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Les Ours
Ursidés
Aperçu
Le monde des ours
[Des ours et des humains]*
Les Ours ou Ursidés (Ursidae) forment une famille mammifères de l'ordre des carnivores à corps trapu, à membres épais, à queue très courte; le cartilage de leur nez prolongé et mobile; de chaque côté et à chaque mâchoire trois grosses molaires entièrement tuberculeuses, dont la postérieure d'en haut et l'antérieure d'en bas sont les plus longues. Elles sont précédées d'une dent un peu plus tranchante, qui est la carnassière de ce genre, et d'un nombre variable de très petites fausses molaires qui tombent quelquefois de très bonne heure.
Cette  dentition, presque frugivore, écrivait Cuvier, fait que, malgré leur extrême force, ils ne mangent guère de chair que par nécessité.
Il existe un canal alisphénoïde; le crâne a les bulles auditives très peu saillantes, plutôt déprimées. La queue, très courte, est représentée par un simple tubercule. Mal organisés pour la course, les ours marchent facilement et grimpent aux arbres avec une relative agilité. Ces plantigrades ont à tous les pieds cinq doigts armés d'ongles forts et crochus; ils se dressent volontiers sur leurs membres postérieurs pour attaquer, saisir et étreindre entre les deux pieds de devant; c'est là leur manière habituelle de combattre. 
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Ours brun.
Ours brun.

Les Ours sont les plus grands de tous les Carnivores, et leur denture indique un régime omnivore; en effet, ils se nourrissent non seulement de chair, mais aussi de fruits et de miel dont ils sont très friands.Couverts d'une fourrure épaisse, grossière et assez longue, ils vivent surtout dans les contrées froides. Ils habitent plus particulièrement l'hémisphère boréal sur les deux continents, les espèces les plus grandes étant du Nord, les plus faibles habitant les régions intertropicales et l'une d'elles l'Amérique du Sud. Ils manquent à l'Afrique et à la région australienne. Leurs moeurs solitaires et farouches.

Caractères généraux des Ours

La famille des Ursidés renferme des animaux que tout le monde a appris à connaître dès le bas âge. Il n'est personne qui ne puisse du premier coup d'oeil les distinguer, ce qui devrait nous dispenser de les caractériser; mais comme il se trouve parmi eux quelques espèces plus rares, qui s'éloignent du type habituel, il nous faut rappeler ici les caractères généraux de la famille.

Les Ursidés sont des animaux lourds; ils ont les jambes de longueur moyenne; cinq doigts à chaque pied, armés d'ongles grands, forts, recourbés, non rétractiles, et par suite émoussés; la plante nue, appuyant tout entière sur le sol, ce qui leur a fait donner le nom de plantigrades, et ce qui leur permet de se dresser sur leurs pieds de derrière, comme font les quadrumanes; le cou relativement court, épais; la tête ronde, ovale; le museau allongé et pointu; les oreilles courtes; les yeux petits. 
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Ours polaire.
Un Ours polaire (Ursus maritimus) de la mer de Beaufort (Alaska). Photo : Susanne Miller.

Leur denture offre des caractères spéciaux; ils ont des incisives grandes, à couronne souvent lobée; des canines fortes, munies de crêtes; de fausses molaires coniques, ou munies de petits tubercules accessoires; une dent carnassière peu développée, manquant complètement chez quelques espèces, et n'étant, chez d'autres, qu'une fausse molaire munie d'une pointe interne; des molaires mousses, les supérieures plus longues que larges.

La plupart des Ursidés ont 42 dents; les vraies molaires, au nombre de 2 en haut et 3 en bas, ont une couronne munie de tubercules larges et aplatis. Ordinairement, les trois premières prémolaires aux deux mâchoires sont rudimentaires et souvent caduques. La quatrième prémolaire supérieure (carnassière) n'a pas de troisième racine (interne). La formule dentaire type est la suivante

I.3/3, C.1/1, Pm.4/4, M.2/3 x 2 = 42 dents.

Seuls font exception des Pandas géants, qui ont 40 dents. Ils ont le même nombre de dents que les autres Ours à la mâchoire supérieure, mais les deuxième et troisième prémolaires, qui sont généralement petites et atrophiées chez les Ours ordinaires, sont ici bien développées, et c'est la première prémolaire qui est très petite et probablement caduque, tandis que c'est le contraire chez les Ours. Il en résulte que les prémolaires (ou carnassières) augmentent régulièrement de taille en allant d'avant en arrière et forment une série continue avec les arrière-molaires (ou tuberculeuses), dont la dernière est aussi beaucoup moins longue et plus carrée que celle des autres Ours.


