.
-

Japon
Nippon

36 00 N, 138 00 E
Le Japon est un archipel de l'Asie orientale, d'une superficie totale du Japon est de 377,835 km². Les quatre plus grandes îles sont : Hondo ou Honshû, qui est au centre de l'archipel et représente environ 55% de la superficie totale; Hokkaïdo, au Nord;  Shikoku et Kyushû, les deux  dernières au Sud. Ce pays, qui est, après les Etats-Unis et la Chine, la troisième plus grande puissance mondiale par son PIB, est une monarchie constitutionnelle dotée un gouvernement parlementaire. Elle est divisée en 8 régions et  47 préfectures; capitale Tôkyô; population 127 millions d'habitants. 

Carte du Japon.
Carte du Japon. Source : The World Factbook
(Cliquer sur l'image pour afficher une carte plus détaillée).

L'archipel forme une longue ligne se dirigeant d'une façon générale du Nord-Est au Sud-Est, depuis le détroit de La Pérouse, qui sépare l'île japonaise d'Hokkaïdo de l'île russe (depuis 1875) de Sakhaline, jusqu'aux îles Riou-Kiou (Ryukyu) ou Nasei-Shotô, dont les plus méridionales (Yunakuni-jima, Iriomote-Jima, dans le groupe d'Okinawa) sont à l'Est de Taiwan. Kiou-Siou (Kyûshû) est séparé de la presqu'île coréenne par le détroit de Corée. L'Océan Pacifique, dont les dépendances baignent la côte occidentale des îles, en forme la limite orientale. Les îles Kouriles ou Tchi-jima ( = mille îles) du Sud, revendiquées par le Japon depuis leur occupation par l'Union soviétique en 1945, restent administrées par la Russie.

Le Japon est désigné (ou à été désigné) sous divers noms, en particulier par celui de Dai Nippon (Grand-Japon), qui est la transcription chinoise de Ta Jepeun, Je-peun Kouo, empire du Soleil-Levant, comparé au Tchoung Kouo, empire du Milieu, la Chine. Zipangu de Marco Polo n'est qu'une transcription phonétique de Je Peun Kouo. Nippon (ou Ni-hon) a été la désignation officielle à partir de 670 ap. J.-C. Le Japon est encore désigné sous le nom de Finomoto, équivalent de Nippon, et en poésie sous celui de Yamato ( = porte des montagnes); mais de même que le nom de Nippon est généralement restreint à la plus grande des îles de l'archipel, Honshû (Hondo), de même Yamato est plutôt réservé à l'une des régions de cette même île (dans la circonscription de Kinaï) où se trouvent la ville de Nara et les célèbres sanctuaires Shintô. On peut encore citer les noms de O-mi-kuni, et à cause de sa longueur, Toyo-ashi-wara-no-chi-aki-no-naga-i-ho-aki-no-mizu-ho-sw-kuni

Géographie physique du Japon

Côtes et îles
Les côtes.
Les côtes très découpées et déchiquetées de l'archipel japonais ont ensemble un développement de 29,750 km, dont environ 10,600 pour Honshû et les îles adjacentes; 2500 pour Shikoku, etc., 9500 pour Kyûshû, etc., 5000 pour Hokkaïdo, etc. Ces côtes présentent un grand nombre de promontoires et de caps dont les principaux sont, en allant du Sud au Nord : le cap Sata-Misaki (cap Tchikatchov), au Sud de Kyûshû; le cap Ashizuri-Msaki, à la pointe Sud-Sud-Est de Shikoku; le cap Siriya-Zaki, à la pointe Nord de Honshû; le cap Erimo-Misaki au Sud-Sud-Est de Hokkaïdo; le cap Shiteloko au Nord et le cap Kamui-Misaki à l'Ouest de la même île.

Parmi les nombreuses baies qui s'enfoncent dans le littoral, nous mentionnerons la baie de Nagasaki, sur la côte occidentale de Kyûshû; celle de Kagoshima, qui divise en deux becs l'extrémité méridionale de Kyûshû, au Sud de la précédente; la baie de Tasa, au Sud-Est de Shikoku; la baie d'Osaka, la baie d'Isé (ou de Nagoya), les baies de Surunga et de Sagami, la grande baie de Tôkyô et la baie de Sendai, sur la côte orientale de Honshû; les baies de Wakasa et de Toyama, sur la façade occidentale de la même île; enfin les baie des Volcans (Uchiura-wan)  et de Ishikari sur les côtes d'Hokkaïdo.

Les îles.
Outre les quatre îles principales dont nous avons parlé, on compte 520 îles adjacentes dont 189 dépendent de Honshû, 74 de Shikoku, 213 de Kyûshû et 44 de Hokkaïdo. En réalité, ce ne sont pas seulement 520 îles qu'il faudrait compter, mais plus de 3850 îles et îlots, abstraction faite des innombrables rochers qui émergent de l'océan dans ces parages. Parmi ces îles, on distingue : Amakusa-shotô, à l'entrée de la baie de Nagasaki; les îles Gotô-Rettô, à l'Ouest de Nagasaki; Tsushima, dans le détroit de Corée; les îles Oki-Shotô et  l'île Sado, dans la mer du Japon, sur la côte occidentale de Honshû;  Ô-shima (Vulcain), Okushiri-tô, sur la côte Ouest de la bizarre presqu'île qui forme l'extrémité méridionale de Hokkaïdo; Rishiri-tô et Rebun-tô, au Nord-Ouest de Hokkaïdo; Ô-shima, à l'entrée de la baie de Tôkyô, et, au Sud-Sud-Est de celle-ci, dans  l'Océan Pacifique, alignées pratiquement le lon du le 140e méridien : l'archipel des sept îles d'Izu (Sitsi-tô), les minuscules Hachijo, Beyoneisu-retsugan, Sumisu, Tori et Sôfu, au-delà desquelles on rencontre encore les Ogasawara Shotô ou îles  Bonin, auxquelles est rattaché le groupe de Kazan (groupe des îles des Volcans), parmi lesquelles se trouve Iwo-Jima. Un peu à l'écart de cette chaîne insulaire se trouvent les îles Okinotori-shima (l'île oiseau du large), à l'Ouest, et Minamitori-shima (l'île oiseau du sud ou île Marcus), à l'Est. Quant aux îles Ryu-kyu, qui prolongent les grandes îles en direction du Sud-Oust jusqu'à Taiwan, elle se distribuent en quatre groupes principaux : Tokkara-rettô, Amami-shotô, Okinawa-shotô et Miyako-rettô. Le petit archipel des Daitô-shotô (Îles Borodino) se situe un peu plus à l'Est.

