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Sus scrofa |
Le
Sanglier
(Sus scrofa) est le Porc sauvage d'Europe. Il
est répandu sur une grande partie de l'Eurasie au Sud du 55e
ou du 60e parallèles, de l'Europe
occidentale jusqu'au Japon, à l'exception
de la Chine centrale et est également présent
au Maghreb, le long de la vallée du Nil
et en Indonésie. Il en existe une quinzaine
de sous-espèces.
Il s'agit d'un animal puissant, mesurant à peu près un mètre de long sur soixante centimètres de hauteur. Sa tête ou hure, pyramidale, terminée par un groin élargi en soc ou boutoir, a son profil assez plan, mais verruqueux chez les vieux mâles, qui possèdent des défenses très tranchantes. La livrée, rayée de brun sur fauve dans les jeunes ou marcassins, devient noire, puis grise avec l'âge. Cet animal farouche vit, suivant les saisons, par bandes ou hardes ou par couples. A la période du rut (en novembre), les mâles se livrent de violents combats et les mâles évincés, ou solitaires, sont alors très dangereux. Les femelles nommées laies ont une portée de dix à quatorze petits (marcassins), qu'elles soignent et défendent avec attention et courage. La laie, accompagnée de ses petits est appelée bête hardée; la famille constitue les bêtes de compagnie; les petits, à leur troisième année, sont appelés : sangliers tiers ans, etc. Vivant dans les lieux broussailleux et incultes, surtout dans les grandes forêts, les Sangliers se tiennent tout le jour dans des réduits fangeux ou bauges, d'où ils ne sortent guère que la nuit, pour chercher leur nourriture, consistant surtout en tubercules, en racines; aussi font-ils de grands dégâts dans les champs. (NLI). Le Sanglier d'Europe.
Le Sanglier ressemble
beaucoup à son descendant domestique; il a le corps plus court,
plus ramassé; les jambes plus fortes, la tête plus allongée
et plus aiguë; les oreilles plus droites, plus longues, plus pointues;
les boutoirs plus développés. Sa couleur varie : elle est
en général noire; les Sangliers gris, roux, blancs ou tachetés,
sont rares. Les jeunes sont gris roux; avec des raies jaunâtres,
dirigées d'arrière en avant, et qui disparaissent dans le
cours du premier mois. Le corps est recouvert de soies
longues, raides, souvent divisées à leur pointe; entre elles
se trouve un duvet plus ou moins abondant, suivant les saisons. Sous le
cou, et au bas-ventre, les soies sont dirigées en avant; elles se
dirigent en arrière sur tout le reste du corps, et forment, sur
le dos, une sorte de crinière. Elles sont ordinairement noires ou
d'un brun foncé; leur pointe est jaunâtre, grise ou rousse,
ce qui donne à la couleur générale une teinte un peu
plus claire. Les oreilles sont d'un brun noir;
la queue, le groin, la partie inférieure des jambes et des sabots
sont noirs; la couleur des soies de la partie antérieure de la face
varie ordinairement. On regarde généralement les sangliers
roux, tachetés, ou mi-partie noirs, mi-partie blancs, comme des
descendants de cochons domestiques qu'on a lâchés autrefois,
pour augmenter le nombre de ce gibier.
Un Sanglier d'Europe (Sus scrofa scrofa). Comportement.
Les Sangliers sont généralement sociables. Jusqu'à l'époque du rut, les laies vivent avec les jeunes mâles. Le jour, toute la bande est nonchalamment étendue dans sa bauge; le soir, elle cherche sa nourriture. Les Sangliers restent d'abord sous bois et dans les clairières; ils fouillent le sol, ou courent à un étang dans lequel ils se vautrent. Ce bain paraît leur être nécessaire; ils font souvent plusieurs kilomètres pour pouvoir le prendre. Ce n'est que quand tout est tranquille qu'ils entrent dans les champs, et, une fois installés, ils ne les quittent pas facilement. Quand les blés commencent à mûrir, il est fort difficile de les en éloigner; ils mangent encore moins qu'ils ne détruisent sous leurs pas. Ils saccagent souvent de grandes étendues de terrain. Dans les forêts et dans les prairies, ils cherchent des truffes, des vers, des larves d'Insectes; en automne et en hiver, des glands, des faînes, des noisettes, des châtaignes, des pommes de terre, des raves. Ils mangent de tout : des animaux morts, et même les cadavres de leurs semblables; mais jamais ils n'attaquent ni Mammifères, ni Oiseaux vivants pour les dévorer. Le Sanglier a beaucoup de points communs avec le Cochon domestique, et l'on peut conclure de l'un à l'autre. Tous ses mouvements sont rapides et impétueux, quoiqu'un peu lourds et maladroits. Sa course est assez vive, et il va ordinairement droit devant lui. La manière dont il pénètre dans un fourré, d'apparence impraticable, est singulière. Sa tête pointue, son corps étroit lui permettent de se frayer un passage dans des endroits où un autre animal ne saurait trouver un passage. Son groin, trace la voie, le corps le suit, et ainsi il s'avance comme une flèche. Les marais et les bras de mer ne les arrêtent pas; ils les traversent à la nage, et on a vu des Cochons domestiques passer, d'une île à une autre. La conformation de ces animaux leur rend d'ailleurs la nage facile. Leur corps en forme de Poisson, leur épaisse couche de graisse, leur permettent de se soutenir sur l'eau, et il ne leur faut que faiblement agiter les jambes pour pouvoir rapidement avancer. Tous les Sangliers sont prudents et vigilants, sans qu'on puisse les traiter de craintifs; car ils peuvent se fier à leur force et à leurs armes formidables. Ils entendent et flairent très bien, mais voient mal, comme on a souvent occasion de le constater à la chasse. Aucun autre gibier ne vient comme lui sur le chasseur, quand celui-ci se tient tranquille et sous le vent, et aucun autre animal ne se laisse approcher d'aussi près.
