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L'anatomie des Oiseaux
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Anatomie
Physiologie
Comportement
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Classification
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Dans l'étude du plan d'organisation de l'oiseau, on distingue les formes extérieures, le squelette, le système musculaire, le système nerveux, les organes des sens, le système respiratoire et circulatoire, l'appareil digestif, l'appareil génital, les téguments (plumes).

Formes extérieures. 
Le corps des oiseaux est taillé de la manière la plus favorable pour fendre l'air sans éprouver trop de résistance, et pour s'y soutenir sans effort. Sa forme générale peut être représentée par deux cônes que l'on supposerait unis par la base, et c'est vers cette union supposée que sont attachées les ailes qui, mises en mouvement, doivent faire avancer l'ensemble.

Etudié au point de vue topographique, le corps de l'oiseau se présente comme un tout divisible en régions, elles-mêmes subdivisibles en plusieurs autres parties. Ainsi on peut lui distinguer une région antérieure formée par le bec et la tête; une région moyenne qui comprend trois régions secondaires appelées cou, thorax et abdomen, et une région postérieure subdivisible en bassin ou post-abdomen et en extrémité caudale. Les différentes régions et les parties de régions qu'elles comprennent fournissent au naturaliste des caractères extérieurs très importants pour la détermination des espèces, et les noms particuliers qu'elles ont reçus constituent ce qu'on appelle la nomenclature des parties, nomenclature propre à faciliter une description.

Parties du corps des oiseaux.
Formes extérieures et nomenclature des parties de l'Oiseau. - A, face supérieure; B. face inférieure; - f, bec, comprenant la mâchoire ou mandibule supérieure, à laquelle on distingue a, la pointe ; b, le dos ou arête; c, les bords; d, les fosses nasales; la mandibule inférieure divisée en : o, extremité; p, branches; q, menton; - 2, bonnet divisé en : f, front ; g, vertex ou sommet; h, occiput. Au-dessous du bonet, sur les côtés de la tête, on distingue, d'avant en arrière : x, les lorums ; e, les sourcils ; y, les oreilles ou région parotique; - 3, région cervicale comprenant : i, la nuque; j, le bas du cou; - 4, dos divisé en : k, épaules; f, dos proprement dit ; m, croupion; - 5, gorge subdivisée en r, gorge proprement dite; s, devant du cou ; - 6, poitrine; - 7, abdomen, comprenant : t, l'épigastre; u, le ventre; v, la région anale; - 8, flancs ; - 9, ailes; - 10, queue, recouverte à son insertion par les : n, sus-caudales ou couvertures supérieures; n', sous-caudales ou couvertures inférieures; - 11, membre postérieur divisé eu cuisse, jambe, tarse, doigts. (Figure empruntée au Dictionnaire universel d'Histoire naturelle.)
Le squelette des Oiseaux
Le squelette des Oiseaux ressemble à celui des Reptiles plus qu'à celui des Mammifères. Leur colonne vertébrale se développe de la même manière. Les vertèbres cervicales des Oiseaux, souvent très longues et très mobiles, s'articulent par emboîtement réciproque; les apophyses transverses sont bifurquées à la base et percées d'un trou; les côtes qui s'articulent avec elles sont également bifurquées. Les vertèbres du tronc sont moins mobiles, souvent tout à fait soudées par les disques fibro-cartilagineux intercalaires. Les vertèbres sacrées sont toujours soudées chez l'adulte, et les vertèbres lombaires, dorsales et caudales se soudent avec elles. Les apophyses transverses des deux premières vertèbres sacrées (vertèbres primaires ou vraies) doivent être considérées comme des côtes, de telle sorte que le bassin (comme chez les Reptiles) est porté par des côtes. Les vertèbres caudales présentent un caractère rudimentaire ou régressif, les dernières se soudant entre elles pour former une lame verticale, souvent élargie latéralement (coccyx ou pygostyle). Chez les Ratites seuls, les vertèbres restent distinctes jusqu'à l'extrémité de la queue, qui est d'ailleurs beaucoup plus courte que celle de l'Archaeopteryx fossile. Les côtes sont formées, comme chez les Lacertiliens, de deux parties, l'une vertébrale osseuse, l'autre sternale cartilagineuse, articulées de manière à faciliter la respiration; la portion vertébrale est bifurquée (apophyses uncinées) de manière à s'imbriquer sur la côte précédente, ce qui donne à la cage thoracique plus de résistance. Le nombre des côtes qui se soudent au sternum varie de deux à neuf.

