|
. |
|
Leipzig, Lipsia. - Ville importante d'Allemagne (Saxe) au confluent de l'Elster blanc, de la Parde et de la Pleisse, a 100 kilomètres au Nord-Ouest de Dresde; un peu plus de 500 000 habitants (2006). Université célèbre, fondée en 1409. Monuments remarquables : château de Pleissenbourg, avec observatoire, églises St-Nicolas et St-Thomas, hôtel de ville, bourse, bâtiment de l'Université, etc. Kaestner, Teller, Fabricius, Thomasius, Leibniz, etc., sont nés à Leipzig. Cette ville est assez ancienne; elle tire son nom d' un mot slave qui veut dire tilleul. Les Suédois remportèrent aux environs sur les Impériaux 2 victoires signalées (6 septembre 1631 et 2 novembre 1642). Les Prussiens la prirent en 1745, et Ferdinand de Brunswick en 1756; Davout s'en empara en 1806, après la bataille d'Iéna. Du 18 au 19 octobre 1813, se livra sous ses murs la célèbre bataille de Leipzig, connue en Allemagne sous le nom de bataille des Nations (Völkerschlacht), dans laquelle les Français furent obligés de battre en retraite. Ce fut l'une des plus cuisantes défaites de Napoléon. Monuments. Parmi les monuments séculiers, il faut citer d'abord l'hôtel de ville rebâti sur les fondations du XIIIe siècle par le bourgmestre H. Lotter (1556); il occupe le côté oriental de la place du Marché; on y voit les portraits des souverains de la Saxe. Derrière cet édifice, séparée de lui par la petite place du Naschmarkt, est la Vieille Bourse bâtie en 1678 et décorée des statues de Mercure, Apollon, Vénus et Pallas; la Nouvelle Bourse est en face du côté Nord de la ville intérieure; sur le Marché se trouve encore la maison royale où résidèrent, de 1695 à 1829, les électeurs de Saxe de passage à Leipzig ; le fameux Auguste le Fort y donna ses fêtes; Pierre le Grand en 1698, Charles XII de Suède en 1707, Frédéric le Grand en 1760, Jérôme de Westphalie en 1809, Napoléon en 1813 y séjournèrent; Schwarzenberg y mourut en 1820. A l'angle Nord-Ouest du Marché est la belle maison du Barthelshof, dont la façade gothique est maintenant du côté intérieur; à l'angle Sud-Est, l'Auerbachshof, bâti de 1530 à 1538, jadis le plus important bazar de la ville avec ses cent caves et ses nombreuses boutiques; il doit sa célébrité à la légende de Faust. A quelques pas dans la rue de Grimma est la maison du prince (Fürstenhaus), habitée par Pierre le Grand en 1712; dans la rue Nikolai l'auberge du Rosenkranz où descendait Luther; à côté, dans la Ritterstrasse, le Rote Kolleg où naquit Leibniz. L'Université occupe de vastes bâtiments sur plusieurs points de la ville; son centre fut d'abord le Paulinum, ancien couvent de dominicains (remplaçant un château démoli en 1224) qui fut sécularisé et attribué à l'université en 1545; l'Augusteum, bâti sur les plans de Schinkel (1834-1836), y touche; en face est le musée. Vie intellectuelle. |
Une cinquantaine de séminaires ou d'instituts scientifiques y ont été créés ou en ont dépendu. Sa bibliothèque possède plus de 300 000 volumes et de 2200 manuscrits (dont 1600 orientaux), son cabinet des médailles possède 100 000 pièces. Le XIXe siècle a beaucoup contribué à accroitre le caractère intellectuel de la ville. Il faut citer encore l'école du livre fondée en 1853, l'Académie des beaux-arts, les musées d'art et d'industrie, etc. La musique a été spécialement favorisée; Leipzig s'est vue doter d'un Conservatoire (fondé en 1843) et d'une société de concerts (1781) dont la célébrité est vite devenue universelle; son ancienne école Thomas, créée auprès d'un couvent d'augustins, avait déjà eu sa place dans l'histoire de la musique religieuse; elle avait été dirigée par Jean-Sébastien Bach, Hiller, Schicht, Weinlig, Hauptmann, etc. Parmi ses nombreuses sociétés savantes, les principales ont été l'Académie des sciences (créée en 1846), et qui est venue s'ajouter à l'Association scientifique de Jablonowski (créée en 1768), à la