Son intelligence est moins bornée qu'on ne l'admet généralement. En somme, le Sanglier est doux; mais harcelé par le chien, son ennemi le plus acharné, il tient tête et cherche à donner des coups de boutoir. Quant à l'Humain; il faut également qu'il soit provoqué pour l'attaquer. Ainsi, il ne fait rien à l'Humain; il ne s'inquiète nullement d'une personne qui passe tranquillement, et ne prend même pas la fuite. Mais l'excite-t-on, il devient furieux, et se précipite en aveugle sur l'assaillant. Dietrich de Winckell racontait que, dans sa jeunesse, il fut un jour forcé de pousser son cheval à toute vitesse pour se soustraire à la fureur d'un sanglier, auquel, en passant, il avait lancé un coup de fouet. « Le chasseur, dit-il, doit se tenir en garde d'un sanglier blessé. Il fond sur lui avec une vitesse surprenante. Ses boutoirs font des blessures dangereuses; mais rarement il s'arrête, et plus rarement encore il revient sur ses pas. Si l'on ne perd pas la tête, il faut laisser le sanglier arriver tout près de soi, puis se réfugier derrière un arbre, ou seulement faire un saut de côté; le sanglier, n'étant pas habile à se retourner, passe outre. Si l'on ne peut se sauver ainsi, il ne reste plus qu'à se jeter par terre, l'animal ne pouvant frapper que de bas en haut, et nullement de haut en bas. »La laie entre moins vite en fureur que le mâle; mais elle n'est pas moins courageuse que lui. Elle fait des blessures moins dangereuses, et cependant elle est plus terrible, en ce qu'elle s'arrête devant l'objet de sa colère, le foule aux pieds, le mord et lui enlève ainsi des morceaux de chair. On ne peut, en présence d'une laie, se jeter à terre, et si le chasseur n'a pas d'arme à feu, il ne lui reste qu'à tirer son couteau de chasse, et à se confier dans sa force et son adresse. Les jeunes Sangliers, les marcassins d'un an eux-mêmes, lorsqu'ils sont acculés, attaquent parfois l'homme, mais sans pouvoir le mordre beaucoup. A voir les boutoirs du sanglier, on juge que cette arme est terrible. Les mâles se distinguent des laies en ce qu'ils sont mieux armés. A deux ans, ces dents apparaissent; à trois ans, celles de la mâchoire inférieure prennent un plus grand développement, se dirigent en haut, et se recourbent légèrement. Les supérieures se recourbent de même en haut, en s'écartant de la mâchoire, mais elles n'ont pas la moitié de la longueur des inférieures. Les boutoirs sont d'un blanc brillant, aigus et pointus, et le deviennent toujours plus par le frottement. Plus l'animal est âgé, plus leur courbure est prononcée, plus aussi ils deviennent forts et longs. Chez le vieux sanglier, le boutoir inférieur se recourbant presque par-dessus le groin, il ne lui reste plus que le boutoir supérieur pour combattre. Les blessures faites par ces armes sont très dangereuses; elles sont mortelles, quand un organe vital est atteint. Le Sanglier les enfonce dans les jambes ou le ventre de son adversaire, puis, relevant la tête et la renversant en arrière, il fait d'un coup une plaie profonde et étendue; il perce tous les muscles de la cuisse jusqu'à l'os ou découd les parois abdominales et déchire les intestins. De forts Sangliers attaquent des animaux beaucoup plus grands qu'eux; ils peuvent ouvrir, à un cheval le ventre et la poitrine. Ceux de six et de sept ans sont plus dangereux que ceux d'un âge plus avancé, dont les boutoirs sont fortement recourbés en dedans. En cas de danger, les Sangliers se prêtent un mutuel appui; la mère surtout défend ses petits avec courage. Une laie qui a de jeunes marcassins est un animal des plus redoutables; lorsqu'on lui a enlevé son petit, elle ne cesse la poursuite que quand elle a pu le reprendre. « Rien, dit Winckell, ne surpasse le courage et la hardiesse avec laquelle la laie défend ses petits ou ceux qu'elle a adoptés. Au premier cri d'un marcassin, elle arrive, méprisant