La ceinture scapulaire est conformée comme chez les Reptiles et les Monotrèmes, c.-à-d. qu'il existe des os coracoïdes distincts, s'unissant directement au bord supérieur et latéral du sternum. Celui-ci prend un très grand développement pour donner attache aux muscles des ailes. C'est une large plaque, munie sur la ligne médiane d'une crête ou carène longitudinale (bréchet), souvent fenêtrée ou découpée en arrière. Chez les Ratites qui ne volent pas, cette crête manque, et le sternum est en forme de bouclier faiblement bombé en avant. L'episternum des Reptiles manque ou est atrophié, tandis qu'il se retrouve chez les Monotrèmes.

Le crâne est construit sur le type de celui des Reptiles (Lacertiliens), mais la boîte crânienne est bombée, en rapport avec le développement du cerveau, les os sont plus minces, spongieux, et les sutures disparaissent de bonne heure. Le condyle_occipital (unique) n'est pas situé en arrière, mais en dessous, vers la base du crâne. Les orbito-sphénoïdes et alisphénoïdes sont plus développés que chez les Reptiles; mais l'os carré reste mobile; il ne se forme pas de voûte palatine; les orifices postérieurs des fosses nasales sont toujours situés entre le vomer et le palatin. Les mâchoires sont toujours dépourvues de dents chez les Oiseaux actuels, mais les Oiseaux secondaires (Archaeopteryx, Hesperornis) avaient des dents bien développées comme celles des Reptiles. Chez les Oiseaux actuels, les mâchoires sont revêtues d'un étui corné qui s'étend sur les intermaxillaires et qui remplace les dents. Chez les palmipèdes lamellirostres, cet étui corné forme des replis saillants qui simulent de véritables dents et servent à l'Oiseau pour retenir la proie qu'il a saisie. Chez les Rapaces et les Passereaux dentirostres, la mandibule supérieure est ordinairement entaillée sur le bord en forme de dent.

Le membre antérieur comprend : une omoplate souvent très allongée en arrière; un coracoïde volumineux articulé à angle aigu avec l'omoplate et dont l'extrémité supérieure contribue à la formation de la cavité glénoïde (le procoracoïde n'est développé que chez les Ratites); une clavicule bien développée et soudée avec sa congénère (fourchette), de forme et de dimension variables suivant la force de l'aile, par suite atrophiée chez les Ratites; enfin le membre lui-même transformé en organe du vol. La présence d'un ongle à l'aile est exceptionnelle à l'époque actuelle, et cet ongle n'est jamais conformé en forme de griffe préhensile.

La ceinture pelvienne qui soutient le membre postérieur comprend un pubis long et grêle, dirigé obliquement en arrière, parallèlement à l'ischion et à la partie acétabulaire de l'os iliaque : au point de rencontre de ces trois parties du bassin se trouve la cavité cotyloïde, ouverte en dehors et au fond de laquelle s'insère la tête du fémur. Le membre postérieur est ordinairement moins développé que l'antérieur (sauf chez les Ratites). Le tibia est volumineux, et le péroné rudimentaire lui est plus ou moins soudé. La réduction du tarse est considérable chez l'embryon, il existe cinq métatarsiens distincts qui se soudent chez l'adulte (tarso-métatarse), tandis que les deux pièces du tarse se soudent au tibia, de sorte qu'il n'y a plus de tarsiens distincts. Il n'y a jamais plus de quatre doigts, et, chez l'Autruche, ce nombre est réduit à deux.

Squelette d'oiseau.

