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Préhistoire
et protohistoire du Portugal.
Paléolithique
et mésolithique.
Les premiers habitants
du Portugal étaient, au Paléolithique, des chasseurs-cueilleurs.
Des outils en pierre et des peintures rupestres, comme celles de la vallée
de Côa, témoignent de leur présence.
Au Mésolithique
(8000 - 5000 av. JC) des changements dans les modes de vie ont lieu, avec
une adaptation aux nouveaux environnements post-glaciaires. Les communautés
mésolithiques se concentrent près des côtes et des
rivières, exploitant les ressources marines.
Néolithique.
L'introduction de
l'agriculture et de l'élevage a encore davantage transformé
les modes de vie des populations locales. Les habitats néolithiques
vivaient dans des villages permanents et utilisaient de la poterie.
Le Portugal est riche
en monuments mégalithiques. Le Cromlech des Almendres près
d'Évora est un exemple notable de cette architecture.
Âge
du bronze.
L'âge de bronze
(3000 - 1000 av. JC) est caractérisé par l'utilisation du
bronze pour les outils et les armes. Les échanges commerciaux augmentent,
notamment avec les cultures méditerranéennes. Des villages
fortifiés apparaissent à cette époque, comme le Castro
de Zambujal, suggérant des conflits intercommunautaires et une organisation
sociale plus complexe.
Âge
du fer .
Aux alentours de
800 av. JC, les Celtes s'installent dans
la région, contribuant à la culture castreja. Ils
construisent des castros (villages fortifiés) et introduisent
des techniques métallurgiques avancées.
Les Lusitaniens étaient
un peuple autochtone important qui résidait dans ce qui est aujourd'hui
le Portugal central et la région de l'Estrémadure en Espagne.
Ils sont connus pour leur résistance acharnée contre les
envahisseurs romains.
Les Phéniciens,
et plus tard les Carthaginois, ont établi des comptoirs commerciaux
le long de la côte portugaise, introduisant des biens et des influences
culturelles méditerranéennes.
De l'arrivée
des Romains à la fondation du royaume du Portugal.
Dans l'Antiquité ,
la région actuellement appelée Portugal était composée
en partie par la Lusitanie
des Romains ,
avait eu des relations de commerce avec les Phéniciens, les Grecs
et les Carthaginois
avant de subir la domination romaine, en 140 av. J.- C. Les habitants,
d'origine celtique (Celtici, Lusitani, Gallaeci), opposèrent aux
Romains une longue résistance, illustrée par l'héroïsme
de Viriathe. Pendant cinq siècles et demi, la Lusitanie fit partie
de l'empire romain. En 409, elle fut occupée par les Alains,
et plus tard par les Suèves. Ces
derniers y fondèrent, dans la Galice, un royaume qui fut détruit
par les Wisigoths (467-585). Conquis
en 712 par les Arabes, qui rattachèrent le pays à l'empire
des Califes, il allait leur être enlevé
peu à peu par les souverains de Léon et de Castille .
Les rois chrétiens des Asturies ,
qui avaient poussé leurs conquêtes au sud des montagnes, commencèrent
par chasser les Maures de la Galice et occupèrent Lisbonne
en 953. Puis Henri de Bourgogne ,
petit-fils de Robert Ier, duc de Bourgogne,
fut fait, en 1094 ou 1095, en récompense de ses services contre
les Arabes, comte du pays situé entre les embouchures du Douro (Duero)
et du Minho par Alphonse VI, roi de
Léon et de Castille, qui lui donna en mariage Térèsa,
sa fille naturelle. Il fixa sa résidence à Porto (Portus
Cale), d'où le pays prit le nom de Portugal, au témoignage
de Camoens, Lusiades ,
cant. VI
... Real
cidade dondeteve
Origem (como he
lama) o nome eterno
De Portugal.
Alphonse
Henriquez, fils de Henri de Bourgogne, succéda à son
père sous la tutelle de sa mère en 1112, comme comte de Portugal.
