.
-

L'histoire du commerce
Le commerce dans l'Antiquité
Mésopotamie
Egypte
Phéniciens et Carthaginois
Grèce
Rome
-
Le commerce au Moyen âge
L'Empire byzantin
Monde arabo-musulman
Italie
Nord de l'Europe
Mexique aztèque
Le commerce depuis 1500
Portugal
Espagne
Italie
France
Nord de l'Europe
Hollande / Pays-Bas
Angleterre, Allemagne

Inde, Chine, Japon, Afrique
Etats-Unis, Brésil, Russie


Le commerce international aujourd'hui
L'histoire du commerce est une partie considérable de l'histoire générale des civilisations; nulle ne serait plus curieuse à suivre dans le détail; la nature et le mécanisme des échanges à l'intérieur de chaque nation, la condition de la classe commerciale fourniraient des sujets d'étude et de comparaison du plus haut intérêt; nous devons nous borner ici à esquisser une histoire du commerce international, en donnant à l'occasion quelques renseignements sur les procédés commerciaux et l'état de la classe commerciale dans quelques sociétés et aux principales époques. Nous donnerons dans cet exposé l'indication des marchandises échangées, des routes commerciales, des grands marchés et entrepôts du commerce international. Nous suivrons autant que possible l'ordre historique, mais sans trop morceler les faits relatifs à un même groupe géographique. 

Les trois grandes civilisations méditerranéenne (depuis européenne), indienne et chinoise n'ont eu que peu de relations, même commerciales, dans les deux premières périodes, et nous serrons forcés de développer surtout l'histoire du commerce des peuples méditerranéens; dès l'Antiquité, le commerce maritime paraît le plus important, en raison du moindre prix des transports; au Moyen âge la situation générale est la même; le groupe méditerranéen s'étend, l'Europe occidentale s'est organisée politiquement et le commerce de la région atlantique devient considérable. Dans la troisième période, après la découverte de l'Amérique, il est prépondérant; les relations avec l'Inde se développent; la grande navigation, l'exploitation des colonies par l'Europe sont les faits commerciaux caractéristiques de cette période. On peut admettre que le développement des rapports avec l'Inde et l'extrême Orient, la navigation du Pacifique, établissant le commerce mondial, la marine à vapeur et les chemins de fer qui ont révolutionné toutes les conditions des transports, ont inauguré au XIXe siècle une quatrième période. 

Le commerce préhistorique

Le commerce se développe progressivement à mesure que les groupes humains se sédentarisent et que leurs besoins se diversifient. Les échanges commencent d'abord sous forme de troc, entre communautés voisines, avant de s'étendre sur de longues distances. Les objets échangés ne sont pas encore des marchandises au sens moderne, mais des biens rares, utiles ou symboliques : outils en silex, coquillages, colorants, peaux, obsidienne, sel ou parures. Ces échanges permettent de renforcer les alliances, d'assurer la survie et de diffuser les innovations techniques.

Dès le Paléolithique supérieur, certaines matières premières circulent sur des centaines de kilomètres. L'obsidienne, pierre volcanique très recherchée pour la fabrication d'outils tranchants, provient de gisements précis comme ceux d'Anatolie ou d'Italie et se retrouve jusque dans les Balkans ou le Levant. Les perles et les coquillages marins sont transportés depuis les côtes jusqu'aux régions de l'intérieur des terres, témoignant de réseaux d'échanges structurés. Ces routes commerciales ne sont pas encore tracées, mais elles suivent les grands axes naturels : vallées fluviales, plaines et littoraux.

Au Néolithique, avec la sédentarisation et l'apparition de l'agriculture, les échanges s'intensifient. Les communautés échangent leurs surplus alimentaires contre des outils, des poteries ou des matières premières absentes de leur région. Le sel, indispensable à la conservation des aliments, devient un produit stratégique et motive l'ouverture de véritables voies commerciales reliant les zones de production aux villages éloignés. Les métaux, d'abord le cuivre puis l'étain et le bronze, stimulent à leur tour le commerce à longue distance : les régions riches en minerais deviennent des pôles d'échanges majeurs.