Squelette de Coq. - De A à B, vertèbres cervicales : I, apophyse épineuse de la troisième; 2. crête inférieure du corps de la même; 3. prolongement styloïde de l'apophyse transversale de la même; 1', 2', 3', 4', les mêmes parties dans la deuxième vertèbre; - de B à C, vertèbres dorsales : 6, apophyse épineuse de la première; 7, crête formée par la soudure des autres apophyses épineuses; - de D à E, vertèbres coccygiennes: - F à G, tête: 8, cloison interorbitaire; 9, trou de communication entre les deux orbites; 10, os intermaxillaire; 10' ouvertures extérieures du nez; 11, maxillaire; 12, os carré; 13, os jugal; - H, sternum : 14, bréchet; 15, apophyse épisternale; 16, apophyse latérale; 17, apophyse latérale externe; 18, membrane qui bouche l'échancrure interne; 19, membrane de l'écbancrure externe; - L, etc., côtes supérieures: 20, apophyse postérieure de la cinquième ; - 1, côtes inférieures; - K, omoplates. (Chauveau et Arloin,  Anatomie comparée des animaux domestiques, Paris, 1870 p. 123.)
Le système musculaire des oiseaux.
De tous les muscles, ce sont ceux qui meuvent l'aile, les pectoraux, par conséquent, qui sont le plus développés. Ils acquièrent un volume que l'on n'observe chez aucun autre vertébré. Les muscles du dos, par contre, sont faibles. Au membre postérieur, la cuisse et la jambe seules sont généralement musculeuses, et ce n'est que chez les oiseaux dont les plumes descendent jusqu'aux doigts, que l'on trouve encore des muscles le long des tarses; chez tous les autres, il n'y a plus que des tendons dans cette région. Les muscles peauciers ont un assez grand développement; ceux de la face sont rudimentaires.

Le système nerveux des oiseaux.
Le système nerveux des Oiseaux présente la même disposition que chez les Mammifères. Le cerveau des Oiseaux est plus volumineux et moins allongé que celui des Reptiles, mais la surface est dépourvue de circonvolutions. Les diverses parties de l'encéphale ont déjà cette tendance à se recouvrir qui s'accentue chez les Mammifères. Le cerveau postérieur reste seul à découvert. L'encéphale l'emporte encore en volume sur la moelle épinière; mais sa structure est plus simple. On y distingue deux hémisphères cérébraux; il n' y a pas de cervelet. La moelle allongé est très forte, la moelle épinière est arrondie. D'une épaisseur égale à la région cervicale, elle est plus large, plus épaisse à la région dorsale, plus mince à la région sacrée. Les nerfs ont la même distribution générale que chez les Mammifères. Les nerfs optiques sont très développés, tandis que les lobes olfactifs le sont très peu.

Les organes des sens.
Les organes des sens présentent des particularités remarquables. L'odorat est peu développé. ll n'existe qu'un seul cornet vrai dans la cavité olfactive, les autres saillies (une dans la cavité nasale, l'autre dans le vestibule) sont de faux cornets comme ceux des Reptiles. Le cornet vrai, cartilagineux, est droit ou enroulé en spirale : au-dessus et en avant débouche le canal naso-lacrymal. La glande nasale externe est située dans le frontal et le nasal. Le vestibule, profondément situé, est tapissé d'un épithélium pavimenteux

L'oeil est très développé est allongé, surtout chez les Rapaces nocturnes et divisé en portion antérieure plus grande, portion postérieure petite. La cornée, fortement bombée, recouvre la chambre antérieure et le muscle ciliaire (ou de Crampton), strié et compliqué. Dans la chambre postérieure, il existe un peigne très développé, entre le nerf optique et la capsule du cristallin, mais atteignant rarement celle-ci. Cet organe est bien l'homologue du ligament falciforme des Poissons, mais, chez les Oiseaux, il n'a plus d'utilité pour l'accommodation. C'est un repli de la choroïde, plissé et formé d'anses capillaires enchevêtrées, servant probablement à la nutrition du noyau de l'oeil et de la rétine (privée de vaisseaux). La sclérotique présente un cercle de lamelles osseuses, comme chez les Reptiles, et ces lamelles osseuses se retrouvent quelquefois, formant un cercle ou un fer à cheval, autour du nerf optique.

Outre les paupières, qui ont des mouvements très limités, il existe chez les Oiseaux une membrane nictitante, située dans l'angle interne de l'oeil, sous les paupières proprement dites, et pouvant recouvrir toute la face antérieure de l'oeil (troisième paupière); cette membrane est mue par des muscles spéciaux (carré et pyramidal). La glande lacrymale est située derrière la paupière inférieure, et les points lacrymaux ont la forme d'une fente.

L'oreille interne présente un limaçon bien développé. Les canaux demi-circulaires ont une courbure excessivement prononcée; l'antérieur et le postérieur viennent déboucher, en sens inverse, dans le sinus supérieur de l'utricule (ou renflement central). Ces particularités sont en rapport avec le développement de l'organe vocal et du sens de la direction qui paraît avoir son siège dans les canaux demi-circulaires.