Les détroits.
La grande île de Hokkaïdo est séparée, comme nous l'avons déjà dit, de Sakhaline par le détroit de La Pérouse; le détroit de Nemuro la sépare de Kunashiri-tô (île Kunasir), la plus grande des Kouriles, et le détroit de Tsugaru (Tsugaru Kaikyo) la sépare de Honshû; c'est à travers ce détroit qu'a été contruit le plus long tunnel ferroviaire du monde (53,85 km, dont 23,3 km sous-marins), le tunnel de Seikan. Honshû a comme une espèce d'enclave, Shikokou, dont elle est séparée par le détroit de Kii (Kii-suidô) ou détroit de Linschoten et le détroit de Iyo (Iyo-nada), qui délimitent un bras de mer nommé la Mer Intérieure (Seto-Naikai), encombrée d'une quantité de petites îles, offrant un magnifique spectacle; des ponts, construits entre certaines de ces îles, relient Honshû à Shikoku en deux endroits. Shikokou est séparé de Kyûshû par le détroit de Bungo (Bungo-suidô). Kyûshû même est séparé de Honshû par le détroit étroit et célèbre le Shimonoseki-seto (ou détroit de Van der Capellen), qu'enjambe un pont; la mer entre Honshû et Kyûshû porte les noms de Suo-nada et Iyo-nada. Entre Kyûshû et la Corée, est le détroit de Corée, au milieu duquel se trouve, on l'a dit, l'île de Tsushima : on désigne sous le nom de canal de Krusenstern la partie située entre Kyûshû et Tsushima, et canal de Broughton l'autre partie comprise entre Tsushima et la presqu'île coréenne. Le Sud même de Kyûshû est séparé de Tanega-jima (la plus spetentrionale des îles Ryukyu) par le détroit d'Osumi (Osumi-kaikyo) ou détroit de Van Diémen.

Si l'on passe par le détroit de La Pérouse entre Sakhaline et Hokkaïdo, on pénètre dans la mer du Japon, formée à l'Est par la majeure partie des îles de l'archipel japonais, à l'Ouest par la Russie et les deux Corées; enfin, si l'on passe entre la péninsule coréenne et l'île de Kyûshû par le détroit de Corée, large de 250 km environ, on arrive dans la mer de Chine Orientale et qui est fermée à l'Orient par Kyûshû et les îles Ryukyu. La côte méridionale et orientale est tiédie par le Kuro-shivo, courant chaud, tandis que l'Oya-shivo, courant froid, baigne Hokkaïdo.

Relief du sol.
Les îles du Japon, montueuses et volcaniques, sont couvertes de hautes montagnes escarpées, séparées par de fertiles vallées arrosées par de nombreux cours d'eau torrentiels. La direction générale de l'archipel japonais, du Nord-Est au Sud-Ouest, donne également les grandes lignes de son système montagneux qui s'inscrit dans la continuité du Kamtchatka et de l'arc de Kouriles et se prolonge, au-delà des Ryukyu, par Taiwan et atteint les Philippines, formant ainsi une chaîne d'îles qui forme la limite extrême de l'Asie vers l'Orient. Presque tous les pics de ces chaînes sont des volcans, soit éteints, soit encore en activité. La montagne est tellement l'expression même de la nature du pays, que le mot qui l'indique, yama, est devenu pour le Japonais presque l'équivalent du mot paysage. 
-
Le point culminant (3776 m) de Honshû et de tout l'archipele est le célèbre volcan Fuji-yama (ou Fuji-san), dans la région la plus large de Honshû; non loin est l'Ontake-san (3063 m). Entre les villes de Nagano et de Toyama s'élèvent les montagnes Neigeuses (Hida Sanmyaku), d'aspect très sauvage; c'est un massif granitique et porphyrique, qui dépasse 3000 m (Yariga-take, 3180 m); les cols sont de 1800 à 2000 m et obstrués par la neige une partie de l'année. On trouve dans le centre de l'île beaucoup de cimes de plus de 2500 m; nous citerons le Haku-san, le Tate-yama (2896 m), le Norikura, l'Asama-yama (2591 m), le Kimpu-zan, le Komaga-take (2923 m), le Shirane-san, le Nantai-san (2541 m), etc. Dans le Nord de Honshû s'élèvent les trois grands volcans de Chôkai-san, Ganju-san, Iwaki-san (1625 m). Le relief est beaucoup moins accentué dans le  Chûgoku Sanchi, à l'Ouest du lac Biwa; ici le plus haut sommet dépasse à peine les 1500 m. 

Hokkaïdo est parcourue par deux chaînes dont la formation géologique est différente : la chaîne méridienne est granitique et feldspathique, tandis que l'autre, volcanique, est formée de basaltes, de trapps et de diorites; c'est sur cette seconde chaîne que s'alignent, du Nord-Ouest au Sud-Est, les volcans de l'île. Au centre de Hokkaïdo, le Asani-dake atteint 2290  m. 
-

Japon : le volcan Asamayama.
Une éruption du volcan Asamayama, au Japon. Photo prise à la fin du XIXe s.

Kyûshû, où dominent les roches éruptives, renferme de beaux volcans dont quelques-uns sont encore en activité; à l'Ouest se trouve le Ounzen-san, volcan péninsulaire doit s'échappent dus sources thermales et des vapeurs sulfureuses. Les plus hauts sommet sont les volcans Kûju-san (1787 m)  et Kirishi-yama (1700 m).

Les crêtes schisteuses de l'île de Shikoku offrent également quelques sommets modérément élevés, avec en premier lieu le Tsurugi-san, haut de 1955 m.

Géologie.
Le Japon renferme une grande variété de terrains sédimentaires et éruptifs, profondément bouleversés. Le gneiss ne paraît qu'en peu d'endroits; les schistes cristallins sont très développés; ils forment le noyau et les montagnes de Shikokou. Les schistes paléozoïques, les graywackes, les quartzites, les calcaires primitifs forment le centre de Honshû. Au-dessus se sont déposés des sédiments triassiques, jurassiques et crétacés. Les dépôts miocènes et pliocènes sont développés le long des rivages, mélangés à des grès, à des schistes argileux, à des tufs volcaniques, etc. Les granites se sont épanchés abondamment à travers les schistes cristallins et paléozoïques, altérés par le métamorphisme. Au Sud-Ouest et au centre de Honshû sont de vastes massifs granitiques; ils atteignent 3000 m au Komaga-take et forment la masse principale d'une grande partie des montagnes. Les éruptions ultérieures, porphyriques et surtout trachytiques et doléritiques, les ont partiellement recouverts. 
-

Photo de la valle de Nikko.
La vallée de Nikko, dans les montagnes intérieures (Honshû).

Le Japon fait partie de la ceinture volcanique qui borde l'Océan Pacifique (ceinture de feu du Pacifique). II compte des centaines de volcans éteints et une vingtaine en activité; les principaux de ceux-ci sont : l'Aso-yama, près de Koumamoto (Kyûshû); l'Asama-yama au Nord-Ouest de Tôkyô; le Shirane-yama dans les monts de Nikko, au Nord de Tôkyô. La nature volcanique du sol japonais est la cause d'un nombre considérable de sources thermales (généralement sulfureuses) et minérales dont les vertus curatives sont fort bien connues des Japonais qui les utilisent. 