Il remporta, en 1139, sur les Maures, une grande victoire, et fut proclamé
roi par ses soldats sur le champ de bataille. Les cortès de la nation,
assemblées à Lamego en 1143, confirmèrent cette élection,
qui fut sanctionnée par le pape. Le Portugal forma dès lors
un royaume indépendant, auquel Alphonse
III donna, par la conquête des Algarves sur les musulmans, l'étendue
qu'il a conservée. Le roi Denys créa la marine portugaise.
La mort du roi Ferdinand, en 1383, fut suivie de grands troubles pour la
succession à la couronne, à laquelle prétendaient
Jean Ier, roi de Castille ,
mari de Béatrix, fille de Ferdinand et de Léonore Tellez,
Jean, fils du roi Pierre Ier et d'Inez
de Castro, et dom Jean, fils naturel de Pierre Ier,
et grand maître de l'ordre d'Avis .
Ce dernier fut élu par les cortès assemblées à
Coimbra
en 1383, et gagna contre le roi de Castille la bataille d'Aljubarrota ,
qui lui assura le trône.
Expansion coloniale
et déclin.
Jean Ier
fit la conquête de Ceuta
en Afrique ,
et les Portugais, sous son règne, ouvrirent aux nations de l'Europe
la carrière des découvertes maritimes. Les navigateurs portugais,
sous la savante et habile direction de l'infant dom
Henri, découvrirent Madère
en 1420, doublèrent les premiers le cap Bojador en 1434. explorèrent
toute la côte occidentale d'Afrique ( La
découverte de l'Afrique ),
et y fondèrent des établissements. Alphonse
V reçut le titre d'Africain par ses conquêtes en Afrique,
où il s'empara de Tanger en 1471. Sous l'énergique Jean Il.
Bartolomeo
Diaz s'avança jusqu'au cap de Bonne-Espérance, que Vasco
da Gama franchit en 1497, lorsqu'il fraya à la navigation européenne,
sous le règne d'Emmanuel le Fortuné,
une nouvelle route maritime vers l'Inde .
Pendant ce même règne, qui est l'époque la plus brillante
de l'histoire du Portugal, Albuquerque donna
Goa pour capitale à I'empire portugais qu'il fonda en Inde,
et Alvarès Cabral découvrit le Brésil
en 1500 ( La découverte de
l'Amérique ).
Le Portugal était alors la puissante nation maritime dont Camoens
a immortalisé la grandeur dans les chants patriotiques de son épopée
des Lusiades .
( Les Grandes découvertes ).
-
La
Tour de Belem, construite près de Lisbonne au dévut du XVIe
siècle pour célébrer
les
voyages de découverte de Vasco de Gama. Source
: The World factbook.
De la malheureuse
issue de l'expédition du roi Sébastien au Maroc ,
en 1578, date la décadence du Portugal. Ce jeune prince tomba victime
de son ardeur chevaleresque sur le champ de bataille d'Alcaçar-Quivir,
et eut pour successeur son grand-oncle, le cardinal
Henri. Après la mort de ce vieillard, en 1580, plusieurs prétendants
firent valoir leurs droits au trône du Portugal. Antoine, fils naturel
de l'infant dom Louis, deuxième fils du roi Emmanuel,
se fit proclamer roi à Lisbonne;
mais Philippe Il, roi
d'Espagne ,
réclama la couronne, comme fils d'Elisabeth, fille aînée
d'Emmanuel, et fit marcher le duc d'Albe contre
Antoine, qui fut défait à Alcantara. Antoine tenta vainement,
dans deux expéditions organisées, la première par
la France, et la seconde par l'Angleterre, de rentrer par mer au Portugal,
et mourut à Paris en 1595. Philippe
II, maître du Portugal, en 1580, s'en fit reconnaître roi par
les cortès, à Thomar, en 1581.
Nouveaux départs.
