilemmes moraux, existentiels et sociaux. La littérature n'est
pas seulement un art en Russie : elle est une institution et un miroir
de la psychologie nationale.
La religion orthodoxe
russe, longtemps marginalisée sous le régime soviétique, a retrouvé
une place centrale dans la société contemporaine. Instrument du contrôle
social au service du régime, elle façonne les symboles, les fêtes, l'architecture
et les valeurs. Les églises aux dômes en bulbe, ornées d'icônes sacrées
et d'encens, témoignent d'une esthétique mystique et solennelle. Le rite
orthodoxe, avec ses chants liturgiques et ses processions, reste un moment
fort du calendrier culturel, notamment lors de la Pâque orthodoxe, l'une
des fêtes les plus importantes du pays.
La musique classique
est un autre pilier culturel fondamental. Elle a produit des compositeurs
mondialement reconnus comme Tchaïkovski, Rachmaninov, Prokofiev ou Chostakovitch.
Le ballet russe, avec les compagnies comme le Bolchoï ou le Mariinsky,
est considéré comme un sommet de la discipline. Il mêle perfection technique
et expressivité dramatique. La tradition musicale populaire, quant Ã
elle, comprend les chants folkloriques, les romances tsiganes, et les ballades
soviétiques, habituellement teintées de nostalgie et de nationalisme.
Les arts plastiques
russes ont été marqués par une alternance entre iconographie religieuse,
réalisme socialiste et avant-gardes révolutionnaires. L'école d'icônes
médiévale, notamment celle d'Andreï Roublev, reflétait une religiosité
profonde. Puis, le XXe siècle a vu émerger
des mouvements audacieux comme le suprématisme de Malevitch ou le constructivisme
de Tatline, avant que l'idéologie soviétique n'impose le réalisme socialiste,
qui glorifiaitt l'ouvrier et la patrie.
L'architecture russe
oscille entre grandeur impériale, monumentalité soviétique et modernisme
post-soviétique. Les palais baroques de Saint-Pétersbourg, les cathédrales
byzantines de Moscou, les blocs de béton typiques de l'ère soviétique
et les gratte-ciel contemporains forment un paysage architectural contrasté.
Cette diversité témoigne des ruptures historiques que le pays a traversées
et de sa capacité à se réinventer sans jamais rompre complètement avec
son passé.
La cuisine russe
reflète l'adaptation à un climat rigoureux et une géographie vaste.
Elle repose sur des aliments simples et nourrissants : pain noir, pommes
de terre, betteraves, choux, poisson, céréales. Des plats emblématiques
comme le bortsch, les pelmeni, le koulibiak ou le
kachapouri
(dans les régions du Caucase) traduisent une culture de la convivialité
et du partage. La vodka, généralement associée aux rituels sociaux et
symboliques, joue un rôle dans les célébrations, les toasts, et parfois
même les rituels funéraires.
La culture familiale
est fortement marquée par des valeurs de solidarité intergénérationnelle,
de respect envers les aînés, et d'une éducation rigoureuse. L'éducation
intellectuelle, en particulier la maîtrise des disciplines scientifiques
et artistiques, est très valorisée. Cela s'est traduit historiquement
par une excellence dans les domaines des mathématiques, de la physique
et de l'ingénierie, que l'URSS a promue comme
fondement de sa puissance.
Enfin, le nationalisme
russe, souvent empreint de mémoire historique plus ou moins réécrite,
traverse toutes les couches de la culture. Il est entretenu , et parfois
exacerbé
ad nauseam, par des grandes célébrations comme le Jour
de la Victoire, des monuments commémoratifs aux guerres
napoléoniennes ou à la Seconde
Guerre mondiale (ici appelée Grande Guerre patriotique) ou
encore du discours politique.
Economie.
L'économie de la
Russie est l'une des plus importantes du monde, avec une richesse fondée
principalement sur ses vastes ressources naturelles, notamment le pétrole,
le gaz naturel, et les minerais. L'économie russe reste fortement dépendante
des revenus tirés du pétrole et du gaz, ce qui la rend vulnérable aux
fluctuations des prix de ces produits sur les marchés mondiaux. La diversification
de l'économie est un défi majeur pour réduire cette dépendance. La
Russie a du mal à moderniser son économie et à stimuler l'innovation.