-
Régime des eaux.
La configuration même du Japon, baigné d'eau de tous côtés, la direction de ses arêtes montagneuses, suffisent à faire comprendre qu'il ne peut y avoir dans les îles des cours d'eau d'étendue considérable. Aussi aucun fleuve n'atteint-il une longueur de 400 km. Presque tous ont une pente rapide dans la partie supérieure et un lit ensablé dans la partie inférieure de leur cours. Le plus grand fleuve de Honshû est le Kiso-gawa, long de 368 km, qui sort des montagnes du Shinano (Hida Sanmyaku), et prenant une direction méridionale, se jette dans la Baie de Nagoya. Citons encore dans la même île l'Oho- y-gawa, entre Toutomi et Suruga, le Ten-riu (dragon céleste), entre le lac Suva et la mer (Toutomi-nada), à l'une des embouchures duquel se trouve Hamamatsu. C'est du lac Suva que sort aussi le Tsi-kuma-gawa (fleuve du sang de l'Ours) ou Sinano-gawa qui, après un parcours de 250 km, se jette dans le delta de la rivière de Niigata, où est construite la ville du même, nom. Citons encore le Kita-garni-gawa qui, long de 300 km, se jette après un cours Nord-Sud, dans le golfe de Sendaï (Rikuzen).

Dans l'île de Shikokou, nous ne marquerons que le Yosino-gawa et le Naka-gawa qui ont plus de 100 km, et se jettent dans le détroit de Kii, entre Shikokou et Honshû; et dans l'île de Kyûshû le Tokusi-gawa. 

Enfin, si nous remontons au Nord, nous marquerons dans Hokkaïdo, le Tecivo-gawa, l'Isi-kari-gawa avec son grand affluent l'Ouyé-gawa, enfin le Kousino-gawa qui ont tous plus de 300 km.

Le plus célèbre des lacs du Japon est celui de Biwa (Biwa-ko), ainsi nommé d'après sa forme (biwa = luth à quatre cordes), long du Nord au Sud de 83 km, large de l'Ouest à l'Est de 25 km, a 290 km de tour; il est entouré de collines qui, dans le Sud-Ouest deviennent des montagnes que couronne le célèbre monastère bouddhique de Hi-ye-san. Il est extrêmement poissonneux. Nous avons déjà mentionné du lac Suva; nous citerons encore le lac Asino-umi, au sommet du mont Hakoné, qui est plus grand; le Tsiu-son-zi, au sommet du Nantaï-san (Nikko); le Inawa-siro et le Ziu-san-kala dans le Nord.

Climat.
Les climats, au Japon, sont très variés à cause de la situation de ce pays. S'étendant du 25° au 45° de latitude Nord, et s'étageant du niveau de la mer à plus de 3000 m d'altitude, le Japon est soumis à des températures différentes selon les localités. Le climat est plus doux que celui du continent asiatique, à cause du Kuro-shivo, grand courant équatorial, qui longe les côtes sur une fort grande étendue, entre le 13° au Nord et le 16° au Sud, mais il est moins chaud que celui des pays de la Méditerranée situés sous la même latitude, et surtout beaucoup plus extrême.

Il gèle et neige en hiver à Kyushû, sous la latitude du delta du Nil. A Tokyo (35°40' de latitude Nord), la température moyenne de I'année est seulement de +13 °C; le thermomètre descend à -10 °C; il monte en juillet à +35 °C; on a compté jusqu'à 60 nuits de gelée; en hiver, de novembre à mars, la température moyenne est de + 5,5 °C. A Nagasaki, la température de l'hiver est + 6,5 °C, celle de l'été +25,1 °C : température moyenne, + 18°C.

Le climat est soumis au régime des moussons; en été souffle le vent du Sud, humide et chaud; en hiver le vent glacé du Nord-Ouest et du Nord. II pleut beaucoup, surtout durant l'été; en hiver le temps est plus sec et le ciel serein. La chute d'eau annuelle est de 1430 mm, dans Honshû, et pendant l'été, les orages représentent 1/10e de la moyenne annuelle. Les typhons (taïfoun), fréquents à la fin de l'été et en automne, créent à la navigation de grands périls. Elle est parfois paralysée, surtout en hiver, sur la côte inhospitalière de la mer du Japon, par le vent du nord.

Toutes les chaînes de montagnes de Honshû sont complètement couvertes de neige pendant l'hiver. Les typhons sont, avec les tremblements de terre qui accompagnent souvent les éruptions volcaniques, un fléau pour cette contrée; ils visitent surtout les côtes Sud-Est et étendent leurs ravages jusque sur la capitale.
-

Tokyo : jardins du palais imprial.
Jardins du palais impérial, à Tokyo. Photos prises de nos jours : The World Factbook.

Biogéographie du Japon

La flore.
On conçoit que le sol si éminemment volcanique de l'archipel japonais soit couvert d'une riche végétation et que sa flore soit étonnamment variée; elle comprend, en effet, 2743 espèces, sans compter les plantes importées de Chine et d'Europe depuis les temps historiques; elle abonde surtout en bois de toutes sortes. Cette flore présente de grandes ressemblances avec celle de la zone forestière du bassin de l'Atlantique (Europe et Amérique du Nord) et avec celle de l'Europe tertiaire. Elle a aussi beaucoup des plantes de la région des moussons (Asie orientale), bambous, camphrier, Camellia japonica, diverses Laurinées et Terstromiacées. Les chênes verts, les conifères, les hêtres, les ormes, les aunes, les magnolias sont très répandus. La flore des montagnes supérieures est celle des régions arctiques. On connaît les emprunts faits par les jardiniers européens au Japon : camélia, magnolia, ailante, chrysanthèmes, néflier du Japon (Eriobotrya japonica, etc.).

Dans le Nord de Honshû, on trouve un grand nombre de conifères, parmi lesquels on distingue : le kinoki (arbre du soleil) et le soughi (le cèdre du Japon des voyageurs), arbres sacrés des Japonais; le karamats, qui croît dans les hautes altitudes. Les autres essences sont : le châtaignier, le chêne, le hêtre, l'orne, le kousoumo-ki ou camphrier, l'ioussou ou bois de fer du Japon, le frêne; le hô, d'un bel effet ornemental; le mûrier, l'aune, l'érable, l'arbre à cire; le kiri, dont on confectionne des coffres laqués, le bambou, etc. Au nombre des arbres à fruits, ou remarque le cerisier, le prunier et le pêcher dont la floraison est l'occasion de grandes fêtes.

Les fleurs sont innombrables : elles ont, en général, plus d'éclat que les fleurs d'Europe, mais moins de parfum.