Les routes commerciales préhistoriques relient ainsi l'Europe, le Proche-Orient, l'Afrique du Nord et l'Asie. Le long des fleuves comme le Nil, le Tigre, l'Euphrate ou le Danube, des caravanes transportent des marchandises sur de grandes distances. Les premières formes de navigation fluviale et maritime facilitent ces échanges : pirogues, radeaux ou embarcations de roseaux permettent de franchir mers et rivières. À mesure que les techniques progressent, ces routes deviennent les prémices des grandes voies commerciales de l'Antiquité.

Le commerce préhistorique favorise aussi la circulation des idées, des croyances et des savoir-faire. Les styles artistiques, les pratiques agricoles ou les techniques métallurgiques se diffusent d'un peuple à l'autre. Ces réseaux d'échanges contribuent à relier des sociétés éloignées et à créer les premiers maillons d'une économie interrégionale. 

Le commerce dans l'Antiquité

L'antique Égypte entretient des relations mercantiles avec l'Éthiopie, l'Arabie et l'Inde, et les principaux objets des échanges étaient l'or, l'ivoire, l'ébène, les parfums, les étoffes, les pierres précieuses. La Phénicie, placée dans les conditions les plus favorables pour devenir le centre du commerce, lui donne un vaste essor : ses marchands vont chercher le vin, le blé et l'huile de la Palestine, les chevaux et les aromates de l'Arabie, le lin de l'Égypte, les tapis et les étoffes brodées de la Babylonie, les esclaves de l'Asie Mineure, les mulets et les vases d'airain de la région caucasienne, les soieries de l'Inde; pourvus d'excellents ports, trouvant en abondance dans les montagnes voisines les bois de construction, ses marins sillonnent le golfe Arabique, la mer Érythrée, la Méditerranée, et visitent le littoral de l'Atlantique, peut-être même celui de la Baltique. Dans cette haute antiquité, le commerce maritime est souvent mêlé d'actes de piraterie. 

Les Phéniciens établissent de nombreux comptoirs, principalement en Sicile, en Sardaigne, sur la côte septentrionale de l'Afrique, et en Espagne : afin d'écarter la concurrence, ils enveloppent d'un grand mystère leurs relations commerciales. Lorsque Tyr, leur principale ville, est détruite par Nabuchodonosor (573 av. JC), et que la Phénicie passe de la domination des Babyloniens sous celle des Perses, la Grèce et Carthage se partagent la Méditerranée. Athènes et Corinthe sur le continent européen, Milet en Asie Mineure, Dioscurias, Pauticapée, Phanagorie et Olbia sur les bords du Pont-Euxin (Mer Noire), sont les places de commerce les plus importantes des Grecs. Il faut mentionner aussi les Lydiens, qui favorisent les progrès du négoce, s'il est vrai, comme le dit Hérodote, qu'ils ont inventé les monnaies d'or et d'argent; les Phocéens, fondateurs de Marseille; les Rhodiens, renommés pour la sagesse de leurs règlements maritimes; et les Tyrrhéniens ou Étrusques, gardiens jaloux du commerce sur les côtes de l'Italie

Carthage hérite des établissements phéniciens dans le bassin occidental de la Méditerranée. La conquête de l'Asie par Alexandre le Grand ouvre des voies nouvelles au commerce : Alexandrie, fondée près de l'une des bouches du Nil, éclipse bientôt la seconde Tyr qu'il vient de détruire, et, pendant le règne des Ptolémées en Égypte, devient l'entrepôt du commerce des Indes avec l'Europe; un canal navigable relie le Nil à la mer Rouge.

Corinthe et Carthage disparaissent en même temps sous les coups des Romains. Ce peuple ne reste pas aussi étranger qu'on le croit d'ordinaire aux entreprises commerciales. Il est vrai qu'à l'époque des Guerres puniques une loi provoquée par les tribuns défend aux sénateurs les spéculations mercantiles; mais ce n'est qu'une ruse du parti populaire pour empêcher l'aristocratie d'augmenter ses richesses. On ne tarde pas à voir les provinces de la République envahies par les citoyens qui veulent faire fructifier leurs capitaux. En Gaule, dit Cicéron, il ne se fait pas une affaire, il ne se remue pas une pièce de monnaie, sans l'intervention d'un citoyen romain. 

