| Milet (Milhtos) est une célèbre cité ionienne, qui s'élevait vis-à-vis de l'embouchure du Méandre, sur la rive Sud du golfe Latmique; aujourd'hui comblé par les alluvions. Elle se serait primitivement et successivement appelée Lelegis, Pityusa, Anachoria; mais, selon un mythe grec, Milet, fils d'Apollon, étant venu s'y fixer avec, une colonie de Crétois, elle prit et garda finalement son nom. Plus tard, vers le milieu du XIe siècle, des Ioniens s'y établirent à leur tour (Les Colonies grecques) et, sons l'impulsion de ces habiles trafiquants, secondés par sa situation admirable, elle devint rapidement, en même temps que la cité prépondérante de la confédération ionienne, la première puissance commerciale du monde après Tyr et Carthage. Au VIe siècle, le bassin méridional de la Méditerranée et les deux rives du Pont-Euxin étaient couverts de ses colonies qui se rencontraient jusque dans la mer d'Azov, et elle possédait une flotte de guerre de plus de 100 vaisseaux, avec laquelle elle soutint contre les rois de Lydie une série de guerres ruineuses. Crésus s'en empara, puis Cyrus, lorsqu'il eut vaincu le premier (548). Elle conserva, sous la domination perse, son ancienne prospérité; mais, au commencement du Ve siècle, son gouverneur, Aristagoras, ayant soulevé l'Ionie contre Darius et provoqué ainsi les guerres médiques, elle fut, après la défaite navale de Ladé, prise d'assaut et rasée (494). Reconstruite par ses habitants, dévastée de nouveau par Alexandre le Grand, qui l'incorpora à son empire, et tombée ensuite, avec toute l'Asie Mineure, au pouvoir des Romains, elle a été, au Moyen âge, à peu près complètement détruite par les Turcs ou les Mongols. - Base des colonnes du temple d'Apollon de Milet (2,65 m de diam.). (Musée du Louvre). Milet, qui exportait, entre autres produits, des laines et des pourpres très renommées, avait quatre ports, protégés par un groupe d'îles, dont la principale était Ladé. La ville se composait de deux parties, l'une sur le continent, l'autre dans une presqu'île, toutes deux reliées par un isthme qui portait une forteresse. Elle possédait de somptueux édifices : un théâtre, le plus grand de l'Anatolie, tout de pierre et à revêtement de marbre, un temple de Cérès, un temple de Vénus, une superbe nécropole, etc.; un peu au Sud (Didyme) s'élevait le célèbre Didymoeon ou temple d'Apollon Didyméen, qui était, avec son grand oracle des Branchides, le sanctuaire le plus riche et le plus vénéré de toute l'Asie Mineure; il ne comptait pas moins de cent vingt colonnes, dont dix en façade, aux bases toutes différemment sculptées. Un simple village, Paladja (le palais), marque aujourd'hui l'emplacement de la fastueuse Milet. Il est situé, par suite du progrès des alluvions, sur la rive gauche du Méandre. Rayet et Thomas, à la fin du XIXe siècle, y ont dirigé des fouilles, qui ont mis au jour d'importants vestiges. Le plan du Didymoeon et celui du théâtre ont même pu être reconstitués. - Lion de Milet trouvé dans la nécropole de celle ville, lors des fouilles faites par O. Rayet et A. Thomas. Milet a vu naître plusieurs personnages célèbres : Thalès, l'un des sept sages, Anaximandre, Anaximène, Hécaté, Cadmus, Aspasie, la fameuse courtisane, Eschine, Aristide le conteur, Timothée, etc. (L. S.). | |