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Anton
Tchekhov un écrivain russe né
le 17 janvier 1860 dans la ville portuaire de Taganrog, près de Rostov-sur-le-Don
(Russie) et mort le 15 juillet 1904 Ã Badenweiler,
en Forêt Noire (Allemagne). Il est considéré
comme l'un des maîtres de la nouvelle moderne, influençant des écrivains
comme James Joyce, Katherine
Mansfield, et Raymond Carver. Son théâtre, avec ses dialogues simples
et réalistes, a renouvelé la dramaturgie moderne et est devenu une référence
pour le théâtre psychologique.
Il est le troisième
de six enfants d'une famille modeste. Son père, épicier et père autoritaire,
est ruiné alors que Tchekhov est encore adolescent. Le jeune Anton doit
alors subvenir aux besoins de sa famille. Il travaille tout en poursuivant
ses études et intègre finalement la faculté de médecine de Moscou,
où il obtient son diplôme en 1884. En parallèle de sa carrière médicale,
il se lance dans l'écriture pour soutenir financièrement sa famille.
Il publie des nouvelles humoristiques dans des magazines sous divers pseudonymes.
Très vite, ses récits, roniques et empreints d'un réalisme social,
se font remarquer. Son style est caractérisé par une précision narrative
et une capacité à saisir les aspects les plus ordinaires mais révélateurs
de la vie humaine.
Tchekhov est surtout
connu pour ses pièces de théâtre et ses nouvelles, où il dépeint des
personnages ordinaires confrontés à des dilemmes moraux et des situations
de la vie quotidienne. Parmi ses oeuvres théâtrales les plus célèbres
figurent La Mouette (1896), Oncle Vania (1899), Les Trois
Soeurs (1901) et La Cerisaie (1904). Ces pièces, innovantes
dans leur structure et leur approche, se concentrent sur les émotions
et les émotions des personnages, plutôt que sur des actions ou des intrigues
complexes.
• La
Mouette (1896) est l'une des œuvres les plus emblématiques de Tchekhov.
Elle raconte l'histoire d'un jeune écrivain ambitieux, Konstantin Treplev,
qui cherche à créer un théâtre nouveau. Treplev est amoureux de Nina,
une jeune femme rêveuse qui aspire à devenir actrice. Cependant, Nina
tombe sous le charme de Trigorine, un écrivain célèbre et amant d'Arkadina,
la mère de Treplev. Cette pièce parcourt les thèmes de l'amour non
partagé, des aspirations artistiques et de la jalousie. Les personnages
sont déchirés entre leurs désirs et la réalité, et La Mouette
aborde également la nature de l'art et la complexité des relations familiales.
La célèbre métaphore de la mouette, tuée par Treplev et offerte Ã
Nina, symbolise le rêve brisé et la vulnérabilité des personnages.
Bien que la pièce ait d'abord été mal accueillie, elle est aujourd'hui
reconnue pour sa profondeur psychologique et sa modernité.
• Oncle Vania
(1899) se déroule dans une propriété rurale, où la vie des habitants
est bouleversée par l'arrivée du professeur Serebriakov, un intellectuel
vieillissant et tyrannique, et de sa jeune épouse, Elena. Oncle Vania,
qui a sacrifié sa vie pour entretenir le domaine familial, est secrètement
amoureux d'Elena. Son désespoir grandit en réalisant que ses sacrifices
ont été vains et que Serebriakov ne le respecte pas. La pièce traite
de la frustration, de l'amour non partagéet des désillusions de la
vie. Les personnages sont emprisonnés dans des existences sans espoir
d'accomplissement, symbolisant la stagnation de la société russe de
l'époque. Vania et les autres personnages sont en quête de sens dans
leur vie, et Tchekhov y aborde les sujets de la résignation, du regret
et de la mélancolie. Oncle Vania est un drame poignant sur les
rêves inassouvis et les amours impossibles.
• Les Trois
Soeurs (1901) raconte l'histoire de trois soeurs (Olga, Macha, et Irina)
qui vivent dans une petite ville de province et rêvent de retourner Ã
Moscou, leur ville natale, où elles espèrent mener une vie pleine de
sens. Chacune d'elles est aux prises avec des frustrations personnelles
: Olga, l'aînée, est épuisée par son travail d'enseignante; Macha,
mariée à un homme qu'elle n'aime plus, tombe amoureuse d'un officier,
Verchinine; et Irina, la plus jeune, rêve de trouver un sens à sa vie,
mais est déçue par son travail et ses prétendants. La pièce aborde
la quête de bonheur et les illusions perdues. Les soeurs s’accrochent
à l'idée d'un avenir meilleur, mais finissent par se rendre compte
que leur rêve de Moscou ne se réalisera probablement jamais. Les Trois
Sœurs parle du passage du temps, de la résignation,et de l'incommunicabilité
entre les personnages. La pièce est une réflexion poignante sur la vie,
l'espoir et la mélancolie, et symbolise les aspirations d'une génération
bloquée entre ses rêves et la réalité.