En Asie Mineure, le massacre de 80,000 Romains par ordre de Mithridate ne décourage pas le commerce, et bientôt le pays est couvert de nouveaux établissements, dont le crédit devient considérable. C'est, en général, les membres de l'ordre équestre qui s'engage dans le haut négoce; les citoyens d'un rang moins élevé trouvaent encore un vaste champ d'opérations dans la propriété et l'affrètement des navires, dans les transports par terre et par eau, et même dans le commerce de détail, auquel on prépose le plus souvent des esclaves. Des sociétés se forment, soit pour les opérations de banque, soit pour le fermage des impôts ou les fournitures des armées; et elles comptent dans leur sein des capitalistes assez riches pour prêter, comme Rabirius, aux rois et aux nations. Les sociétés de publicains, comme on les appelle, déclinent sous l'Empire romain, parce que la perception de l'impôt est confiée à des agents impériaux; elles conservent néanmoins jusqu'à la fin la ferme des douanes, des mines et des salines. 

Les Romains ont un grand intérêt à développer le commerce chez les peuples soumis à leur puissance, afin d'en tirer de plus grosses contributions. Auguste rétablit Carthage et Corinthe, mais ces villes ne peuvent reconquérir leur ancienne importance; les relations avec l'Inde sont, régularisées, et Pline nous apprend qu'une flotte s'y rend d'Alexandrie tous les ans; les routes sont multipliées dans toutes les parties de l'Empire. Mais les guerres des ambitieux qui se disputent la pourpre impériale, les attaques de plus en plus fréquentes des Barbares, portent de graves atteintes au commerce, qui a besoin de paix et de sécurité.

Puis la translation du siège de l'Empire romain à Constantinople fait converger les marchandises vers cette ville, au détririent de l'Italie et des autres contrées de l'Occident. 

Le commerce au Moyen Âge

Après la chute de l'Empire romain d'Occident, le commerce reste florissant dans l'Empire d'Orient (Empire byzantin). Placée au point où se touchent l'Orient et l'Occident, Constantinople était le grand entrepôt où affluaient les marchandises de l'Asie, de l'Afrique, de l'Italie, de l'Espagne, de l'Allemagne et de la Russie. Par la Syrie et par la mer Rouge, l'Empire était en relations commerciales avec l'Extrême Orient. Par la mer Noire et la Caspienne, il tirait de l'Asie centrale les épices, les aromates, les pierres précieuses. Vers le nord, des routes commerciales conduisaient jusque chez les Scandinaves et les Russes. Les marchands byzantins allaient en Afrique, en Italie, en Gaule. Et ce n'était pas seulement Constantinople qui était le centre de ce commerce; Thessalonique avait des foires célèbres : Patras, Corfou, etc., étaient des ports fréquentés. Aussi, malgré les mesures restrictives d'une politique économique assez maladroite, les produits du commerce fournissaient à l'Empire des
ressources financières énormes. Toutefois, à partir du XIe siècle, et surtout avec les Croisades, la décadence devait commencer pour le commerce byzantin; les grandes villes d'Italie, Venise, Gênes, Pise, obtinrent alors dans l'Empire d'importants privilèges et ruinèrent bientôt par leur concurrence la marine de commerce de l'Empire byzantin et les industries qui l'alimentaient.

Plusieurs siècles s'écoulèrent, durant lesquels le commerce fut presque anéanti : pendant les invasions germaniques, au milieu du désordre et de la confusion, il n'y avait aucune place pour les transactions de quelque étendue. Cependant, quand Charlemagne ouvrit à Aix-la-Chapelle une foire annuelle, on y vit accourir des marchands de Saxe, de Slavonie, d'Italie, d'Espagne, d'Égypte et de Syrie. Mais une nuit nouvelle suivit le règne du grand empereur. 

