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Les Aigles et les Pygargues
Aquilinés
Les Aigles et les Pygargues sont des Rapaces ou Oiseaux de proie et constituent, la grande famille des Accipitridés (de l'ordre des Falconiformes), une sous-famille qui porte dans les catalogues ornithologiques le nom d'Aquiliens ou d'Aquilinés (Aquilinae) et qui, par l'ensemble de ses caractères, se rapproche plutôt de sous-famille des Buses (Buteoninae) que de la famille des Faucons (Falconinae). 
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Aigle royal.
Aigle royal. Photo : George Gentry.

Avec des dimensions toujours plus fortes et des formes plus massives, les Aigles rappellent en effet les Buses par leur corps trapu, porté sur des pattes robustes que terminent des doigts courts et nerveux, par leur tête grosse et bien emplumée, par leurs yeux brillants, enfoncés sous l'arcade sourcilière et par leur bec crochu, festonné sur les bords de la mandibule supérieure et recouvert à la base d'une cire dans laquelle les narines, de forme ovale, sont percées transversalement. Mais, à côté de ces ressemblances, il y a des différences faciles à saisir. Ainsi, le bec des Aigles est plus allongé, moins brusquement recourbé et plus largement fendu que celui des Buses; leurs tarses sont toujours emplumés jusqu'à la naissance des doigts, disposition qu'on n'observe, parmi les Butéoniens, que chez les Buses dites pattues (Archibuteo); leur pouce et leur doigt interne sont ornés d'ongles très développés, de véritables griffes, et leur doigt médian porte un ongle un peu plus court, mais creusé d'une gouttière sur sa face inférieure; enfin, leurs ailes, quoique obtuses, sont relativement plus longues que celles des Buses et, lorsqu'elles sont ployées, arrivent à peu près au niveau de l'extrémité de la queue. 

Les Aquilinés sont répandus sur toute surface du globe, à l'exception de quelques îles de l'Océanie et de la partie australe du continent américain; mais ses représentants ne vivent pas tous dans les mêmes conditions et n'ont pas tous les mêmes comportements ni le même régime; les uns ont pour domaines les plus hautes montagnes, d'autres aiment à planer au-dessus des steppes; d'autres encore se tiennent sur les rivages de la mer, sur les bords des lacs ou des fleuves; ceux-ci se nourrissent principalement de poisson et de gibier d'eau, tandis que les premiers font la chasse aux Gallinacés et aux petits Mammifères. En tenant compte de ces différences dans le genre de vie et de certaines particularités dans la forme du bec, des pattes et de la queue, on peut subdiviser les Aquilinés en plusieurs genres que nous passerons rapidement en revue, en commençant par le genre Aigle ou Aquila. 

La sous-famille des Aquilinés :
Aigles  : Aquila (A. chrysaetos = Aigle royal), Harpyopsis, Hieraaetus, Ictinaetus, Lophaetus, Oroaetus, Pithecophaga, Polemaetus, Spizaetus, Nisaetus, Spizastur, Stephanoaetus.

Pygargues : Haliaeetus (H. leucocephalus = Pygargue à tête blanche ou Aigle chauve, emblème des Etats-Unis), Ichthyophaga

Les Aigles

Le genre Aquila.
Le genre Aquila ou Aigle stricto sensu comprend les Aigles à tarse emplumé jusqu'à la racine des doigts, dont les ailes sont aussi longues que la queue; ils habitent les montagnes et vivent de proies terrestres. 