La faune.
Comme la flore, la faune japonaise est d'une singulière richesse. Elle comporte 50 espèces de mammifères, 360 oiseaux, 30 reptiles et batraciens, etc. Les plus caractéristiques ne dépassent pas l'île de Honshû. Certaines espèces, telles que l'éléphant, en ont disparu; mais on rencontre encore l'ours noir  (Ursus japonicus) dans les montagnes de Honshû et surtout dans les épaisses forêts d'Hokkaïdo. Les autres espèces de mammifères les plus remarquables sont de petits loups et de petits renards; le sarou  (Inuus speciosus), singe à courte queue; le  cerf sika, le sanglier, plusieurs chauves-souris, une antilope (crispa) à face de mouton, le renard commun, le Nycterentes viverrinus, le Meles Anakuma, une espèce particulière de chien, la taupe, etc. Le Japon est en outre peuplé de serpents, dont une seule espèce est venimeuse.  Dans les ruisseaux de la province d'Iga, près de Kyoto, vit la salamandre géante (Cryptobranchus japonicus). On recense également de nombreuses espèces d'insectes. Parmi ces derniers le bombyx du chêne et surtout le ver à soie. Le phoque et le lamantin fréquentent les côtes de l'archipel et les poissons foisonnent dans les eaux japonaises, notamment dans la partie septentrionale.

L'holothurie est commune sur presque toute les côtes et on a trouvé des coraux dans les roches qui forment la ceinture de la baie de Tôkyô.

Les principaux animaux domestiques de l'archipel sont : les chevaux, plus grands et plus vigoureux que ceux de la Chine; le boeuf, la vache et le buffle; des porcs en petit nombre. Le Japon ne nourrit ni ânes, ni moutons, ni chèvres; mais le lapin d'Europe s'y est parfaitement acclimaté. La volaille est très abondante et constitue, avec le riz et le poisson, un des principaux éléments de l'alimentation des Japonais. (Henri Cordier / GE, DMC).

Géographie humaine du Japon

Population.
La population du Japon est d'environ 124 millions d'habitants (2025), mais celle-ci connaît un déclin global pesistant, combiné à un vieillissement accéléré. Le pays connaît un taux de natalité parmi les plus bas au monde, bien en dessous du seuil de renouvellement des générations. Parallèlement, l'espérance de vie y est l'une des plus élevées de la planète (plus de 80 ans pour les hommes et plus de 87 ans pour les femmes). Cette double dynamique a engendré une structure par âge avec une proportion de personnes âgées (65 ans et plus) parmi les plus importantes au monde, et une part de jeunes (moins de 15 ans) qui diminue constamment. Les projections démographiques indiquent que cette tendance devrait se poursuivre, et entraîner une contraction significative de la population totale dans les décennies à venir. Sur le plan économique, cela crée une pénurie de main-d'oeuvre dans de nombreux secteurs, une pression immense sur les systèmes de retraite et de santé, et potentiellement un frein à l'innovation et à la croissance. Sur le plan social, cela modifie les équilibres entre les générations, pose la question de la prise en charge des aînés, et affecte la vitalité des  zones rurales qui se vident.

La structure familiale, autrefois centrée sur la grande famille et le mariage traditionnel comme norme quasi universelle, est en mutation rapide. On observe un âge moyen au mariage qui recule, une augmentation du nombre de célibataires (volontaires ou non), une hausse des divorces, et surtout, une forte diminution de la taille des familles. Le coût élevé de l'éducation, la difficulté à concilier vie professionnelle intense et vie familiale, notamment pour les femmes, ainsi que des changements dans les aspirations individuelles, contribuent au faible taux de natalité. Les attentes traditionnelles concernant les rôles de genre pèsent lourdement, la responsabilité principale de l'éducation des enfants et des tâches ménagères incombant généralement aux femmes, ce qui rend leur participation pleine et entière au marché du travail difficile et peut décourager les mariages et les naissances.

La culture d'entreprise valorise traditionnellement la loyauté, l'ancienneté, les longues heures de travail et une forte hiérarchie (senpai/kōhai, aîné/cadet). Le modèle de l'emploi à vie (shūshin koyō), bien qu'il ne soit plus universel et se fragilise, a longtemps structuré les carrières. Cette pression au travail, parfois excessive (qui peut conduire au karōshi, mort par surmenage), a un impact direct sur l'équilibre vie privée-vie professionnelle et donc sur les choix familiaux. La pénurie de main-d'œuvre due au déclin démographique pousse cependant à une certaine évolution, avec des tentatives d'intégrer davantage de femmes (habituellement dans des postes précaires), de personnes âgées, ou de recourir à une immigration, bien que celle-ci reste limitée et politiquement sensible en comparaison avec d'autres pays développés.

Ces dynamiques sociales et démographiques engendrent également des défis spécifiques. L'isolement social est une préoccupation grandissante, particulièrement chez les personnes âgées mais aussi chez les jeunes, illustré par le phénomène des hikikomori (jeunes retirés de la société). Les inégalités économiques et sociales se creusent, notamment entre les travailleurs ayant un emploi régulier à vie et ceux en situation précaire (hiseiki koyō). Les inégalités de genre restent marquées, malgré des efforts pour promouvoir la participation des femmes à la vie publique et économique. Les questions d'intégration des minorités (ethniques, sexuelles) et des résidents étrangers posent également des défis dans une société qui se pense très homogène et laisse peu de place aux différences. La forte concentration de la population dans les grandes métropoles (Tokyo, Osaka, Nagoya) contraste avec la désertification des zones rurales, qui fait face à un déclin démographique, un vieillissement rapide et des difficultés à maintenir les services de base et la vitalité communautaire. Le système éducatif, très compétitif, prépare les individus à intégrer cette société structurée par le travail, mais génère également une pression considérable sur les élèves.

Quelques-unes des principales villes du Japon

Tokyo. - Environ 14 millions d'habitants dans la ville proprement dite et plus de 37 millions dans l'aire métropolitaine. Capitale du Japon. Tokyo est l'une des plus grandes métropoles du monde et le centre politique, économique et culturel du Japon. Elle abrite le gouvernement national, la résidence de l'empereur, et de nombreuses entreprises internationales. Attractions principales : La tour de Tokyo, le quartier de Shibuya, le palais impérial, Akihabara (le centre de la culture geek et électronique), et Asakusa avec son temple Senso-ji.

Osaka. - Environ 2,7 millions d'habitants. Troisième plus grande ville du Japon. Osaka est le centre économique du Kansai et un important centre industriel et commercial. Connue pour sa gastronomie et son ambiance plus détendue par rapport à Tokyo.  Attractions principales : Château d'Osaka, quartier de Dotonbori, Universal Studios Japan et le marché de Kuromon.

Yokohama. - Environ 3,8 millions d'habitants. Deuxième plus grande ville du Japon, située juste à côté de Tokyo. Yokohama est l'un des principaux ports du Japon et un important centre industriel. Elle joue un rôle clé dans les échanges maritimes et le commerce international.   Attractions principales : Minato Mirai 21, Chinatown (le plus grand du Japon), et le parc Yamashita.

Nagoya. - Environ 2,3 millions d'habitants. Quatrième plus grande ville du Japon et capitale de la préfecture d'Aichi. Nagoya est un centre industriel majeur, particulièrement dans les secteurs de l'automobile (Toyota) et de l'aérospatiale. C'est également un important hub de transport entre Tokyo et Osaka. Attractions principales : Château de Nagoya, le sanctuaire Atsuta, et le musée Toyota.