Dans les temps féodaux, le peu de sûreté des biens meubles et la difficulté de les accumuler, la rareté des capitaux, l'ignorance des besoins mutuels, le risque d'être, volé dans le transport des marchandises, la certitude d'être soumis par les seigneurs à toutes sortes d'extorsions, les droits qu'il fallait payer sur les routes et les ponts, la diversité des monnaies et le change qu'on exigeait dans chaque seigneurie, la fabrication des objets de première nécessité dans la demeure même des riches à défaut de grandes manufactures, étaient autant d'obstacles qui entravaient le commerce. 

Le monde musulman présentait un contraste frappant avec la société chrétienne : car Bagdad, Bassorah, Le Caire, étaient le centre d'un commerce très animé, auquel participaient l'Afrique, la Sicile et l'Espagne, et, dans tout l'Orient, Constantinople était à peu près la seule ville chrétienne qui eût conservé de grandes relations commerciales : on y apportait les produits de l'Inde par l'intérieur de l'Asie et par la mer Noire. Les relations de l'Europe avec l'Inde par le Nil et la mer Rouge étaient interrompues depuis l'occupation de l'Egypte par les Arabes; le commerce des caravanes par Tripoli, Alep, Bagdad et le golfe Persique, y suppléait.

A partir du Xe siècle, plusieurs villes maritimes de l'Italie profitèrent de leur situation entre l'Orient et l'Occident pour s'élever à un haut degré de prospérité commerciale. Amalfi brilla d'un certain éclat jusqu'au moment où elle fut soumise aux rois de Sicile. Pise et Gênes eurent des comptoirs sur les côtes de la Syrie, de l'Égypte, de la mer Noire et de la mer d'Azov. Venise, à qui étaient réservées des destinées plus brillantes encore, devint le marché principal des peuples occidentaux : les navires de la République et ceux des particuliers servirent simultanément aux relations avec le Levant, et les marchandises qu'ils rapportaient étaient ensuite distribuées sur les côtes d'Afrique, du Portugal, d'Espagne, de France, de Flandre et d'Angleterre. La période des Croisades fut l'âge le plus brillant des républiques italiennes, avec lesquelles Marseille et les Catalans participèrent aux bénéfices du commerce, en Occident. Les Vénitiens se montraient peu scrupuleux sur les moyens d'étendre leurs affaires : avec une hardiesse que ne comportait guère. L'esprit de leur temps, ils signaient, avec les soudans d'Egypte, des traités sous la double invocation des deux religions, faisaient le commerce des esclaves, et vendaient aux musulmans des armes et autres munitions de guerre. Vainement, au commencement du XIVe siècle, le pape Clément V les menaça d'excommunication, s'ils continuaient d'entretenir des relations avec les Musulmans, et prétendit les frapper d'amendes égales à la valeur des marchandises négociées; ils n'en tinrent aucun compte. 

Ce fut encore de l'Italie, particulièrement de la Toscane et du Milanais, que sortirent ces marchands connus au Moyen âge sous le nom de Lombards, qui s'établissaient dans les principales villes de France, des Pays-Bas et d'Angleterre, et qui non seulement se faisaient les distributeurs des produits de l'industrie, mais encore se livraient au commerce d'argent, prêtaient aux souverains, aux nobles, aux couvents, et centralisaient tout le crédit des États occidentaux. Les haines publiques, les violences des gouvernements et des peuples, dont ils étaient autant les victimes que les Juifs, ne les rebutèrent pas, et, quand on les avait chassés, l'espoir du gain leur faisait acheter d'autres concessions de privilèges, et ils revenaient braver toujours la banqueroute et les mauvais traitements. Les bénéfices commerciaux étaient énormes, et les prêts usuraires; mais c'est que les chances étaient mauvaises, puisqu'on était exposé alors aux brusques changements dans les valeurs monétaires, aux périls des communications, aux exils, aux rapines et confiscations de toute espèce. A un jeu où il y avait tant à perdre, il fallait qu'il y eût beaucoup à gagner. On doit, d'ailleurs, aux Lombards les grands principes du crédit commercial, l'intelligence des opérations de banque, et les notions du change sur les différents marchés.

