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Le goût
est en quelque sorte un sens à mi-chemin entre l'olfaction
et le toucher. Pour être goûtés,
les corps sapides doivent être mis en contact avec une partie déterminée
de la surface du corps et y dissoudre quelques-unes de leurs particules.
La dissolution paraît être une condition indispensable pour
que, les molécules porteuses des saveurs
affectent les récepteurs chimiques concernés. Intimement
lié aux fonctions digestives, puisqu'il préside au choix
des aliments, le sens du goût a toujours son siège au voisinage
de l'orifice buccal. Chez les invertébrés,
il est difficile de préciser ou même de reconnaître
quels sont les organes du goût. Mais chez les animaux vertébrés,
la langue, toutes les fois qu'elle est molle et
charnue, est l'organe spécial destiné à leur procurer
les sensations sapides.
La langue est habituellement un organe
musculaire, très mobile et recouvert d'une
muqueuse délicatement organisée. On y distingue de nombreuses
papilles qui annoncent son extrême sensibilité. Plusieurs
nerfs y distribuent leurs rameaux, soit pour lui
donner le mouvement, soit pour la rendre sensible; mais le nerf spécial
du goût est un rameau de la cinquième paire, nommé
le nerf lingual, et qui répand ses filets à la pointe et
sur les bords de la langue. Des expériences nombreuses ont montré
que l'on abolit la faculté de goûter lorsque sur un animal
on coupe le nerf lingual ou le rameau maxillaire
supérieur de la cinquième paire, dont il émane.
Chez quelques vertébrés,
et surtout chez les oiseaux, la langue est dépourvue
de papilles et d'une consistance cartilagineuse;
elle devient alors à peu près impropre à l'exercice
du goût.
L'humain a naturellement un goût
très délicat, mais il peut l'émousser par l'abus des
mets épicés et par tous les condiments que le luxe des festins
invente chaque jour ainsi que par l'usage des alcools. Un exercice bien
entendu peut singulièrement le perfectionner; les dégustateurs
de profession ne se méprennent guère sur les qualités
des vins soumis à leur examen, ils reconnaissent ceux de chaque
pays et distinguent l'année de leur récolte. Le goût
est peu développé chez les petits enfants; ils se trompent
si bien sur les saveurs, qu'en se bornant à changer l'aspect des
choses qu'ils refusaient d'abord, on les leur fait souvent prendre sans
difficulté; le jeune humain se montre assez indifférent à
la recherche des mets. Il n'en est pas de même dans l'âge mûr;
c'est alors que se montrent les gastronomes dont le goût va se perfectionnant
avec l'âge, et ne cesse qu'avec la vie.
Le goût, comme l'olfaction,
est placé sur le chemin que doivent parcourir les aliments, afin
de reconnaître leurs qualités. La faim dénote la quantité
d'aliments dont nous avons besoin; le goût détermine le choix
de la nourriture, et l'estomac rejette rarement
ce que le sens a admis. (DGS). |
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