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On donne principalement
le nom de Grès (du celte craig = roche) à des roches
formées de menus grains de quartz (acide silicique) réunis intimement
par un ciment à peine visible. Leur premier état a été évidemment
celui de sables très fins, comme ceux qui couvrent encore beaucoup de
plages maritimes; puis les eaux qui imbibaient sans cesse ces masses pulvérisées
y ont apporté en dissolution et déposé peu à peu le ciment qui les
a rendues cohérentes. Les granules des diverses variétés de grès ne
sont pas toujours exclusivement quartzeux; souvent on y trouve mêlés
de petits grains ou débris d'autres roches siliceuses (feldspaths,
pyroxènes, amphiboles,
diallages, etc.); parfois ces grains sont prédominants, et l'on est même
contraint de ranger parmi les grès certaines espèces de roches de la
même texture où l'on ne trouve pas un grain de quartz; ce sont là néanmoins
des faits exceptionnels. Quant au ciment peu abondant qui soude les granules
des grès, il est calcaire, siliceux
ou marneux. Aussi variables dans leur nature intime,
les grès n'ont guère de caractère distinctif que leur texture finement
conglomérée et granuleuse, et leur cassure grenue, écailleuse, luisante
et conchoïde.
Les grès quartzeux ou grès proprement
dits présentent des variétés nombreuses dont nous ne pouvons citer qu'un
petit nombre. Le grès quartzeux ordinaire ou proprement dit est habituellement
gris ou blanchâtre, quelquefois coloré en rougeâtre par des parties
ferrugineuses, ou en vert par un faible mélange de phyllade (roche silicatée
magnésienne).
Le grès lustré est une belle variété
répandue sur divers points des environs de Paris ,
et particulièrement dans la forêt de Montmorency ,
près Paris; il est translucide, d'un blanc grisâtre, veiné de gris;
sa cassure est conchoïde, lisse et luisante. Cet aspect remarquable est
dû à une cimentation parfaite des granules constitutifs. On a observé
depuis longtemps qu'en appliquant un fort coup de marteau sur une plaque
de grès lustré placée sur un terrain compressible, il s'en détachait
souvent un éclat de la forme d'un cône très surbaissé.
Le grès blanc est très commun Ã
Fontainebleau, à Longjumeau, à Osny, près de Pontoise ,
et fournit les pavés qu'on a longtemps employés exclusivement dans les
rues de Paris et sur les grandes routes de la France. Dans les carrières
de Fontainebleau, le grès blanc, offre souvent ce fait singulier d'imiter
les formes rhomboïdales des cristaux agglomérés de spath calcaire. Ces
faux cristaux sont dus à la nature calcaire du ciment qui forme ce grès;
les eaux qui ont apporté ce ciment ont provoqué en s'évaporant lentement
la solidification du calcaire sous sa forme régulière, et le sable pris
dans les cristaux en a reproduit les formes dans son agglutination. Un
autre gisement de grès blanc, situé près de Langres ,
et; qui a des analogues en Allemagne, près d'Aix-la-Chapelle, fournissait
des meules à aiguiser fort estimées.
Les pierres dures nommées queues ou
queux, dont on se servait pour repasser les faux, sont faites avec
une variété de grès mêlé de phyllade et agglutiné par un ciment quartzeux
ou quartzo-phylladien.
On nomme arkose une transformation
métamorphique des grès au voisinage des terrains d'origine ignée; cette
roche, d'une coloration grise, jaune ou quelque peu rougeâtre, est composée
de quartz mêlé à un cinquième au moins de feldspath.
Un autre grès composé comme l'arkose, mais
où le feldspath s'est décomposé en kaolin;
a reçu le nom de métaxite.
On a donné le nom de psammite à des
grès formés de quartz et d'argiles multicolores, et qui, à cause de
ce mélange, sont bariolés de jaune, de vert et de rouge.
La molasse, est un grès à grains
quartzeux, cimentés par une matière marneuse
où domine tantôt le calcaire, tantôt l'argile; ce grès est friable,
s'écrase facilement; il est le plus souvent de couleur grise ou verdâtre.
On appelle macigno certaines variétés
de molasse qui doivent à l'endurcissement de la marne une cohésion plus
énergique; elles se distinguent parce qu'elles renferment des empreintes
de végétaux marins (fucus).
Les grès de Potsdam sont une formation de
la série cambrienne très développée dans
le bassin du Saint-Laurent. Elle a
reçu son nom de la ville américaine de Potsdam (Etat
de New York, sur le Racket) où l'on exploite de grandes carrières
de ce gros.
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