|
L'ovaire
est la glande génitale femelle. Il a une
fonction double : d'une part, il produit les gamètes
(cellules reproductrices) femelles, autrement dit les ovules,
et d'autre part il intervient comme glande endocrine par la production
d'hormones oestrogènes, ainsi que de progestérone,
qui sont la clé du cycle menstruel.
L'ovaire, organe pair chez les vertébrés,
est de forme variable suivant les espèces. Il est situé,
chez les mammifères, dans l'épaisseur
d'un pli du péritoine (mesovarium),
relié par son extrémité externe au pavillon de la
trompe
de Fallope
par le ligament de la trompe, rattaché
par son extrémité interne à l'utérus
par le ligament de l'ovaire. Son bord inférieur est libre de péritoine
et laisse pénétrer les vaisseaux
et nerfs (hile de l'ovaire). Lisse chez la jeune
fille, il se couvre de cicatrices qui augmentent en nombre à partir
de la puberté, et devient chagriné dans, la vieillesse. La
substance de l'ovaire est décomposable en deux couches, une périphérique
peu épaisse, blanche et homogène, la couche corticale, et
une centrale, beaucoup plus épaisse, molle, rouge, comme spongieuse,
la couche médullaire. Après la puberté, la couche
corticale présente de petites vésicules,
de grosseur variable (depuis une dimension microscopique jusqu'à
celle d'une cerise), les ovisacs ou follicules
de De Graaf. A l'incision de celles qui sont arrivées à maturité,
il s'écoule un liquide transparent, au milieu duquel on peut voir
nager un point blanc (ovule entouré par le disque ou cumulus proligère).
Outre ces vésicules, l'ovaire peut présenter des corps à
différents stades d'évolution, les corps jaunes, qui
ne sont que des vésicules de Graaf rompues et en voie de cicatrisation.
La structure de l'ovaire comprend :
1 ° une enveloppe
épithéliale, intimement accolée à la membrane
sous-jacente. Cet épithélium
est distinct de celui du péritoine qui s'arrête au hile de
l'ovaire. Il dérive de l'épithélium germinatif de
la cavité pleuro-péritonéale;
2° l'albuginée,
qui n'est en quelque sorte qu'une coque fibreuse résultant de la
condensation de la substance corticale avec laquelle elle reste confondue
et dont elle ne se distingue que parce qu'elle ne contient pas de follicules
de De Graaf;
3° la substance corticale ou ovigène
constituée par un stroma fibreux renfermant
les follicules de De Graaf;
4° la substance médullaire,
très vasculaire, constituée par un stroma de fibres conjonctives
et de fibres musculaires lisses qui rayonnent du hile vers la périphérie
de la glande. Les artères de l'ovaire dérivent
de l'artère utéro-ovarienne. Elles pénètrent
dans l'organe par le hile sous la forme d'artères contournées
en tire-bouchon. Les veines forment un plexus
abondant dans la substance médullaire, et un autre au niveau du
hile (plexus sous-ovarique) et vont se jeter dans la veine utéro-ovarienne.
Les lymphatiques se rendent aux
ganglions-lombaires.
Les nerfs proviennent du plexus ovarien.
Chez les acoelomates, les produits sexuels,
nés le plus souvent sur les parois du tube digestif, tombent dans
cette cavité où a lieu la fécondation, puis sont expulsés
par l'orifice buccal. Il n'y a pas de glandes sexuelles différenciées
et spécialisées. Chez. les coelomates, les organes de la
reproduction naissent sur les parois du coelome ou de ses dépendances,
et les produits sexuels sont portés au-dehors par un système
spécial de conduits. L'ovaire dérive de l'épithélium
germinatif du coelome. A ce niveau, cet épithélium fournit
de grosses cellules rondes (ovules primordiaux).
Celles-ci se multiplient et s'enfoncent dans le mésoderme sous-jacent
en donnant naissance à une éminence allongée située
à la face interne du corps de Wolff.
Cette éminence, c'est l'éminence sexuelle, la glande sexuelle
primitive et indifférente jusqu'alors. En s'enfonçant dans
le mésoderme, l'épithélium germinatif constitue des
cordons (tube de Valentin-Pflüger). La glande doit-elle évoluer
vers le type femelle, c.-à-d. se transformer en ovaire, ces cordons
s'étranglent et forment des chapelets irréguliers dont chaque
grain, s'isolant des autres, constituera un ovoblaste, contenant à
la fois l'origine de la granuleuse du follicule de De Graaf, et une
cellule qui deviendra l'ovule ou oeuf ovarien. A
l'ovaire vient s'ajouter un canal (canal de Müller) qui complétera
les organes génitaux femelles en donnant l'oviducte, l'utérus
et le vagin. Chez les acraniens, les ovaires sont
nettement métamérisés. Chez les cyclostomes, ils sont
impairs et médians. Chez les oiseaux,
l'ovaire droit s'atrophie, le gauche seul est susceptible de fonctionner.
Les monotrèmes à ce sujet, parmi les mammifères,
rappellent les oiseaux. Chez les mammifères, les ovaires nés
sur la paroi de la cavité abdominale descendent dans le cours du
développement (descente de l'ovaire). (Ch. Debierre). |
|
|
Ovaire (botanique).
