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L'oeil |
L'oeil est
l'organe de la vue; il nous permet de juger la distance, la couleur, le
volume des corps : c'est le "toucher lointain" de Buffon.
Ce petit organe si délicat, si merveilleusement constitué,
a de tout temps fait l'étonnement et l'admiration des philosophes
et des savants. Le même oeil braqué à un télescope
verra nettement les satellites
de Jupiter
situé à des millions de kilomètres; un instant après,
il pourra, placé sur l'oculaire d'un microscope, étudier
le bacille de la tuberculose ou de la lèpre qui n'a que 5 à
6 millièmes de millimètres; nous pouvons donc voir d'une
façon distincte à quelques millimètres et, pour ainsi
dire, à l'infini,
l'oeil s'adapte de lui-même, grâce à l'accommodation.
Configuration.
L'oeil myope est un oeil trop long; les images se forment en avant de la rétine. L'oeil hypermétrope est un oeil trop court; les images se forment en arrière de la rétine. De même qu'au globe terrestre, on distingue au globe oculaire deux pôles : le pôle antérieur, qui correspond au centre de la cornée transparente; le pôle postérieur, qui est situé au point diamétralement opposé, un peu en dehors de l'orifice d'entrée du nerf optique. Le globe oculaire n'est pas situé exactement dans l'axe antéro-postérieur de l'orbite, il est plus rapproché de la paroi externe et inférieure; quant aux axes antéro-postérieurs des deux yeux, ils sont sensiblement parallèles. Structure.
1° un appareil de protection formé par la sclérotique en arrière, par la cornée en avant;L'oeil se compose de plusieurs enveloppes qui sont de dehors en dedans : une membrane fibreuse entourant les trois quarts postérieurs de l'oeil : la sclérotique qui, en avant, devient transparente : c'est la cornée, elle protège l'oeil; une membrane moyenne : la choroïde, formée d'un feutrage de vaisseaux qui assurent la nutrition de la rétine renfermant un pigment noir destiné à empêcher les réflexions intraoculaires. Un diaphragme, l'iris, qui est une dépendance de la choroïde trouve devant le cristallin et sépare la chambre aqueuse en deux parties; ce diaphragme est percé d'un trou central, la pupille, qui en se dilatant dans l'obscurité et en se rétrécissant à la lumière, sert à régler la quantité de lumière qui doit frapper la rétine. Le corps vitré ou corps hyaloïde est constitué par une masse sphérique gélatineuse, entièrement transparente, qui remplit tout l'espace compris entre la concavité de la rétine en arrière, le cristallin et la zonule en avant ; il a une membrane enveloppante, l'hyaloïde. Enfin la rétine, qui n'est autre que l'expansion du nerf optique. |
Si l'on considère
sur une coupe transversale de l'oeil d'avant en arrière, on trouve
la cornée dont le diamètre est de 12 millimètres et
l'épaisseur de presque 1 millimètre; ses lésions ulcératives
pouvant aller jusqu'à la perforation (ulcères de la cornée)
s'appellent les kératites. Derrière se trouve la chambre
antérieure de l'oeil contenant quelques gouttes d'humeur aqueuse;
celle-ci, analogue à l'eau distillée, s'écoule lors
de l'incision de la cornée dans l'extraction du cristallin cataracté;
cette humeur se reproduit en quelques minutes. On donne le nom d'hypopion
au pus formé dans la chambre antérieure. Toujours sur la
même coupe transversale, ou voit, la section du cristallin avec son
enveloppe la cristalloïde; cette lentille est suspendue au centre
de la pupille par les procès ciliaires qui l'entourent à
la façon des griffes du chaton d'une bague; l'épaisseur du
cristallin est d'environ 2 à 2,4 mm, son poids est de 20 à
25 centigrammes; à la partie postérieure on trouve le canal
hyaloïdien, cordon par où passent pendant la vie embryonnaire
les vaisseaux nutritifs du globe. Enfin, on voit la masse du vitré
qui forme une sorte de matière de remplissage pour maintenir la
sphéricité de l'oeil et qui soutient la rétine, la
choroïde, la sclérotique qui se confond avec la gaine
fibreuse du nerf optique. A ce niveau, c.-à-d. au pôle postérieur,
il y a un orifice par lequel entre le nerf en traversant la lame criblée
pour s'épanouir en fibres rétiniennes; il forme la papille,
et, tout à fait dans l'axe antérieur de l'oeil, la rétine;
qui n'a plus que des cônes, forme la macula ou tache jaune.