Devenu une province
de l'Espagne
sous Philippe II, Philippe
III et Philippe IV, le Portugal
fut dépouillé de ses colonies par les Hollandais, et perdit
sa puissance maritime. Les rigueurs du comte de Olivarez,
ministre de Philippe IV, provoquèrent l'explosion du mécontentement
national. Un soulèvement, habilement dirigé par un gentilhomme
portugais, Pinto Ribeiro, renversa la domination espagnole, et Jean, duc
de Bragance, dont la maison descendait d'Alphonse,
fils naturel de Jean Ier, fut proclamé
roi du Portugal en 1640. Un traité mit fin, en 1668, à la
guerre qui durait depuis 26 ans entre l'Espagne et le Portugal, et assura
l'indépendance de la couronne portugaise. Le Brésil fut restitué
au Portugal par un autre traité conclu avec les Hollandais en 1669.
Mais un traité, négocié en 1703 par John Methuen,
ambassadeur d'Angleterre, livra le commerce portugais aux Anglais ( Le
Portugal au XVIIIe siècle ).
Plongé dans les voluptés, le roi Joseph abandonna pendant
27 ans le gouvernement du royaume à son ministre Pombal,
promoteur d'une politique énergique et éclairée, mais
qui se heurta au clergé (notamment avec l'expulsion des jésuites
en 1759) et à la noblesse. Jean VI, qui succéda à
sa mère, Marie lre, en 1810, gouvernait
le royaume comme régent, à cause de la maladie mentale de
cette princesse, lorsque Napoléon Ier
lui enjoignit, en 1807, de rompre toutes les relations du Portugal avec
l'Angleterre .
Une flotte anglaise bloquait en même temps le port de Lisbonne.
Jean établit une régence pour administrer le pays, et se
réfugia au Brésil avec sa famille.
Les Portugais, avec
le secours d'une armée anglaise, forcèrent les Français
en 1808 à évacuer le Portugal, qu'ils avaient envahi. Le
pays resta entièrement livré à l'influence anglaise.
La révolution qui éclata en Espagne
en 1820 fut imitée par le Portugal, et lorsque Jean VI y revint,
en 1821, il fut obligé d'accepter la constitution que les cortès
venaient de voter. Mais il l'abolit en 1824. Il fut contraint, en 1825,
de reconnaître l'indépendance du Brésil, qui s'était
constitué en empire en 1822. Dom Pedro, fils aîné de
Jean VI et devenu son successeur en 1826, donna une charte, carta de
ley, au Portugal et abdiqua en faveur de sa fille, doña Maria.
II nomma son frère dom Miguel régent du royaume et le fiança
à sa fille. Mais ce prince abolit, en 1828, la charte donnée
par son frère, et assembla les anciennes cortès, qui le proclamèrent
roi légitime, à l'exclusion de sa nièce.
Dom Pedro, forcé
par une révolution de quitter le Brésil, revint au Portugal
en 1832, s'empara de Porto, entra à Lisbonne
en 1855, et, soutenu par la politique anglaise, replaça sa fille
sur le trône, d'où il renversa dom Miguel. Mais le parti des
innovations révolutionnaires, sur lequel s'était appuyé
dom Pedro pour atteindre son but, imposa une nouvelle constitution à
doña Maria en septembre 1838, à la place de la charte de
1826. Cette charte fut rétablit en 1842. Elle a été
révisée par les cortès en 1852.
De 1850 à
la fin de la monarchie.
A la mort de doña
Maria (1853), le trône passait à Pierre (Pedro) V, après
une libérale régence du prince Ferdinand de Saxe-Cobourg,
puis à Louis Ier (1861), auquel
a succédé enfin Carlos Ier.
Pendant ces trois derniers règnes, le Portugal n'a cessé
de poursuivre, à l'intérieur, une série de prudentes
réformes économiques : établissement d'un cadastre,
abolition de l'esclavage dans les
colonies, vente des biens du clergé, élargissement de liberté
de la presse, acquisition de la totalité de la presqu'île
de Macao, achèvement du réseau des chemins de fer,
etc., enfin et surtout l'amélioration des services et du régime
financier.