Le goût est, semble-t-il, peu développé, car la langue n'est qu'un instrument de préhension et de tact présentant les formes les plus variées, souvent entièrement sèche, et les Oiseaux avalent, presque toujours, sans goûter et sans mâcher. Il en est de même du tact, bien que certains Oiseaux (Échassiers, Palmipèdes) aient l'extrémité du bec et la plante du pied garnis de papilles tactiles qui leur servent dans la recherche des vers et autres animaux dont ils se nourrissent.

Les organes respiratoires des oiseaux.
Chez les Oiseaux, il existe un larynx supérieur et un larynx inférieur : le premier est l'homologue de celui des Mammifères, mais il est rudimentaire et incapable de produire des sons. Le larynx inférieur (ou syrinx), au contraire, est l'organe de la voix chez tous les Oiseaux; il est situé au point de jonction de la trachée avec les bronches. L'extrémité inférieure de la trachée est quelquefois dilatée, en forme de bulle osseuse (tambour) constituant un appareil résonateur (Canard mâle). La longueur de la trachée elle-même est très variable; chez le Cygne et la Grue, elle forme une anse contournée derrière le bréchet, allant se loger jusque dans la crête du sternum; chez le Phonygama Keraudrenii (un passeriforme) la trachée forme plusieurs anses spirales logées entre la peau et les muscles thoraciques. Chez les Oiseaux à cri rauque et métallique, les anneaux de la trachée sont ossifiés et soudés entre eux; chez les Oiseaux chanteurs, ils restent minces et flexibles.

L'organe du chant. 
Le syrinx ou larynx inférieur est essentiellement formé par une membrane tendue à la partie inférieure de la trachée et formant au niveau de la bifurcation des bronches une valvule circulaire faisant saillie dans l'intérieur de la trachée. Cette membrane, tympaniforme, unique ou double (suivant qu'elle est au-dessus ou au-dessous de la bifurcation), est l'organe vibratoire qui produit les sons, sous l'influence de la colonne d'air chassée par le jeu des poumons et de la tension produite par de petits muscles, en nombre très variable suivant les espèces et très compliqués chez les Oiseaux chanteurs (Rossignol), qui ont jusqu'à cinq paires de ces muscles, Les Perroquets n'en ont que trois et les Rapaces une seule paire. Les tambours, quand ils existent, et la trachée plus ou moins longue, plus ou moins flexible, contribuent aussi à varier le son de la voix ou à lui donner une plus grande portée. On sait d'ailleurs que l'éducation fait beaucoup sous ce rapport, puisque l'on peut apprendre à chanter à des Oiseaux dont la voix ordinaire est peu harmonieuse, et qui ont, par conséquent, un syrinx moins parfait que les autres. Même à l'état sauvage, certains Oiseaux imitent le chant des autres Oiseaux (Moqueur).

Poumons et sacs aériens.
La bronche principale de chaque poumon s'étend jusqu'à l'extrémité postérieure de l'organe qui n'a qu'un seul lobe; dès son origine, elle donne une bronche latérale et, un peu plus loin, six autres bronches divergentes, puis un grand nombre de bronches collatérales qui se subdivisent et s'anastomosent entre elles (parabronches d'Huxley), puis, par un système de canaux réticulés, sont en contact direct avec le parenchyme du poumon. Les capillaires sanguins y sont presque à nu et baignés de tout côté par l'air, de telle sorte que la masse du poumon est peu considérable relativement à l'étendue de la surface respiratoire.

Les poumons sont fixés à la partie supérieure ou postérieure du thorax, mais par leur face inférieure ou antérieure, qui est concave, et libre, ils sont en rapport avec les sacs aériens qui communiquent avec eux par de nombreuses ouvertures qui en font de véritables diverticulums du poumon. Ces sacs, qui tapissent les parois et toutes les cavités du tronc,  enveloppent tous les viscères d'une couche d'air, de telle sorte que E. A. Carus a pu dire que toutes les parties internes du corps de l'oiseau sont contenues dans les poumons et les sacs qui en dépendent. Les ouvertures des sacs dans le poumon sont à la face interne et inférieure de cet organe, au nombre de 3 à 9, de chaque côté, les sacs étant disposés symétriquement par paires (sauf pour le supra-coracoïdien ou interclavicutaire, qui est impair); les sacs cervicaux, diaphragmatiques antérieur et postérieur, abdominaux, etc., sont pairs. Ils s'étendent non seulement dans le tronc et le cou, mais aussi entre les muscles, dans les os creux, sous la peau et jusqu'à l'ombilic inférieur des grosses plumes de l'aile sur les os, les orifices aériens sont toujours situés à leur face concave; un système particulier de cavités aériennes s'étend de la cavité naso-pharyngienne ou de la caisse du tympan dans les os du crâne. Toutes ces cavités (sauf celles de la tête) communiquent entre elles et avec le poumon, de telle sorte que, si on lie la trachée et que l'on pousse de l'air par un trou pratiqué artificiellement au fémur ou à l'humérus, on peut insuffler le corps tout entier, tandis que la piqûre accidentelle d'un des sacs amène le dégonflement rapide de tout l'appareil; sur l'Oiseau vivant, cet accident, qui permet à l'air chaud de s'échapper, suffit pour ôter à l'Oiseau la faculté de voler.

