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Sous
le nom de Casoars, on confond généralement dans le
public deux genres d'oiseaux bien distincts,
sinon par leur organisation intérieure et par leurs moeurs, au moins
par leur aspect extérieur et par leur distribution géographique,
le genre Emeu ou Dromoeus et le genre Casoar proprement
dit ou Casuarius, le premier propre à l'Australie
et à une petite île voisine, le second répandu dans
le nord de l'Australie, la Nouvelle-Guinée,
les Moluques, la Nouvelle-Bretagne, etc., celui-ci remarquable par la présence
d'un casque et de caroncules plus ou moins développées, celui-là
dépourvu d'ornements et portant une livrée
de teintes uniformes. Ces deux genres constituent la famille des Casuariidés
(Casuariidae) qui représentent dans la Papouasie et l'Australie
les Struthionidés (Struthionidae) du continent africain et qui appartiennent
comme eux à l'ordre des Ratites, caractérisé par l'atrophie
des organes du vol, la réduction du
membre antérieur et l'aplatissement
du sternum.
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Casoar
à casque (Casuarius galeatus).
Tandis que les Émeus
ont la tête emplumée ou duveteuse, les Casoars ont le vertex
surmonté d'une protubérance cornée, dont la forme
varie suivant les espèces et qui est supportée par une saillie
osseuse creusée de vastes cellules. Leur cou est en partie dénudé,
la peau de cette région offrant chez l'oiseau
vivant des couleurs vives et tranchées, des taches et des bandes
bleues, rouges, vertes ou jaunes se détachant sur un fond noir;
en outre, cette peau nous offre sur certains points des plis transversaux
et se prolonge sous forme de caroncules simples ou bifides qui pendent
sur le devant de la gorge.
C'est en tenant compte
à la fois de la disposition de ces caroncules, des couleurs des
côtés de la tête et du cou
et de la forme du casque qu'on peut arriver à distinguer assez facilement
les espèces du genre Casuarius, qui sont actuellement au nombre
d'une dizaine et dont les individus adultes ne diffèrent d'ailleurs
guère les uns des autres sous le rapport des dimensions et de la
couleur du manteau. Celui-ci, qui chez le jeune est toujours plus ou moins
jaunâtre, prend chez l'adulte une teinte noirâtre uniforme.
Les plumes
présentent une particularité de structure qu'il importe de
signaler : elles sont doubles, une plumule accessoire s'insérant
sur la tige de la plume principale, dont les barbes sont courtes et très
espacées. Quant aux grandes pennes
des ailes, elles ne sont représentées
de chaque côté que par cinq tiges cornées et dépourvues
de barbes.
Le bec
est droit, comprimé latéralement, avec la mandibule
supérieure recourbée à la pointé et parcourue
par un double sillon près de l'extrémité duquel viennent
s'ouvrir les narines; les tarses sont courts et
très épais et les doigts, au nombre
de trois seulement, le pouce étant atrophié, sont armés
d'ongles robustes, celui du doigt interne étant particulièrement
développé et semblable à une dague. Enfin, la queue
manque presque entièrement, de telle sorte que le corps paraît
régulièrement arrondi en arrière.
A l'état sauvage,
les Casoars vivent, solitaires ou par couples, au milieu des grands bois,
et toujours dans le voisinage des cours d'eau.
Ils aiment en effet beaucoup à se baigner et peuvent traverser à
la nage des fleuves et même de petits bras de mer. Leur nourriture
se compose principalement de fruits et de parties
molles de végétaux, mais au besoin ils dévorent aussi
des insectes, des poissons,
des lézards, etc. Dans leurs allures,
ils diffèrent des Autruches et trottent
le corps horizontal, les longues plumes du
croupion relevées. Lorsqu'ils se sentent poursuivis, ils détalent
avec une vitesse extraordinaire, font des crochets et franchissent d'un
bond des obstacles de 1 m à 1,50 m. Aussi, leur chasse présente-t-elle
de grandes difficultés. Les Casoars sont d'ailleurs d'humeur si
farouche, ils se tiennent si soigneusement cachés que l'on a toutes
les peines du monde à les apercevoir. Ceci nous explique pourquoi
les dépouilles des Casoars adultes ne sont pas plus nombreuses dans
les collections. Quant aux animaux de ce genre que l'on garde vivants dans
les jardins zoologiques, ce sont des individus qui ont été
pris jeunes et élevés localement pour être ensuite
expédiés en Europe. Les oiseaux ainsi capturés en
bas âge s'apprivoisent fort bien en général; néanmoins,
il faut toujours se méfier des vieux mâles qui, à certains
moments, se montrent fort irritables et qui, avec leurs pieds armés
d'ongles pointus, peuvent causer de terribles blessures.
La femelle, suivant
l'habitude des Ratites, dépose dans une excavation du sol ses oeufs
qui sont à coquille granuleuse et d'un vert plus ou moins foncé.
Suivant quelques auteurs, c'est elle qui les couve seule ou en alternant
avec le mâle; suivant d'autres, au contraire, c'est le mâle
seul qui se charge des soins de l'incubation.
Les petits naissent couverts de petites plumes rousses; ils ont les parties
extérieures du corps ornées de bandes longitudinales foncées
et le casque représenté par une simple lamelle cornée;
plus tard ils prennent une livrée d'un roux brunâtre uniforme
et avec les progrès du développement, leur tête et
leur cou se dégarnissent, leur casque s'élève sous
forme de pyramide.
Parmi les espèces
du genre Casuarius, nous citerons le Casoar à casque (C. galeatus
Vieill., Struthio casuarius L.), qui vient de l'île de Céram
et qui est connu depuis près de quatre siècles, le Casoar
à trois caroncules (C. tricarunculatus Becc.), qui habite une région
assez circonscrite dans le nord de la Nouvelle-Guinée, le Casoar
à deux caroncules (C. bicarunculatus Sciat.) qui se trouve surtout
dans les îles Arou; le Casoar austral (G. australis Wall.) du nord
de l'Australie, le Casoar papouan (C. papuanus Rosenb.), de la Nouvelle-Guinée
septentrionale) et le Casoar de Bennett ou Mooruk (C. Bennetti Gould),
de la Nouvelle-Bretagne. Ces deux dernières espèces diffèrent,
par leur casque pyramidal à trois pans, des autres espèces
qui ont le casque très élevé et comprimé latéralement.
(E. Oustalet). |
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