Le pays doit investir davantage dans les technologies de pointe, la recherche
et le développement, et soutenir les secteurs non liés aux ressources
naturelles. Le déclin démographique et le vieillissement de la population
constituent une menace pour la croissance économique. Le manque de main-d'oeuvre
qualifiée et la migration interne posent des défis dans plusieurs régions.
La région de la
Volga est une zone clé pour l'industrie manufacturière, la production
automobile et la pétrochimie, avec des villes comme Samara et Kazan. La
Volga, plus long fleuve d'Europe, est aussi un axe de transport majeur.
L'Oural est une région riche en ressources naturelles, notamment les métaux
et les minéraux, avec des villes industrielles comme Ekaterinbourg et
Tcheliabinsk. C'est un centre de production métallurgique.L Sibérie est
une région stratégique pour l'économie russe en raison de ses vastes
ressources naturelles (pétrole, gaz naturel, charbon). Des villes comme
Novossibirsk, Omsk, et Krasnoïarsk sont des centres économiques et industriels
majeurs. Bien que faiblement peuplée, l'Extrême-Orient russ est important
pour ses ressources naturelles (forêts, minerais) et pour ses ports sur
le Pacifique. Des villes comme Vladivostok sont essentielles pour le commerce
avec l'Asie.
La Russie est l'un
des plus grands producteurs et exportateurs mondiaux de pétrole et de
gaz naturel. Les exportations de ces ressources représentent environ 60
% des recettes d'exportation du pays et environ 40 % du budget fédéral.
Les principales entreprises comme Gazprom, Rosneft, et Lukoil dominent
le secteur énergétique russe. En plus des hydrocarbures,
la Russie est riche en ressources minières, notamment le charbon, le fer,
le nickel, et l'aluminium. Des entreprises comme Rusal dominent la production
mondiale d'aluminium. La Russie possède la plus grande superficie forestière
au monde, représentant une source importante de bois et de produits dérivés.
L'histoire
du secteur russe des hydrocarbures, pilier de son économie et de son
influence géopolitique, s'étend sur plus d'un siècle et demi. Elle débute
au XIXe siècle avec l'émergence de la
production pétrolière commerciale dans la région du Caucase, notamment
à Bakou (aujourd'hui en Azerbaïdjan),
alors sous l'Empire russe. Dans les années 1870, Bakou devient une plaque
tournante pétrolière mondiale, portée par des entrepreneurs comme la
famille Nobel et les Rothschild, qui investissent dans les technologies
de forage. La production de la région connaît un essor fulgurant, et
représente près de la moitié de la production mondiale de pétrole dans
les années 1880, approvisionnant la Russie, l'Europe et au-delà . Cette
période pose les bases de l'industrie russe des hydrocarbures, bien que
celle-ci reste fragmentée et privée jusqu'au XXe
siècle.
La Révolution russe
de 1917 et la création de l'Union soviétique
en 1922 marquent un tournant. Le nouveau régime nationalise le secteur,
centralisant le contrôle sous le Goskomneft (Comité d'État du pétrole),
réorganisé plus tard en Ministère du Pétrole et du Gaz. A travers ses
ambitieux plans quinquennaux, l'Union soviétique donne la priorité Ã
l'industrie lourde et à l'autosuffisance énergétique. Dans les années
1930, d'importants gisements pétroliers sont exploités dans la région
Volga-Oural (Ã Romashkino et dans le Tatarstan, notamment), tandis que
le gaz naturel, jusque-là sous-exploité, commence à susciter l'intérêt.
La découverte du vaste gisement de Samotlor en Sibérie occidentale en
1965 révolutionne le secteur, propulsant l'URSS au rang des principaux
producteurs mondiaux de pétrole et de gaz. Les années 1970 voient l'achèvement
du Transsibérien, un projet d'infrastructure monumental qui transporte
le gaz sibérien vers les marchés européens, et souligne le rôle du
secteur dans la politique étrangère soviétique et la génération de
revenus.
