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La vigne
(Vitis) est un genre de plantes dicotylédones
de la famille des Viticales ou Ampélidées, caractérisé
par des fleurs' hermaphrodites
dans les espèces de l'ancien continent, dioïques-polygames
dans celles du nouveau monde; calice libre, très
court, à 5 angles et à 5 dents rudimentaires; corolle
à 5 pétales insérés
extérieurement à un disque hypogyne,
concaves, soudés entre eux au sommet de manière à
former une seule pièce qui coiffe la fleur, se détache tout
entière par la base à la floraison
et tombe laissant à peu près à nu les organes essentiels
de la fructification; 5 étamines insérées
comme les pétales auxquels elles sont opposées; ovaire
libre, biloculaire, 2 ovules dans chaque
loge,
stigmate sessile et déprimé;
autour de la base de l'ovaire, un disque à 5 lobes glanduleux; fruit
en baie globuleuse à 2 loges, contenant chacune 1 ou 2 graines
à téguments durs et ligneux;
embryon petit, placé dans l'axe d'un albumen
charnu. Les plantes de ce genre sont des arbrisseaux
sarmenteux des parties moyennes de l'Asie et de
la plus grande portion de l'Amérique
septentrionale. Leurs
feuilles, alternes,
sont simples, en forme de coeur, entières ou lobées plus
ou moins profondément. Les fleurs sont groupées en panicules.
Un grand nombre de feuilles sont converties en vrilles.
L'origine de la
culture des vignes.
C'est là surtout que Jules César trouva d'abondants vignobles. Vers la fin du Ier siècle de notre ère, on citait aussi des vignobles en Auvergne, aux environs de Vienne et de Sens. En 92, croyant, après une disette de blé, protéger la production de cette céréale, Domitien fit arracher les vignobles de la Gaule et proscrivit cette culture. Cette interdiction tyrannique ne fut levée que par Probus en 281. A cette époque, la plupart des nouveaux plants furent empruntés à l'Italie, mais le sol de la Gaule sut promptement se les approprier en les améliorant. On attribue à saint Martin (IVe siècle) la création des vignobles de la Touraine; à saint Rémi (Ve siècle) celle des vignobles du territoire de Reims et de Laon. Les rois francs cultivèrent la, vigne sur tous leurs domaines, et cette tradition, en se perpétuant, tendit à étendre cette culture vers le nord de la France plus qu'elle ne l'est aujourd'hui. Une meilleure entente de l'agriculture et la plus grande facilité des communications et des échanges ont fait abandonner la culture de la vigne, par exemple, en Normandie et dans d'autres contrées analogues. Aujourd'hui cette culture ne s'avance pas vers le nord au delà des pays dont la température moyenne de l'été est inférieure à 19°. Au midi, elle n'atteint pas les régions tropicales. L'Allemagne possède aussi, surtout dans la vallée du Rhin, des vignobles précieux qui produisent des vins renommés, tels que ceux de Johannisberg, Rudesheim, Steinberg, Hochheim, Leist, Stein, Wurtzburg, etc. Il faut citer ensuite l'Autriche et la Hongrie comme pays viticoles; là se récolte entre autres le fameux Tokay, dont le plant a été importé avec succès dans le bas Languedoc. Enfin des vignobles abondants et estimés croissent en Italie, en Espagne, en Grèce, dans la Turquie d'Europe, en Californie, au Chili, en Australie, etc. Les espèces
du genre Vitis.
Série 1. Labruscae. V. labrusca Linné.Toutes les vignes européennes appartiennent au Vitis vinifiera. Les vignes asiatiques renferment les V. Coignetiae, V. Thunbergi, V. amurensis, V. Romaneti, V. Davidi ou spinovitis, V. lanata, V. pedicellata, V. Pagnuccii. Le V. Thunbergi et le V. amurensis forment des corbeilles très gracieuses. Le Spinovitis Davidi a sur ses pampres des aiguillons très prononcés. Le V. Romaneli a tous ses organes parsemés de poils d'un rouge vif. Le V. Coignetiae est originaire des régions neigeuses du Japon d'où il a été rapporté par Degron. Ses fruits sont volumineux, à grains petits, mais à gros pépins. Importé en France, en Normandie, il a cours dans le commerce sous le nom de Précoce de Caplat. Sous le climat humide de l'Orne, ce cépage, dont les feuilles peuvent atteindre jusqu'à 50 centimètres de diamètre, donne un vin âpre, très riche en couleur et en extrait. La morphologie
du genre Vitis.