Vaisseaux de l'oeil Les artères viennent de l'ophtalmique, branche de la carotide interne; accolée au nerf optique, elle donne l'artère centrale de ce nerf, puis les artères ciliaires; les ciliaires antérieures sont flexueuses et vont former le grand cercle et le petit cercle artériel de l'iris. Les ciliaires postérieures se subdivisent en ciliaires courtes qui fournissent 18 ou 20 petites branches; entourant le nerf optique et pénétrant dans la sclérotique, et allant dans la choroïde; les ciliaires longues vont concourir à la formation du grand cercle artériel irien; toutes ces artérioles s'anastomosent entre elles. Les veines de l'oeil se rendent dans la veine ophtalmique dont le tronc, après avoir traversé la fente sphénoïdale, se jette dans le sinus-caverneux, les veines de l'iris s'unissent. aux paquets veineux des procès ciliaires et aux veines en tourbillon de la choroïde. On ne connaît aucun vaisseau lymphatique émanant du globe de l'oeil, la lymphe de l'iris et des procès ciliaires se déverse dans la chambre antérieure à travers un système de fentes; de la chambre antérieure, elle passe dans le cercle de Schlemm et dans les veines musculaires.Nerfs de l'oeil Les rameaux nerveux destinés à la choroïde émanent du ganglion ophtalmique; ils forment à sa surface externe le riche plexus nerveux choroïdien avec de nombreuses cellules ganglionnaires, puis le plexus ciliaire; de là partent les nerfs ciliaires qui forment le plexus irien qui se résolvent en fibres sensitives et fibres motrices du sphincter pupillaire. Telle est dans ses lignes générales la structure de l'oeil proprement dit. Orbite Le globe oculaire est logé dans la cavité orbitaire qui le protège contre les violences extérieures : c'est une sorte, de pyramide osseuse quadrangulaire; sa base est le rebord orbitaire : c'est l'ouverture de la cavité ou s'enchâsse l'oeil; elle est constituée par l'arcade orbitaire plus ou moins proéminente, dépendance du frontal, la paroi supérieure forme une voûte, excavée; sur son côté externe se trouve la logette de la glande-lacrymale; la paroi inférieure est plane, la paroi interne très mince; on y voit la gouttière lacrymale. La paroi externe la plus résistante est celle par où pénètre le chirurgien pour l'énucléation du globe. Le sommet de l'orbite est occupé par la fente sphénoïdale. Le tendon de Zinn s'y insère; enfin on y voit le trou optique par où passent le nerf optique et l'artère ophtalmique. Contenu
de l'orbite.
Annexes de l'oeil Ce sont les paupières, la conjonctive, puis les muscles et l'appareil lacrymal que nous allons décrire : Muscles
de l'oeil.
Vue supérieure des muscles de l'oeil. Le petit oblique s'insère au plancher de l'orbite en dedans, en avant et en dehors du sac lacrymal; de là il se porte obliquement en arrière et en dehors et, après avoir croisé le droit inférieur qu'il recouvre, il contourne le globe pour s'attacher à la sclérotique immédiatement au-dessous du grand oblique. Les insertions des tendons des muscles droits sur la sclérotique suivent une ligne spirale : l'insertion du droit interne est la plus rapprochée; elle est à 5 millimètres la cornée, la plus éloignée est celle du droit supérieur qui est à 8 millimètres; la largeur de l'insertion des tendons varie de 9 à 11 millimètres. Ces détails sont importants à connaître lorsque l'on doit sectionner ces insertions dans l'opération du strabisme. Trois paires nerveuses crâniennes innervent les muscles de l'oeil; le moteur oculaire commun ou troisième paire anime tous les muscles droits, à l'exception du droit externe, du releveur de la paupière et du petit oblique; le nerf pathétique ou quatrième paire innerve le grand oblique, le moteur oculaire externe innerve le droit externe. Appareil
lacrymal.