La transition post-soviétique
de 1991 apporte des changements radicaux. La privatisation sous Boris Eltsine
a entraîné une fragmentation des actifs publics, permettant à des oligarques
à l'image de Mikhaïl Khodorkovski de prendre le contrôle d'entreprises
clés, comme Ioukos. Cependant, cette période est marquée par la corruption,
les batailles juridiques et l'instabilité. Au début des années 2000,
le gouvernement de Vladimir Poutine réaffirme le contrôle de l'État
en nationalisant des actifs clés. La création de Gazprom (1989), géant
gazier contrôlé par l'État, et de Rosneft (1995, restructuré en 2004),
consolident la domination de l'État. L'arrestation de Khodorkovski en
2003 et le démantèlement ultérieur de Ioukos symboliseront le retour
du pouvoir de l'État, les hydrocarbures devenant un outil de pression
politique et économique. La Russie valorise dès lors ses exportations
de gaz vers l'Europe grâce à des gazoducs comme Nord Stream (2011) et
Nord Stream 2 (2021), et utilise souvent l'énergie comme arme diplomatique,
en particulier contre l'Union Européenne.
Malgré son poids
économique – les hydrocarbures représentaient plus de 40 % du budget
fédéral russe dans les années 2010 –, l'industrie a dû faire face
à des difficultés. Les sanctions imposées suite à l'annexion de la
Crimée
(2014) ont restreint les investissements et l'accès aux technologies occidentales,
incitant la Russie à se tourner vers les marchés asiatiques et à diversifier
ses exportations. Les préoccupations environnementales, notamment les
fuites d'oléoducs et les risques liés aux forages en Arctique, ont suscité
des critiques, bien qu'elles aient généralement été éclipsées par
les priorités stratégiques. L'invasion de l'Ukraine
en 2022 a déclenché des sanctions sans précédent, qui ont réduit drastiquement
les exportations de pétrole et de gaz, et obligé la Russie à réacheminer
ses expéditions vers l'Inde, la Chine
et d'autres pays, tout en subissant d'importantes pertes économiques.
Aujourd'hui, la Russie
demeure le premier exportateur de gaz et le deuxième producteur de pétrole
au monde, mais son économie, dépendante des hydrocarbures, est confrontée
à des vulnérabilités. Le vieillissement des infrastructures, la baisse
de la production des champs matures et l'isolement induit par les sanctions
compromettent sa viabilité à long terme. L'évolution du secteur reflète
la trajectoire globale de la Russie : une combinaison de croissance tirée
par les ressources, d'affirmation géopolitique et de tension entre intégration
mondiale et autonomie. Alors que la transition vers les énergies renouvelables
s'accélère à l'échelle mondiale, le modèle russe, centré sur les
hydrocarbures, est confronté à un avenir incertain, mais, pour l'instant,
son influence persiste grâce à ses vastes réserves et à ses infrastructures
stratégiques.
Le secteur industriel
de la Russie est centré sur la production d'acier, la métallurgie, la
fabrication de machines et d'équipements. Les industries métallurgiques
sont particulièrement importantes dans des régions comme l'Oural, avec
des villes industrielles comme Magnitogorsk et Tcheliabinsk. La Russie
possède une industrie de la défense et de l'aérospatiale bien développée,
héritée de l'époque soviétique. Des entreprises comme Sukhoï et MiG
sont renommées dans le domaine de l'aviation militaire, tandis que Roscosmos
supervise les activités spatiales, notamment la production de fusées
et de satellites. L'industrie automobile russe produit principalement pour
le marché intérieur, avec des marques comme AvtoVAZ (Lada). Les investissements
étrangers ont aussi joué un rôle dans ce secteur, avec des partenariats
entre constructeurs russes et européens ou asiatiques.
La Russie est l'un
des plus grands exportateurs mondiaux de céréales, notamment le blé.