Sapporo (capitale de l'île de Hokkaido). - Environ 2 millions d'habitants. Sapporo est connue pour son festival de la neige, sa brasserie historique (Sapporo Beer), et comme point d'accès aux stations de ski et aux parcs nationaux de Hokkaido.

Attractions principales : Parc Odori, musée de la bière de Sapporo, festival de la neige de Sapporo, et le mont Moiwa.

Fukuoka. - Environ 1,6 million d'habitants. Plus grande ville de l'île de Kyushu. Fukuoka est un centre économique et commercial de Kyushu, ainsi qu'une porte d'entrée vers la Corée du Sud et la Chine. Elle est réputée pour sa culture culinaire et son histoire. Attractions principales : Château de Fukuoka, canal City Hakata (centre commercial), et les stands de nourriture de rue "Yatai".

Kyoto. -  Environ 1,5 million d'habitants. Ancienne capitale du Japon, aujourd'hui capitale de la préfecture de Kyoto. Kyoto est célèbre pour son patrimoine historique et culturel, avec de nombreux temples, sanctuaires, jardins et palais impériaux. C'est un centre culturel et touristique de premier plan.   Attractions principales : Temple Kinkaku-ji (Pavillon d'or), Fushimi Inari-taisha (sanctuaire aux milliers de torii) et le Palais impérial .

Kobe. - Environ 1,5 million d'habitants. Capitale de la préfecture de Hyogo. Kobe est un important port et centre industriel. La ville est connue pour son boeuf de Kobe, l'un des plus célèbres au monde, ainsi que pour son multiculturalisme historique.  Attractions principales : Port de Kobe, mont Rokko, et le quartier historique Kitano.

Hiroshima. - Environ 1,2 million d'habitants. Capitale de la préfecture de Hiroshima. Hiroshima est tristement célèbre pour avoir été la première ville à être frappée par une bombe nucléaire en 1945. Elle est aujourd'hui un symbole de paix et abrite plusieurs monuments dédiés à la mémoire des victimes. Attractions principales : Parc de la Paix, musée du Mémorial de la Paix d'Hiroshima, et l'île de Miyajima avec le sanctuaire Itsukushima.

Sendai. - Environ 1,1 million d'habitants. Capitale de la préfecture de Miyagi, dans la région de Tohoku. Sendai est le centre économique et culturel de la région de Tohoku. La ville est également connue pour son festival de Tanabata et ses efforts de reconstruction après le tsunami de 2011. Attractions principales : Château de Sendai, mausolée de Zuihoden, et festival de Tanabata. 

--
Groupes ethnolinguistiques.
Le Japon est perçu, tant de l'intérieur que de l'extérieur, comme une nation extrêmement homogène sur le plan ethnolinguistique. En fait, si une très large majorité de sa population s'identifie bien comme appartenant au groupe ethnique majoritaire, traditionnellement appelé Yamato, et parle le japonais standard, cette vision monolithique masque une réalité plus complexe. D'autres groupes coexistent ou ont coexisté sur le territoire.

Yamato.
Le groupe Yamato constitue environ 98,5% de la population totale. Il est considéré comme le groupe ethnonational dominant et sa langue, le japonais, est la langue officielle de l'État. La culture associée aux Yamato est celle qui est généralement comprise comme la culture japonaise "standard", diffusée à travers l'éducation, les médias et les institutions nationales. L'identité Yamato s'est forgée au cours de l'histoire de l'archipel, notamment par l'expansion et la centralisation du pouvoir depuis les régions centrales vers le nord et le sud, et a intégré ou supplanté d'autres cultures.

Aïnou.
Les Aïnou, considérés comme un groupe autochtone de l'île septentrionale de Hokkaidō et des régions environnantes (Sakhaline, Kouriles, nord de Honshū), possèdent une culture distincte, caractérisée par une religion animiste complexe, un artisanat unique (sculpture sur bois, textiles) et un mode de vie traditionnellement lié à la chasse, à la pêche et à la cueillette. Leur langue, l'aïnou, est linguistiquement très différente du japonais et est généralement considérée soit comme un isolat, soit comme faisant partie d'une famille hypothétique éteinte. Pendant des siècles, les Aïnous ont été marginalisés et victimes de politiques d'assimilation forcée par le gouvernement japonais, ce qui a entraîné une perte considérable de leurs terres, de leur langue et de leurs pratiques culturelles. La reconnaissance officielle des Aïnous comme peuple autochtone n'a eu lieu qu'en 2008 (avec une législation plus forte en 2019). Le nombre de locuteurs de l'aïnou est extrêmement faible aujourd'hui, et le groupe fait face à d'énormes défis pour revitaliser sa langue et sa culture face à des siècles de répression. Les efforts actuels se concentrent sur la préservation du patrimoine, l'éducation et la lutte contre la discrimination.

Ryukyuan.
Plus au sud, dans l'archipel des Ryūkyū (dont l'île principale est Okinawa), réside un autre groupe ethnolinguistique important : les Ryukyuans. Historiquement, ces îles formaient un royaume indépendant et prospère, le Royaume de Ryūkyū, qui entretenait des relations commerciales et culturelles distinctes avec la Chine, le Japon et d'autres nations d'Asie de l'Est. Ce royaume a été annexé par le Japon à la fin du XIXe siècle. Les Ryukyuans possèdent une culture riche, avec des formes d'art, de musique et de danse qui les distinguent de la culture japonaise standard. Leurs langues (on parle souvent d'une famille de langues ryukyuannes, dans laquelle sont rangés l'okinawanais, l'amami, le miyako, le yaeyama et le yonaguni) sont liées au japonais mais ne sont pas mutuellement intelligibles avec celui-ci. Comme les Aïnous, les Ryukyuans ont subi des pressions pour s'assimiler à la culture et à la langue japonaises standard, particulièrement depuis l'annexion et après la Seconde Guerre mondiale (période durant laquelle Okinawa a été sous occupation américaine plus longtemps que le reste du Japon et continue d'héberger une importante présence militaire américaine). Aujourd'hui, les langues ryukyuannes sont gravement menacées, la plupart des jeunes générations ne parlant que le japonais standard ou une variété locale très influencée par le japonais. La préservation de la culture ryukyuane et la lutte pour une plus grande autonomie politique ou pour la réduction des bases militaires sont des enjeux majeurs pour ce groupe.

Coréens.
Un autre groupe dont la présence est historiquement significative, bien que non autochtone, est celui des Coréens qui résidant au Japon, et appelés Coréens Zainichi. Leur présence est en grande partie le résultat de la colonisation de la Corée par le Japon entre 1910 et 1945, période durant laquelle de nombreux Coréens ont été forcés ou encouragés à migrer vers le Japon, généralement pour travailler dans des conditions difficiles. Après la fin de la guerre, beaucoup sont restés au Japon, mais se sont généralement vu refuser la pleine citoyenneté japonaise, et sont devenus des résidents permanents de statut spécial, parfois apatrides ou avec une nationalité coréenne qu'ils ne peuvent pleinement exercer. Les Coréens Zainichi ont développé une identité complexe, souvent biculturelle. Ils ont fait face à une discrimination sociale et institutionnelle significative pendant des décennies. Si les générations plus âgées parlaient encore coréen, la majorité des Zainichi des générations plus jeunes parlent principalement le japonais et leur connaissance du coréen varie grandement. 

