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L'abdomen

L'abdomen ou ventre est la plus grande des trois cavitĂ©s splanchniques et contient la majeure partie des organes digestifs et gĂ©nito-urinaires; il termine le tronc Ă  la partie infĂ©rieure; les anatomistes le divisent en deux portions distinctes : l'abdomen proprement dit et le bassin. Cette division est rationnelle, car elle permet de ne pas rĂ©unir, sous un mĂŞme chef, des considĂ©rations chirurgicales d'ordres très diffĂ©rents. Le bord des cĂ´tes et la saillie des hanches dĂ©limitent l'abdomen Ă  l'extĂ©rieur, bien que la cavitĂ© s'Ă©tende au delĂ . En effet, le diaphragme s'insère suivant une ligne oblique allant du sternum Ă  la douzième vertèbre dorsale, d'oĂą il suit qu'une blessure, un coup de couteau, par exemple, pĂ©nĂ©trant horizontalement dans le dernier espace intercostal, peut produire une plaie pĂ©nĂ©trante de l'abdomen et de la poitrine Ă  la fois; latĂ©ralement; l'abdomen est constituĂ© par plusieurs couches de parties molles peau, muscles, aponĂ©vroses, pĂ©ritoine, et  en bas la ligne de dĂ©marcation artificielle est bien marquĂ©e par le dĂ©troit supĂ©rieur du bassin. L'abdomen a une forme Ă  peu près ovoĂŻde; des diffĂ©rences individuelles, toutefois, sont Ă  noter, selon les âges, l'Ă©tat de santĂ© ou de maladie, de maigreur ou d'embonpoint; tel a le ventre rĂ©gulièrement dĂ©veloppĂ©, tel autre prĂ©sente une accumulation de graisse très grande; d'autres fois la paroi abdominale se rĂ©tracte sur la colonne vertĂ©brale et donne ainsi Ă  l'abdomen la forme spĂ©ciale, connue sous le nom de ventre en bateau. 

Ce large espace a Ă©tĂ© divisĂ© conventionnellement en rĂ©gions secondaires qu'on obtient en traçant deux lignes verticales, allant des deux Ă©pines iliaques antĂ©ro-supĂ©rieures au thorax, et deux horizontales, coupant perpendiculairement les deux premières, l'une passant au niveau du bord infĂ©rieur des fausses-cĂ´tes et, l'autre au niveau de la crĂŞte iliaque; ces lignes interceptent des espaces plus ou moins larges dĂ©nommĂ©s ainsi qu'il suit (figure ci-dessous) : en haut, au milieu, l'Ă©pigastre E; sur les cĂ´tĂ©s, les hypocondres H, recouverts en grande partie par les cĂ´tes qui protègent efficacement contre les pressions et les chocs, les organes qu'il renferme, la rate Ă  gauche, le foie Ă  droite ; dans la partie moyenne l'ombilic O avec la cicatrice ombilicale due Ă  la rĂ©traction des Ă©lĂ©ments du cordon; sur les cĂ´tĂ©s, les flancs. F, occupĂ©s en majeure partie par les cĂ´lons-ascendant et transverse; enfin dans la zone infĂ©rieure, l'hypogastre Y, recouvrant l'intestin grĂŞle et parfois la vessie ou l'utĂ©rus distendus; et sur les cĂ´tĂ©s, les fosses iliaques qui recouvrent le caecum, Ă  droite, la partie infĂ©rieure du cĂ´lon Ă  gauche. Ces divisions sont artificielles, mais suffisamment prĂ©cises pour mĂ©riter d'ĂŞtre conservĂ©es. 

La paroi abdominale. 
Elle est formĂ©e des parties suivantes, qu'on rencontre, successivement, en allant de l'extĂ©rieur  Ă  l'intĂ©rieur : 

1° La peau, lâchement unie aux couches sous-jacentes, excepté au niveau de la cicatrice ombilicale, laisse voir, chez les personnes maigres, les différentes saillies musculaires; on constate une légère dépression vers le bord externe des muscles droits; l'ombilic est plus ou moins enfoncé; il peut être déplissé par un liquide et une tumeur, il est le siège de la hernie ombilicale et peut présenter de petites éraillures indélébiles provenant de la distension du ventre, par une grossesse ou une tumeur, telle qu'un kyste ovarique, un fibrome utérin;

2° La couche sous-cutanée, variant d'épaisseur suivant les sujets, plus mince vers la cicatrice ombilicale et s'épaississant vers le pubis; elle présente en son milieu une certaine adhérence par suite de l'entrecroisement des fibres aponévrotiques qui constitue la ligne blanche; une partie de ces fibres se dirigent en bas pour gagner le scrotum et former l'origine du dartos; d'autres pour renforcer le ligament suspenseur de la verge;

3° La ligne blanche, qui est représentée par l'intervalle qui existe entre les bords internes des muscles droits et qui renferme les aponévroses réunies des muscles-obliques et transverse; elle est plus large dans sa portion sus-ombilicale (en moyenne 2 à 3 centimètres, suivant les sujets, mais pouvant aller jusqu'à 8 et 10 centimètres, ce qui permet d'ouvrir l'abdomen sans couper les muscles droits dans l'ovariotomie) que dans sa portion sous-ombilicale, où elle consiste en un simple raphé médian séparant à peine les muscles droits. C'est dans cet espace qu'on incise les téguments dans l'ovariotomie, l'hystérotomie; on ne rencontre là, entre la peau et le péritoine, que des tissus fibreux peu épais;