Appareil lacrymal. Les larmes sont aspirées par les points lacrymaux situés dans l'angle interne de l'oeil, sur le bord libre des paupières; chacun d'eux se trouve au sommet d'un petit tubercule, le supérieur un peu plus en dedans; ils sont l'orifice d'entrée des canalicules lacrymaux qui ont de 6 à 8 millimètres de long sur 1 à 2 millimètres de large et vont s'aboucher dans un canal commun pour s'ouvrir dans le sac lacrymal; celui-ci a la forme d'une ampoule de 12 à 15 millimètres de long sur 5 à 6 de large. Le canal nasal fait suite au sac lacrymal, il s'ouvre sous forme d'une fente dans l'angle formé par l'union du cornet inférieur avec la paroi externe des fosses nasales. La muqueuse des conduits lacrymaux se continue avec la muqueuse nasale : ce qui explique la propagation de l'inflammation de l'un à l'autre. Développement
de l'oeil.
L'oeil dans le monde animal On vient de décrire l'oeil humain; celui des autres primates (singes) n'en diffère guère. Chez les carnivores et les ruminants, les cellules pigmentaires manquent sur une partie de la choroïde c'est ce qu'on appelle le tapis ou miroir (on connaît la phosphorescence des yeux de chat dans l'obscurité). La pupille est circulaire chez les primates, mais elle est elliptique à grand axe vertical chez les carnivores, ovale à grand axe horizontal chez les ruminants. Oiseaux.
Coupe antéro-postérieure d'un oeil d'oiseau. Poissons.
Reptiles.
Invertébrés.
Parmi les plus petits, beaucoup ne peuvent distinguer la lumière de l'obscurité (ver de terre, etc.), mais tout leur corps est sensible; car les téguments peuvent être sensibles à la lumière, c'est ce qu'on observe chez les animaux inférieurs; il y a alors sensation dermatoptique. Physiologie. Nutrition
du globe.
Sensibilité
générale de l'oeil.
Motricité
intrinsèque du globe.
L'oeil, dans son ensemble, est comparable à un appareil photographique, seulement la chambre noire de l'oeil est globulaire, ce qui permet aux parties périphériques de l'image formée par l'appareil convergent de venir tomber exactement sur la membrane sensible, la rétine, qui fait office de plaque sensible. Il faut, pour qu'une image vienne se former nettement sur la rétine, la coïncidence toujours exacte du sommet du cône oculaire avec la rétine; cela se fait grâce à l'adaptation : c'est la mise au point des photographes; elle se fait instinctivement par l'accommodation, c.-à-d. par un changement de forme du cristallin dont la face antérieure augmente de convexité quand on adapte l'oeil pour la vision d'un objet très rapproché; le cristallin est donc une sorte de lentille vivante qui change de courbure grâce au muscle ciliaire, qui peut agir sur la périphérie du cristallin, par l'intermédiaire des procès ciliaires. La puissance accommodative, très puissante chez l'enfant, diminue peu à peu avec l'âge; à dix ans, elle est de quatorze dioptries et de zéro à soixante-quinze ans, d'après Donders. Le diaphragme irien règle la quantité de lumière qui doit arriver à la rétine, membrane sensible spécialement à la lumière, par ses cellules visuelles; l'entrée du nerf optique, parfois appelée aussi pupille, est insensible à la lumière : c'est la tache ou zone aveugle de Mariotte ou punctum caecum; la partie la plus sensible de la rétine, c'est la tache jaune placée exactement au pôle postérieur de l'oeil; elle est remarquable par sa richesse en cônes. Les dyschromatopses sont les individus qui sont aveugles pour une ou plusieurs couleurs; les daltoniens sont ceux qui ne voient pas le rouge. Si l'on réfléchit au peu d'étendue de la partie vraiment sensible de l'oeil, on comprendra de quelle utilité sont les mouvements du globe oculaire qui peuvent se faire instantanément en tous sens. Champ
visuel.
Cette sensibilité chromatique de la rétine est très importante à connaître, car elle est très souvent modifiée dans les affections des centres nerveux encéphaliques (intoxications diverses : alcooliques, saturniques, nicotiniques, etc.). On donne le nom de champ du regard à toute l'étendue que l'oeil peut embrasser, grâce aux mouvements que lui impriment ses six muscles, la tête restant immobile; on comprend que ce champ du regard est modifié dans les paralysies des muscles oculaires. Les larmes qui n'ont pas été évaporées à la surface de l'oeil sont aspirées par les points lacrymaux dans les fosses nasales qu'elles empêchent de se dessécher sous l'influence du courant d'air de l'inspiration. (Dr L. Pinel-Maisonneuve). |
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