La part de l'immigration.
Au-delà de ces groupes historiquement établis, la composition démographique du Japon évolue avec une diversité croissante due à l'immigration plus récente. Bien qu'ils ne constituent pas des groupes ethnolinguistiques distincts au sein de la nation japonaise au même titre que les Aïnous ou les Ryukyuans, les résidents étrangers, notamment les Chinois, les Brésiliens (souvent d'origine japonaise, les Dekasegi), les Philippins et d'autres, contribuent à la diversité linguistique et culturelle du pays. Ils apportent leurs propres langues et coutumes, et créent de nouvelles dynamiques sociales, bien que leur statut et leur intégration posent également des questions d'inclusion et de gestion de la diversité pour une société longtemps perçue comme uniforme.
-

Japon : femmes en kimono.
Femmes en kimono (tenue traditionnelle) dans un café de Tokyo.

Culture.
Le Japon excelle dans la technologie et l'innovation, et produit des avancées dans des domaines variés, tout en réussissant à maintenir et même à vénérer des coutumes parfois plusieurs fois centenaires. Les temples anciens côtoient les gratte-ciel futuristes, les moines bouddhistes utilisent des smartphones, et les kimono sont toujours portés lors d'occasions spéciales. Cette juxtaposition de l'ancien et du nouveau, cette capacité à absorber et à adapter, fait de la culture japonaise un sujet d'étude intarissable.

Les interactions sociales au Japon sont souvent régies par un ensemble complexe de normes et de valeurs mettant l'accent sur l'harmonie (wa), le consensus, le respect de l'autorité et la distinction entre honne (sentiments réels) et tatemae (façade publique ou convenance sociale). L'appartenance à un groupe (l'entreprise, l'école, la communauté) est historiquement très importante. La société japonaise se signale ainsi par son éthique de travail rigoureuse, son dévouement envers l'entreprise ou le groupe d'appartenance. La politesse, le respect de la hiérarchie et des aînés, ainsi que l'étiquette minutieuse sont des piliers fondamentaux de la société japonaise. Ils se manifestent par des codes de conduite précis, comme l'art de la courbette (ojigi) dont la profondeur varie selon le statut de l'interlocuteur. La communication tend à être indirecte, et privilégie le non-dit et la lecture entre les lignes afin de ne pas causer de perturbation ou de "perdre la face", ni pour soi ni pour autrui. Cependant, ces valeurs évoluent, notamment sous l'influence de la mondialisation et des jeunes générations. On observe une tendance croissante à l'individualisme, une diversification des modes de vie et une certaine remise en question des normes traditionnelles. 

Le paysage religieux du Japon est principalement caractérisé par la coexistence pacifique et même l'imbrication du Shintoïsme, la religion indigène axée sur le culte des kami (divinités ou esprits présents dans la nature, les ancêtres, les phénomènes naturels), et du Bouddhisme, introduit de Chine et de Corée au VIe siècle. Ces deux croyances influencent profondément la vie quotidienne, les rituels, les festivals et la perception du monde. Le Shinto met l'accent sur la pureté, la nature et la célébration de la vie, tandis que le Bouddhisme, avec ses différentes écoles (Zen, Terre Pure, etc.), apporte une réflexion sur l'impermanence, la réincarnation et la recherche de l'illumination. Il n'est pas rare qu'un Japonais se marie selon les rites shintoïstes et soit enterré selon les rites bouddhistes.

Le cycle annuel est ponctué de nombreux festivals (matsuri), généralement liés aux divinités shinto, aux saisons, aux récoltes ou à des événements historiques. Ces célébrations sont des moments importants de la vie communautaire, et mêlent processions, musique, danse, stands de nourriture et port de costumes traditionnels (comme les yukata estivaux). L'appréciation des beautés naturelles saisonnières, comme la floraison des cerisiers (sakura) au printemps ou les couleurs chatoyantes des feuilles d'automne (momiji), est une pratique culturelle profondément ancrée,qui invite à la contemplation et aux rassemblements sociaux (hanami).

L'esthétique japonaise est imprégnée de concepts tels que le wabi-sabi, qui célèbre la beauté de l'imperfection, de l'éphémère et de la simplicité. Cela se retrouve dans des arts traditionnels sophistiqués comme la cérémonie du thé (sadō), un rituel méditatif et codifié qui allie hospitalité et attention aux détails, l'ikebana (l'art floral) qui cherche l'équilibre asymétrique et la représentation de la nature, et la calligraphie (shodō), discipline exigeante où chaque trait fait sens. Le théâtre traditionnel, avec ses formes distinctes comme le Nô (très stylisé, masqué et symbolique) et le Kabuki (coloré, dramatique et théâtral), continue de captiver, tandis que des arts plus récents comme le Manga (bande dessinée) et l'Anime (animation) ont acquis une renommée mondiale, et démontré une incroyable capacité d'innovation narrative et visuelle.

La gastronomie japonaise est un art qui met l'accent sur la fraîcheur des ingrédients, la saisonnalité, l'équilibre des saveurs et une présentation visuellement attrayante. Le riz, les fruits de mer (sushi, sashimi), les légumes de saison, la soupe miso sont des éléments de base. Chaque région possède ses spécialités, et les repas sont ordinairement de petites portions variées, qui invitent à la dégustation et au plaisir des yeux. L'importance accordée à la qualité des produits et à la maîtrise des techniques culinaires est une fierté nationale.
-

Japon : le Fuji Yama et un temple.
Un temple avec, au fond, le mont Fuji.

Economie.
Dans les années qui ont suivi le Seconde Guerre mondiale, la coopération gouvernement-industrie, une culture d'entreprise très particulière, l'efficacité du réseau bancaire dans la mobilisation de l'épargne, la maîtrise de la haute technologie, et des dépenses militaires faibles (1% du PIB) ont aidé le Japon, dont l'économie avait été laminée pendant le conflit, à se hisser parmi les premières puissances économiques mondiales. 

Deux des caractéristiques de cette économie ont résidé longtemps dans l'étroite imbrication des structures de fabricants, de fournisseurs et de distributeurs, connue sous le nom de keiretsu, et la garantie de l'emploi à vie, pour une part importante de la population active urbaine. Ces deux caractéristiques, cependant, ne sont  plus aujourd'hui aussi déterminantes au regard de la double pression de la concurrence mondiale et les changements démographiques nationaux. 
-

Les keiretsu

Les keiretsu sont des groupes d'entreprises japonais étroitement liés, qui forment des réseaux complexes et influents et qui ont joué un rôle central dans l'économie du pays, en particulier durant l'ère de forte croissance d'après-guerre. Ils ne sont pas des conglomérats au sens occidental, caractérisés par une simple holding financière contrôlant diverses filiales, mais plutôt des réseaux basés sur des relations de long terme, des participations croisées minoritaires, et une coopération stratégique. L'origine des keiretsu remonte en partie aux zaibatsu, les puissants conglomérats familiaux dissous par les Alliés après la Seconde Guerre mondiale. Les entreprises issues de ces zaibatsu, bien que formellement séparées, ont souvent reformé des liens, donnant naissance aux keiretsu modernes, moins centralisés et sans la propriété familiale directe.

