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Le
continent européen, quelque restreint qu'il
soit, possède certaines espèces de la famille des félidés,
qui ne le cèdent en rien à celles des contrées chaudes,
et qui le disputent, par leur taille, à plusieurs chats de ces régions.
Nous voulons parler des Lynx, dont on a retrouvé aussi un
certain nombre d'espèces, dans les autres parties du monde.
Dans les classifications zoologiques, on réunit ces animaux en un groupe particulier, qui se distingue principalement des chats proprement dits par les caractères suivants : Caractères.
Distribution
géographique.
Le Lynx d'Europe.
La structure entière du corps de l'animal se présente sous un aspect étonnant de puissance musculaire, qui trahit au premier coup d'oeil la force et la vigueur extrême dont il est doué. Les membres ne sont pas moins vigoureux, et la queue, par son épaisseur, est en rapport avec les autres parties de l'animal. Les griffes puissantes, dont les doigts sont armés, donnent au Lynx un cachet tout particulier de force, et rappellent d'une manière frappante celles du Tigre ou du Lion. Les oreilles sont assez longues, terminées en pointe, et ornées, à leur extrémité, d'un pinceau noir, d'environ 5 cm de longueur, et composé de poils dressés et rapprochés les uns des autres. La lèvre supérieure est garnie de plusieurs rangs de soies longues et raides; le corps est enveloppé d'une fourrure épaisse et moelleuse, qui s'allonge à la face, et y forme une barbe épaisse qui, retombant en pointe de chaque côté de la tête, contribue, avec les pinceaux des oreilles, à donner au Lynx une physionomie des plus étranges. La couleur du pelage est d'un gris roussâtre, mêlé de teintes blanchâtres à la partie supérieure du corps, avec des mouchetures nombreuses d'un rouge ou d'un gris foncé sur la tête, le dos et le cou. Le dessous du corps, le devant des jambes, le haut de la gorge, les lèvres et le tour des yeux sont blancs. La face est fauve clair; l'oreille est blanche à l'intérieur, avec une bordure noire et brune sur les côtés. La queue, également épaisse partout et partout bien fourrée, est noire depuis l'extrémité jusque vers le milieu, et ensuite obscurément annelée par des bandes qui s'oblitèrent à la partie inférieure. En été, le pelage est court et d'un fauve plus ardent; en hiver, les poils sont plus longs et la fourrure prend une teinte grisâtre; du reste, l'on peut dire que la nuance générale varie de la manière la plus capricieuse, et que les mouchetures elles-mêmes sont complètement différentes suivant les individus. Il résulte de ces différences que l'on a voulu distinguer plusieurs espèces de lynx; mais on s'est convaincu que ce criterium était inadmissible, car on a trouvé, dans une même portée, des petits dont la fourrure présentait toutes les nuances, toutes les modifications et toutes les dispositions possibles. La femelle paraît
se distinguer constamment du mâle par une teinte d'un fauve plus
ardent, et par des mouchetures moins tranchées.
Ce n'était pas un animal très connu et, par conséquent, la superstition pouvait se donner beau jeu à son égard. Aussi croyait-on que ses yeux étincelants voyaient à travers les murs, que son urine se changeait en une pierre précieuse appelée lyncur-ius, et l'on racontait encore d'autres fables sur son compte. En Allemagne, il était bien connu partout : il devait même y être assez commun, car nous voyons qu'il en est fait mention dans de nombreux écrits. Il n'était pas très rare encore dans l'Allemagne centrale, vers le dernier quart du XVIIIe siècle, puisque l'on tua cinq individus de cette espèce, dans la forêt de Thuringe seulement, depuis l'année 1773 jusqu'à 1796. Au rapport de Gloger, un Lynx fut encore abattu dans la Silésie supérieure, au commencement du XIXe siècle. Moeurs,
habitudes et régime.
Ses mouvements sont assez lents; mais il les exécute avec énormément de force et sans fatigue; ses sens sont très développés, et en rapport avec sa vigueur. Il entend très bien; son odorat est plus fin que celui des autres chats; sa vue perçante était passée en proverbe dès les temps les plus anciens. Sa voix est éclatante et ressemble assez au hurlement du chien. Le Lynx est un carnassier. Sa grande force lui permet de s'attaquer à tout gibier, petit et gros : en Europe centrale, il chasse le Cerf et le Chevreuil; dans le Nord, le Renne et même l'Elan. Il rampe jusqu'auprès de sa proie, s'élance sur elle en trois ou quatre bonds, chacun de quatre mètres à quatre mètres et demi, la mord à la nuque, lui enfonce profondément ses griffes, s'y attache fortement et de ses dents tranchantes lui coupe les artères du cou. Il reste assis sur sa proie jusqu'à ce qu'elle meure. L'on cite des exemples qui attestent que la victime a emporté de la sorte son terrible cavalier plus loin que celui-ci ne l'aurait voulu. Le Lynx ne dévore qu'une petite partie d'un grand animal (deux à trois livres environ) dont il vient de se rendre maître, et abandonne le reste aux Loups et aux Renards, qui ne tardent pas à le reconnaître pour leur pourvoyeur et à le suivre. (A19). |
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