- On pourra voir à la page Carpelle,
que les organes femelles des phanérogames
sont constitués par une ou plusieurs feuilles
modifiées nommées carpelles. Ces feuilles en se repliant
sur elles-mêmes et au besoin en se soudant entre elles constituent
une ou plusieurs cavités closes qui
sont les ovaires. Dans les Renonculacées,
par exemple, où les carpelles sont nombreux, chacun d'eux se replie
sur lui-même sans se souder avec ses voisins. On a donc autant d'ovaires
indépendants et monoloculaires surmontés chacun d'un style
et d'un stigmate. Dans les Borraginées
il y a quatre carpelles confondus seulement par leur angle interne où
se trouve inséré un style unique; on peut donc dire qu'il
y a un ovaire à quatre loges à
peu près complètement isolées l'une de l'autre, ou
quatre ovaires monoloculaires soudés par leur angle interne. Dans
d'autres familles, la fusion atteint un degré plus élevé
: les carpelles s'unissent par les faces externes de leurs extrémités
et constituent un ovaire unique; mais les extrémités des
carpelles se prolongent jusqu'au centre de celui-ci et le divisent en un
certain nombre de loges. L'ovaire est pluriloculaire et porte en général,
comme dans les cas précédents, ses ovules
à l'endroit où les carpelles se sont soudés. Ce point
est le placenta; dans le cas actuel, il est
central. Dans les pavots, l'ovaire unique est constitué de la même
manière; mais les cloisons n'arrivent
plus jusqu'en son milieu; il est donc uniloculaire et divisé par
des cloisons incomplètes. Celles-ci portent toujours les placentas,
qui, dans ce cas, sont dits pariétaux. Dans beaucoup de Caryophyllées,
les cloisons atteignent originairement le milieu de l'ovaire et y développent
leur placenta. Mais bientôt elles se résorbent, et on a un
ovaire tout à fait uniloculaire, dont les ovules sont portés
par un placenta central en forme de colonne isolée. Enfin, dans
les Primulacées, les feuilles carpellaires se soudent seulement
par leurs bords et constituent un ovaire uniloculaire dont les ovules se
forment sur un placenta développé au sommet du réceptacle
et par conséquent indépendant des carpelles.
Dans tous les exemples que nous avons passés
en revue, le réceptacle est convexe et l'ovaire
est dit supère parce qu'il est situé
au-dessus des étamines. Dans d'autres
cas, on a un réceptacle plus ou moins concave et un ovaire infère,
qui peut présenter les mêmes modalités que les ovaires
supères. Il y a d'ailleurs tous les termes de transition entre l'ovaire
tout à fait libre et celui qui est complètement inclus dans
une cavité du réceptacle. En résumé, l'ovaire
peut être supère ou infère, unicarpellé ou pluricarpellé,
les carpelles eux-mêmes pouvant être
indépendants ou connés. S'ils sont connés, ils peuvent
l'être seulement par leurs bords ou par une étendue peu considérable
de la face externe de ces bords incomplètement repliés en
dedans : dans les deux cas, l'ovaire est uniloculaire; ou bien ils peuvent
être connés par une étendue considérable de
leur face externe suffisamment repliée en dedans pour constituer
des cloisons complètes; l'ovaire est alors pluriloculaire, Dans
ce dernier cas, le placenta est axile; nous
avons vu qu'il est central et libre quand il est sans rapport. avec les
carpelles, et pariétal lorsqu'il est situé sur les parois
de l'ovaire aux points où les bords des carpelles, se sont soudés
sur une plus ou moins grande étendue. Quant au style et au stigmate,
leur organisation ne correspond pas toujours à celle de l'ovaire;
la simplification organique s'est exercée avec le plus d'intensité,
tantôt sur un de ces organes, tantôt sur l'autre. C'est ainsi
qu'on peut trouver un style simple avec un ovaire pluriloculaire, ou réciproquement
un style divisé en autant de branches qu'il y a de carpelles avec
un ovaire uniloculaire. Il en est de même du stigmate: dans les pavots,
les cloisons de l'ovaire sont très réduites, et cependant
le stigmate est divisé en rayons complets dont chacun correspond
à une de ces cloisons.
Il importe, en terminant, de dire quelques
mots du développement phylogénique de l'ovaire. Cet organe
n'existe que chez les phanérogames
dites angiospermes, parce que leurs ovules
sont recouverts d'un tégument protecteur
entièrement clos, qui devient le fruit après
la fécondation. Chez les gymnospermes
les ovules sont nus et simplement portés
à l'aisselle d'écailles
qui subissent diverses modifications suivant les familles végétales
sans cependant jamais réaliser un ovaire véritable. Les angiospermes
elles-mêmes ont dû traverser au cours des périodes géologiques
un stade gymnospermique dans lequel les carpelles
servant de support aux ovules n'étaient encore ni repliés
ni soudés entre eux. Les gymnospermes actuelles sont des végétaux
qui, parvenus à ce stade, s'y sont arrêtés à
tout jamais, par suite de l'avortement du limbe
de la feuille carpellaire. Les angiospermes actuelles ont au contraire
dépassé ce stade et ont constitué un ovaire véritable,
grâce aux replis de la feuille carpellaire.
On peut se faire une idée de ce
qu'ont dû être les formes de passage des gymnospermes
aux angiospermes en étudiant la famille
des gnétacées. Chez les Gnetum,
l'ovule n'adhère plus directement
à une feuille comme chez les cycadées;
il n'est plus, comme chez les conifères,
reporté avec son support à l'aisselle d'une bractée
accrescente et coriace. Comme chez les taxinées il termine un axe
feuillé, appauvri; mais ici cet axe, moins débilité,
utilise les feuilles bractéales qui se combinent paire par paire
et forment un double tégument à
l'ovule. Le plus intérieur de ces
téguments s'allonge en un tube papilleux qui facilite l'introduction
du pollen. Le nombre de ces enveloppes
superposées peut même s'élever jusqu'à trois.
Il est tentant de voir en elles le stade primitif du développement
de l'ovaire et que la petite famille des gnétacées, arrêtée
à égale distance des gymnospermes et des angiospermes, nous
représente une période de développement par laquelle
celles-ci ont dû passer. (Dr Laloy). |