Premières
difficultés coloniales.
Dès son avènement,
en 1889, le roi Carlos Ier se trouva aux
prises, en Afrique ,
avec les prétentions de l'Angleterre .
Le Portugal rêvait de relier ses possessions africaines de l'Ouest
à celles de l'Est, Angola
à Mozambique ,
mais l'Angleterre, qui projetait de créer entre l'Égypte et
le Cap une série de stations, n'entendait pas voir sa route coupée
et elle réclama tout le pays des Makololos, où opérait
alors le major portugais Serpa Pinto. Le 11 janvier
1890, le gouvernement anglais adressa un ultimatum au gouvernement portugais,
le sommant d'évacuer le territoire en litige. Le ministère
dut plier devant la force, mais des troubles éclatèrent et
le président du conseil, Luciano de Castro, dut se retirer.
Son successeur, Serpa
Pimentel, chef des conservateurs libéraux, proposa à lord
Salisbury de recourir à un arbitrage, mais celui-ci refusa.
Une convention du 20 août 1890, qui reproduisait, à peu de
chose près, les contenues dans l'ultimatum du 11 janvier, ne fut
pas ratifié par les chambres portugaises; elle amena en outre la
chute du ministère. Le général de Abreu de Souza,
qui devint président du conseil, en octobre 1890, poursuivit les
négociations qui aboutirent au traité du 11 juin 1891. Les
possessions du Portugal se trouvaient coupées, mais une partie du
territoire contesté fut laissé au Portugal, et en même
temps la navigation du Zambèze et du Chiré était proclamés
libre.
Le traité
approuvé, le gouvernement eut à songer aux difficultés
financières, qui devenaient de plus en plus pressantes. Le général
de Souza, désespérant d'en venir à bout, se retira
et fit place à un cabinet Dias Ferreira. Mais les économies
ne suffirent pas et un décret du 13 juin 1892 réduisit d'office
à un tiers l'intérêt de la dette extérieure.
C'était une faillite véritable. Les gouvernements étrangers
protestèrent au nom de leurs nationaux. L'établissement du
monopole de l'alcool au profit d'un syndicat de personnalités puissantes
détermina une crise : le roi ayant refusé la dissolution
des Cortès, Diaz Ferreira se retira et fut remplacé, le 23,
février 1893, par Hintze Ribeiro, qui réalisa quelques économies
et présenta un plan de réformes, mais les difficultés
financières persistantes nécessitèrent, au mois de
décembre, un remaniement ministériel, par suite duquel le
président du conseil prit le portefeuille des finances. Il ajourna,
puis finit par dissoudre les Cortès, qui étaient hostiles
à ses projets. Il obtint des élections favorables au gouvernement,
en 1894, puis, de nouveau en 1895, après une révision de
la loi électorale. Cependant Hintze Ribeiro voyait la majorité
lui échapper dans la Chambre des pairs. Il demanda au roi la création
d'un certain nombre de pairs inamovibles; le roi ayant refusé, le
cabinet donna sa démission le 5 février 1897. Il fit place
à un cabinet libéral, présidé par Luciano de
Castro. Cependant, la situation financière du pays avait fait surgir
des difficultés avec la France
au sujet des travaux du port de Lisbonne,
où se trouvaient engagés les intérêts d'une
maison française. Le gouvernement français eut aussi à
protester contre un édit du 5 janvier 1894, qui réglait la
liquidation des compagnies de chemins de fer portugaises dans des conditions
préjudiciables aux actionnaires français.
Au point de vue colonial,
le Portugal dut s'imposer des sacrifices assez considérables pour
étouffer une insurrection très sérieuse, qui éclata,
en 1895, parmi les Cafres du district de Lourenzo-Marquez (auj. Maputo),
dans la colonie africaine de Mozambique. Guidée par un chef entreprenant,
Gungunhana, la rébellion tint tête pendant longtemps aux forces
portugaises; le gouverneur de la colonie, Mousinho d'Albuquerque, obtint
cependant la soumission de Gungunhana. qui fut envoyé prisonnier
à Lisbonne.
