| La mer d'Azov, qui doit son nom à la ville d'Azov, était appelée par les RomainsPalus Moeotis; les Génois et les Vénitiens l'appelaient la mer de Tana; les Turcs la désignent sous le nom de Bar Azak. Sa plus grande longueur de la flèche d'Arabat à l'embouchure du Don est de 445 km, et sa plus grande largeur de Temriouk à la pointe de Biélosaraïsk est de 150 km. Sa superficie est d'environ 35,000 km. Baignant la Russie, à l'Est, et l'Ukraine à l'Ouest et au Sud-Ouest (Crimée), elle va en se rétrécissant du Sud au Nord et se termine par le golfe de Taganrog où se jette le Don. A la mer d'Azov doit être rattachée la mer Putride ou Sivatch qui en est séparée par la flèche d'Arabat et qui communique avec elle par le détroit de Genitchesk. Elle est séparée de la mer Noire par la péninsule de Crimée et l'isthme de Perekop; et elle ne communique avec elle que par le détroit de Kerch. Les îles sont rares et peu importantes; la principale est celle de Birioutchii à la hauteur de Genitchesk. Les rivages sont généralement bas, et sur la côte Est marécageux. La côte Sud-Ouest est constituée par la flèche d'Arabat, longue bande de sable qui se détache du littoral de la Crimée et qui n'a pas moins de113 km de longueur sur une largeur variable de 5300 à 1600 mètres. Un certain nombre de caps appelés en russe kosy ( = faux) sont formés par des sables mouvants et des amas de coquilles brisées; on a constaté que ces faux se sont régulièrement allongées depuis le commencement du XIXe siècle; en même temps les fonds qui les entourent s'exhaussent insensiblement. Telle de ces kosy a plus de 40 km de longueur; elles se continuent sous les eaux où elles forment des bancs de sable. Le niveau de la mer d'Azov change parfois de plusieurs mètres sous l'influence des vents et de la pression atmosphérique. La profondeur moyenne est de 10 m; la salure de l'eau sans cesse renouvelée par le Don est excessivement faible; ainsi, dans la rade de Taganrog, elle est absolument douce et sur toute la côte occidentale le bétail peut la boire. Entre la mer d'Azov et la mer Noire, au détroit de Iéni-Kaleh, on constate un courant considérable qui a sa barre comme tous les courants fluviaux et qui va se perdre dans le courant général de la mer Noire. La mer d'Azov ne reçoit qu'un grand fleuve, le Don. Ses autres affluents sont insignifiants. Le vent dominant est le vent d'Est. De novembre à mars, les bords de la mer sont gelés jusqu'à 10 milles des côtes; le golfe de Taganrog prend tout entier. Les bancs de sable, signalés d'ailleurs par des phares et des bouées, rendent la navigation difficile. Les bâtiments peuvent tenir à l'ancre dans toutes les parties de la mer; mais les vagues courtes et fréquentes les fatiguent beaucoup. Les Grecs, dès la plus haute antiquité, commerçaient avec l'Orient par la mer Méotide. Ils y avaient fondé des colonies, notamment Tanaïs, qui est, depuis, devenue Azov. Le commerce de ces contrées disparut avec la chute de l'empire romain; au Xe siècle, les Russes, lors de leurs premières expéditions maritimes, s'emparèrent du littoral oriental et y fondèrent le royaume de Tmoutorakan. Plus tard les Vénitiens et les Génois rendirent au commerce son ancienne prospérité. Aujourd'hui la ville la plus importante au point de vue du trafic international est celle de Taganrog. Les exportations ont surtout pour objet les céréales, les graisses et les peaux. Le principal poisson de la mer d'Azov est l'esturgeon; on le pêche surtout l'hiver, en faisant des trous dans la glace. (L. Léger). | |