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L'urine |
L'urine,
urina
des Latins, ouron des Grecs, est un liquide excrémentitiel
limpide, couleur jaune citrin plus ou moins foncé, de saveur amère,
légèrement salée, d'une odeur nauséabonde,
rapidement ammoniacale, à réaction acide, devenant promptement
alcaline et déposant des matières salines. Chez l'humain,
l'analyse y découvre un certain nombre de substances, dont les principales
sont : sur 1,000 parties, 933 d'eau; 30,10 d'urée;
1 d'acide urique, remplacé par l'Acide hippurique chez les herbivores;
4,45 de chlorure de soude; 3,16 de sulfate de soude; 3,71 de sulfate de
potasse; 2,94 de phosphate de soude, etc.
Au reste, ces caractères varient suivant une foule de circonstances; celles du matin, celles des boissons, celles des aliments présentent de nombreuses différences; mais l'urée est toujours la substance constitutive la plus remarquable, et auquel l'urine doit une grande partie de ses caractères les plus essentiels. L'acide urique, autre substance constitutivede l'urine, en est encore un des éléments les plus intéressants à connaître. L'urine n'est pas seulement une voie éliminatoire par laquelle sont rejetés au dehors certains éléments des substances alimentaires ou des tissus de l'organisme, mais encore des matières étrangères qui ont pu être introduites accidentellement. C'est par l'urine que le sang se débarrasse des matériaux en excès et par conséquent susceptibles de devenir nuisibles à l'organisme; c'est par l'urine qu'est éliminée une grande partie de l'eau superflue introduite par les boissons et les aliments. Ajoutons ici que les éléments de l'urine existent tout formés dans le sang. |
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Composition
de l'urine.
L'urine est un liquide acide, de couleur jaune ambré, éliminé dans la proportion moyenne de 1200 à 1500 g par jour (1 litre à 1 litre et demi) chez l'adulte. Elle est formée en grande partie d'eau, 95%, tenant en dissolution environ 50 grammes de matières inorganiques et de matières organiques. Matières
inorganiques.
Matières
organiques.
1° Les matières colorantes comprennent d'abord un pigment azoté et jaune appelé l'urochrome, puis de l'urobiline qui provient de la transformation de la petite partie de la matière colorante de la bile ou bilirubine qui a traversé la muqueuse intestinale pour pénétrer dans le sang. 4° Enfin, la créatinine est une autre substance azotée C4H7N3O, dont la proportion varie de 6 à 120 centigrammes par litre d'urine et qui provient de la destruction d'une substance albuminoïde des muscles, la créatine C4H9N3O2 dont elle ne diffère que par H2O en moins.Les reins restent, par contre, presque complètement étrangers à l'élimination des déchets provenant de l'alimentation ternaire. Mais ils ajoutent leur action à celle du foie pour détruire les toxines qui sont passées de l'intestin dans les veines intestinales et qui sont parfois en proportion dangereuse, car on a constaté dans le gros intestin, par décigramme de matières fécales, jusqu'à 30 millions de micro-organismes (champignons et bactéries) qui y abandonnent leurs sécrétions toxiques. Presque tous les médicaments introduits dans l'organisme s'éliminent également par les reins après avoir subi des modifications plus ou moins complexes. Variations de la composition de l'urine. La composition de l'urine varie beaucoup avec l'alimentation : chez les carnivores, elle est acide, d'un jaune clair, riche en urée et en acide urique; son acidité est due au phosphate acide de soude. Elle tend à devenir alcaline (basique) en vieillissant par suite de la formation de carbonate d'ammoniaque. Chez les herbivores, elle est alcaline, trouble (urines jumenteuses) et l'acide urique y est remplacé par l'acide hippurique. Lorsqu'on fait jeûner un lapin, son urine qui est normalement trouble et alcaline ne tarde pas à devenir claire et acide, parce que dans ces conditions il se nourrit aux dépens de son sang et de sa graisse, devenant ainsi un véritable carnivore. Le malade qui, dans le cas de fièvre, ne prend pas d'aliments, se nourrit aussi aux dépens de ses propres tissus, et son urine devient beaucoup plus acide. Inversement, l'urine de l'humain peut devenir alcaline sous l'influence d'un régime végétarien. L'urine des Vertébrés' ovipares (poissons, batraciens, reptiles et oiseaux) est presque solide parce qu'elle renferme très peu d'eau, et que chez la plupart d'entre eux l'urine se mélange aux excréments dans une poche terminale du rectum, le cloaque, où viennent déboucher les deux uretères au lieu de s'ouvrir au dehors. Celle des oiseaux, très épaisse, constitue le guano (mélange d'urine et d'excréments); de plus elle ne renferme guère que de l'acide urique et de la guanine au lieu d'urée; la guanine est un autre déchet azoté provenant tout comme l'acide urique de la décomposition de la substance des noyaux cellulaires. Enfin, l'urine des reptiles est à peu près solide et renferme des cristaux d'acide urique libre; les boas rejettent de l'acide urique presque pur. Toxicité
de l'urine.