Société des auteurs et compositeurs allemands, et à la Société de géographie commerciale, etc. Histoire. Lors du partage de 1485, elle fut attribuée à la ligne Albertine. Georges le Barbu (1500-1539) confirma et élargit ses privilèges. En 1519 eut lieu le colloque de Leipzig entre Luther, Karlstadt et Eck. Georges comprima les réformés; mais son frère Henri le Pieux (1539-1541) leur apporta son adhésion. En 1545 s'établirent à Leipzig les premiers libraires (Steiger et Boskopf). En 1547, la ville fut assiégée par Jean-Frédéric le Magnanime et ses faubourgs incendiés. L'électeur Maurice développa les fortifications, rebâtit les faubourgs, transféra ici le consistoire de Mersebourg (1550); les États de Saxe y conclurent, en mars 1549, l'intérim de Leipzig. La ville fut ruinée par la guerre de Trente Ans. Tilly la prit en 1631; le 17 septembre 1632, Gustave-Adolphe remporta, au Nord de Gohlis, dans la plaine de Breitenfeld, sa célèbre victoire qui rendit l'avantage au parti protestant; Leipzig fut encore pris par les impériaux de Holk en 1632 et 1633, par les Suédois de Torstensson en 1642; ce dernier gagna la seconde bataille de Breitenfeld (2 novembre 1642). Après la paix, on accrut les fortifications; le grand événement de la fin du siècle fut l'immigration des libraires de Francfort-sur-le-Main qui, pour échapper à une censure trop sévère, se transportèrent à Leipzig (1667); celle-ci devint la capitale de la librairie allemande. Les batailles de Leipzig. Plan de la Bataille de Leipzig (octobre 1813). Le 14 octobre, un combat de cavalerie eut lieu au Sud de Leipzig, à Liebertwolkwitz, où Murat se maintint à grand-peine. Napoléon résolut de livrer bataille. Il n'avait guère plus de 130 000 hommes valides avec 700 canons. Son armée comprenait huit corps, la garde et la cavalerie. Il rangea le gros de ses forces au Sud de Leipzig sur un pli de terrain entre Connewitz et Markleeberg (le long de la Pleisse) à l'Ouest, et Holzhausen à l'Est, le centre à Wachau et Liebertwolkwitz; le 8e corps (polonais) formait sa droite; le 2e, le 5e et celui d'Augereau le centre avec les 4e et 5e corps de cavalerie; la gauche comprenait le 11e corps et les 1er, et 2e de cavalerie; la garde se tenait en arrière à Probstheida. A l'Ouest de Leipzig, au delà de l'Elster, Bertrand occupait Lindenau, couvrant la route; au Nord, Ney et Marmont, avec le 6e et le 3e corps et le 3e de cavalerie, devaient contenir l'armée de Bernadotte encore trop éloignée mais dont on attendait l'arrivée; ils prirent position au Nord de la Parthe vers Moeckern ; enfin, entre les deux masses principales, le 7e corps (Saxons), posté à Taucha, assurait les communications. Les alliés qui avaient plus de 200 000 hommes sous la main, plus les corps de Colloredo, Bennigsen et l'armée de Bernadotte, attendus pour le lendemain, décidèrent l'attaque des positions françaises. Schwarzenberg coupa son armée en trois tronçons; il envoya Gyulay avec 20000 hommes attaquer Lindenau; lui-même voulait engager la masse de son armée dans la dépression marécageuse et boisée entre l'Elster et la Pleisse pour aller droit à Leipzig; le tsar objecta l'état du terrain et on ne porta de ce côté que 35000 Autrichiens sous Merveldt et le prince de Hesse-Hombourg; ils essayèrent de passer la Pleisse pour s'emparer de Connewitz. Le gros de l'armée de Bohème (corps de Wittgenstein et de Kleist, soutenus par les grenadiers et les gardes russe et prussienne) attaqua Napoléon de front; à sa droite, le corps de Klenau et les Cosaques de Platov tentaient de tourner la gauche française. L'artillerie ouvrit le feu à neuf heures du matin. Kleist enleva Markleeberg à Poniatowski; quatre fois le village fut pris et repris; l'attaque sur Connewitz fut repoussée. Au centre, Wachau d'abord enlevé par les Russes du prince Eugène de Württemberg fut repris, grâce à l'artillerie; de même à Liebertwolkwitz, Klenau