Aquila chrysaetos (Aigle royal).
Le type de ce genre est l'Aigle fauve (Aquila fulva L.) qu'on appelle aussi l'Aigle doré (Aquila chrysaetos L.), ou l'Aigle royal (Aquila regalis Tern.) et qui, à l'âge adulte, porte une livrée d'un brun chocolat, tirant au jaune sur les pattes et au roux sur les plumes lancéolées et la région postérieure de la tête. Ce grand Rapace, qui mesure près d'un mètre de long, a pour patrie une vaste région comprenant l'Europe entière, le Nord de l'Asie et le Nord de l'Amérique. Il est assez commun en Suisse, ainsi que dans les Alpes françaises et dans les Pyrénées, et se montre accidentellement dans les grandes forêts de la Champagne et même dans la forêt de Fontainebleau. Dans les steppes de la Russie il fait, dit-on, son nid sur le sol même; mais dans l'Europe occidentale il le place dans les endroits les plus inaccessibles, quelquefois au sommet d'un arbre, ou plus souvent sur des rochers abrupts. Ce nid, cette aire, pour employer le terme consacré, mesure jusqu'à deux mètres de diamètre et est formée de branches, de feuilles et d'herbes sèches. Au printemps, elle renferme deux, trois ou quatre oeufs d'un blanc jaunâtre ou blanchâtre, tachetés de brun et de roux, et plus tard elle sert de berceau pour les jeunes auxquels les parents ne cessent d'apporter des Lièvres, des Lapins, des Perdrix ou des Canards. Les Aigles, en effet, surtout quand ils ont des petits, sont de grands destructeurs de gibier; souvent ils ne craignent pas de s'attaquer à des animaux de taille assez forte, à des Chèvres, à des Chamois, à des Bouquetins; ils cherchent à surprendre les Agneaux qui paissent à côté de leurs mères, et dans une ou deux circonstances on aurait même vu un de ces grands Rapaces enlever un petit enfant.
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Aigle royal.
Aigle royal (Aquila fulva).

Il est déjà fréquemment question de l'Aigle fauve dans les écrits des auteurs anciens : les poètes grecs et latins célèbrent la force et la hardiesse de l'oiseau de Zeus et Pline raconte au sujet de cette espèce des histoires invraisemblables; il prétend par exemple que l'Aigle bâtit son nid avec une pierre spéciale, appelée aétite ou gangite et douée de propriétés merveilleuses. Plus tard, on a prétendu que cette pierre d'Aigle se trouvait dans le nid, que l'oiseau l'emportait dans ses serres quand il prenait son vol, et qu'il jouissait, grâce à ce talisman, de la faculté précieuse de pouvoir regarder le soleil en face. 

Aquila heliaca (Aigle impérial).
L'Aigle impérial (Aquila heliaca Sav. ou A. imperialis Bechst.) est toujours plus petit que l'Aigle royal et s'en distingue assez facilement par les teintes de son plumage : en effet, lorsqu'il est tout à fait adulte, il a le sommet de la tête, l'occiput et la nuque fortement maculés de blanc, souvent même d'une teinte crème presque pure, le dessus du corps d'un beau noir avec des épaulettes blanches et des bordures grises sur les couvertures des ailes, la queue noire, ondée de gris, les parties inférieures d'un brun foncé passant au brun roussâtre sur l'abdomen; la cire et les pattes d'un jaune terne, et le bec bleuâtre avec la pointe noire.
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Aigle impérial.
Aigle impérial (Aquila heliaca).

L'Aigle impérial habite le Sud-Est de l'Europe, le Nord de l'Inde, la Chine, le Nord-Est de l'Afrique et se montre accidentellement en Algérie. Ses comportements sont à peu près les mêmes que celles de l'Aigle royal. En Espagne, dans les Pyrénées et dans le Nord-Ouest de l'Afrique cette espèce est représentée par une variété locale, l'Aigle d'Adalbert (Aquila Adalberti Brehm). 

Aquila clanga (Aigle criard) et les espèces voisines.
L'Aigle criard (Aquila naevia) est encore de taille plus faible et porte une livrée d'un brun plus clair, plus terne et plus terreux que celle de l'Aigle fauve; les parties inférieures de son corps ne tirent pas au noir et sa tête ne passe pas au roux vif dans la région occipitale. 
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Aigle criard.
Aigle criard (Aquila naevia maculata).