La région de la Volga, la Sibérie et les régions du sud comme le Kouban
sont des zones agricoles importantes. Outre les céréales, la Russie produit
également de la viande, des produits laitiers, et des cultures comme les
pommes de terre et le tournesol. Depuis les sanctions de 2014 imposées
par l'Occident à la suite de l'annexion de la Crimée, la Russie a renforcé
sa politique d'autosuffisance alimentaire, développant sa propre production
pour réduire les importations agricoles.
Les principaux partenaires
commerciaux de la Russie sont la Chine, l'Union européenne (même si les
sanctions ont limité les échanges), ainsi que des pays d'Asie centrale.
La Chine est aujourd'hui le principal partenaire commercial de la Russie,
avec des échanges croissants dans le domaine de l'énergie, des minerais
et des produits manufacturés. Depuis 2014 et encore davantage depuis 2022,
la Russie fait face à des sanctions économiques imposées par les États-Unis,
l'Union européenne et d'autres pays occidentaux, en raison de l'annexion
de la Crimée puis de la guerre d'agression menée contre l'Ukraine. Ces
sanctions ont affecté les secteurs financier, énergétique et de la défense,
limitant l'accès aux technologies et aux marchés occidentaux. En réponse
aux sanctions, la Russie a renforcé ses relations économiques avec les
pays non occidentaux, notamment la Chine, l'Inde et les États du Moyen-Orient.
Le projet de gazoduc Power of Siberia, qui exporte du gaz vers la Chine,
en est un exemple concret.
Le Transsibérien,
qui relie Moscou à Vladivostok, est la ligne ferroviaire la plus longue
du monde (9000 km) et un axe vital pour le transport de marchandises Ã
travers la Russie. Le réseau ferroviaire russe est l'un des plus denses
et développés au monde, particulièrement pour le transport de fret.
La Russie possède un vaste réseau de pipelines qui transportent le pétrole
et le gaz naturel vers les marchés asiatiques et ncore, pour le gaz naturel,
vers l'Europe. La Russie utilise des ports sur la mer Noire (Novorossiisk),
la mer Baltique (Saint-Pétersbourg) et l'Extrême-Orient (Vladivostok)
pour ses exportations et importations. Le développement de la route maritime
du Nord, rendue plus accessible par la fonte des glaces en Arctique, est
un projet stratégique pour la Russie.
La Banque centrale
de Russie joue un rôle clé dans la gestion de l'inflation et la stabilité
monétaire. En réponse à la chute des prix du pétrole et aux sanctions,
la banque a renforcé ses réserves de change et maintenu une politique
monétaire prudente. La monnaie russe, le rouble, a subi des fluctuations
importantes au cours des dernières années en raison des sanctions, des
fluctuations des prix du pétrole, et des tensions géopolitiques. La dépréciation
du rouble a cependant permis d'augmenter la compétitivité des exportations
russes. Les banques russes, dominées par Sberbank et VTB, ont dû s'adapter
aux sanctions en réduisant leur dépendance aux financements étrangers
et en renforçant les financements internes.
--
|
L'Oboronka
Le complexe militaro-industriel
russe, ordinairement désigné sous le terme d'« oboronka » en Russie,
constitue un pilier central de l'économie, de la politique et de la stratégie
de défense du pays. Ses racines plongent profondément dans l'ère soviétique,
où la production militaire bénéficiait d'une priorité absolue, ce qui
a créé un vaste réseau d'usines, de bureaux d'études et d'instituts
de recherche souvent spécialisés verticalement. Après l'effondrement
de l'URSS, le secteur a connu une période
de fragmentation et de déclin, mais il a été progressivement consolidé
sous le contrôle de l'État, en particulier sous la direction de Vladimir
Poutine.