et Gortchakov furent repoussés. A midi Schwarzenberg abandonnait son attaque entre Elster et Pleisse pour secourir Barclay. Napoléon prenait l'offensive, refoulait l'ennemi dans ses positions et, vers trois heures, jetait 8000 cavaliers sur le centre; mais l'infanterie russe tint bon; les réserves austro-russes entrèrent en ligne; une seconde attaque de l'infanterie de Lauriston sur Guldengossa n'eut pas de résultat; toute de réserves disponibles, Napoléon dut s'arrêter aux approches de la nuit. A Lindenau, Bertrand avait battu Gyulay; mais au Nord, Blücher, précédant l'armée de Bernadotte, avait gagné une bataille, enlevant Moeckern à Ney; celui-ci avait eu le tort de s'affaiblir en envoyant à l'empereur vers Wachau deux divisions qu'ensuite il rappela, de sorte qu'elles ne prirent part à l'action d'aucun côté. La journée du 17 octobre, qui était un dimanche, les deux armées se reposèrent, sauf au Nord où Blücher enleva Eutritzch et Gohlis. Les chefs des alliés tinrent à Sestewitz un conseil où ils décidèrent de reprendre l'attaque le lendemain à sept heures du matin. Ils avaient reçu plus de 100 000 hommes de renforts et comptaient 1400 canons. Napoléon, qui n'attendait que le corps de Reynier, venant de Düben, ne bougea pas. Au lieu de quitter une position qui semblait intenable, il ne la modifia même pas, n'écoula pas son matériel. Il envoya seulement le général Merveldt, qu'il avait fait prisonnier, demander un armistice et la paix aux conditions qu'il avait refusées en août. On ne lui répondit pas. Il alla reconnaître les dispositions de retraite, mais ne l'ordonna pas. Le 18 octobre, à huit heures du matin, il prit de nouvelles positions, en arrière des premières et plus près de la ville. Ney, qui s'était replié derrière la Partha, entre Thecla et Schoenefeld, défendit le Nord de Leipzig; le corps de Reynier, les deux divisions saxonnes et la cavalerie wurttembergeoise le reliaient au reste de l'armée; celle-ci avait son centre à Probstheida sous les ordres de l'empereur (corps de Victor et d'Augereau), sa gauche était formée par le corps de Macdonald, la cavalerie de Milhaud et de Latour-Maubourg; sa droite, le long de la Pleisse, par Poniatowski et la cavalerie de Kellermann; en première réserve l'infanterie de Lauriston et la cavalerie de Sebastiani à Stoetteritz, pouvant soutenir Reynier; en seconde réserve, la garde à Thonberg. A l'Ouest de l'Elster, Bertrand occupait Weissenfels et les ponts dans la plaine historique de Lutzen, par où devait se faire la retraite. Le soir du 18 octobre Napoléon avait à peu près maintenu ses positions, mais il ne pouvait y rester. Sa ligne était ouverte; les munitions commençaient à manquer. La retraite était indispensable. Elle se prépara dans la nuit; l'armée se concentrant à Leipzig; le 19, à huit heures du matin, les faubourgs de la ville furent assaillis; la retraite se faisait en bon ordre, par la longue ligne des ponts de l'Elster; elle aurait dû être achevée vers deux heures. Mais le colonel Montfort, chargé de faire sauter à la fin le pont qui touchait la ville, s'en remit à un simple caporal; celui-ci, effrayé par quelques tirailleurs russes qui s'étaient glissés le long de la rivière, fit sauter le pont à midi, avant que Poniatowski eût passé; il resta 30 000 hommes valides, blessés ou malades sur la rive droite; le général polonais se jeta à l'eau et s'y noya, moins heureux que Macdonald qui réussit à la traverser à la nage; presque tout fut tué ou pris. L'ensemble de la bataille de Leipzig coûtait aux Prussiens 16000 hommes, aux Russes 21000, aux Autrichiens 14000, aux Français 30000; mais, de plus, ceux-ci perdaient 15000 prisonniers et 23000 malades ou blessés qu'on n'avait pu évacuer; les Français avaient 4 généraux tués, 6 blessés, 17 prisonniers, les alliés 8 tués et 41 blessés. (A.-M B.). |
. |
|
| |||||||||||||||||||||||||||||||
|