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Les Mousses
Le mot mousse vient du latin musci. Il s'agit d'une classe de vĂ©gĂ©taux du phylum des Bryophytes, rĂ©unissant de petits vĂ©gĂ©taux herbacĂ©s, vivaces pour la plupart, qui croissent en abondance sur tous les terrains, les pierres, les Ă©corces, les rochers, etc. Les groupes nombreux de cette famille semblent au premier coup d'oeil se rapporter Ă  un mĂŞme type; les diffĂ©rences sont très peu sensibles en apparence; les mousses sont extrĂŞmement petites pour la plupart, parfois mĂŞme Ă  peine visibles; aussi leur Ă©tude (autrefois appelĂ©e Muscologie, et aujourd'hui, plus correctement, Bryologie) offre-t-elle de grandes difficultĂ©s. Les plus grandes espèces de cette famille ne dĂ©passent guère 30 cm; la Fontinale antipyrĂ©tique, qui mesure près de 50 cm, est, dans les climats tempĂ©rĂ©, l'espèce la plus grande. 

Jadis (et parfois encore aujourd'hui), on tirait parti des mousses pour de nombreux usages domestiques : ainsi, en Suède et en Norvège, on calfeutrait avec une espèce d'hypne les fentes des parois des chaumières; le polytric commun peut servir à faire des balais et des brosses; le sphaigne des marais, à remplir des matelas; l'hypne triquètre, à garnir nos assiettes de dessert ou à emballer la porcelaine. Mais dans la nature, les mousses jouent aussi leur rôle; leurs détritus forment l'humus, et même, dans certaines conditions, la tourbe; elles revêtent le tronc des arbres, les rochers, le sol des forêts d'un coussin chaud et moelleux qui offre aux animaux des refuges précieux.

Classification des Mousses

En 1856, Camille Montagne enregistrait 2353 espèces connues de mousses, rĂ©parties en 152 genres, dont 82 Ă©taient reprĂ©sentĂ©es en Europe par plus de 1200 espèces. Depuis cette Ă©poque ces chiffres se sont accrus considĂ©rablement : on approcherait aujourd'hui des 20 000 espèces rĂ©pertoriĂ©es. Montagne distinguait quatre groupes : Pleurocarpes, Acrocarpes, Cladocarpes et Schisiocarpes. Ces distinctions toujours utiles  pour reconnaĂ®tre les diffĂ©rentes espèces ne sont plus considĂ©rĂ©es comme formant des divisions naturelles. S'inspirant de la classification de Van Tieghem, qui reconnaissait deux ordres dans sa classe des Mousses (BryinĂ©es et SphagnacĂ©es), on rĂ©parti aujourd'hui les mousses dans trois sous-classes : BryidĂ©es, SphagnidĂ©es et AndraĂ©idĂ©es. La première est, et de loin, la plus riche  (plus de 15 000 espèces) :

Bryidées
[Pleurocarpes]
Les Mousses pleurocarpes, dont les capsules sont disposĂ©es le long de la tige ou des rameaux. 
9 ordres :
Hypoptérygiées, Phyllogoniées, Rhizogoniées, Hypnées, Neckerées, Fontinalées, Fabroniées, DrépanophylIées, Anaectanglées.
[Acrocarpes]
Les Mousses acrocarpes, dont les capsules sont toujours terminales, sessiles ou pédonculées.
26 ordres :
Polytricées (polytrichum), Buxbaumiées, Bartramiées, Oréadées, Funariées, Méesiées, Bryées, Leptostomées, Orthotricées, Zygodontées, Grimmiées, Encalyptées, Mydropogonées, Trichostonaées, Ripariacées, Dicranées, Syrrhopodontées, Discéliées, Weissiées, Octoblépharées, Tétrodontées, Hedwigiacées, Schistoslégées, Splachnées, Pottiacées, Phascées;
[Cladocarpes]
Les Mousses cladocarpes, dont les capsules sont portées à l'extrémité de rameaux latéraux très courts.
1 ordre :
Mielichhofériées.
Sphagnidées Rangées par C. Montagne parmi les Acrocarpes, les Sphagnacées forment l'unique famille de la sous-classe des Sphagnidées regroupent 300 espèces. Exemple : sphagnum.
Andraéidées [Schisiocarpes]
Les Mousses schisiocarpes de Camille Montagne, qui recouvrent l'ordre actuel des Andraéidées, ont des capsules qui s'ouvrent par quatre fentes près du sommet et offrent un opercule persistant. D'après la conformation du fruit. Exemple : andreaea.
Caractères généraux des mousses

Les mousses ne se reproduisent pas par graines, comme les phanĂ©rogames, mais par des spores, comme cela a lieu chez la plupart des cryptogames. Quand on met une spore de mousse, celle de la Funaire hygromĂ©trique, par exemple, dans des conditions favorables pour germer, elle produit d'abord des filaments simples, puis rameux, que l'on nomme filets embryonnaires, et dont l'ensemble est appelĂ© proembryon ou pseudo-cotylĂ©dons. Environ trois semaines après naĂ®t, Ă  l'extrĂ©mitĂ© d'un de ces filets, une petite masse celluleuse qui produit bientĂ´t une sorte de bourgeon formĂ© de plusieurs feuilles, et qui vĂ©ritablement est la plantule. Le proembryon, comme le corps cotylĂ©donaire des phanĂ©rogames, fournit des sucs nourriciers au nouveau vĂ©gĂ©tal. 

