|
Le loess
est une formation géologique du Pléistocène,
qui constitue souvent la surface libre du sol sur les plateaux peu accidentés
ou dans les vallées. Parfois cette formation est recouverte seulement
par le lehm ou limon rouge qui semble n'en être qu'une modification.
Le loess est une couche de terre ordinairement
meuble, d'un brun clair ou jaunâtre, et ne présentant aucun
indice de stratification. Il paraît devoir son origine à une
boue argileuse assez fortement chargée de calcaire.
II est principalement constitué par de fines particules de silicate
d'alumine hydraté; mais a ces particules s'ajoutent de petits grains
de quartz toujours anguleux, de très petites
paillettes de mica, du carbonate de chaux, quelquefois
concentré en abondance sur certains points où il forme des
masses bizarres dites poupées du loess. Tout ce mélange
est colore en brun jaunâtre par du sesquioxyde de fer
hydraté et imprégné de sels alcalins. En outre, au
voisinage de sa surface, le loess offre une structure capillaire très
caractéristique : on y voit un réseau de minces veines ramifiées
qui pourraient être comparées au chevelu de certaines racines.
Le loess a presque toujours à sa
base une couche de gravier. On le rencontre à toutes les altitudes,
depuis le niveau de la mer jusqu'à des hauteurs qui peuvent atteindre
3500 mètres. Souvent il couronne les plateaux sur lesquels il s'étend
en une nappe uniforme. On le trouve aussi dans les vallées où
il est disposé en fond de bateau; mais d'ordinaire il est plus épais
sur l'un des flancs de la vallée que sur l'autre. C'est en général
dans la partie moyenne des grandes vallées que le loess est le plus
développé. En Europe, les vallées
du Rhin, du Danube et de
leurs principaux affluents sont très remarquables sous ce rapport.
L'épaisseur du loess est très variable. En Europe, elle atteint
souvent de 15 à 30 mètres; mais c'est en Chine,
dans le bassin du Huanghe
(Hoang-Ho), que cette formation parvient à son plus grand développement.
Là, sous le nom de terre jaune, elle possède quelquefois
une épaisseur qui dépasse 400 mètres. Elle est coupée
de ravins étroits et verticaux et se montre dans toute sa masse
d'une parfaite homogénéité. C'est principalement autour
et au pied des grands massifs du globe que s'étendent les dépôts
de loess.
Ce terrain enveloppe le Hainaut, le Brabant,
le Limbourg. Il recouvre comme d'un manteau toute la surface de la Flandre
ainsi que les plateaux contenus dans la cuvette du Bassin parisien. Comme
le loess est disposé en une zone qui entoure à la façon
d'une ceinture tout le nord de la partie montagneuse de l'Europe,
il fait défaut sur les rivages de la mer du Nord et de la mer Baltique
aussi bien qu'en Russie. Sa présence annonce
le commencement de la grande plaine du Nord-Ouest de l'Europe. En Amérique,
le loess est très abondant dans la vallée du Mississippi,
et il constitue le sol de l'immense plaine des pampas (Argentine).
Les seuls restes fossiles que l'on trouve dans
le loess sont des ossements de Mammifères
et de petites coquilles de Mollusques, plutôt
terrestres qu'aquatiques. Quoique très minces et très fragiles,
ces coquilles sont dans un état parfait d'intégrité
et de conservation. Les plus caractéristiques d'entre elles sont
: la Succinea elongata ou oblonga, l'Hélix plebeia, la Pupa muscorum.)
Il y a aussi des Vitrina, des Bulimus, des Clausilia, des Limax, toutes
formes exclusivement terrestres.
Quand le loess repose sur un sous-sol perméable,
il constitue des terres très fertiles. C'est le riche manteau de
loess qui s'étend sur la Flandre et sur le Bassin Parisien, qui
fait du Nord de la France l'une des contrées
agricoles les plus privilégiées. Ce loess est éminemment
favorable à l'établissement des prairies artificielles, à
la production des céréales et aux cultures industrielles
telles que celle de la betterave à sucre, du colza, du lin, etc.
Par contre, les prairies naturelles ne réussissent que médiocrement
sur un loess trop drainé par un sous-sol perméable comme
la craie ou le calcaire grossier. Lorsque les dépôts
de Ioess reposent sur des terrains imperméables, le sol est naturellement
moins productif; mais il peut être amélioré par
des travaux de desséchement et de drainage. On en a un exemple remarquable
dans l'état prospère où se trouve l'agriculture
des plateaux de la Brie et du Gâtinais. (DMC). |
|