Les Vitis subissent un repos hibernal dans toutes les régions, sauf les tropiques. A l'automne, les feuilles tombent, les réserves alimentaires s'accumulent dans les rameaux et le tronc. Cet état de maturité du bois porte le nom d'aoûtement et permet à la plante de résister aux rigueurs de l'hiver. Au printemps, a lieu le débourrement, période d'ouverture des bourgeons. L'époque a laquelle a lieu cette opération a une importance considérable, car un cépage à débourrement tardif peut éviter les gelées da printemps. En culture, le débourrement est précédé de la taille. Les pleurs de la vigne sont consécutifs à cette opération. Ces pleurs, qui se produisent chez toutes les plantes grimpantes, sont très abondants chez la vigne et peuvent fournir jusqu'à 150 centilitres de liquide pendant un jour et souvent 20 litres pendant une saison. C'est, en général, l'indice d'une exubérance de végétation qui amène la coulure constitutionnelle, et l'écoulement de liquide est soumis à l'influence des variations de température du sol et de l'atmosphère et aussi de l'état hygrométrique du sol, Hales a montré que la pression de ces pleurs pouvait atteindre 112 c de mercure. Les tailles hâtives en novembre ou tardives au printemps diminuent l'abondance des pleurs. De nombreuses analyses ont été faites pour rechercher si cette perte de liquide peut occasionner un affaiblissement pour la plante. Ce liquide renferme par litre 2 g environ de matière sèche dont 1,3 g de matière organique et 0,7 g de matière minérale. La chaux domine dans la matière minérale et peut atteindre 63 %. En résumé, la perte de vigueur occasionnée pour la plante peut être considérée comme insignifiante. Les racines de la vigne sont traçantes, rarement pivotantes, petites comme chez le Riparia, grosses comme chez le Mustang. Sa feuille est large, étendue en surface, à nervation palmée, à lobes plus on moins accusés. Le pétiole est de longueur variable et s'insère sur le limbe à angle variable, caractéristique en ampélographie. Le point d'insertion a lieu au fond du sinus pétiolaire plus ou moins profond, de formes variées en U, en V, quelquefois les lèvres du tablier de la feuille se recouvrent, et laissent une ouverture où passe le pétiole, d'autres fois le tablier est nul et le sinus pétiolaire n'existe pas, comme dans le Rupestris du Lot. La feuille, ordinairement quinquélobée, a deux sinus latéraux inférieurs et deux sinus latéraux supérieurs. Les dents à forme variable terminent les lobes. Les dents sont elles-mêmes terminées par un mucron plus ou moins prononcé. Les dents, par rapport au limbe, s'insèrent de façon différente et sont rentrantes, normales et récurvées. La feuille de la vigne a sa surface lisse, ou bullée, ou gaufrée. Ses fonctions physiologiques sont normales. Ses poils sont en aiguillons, en forme de glande perlée, ressemblant à des oeufs, ou cotonneux. Ces derniers sont de longueur variable, souples ou raides, groupés en bouquets, en brosse ou lanugineux. Dans l'humidité des forêts ou des serres, les vignes émettent des racines adventives qui descendent jusqu'au sol, s'y implantent et forment des faisceaux inextricables comme dans les forêts américaines. Les Vitis ont une inflorescence
en grappe. La fleur est petite, verdâtre,
peu développée, portée par un pédicelle renflé
à son sommet. Le calice est formé
de cinq écailles vertes très dures. La corolle présente
cinq pièces vertes ou vert jaunâtre. Les étamines sont
au nombre de cinq, opposées aux pétales, par suite de la
disparition d'un cycle. Les étamines ont
un style allongé, jaunâtre, terminé par des anthères
très développés formant un double sac pollinique à
déhiscence extrorse. L'ovaire, renflé et court, verdâtre,
est surmonté d'un stigmate presque
sessile et blanchâtre. Il est à deux loges qui contiennent
chacune deux ovules. Le pollen est poussiéreux. La floraison exige
pour se produire une température comprise entre 15° et 25°
et s'accompagne du dégagement d'une odeur suave vanillée
très prononcée. Les glandes nectarifères sont très
développées. La floraison a lieu par un processus particulier
à la vigne. Les pétales soudés par leur partie supérieure
se détachent à leur base et forment un capuchon qui est soulevé
et rejeté de côté par le soulèvement et l'extension
des étamines. A ce moment, la déhiscence
n'a pas encore lieu. L'étamine, en se redressant, accomplit une
rotation de 180°, et la fente de la déhiscence se trouve externe
empêchant l'autofécondation. Dans les fleurs normales, les
étamines