La formation du cabinet
Luciano de Castro amena, comme conséquence, un renouvellement des
Cortès, qui furent dissoutes aussitôt après la formation
du nouveau gouvernement, qui se mit sérieusement à l'oeuvre
pour apporter un peu d'ordre dans les finances, et ne chercha pas à
dissimuler leur mauvais état. Les élections, le 2 mai 1897,
donnèrent la majorité au gouvernement progressiste. En 1898,
fut votée la conversion de la dette extérieure; le Portugal
ne faisait plus honneur qu'au tiers de sa dette. Les fêtes du quatrième
centenaire de Vasco de Gama firent oublier quelque
temps la détresse financière.
La situation se compliqua
par les divisions du parti progressiste qui amenèrent le ministère
à donner sa démission le 15 août; il fut reconstitué
par Luciano de Castro avec d'autres personnalités. De vains efforts
furent encore faits en 1899 pour combler le déficit du budget. En
juin 1900, éclata une crise ministérielle, provoquée,
plutôt par des questions personnelles que par des questions d'ordre
politique. Le ministère libéral donna sa démission
et fut remplacé par un cabinet conservateur, de nouveau présidé
par Hintze Ribeiro.
Un événement
important se produisit dans la politique extérieure du Portugal.
Depuis longtemps elle était fondée sur une alliance avec
l'Angleterre ,
mais ce lien s'était relâché, et, en 1895, cette puissance
avait traité le Portugal presque en ennemi. La venue d'une escadre
anglaise dans le Tage, en décembre 1900, fut l'occasion de discours,
qui témoignèrent que le pacte ancien était renoué.
En août 1901, une modification fut apportée par décret
sous réserve de l'approbation des Cortès, à la loi
électorale. Elle consistait dans la substitution du scrutin de liste
au scrutin uninominal et dans l'introduction d'une représentation
proportionnelle des minorités. Le but de ces mesures, concertées
entre le président du conseil et le chef du parti progressiste,
Luciano de Castro, était d'empêcher la formation d'un troisième
parti sous la direction de João Franco, qui s'était séparé
du parti régénérateur ou conservateur. Les élections
générales, au mois d'octobre, assurèrent encore une
forte majorité au ministère.
Un remaniement du
cabinet eut lieu en février 1903, mais sans qu'il cessât d'être
présidé par Hintze Ribeiro. Il eut à réprimer
à Coimbra de graves désordres, à la suite du refus
des habitants de payer l'impôt municipal. En mars 1904, le ministre
des finances, Texeira de Souza, se retira devant l'impopularité
et l'agitation provoquée par ses projets de nouveaux impôts;
il fut remplacé par Rodrigo Alfonso Pequito, député
de Lisbonne. Le ministère tout entier
démissionna le 18 octobre, à la suite du refus du roi d'ajourner
la Chambre, ainsi qu'il l'avait demandé.
Nouveau
ministère Luciano de Castro.
A son tour, ce fut
le chef des progressistes, Luciano de Castro, qui fut chargé de
constituer un cabinet. Mais, dès le mois de décembre, la
Chambre dut être dissoute, le cabinet progressiste ne pouvant gouverner
avec une assemblée composée, en majeure partie, d'adversaires
politiques. Les élections générales, en février
1905, donnèrent une majorité ministérielle, mais le
ministère fut contraint de donner sa démission en décembre,
n'ayant pu trouver une majorité pour résoudre la question
du renouvellement du contrat de monopole des tabacs. Le ministère
fut reconstitué sous la même présidence avec le concours
de nouveaux éléments, nais il dut bientôt céder
la place au cabinet régénérateur de João Franco.
Enfin, ce dernier ministère se retira lui-même en mai 1906,
et fit procéder à de nouvelles élections.