Cette espèce présente cependant d'assez grandes variations de plumage qui semblent indiquer l'existence, à côté de la forme typique, de deux autres sous-espèces, à savoir l'Aigle lancéolé (Aquila n. hastata Less.) et l'Aigle tacheté (Aquila n. macuIata). La seconde de ces deux sous-espèces se trouve surtout dans l'Europe centrale et vient hiverner dans l'Est de l'Afrique, et la première se rencontre principalement en Inde et dans la péninsule Indochinoise, tandis que la forme typique a pour berceau la Mongolie, la Sibérie, la Russie méridionale et même la Pologne et certaines contrées de l'Allemagne

Aquila audax (Aigle d'Australie).
En Australie vit un autre représentant de la sous-famille des Aquilinés, qu'on nomme l'Aigle audacieux (Aquila audax Lath.) ou l'Aigle enfumé (Aquila fucosa Tem.) et qui diffère des Aigles d'Europe par son bec plus épais, rappelant celui des Pygargues, et par sa queue étagée. 

Aquila fasciata  (Aigle de Bonelli).
L'Aigle de Bonelli (Aquila fasciata V., A. Bonellii Less.) est un Oiseau de petite taille, qui se distingue des Aigles ordinaires par ses formes moins robustes, son doigt interne relativement moins développé et son plumage de teintes plus claires et moins uniformes. Les adultes de cette espèce sont ordinairement d'un brun noirâtre, tacheté de blanc et de roussâtre, sur les parties supérieures du corps et d'un blanc nuancé de gris roussâtre et marqué de flammèches et de gouttelettes brunes sur les parties inférieures. Leur queue, de couleur grisâtre, se termine par un liseré jaunâtre précédé d'une large bande brune, leurs mandibules sont d'un brun plombé; leur cire et leurs pattes d'un jaune assez vif. Les sujets moins avancés en âge sont plus fortement tachetés sur la région dorsale et les jeunes individus offrent sur la poitrine, la tête et le cou des teintes rousses très accusées. On constate du reste d'un spécimen à l'autre d'assez grandes variations sous le rapport du plumage.

En Inde et dans les pays baignés par la Méditerranée, l'Aigle de Bonelli est assez répandu, et il est même sédentaire dans quelques-uns de des départements méridionaux de la France où il se tient sur les montagnes déboisées et fait son nid dans une crevasse de rocher. Doué d'un vol puissant, en quelques coups d'ailes il s'élève assez haut pour disparaître aux yeux des observateurs. Il plane en décrivant des cercles, puis, brusquement, se laisse tomber sur sa proie avec la rapidité d'une flèche. En général, quand il est au repos, il se tient le corps légèrement incliné, mais parfois il se redresse, l'oeil étincelant, et toute sa physionomie respire alors une audace singulière. L'Aigle de Bonelli est en effet un oiseau fier et courageux qui se nourrit de proie vivante et qui ne craint pas de venir enlever des volailles jusque dans les basses-cours. Il dévaste aussi les colombiers et poursuit dans les jungles, au bord des marais ou en rase campagne, les Lièvres, les Outardes, les Coqs sauvages, les Paons, les Poules d'eau et même les Ibis et les Hérons

Les autres Aigles.
Dans le langage courant, le mot aigle, ne s'applique pas nécessairement à des oiseaux du genre Aquila. Parmi les Aquilinés plusieurs autres genres sont qualifiés d'Aigles : tels sont les Aigles-Autours (Spiziastur), les Aigles huppés (Spizaetus et Lophoaetus), les Faux-Aigles ou Aigles-Eperviers (Pseudoaetus ou Nisaetus), ainsi que les espèces des genres : Harpyopsis, Hieraaetus, Ictinaetus, Lophaetus, Oroaetus, Pithecophaga, Polemaetus, Stephanoaetus. On doit également mentionner le genre Hieraaetus, représenté par l'Aigle botté :

Hieraaetus pennatus (Aigle botté).
L'Aigle botté (Hieraaetus pennatus) est une espèce proche de l'Aigle de Bonelli. Dans sa livrée complète, il a la tête et le cou d'un roux strié de brun, le front blanc, le manteau d'un brun moiré, avec un peu de blanc sur les épaules et la croupe, la gorge, la poitrine et la dessous du corps d'un blanc pur ou légèrement jaunâtre et marqué de stries brunes et de raies transversales roussâtres, les ailes d'un brun tirant au noir, la queue d'un brun un peu moins sombre, avec un liseré blanc à l'extrémité, la cire et les pattes d'un jaune verdâtre. Mais parfois les parties inférieures du corps sont fortement nuancées de brun, tandis que les autres parties conservent la coloration normale. 