Depuis le milieu du XIIIe siècle jusqu'à la fin du XVe, le commerce de l'Europe centrale et septentrionale a été le monopole d'une association allemande, connue sous le nom de Hanse teutonique ou Ligue hanséatique. Dans le même intervalle, les foires se sont multipliées chez toutes les nations d'Europe : les franchises et privilèges qui y étaient attachés, les trêves marchandes, sauvegardes accordées à ceux qui les fréquentaient, firent de ces réunions le renvous général du commerce. Alors aussi l'on eut l'idée
la lettre de change, de la commandite, des banques de dépôt, des consulats, des tribunaux de commerce, etc., tous moyens qui rendirent les transactions commerciales plus faciles et plus sûres.

Le commerce depuis 1500

Temps modernes.
A la fin du XVe siècle, l'application de la boussole et de l'astrolabe à la navigation, la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, celle de la route des Indes en doublant le cap de Bonne-Espérance, enfin l'heureuse création des assurances maritimes, amènent une révolution complète dans le système commercial. La navigation de long cours est créée; les marchandises de l'Orient n'arrivent plus aux ports de Syrie, d'Asie Mineure et d'Égypte, mais sont transportées par l'Océan indien et par l'Atlantique; Venise, qui a survécu aux autres républiques maritimes de l'Italie, voit lui échapper son commerce, déjà fort compromis par les progrès des Ottomans vers l'Occident; le centre du commerce général se déplace, et des ports de la Méditerranée la puissance maritime échoit à ceux de l'Atlantique, plus rapprochés des routes et des régions nouvellement découvertes. Dans cette nouvelle phase de l'histoire du commerce, les peuples de l'Europe occidentale se disputent le monopole du négoce dans l'Inde et les profits de la colonisation en Amérique. Au XVIe siècle, les Portugais, malgré la coalition de Venise, de l'Égypte et de la Perse, malgré la résistance des Arabes qui trafiquent chez les Hindous, sont restés maîtres du commerce avec ce peuple. La soumission de leur pays à l'Espagne pendant 60 ans (1580-1640) leur fait perdre cette prépondérance, dont les Hollandais s'emparent . Ceux-ci accaparent tous les transports : sur 25,000 navires environ qui font le commerce de l'Europe, ils en possédent 15 à 16,000. Ils ont à soutenir momentanément la concurrence de la France, lorsque, sous Louis XIV, Colbert encourage et soutient plusieurs Compagnies de commerce. Mais Hollandais et Français sont supplantés au XVIIIe siècle par la Compagnie anglaise des Indes orientales. 

Quant à l'Amérique, les Espagnols y établissent les premiers leur domination; mais ils n'en usent que pour développer outre mesure leur puissance monétaire, et, insoucieux de l'agriculture et de l'industrie, sources d'alimentation indispensables au commerce, préparent eux-mêmes la ruine de leurs colonies. Au XVIIe siècle, la France fait des essais de colonisation en Amérique, mais sur une petite échelle et sans persévérance. L'Angleterre, au contraire, établit, dans la partie septentrionale de ce continent et dans les îles de la mer des Antilles, un vaste réseau de colonies qui exigent la création d'une formidable marine. Bien que les États-Unis lui aient échappé à la fin du XVIIIe siècle, elle conserve à son industrie toujours croissante assez de débouchés sur tous les points du globe, pour qu'aucun Etat, à l'exception des Etats-Unis, soit, encore dans les premières décennies du XXe s. en mesure de lui contester sa supériorité commerciale et maritime. C'est elle qui profite le plus des explorations faites au XVIIIe siècle et au XIXe au milieu des archipels de l'Océanie, et des négociations qui commencent à ouvrir aux Européens les ports de la Chine et du Japon. Au XIXe s., une institution fort importante pour le commerce en Allemagne est la formation du Zollverein ou union douanière entre un certain nombre d'États que séparaient auparavant une foule de lignes de douanes.