L'urée n'étant pas un poison, on pense que la toxicité de l'urine est due en partie à ses matières colorantes et en partie à ses sels de potasse; elle est beaucoup moindre après décoloration. Il faut peut-être aussi faire intervenir l'action de certaines autres substances organiques dont la présence a été décelée dans l'urine, et qui se comporteraient à la façon des alcaloïdes. Lieux de formation
des éléments de l'urine.
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Plasma | Urine | |
Eau
Albumine et fibrinogène Urée Acide urique Chlorure de sodium Autres sels minéraux |
900
90 0,15 traces 5 à 6 4 à 5 |
950
0 0,25 0,50 11 8 à 9 |
Ce tableau montre
qu'il n'y a qu'une différence fondamentale entre l'urine et le plasma
sanguin : l'albumine qui est la substance
nourricière par excellence des éléments anatomiques
n'existe pas dans l'urine; elle reste dans le sang
pour assurer la
nutrition des tissus.
Mais toutes les autres matières du liquide sanguin se retrouvent
dans l'urine et en plus grandes quantités. C'est qu'en effet, les
composants de l'urine ne prennent pas naissance dans les reins,
mais se forment dans toutes les parties du corps au titre de produits de
décomposition des substances albuminoïdes des tissus. Le rôle
des reins se borne à les extraire du sang, à les concentrer
et à les rejeter à l'extérieur. On le démontre
par plusieurs expériences :
1° L'analyse du sang sortant de n'importe quel organe montre qu'il renferme toujours une certaine quantité d'urée et d'acide urique, et toujours moins que le sang afférent ; c'est le foie qui en forme le plus.Produits anormaux de l'urine. L'urine peut renfermer accidentellement quelques autres produits provenant du mauvais fonctionnement de certains organes; les principaux sont le glucose, l'albumine, l'acétone et les calculs urinaires. 1° Le sang ne renferme normalement que 1 g. à 1,5 g de glucose par litre et quand cette proportion dépasse 1,75, les reins interviennent toujours pour éliminer l'excès. Cette présence anormale du sucre dans les urines a lieu dans le cas de glycosurie et de diabète sucré.Fermentation ammoniacale. Quand l'urine est abandonnée à l'air, son urée se transforme en carbonate d'ammoniaque, dont l'odeur est bien perceptible dans les urinoirs insuffisamment irrigués. Cette transformation est due à un grand nombre d'organismes microscopiques (on en connaît 17 espèces) appartenant aux moisissures, aux bacilles et aux microcoques, que l'air amène sur l'urine abandonnée à elle-même. Le principal est le Micrococcus ureae. L'urine, par les matière azotées qu'elle renferme, constitue un milieu nutritif favorable pour le développement de tous ces micro-organismes, et à mesure qu'ils s'y multiplient, ils sécrètent un ferment soluble, l'urase, qui hydrate l'urée. Cette hydratation constitue la fermentation ammoniacale. Elle ne se produit pas en milieu acide. (A. Pizon). |
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