Ces élections,
qui ont eu lieu au mois d'août 1906, ont donné, comme il est
d'usage, la majorité au cabinet au pouvoir. Mais celui-ci paraît
disposer d'une majorité plus solide que les gouvernements précédents,
soutenu qu'il est par une fraction notable du parti conservateur, dont
Luciano Castro est le chef. La solution de l'affaire du monopole des tabacs.
la réforme de la comptabilité publique à laquelle
est véritablement lié, pense-t-on alors, l'avenir financier
du Portugal, tels sont les principaux points du programme que le ministère
João Franco proposa aux Cortès, le 29 septembre 1906. Ce
sera un échec, et le gouvernement dictatorial de João Franco
ne fit que précipiter la chute du régime. Le roi Carlos Ier
meurt dans un attentat le 1er février
1908, et Manuel II, qui n'a que 16 ans monte alors sur le trône.
Mais le 5 octobre 1910, la république est proclamée sans
qu'aucune vraie résistance ne lui soit opposée. Le roi Manuel
II s'exile en Grande-Bretagne .
Le XXe
siècle.
Cette première
république aux aspirations démocratiques, et dans laquelle
domine l'influence du PRP (Parti républicain portugais) de Afonso
Costa, lance une grande politique de réformes. Une constitution
est promulguée en 1911, qui instaure un régime parlementaire
à deux chambres, et prévoit notamment la séparation
de l'Église et de l'État. Mais le pays, à l'exception
de la bourgeoisie urbaine, d'ailleurs elle même assez divisée,
dont le nouveau régime a adopté plus ou moins les valeurs,
reste très archaïque dans ses mentalités, et même
dans ses pratiques politiques. Il s'ensuit de nombreux troubles et une
forte instabilité des gouvernements qui se succèdent à
un rythme accéléré. En 1915, un coup de force, ouvre
une période de dictatures (notamment celle du Général
Pimenta de Castro de janvier à mai 1915, puis celle Sidónio
Pais, de décembre 1917 au 14 décembre 1918, date de son assassinat).
En 1916, le Portugal, d'abord neutre, s'engage dans la Première
Guerre mondiale aux côtés des Alliés, ou plus exactement
aux côtés de son ancien protecteur, la Grande-Bretagne .
L'effort de guerre ne fait cependant qu'accroître les difficultés
économiques intérieures et les désordres. La monarchie
avait même été proclamée au Nord du pays en
janvier 1919. Après quelques combats contre les monarchistes,
le régime Parlementaire, de nouveau dominé par le PRP, sera
cependant rétabli le mois suivant, mais sans obtenir plus de succès
que précédemment. Plusieurs coups d'État sans lendemain
ont encore lieu, jusqu'à celui du 28 mai 1926, mené par le
général Gomes da Costa et qui va instaurer une dictature
militaire dont l'homme fort pendant quatre décennies sera un universitaire,
Antonio Oliveira de Salazar.
L'Estado
novo de Salazar.
Le coup d'État
de Gomes da Costa a débouché deux ans plus tard, en 1928,
par l'installation d'Oscar Carmona à la tête de l'État,
comme président. Il occupera se poste jusqu'en 1951. Au début
de ce mandat, Salazar n'est que ministre des finances. Mais en 1932, il
devient président du Conseil, et ainsi dépositaire de l'essentiel
des pouvoirs. Il fait adopter l'année suivante une nouvelle constitution,
fondatrice de ce qu'il appellera l'Estado Novo ( = le Nouvel Etat).
Ce sera au total, un régime de caractère fasciste, comparable
par son idéologie nationaliste et ses méthodes répressives
à ceux que mettront en place Mussolini en Italie
et Franco en Espagne .
L'Église retrouve ses privilèges, en même temps que
le catholicisme redevient religion d'État. Tous les partis (à
l'exception de celui de Salazar) sont interdits. Une police politique,
la PIDE (Police internationale de défense de l'État) se charge
d'étouffer dans le sang les oppositions, qui ne manqueront pas dès
les premières années du régime.