le danger, et fond sur l'agresseur, quel qu'il soit. Un homme, dans une promenade à cheval, rencontra de petits marcassins et voulut en enlever un. A peine celui-ci avait-il poussé un gémissement que la mère arrive, poursuit le ravisseur, s'élance sur le cheval et cherche à le mordre au pied; l'homme, pour en finir, lui ayant lancé son petit, elle le prit soigneusement dans sa bouche, et rejoignit avec lui sa famille. »La voix du Sanglier ressemble tout à fait à celle du cochon domestique. Quand il marche tranquillement, il fait entendre un grognement. Les laies et les marcassins, quand ils souffrent, poussent des cris de douleur. Le mâle, par contre, reste silencieux, quelque blessure qu'il ait reçue. Sa voix est plus sourde que celle de la laie, et consiste parfois en un mugissement : on l'entend surtout quand l'animal sent un danger. La saison du rut commence à la fin de novembre, et dure de quatre à cinq, et peut-être six semaines. Les laies qui sont en rut et mettent bas deux fois l'an, proviennent sans doute de Cochons domestiques redevenus libres; celles qui sont réellement d'origine sauvage, ne sont en rut qu'une fois par an. Les jeunes peuvent se reproduire à dix-huit ou dix-neuf mois. A l'approche de la saison du rut, les solitaires se joignent aux troupeaux, en chassent les mâles les plus faibles, et courent avec les laies. Les mâles de même force se livrent des combats longs et acharnés; rarement ils se portent des coups mortels; ils se frappent sur les boutoirs ou sous le ventre. Lorsque les deux combattants sont de même force, l'issue de la lutte reste indécise, et ils finissent par se supporter l'un l'autre. Dix-huit ou vingt semaines après l'accouplement, la laie met bas, la jeune de quatre à six, la vieille de onze à douze marcassins. Elle s'est préparée dans un fourré solitaire une couche recouverte de mousse, de feuilles et d'aiguilles de sapin; elle y reste cachée pendant quinze jours avec sa jeune progéniture, qu'elle ne quitte que juste le temps qu'il faut pour manger. Bientôt, elle l'emmène avec elle, et souvent plusieurs laies se rencontrent et surveillent en commun leurs marcassins. L'une d'elles vient-elle à périr, les autres se chargent des orphelins. Une bande de ces petits animaux offre un intéressant spectacle. Les marcassins sont des créatures charmantes : leur pelage tacheté est très joli; leur gentillesse, leur vivacité contrastent vivement avec la paresse et la lourdeur de leurs parents. Les laies marchent en avant, sérieuses; derrière elles, courent les petits, criant, grognant, se dispersant, se réunissant, s'arrêtant, faisant quelque lourde culbute, ou entourant leur mère, la forçant à s'arrêter, lui demandant à téter. C'est là leur manège de toute la nuit; et le jour, cette bande turbulente peut à peine rester tranquille dans la bauge, elle est continuellement en mouvement. On estime à vingt ou trente ans l'âge que peut atteindre un sanglier. Le Cochon domestique ne vit pas aussi longtemps. Les Sangliers ne sont pas exposés à un grand nombre de maladies. Des froids excessifs, une neige épaisse qui les empêche de trouver leur nourriture, ou qui, lorsqu'elle est revêtue d'une couche de glace, leur blesse les pattes, causent la mort d'un assez grand nombre. En Europe, leurs
ennemis sont, si l'on excepte l'Humain, le Loup,
le Lynx, et même le Renard,
qui se hasarde parfois à enlever un jeune marcassin. Dans le Sud,
ils sont souvent la victime des grands félins.
Sangliers dans une forêt du centre de la France. Photo : Philippe Rouzet; licence : Creative Commons. Le Porc ou Cochon
domestique.
Le Sanglier à
bandelettes.
Le Sanglier du
Japon.
C'est probablement
l'espèce-souche de la petite race domestique que l'on connaît
sous le nom de porc ou cochon chinois.
Crâne de Sanglier d'Inde. Le Sanglier de
l'Inde.
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