| L'île de Sakhaline (Ostrov Sachalin) est une île de la mer d'Okhotsk (annexe de Océan Pacifique) appartenant à la Russie d'Asie. Le nom de Sakhaline (Saghalien ou Sakhalien), abréviation de Sakhalan anga Khada, en chinois : Rocher près de l'embouchure de l'Amour, a été donné à l'île par le navigateur Krüzenstern, l'un des premiers explorateurs de la mer d'Okhotsk. Chez les Japonais, l'île était connue sous les noms de Karafouto et Tarakay. Histoire de Sakhaline. - Bien que fréquentée depuis longtemps par les Japonais qui possédaient des établissements dans la partie méridionale de l'île, et les Chinois, maîtres de la partie Nord, nos connaissances sur cette terre ne datent que depuis le voyage de La Pérouse, qui visita la côte occidentale de l'île en 1787. Le navigateur russe Krüzenstern donne, dans la relation de son voyage (1805), la description des côtes Nord et Est. Parmi les explorateurs plus modernes, Russes pour la plupart, il faut citer Schmidt et Glehn, qui ont visité l'île durant les années 1860-1862, et Léopatine, qui a fait une reconnaissance fructueuse en 1867-1868. La Russie est devenue maîtresse de l'île de Sakhaline par la convention d'Aigoun (1858), ratifiée par le traité de Pékin (1860) et qui cédait à cette puissance la province chinoise de l'Amour. Par un arrangement ultérieur avec le Japon (1876), la Russie obtint également la partie Sud de l'île, en échange des Kouriles cédés aux Japonais. Dès cette époque, le gouvernement russe songea à transformer l'île en une colonie pénitentiaire, spécialement pour les condamnés aux travaux forcés. L'importance de Sakhaline comme lieu de déportation devint encore plus considérable à partir du moment où la colonisation libre prit une grande extension dans la Sibérie continentale. Situation. Etendue. L'île de Sakhaline forme une langue de terre profondément échancrée au Sud et s'étendant, parallèlement à la côte orientale de l'Asie, presque en ligne droite, le long du 142° méridien (Est de Greenwich), entre 45° 57' et 51° 24' 30" latitude Nord. Sa longueur est de 451 kilomètres. La plus grande ampleur, dans la partie médiane de l'île, est de 152 km (vers le 49e parallèle Nord). L'île est séparée du continent asiatique par le détroit de Tartarie (Tatarskij Proliv), dont le passage le plus resserré au-dessus du 52e parallèle, entre le cap Lazarev, sur le continent, et le cap Pagbi (Pogibi), sur l'île, n'est que de 7600 m. Le détroit de La Pérouse, qui sépare Sakhaline de l'île de Hokkaïdo (Japon), a une largeur d'environ 33 kilomètres. Constitution physique. Climat. Géologiquement, l'île de Sakhaline semble être un prolongement du système montagneux sibérien. Une ligne de hauteurs (Zapadnyj Chrebet), d'une altitude moyenne de 1000 m, traverse, en effet, cette île, du Nord au Sud, et la partage en deux parties presque égales. Les principaux pics sont : Lamanon, Plongez, Tiara, Pchangar ou Vakas. Quelques-uns, comme le Tiara, vers la latitude 50°, atteignent ou dépassent 1500 m d'altitude. Une autre chaîne, à l'Est, moins étendue, renferme cependant le point culminant de l'île, le Tymovskoye (1609 m). Les sommets des montagnes sont couverts de neige durant toutes les saisons de l'année. L'île se distingue, d'ailleurs, par l'extrême rigueur de son climat, surtout dans sa partie Nord où le thermomètre descend parfois jusqu'à 30° au-dessous le zéro. Les jours de neige sont plus fréquents que les jours de pluie : 52% contre 48% La côte Ouest bénéficie parfois d'un courant marin tiède; à l'Est, par contre, les courants amènent des glaces qui absorbent la chaleur de la terre ferme. L'humidité produite par l'évaporation dans l'intérieur du pays ou apportée par les vents du Sud et du Sud-Est se condense au contact avec l'air froid qui accompagne ces volumes d'eau glaciale et donne naissance à des brouillards aussi persistants qu'épais. La mer est couverte de glaces jusqu'au mois de juillet, alors même que la température des rivières, dans l'intérieur de l'île, est relativement élevée, 12°C ou 15°C. Les observations de la température du sol ont, en outre, révélé ce fait, que la terre reçoit une chaleur moindre que l'atmosphère, non seulement en hiver, mais aussi en été. Les variations journalières de la température, très considérables à la surface, cessent de se manifester à la profondeur d'un demi-mètre dans le sol, qui demeure gelé parfois sur 2,50 m d'épaisseur. On conçoit que la culture, dans de telles conditions, soit très difficile, sinon impossible. Les neuf dixièmes de la surface entière de l'île sont couverts de forêts. Les principales essences forestières sont : l'érable, le frêne, quelques cèdres. Dans la partie méridionale de l'île et sur la côte Ouest, plusieurs vallées se prêtent toutefois à la culture de certaines graminées, blé, orge, seigle, mais tout à fait insuffisantes pour les besoins de la population. Les pommes de terre trouvent également quelques terrains propices. A défaut de végétaux, on observe dans l'île de Sakhaline beaucoup d'animaux. On y rencontre le cerf, la chevrette, l'élan, le boeuf musqué, l'ours, le renard, l'écureuil, la zibeline, la loutre et le daim. Les ours sont de forte taille. Les animaux marins des côtes sont principalement les phoques, les lions marins; les baleines s'y trouvent aussi en grande quantité. Les lacs et les rivières renferment des sardines et des saumons. Les sardines sont innombrables et couvrent toute la surface des baies. Les oiseaux sont également fort variés. On y rencontre des aigles d'une espèce particulière, très forts. A l'automne, l'île est visitée par de nombreuses bandes de cygnes, d'oies, de canards et de poules sauvages. (P. Lemosof). | |