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Les Etrusques
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La religion étrusque
L'art étrusque
Les Etrusques étaient un peuple dont le noyau principal habitait une contrée de l'ancienne Italie appelée Etrurie, et située entre la Macra, qui la séparait des Ligures au Nord, la mer Tyrrhénienne ou Inférieure à l'Ouest, et Ie Tibre, qui la séparait, du Latium au Sud, et de l'Ombrie et de la Sabine à l'Est. A l'exception de quelques inscriptions, il ne reste aucun texte du peuple qui a donné son nom à ce pays, et dont l'origine est encore enveloppée d'obscurité. 

Hérodote, Strabon, Plutarque et Tacite font venir les Etrusque de Lydie. Denys d'Halicarnasse soutenait que les Etrusques étaient un peuple italique aborigène. Il semble que les Ombriens, les plus anciens habitants du pays, en furent en partie dépossédés par une colonie de Tyrrhéniens venus par mer de Lydie, sous la conduite de Tyrrhénus, frère de Lydus, dit Tacite, et qui, subjugués à leur tour par des conquérants germaniques, arrivés, semble-t-il, de la Rhétie, et appelés Rasènes (Rasena), se fondirent avec eux, et formèrent le peuple nommé par les Romains Etruscii ou Tusci, et par les Grecs Tyrrhéniens. Tarquinies, Tarquinii, fut, environ trois siècles avant la fondation de Rome, le point central de l'établissement des Etrusques. C'est de là que leur confédération s'étendit, sans qu'on sache avec certitude quelles étaient les douze villes, ou lucumonies, dont elle se composait. On donne habituellement les noms de Caere, Tarquinies, Veiés, Vulsinies, Cortone, Vétulonies, Clusium, Perusia, Ruselles, Arretium, Volaterres. Populonie. Plus tard, la confédération étrusque eut pour villes principales Florence, Pise, Lucques. Une confédération semblables à celle de l'Italie centrale s'était déjà établie sur les bords du Pô (Padus) au Nord (avec les cités de Brixia, Vérone, Mantoue, Felsine ou Bononia, Melpum, Hadria, etc.), et en Campanie au Sud. Une troisième fut fondée en Campanie huit siècles av. J. C., Vulturnum (Capoue), Nola, Nuceria, et, au témoignage de Strabon, Pompéi et Herculanum

Les 3 ligues, bien qu'indépendantes, étaient unies par un lien fédéral. Vulsinies était le chef-lieu général de la confédération : c'est là que se tenaient les assemblées générales. Les trois confédérations avaient longtemps fleuri, celle du Nord par l'agriculture, celles du centre et du sud par le commerce maritime. L'opulence et la corruption qui en est inséparable, allaient préparer leur chute. 
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Carte du territoire étrusque.
Aire du territoire étrusque.

Les Etrusques envoyèrent aussi des colonies en Sardaigne et en Corse, et Tite-Live a pu dire qu'ils ont occupé toute l'Italie. Le lien religieux et politique qui unissait entre elles les villes des confédérations étrusques laissait à chacune son indépendance particulière. Une constitution aristocratique succéda chez les Etrusques à la royauté héréditaire, puis élective. Dans toute leur organisation sociale dominait une aristocratie sacerdotale et nobiliaire; les membres de cette aristocratie, appelés lucumons, étaient les premiers magistrats des villes, les dépositaires de la science et les interprètes des livres sacrés de Tagès, contenant la doctrine des Aruspices et des livres achérontiens (acheruntii) qui enseignaient à apaiser les dieux. La divination jouait un très grand rôle dans la religion étrusque, qui était plus grave que celle des Grecs, et Arnobe appelle l'Etrurie la mère de la superstition. Leurs dieux étaient divisés en deux ordres, celui des dieux supérieurs et voilés, et celui des douze divinités, dont six dieux et six déesses, appelées Consentes. C'est des Etrusques que les Romains empruntèrent les noms de leurs dieux et presque toute leur religion, surtout les cérémonies du culte. Leur héllénisation et leur assimilation de la mythologie grecque vint plus tard. Les Romains ont également fait des emprunts considérables aux institutions civiles et militaires des Etrusques. 

Le peuple étrusque est un des plus singuliers de l'Antiquité. Les Etrusques pratiquaient l'agriculture, l'industrie et le commerce, et cultivaient la poésie, la musique, les lettres, les sciences et les arts.  Ils ont construit à Rome le grand égout, Cloaca maxima, et le temple de Jupiter Capitolin. L'architecture romaine leur doit la cour des habitations appelée atrium; elle leur a vraisemblablement emprunté les modèles de ses cirques et de ses théâtres, et elle tient d'eux la grandeur qui la caractérise. 

La richesse de leur sculpture, dont la Louve du Capitole montre l'habileté à représenter les animaux, est attestée par Pline. Les sépultures étaient très soignées, et l'on a retrouvé dans les tombeaux des Étrusques nombre d'antiquités précieuses, qui prouvent que chez eux l'industrie était portée très loin, surtout pour l'art de la poterie, du vernis, de la teinture : on estime particulièrement les vases étrusques, le plus souvent rouges et ornés de peintures noires. Les constructions de ce peuple, solides et colossales, ont donné naissance à l'ordre toscan, qui a pour caractère des pilastres carrés un peu lourds. On a beaucoup d'inscriptions en langue étrusque. 

Les Etrusques ont aussi connu la gravure des pierres et l'usage des monnaies. La lucumonie de Tarquinies donna deux rois à Rome (Tarquin l'Ancien, et Tarquin Le Superbe), et même, le lars (ou roi) de Clusium, Porsenna, conquit Rome un instant, 507 av. J.-C. Une autre des cités étrusques, Véies, la mit à deux doigts de sa perte, 485-477; mais enfin Rome prit le dessus, conquit Véies, 395, assujettit Faléries. Tarquinies, Caere, 385-352, et soutint trois grandes guerres contre les Étrusques unis aux Samnites ou aux Gaulois, 313-304, 302-299, 296-283 : après avoir subi de sanglantes défaites à Sutrium, à Pérouse, au lac Vadimon, l'Etrurie fut contrainte à subir le joug. 

De 587 à 521 les invasions gauloises brisèrent la confédération du nord (Haute-Italie) et ne laissèrent indépendantes que quelques cités des Rasena. A partir de 424 les Samnites rompirent de même la confédération du Sud (Campanie) en prenant Vulturne (Capoue). La ligue du centre fut celle qui résista le plus longtemps.La lutte des Etrusques contre les Romains, dans laquelle ils perdirent Véies en 395, après un siège mémorable, se termina par leur soumission, en 283.

L'empereur Claude avait écrit une Histoire d'Étrurie, dont on regrette la perte. On doit à Ottfried Muller (1828) et à Lepsius (1842), d'intéressants travaux sur les Étrusques. 



Jean-Paul Thuillier, Les Etrusques, Le Chêne, 2006.- Première civilisation née sur le sol de l'Italie, entre Tibre et Arno, entre Apennins et mer Tyrrhénienne, les Etrusques ont connu leur période de gloire aux VIème et VIIème siècles avant notre ère. A travers une iconographie d'une grande richesse, le meilleur spécialiste de cette civilisation, Jean-Paul Thuillier, nous entraîne dans une passionnante exploration de la riche histoire de ce peuple qui fut aux origines de Rome.  (couv.).
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