Du bourgeon terminal de la plantule s'Ă©lève la tige, et de sa base naissent les racines primordiales, filaments minces très dĂ©liĂ©s, ordinairement colorĂ©s en brun ou en pourpre; puis les filets embryonnaires disparaissent dans la plupart des espèces de mousses. Plus tard, le long de la tige, si elle est rampante, ou de l'aisselle des feuilles, naissent les racines secondaires, analogues aux premières pour leur aspect et leur conformation; souvent très abondantes, ces racines forment un lacis inextricable qui unit les individus voisins d'une mĂŞme espèce et donnent Ă  la terre mĂŞme, avec laquelle elles se confondent, une certaine cohĂ©sion. Aussi ces vĂ©gĂ©taux, tout petits qu'ils sont, contribuent par leur agglomĂ©ration en très grand nombre, Ă  fixer les dunes de certains pays, et, par leur action absorbante, en s'incorporant les matières organiques en dĂ©composition, elles ont aussi la propriĂ©tĂ© d'assainir les marais. 
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Propagules développés par une Barbula.

La tige des mousses est souvent peu apparente, ou mĂŞme presque nulle, tant elle est raccourcie; elle est tantĂ´t droite, tantĂ´t, couchĂ©e ou rampante; tantĂ´t simple, tantĂ´t plus ou moins ramifiĂ©e. 

Les feuilles de mousses sont toujours alternes, souvent distiques; leur parenchyme est composĂ© d'une seule couche de cellules qui renferme de la chlorophylle, dont la couleur passe avec l'âge du vert au rouge, au brun ou au jaune, ou disparaĂ®t quelquefois, laissant la feuille dĂ©colorĂ©e en partie ou en totalitĂ©. Le tissu des mousses a la propriĂ©tĂ©, mĂŞme après une longue dessiccation, de reprendre Ă  l'humiditĂ© toute l'apparence de la vitalitĂ©. 

Les sphaignes, qui croissent dans les marais et qui contribuent pour beaucoup Ă  la formation des tourbières, ont des feuilles dont le tissu irrĂ©gulier est formĂ© de mailles allongĂ©es constituĂ©es par un mĂ©lange de deux sortes de cellules, les unes incolores, les autres vertes; c'est Ă  cette particularitĂ© qu'est due la couleur pâle de la plante.  En outre, le tissu prĂ©sente de petites ouvertures qui donnent accès Ă  l'eau et aux animalcules infusoires. Ces pores paraissent destinĂ©s Ă  pomper l'eau; aussi des mares se trouvent-elles souvent dessĂ©chĂ©es par suite du dĂ©veloppement d'une grande quantitĂ© de sphaignes sur leurs bords marĂ©cageux.

La reproduction des Mousses

Quant aux organes de reproduction des mousses, on est parvenu à y distinguer des parties comparables aux fleurs mâles, et aux fleurs femelles de phanérogames à fleurs unisexuées, et même des dispositions analogues aux fleurs hermaphrodites

Les organes désignés sous le nom de fleurs mâles se composent de trois parties principales, le périgone, les anthéridies et les paraphyses. Le périgone est une sorte d'involucre formé de plusieurs petites feuilles, souvent réduit à une seule, et qui entoure et protège les anthéridies et les paraphyses. Les anthéridies sont des filaments terminés par une anthère qui contient une matière liquide dans laquelle un puissant microscope fait voir des filaments qui se meuvent comme des animalcules. Les paraphyses sont d'autres filaments articulés, cylindriques ou renflés en massue, dressés autour ou au milieu des anthéridies.

Les fleurs femelles se composent aussi de trois parties, le périchèse, les pistils ou archégones, les paraphyses. Le périchèse est un involucre de feuilles qui s'accroissent après la fécondation et dépassent souvent de beaucoup en longueur les feuilles de la tige elle-même. Les archégones représentent de véritables pistils dans lesquels on distingue, à leur complet développement, un ovaire, un style et un stigmate; presque toujours il ne se développe en fruit qu'un seul des archégones, les autres avortent.
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Pieds mâle et femelle (anthéridies et urnes).

Ce fruit se compose de quatre parties, la vaginale, le pĂ©doncule ou soie, la coiffe ou calyptre et la capsule ou urne, qui a une organisation compliquĂ©e. La vaginale est en quelque sorte le rĂ©ceptacle prolongĂ© de la fleur femelle. Le pĂ©doncule y est implantĂ© comme un pieu, et porte Ă  son sommet la capsule urne, sorte de graine contenant les spores, et recouverte dans les premiers temps par la coiffe, qui se rompt plus tard pour permettre le dĂ©veloppement de l'urne. 

Certaines espèces de mousses offrant, réunies dans le même involucre, des anthéridies et des archégones, sont considérées comme ayant des fleurs hermaphrodites. Les spores des mousses sont des granules sphériques formés, comme une cellule, d'une membrane remplie d'un noyau granuleux et de quelques gouttes d'un liquide oléagineux. Outre la germination des spores, les mousses ont pour se multiplier des espèces de boutures ou bourgeons, comparables aux bulbilles de certains végétaux phanérogames, qui leur permettent de se propager énergiquement, même sans fructifier. (Ad. F. et G-s.).

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Dictionnaire Les mots du vivant
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