• La Cerisaie
(1904) est la dernière pièce de Tchekhov et peut être vue comme son
testament artistique. Elle raconte l'histoire de Lioubov Ranevskaïa,
une aristocrate ruinée, qui revient dans sa propriété familiale avec
sa fille Ania. Le domaine, célèbre pour sa magnifique cerisaie, est lourdement
endetté, et Lopakhine, un marchand enrichi d'origine paysanne, propose
de le racheter pour en faire des maisons de location. La pièce traite
de la fin d'une époque et des changements sociaux en Russie, symbolisés
par la cerisaie, qui représente la beauté de l'ancien monde mais aussi
son déclin. Ranevskaïa, malgré sa situation financière désespérée,
refuse de se résoudre à vendre et à sacrifier le domaine, tandis que
Lopakhine incarne la nouvelle génération de Russes entreprenants issus
du peuple. La Cerisaie aborde les thèmes de la nostalgie, du changement,
et de l'incapacité des personnages à s’adapter à une nouvelle réalité.
Avec cette pièce, Tchekhov livre un commentaire social sur l'évolution
de la Russie, anticipant les bouleversements à venir.
Dans ses nouvelles,
telles que La Steppe (1888), La Dame au petit chien (1899)
et La Maison à mezzanine (1896), Tchekhov aborde les thèmes de
la solitude, de l'amour déçu, des échecs personnels et du désespoir.
Il développe un style qui privilégie l'ellipse, la simplicité, et la
suggestion.
• La
Steppe (1888) est l'une des plus longues nouvelles de Tchekhov et peut
être considérée comme un véritable poème en prose. L'histoire suit
un jeune garçon nommé Egorouchka, qui traverse les vastes plaines de
la steppe russe en compagnie de marchands, alors qu'il est en route pour
la ville afin de poursuivre ses études. Tout au long du voyage, Egorouchka
découvre les paysages infinis de la steppe, les différentes personnalités
de ses compagnons de route, et les réalités de la vie en Russie rurale.
Cette nouvelle est autant une peinture du paysage russe qu'une réflexion
sur le passage de l'enfance à l'âge adulte. Tchekhov dépeint la steppe
comme un personnage à part entière, avec sa beauté, sa sauvagerie, et
son mystère. À travers les yeux d'Egorouchka, on perçoit la fascination
et la peur qu'inspire cet environnement immense et parfois hostile. La
Steppe aborde les thèmes de la solitude, de la croissance et de l'interconnexion
entre l'humaine et la nature.
• La Dame au
petit chien (1899) est l'une des nouvelles les plus célèbres de Tchekhov
et raconte l'histoire d'une rencontre amoureuse entre Dmitri Gurov,
un homme marié et désabusé, et Anna Sergueïevna, une jeune femme également
mariée, lors de leurs vacances en bord de mer à Yalta. Initialement,
Gurov considère cette aventure comme une passade de plus, mais il est
peu à peu surpris par la profondeur de ses sentiments pour Anna. Après
leur séparation, il se rend compte qu'il est tombé véritablement amoureux
d'elle. Cette nouvelle parcourt les thèmes de l'amour adultère, de
la transformation intérieure et de la quête de sens. Tchekhov montre
comment un sentiment inattendu bouleverse la vie de deux personnes prises
dans des mariages malheureux, leur donnant un espoir de renouveau. Avec
une grande sensibilité, Tchekhov décrit la souffrance de l'amour clandestin
et la façon dont un événement apparemment insignifiant peut changer
une vie. La Dame au petit chien est une réflexion subtile sur l'amour,
le désir et le besoin humain d'échapper à une existence monotone.
• La Maison
à mezzanine
(1896) est une nouvelle poétique et mélancolique, dans laquelle Tchekhov
parcourt les thèmes de l'idéalisme, du fossé entre les classes sociales
et la beauté éphémère de la vie. Le narrateur, un peintre sans nom,
séjourne dans une petite ville et fait la connaissance de deux soeurs,
Lidia et Zinaïda. Lidia est une jeune femme idéaliste, dévouée aux
réformes sociales, tandis que Zinaïda est plus rêveuse et douce. Le
peintre se lie d'amitié avec elles et finit par tomber amoureux de Zinaïda.
À travers les personnages de Lidia et du narrateur, Tchekhov explore la
tension entre les idéaux sociaux et politiques d'une part, et les aspirations
individuelles et artistiques de l'autre. Lidia, passionnée par le progrès
social, s'oppose à l'oisiveté artistique du narrateur et à son scepticisme
envers les réformes, ce qui crée un fossé entre eux. Finalement, malgré
la douceur de ses sentiments pour Zinaïda, le narrateur est contraint
de partir, laissant derrière lui cette « maison à mezzanine », symbole
d'une beauté et d'une harmonie perdues. La Maison à mezzanine
est une réflexion délicate sur l'éphémère des relations humaines,
le compromis entre engagement social et quête personnelle, et le sentiment
de nostalgie face aux opportunités perdues. Tchekhov y montre avec sensibilité
la difficulté de concilier les valeurs et la complexité des choix individuels
dans un monde en mutation.
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