Machoire du Grand Panda.
La portion cérébrale du crâne est allongée, munie de fortes crêtes; les vertèbres cervicales sont fortes et courtes, ainsi que les 19 ou 20 vertèbres dorsales dont 14 ou 15 portent des côtes; le sacrum est formé par 3 ou 5 vertèbres; il y a de 7 à 34 vertèbres caudales. 

La structure des organes internes des Ursidés est très simple : la langue n'est pas papilleuse, l'estomac n'est qu'un tube lisse; l'intestin grêle ne diffère que peu du gros intestin; le caecum manque absolument.

La systématique des Ursidés

Cuvier on admettait sept espèces; beaucoup de zoologistes après lui en compteront quinze ou seize, réparties par Gray, Horsfield et d'autres en quatre ou cinq sous-genres. Aujourd'hui, on ditingue trois sous-familles d'Ursidés : les Ursinés, qui rassemblent les ours proprements dits, les Ailuropodinés, dont la seule espèce actuelle est le Panda géant, et les Trémarctinés, représentés par le seul Ours à lunettes.

Ursinés Ursus Sous-genre : Ursus.
Espèce vivante : Ursus Ursus arctos (Ours brun), avec de nombreuses sous-espèces. 

Espèce disparue : Ursus Ursus spelaeus (Ours des cavernes).

Sous genre : Euarctos.
Ursus Euarctos thibetanus (Ours noir d'Asie ou Ours à collier); deux sous-espèces.

Ursus Euarctos americanus (Ours noir d'Amérique); 

 Ursus E. luteolus; Ursus E. floridanus 

Espèces disparues : Ursus deningeri, Ursus etruscus
Melursus Melursus ursinus (Ours à grandes lèvres); deux sous-espèces.
Helarctos Espèce vivante : Helarctos malayanus (Ours des cocotiers).

Espèce éteinte : Helarctos crowtheri (ours de l'Atlas)/

Thalarctos Thalarctos maritimus (Ours polaire ou Ours blanc); parfois considéré comme du genre Ursus (Ursus maritimus).
Ailuropodinés Espèce vivante : Ailuropoda melanoleuca (Panda géant).

Genres disparus : Ailurarctos; Agriarctos.

Trémarctinés Espèce vivante : Tremarctos ornatus (ours à lunettes).

Genres disparus : Plionarctos; Arctodus, Paractotherium.

Autres Genres disparus : Ursavus, Indarctos.
Moeurs, habitudes et régime

Bien qu'ils manifestent une préférence pour les régions froides, les Ours habitent aussi les contrées chaudes; on les rencontre aussi bien sur les cimes les plus élevées, que les bords des mers glaciales; ils paraissent cependant préférer les montagnes. Ils vivent pour la plupart dans les forêts épaisses et étendues; dans les cantons rocheux et solitaires; quelques-uns seulement se tiennent au voisinage des endroits habités. Les uns préfèrent les lieux humides, les marais, le bord des rivières, des ruisseaux, des lacs; de la mer; d'autres, les endroits secs. Une seule espèce, l'ours blanc, paraît attachée aux bords de la mer, et ne se montre jamais loin dans l'intérieur des terres; par contre, naviguant sur les icebergs et autres glaces flottantes, elle parcourt des espaces bien plus considérables que les autres ours; elle traverse les mers polaires et va d'un continent à l'autre. Toutes les autres espèces ne s'éloignent pas beaucoup de leur habitation.
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Panda géant.
Un Panda géant mangeant tigesde bambou au zoo de Chongqing (Chine).
Source : The World Factbook.

La plupart des Ursidés vivent solitaires; on ne les rencontre par couples qu'au moment du rut; d'autres vivent en sociétés nombreuses. Les uns se creusent des terriers dans la terre où dans le sable, et y établissent leur campement; les autres habitent les troncs d'arbres creux ou les gorges rocheuses des montagnes. La plupart ont des habitudes nocturnes ou crépusculaires, et passent tout le jour à dormir dans leurs retraites.

Les Ursidés sont omnivores et ont une nourriture très variée; ce qui peut faire supposer chez eux une prédisposition à la vie domestique. Plus que tous les autres carnassiers, ils peuvent se contenter d'un régime exclusivement végétal; ils mangent, non seulement des fruits et des baies, mais encore des grains, des céréales mûres ou non, des châtaignes, des racines; des herbes succulentes, des bourgeons, des chatons, etc. 