Malgré la
méfiance que lui inspire le général Franco, en Espagne ,
la communauté d'idées et de valeurs qu'ils partagnent conduit
Salazar à soutenir celui-ci pendant la guerre civile qui déchire
l'Espagne entre 1936 et 1939. Le Portugal salazariste renonce en revanche
à rallier Hitler
pendant la Seconde Guerre mondiale,
et tout en affichant une position neutre, finit, à l'approche de
la défaite de l'Axe, par accorder à la Grande-Bretagne
une aide modeste, contre la garantie de pouvoir conserver son empire colonial.
En 1949, le Portugal tente de s'ancrer encore davantage dans le camp occidental
en adhérant à l'OTAN. Mais l'après guerre est aussi
l'époque de la décolonisation, concédée de
gré et le plus souvent de force par les autres puissances européennes,
mais à laquelle le Portugal reste obstinément rétive.
Une obstination qui va déboucher sur l'isolement international de
la dictature salazariste, dès les années 1960, puis sur sa
chute en 1974.
Des
guerres coloniales à la révolution des oeillets.
Les nouvelles difficultés
coloniales du Portugal commencent en Inde ,
indépendante du Royaume-Uni
depuis 1947, et qui souhaite à partir de 1953 récupérer
les enclaves portugaises de Goa, Diu
et Damao. Le refus du Portugal conduisent à la rupture des relations
diplomatiques entre les deux pays deux ans plus tard, puis à l'invasion
par les troupes indiennes, 17 décembre 1961, des trois territoires.
Cette même année, une rébellion se déclare en
Angola
sous l'impulsion de plusieurs mouvements indépendantistes, dont
le Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPlA). Le soulèvement
dégénère rapidement en une guerre d'autant plus féroce
que la découverte de gisements pétrolifères
en septembre 1967 en démultiplie les enjeux. Au Mozambique, il n'y
avait pas de pétrole, mais un scénario très similaire
se jouait depuis 1964, à l'initiative du Front de libération
du Mozambique (FRELIMO) d'Eduardo Mondiale, et des mouvements indépendantistes
agitaient à la même époque la Guinée-Bissau
( L'Histoire du Golfe de Guinée )
et Sao Tomé-et-Principe.
Le Portugal, chaque
jour un peu plus mis à l'écart par ses voisins occidentaux,
ne peut plus compter que sur un empire colonial en voie d'éclatement.
Aussi d'immenses ressources employées à ses guerres qui appauvrissent
chaque jour un peu plus le pays. Une partie de la population doit émigrer
pour tenter d'échapper à la famine. Salazar, frappé
par la maladie, doit se retirer en 1968 (il mourra en 1970), pour céder
la place à Marcelo Caetano, qui par un léger dépoussiérage
du régime (la PIDE est renommée DGS ou Direction générale
de la sécurité, et des choses de ce genre), laisse croire
à une évolution du régime. Même sans Salazar,
c'est encore la dictature salazariste. C'est dans l'Armée, la mieux
placée pour constater l'impasse dans laquelle se trouve le Portugal
outre-mer, que la contestation va d'abord s'exprimer. Elle est timide chez
les officiers généraux, mais existe néanmoins, le
général António Spínola, commandant en chef
en Guinée-Bissau, et le général Costa Gomes, son homologue
en Angola ,
sont rappelés en métropole en janvier 1974 et démis
de leurs fonctions. Les positions des officiers de grades intermédiaires
(lieutenants, capitaines et commandants), sont plus radicales.
Le 25 avril 1974
un peu après minuit, le Mouvement des forces armées (MFA),
dirigé par Otelo Saraiva de Carvalho, lance une offensive coordonnée
dans tout le pays pour s'emparer de plusieurs bâtiments stratégiques.
Les chars entrent dans Lisbonne, où
la population offre des fleurs aux soldats insurgés, d'où
le nom de «-Révolution des oeillets », donné
à ce soulèvement. Lors du siège de la DGS, des coups
de feu sont tirés par les assiégés, faisant cinq victimes.
