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Le Seigle
(Secale) est un genre de plantes de l'ordre des Graminales,
famille des Hordéacées, caractérisé par la
disposition des épis. Les Seigles portent,
au bout d'une tige élevée, un épi
simple dont les épillets sont insérés sur un axe ou
rachis qui présente des articulations. Les épillets
sont solitaires, appliqués contre l'axe par une de leurs faces,
composés de 2 fleurs bien développées
avec une troisième rudimentaire, protégés par 2 glumes
presque égales, carénées, mutiques ou aristées
( = pourvues d'une arête) et plus courtes que la fleur. Chaque fleur
présente une enveloppe ou balle formée de 2 glumelles, l'inférieure
à carène prolongée par une arête, la supérieure
courte et bicarénée. Le grain ou caryopse
est libre, oblong et ovale, aigu à sa base, émoussé
et, poilu au sommet. Les feuilles des Seigles
sont planes et minces.
Ce genre ne renferme que 5 espèces,
dont l'une compte parmi les céréales
les plus importantes, c'est le Seigle cultivé (Secale cereale, Lin.),
élégante graminée annuelle, à feuilles étroites
et aiguës portées sur un chaume mince, ferme et flexible, qui
atteint de 1 mètre à 1,50 m et même 2 mètres
de hauteur. .Son épi, lorsqu'on le passe entre les doigts, semble
rugueux, parce que les carènes des glumes (balle) sont garnies de
petites dents. Les glumelles dépassent les glumes, et l'inférieure
porte des poils raides sur sa carène et une arête droite fort
longue.
Cette céréale croît
à l'état sauvage en Crimée et dans les contrées
voisines du Caucase et de la mer
Caspienne; elle se plaît dans les terrains sablonneux et secs.
On la regarde comme originaire de l'Asie occidentale, où se rencontrent
également les autres espèces peu importantes que l'on a cru
pouvoir distinguer. Les botanistes n'admettent dans l'espèce du
Seigle cultivé que 3 variétés : le Seigle ordinaire,
à épi simple; le Seigle de Vierland, à épi
très ramassé, compact, à grain renflé, jaunâtre,
à feuilles d'un vert tendre; le Seigle à épi rameux
par sa base. Vilmorin regarde le Seigle de Vierland comme un Seigle ordinaire
de très belle qualité.
Après le froment, les contrées
tempérées de l'ancien monde ne connaissent pas de céréale
plus précieuse que le Seigle. Il paraît avoir été
importé en Europe longtemps après le froment par les peuples
qui habitaient au nord des Balkans et des Alpes.
Galien, au temps de Marc-Aurèle (161 à 180 de notre ère)
signalait le Seigle comme une des plantes cultivées au nord de la
Thrace par les peuples de la vallée du Danube. Pline l'ancien, aux
temps de Néron et de Vespasien (54 à 79), avait déjà
cité le Seigle comme une culture des vallées des Alpes. C'est
surtout dans les Gaules que les Romains apprirent à connaître
et à apprécier cette céréale. Le Seigle fut
dès lors cultivé dans toute l'Europe, surtout dans les régions
montagneuses, et particulièrement en Allemagne et en France. On
lui reconnaît pour qualités spéciales une grande rusticité
qui lui permet de s'accommoder des sols pauvres et d'étouffer le
développement des mauvaises herbes, une maturation précoce
qui le soustrait aux influences contraires de la dessiccation du sol ou
des froids prématurés, une plus grande régularité
de production, une aptitude à la panification qu'il partage seul
avec le froment tout en lui demeurant inférieur.
Avec la farine de froment mélangée
de farine de seigle, on fait un pain de très bonne qualité.
La paille du Seigle est remarquable par son abondance et sa solidité.
On en fait d'excellents liens, un chaume durable, de bonnes litières,
des tresses très résistantes pour chapeaux de paille. Le
Seigle est encore utilisable pour la fabrication des alcools et des eaux-de-vie
de grains Enfin utile céréale joue un rôle important
dans l'alimentation des animaux de ferme comme fourrage vert, et dans l'engraissement
du bétail. On sème souvent le froment et le
seigle mélangés.
Malgré cette diversité d'emplois,
le Seigle cultivé compte un très petit nombre de variétés,
même aux yeux des agriculteurs, ils distinguent habituellement :
1° le Seigle d'automne, Seigle
d'hiver ou Seigle ordinaire type, qui se
sème en automne (fin de septembre
ou première semaine d'octobre) et se récolte l'été
suivant (juillet ou août);
2° le Seigle de mars, Seigle marsais
ou Seigle trémoie, qui se sème au printemps (février,
mars) et se récolte 15 ou 20 jours plus tard que le seigle d'automne;
3° le Seigle multicaule ou Seigle de
la Saint-Jean, qui provient de la Hesse
et a été introduit en France en 1835; il se sème à
la fin de juin, se fauche vert ou se consomme sur pâturage à
l'automne, et se récolte en grains l'été suivant;
on peut aussi le cultiver comme le seigle d'automne;
4° le Seigle de Russie ou Seigle à
buissons, qui vient des bords de la Baltique et se sème en automne.
Les agronomes conviennent eux-mêmes
qu'il n'y a aucune différence essentielle entre les trois premières
variétés; seulement le Seigle semé en hiver réussit
toujours mieux que les Seigles de printemps. Aussi ceux-ci se distinguent-ils
par une paille plus courte et plus fine, un grain plus petit; d'ailleurs
le Seigle de printemps semé en automne revient-il aussitôt
au type dit Seigle ordinaire, tandis que l'inverse s'obtient très
difficilement. Quant au Seigle multicaule, ses jets latéraux sont
dus à la récolte de fourrage vert qu'on prélève
sur lui, et ne constituent pas un caractère particulier. Le Seigle
de Russie se rapproche beaucoup du Seigle de Vierland et semble intermédiaire
entre celui-ci et le Seigle ordinaire; il a de larges feuilles, la paille
haute, le grain très abondant.
Le Seigle se plaît dans les terres
légères qui se dessèchent facilement, telles que les
sols sableux ou composés de sable mêlé de quelque peu
d'argile, les terres calcaires les plus arides. Les terres fortes sont
trop humides pour lui. Il redoute peu les froids, pourvu que ses tiges
n'aient pas poussé avant l'hiver et que cependant ses racines supérieures
soient développées. C'est, en un mot, le blé des terres
légères et des climats froids. Il prend bien, dans les assolements
des sols légers, la place qu'on réserve au froment dans ceux
des terres fortes. Il peut en outre se succéder à lui-même
pendant plusieurs années, sur le même sol, sans que sa production
diminue en qualité ni en quantité.
Sa culture est tout à fait analogue
à celle du froment; il monte en épis du 15 avril au 5 mai
et fleurit 8 ou 10 jours après. On moissonne le Seigle du 10 au
25 juillet
dans la France centrale, 15 ou 20 jours
avant le froment; il doit mûrir complètement sur pied; on
ne le laisse javeler que le temps nécessaire pour sécher
la paille, et on le bat très peu de temps après.
(Ad. F.). |
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