Il existe principalement deux types de keiretsu : les keiretsu horizontaux ou financiers, et les keiretsu verticaux ou industriels : 

Les keiretsu horizontaux sont de vastes groupes couvrant une large gamme d'industries, généralement centrés autour d'une banque principale, d'une société de commerce général (sogo shosha), et d'entreprises leaders dans divers secteurs (acier, chimie, électronique, assurance, etc.). Les six grands keiretsu horizontaux historiques sont Mitsui, Mitsubishi, Sumitomo, Fuyo (anciennement Fuji Bank), Sanwa et Dai-Ichi Kangyo Bank (DKB). Les liens au sein de ces groupes sont maintenus par des participations croisées entre les entreprises membres – chaque entreprise détenant une petite part du capital des autres membres du groupe – et par des relations commerciales privilégiées. Un aspect important est le presidents' council (shacho-kai), une réunion régulière des PDG des entreprises membres, qui favorise la communication, la coordination stratégique et le sentiment d'appartenance au groupe. La banque principale joue un rôle essentiel en fournissant des financements, en étant un actionnaire majeur et en jouant un rôle de surveillance et de sauvetage en cas de difficulté. La sogo shosha agit comme un centre névralgique pour le commerce international, la logistique, l'information et même l'investissement pour le compte du groupe.

Les keiretsu verticaux, quant à eux, sont typiquement organisés autour d'un grand fabricant dominant, comme Toyota, Hitachi, ou Panasonic (Matsushita), et comprennent leurs principaux fournisseurs, sous-traitants et réseaux de distribution. Ces liens sont aussi basés sur des participations croisées, mais surtout sur des relations de long terme, une coordination étroite de la production et de la logistique (comme le système juste-à-temps de Toyota), un partage d'informations techniques et un soutien au développement. L'objectif principal est d'assurer la qualité, la fiabilité de l'approvisionnement, la réduction des coûts et l'innovation tout au long de la chaîne de valeur.

Les keiretsu ont conféré plusieurs avantages. Ils ont assuré une grande stabilité aux entreprises membres en les protégeant des OPA hostiles grâce aux participations croisées et en leur offrant un accès privilégié au financement de la banque principale, notamment en période de crise. Ils ont facilité le partage des risques et des informations, et ont permis des investissements massifs et coordonnés dans des projets à long terme. Ces structures ont été considérées comme un pilier du modèle économique japonais et ont contribué à son succès d'après-guerre.

Cependant, les keiretsu ont également fait l'objet de critiques. On leur a reproché un manque de transparence, de favoriser la nomination de personnel issu de la banque principale (amakudari), de créer des barrières à l'entrée pour les concurrents étrangers, et de pouvoir freiner l'innovation en protégeant les entreprises moins efficaces. De plus, les participations croisées, bien que stabilisantes, ont rendu difficile l'évaluation indépendante de la performance des entreprises et ont pu diluer la pression des actionnaires pour améliorer la rentabilité.

Depuis les années 1990, l'influence et la structure des keiretsu ont évolué de manière significative. Les crises financières et la pression croissante de la mondialisation ont conduit à une réduction des participations croisées, à des réformes de la gouvernance d'entreprise axées sur la valeur actionnariale, et à un affaiblissement du rôle des banques principales. De nombreuses alliances se sont détendues, et les entreprises membres ont cherché davantage d'autonomie et de partenariats en dehors de leur groupe traditionnel. Si les keiretsu ne sont plus aussi monolithiques et puissants qu'auparavant, l'esprit de relations à long terme et de coopération au sein des groupes, en particulier dans les keiretsu verticaux, continue d'influencer le paysage des affaires au Japon. 

-
La croissance de l'économie japonaise, qui avait été spectaculaire jusqu'à la fin des années 1980, s'est fortement ralentie au cours de la décennie suivante. Le Japon s'est alors enfoncé dans une longue crise de laquelle il ne s'est extrait qu'au prix de réformes laborieusement conduites (et sans doute trop tardives). Le débat se poursuit sur le rôle des effets de la réforme et la restructuration de l'économie, dont le point culminant a été la privatisation, en 1997, de la Japan Post, la première institution financière du pays.

La santé économique semblait avoir été retrouvée au cours des années 2000, et la croissance a été de nouvea très forte à partir de 2005. Mais la crise mondiale, qui a commencé en 2008, a frappé de plein fouet un Japon resté fragile. Ainsi, bien que le secteur financier japonais n'ait pas été fortement exposé à la crise financière de la fin 2008, la forte baisse de l'investissement des entreprises et de la demande mondiale pour les exportations du Japon a de nouveau plongé le pays dans la récession. Aujourd'hui, c'est surtout l'énorme dette publique, qui s'élève à 170% du PIB, et le vieillissement de la population, qui apparaissent comme les deux principaux problèmes à long terme du Japon. 

Importation des matières premières.
Le Japon possède des gisements miniers en assez grand nombre, mais ils sont trop pauvres ou devenus trop difficilement exploitables pour répondre aux besoins du Japon contemporain. Leur exploitation ne contribue que pour une part négligeable dans l'économie du pays, et le secteur industriel japonais est fortement dépendant des importations de matières premières et des combustibles (pétrole, gaz naturel, houille). 

Il en était tout autrement dans le passé. La première mine d'argent fut découverte en 674 à Tsu-shima pendant la période Hakuho de Temmu-Tennô. On en trouve encore et on compte huit régions argentifères. L'or était connu sous Mommu-Tennô en 701. Le cuivre est d'excellente qualité et a été longtemps une des sources de la richesse du Japon; dans l'ancien temps, les Hollandais en faisaient un grand commerce à Deshima; les mines les plus connues sont celles d'Ani (Akita). Le fer, en grande quantité, est le plus souvent de qualité inférieure. La production du plomb a toujours été faible; quant au soufre, il se rencontre partout. Le zinc et le mercure font défaut. On dit que les Coréens apprirent aux Japonais l'usage des métaux lorsque leur pays tut envahi à l'époque de l'impératrice Zin-gô (200 ap. J.-C.). La houille, jadis grande richesse du sous-sol du Japon a été explotée surtout à Hokkaïdo et à Kyûshû. Pendant longtemps, avant qu'il ne fût question des charbons de Taiwan ou de Chine, les mines de Kagoshima furent exploitées. La révolution industrielle qu'a connue le Japon sous l'ère Meiji (à partir de 1868) a pu bénéficier des ces ressources. C'est aussi à cette époque que se sont constituées les premières Zaibatsu, des conglomérats aux activités très diverses, autour desquels ont commencé à s'articulert l'économie et la vie japonaises. Après 1945, ces structures ont été démantelées par les Américains, mais certaines se sont reconstituées ensuite (Mitsubishi, Mitsui, Sumimoto, par exemple), et d'autres ont été créées.
Le Japon manque également de roches de construction, ses calcaires sont trop friables, le granit est trop dur à travailler. On a dit que c'est à cause de cette absence de matériaux convenables que les Japonais préfèrent construire leurs maisons en bois, mais c'est aussi une bonne manière de se prémunir contre les nombreux séismes, tout explotant un matériau disponible en abondance.
-
Le Japon depuis l'espace.
Le Japon vu de l'espace. Cette photographie, prise depuis une navette spatiale montre une partie
du sud des îles de Honshu et de Shikoku. Les zones sombres correspondent aux terrains 
volcaniques (montagnes), qui représentent de 80% de la superficie du Japon. Les zones les plus claires, dans les plaines côtières et dans les vallées correspondent aux espaces les plus
urbanisés. Les régions agricoles sont entre les deux. Photo : Nasa.

