 |
La rétine
est la partie essentielle de l'oeil; membrane
la plus interne, elle est formée par l'épanouissement des
fibres du nerf optique et est une dépendance
du cerveau primitif. Sa face externe convexe
s'applique exactement sur la face concave de la membrane irido-choroïdienne,
sa face interne se moule sur la convexité du corps
hyaloïde. Sur le vivant, la rétine étant transparente
laisse voir la choroïde (comme le montre
l'image ophtalmoscopique); le centre offre une coloration brunâtre,
c'est la macula ou tache jaune dont le centre, en fossette, s'appelle la
fovea centralis; en dedans et à côté, on voit un disque
de 1 millimètre et demi de diamètre, c'est la terminaison
du nerf optique. Des vaisseaux artériels
et veineux parcourent la surface de la rétine. La rétine
tapisse toute la choroïde; mais, au point de vue de sa structure et
en tant qu'organe visuel, parvenue à la région ciliaire,
elle s'amincit brusquement et paraît se terminer par un bord dentelé
à l'orra serrata; cependant, elle se continue jus qu'à la
zone ciliaire et irienne ( Iris),
mais seulement par une assise de cellules épithéliales
cylindriques insensibles à la lumière; c'est ce que l'on
appelle la portion ciliaire ou irienne de la rétine.
-
Rétine
de l'oeil droit vue par sa face concave.
a,
sclérotique. - b, choroïde. - c, rétine. - 1, la tache
jaune.
-
2, point aveugle. - N, côté nasal. - T, côté
temporal.
Structure.
La rétine proprement dite s'étend
du nerf optique à l'orra serrata; à la pupille,
son épaisseur est de 4 dixièmes de millimètre, puis
elle diminue pour n'être plus que de 1 dixième dans le voisinage
de l'orra serrata. La texture des couches rétiniennes est fort complexe;
depuis les recherches de Muller et Max Schultze, on admet qu'il y a dix
couches. En allant du corps vitré
vers la
choroïde, ce sont :
1 °
la limitante interne : cuticule formée par les fibres de soutien;
2° la couche
des fibres nerveuses formée par l'épanouissement des fibres
du nerf optique, simples cylindres-axes sans myéline;
3° couche des
cellules nerveuses multipolaires analogues aux cellules de Parkinge;
4,° couche moléculaire
formée d'un réticule de fibrilles
très ténues noyées dans une matière analogue
à celle de la substance grise cérébrale;
5° couche
granuleuse interne composée de cellules unipolaires et surtout bipolaires.
Ces cinq couches forment ce qu'on appelle
la portion cérébrale de la rétine;
6° la
couche intergranuleuse;
7° la couche
granuleuse externe, qui se compose essentiellement d'un système
de fibres avec des noyaux; ces fibres se continuent avec les cônes
et les bâtonnets;
8° la couche
limitante interne percée d'une multitude d'orifices pour le passage
des cônes et bâtonnets;
9° la couche
la plus importante, celle des cônes et des bâtonnets, encore
appelée membrane de Jacob, du nom de l'anatomiste qui, le premier,
l'a décrite : les bâtonnets sont des éléments
cylindriques de 40 millièmes de millimètres de long sur 2
à 3 millièmes de millimètres de large; les cônes
sont un peu plus courts, mais plus larges; on les a comparés à
des bouteilles ; la répartition des cônes et des bâtonnets
est importante à connaître; chez l'humain, le nombre des cônes
diminue en allant du fond de l'oeil vers l'orra serrata; par contre, le
nombre des bâtonnets augmente; au niveau de la tache jaune il n'y
a que des cônes;
10° la couche
pigmentaire touche la choroïde et se compose de cellules épithéliales
pigmentées formant mosaïque.Toutes ces couches de la rétine
sont reliées entre elles par des fibres de soutènement ou
fibres de Muller, qui traversent les éléments rétiniens
de dedans en dehors en formant les deux limitantes.
Trajet
des fibres du nerf optique dans l'épaisseur de la rétine.
Au sortir de la lame criblée, les
fibres, privées de myéline, se dirigent de la pupille
vers l'orra serraata en rayonnant, puis elles traversent toutes les couches
rétiniennes pour finir aux cônes et bâtonnets.
Régions
spéciales de la Rétine
Zone
aveugle.
Elle est formée de fibres du nerf
optique réduites au cylindre-axe; aussi cette région est-elle
incapable de percevoir les rayons lumineux, d'où son nom de tache
aveugle ou punctum caecum.
Tache
jaune.
A son centre, la rétine amincie
forme la fovea centralis; on n'y trouve que des cônes au nombre de
deux mille environ.
Vaisseaux
de la rétine.
L'artère
centrale de la rétine, branche de l'ophtalmique, chemine dans le
nerf optique, arrive à la pupille et s'y divise en branche ascendante
et descendante; chacune se subdivise en branche interne ou nasale, branche
externe ou temporale. Tous ces vaisseaux, ainsi
que les veines suivent un trajet inverse pour aboutir
à la veine ophtalmique, les artères étant plus minces
et plus claires, les veines rouge sombre. La fovea centralis est totalement
dépourvue de vaisseaux. La lymphe
circule dans des lacunes lymphatiques
et se rend dans les espaces lymphatiques du nerf optique.
Développement
de la rétine.
La rétine est une émanation
directe du névraxe et se compose
de deux feuillets
invaginés, l'un proximal, l'autre
distal; le premier forme le pigment rétinien, le second sert à
constituer tous les autres éléments de la rétine.