Aujourd'hui, il est
largement structuré autour de grandes holdings d'État et de sociétés
par actions contrôlées par l'État, comme Rostec, qui regroupe une multitude
d'entreprises dans divers secteurs (aviation, hélicoptères, électronique,
munitions, etc.). Parmi d'autres acteurs majeurs, on nommera Almaz-Antey
pour les systèmes de défense antiaérienne et antimissile, l'Obyedinyonnaya
Aviastroitelnaya Korporatsiya (UAC, United Aircraft Corporation) pour les
avions, l'Ob'yedinyonnaya Sudostroitel'naya Korporatsiya (USC, United Shipbuilding)
pour les navires, et l'Uralvagonzavod pour les véhicules blindés.
Ce complexe est d'une
importance capitale pour l'économie russe. Il représente une part significative
du PIB et constitue un employeur majeur, souvent le principal dans de nombreuses
régions et villes de province. Les commandes de défense de l'État (Gosoboronzakaz)
représentent une source de financement stable et essentielle pour ces
entreprises, et assurent la production pour les forces armées russes et
le maintien des capacités.
La Russie est un
acteur majeur sur le marché mondial de l'armement. Le pays se classe régulièrement
parmi les deux ou trois plus grands exportateurs mondiaux. Les exportations,
gérées principalement par l'agence d'État Rosoboronexport, sont une
source essentielle de revenus en devises étrangères et un outil de politique
étrangère qui permet à la Russie de maintenir son influence et ses alliances
stratégiques avec des pays clients en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient
et en Amérique Latine. La gamme de produits exportés est très large.
Elle va des avions de combat (Su-30, Su-35, bientôt Su-57) et hélicoptères
(Mi-8/17, Mi-24/35, Ka-52) aux systèmes de défense antiaérienne (S-300,
S-400), aux chars d'assaut (T-90) et aux sous-marins.
Sur le plan technologique,
le complexe militaro-industriel russe possède des forces indéniables
dans certains domaines traditionnels, comme la défense antiaérienne et
antimissile (systèmes S-), les missiles de croisière et balistiques (Iskander,
Kalibr), les sous-marins, et une expertise reconnue dans les avions de
combat rustiques et puissants. Cependant, il fait face à des défis importants,
notamment dans les domaines de la microélectronique, des composants de
précision, des systèmes de drones avancés (bien que des efforts soient
faits pour rattraper le retard) et de l'intégration de réseaux complexes
par rapport aux standards occidentaux les plus élevés. La dépendance
aux composants importés, notamment d'Europe occidentale et des États-Unis
avant les sanctions, a été une vulnérabilité, poussant à des efforts
d'import substitution, parfois au prix de performances ou de coûts.
Les sanctions internationales
imposées à la Russie, particulièrement depuis 2014 et intensifiées
massivement en 2022 en réponse à l'invasion de l'Ukraine, ont eu un impact
significatif sur le complexe militaro-industriel. Elles entravent l'accès
aux technologies de pointe, aux financements internationaux et à certains
composants critiques. Cela a conduit la Russie à rechercher des fournisseurs
alternatifs, notamment en Chine, l'Iranan ou même la Corée du Nord, et
à accélérer ses programmes de production nationale.
Le conflit en Ukraine
a mis le complexe militaro-industriel sous une pression immense. Il est
mobilisé pour remplacer les pertes d'équipement considérables subies
par les forces armées russes et pour soutenir l'effort de guerre continu.
Cela a entraîné une augmentation spectaculaire des cadences de production
pour les munitions d'artillerie, les chars d'assaut, les missiles, les
drones et d'autres équipements essentiels. Cette situation met en lumière
la résilience et la capacité d'adaptation du complexe, mais aussi ses
limites en termes de capacités de production à grande échelle pour une
guerre de haute intensité et de sa capacité à innover rapidement face
aux défis technologiques posés par les équipements fournis à l'Ukraine
par les pays occidentaux. Le rôle de l'État, via le Gosoboronzakaz et
le contrôle direct, est plus crucial que jamais pour orienter, financer
et coordonner cette production en temps de guerre. |
 |
Pascal
Marchand, Atlas géopolitique de la Russie, Autrement, 2007.
- Qu'en est-il de la puissance russe aujourd'hui?