Quelquefois, dans le Malbec, par exemple, le capuchon n'est pas rejeté, car il est soudé au stigmate. Dans ce cas, la fécondation a lieu à huis clos, mais le fruit ne noue pas dans les fleurs encapuchonnées. Les phénomènes de chloranthie, c.-à-d. la transformation des étamines en feuilles pétaloïdes, par exemple, ont été fixés dans certaines vignes, tel le Gamay à fleur double. Après la fécondation, arrive la période de formation du fruit. Le grain noue, moment délicat, car s'il survient des brouillards, des temps humides, des changements brusques de température, le fruit coule par couture météorique. Le fruit de la vigne, le raisin, est une grappe constituée par un rachis central ramifié latéralement; les ramifications se terminent par des pédicelles renflés à leur extrémité, formant un bourrelet verruqueux qui porte le grain. Le grain est constitué par une pellicule ou épicarpe recouverte extérieurement d'une poussière blanchâtre cireuse, dépendant de la cuticule appelée pruine. La peau est plus ou moins épaisse et élastique. Lorsqu'elle est dure, le raisin éclate facilement. Le mésocarpe ou pulpe est fondant et aqueux dans la plupart des vignes françaises. ou bien forme une chair pulpeuse, croquante, ferme comme du caoutchouc dans le V. labrusca. Dans cette baie biloculaire, l'endocarpe enveloppe les graines ou pépins. Sa coloration est due aux acides ampélochroïques qui s'amassent dans les cellules internes de la pellicule après la véraison. Quelques cépages ont également la pulpe colorée et sont dits à jus coloré, tels sont les Teinturiers et ses hybrides : Gamays teinturiers, hybrides Bouschet. Les autres cépages sont à jus incolore. La saveur propre au raisin se trouve dans l'épicarpe, immédiatement en dessous de la matière colorante. La pédicelle porte le pinceau formé de tissus vasculaires qui s'épanouissent à l'ombilic. La forme et la coloration du pinceau servent de caractères ampélographiques. Le grain de raisin est sphérique ou ovoïde, sauf les raisins orientaux qui ont souvent la forme de cornichons ou de croissants. Sa grosseur varie depuis la grosseur d'un pois (raisin de Corinthe) à celle d'une noix. Quelquefois les faisceaux vasculaires s'irradient très apparents à partir de l'ombilic comme dans l'Ain Kelh (oeil-de-chat). Après la nouaison du fruit, les cellules du mésocarpe se multiplient rapidement jusqu'à ce que le fruit arrive à sa grosseur. Il est vert, puis cette teinte s'éclaircit, on arrive à la véraison. Si on ouvre le fruit, on remarque que les pépins sont formés, le fruit a atteint sa maturité physiologique. Cela dure quelques jours, puis la chlorophylle disparaît. Le fruit peut alors grossir, uniquement parce que la cellulose du mésocarpe est extensible. On la voit diminuer par extension. Les vignes souffrent pendant la véraison. A cette époque délicate, on doit supprimer toute opération dans les vignes pour éviter le grillage. C'est le moment propice pour les arrosages. Un cépage, l'Enfariné du Jura, présente la particularité d'être alternativement rouge et blanc pour arriver au rouge. Le grain vert émet de l'oxygène, le grain rouge de l'acide carbonique. A partir de la véraison, le sucre s'accumule de plus en plus jusqu'à la maturité industrielle. Cette maturité, qui est très variable, dépend des vins à produire. On remarque que le sucre qui va en augmentant s'arrête, puis le fruit diminue par perte d'eau et s'enrichit en sucre par concentration. Dans le Midi, on vendange lorsque le raisin, non complètement mûr, est acide. Si l'on veut faire des vins liquoreux, on attend que le fruit ait un moût le plus sucré possible par perte d'eau. Le temps favorable à la maturation est humide, chaud et lourd, et le sol frais. Si le sol est sec, les raisins restent stupéfaits, le sucre n'arrive plus dans le fruit, le fruit s'enferre ou ercit. La chlorophylle remplit le fruit du nouage à la véraison et les acides vont en augmentant. A la véraison, les acides diminuent, le tannin augmente rapidement. Müntz a montré que, sous l'influence de la lumière solaire, l'acidité disparaissait plus vite qu'à l'ombre. En outre, le dégagement d'acide carbonique est cinq fois supérieur à 39° qu'à 12° pour un même poids de raisin. Les pépins ou graines sont de grosseur variable. Pour les raisins de table et de cuve, plus ils sont petits, mieux cela vaut. Quelquefois, en effet, ils occupent, comme dans le Berlandieri, les 4/5 de la pulpe. Leur nombre normalement de 4 est le plus souvent réduit à 2 ou 3 par avortement. Dans quelques cas de surmultiplication, on en trouve 7 à 8. Quelques raisins, tels le Sultanina, le Corinthe, sont sans graine; ce caractère a été fixé. La forme du pépin permet de distinguer les espèces d'une façon absolue. Le pépin est pyriforme, aplati, formant un dos et un ventre avec un bec plus ou moins allongé, à l'extrémité duquel se trouve le micropyle. Les deux fossettes situées sur le ventre du grain, l'importance du raphé, la situation de la chalaze sont des caractères distinctifs. Dans le Vitis vinifera, le bec est allongé, la chalaze au tiers supérieur. Dans tous les autres Vitis, le bec est court et la chalaze au milieu ou au tiers inférieur. Dans le Vitis labrusca, il y a absence de chalaze et le raphé est remplacé par une dépression. Dans le V. aestivalis, chalaze et raphé sont proéminents. Le pépin est très dur, à test crustacé, à albumen huileux. Les grains d'aleurone sont les plus gros connus. La germination des pépins est difficile; elle exige une stratification très longue ou l'attaque de son enveloppe tannique par une solution de potasse à 1% pendant une heure. (Ad. F. / GE).
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