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La locomotion des Oiseaux |
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Chez
les oiseaux, vivre et se mouvoir, c'est tout
un. L'oiseau est en mouvement continuel; son coeur
bat plus vite, son sang circule plus rapidement,
ses membres paraissent plus articulés,
plus solides que ceux des mammifères.
Le mouvement est pour l'oiseau une nécessité; pour le mammifère,
ce n'est qu'un moyen. Celui-ci ne semble jouir de la vie que quand il est
couché et qu'il se trouve plongé au moins dans un demi-sommeil.
Un humain paresseux, étendu dans cet état; un chien couché
sur le dos, un chat reposant sur un mol oreiller,
un boeuf ruminant, en fournissent des exemples. Un pareil dolce farniente
ne se remarque pas chez les oiseaux, au plus chez les vautours. Les
oiseaux sont des êtres à mouvement; les mammifères
sont des êtres à sensation.
On ne peut cependant pas dire que les mouvements des mammifères soient bornés. Ils marchent, courent, sautent, grimpent, volent, nagent, plongent comme les oiseaux. Mais la masse domine, leur poids les retient; quelque rapides qu'ils puissent être, les oiseaux les surpassent. Même les oiseaux coureurs, l'autruche et le casoar, rivalisent de vitesse avec le cheval le plus rapide, l'antilope la plus agile. La grue, si lente, rivaliserait avec le cheval de course; le pigeon voyageur le dépasse de beaucoup. Et quand un marnmifère veut s'essayer à égaler la gent ailée, il montre combien il lui est inférieur : la chauve-souris est la caricature de l'oiseau... Les mouvements volontaires des oiseaux sont plus rapides, plus soutenus que ceux des autres animaux, leurs muscles étant plus forts, plus vigoureux, plus excitables, leurs contractions plus énergiques. Ils semblent infatigables. Le vol des oiseaux.
A l'aide d'un appareil
fort ingénieux, inscrivant tous les mouvements d'un oiseau au vol,
Marey (Du vol des oiseaux, 1869) a, le premier, constaté
expérimentalement que la force qui soutient et dirige cet oiseau
dans l'espace se crée tout entière pendant l'abaissement
du bras, et que l'extrémité de l'aile, dans les mouvements
de translation, décrit une série de courbes continues.
Parcours de la pointe d'une aile à chaque mouvement du vol. En appliquant à
diverses espèces son dispositif d'étude, dans le but de savoir
quelle est la fréquence des battements de l'organe du vol, Marey
a vu que le moineau avait treize évolutions
d'aile par seconde, le canard sauvage 9, le pigeon 8, l'effraie 5, la buse
3; et que, contrairement à l'opinion émise par certains observateurs,
la durée de l'abaissement de l'aile est plus longue, en général,
que celle de l'élévation. Les coups d'aile se suivent, tantôt
lents, tantôt pressés; le bord antérieur est tantôt
élevé, tantôt abaissé, suivant que l'oiseau
vole vite ou lentement, qu'il plane, qu'il décrit des cercles; il
les ferme complétement, lorsqu'il veut se précipiter sur
le sol. La voussure de l'aile indique que l'oiseau doit voler contre le
vent : le courant d'air, qui la frappe par devant, la soulève et
l'oiseau avec elle; tandis que celui qui vient par derrière en dissocie
les plumes, les rabat, et gêne considérablement la progression.
La queue sert de gouvernail à l'oiseau;
pour s'élever, il la dirige en haut; en bas, pour s'abaisser; de
côté, pour se détourner. La rapidité du vol,
sa nature, son type, varient avec la conformation de l'aile et de tout
le plumage.
Ellipse tracée par une verge de Wheatstone sur un cylindre tournant. Des ailes longues,
minces, pointues (ailes sur-aiguës, aiguës, sub-aiguës),
à pennes résistantes, et des plumes courtes permettent un
vol rapide; avec des ailes courtes, larges, mousses (ailes sub-obtuses,
obtuses, sur-obtuses), un plumage lâche, le vol ne peut être
que lent. Une queue longue et large permet des changements brusques de
direction; avec des ailes grandes, larges, arrondies, l'oiseau peut planer
sans trop d'efforts. En volant, un oiseau avance plus rapidement que n'importe
quel autre animal, et soutient son allure plus longtemps. Il accomplit
des choses qui nous semblent incompréhensibles. En quelques jours,
il parcourt des milliers de kilomètres; en quelques heures il franchit
une mer. Le pigeon messager, d'après Pietro della Valle, fait en
un jour plus de chemin que n'en peut faire un humain à pied. On
rapporte qu'un faucon de Henri II,
s'étant emporté après une outarde canepetière,
à Fontainebleau,
fut pris le lendemain à Malte,
et qu'un autre faucon, envoyé au duc de Parme, revint d'Andalousie
à l'île de Ténériffe eu 16 heures, ce qui fait
un trajet de plus de mille kilomètres. Les oiseaux voyageurs volent
des journées entières, sans se reposer; on en voit qui planent
durant plusieurs heures en jouant dans les airs, et il faut des circonstances
plus que défavorables pour les épuiser. L'oiseau semble voler
avec la même facilité à toutes les hauteurs, quelles
que soient les différences de la pression atmosphérique et
du degré de force à déployer. Près du sommet
du Chimborazo, Humboldt
a vu un condor planer au-dessus de lui à une hauteur incommensurable;
il ne paraissait qu'un point noir sur l'azur du ciel; il semblait se mouvoir
avec autant de facilité que dans les régions les plus basses.