L'habitat de cette espèce est à peu près le même que celui de l'Aigle Bonelli, et son régime est peu différent. 

Des Aigles qui n'en sont pas.
On donnait jadis et on donne encore quelquefois, dans le langage courant, le nom d'Aigles, non seulement aux Oiseaux que nous venons de passer en revue, mais encore à un certain nombre de Rapaces qui offrent, il est vrai, des ressemblances extérieures et même quelques affinités de structure avec les Aquilinés, mais qui n'ont pas les mêmes comportements, les mêmes proportions, la même forme du bec et des pattes et qui sont plus convenablement placés dans des groupes distincts. 

Certains sont aussi des Accipitridés, tels les Aigles-Busards ou Circaètes (Circaetus), les Serpentaires ou Bachas (Spilornis), les Aigles bateleurs (Terathopius), les Aigles féroces (Harpia harpyja), d'autres, comme les Macaguas sont des Polyborinés.

Les Pygargues (Aigles pêcheurs)

les Pygargues appartiennent généralement au genre Haliaeetus, qui ressemblent aux Aigles ordinaires par les formes générales, mais qui ont le bec plus fort, les yeux moins enfoncés sous l'arcade sourcilière et la queue coupée moins carrément, sans être aussi étagée que chez l'Aigle d'Australie. En outre, leur physionomie offre une certaine analogie avec celle des Vautours, surtout quand ils sont en action, grâce à la présence de longues plumes lancéolées qui peuvent se relever sur la nuque et les côtés du cou.
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Pygargue à queue blanche.
Pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla).

Haliaeetus albicilla (Pygargue commun).
Le Pygargue commun ou Pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla L.), qu'on appelait jadis le Grand Aigle de mer, l'Orfraie ou l'Ossifrage (Ossifraga), habite les régions septentrionales de l'Europe et une grande partie de l'Asie et visite en hiver la Russie méridionale et le Nord de l'Afrique. Il niche sur les rochers escarpés et se nourrit surtout d'Oies sauvages, de Canards, de Macreuses et de plusieurs espèces d'oiseaux de mer. A défaut de proie vivante, il se contente des cadavres de Phoques ou de Cétacés que le flot rejette sur le rivage. Le Pygargue, en effet, vit beaucoup moins dans l'intérieur des terres que les Aigles ordinaires et se tient de préférence sur les côtes ou sur les bords des grands fleuves, près de leur embouchure.

Haliaeetus leucocephalus (Pygargue à tête blanche).
Aux Etats-Unis, on trouve une autre espèce du même genre qui est bien caractérisée par les teintes de son plumage et qui figure dans les armes du pays; c'est le Pygargue à tête blanche ou Aigle chauve (Haliaeetus leucocephalus) dont les comportements ont été admirablement décrits par Audubon
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Pygargue à tête blanche en vol.
Tête de pygargue à tête blanche.
Pygargue à têtre blanche (Haliaeetus leucocephalus). Photos : Dave Menke et, à droite, Susan Rachlin.

Les autres Pygargues.
Une troisième espèce, de taille gigantesque et pourvue d'un bec énorme et de serres aussi fortes que celles d'une Harpie, le Pygargue pélagien (Haliaeetus pelagicus Pall.), signalée dans le Nord-Est de la Sibérie, sur les côtes septentrionales de la Chine, au Japon et au Kamtchatka.

Enfin, d'autres Pygargues, Haliaeetus vocifer, H. voci-feroides, H. leucoryplaus, H. aguia, habitent l'Afrique, Madagascar, l'Asie méridionale ou l'Amérique du Sud
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Quant au genre Ichthyophaga, il compte deux espèces : le Pygargue nain (Icthyophaga humilis) et le  Pygargue à tête grise (I. ichthyaetus), qui sont tous les deux de l'Asie du Sud et du Sud-Est. (E. Oustalet).

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Dictionnaire Les mots du vivant
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