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La peau
ou tégument externe est une vaste
membrane qui enveloppe le corps
et, tout en le protégeant contre les corps extérieurs, lui
sert d'organe de sensibilité
et en même temps de sécrétion et d'excrétion,
grâce à l'extrême richesse de ses glandes.
Le sens
du tact lui est dévolu dans son ensemble,
tandis que certaines de ses régions possèdent plus particulièrement
le rôle du toucher. La peau est un peu plus grande que la surface
du corps en raison des parties saillantes sur lesquelles elle se réfléchit
(pavillon de l'oreille, par exemple) ou d'autres
points sur lesquels elle s'accole en quelque sorte à elle-même
(espaces interdigitaux). Sappey
a évalué sa superficie totale, chez un homme de stature et
de corpulence moyennes à 15 000 cm². Elle se continue avec
les muqueuses au niveau des orifices
naturels. Son épaisseur varie selon les points de son étendue.
Elle est plus considérable sur les points exposés à
des pressions,
très mince sur d'autres régions, telles que les paupières.
Sa résistance et son élasticité sont remarquables.
Elles sont mises en jeu dans un grand nombre d'états pathologiques.
Sa couleur varie suivant les régions du corps, suivant les individus
et les populations.
La surface externe de la peau présente
des plis et sillons de divers ordres. Les
uns sont ceux qui correspondent aux articulations, d'autres sont liés
au jeu des muscles. Quant aux rides proprement
dites, elles sont le résultat de la fonte et de la résorption
des cellules adipeuses doublant la couche profonde sous l'influence des
maladies lentes et de la vieillesse. Enfin les sillons papillaires très
superficiels s'observent aux pieds et aux mains.
A la pulpe des doigts ils décrivent des
courbes concentriques, à concavité dirigée en haut.
Ces papilles, qui existent d'ailleurs sur tout le corps, mais sans rapports
aussi nettement déterminés, sont le siège des impressions
tactiles. D'autres papilles se trouvent d'autre part à la base des
poils.
Elles siègent sur les régions habituellement recouvertes
et trahissent leur présence, sous l'influence des impressions extérieures,
par le phénomène connu sous le nom de chair de poule.
Outre les saillies, la peau présente à sa surface d'innombrables
orifices glandulaires correspondant au point d'émergement des glandes
sébacées et sudoripares.
La surface interne de la peau répond à une couche de tissus
cellulo-graisseux dénommée pannicule
adipeux, qui varie suivant les régions, l'embonpoint, le
sexe, l'état de santé, et dans l'épaisseur duquel
cheminent les vaisseaux et les nerfs.
Elle est aussi en rapport par cette même face avec certaines parties
du squelette,
des nerfs, des artères, des veines,
des lymphatiques.
La
structure de la peau.
La peau comprend deux couches, intimement
unies : le derme*, couche profonde; l'épiderme,
couche superficielle, d'épaisseur variable selon les régions,
divisée elle-même en deux couches secondaires, la couche cornée,
formée de cellules aplaties dépourvues de noyau, et la couche
de Malpighi,
formée de cellules dont dépendent les poils et les ongles
qui en sont en quelque sorte des émanations. Le derme lui forme
une membrane de soutien. Élastique, résistant (fibres élastiques,
faisceaux fibreux), il donne asile aux glandes sébacées et
sudoripares
et renferme dans son épaisseur des fibres musculaires
lisses annexées aux glandes sébacées pour faciliter
leur excrétion ou aux poils pour leur imprimer des mouvements (peu
appréciables chez l'humain, mais très sensibles chez certains
autres animaux).
Coupe
transversale de la peau.
1,
Derme; 2, épiderme, a, Couche basilaire ou génératrice,
reposant sur la membrane basale; b, couche de Malpiphi ; c, couche granuleuse
; d, couche transparente; e, couche cornée. |
Le phénomène de la chair de
poule est le résultat de la contraction de ces faisceaux musculaires
qui soulèvent en même temps que le follicule
pileux les deux glandes correspondantes qui font alors saillie à
la surface de la peau. Les papilles recouvrent (surtout en certains points
où elles sont agglomérées suivant un ordre régulier,
paume des mains, plante des pieds)
la surface externe du derme dont elles font partie. Elles constituent le
corps papillaire. Leur nombre est aussi considérable que leur sensibilité
est accentuée. Les vaisseaux et les nerfs se prolongent dans leur
substance. Un certain nombre d'entre elles contiennent des organes spéciaux
dits corpuscules du tact (corpuscules de Krause, de Meissner, de Pacini).
Les
glandes sudoripares.
Les glandes
sudoripares sont des glandes en tubes dont une partie sert de canal
excréteur et s'ouvre à la surface de la peau, au niveau des
crêtes papillaires, et l'autre s'enroule sur elle-même de manière
à constituer le glomérule réuni à des glomérules
voisins et formant ainsi un groupement autour duquel on remarque un réseau
vasculaire très riche. Les glandes sébacées, au lieu
d'occuper les couches profondes de la peau comme les précédentes,
siègent au contraire dans les couches superficielles du derme. Elles
manquent à la plante des pieds et à la paume des mains.
Ces glandes sont en grappes en connexion avec les poils (poils rudimentaires
ou non), ou bien elles n'ont aucune relation avec eux (organes génitaux).