Après plus de quinze ans d'atermoiements, comment la Fédération de Russie
organise-t-elle son retour sur la scène internationale? Atouts, défis,
relations géostratégiques... un Atlas pour
passer au crible les nouvelles donnes du plus grand état du monde. Avec
la fin de l'URSS, la Russie, en proie à un
effondrement économique, devenue incapable de peser dans les affaires
du monde pendant la décennie quatre-vingt dix, avait, de l'avis général,
disparu de la liste des grandes puissances. Depuis 1998, les gouvernements
russes se sont employés à restaurer ce statut et cherchent à consolider
le retour de la Fédération de Russie sur la scène internationale. Ils
ont été opportunément soutenus en cela par la flambée des cours des
matières premières et des hydrocarbures, produits dont la Russie est
un grand fournisseur. Au milieu de la première décennie du siècle, on
reparle d'une puissance russe, parfois pour s'en inquiéter. En réalité,
beaucoup d'éléments de puissance étaient restés en place. Ainsi, les
forces militaires n'ont jamais disparu, sauf peut-être des journaux occidentaux;
simplement, elles se sont redéployées. Le pouvoir russe, trop affaibli,
n'était plus en capacité de les mettre au service d'une politique. Il
était trop occupé à chercher les moyens de rattraper le retard accumulé
par la Russie pendant les cinquante dernières années. Bien avant eux,
Lénine,
avait déjà engagé le pays dans une tâche de rattrapage d'un retard
accumulé. Bien avant lui, Pierre le Grand avait déjà engagé ce projet.
La Russie va-t-elle se réadapter au monde ou est-elle décidément vouée
à perpétuer la légende de Sisyphe? Les défis
à relever sont multiples et d'importance mais la Russie dispose d'éléments
de puissance bien réels et le Kremlin semble bien décidé à les coordonner
pour les mettre au service d'une politique de restauration du statut international
perdu. Plus vaste Etat du monde, étendu sur deux continents et sur dix
fuseaux horaires, la Russie est par nature de dimension planétaire. Sur
ses multiples interfaces, la Russie déploie aujourd'hui ses intérêts
de grande puissance. Avec près de 80 cartes et infographies, un index,
une bibliographie. (couv.).
-
Anne-Marie
Lizin, Nicolas Zeisler et al., Gazprom, stratégie de la Russie,
Luc Pire, 2007. - Dix-sept ans à peine après l'explosion
de l'empire soviétique, la Russie supporte
à nouveau de vastes ambitions internationales. Pour satisfaire sa volonté
de puissance, elle dispose d'un atout de poids : l'énergie. Zone de production
mais aussi zone de transit reliant l'Asie, l'Asie centrale, le Caucase
et l'Europe, elle fait figure de partenaire
incontournable et entend coûte que coûte faire fructifier une telle position
stratégique. Complètement inféodée au pouvoir russe, Gazprom, la plus
grande compagnie de gaz naturel au monde, est donc l'arme fatale d'un Kremlin
bien décidé à faire du gaz sa principale ressource politique et diplomatique.
Or, un tel impérialisme énergétique inquiète : la récente crise ukrainienne
a donné à voir les défis posés par la politique gazière de Vladimir
Poutine. Désormais toute l'Europe, qu'elle
le veuille ou non, se trouve concernée au plus haut point par les ambitions
du nouveau Tsar de Russie. Quant aux Etats-Unis,
point n'est besoin de préciser les inquiétudes suscitées par la reconstitution
d'un empire énergétique qui leur rappelle les heures les plus chaudes
de la Guerre froide...
Cet ouvrage est l'oeuvre collective d'étudiants en première et deuxième
années du master Carrières internationales de Sciences Po Paris. Il a
été réalisé dans le cadre du séminaire " Organisations internationales
" donné par Anne Marie Lizin, présidente du Sénat belge et rapporteuse
de la Commission des Droits de l'Homme de l'Organisation pour la Sécurité
et la Coopération en Europe. A l'origine du projet, un exercice de simulation
de sommet de l'OSCE autour de la politique de Gazprom et de la Russie
a été proposé par l'enseignant et a remporté l'adhésion de l'ensemble
des étudiants. (couv.). |
|
|