Pendant les siècles qui se sont écoulés depuis la découverte de l'Amérique jusqu'à l'aube de la Première Guerre mondiale, une foule de circonstances se sont réunies pour donner une prodigieuse extension au commerce général. Nous signalerons principalement l'amélioration et la multiplication des routes et des canaux dans les divers États, l'application de la vapeur à la navigation, l'établissement des chemins de fer, l'abaissement progressif des barrières qui s'élevaient jadis entre les peuples et même entre les provinces d'un même pays, les progrès de l'industrie manufacturière à qui les débouchés extérieurs sont devenus indispensables, l'ouverture de marchés dans des pays jusque-là inexplorés, le développement des connaissances géographiques, l'augmentation très sensible du nombre des objets qui sont entrés dans la consommation et ont fait la matière des échanges, le mécanisme ingénieux des banques d'escompte et de circulation, l'uniformité déjà grande, mais encore incomplète, des poids et mesures et des monnaies, les idées d'association commerciale et de libre-échange, l'invention de la télégraphie électrique, l'application méthodique des données de la science à la fabrication des produits que les marchands ont mission de distribuer. (A19).

Le commerce mondial depuis 1918.
Après la Première Guerre mondiale, l'économie mondiale est en reconstruction. Cependant, les années 1920 ovoient une brève période de prospérité économique  avec les "Années folles" qui se terminent par le krach boursier de 1929, qui conduit à la Grande Dépression. Le commerce mondial chute drastiquement en raison de la baisse de la demande et de la mise en place de politiques protectionnistes, telles que les tarifs douaniers élevés instaurés par le Smoot-Hawley Tariff Act aux États-Unis. De nombreux pays adoptent des politiques protectionnistes pour protéger leurs industries nationales, ce qui exacerbe la crise économique mondiale.

Après la Seconde Guerre mondiale, les puissances alliées cherchent à établir un nouvel ordre économique international pour éviter les erreurs du passé. Les accords de Bretton Woods (1944) établissent un système de taux de change fixes, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale pour stabiliser l'économie mondiale et promouvoir la reconstruction. En 1947, le General Agreement on Tariffs and Trade (GATT, Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce)  est créé pour réduire les barrières commerciales et promouvoir le libre-échange. Il jouera un rôle clé dans la réduction des droits de douane et le renforcement du commerce mondial.

Le système de Bretton Woods a pris fin en 1971 lorsque les États-Unis ont abandonné la convertibilité du dollar en or, ce qui a conduit à un régime de taux de change flottants. Les années 1970 et 1980 voient une expansion rapide du commerce mondial, avec la libéralisation des échanges et la baisse des barrières tarifaires. L'Organisation mondiale du commerce (OMC) succède au GATT en 1995, renforçant les règles du commerce international.

Les progrès technologiques, en particulier dans les domaines du transport et des communications, facilitent le commerce mondial. La révolution numérique et l'Internet transforment les chaînes d'approvisionnement et les pratiques commerciales. De nombreux accords commerciaux régionaux sont signés, tels que l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) en 1994 et l'Union européenne, e qui facilite le commerce intra-régional. La montée en puissance des économies en développement, notamment en Asie (Chine, Inde), change aussi considérablement  la dynamique du commerce international. La Chine, en particulier, devient un acteur majeur après son adhésion à l'OMC en 2001.

Depuis, le commerce mondial a continué de croître, mais il a dû faire face à de nouveaux défis. La crise financière mondiale entraîne une récession économique, impactant fortement le commerce international. Les échanges mondiaux diminuent temporairement avant de reprendre. Depuis les années 2010, on observe par ailleurs une résurgence du protectionnisme et des tensions commerciales, notamment entre les États-Unis et la Chine. Ces tensions ont conduit à des guerres commerciales et à l'imposition de tarifs douaniers. Enfin, la pandémie de covid-19 a perturbé les chaînes d'approvisionnement mondiales et a conduit à une récession mondiale en 2020. Les confinements et les restrictions ont affecté le commerce international, bien que certains secteurs comme le commerce électronique aient prospéré.

.


[Histoire culturelle][Biographies][Sociétés et cultures]
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2012 - 20254. - Reproduction interdite.