L'agriculture et pêche.
Le Japon, dont près de 67% de la superficie  est couvert de forêts, possède une surface cultivable relativement  faible (13% de la superficie totale), mais le minuscule secteur agricole (1,4% du PIB) qu'elle autorise est fortement subventionné et protégé, et peut se prévaloir des rendements agricoles parmi les plus élevés du monde. La seule culture du riz occupe plus de la moitié de la superficie cultivée. La graine de cette céréale forme la base de l'alimentation et sert à fabriquer une sorte d'eau-de-vie désignée sous le nom de saki ou saké.

L'orge et le blé sont récoltés en moindres quantités. Les autres productions agricoles du pays sont : l'igname, les dolics, le sagou; le soja, pois employé comme condiment; le navet, aliment d'un usage général; les champignons, que les Japonais cultivent en grand et vendent en Chine; une variété de thé exporté dans le monde entier; la canne à sucre, le chanvre, l'indigo, les citrons, les oranges, le poivre noir, le tabac, la laque, les vernis et le camphre. Dans toutes les îles, diverses algues comestibles servent à la nourriture. Ordinairement autosuffisant en riz, le Japon importe cependant environ 60% de ses denrées alimentaires, notamment de la viande, des oeufs et des produits laitiers, dont la production, dans le pays, est négligeable au regard de la forte augmentation de la demande au cours des dernières décennies.

La grande source de protéines provient toutefois de la pêche. Le Japon est l'une des plus grandes flottes de pêche et totalise près de 15% des prises mondiales, en particulier de sardines, de maquereaux et de saumons. Sur les côte méridionales des îles de Shikoku et de Kyûshû,  on trouve des fermes d'huîtres perlières. Hokkaïdo possède depuis longtemps d'importantes pêcheries fournissant des saumons, des harengs, des crabes, des mollusques avec ou sans coquilles.

L'industrie et les services.
Jusqu'à la fin des années 1960, la production industrielle comptait pour près de la moitié de la richesse produite au Japon. Elle a diminué ensuite en quantité au bénéfice du secteur des services, et s'est également transformée qualitativement. Les industries lourdes comme la sidérurgie et la construction navale et automobile ont connu une certaine érosion, malgré les réussites de sociétés comme Honda, Nissan ou Toyota, tandis que les technologies de pointe se développaient (semi-conducteurs, électronique générale, micro-électronique, fibres optiques, biochimie, génie alimentaire, informatique). Le Japon conserve en outre un important secteur orienté prioritairement  vers l'exportation : matériel de transport, véhicules à moteur, machines électriques, produits métalliques, etc. Aujourd'hui, l'industrie représente 26, 4% du PIB.

C'est donc surtout, comme on l'a dit, sur les services que repose aujourd'hui la richesse du Japon. Ce secteur a fortement augmenté depuis les années 1980. Les banques, assurances, immobilier, commerce de détail, transports et télécommunications représentent désormais près des trois quarts du PIB (72,1% en 2008). La Bourse de Tokyo est la deuxième place financière du monde avec une capitalisation boursière de plus de 4 milliards de dollars, et la devise japonaise (le yen) est la troisième monnaie plus échangés dans le monde, après le dollar et l'euro. (Henri Cordier / GE, DMC et, pour l'économie, World factbook et divers).--



Collectif, Dictionnaire insolite du Japon, Cosmopole, 2010. - Le Japon, pays insaisissable... et dont on ne connaît souvent que des lieux communs. L'auteur partage avec nous son vécu, des petits "trucs" à savoir, des instantanés du Japon quotidien. Qui sait, par exemple, que les japonais sont fans de scarabées? Que Nikkei n'est pas seulement un indice économique? Que le melon est un fruit quasi divinisé? Et qui connaît Burapi? Sous forme de bulles d'infos insolites, ce livre montre qu'il existe mille façons d'appréhender un pays où, certes, on mange des sushis mais pas seulement. (couv.)
2846300542.
Robert Calvet, Les Japonais, Armand Colin, 2007. - Aujourd'hui perçu soit comme la patrie de l'innovation technologique et du dynamisme économique, soit au contraire, à travers l'image d'Épinal, figée dans le temps, des samurai et des geisha, le Japon ne saurait se réduire à ces stéréotypes. Son histoire mouvementée a présenté bien des aspects contradictoires, que cet ouvrage se propose de suivre depuis l'origine du peuplement de l'archipel jusqu'à la période la plus récente. De l'âge d'or de la culture Jomon, 10 000 ans avant notre ère, jusqu'aux défis contemporains, une aventure collective qui s'est enrichie des contacts avec les autres puissances asiatiques. Et qu'a orientée, depuis cent cinquante ans, une relation conflictuelle de rupture et d'osmose avec l'Occident. (couv.).

Alan MacFarlane, Enigmatique Japon : Une enquête étonnée et savante, Autrement, 2009. - Quand il débarque pour la première fois au Japon, l'auteur, bien qu'anthropologue expérimenté, se trouve immergé dans un monde étrange. Il réagit alors comme Alice au pays des merveilles : "J'étais plein de certitudes, de confiance et de présomptions infondées sur mes propres catégories de perception du monde. Je ne pensais même pas que le Japon risquait de les bousculer." Ses idées préconçues volent en éclats et c'est cette découverte émerveillée qu'il nous offre. Au fil d'enquêtes méticuleuses, il dévoile les multiples facettes du Japon et de son peuple. Il aborde, tour à tour, la vie quotidienne par le rituel du thé, la chanson, les arts martiaux ou les repas, la vie sociale, en s'interrogeant sur les clans, les bains publics, les bonnes manières ou l'éducation, ainsi que la vie politique japonaise et son impérialisme. Sans oublier la fameuse langue japonaise, qui change en fonction de la personne à qui l'on s'adresse. Perspicace, têtu, honnête, Alan Macfarlane nous donne une image inédite de ce pays qui fascine l'Occident depuis des siècles. (couv).

.


Etats et territoires
[La Terre][Cartotheque][Tableaux de bord][Histoire politique]
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2005 - 2025. - Reproduction interdite.