Elles sont des annexes de la peau comme le sont les poils et les ongles.
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Glande
sudoripare de la paume de la main.
a,
Couche cornée de l'épiderme; b, couche de Malpighi; c, papille
du derme avec membrane basale; d, derme; e. glomérule sudoripare;
f, g, canal excréteur; y, orifice du canal; i, cellules adipeuses
du tissu sous-cutané. |
Les
poils.
Les poils sont des productions de l'épiderme,
implantés dans une dépression du derme qui les protège
et qui est désignée sous le nom de follicule
pileux, cavité cylindrique s'ouvrant
ou à la surface de la peau ou dans la cavité des glandes
sébacées. Au fond de chacune des premières cavités
est une saillie conique, papille pileuse, sur laquelle est implanté
le poil dont elle est l'organe générateur. Les poils par
leur ensemble constituent le système pileux dont la répartition
et la concentration sur certains points ne sont qu'apparentes, car les
régions qui en semblent privées au premier abord n'en sont
nullement dépourvues. Seulement les poils demeurent à l'état
rudimentaire sur la plus grande partie du corps. Le sein le plus blanc
et le plus uni en est recouvert sur toute sa surface. Seules la paume des
mains et la plante des pieds en sont dépourvues.
En certains endroits les poils prennent des noms spéciaux, celui
de cils (bords libres des paupières), de
vibrisses (autour des fosses nasales).
D'une manière générale, on les divise en poils de
duvet, qui demeurent à l'état rudimentaire, et poils proprement
dits qui arrivent à leur complet développement.
Chez les mammifères,
tous les poils arrivent à cet état, constituant ainsi un
revêtement de protection. Chez l'humain, c'est le cuir
chevelu qui semble être la localisation principale du système
pileux. Les poils peuvent d'ailleurs acquérir en cette région
un accroissement presque indéfini. Leur couleur varie avec les individus,
les contrées, l'âge, mais elle est le plus souvent en rapport
avec celle de la peau. Ils sont résistants, mais aussi flexibles
et élastiques, très hygrométriques. Au point de vue
de la forme, les cheveux sont cylindriques,
pouvant se juxtaposer à la manière de filaments rectilignes,
ou aplatis dans un sens et élargis dans l'autre (une forme qui explique
leur tendance à friser). Les cheveux ou poils comprennent une racine
(contenue dans les follicules renflés en forme de tête qui
repose sur la papille du follicule à
laquelle il adhère intimement) et une tige cylindrique, terminée
en pointe. Ils sont composés de trois parties distinctes, un épiderme
très mince, une partie moyenne ou fibreuse, dite substance corticale,
de teinte claire, une partie centrale, plus colorée, dite substance
médullaire. Celle-ci fait défaut dans les poils rudimentaires
et même dans quelques-uns de ceux qui sont, arrivés à
leur développement complet.
Physiologie.
Outre son rôle de protection, de
résistance à l'action des agents extérieurs et des
traumatismes de tout ordre, la peau remplit plusieurs fonctions importantes,
fonctions de sensibilité, de sécrétion, d'élimination
et d'absorption. Cette dernière, limitée à l'état
normal, dévient surtout appréciable quand l'épiderme
est légèrement modifié. C'est ainsi que la friction
aide à la pénétration des substances médicamenteuses
contenues dans les pommades.
Les fonctions de sécrétion
et d'élimination sont dévolues aux glandes sudoripares et
sébacées. Les premières sécrètent la
sueur,
liquide incolore, limpide, d'une odeur particulière, due à
des acides gras, volatils, alcalins au moment de sa sécrétion,
mais devenant acides immédiatement après. La quantité
de sueur sécrétée en vingt-quatre heures par un humain
adulte est d'environ 1000 grammes. Mais on sait que cette quantité
peut être augmentée sous l'influence du mouvement musculaire
exagéré ou des températures
élevées. On voit qu'à ce dernier point de vue il y
a une sorte de balancement avec la quantité d'urine
excrétée, qui est, toutes proportions gardées, d'autant
moins abondante que la perspiration cutanée est plus considérable.
Les glandes sébacées sécrètent une substance
spéciale, le sebum, dont le rôle est de protéger
la surface cutanée contre l'action de l'eau et de la transpiration
elle-même. C'est un liquide gras, onctueux, qui s'étale sur
le tégument d'une façon
invariable et le recouvre d'une sorte de vernis isolateur. Un grand nombre
de maladies de la peau et en particulier des cheveux
et poils sont le résultat des altérations et des modifications
de cette sécrétion.
La sensibilité cutanée qui
est dévolue aux corpuscules du tact dépend moins de la conformation
(Messner, Krause, Pacini) de ces corpuscules que de leur agglomération,
même en certains points de l'enveloppe. De là la localisation
de la sensibilité tactile proprement dite à des régions
spéciales qui ont en même temps au plus haut point la sensibilité
thermique. Mais cette sensibilité thermique est également
dévolue à l'ensemble du tégument, de même que
la sensibilité à la douleur qui diffère pourtant de
la sensibilité tactile proprement dite et n'est pas de même
essence qu'elle, ainsi que le montrent les faits pathologiques. (Dr
H. Fournier). |
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