Les sacs aériens servent surtout à assurer, par la variation de leur volume, la ventilation des bronches, sans que le parenchyme même du poumon subisse des déplacements étendus qui nuiraient à l'hématose. En outre, par la pénétration de l'air dans les os et les muscles de l'aile; il y a diminution du poids propre de ce membre; bien que la pneumaticité des os ne soit pas du tout indispensable au vol, comme le montrent les Chauves-Souris et certains Oiseaux bons voiliers dont les os contiennent cependant peu d'air (Mouettes). Enfin, la vaste surface interne de ces sacs sert aussi à la transpiration, suppléant ainsi la peau qui, chez les Oiseaux couverts d'un épais plumage, reste toujours sèche. Il est intéressant de noter que les Ratites (Autruches), incapables de voler, ont conservé des os très pneumatiques; par contre, les Dinornis avaient des os beaucoup plus compacts, et ceux de l'Archaeoptéryx secondaire ne renfermaient pas d'air.

Le système circulatoire sanguin des oiseaux. 
Le coeur des Oiseaux est à quatre cavités comme celui des Mammifères : la circulation est double et complète, et nulle part il n'y a mélange du sang artériel et du sang veineux. Les ventricules surtout sont très musculeux. C'est l'arc artériel droit qui devient la crosse de l'aorte (et non le gauche, comme chez les Mammifères), mais il n'y a qu'une seule crosse aortique  dont les subdivisions envoient le sang artériel à tout le corps. Il existe dans la peau de la région ventrale un plexus incubateur correspondant extérieurement à des régions privées de plume et que l'Oiseau élargit encore en s'arrachant le duvet (Eider) à l'époque de l'incubation. Ordinairement ce plexus est surtout développé chez les femelles, mais chez les Phalaropes et les Rhynchées, où les mâles se chargent presque exclusivement de l'incubation, on le trouve très développé chez ceux-ci. On sait que la température du milieu intérieur atteint, chez les Oiseaux, 40° à 42° (tandis que chez les Mammifères cette température est de 27° à 37°); cette élévation est en rapport avec l'activité plus grande des fonctions respiratoires et circulatoires.

Oiseaux : appareil circulatoire.
L'appareil circulatoire des oiseaux.
o1 et o5; orifices des bronches dans les sacs aériens.
Les bronchioles terminales forment des réseaux et non des alévéoles.

Les organes digestifs des oiseaux.
Par suite de l'absence de dents, le canal digestif est plus compliqué que chez les Reptiles. A là suite de l'oesophage, dilaté en forme de jabot pour emmagasiner les aliments, et qui, dans certains cas, exerce déjà sur eux une action chimique (jabot vrai), on trouve l'estomac divisé en deux parties : l'antérieure (ventricule succenturié ou estomac glandulaire), très riche en glandes digestives, et la postérieure (gésier ou estomac musculeux), tapissée d'une couche cornée sécrétée par les glandes de sa paroi, munie de muscles épais et de deux disques tendineux propres à broyer les aliments; ces deux derniers organes sont moins développés chez les Rapaces et les Insectivores que chez les Granivores. L'intestin grêle ou moyen, qui fait suite au gésier, est un conduit, cylindrique d'une longueur variable, suivant le régime. Vers le milieu de sa longueur, on remarque un petit cul-de-sac, reste de l'organe embryonnaire appelé conduit vitello-intestinal. Le gros intestin présente en général deux caecums, très allongés chez les Lamellirostres, les Gallinacés et les Ratites, très variables dans les autres groupes, mais jouant un rôle important dans la digestion. Chez l'Autruche, un repli spiral augmente encore la surface de l'organe. Dans toute sa longueur, l'intestin est richement pourvu de glandes. Il débouche enfin dans le cloaque, cavité terminale qui lui est commune avec les conduits génito-urinaires chez tous les Oiseaux, Les glandes annexes du tube digestif (foie, pancréas) ne présentent rien de remarquable.