« Quand ils prennent leur repas, dit John. Franklin (La Vie des animaux), ils ne portent pas les aliments à leur bouche, ainsi que le pratiquent les singes; leur bouche ne va pas non plus chercher, la nourriture à terre, comme cela se passe chez les autres carnassiers; leur manière de manger tient le milieu entre les deux systèmes : ils soulèvent à moitié la nourriture entre leurs pattes de devant et abaissent à moitié le museau pour la rencontrer.»
En captivité, on peut les nourrir exclusivement d'avoine, sans que leur santé paraisse en souffrir. Les jeunes ours ont une nourriture absolument végétale, et, même adultes, ils la préfèrent à un régime animal. Ils dévorent tout ce qui peut se manger : des crustacés, des mollusques, des vers, des insectes, particulièrement des abeilles et des fourmis, des poissons, des oiseaux, des mammifères; ils ne dédaignent pas la charogne. Mais, quoiqu'ils paraissent indifférents sur le genre de nourriture, l'on peut dire que ce sont de fins gourmands. Ceux qui fréquentent le voisinage des habitations humaines causent des dégâts assez considérables. Les grandes espèces, quand la faim les pousse, sont des carnassiers dangereux, qui n'hésitent pas à attaquer les plus grands de nos animaux domestiques. Quelques-uns même sont assez hardis pour entrer dans les villages, égorger les volailles, manger les oeufs, défoncer des étables pour y saisir une proie. Ils ne sont dangereux pour l'humain que quand ils en sont attaqués et que leur colère est excitée.

Bien des personnes considèrent les Ours comme mal dotés sous le rapport des facultés corporelles. Ceux de grande taille ne sont, à vrai dire, ni très lestes, ni très adroits; mais ils sont durs à la fatigue, et cela compense suffisamment leur peu d'agilité, et ceux de petite taille se meuvent avec beaucoup d'activité et de vitesse. Leur marche est presque toujours lente. Ils posent toute la plante à terre, et toujours un pied devant l'autre; mais lorsqu'ils sont excités, ils courent très bien. Quelques-uns peuvent marcher quelque temps sur leurs pattes de derrière, même en portant de pesants fardeaux dans leurs pattes de devant. Presque tous grimpent assez bien, mais la masse de leur corps les empêche d'être de bons grimpeurs. Beaucoup ont peur de l'eau; d'autres, au contraire, nagent et plongent à merveille. On rencontre souvent des Ours blancs nageant dans la mer, à plusieurs dizaines de kilomètres de la terre, et l'on peut observer leur habileté et en même temps leur persévérance. Les ours sont doués d'une grande force, qui leur permet de surmonter des obstacles qui arrêtent d'autres animaux; ils entraînent facilement un boeuf ou un cheval, et en serrant un animal contre leur poitrine, ils lui broient les côtes.

L'odorat est chez les Ours le sens le plus développé; après lui vient l'ouïe; leur vue est médiocre, et leur goût n'a rien de remarquable; leur toucher est imparfait, bien que quelques-uns aient dans leur museau allongé un véritable organe du tact.

La plupart des Ursidés font preuve d'intelligence. Beaucoup sont prudents et sagaces; mais ils ne sont ni rusés, ni capables d'exécuter un projet avec finesse. On les dresse facilement, sans jamais arriver à ce degré de perfection que l'on obtient avec le chien. Ils s'apprivoisent aisément; peu, cependant, s'attachent à leur maître. En vieillissant, les instincts se prononcent de plus en plus; ils deviennent dangereux, irritables. Il ne faut pas tenir compte ici des tours insignifiants qu'on leur apprend, et, pour beaucoup, on ne peut dire qu'on les a dressés.

Les Ours expriment leurs divers sentiments par ces sons qui diffèrent selon les espèces. Chez les unes, ce sont des murmures, des grognements, des ronflements sourds; chez d'autres, des sifflements; chez d'autres encore, des aboiements.

Toutes les grandes espèces d'Ours qui habitent le Nord ne se montrent que pendant l'été; au commencement de l'hiver, ils se creusent un trou dans la terre, ou se retirent dans une caverne et y passent tout l'hiver. Ils disposent, au fond de cette habitation, une couche molle de branches d'arbres, de mousse, de feuillage, d'herbes, et y dorment pendant les froids. Ce sommeil n'est pas continu; Les Ours dorment seulement un temps plus ou moins long, jamais tout l'hiver. Bien que souvent utilisé le terme d'hibernation n'est pas bien applicable à ce comportement. C'est une chose curieuse que les Ours blancs continuent à rôder par les froids les plus rigoureux; ce n'est que, pendant les tourmentes les plus fortes qu'ils restent tranquillement au repos et se mettent à l'abri dans la neige, c'est-à-dire qu'ils s'y laissent ensevelir.