 4° Les aponĂ©vroses et les muscles grands droits et pyramidaux, grands et petits obliques, et enfin le transverse qui forme la partie essentielle de la paroi abdominale. Ces muscles sont en partie charnus, en partie aponĂ©vrotiques, en avant, et sont entourĂ©s par des gaines fibreuses formant la charpente de la paroi;

5° Les muscles et les tissus fibreux ne reposent pas directement sur le péritoine, ils en sont séparés par le fascia transversalis et une couche cellulo-graisseuse, lâche et abondante dans la partie inféro-latérale; dans les parties supérieures, le feuillet séreux est plus intimement lié aux aponévroses, comme sous les muscles droits, par exemple. Au-dessous de cette couche celluleuse se trouvent le péritoine et sa cavité;

6° Les vaisseaux artériels et veineux renfermés dans l'épaisseur de la paroi abdominale antérieure : les artères sont fournies par la terminaison de la mammaire interne, s'anastomosant en bas avec l'épigastrique et latéralement avec les terminaisons des artères lombaires et intercostales. Les veines présentent la même disposition. Les lymphatiques se rendent dans les ganglions axillaires et inguinaux; les nerfs sont fournis par les intercostaux dorsaux et le plexus lombaire;

7° Le péritoine*. Son feuillet pariétal étant beaucoup moins riche en vaisseaux que le feuillet viscéral, on s'explique la moindre gravité des blessures de l'abdomen, lorsque les viscères ne sont pas atteints; il ne couvre pas partout l'abdomen, s'écarte du pubis, laissant à découvert un espace plus ou moins étendu, suivant l'état de réplétion de la vessie; c'est par cet espace, appelé cavité de Retzius, que l'on pénètre pour pratiquer la cystotomie sus-pubienne. Il présente d'arrière en avant des dépressions et des saillies linéaires importantes à connaître : au-dessus de l'ombilic, un cordon fibreux gagnant le bord antérieur du foie, c'est la veine ombilicale oblitérée; dans la région sous-ombilicale sur la ligne médiane, l'ouraque, qui gagne le sommet de la vessie; de chaque côté descendent deux autres cordons, les artères ombilicales, formant; avec l'ouraque, deux triangles, et plus en-dehors un autre cordon, l'artère épigastrique; ces diverses saillies délimitent des dépressions dénommées les fossettes inguinales interne, externe et moyenne. C'est par l'une ou l'autre de ces trois fossettes que l'intestin sort de la cavité abdominale pour former la hernie inguinale; il existe donc trois grandes variétés de hernies inguinales désignées; comme les fossettes elles-mêmes par lesquelles elles s'engagent, sous les noms suivants : hernie inguinale externe, moyenne, interne ou sous-pubienne, cette dernière constituant une espèce extrêmement rare qu'il est à peu près impossible de distinguer de la hernie moyenne ou directe.

CavitĂ© abdominale. 
Dans la région épigastrique, au-dessous du diaphragme, on trouve le lobe gauche du foie et une partie du lobe droit, l'extrémité inférieure de l'oesophage, l'estomac, le duodénum, le tronc coeliaque, l'aorte, et à droite la veine cave inférieure, le pancréas; l'hypocondre droit loge le foie, qui est solidement fixé par des replis nombreux du péritoine, tels que le ligament suspenseur, les ligaments coronaires, l'épiploon gastro-hépatique; l'hypocondre gauche renferme le grand cul-de-sac de l'estomac et la rate. Dans la région ombilicale se trouvent le grand épiploon, l'intestin grêle, et sur les côtés, dans les flancs, le côlon ascendant et descendant; ce dernier est directement en rapport en arrière et en haut avec les reins, et en bas il est séparé des muscles postérieurs de la paroi par du tissu, adipeux; le côlon transverse se trouve à la réunion des régions épigrastique et ombilicale; le côlon lombaire n'est généralement pas entouré du péritoine en arrière, disposition qui permet de l'ouvrir sans léser la séreuse pour pratiquer l'anus artificiel dans cette région, c.-à-d. la colotomie lombaire de Callisen. -
La cavité abdominale.
Cavité abdominale après l'ablation du foie, de l'estomac et de l'intestin (d'après L. Testut, Anatomie humaine). - A, oesophage. - B, rein avec son uretère D. - C, capsule surrénale. - F, vessie. - E, rectum. 1, aorte. - 10, artère iliaque. - 17, veine cave inférieure.

Vient ensuite le pancréas, placé au-devant du rachis et se rattachant à la deuxième partie du duodénum par le conduit pancréatique, appelé canal de Wirsung, qui s'ouvre dans le duodénum par un orifice commun avec le canal cholédoque; sur les parties latérales, non comprises dans le péritoine, se trouvent les reins entourés de leur tissu adipeux, assez solidement fixés par les vaisseaux qui en occupent le hile; cependant, il n'est pas très rare d'en observer le déplacement, véritable luxation, principalement chez les sujets atteints d'un amaigrissement rapide; audessus d'eux, les capsules surrénales; plus profondément, et à gauche, est l'aorte se divisant vers la cinquième vertèbre lombaire en artères iliaques primitives, enfin le grand sympathique, mêlé aux différents nerfs rachidiens, phrénique, grand et petit splanchniques; dans la région hypogastrique, nous trouvons encore l'intestin à l'état normal, et de plus l'utérus augmenté de volume; l'ovaire enkysté, la vessie distendue par l'urine, enfin les artères iliaques; à droite, le caecum et à gauche le commencement de l'S iliaque. Le péritoine réunit encore l'intestin grêle à la colonne vertébrale au moyen d'un repli solide nommé mésentère, qui, dans certains cas d'épanchement de sang ou de pus, s'oppose à la marche du liquide ou à son passage de la partie droite dans la partie gauche de l'abdomen. (Dr Wuillomenet).

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