Ce seront les seuls morts de ce coup d'État qui marque la fin de
l'ère salazariste. Caetano, réfugié dans une caserne
de gendarmerie, accepte après de courtes négociations de
renoncer à ses fonctions et, avant de s'exiler au Brésil,
de remettre le pouvoir au général Spinola, que les événements
n'enthousiasment guère, mais qui a le soutien des insurgés.
Une junte de salut national est formée le lendemain; la démocratisation
(tenue prochaine d'élections libres, libération des prisonniers
politiques, retour des exilés politiques, etc.), la décolonisation
et le développement sont promis à cette occasion.
Le
Portugal en Europe.
Le Portugal va connaître
encore bien des soubresauts et des tumultes jusqu'en 1976, sur fond de
décolonisation accélérée (à l'exception
de Macao, restituée à la Chine
en 1999, et du Timor oriental, annexé par l'Indonésie, et
indépendant seulement en 2002, toutes les colonies acquièrent
leur indépendance) et de collectivisation massive (suivie par la
suite d'une reprivatisation) et de velléités de coups de
force. Une démocratie parlementaire
apaisée s'est installée ensuite. En 1976, les élections
législatives portent à la tête du gouvernement un socialiste,
Mário Soares, rentré d'exil quelques jours après la
Révolution des oeillets.
Plusieurs coalitions
gouvernementales se succèdent dans les années qui suivent.
Le 1er janvier 1986, le Portugal, qui avait si longtemps tourné
le dos à l'Europe ,
entre dans la Communauté économique européenne (devenue
depuis l'Union Européenne).
L'adhésion
entraîne une modernisation de l'économie portugaise, une augmentation
des investissements étrangers et une amélioration des infrastructures
grâce aux fonds structurels européens.
En 1998, Lisbonne
accueille l'Exposition universelle (Expo 98), célébrant les
500 ans des découvertes maritimes portugaises. Cet événement
stimule le développement urbain et touristique de la capitale. l'année
suivante le Portugal adopte l'euro, renforçant son intégration
économique avec l'Europe.
Une alternance régulière
entre coalitions de droite ou de centre-droit (1986-1995 et 2002-2005)
et de gauche (1995-2002, et depuis 2005), et une modernisation enfin effective
de l'économie, donnent au Portugal l'image d'un pays d'Europe parmi
les autres.
Le Portugal au
début du XXIe siècle.
Le Portugal est
gravement touché par la crise financière mondiale. En 2011,
le pays sollicite une aide financière auprès de l'Union européenne
et du Fonds monétaire international (FMI), recevant un plan de sauvetage
de 78 milliards d'euros. Le gouvernement doit mettre en place des mesures
d'austérité strictes et des réformes structurelles
pour stabiliser l'économie. Ces mesures, bien que jugées
nécessaires, entraînent une forte récession, une hausse
du chômage et des manifestations sociales.
En 2014, le Portugal
sort officiellement du plan de sauvetage et commence à montrer des
signes de reprise économique. Les exportations augmentent, et le
tourisme devient un secteur clé de l'économie. En 2015, António
Costa devient Premier ministre, formant un gouvernement de coalition de
gauche. Sous son mandat, le pays connaît une croissance économique
soutenue, une baisse du chômage et une amélioration des finances
publiques.
La crise sanitaire
mondiale due à la pandémie de covid-19 frappe durement le
Portugal, avec des conséquences économiques et sociales importantes.
Le gouvernement met en place des mesures pour soutenir l'économie
et la population, tout en gérant la crise sanitaire. Le plan de
relance post-pandémie se concentre sur la transformation numérique,
la transition énergétique et la résilience économique,
en grande partie financé par les fonds de l'Union
européenne.
Le Portugal s'engage
également dans une transition vers les énergies renouvelables,
devenant l'un des leaders européens dans ce domaine. Mais le pays
continue de faire face à des défis en matière de logement,
de disparités économiques et de gestion de l'immigration. |
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