Ce n'est cependant pas toujours là le cas : des aéronautes
ont lâché des pigeons à de grandes hauteurs, et ont
vu que le vol de ces oiseaux était bien
plus incertain que près du sol.
Plumes de l'aile. H, humérus. C, cubitus. - R, radius. - MN, main. - A, plumes du premier doigt. - Sc, scapulaires. Tantôt l'oiseau plane tranquillement; tantôt il s'élance comme une flèche; tantôt il se berce, se joue; tantôt il glisse, il file, il court, il traverse l'air avec la rapidité de la pensée; tantôt il se promène lentement, doucement; on n'entend aucun bruit, pas même le plus léger; maintenant, ce sont des coups d'aile précipités; à un autre moment on n'aperçoit pas le moindre mouvement; l'oiseau s'élève à des hauteurs que l'humain peut à peine concevoir, ou bien il s'abaisse jusqu'à la surface des vagues, dont l'écume vient mouiller son plumage. Quelque varié qu'il soit, le vol est toujours le vol. Les organes qui servent à l'exécuter, nous les nommons ailes; c'est de ces ailes que l'imagination des artistes s'est plu à orner les âmes bienheureuses, les anges; de la membrane aliforme des chauves-souris elle a fait l'attribut du diable ou des vampires. La vie nocturne de la chauve-souris a pu prêter à cette fable; la forme, l'aspect de la membrane aliforme y ont aussi contribué. Cet appareil a été donné à l'ange précipité dans les profondeurs de l'abîme; au messager du ciel on a donné les ailes; c'est un symbole où, une fois au moins, l'imagination artistique s'est rapproché de la vérité. L'oiseau seul est libre de liens terrestres; le mammifère, malgré ses ailes, reste attaché à la terre. Encore une chose
à ajouter : l'oiseau de haut vol, qui appartient à l'air,
en se débarrassant des liens terrestres, est devenu étranger
à la terre. Voyez l'Albatros
de Baudelaire...
La marche de Manchots Adélie de la péninsule de Tabarin, dans l'Antarctique. Source : The World Factbook. Natation et action
de plonger.
Beaucoup d'oiseaux peuvent plonger, il en est qui nagent mieux entre deux eaux qu'à la surface, et qui rivalisent alors de vitesse avec les poissons; d'autres ne peuvent plonger qu'en se laissant tomber à l'eau d'une certaine hauteur. Les premiers seuls sont les véritables plongeurs; seuls, ils peuvent s'enfoncer à volonté dans l'eau, y chercher leur proie; rester longtemps submergés; les seconds ne plongent qu'entraînés par la vitesse acquise, et c'est contre leur volonté qu'ils reviennent à la surface; ils ne peuvent saisir que la proie qu'ils ont visée. Les plongeurs ont des ailes courtes; les autres ont nécessairement des ailes longues, volent le plus ordinairement et ne plongent qu'accidentellement. Dans une seule famille, dans celle des procellaridés, la faculté de voler et celle de plonger se trouvent réunies jusqu'à un certain point. Les véritables plongeurs se servent surtout de leur queue et de leurs pattes; les autres, de leurs ailes. La profondeur à laquelle ils descendent, la vitesse avec laquelle ils se meuvent, le temps qu'ils demeurent sous l'eau, varient considérablement. Les eiders peuvent y rester sept minutes, et, d'après Holboell, plonger jusqu'à une profondeur de soixante-cinq brasses (à plus de 100 mètres); mais la plupart des oiseaux ne sont pascapables de telles performances, et généralement, ils reparaissent à la surface au bout de trois minutes. Quelques espèces aquatiques non seulement plongent et nagent, mais courent encore au fond de l'eau. Action de grimper.
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