Les organes génitaux et urinaires des oiseaux. 
Les reins, situés dans la région pelvienne, sont volumineux, moulés, en quelque sorte, dans la cavité du bassin, dont leur face dorsale présente en creux le relief; la face ventrale aplatie est lobée, parcourue par des veines superficielles, et leur extrémité postérieure se fusionne souvent sur la ligne médiane. Les uretères sont plus ou moins allongés, et comme il n'y a pas de vessie, ils débouchent directement dans le cloaque, d'où l'urine est expulsée mêlée aux matières fécales. Les testicules sont situés sous les reins et le canal déférent s'accole à l'uretère pour déboucher dans le cloaque par un orifice distinct. Le testicule gauche est souvent plus développé que le droit. L'organe d'accouplement n'est bien développé que chez les Ratites et les grands palmipèdes; il est formé d'un tube reployé ordinairement sur le côté gauche du cloaque et qui peut se développer au dehors, soutenu par deux corps fibreux; il est ramené dans le cloaque par un ligament élastique. Chez la plupart des Oiseaux, le rapprochement sexuel ne dure que quelques instants.

L'ovaire est asymétrique, le gauche fonctionnant seul, ce qui lui permet de produire un très gros oeuf, pendant que le droit s'atrophie. L'oviducte a des parois musculeuses et qui renferment des glandes destinées à sécréter l'albumine et la coque de l'oeuf; il décrit, à l'époque de la reproduction, de nombreuses circonvolutions avant d'aboutir au cloaque.

Les téguments des oiseaux.
La peau des Oiseaux est essentiellement formée des mêmes éléments que celle des Mammifères. On y distingue trois couches l'épiderme, le réseau muqueux, et le derme. L'épiderme est mince, très plissé : il s'épaissit sur les tarses et les doigts pour y former des écailles cornées; sur le bec, il prend aussi la consistance de la corne. Le derme est variable; très mince chez quelques oiseaux, il est épais et résistant chez d'autres. Il est toujours très riche en nerfs et en vaisseaux, et sa face interne couvre souvent une couche graisseuse très épaisse. La plume caractérise l'Oiseau comme le poil, le Mammifère. Cette plume est insérée dans une décrue très mince, pauvre en vaisseaux, mais riche en organes sensoriels. Dans les couches profondes de la peau, un réseau de fibres musculaires lisses, pourvues de petits tendons aboutissant aux follicules des plumes, permet à l'Oiseau de secouer et hérisser son plumage. Il n'y a pas d'autres glandes cutanées que celle du croupion (glande uropygienne).

Les plumes.
La plume se développe à partir d'une papille formée par une saillie du derme : on voit d'abord un long cône à sommet libre (germe de la plume) qui s'enfonce par sa base dans le derme, y creusant une poche qui est le follicule plumeux. Le germe s'allonge et, en même temps, une partie de la pulpe qui en remplit l'intérieur (couche de Malpighi) se développe, formant des replis, puis des rayons cornés qui constituent les barbes primitives de la plume : à cet état, c'est la plumule ou duvet embryonnaire, tel qu'on l'observe chez les poussins nouveau-nés. Les Pingouins conservent cette forme jusqu'à l'âge adulte. La plume définitive se forme d'abord de la même manière, mais au moyen d'un second follicule qui se développe au fond du follicule de la plumule et repousse au dehors le tuyau de celle-ci qui tombe. La nouvelle plume est d'abord semblable à la plumule, mais bientôt un des rayons s'épaissit pour former la hampe ou axe de la plume, les autres constituant les barbes. Le tuyau s'allonge plus tardivement. Tuyau et tige sont d'abord recouverts d'une gaine, prolongement de l'épiderme, et qui croît avec la plume; mais comme cette gaine est mince et se dessèche à l'air, l'oiseau la déchire et la fait tomber en se grattant, de sorte qu'on n'en voit jamais que la base, adhérente au tuyau. 