La femelle, quand elle est sur le point de devenir mère, se retire toujours dans une caverne, et y met bas au printemps, de un à six petits aveugles, qu'elle soigne avec beaucoup de tendresse, qu'elle protège et défend avec sollicitude. Une fois qu'ils peuvent se mouvoir, ces petits sont des animaux sinon gracieux, du moins très plaisants, grands joueurs, et qui amusent par la lourdeur comique de leurs mouvements.

Les Ours, dans leur attaque ou leur défense, ont quelques rapports avec la manière de combattre de humains. Ils se dressent sur leurs pieds de derrière et assènent des coups de poing, ne se servant presque jamais des dents; il paraît même certain que, lorsqu'ils sont poussés à bout, ils s'acculent contre un rocher et tiennent le chasseur ou l'importun en respect, à l'aide des pierres qu'ils lui lancent.

La paléontologie des Ours

A  l'origine, au Néogène (tertiaire inférieur), le type des Ours rejoint celui des chiens, les genres Dinocyon et Cephalogale montrant de grands rapports avec l'Hyoenarctos qui représente le type primitif des Ursidae. On peut dire que les espèces grimpantes et forestières ont constitué cette dernière famille, tandis que les espèces plus aptes à courir et habitant les plaines ont formé la famille des Canidae. Le genre Hyaenarctos se distingue des Ours par ses molaires supérieures à couronne subtriangulaire, sa carnassière courte, à deux lobes peu élevés. Ce genre est du Miocène d'Europe et du pliocène d'Asie. Tels sont H. brevirhinus, H. anthracitis H. insignis, H. arctoïdes d'Europe, H. sivalensis, H. paloeindicus et H sinicus d'Asie. Les véritables Ours ont apparu en Europe dès le Miocène, comme le montre l'Ursus primaevus de Gaillard, découvert dans le Sud de la France (à la Grive-Saint-Alban). Les représentants Pliocènes de ce genre en Europe appartiennent au sousgenre Helarctos, qui ne vit plus que dans le Sud de l'Asie et la Malaisie; tels sont les Ursus etruscus et Ursus arvenensis de la France centrale et méridionale. Des espèces voisines ont vécu, à l'époque quaternaire, en Algérie (Ursus Faidherbianus, Ursus Pomelianus), et l'on a supposé, à tort, que leurs descendants vivaient encore dans la chaîne de l'Atlas (Ursus Crowtheri). A la même époque, le genre Tremarctos était représenté dans l'Amérique méridionale par des espèces de beaucoup plus grande taille que l'espèce actuelle (Ursus ou Arctotherium bonoerense, etc.).

En Europe, l'Ours des cavernes (Ursus speloeus), bien distinct, par la forme de son crâne, de l'Ours brun qui s'y trouve avec lui, a vécu pendant tout le Pleistocène : c'était une espèce de très grande taille, égalant on surpassant l'Ours gris, et les autres espèces gigantesques du Nord des deux continents. 

Paléo-ethnographie des Ours bruns.
L'ours des cavernes est un des grand mammifères éteints, caractéristiques de l'époque Quaternaire et en particulier de la première partie de cette époque. Il a habité à peu près toute l'Europe, surtout sa zone moyenne, bien qu'il soit douteux qu'il se soit répandu jusque dans le Sud de l'Espagne et de l'Italie. Quoique inapte à vivre dans les pays chauds, il ne fut pas aussi cantonné dans les régions froides que le mammouth et le rhinocéros tichorhinus, ces deux inséparables compagnons des temps glaciaires. Aussi le compte-t-on déjà dans la faune du célèbre gisement de Chelles, faune adaptée à un climat doux. Il parait devenir extrêmement abondant aussitôt après le creusement des cavernes. Schmerling a recueilli plus de mille de ses dents dans les cavernes de Liège. Dans la seule caverne de Gaylenreuth en Franconie, ses débris se rapportaient à 800 individus. Ses restes sont aussi nombreux dans des cavernes du midi de la France; aussi Lartet avait-il donné son nom à sa première période humaine des temps quaternaires. Sa présence cependant rendait le séjour des cavernes redoutable pour l'humain. Dans le cours même de l'époque moustérienne, il a cédé la place à l'ours gris, moins grand et mieux fait à la rigueur du climat nouveau. L'ours gris à son tour a été remplacé par l'ours brun (arctos) pendant le Magdalénien. (E. Trouessart / Zaborowski).

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