Physiologie de
la rétine
Partie essentielle de l'oeil, la rétine
est essentiellement une membrane sensible,
et, quelle que soit la cause qui provoque cette sensibilité, le
phénomène subjectif est toujours une sensation lumineuse;
si l'on comprime l'oeil, on éprouve une sensation lumineuse ce sont
les phosphènes étudiés d'abord par Serres d'Uzès
(le coup de poing sur l'oeil faisant voir, selon l'expression populaire,
trente-six chandelles, n'est autre qu'une compression brusque de la rétine).
La lumière est l'excitant normal,
habituel de la rétine; située dans la profondeur de l'oeil,
protégée par la cavité orbitaire, cette membrane est
soustraite à l'influence de tous les agents, sauf des rayons lumineux
qui lui arrivent sans obstacles, traversant les milieux transparents de
l'oeil. Dans l'oeil normal, l'image des objets extérieurs vient
se peindre renversée sur la rétine comme dans une chambre
noire photographique; alors l'excitation rétinienne se transmet
par l'excitation du nerf optique aux centres cérébraux optiques.
Mais il y a un point totalement insensible, c'est la zone aveugle, ce qui
se démontre par l'expérience de l'abbé Mariotte .
On trace sur du papier deux gros points noirs distants de 5 centimètres,
on ferme l'oeil gauche et, se plaçant à 15 centimètres
du papier, on fixe le point gauche avec l'oeil droit seul ouvert; dans
ces conditions, on n'apercevra pas le point du côté droit,
car son image se peint justement sur la tache aveugle. La sensibilité
de la rétine diffère selon la partie envisagée; c'est
au niveau de la tache jaune qu'elle est le plus exquise, puis elle va en
diminuant en approchant de la partie antérieure ou elle devient
nulle. Le point essentiel de la vision directe est donc la tache jaune,
et tous les mouvements du globe oculaire sont destinés à
amener l'image des objets sur ce point si sensible. La surface entière
de la rétine a une surface d'environ 15 cm², la tache jaune
n'ayant qu'un millimètre; nous n'utilisons pour la vision distincte
que la quinze centième partie de la surface rétinienne; aussi,
quand nous lisons, ne voyons-nous d'une façon nette que deux ou
trois mots à la fois : ce sont ceux qui font précisément
leur image sur la tache jaune. Les expériences de Parkinge et Helmholtz
prouvent que c'est la couche des cônes et bâtonnets qui est
sensible à la lumière. Les cônes sont les plus importants,
puisque seuls ils existent dans la tache jaune; ils manquent totalement
chez les nocturnes : chauve-souris, hérisson,
oiseaux
de nuit, qui n'ont que des bâtonnets. Au contraire, les oiseaux diurnes,
qui font leur proie d'insectes aux brillantes
couleurs, ont relativement beaucoup plus de cônes que l'humain et
les autres mammifères.
Pourpre
rétinien.
Les travaux de Boll et Kühne ont
montré que dans l'obscurité les segments externes des bâtonnets
se chargent chez l'animal vivant d'une matière rouge (pourpre) sécrétée
par les cellules pigmentaires adjacentes. Cette matière rouge est
détruite par la lumière.
Vision
des couleurs.
Les expériences de Charpentier
ont montré que les sensations de lumière et de couleur sont
le résultat de fonctions bien distinctes; l'oeil reposé dans
l'obscurité jouit d'une sensibilité lumineuse très
supérieure à l'oeil qui vient d'agir; mais la sensibilité
chromatique n'est pas modifiée par l'exercice ou le repos. Si l'on
fait tomber un rayon de lumière blanche sur un prisme, elle se décompose
dans diverses couleurs visibles sur l'arc-en-ciel. Nombre d'illusionss
d'optique résultent du mélange des couleurs; si l'on fait
tourner rapidement un cercle divisé en secteurs avant les couleurs
du spectre
solaire, on a la sensation de lumière blanche (disque de Newton );
si, après avoir longtemps fixé le soleil couchant, on regarde
une feuille de papier blanc, on verra la rouleur complémentaire,
c.-à-d. une tache bleu verdâtre.
Young
et Helmholtz
ont produit une théorie de l'excitabilité de la rétine
par les trois couleurs élémentaires (qui sont, pour les physiologistes
: le rouge, le vert et le violet). Pour eux, chaque élément
excitable de la rétine et, par suite, chaque fibre nerveuse du nerf
optique, est composé de trois fibres différemment excitables
par chacune des trois couleurs élémentaires.
Tout porte à croire que seuls les cônes
sont le siège des impressions colorées. La cécité
des couleurs existe chez certaines personnes, soit congénitaleuient,
soit à la suite de maladie (intoxication, tabagisme, alcoolisme);
la cécité au rouge s'appelle daltonisme. Il y a sur cent
personnes environ deux daltoniens; pour eux, « les cerises ne paraissent
jamais mûres », comme disait Arago .
La
persistance rétinienne.
La persistance des images sur la rétine
est facile à démontrer, c'est ce qui fait que, lorsqu'une
roue d'un véhicule tourne vite, nous ne voyons plus les rayons,
mais la roue nous paraît pleine; de même pour les fusées
qui tracent un long sillage de feu. C'est sur cette persistance des images
qu'est fondé le cinéma, qui nous donne l'impression saisissante
du mouvement et de la vie. Toutes les illusions d'optique peuvent se ramener
aux phénomènes de persistance et d'irradiations des images
de la rétine.
Vision
droite.
Bien que les images se peignent renversées
sur la rétine, nous voyons les objets droits, parce que notre esprit
transporte à l'extérieur toutes les impressions qui se font
sur la rétine, et cela n'est pas un effet de l'éducation,
car les aveugles de naissance, à qui on peut rendre la vue, voient
les objets droits. (A19). |
|