La tige semble ainsi sortir du tuyau comme d'un fourreau; d'ailleurs le tuyau est d'abord largement ouvert à sa jonction avec la tige, c.-à-d, au point où s'insèrent les barbes; mais sur la plume complètement développée il ne reste plus trace de cette ouverture qu'à l'origine du sillon inférieure ou raphé de la tige, où se voit l'ombilic supérieur. C'est un canal oblique, plus ou moins capillaire et qui s'oblitère souvent, mais qui permet toujours assez facilement l'introduction d'une aiguille fine ou d'un fil rigide. D'après Sappey, ce canal reste toujours perméable à l'air. L'ombilic inférieur est situé à la partie opposée du tuyau insérée dans le derme : c'est par là que pénètre la papille avec les vaisseaux sanguins nourriciers qui sont très développés pendant que la plume pousse : mais dès que son accroissement est terminé, ces vaisseaux s'oblitèrent; la papille se rétracte peu à peu en laissant de distance en distance les membranes sécrétées à sa surface et qui se sont desséchées (âme de la plume); l'ombilic inférieur se resserre et s'oblitère complètement. Un seul tuyau porte quelquefois deux tiges (Casoar, Faisan). Les barbes de la tige et les barbotes qui s'y insèrent latéralement, examinées à la loupe, se montrent munies, sur leurs faces en contact, de fins crochets cornés qui s'entrelacent et donnent ainsi aux pennes de l'aile le rigidité nécessaire au vol. Le duvet et les plumes décomposées manquent de ces crochets. Il existe des plumes dépourvues de barbes et semblables à des piquants et d'autres, plus fines, identiques à des soies ou à des poils; d'autres sont cornées ou écailleuses, etc. Les plumes d'ornement ont une variété de formes très grande.
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Croissance d'une plume.
Développement des plumes. - I et II, les deux premières phases.
- III, un duvet. - IV, plume véritable.

Les plumes ne sont pas insérées également sur toutes les parties du corps. Elles sont disposées à intervalles réguliers, suivant des lignes longitudinales, parallèles à la colonne vertébrale comme des arbres le long d'une allée, et c'est en s'imbriquant de haut en bas et d'avant en arrière qu'elles arrivent à recouvrir le corps tout entier. Le milieu du ventre est toujours dépourvu de plumes ce sont les plumes latérales qui le recouvrent. Cette disposition en lignes longitudinales est facile à étudier sur un oiseau plumé, les follicules restant béants après l'arrachement des plumes.

On connaît l'extrême variété de couleurs que présente le plumage des Oiseaux, au moins chez les Passereaux, les Grimpeurs (Pics, Perroquets, etc.) et les Pigeons et dans les régions intertropicales. Sous ce rapport, la plume est supérieure au poil des Mammifères. Les couleurs vives et tranchées, le rouge pur, le jaune, le bleu, le vert, le violet et toutes les nuances intermédiaires, se rencontrent chez les Oiseaux; les Insectes et peut-être les Poissons sont les deux seules classes qui puissent leur être comparées pour la variété des teintes. En général, ce sont surtout les mâles qui présentent ces couleurs vives : les femelles sont moins parées, aussi bien sous le rapport des couleurs que par le développement des plumes d'ornement (Paon, Faisan, Paradisiers); celles-ci caractérisent exclusivement le sexe mâle. Les Rapaces, les Echassiers, les Gallinacés ont d'ordinaire des couleurs plus atténuées et qui rappellent celles des Mammifères. D'une façon générale, on peut dire que les Oiseaux qui vivent à terre ont des couleurs ternes; ceux qui vivent sur les arbres ont des couleurs vives et tranchées.

Les plumes à reflets métalliques sont aussi très répandues chez les Oiseaux, mais presque exclusivement chez les mâles. On a longtemps discuté sur la nature de ces couleurs changeantes qui donnent tant d'éclat aux Oiseaux-Mouches (Colibris) et aux Paradisiers. On sait aujourd'hui que cet effet est dû à un phénomène d'irisation ou d'interférences, c.-à-d., suivant la définition des physiciens, à un  effet d'optique produit par les inégalités de réflexion d'un corps à surface striée. Examinées au microscope, les plumes à éclat métallique se montrent uniformément noires : mais Heusinger a remarqué le premier que leurs barbes présentent de petites dépressions régulières dont le fond est poli et qui agissent comme autant de miroirs pour refléter la lumière; l'effet est donc analogue à celui qui se produit dans l'arc-en-ciel et dans les lames de mica suivant leur épaisseur et l'incidence des rayons lumineux. (A.E. Brehm).

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