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Histoire de l'Europe > L'Italie |
L'Italie antique |
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Les
Osques, les Ombriens,
les Sabins, les Tyrrhéniens, les Sicules,
les Vénètes, et les Oenotriens
sont parmi les populations les plus anciennement installées en Italie
dont les noms soient connus. Un autre peuple, peut-être apparenté
aux Ibères, occupa, au Nord des Tyrrhéniens,
la partie occidentale du Nord de l'Italie, qui reçut d'eux le nom
de Ligurie. L'Italie reçut également
très tôt, vers le XIe
siècle av. J.-C., des Hellènes
venant de la péninsule grecque
et qui occupèrent le sud de l'Italie (Grande-Grèce)
et la Sicile,
puis l'émigrations de conquérants germaniques, les Cimbres.
Peu après, les Étrusques
ou Rasena, qu'on fait descendre parfois des monts de la Rhétie,
fusionnèrent avec les Tyrrhéniens, et formèrent un
État fédératif, le plus puissant de l'Italie. La contrée
précédemment habitée par les Tyrrhéniens prit
alors le nom d'Etrurie. Cette confédération
des Étrusques fonda deux colonies : l'une au Nord, sur les bords
du Pô, et l'autre au Sud, dans la Campanie.
Une nouvelle émigration celte, composée de Gaulois Senones
et d'autres Celtes, compagnons de Bellovèse,
pénétra en Italie, environ 600
ans av. J. C., et y conquit, dans l'Italie septentrionale, que l'on appellera
plus tard la Gaule Cisalpine.
Le Latium, contrée de l'Italie centrale qui a joué le principal rôle dans l'histoire des peuples italiens, était habité par les Latins, peuple issu du mélange de populations aborigènes, lorsque, si l'on en croit les historiens romains, une colonie de la ville d'Albe la Longue, capitale de la confédération latine, fonda la ville de Rome, sur une colline près du Tibre, l'an 753av. J. C (plutôt vers 600, pense-t-on aujourd'hui). La nouvelle ville, gouvernée par des rois, de l'an 753 à l'an 509, devint le centre de la confédération latine, et s'appropria plusieurs institutions des Latins et des Sabins, et une partie de la civilisation des Étrusques. Rome eut ensuite à lutter contre les Gaulois au Nord, et les Samnites au Sud, devenus, avec les Romains, les plus fortes nations de la péninsule. Mais de 391 à 350 av. J.-C., les Gaulois épuisent inutilement leurs forces. De 343 à 267, Rome soumet non seulement les Samnites, mais toute l'Italie du centre et du sud. L'Italie du Nord fut subjuguée pareillement de 221 à 173, sauf quelques districts, et forma une province romaine. L'histoire de l'Italie entière se confond dès lors avec celle de Rome, dont elle suit les destinées jusqu'à la chute de l'empire d'Occident, en l'an 476 de notre ère, quand Odoacre, un Germain au service de Rome, mit fin à l'Empire. |
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Les peuples de l'Italie antiqueL'histoire de l'Italie ne commence à pouvoir s'écrire - et encore bien imparfaitement - qu'avec la colonisation grecque, au VIIIe siècle av. J.-C.; elle ne devient authentique qu'à partir du IVe siècle; mais les documents fournis par les Grecs permettent de remonter plus haut et de se représenter approximativement, et de façon très peu assurée, les mouvements de peuples à partir du XIIe siècle. Les rapprochements faits par les mythographes soucieux de procurer des généalogies hellénistiques aux peuples, cités et familles de l'Italie, ont encombré les histoires d'une foule de légendes rattachant à l'Asie ou à la Grèce les origines italiennes, et dont on se débarrasse pas si aisément.L'Italie, suivant les traditions mythologiques romaines, fut d'abord appelée Saturnie, à cause de Saturne, qui, chassé de Crète par son fils Jupiter, y trouva un asile auprès de Janus, roi du pays, à qui il enseigna l'usage des lettres et de l'agriculture. Plus de 400 ans avant la guerre de Troie, une colonie d'Arcadiens vint s'établir en Italie, sous la conduite d'Oenotrus, de qui le pays prit le nom d'Oenotrie. ltalus l'un de ses successeurs, lui donna celui d'Italie. Évandre, obligé de quitter le Péloponnèse, y mena vers le XIIIe s. av. J.-C. une nouvelle colonie d'Arcadiens, et bâtit la petite ville de Pallanteum, sur le mont appelé depuis Palantin. Peu de temps après, Énée, à la tête d'une troupe de Troyens qui avaient échappé à la fureur des Grecs, aborda à l'embouchure du Tibre et ayant épousé Lavinia, fille du roi Latinus, bâtit la ville de Lavinium, etc.Pour nous en tenir à l'histoire, on trouve à ses débuts, des peuples tels que les Oenotriens de la Campanie et de la Lucanie ultérieures asservis par les Grecs; les Tyrrhéniens asservis par les Rasenas en Etrurie et les Sicules qui formèrent un des éléments de la population latine et furent la principale composante, avant les Grecs, dans l'île de Sicile. Ces premiers peuples connus d'Italie, ou du moins leurs ancêtres directs dès le Néolithique, furent des marins et des constructeurs de forteresses; plusieurs de ces forteresses nous étonnent encore par la force de leurs murailles : Norba, Segni, Alatri, etc. On leur rattache encore les populations du Sud-Est de la péninsule, proches parentes des Grecs, celles des bouches du Pô, etc. La Sicile.
Les Sicanes avaient été refoulés à l'Ouest et au Nord-Ouest de l'île. Quant aux Elymes, ils étaient confinés à l'angle occidental, autour d'Eryx et de Ségeste; on leur attribuait une origine asiatique; il est possible qu'ils fussent apparentés de longue date aux premiers colons phéniciens. Ils disparurent assez vite. Les Phéniciens et leurs successeurs les Carthaginois ne s'implantèrent en nombre que sur la côte Nord-Ouest, à Motye, Panorme et Seloeis (Soluntum). La colonisation grecque commença au milieu du VIIIe siècle. D'abord vinrent les Chalcidiens à Naxos (735), puis les Corinthiens à Syracuse (734); les premiers étaient de des Ioniens, les seconds des Doriens; l'antagonisme entre les deux fut un des faits dominants de l'histoire sicilienne. Les Chalcidiens fondèrent Leontini, Catane, puis Himera (648) et Myles, Zancle. Sur le rivage Nord, les Syracusains, Acrae (664), Casmenae (644), Camarina (599). Les Doriens de Mégare fondèrent Megara Hyblaea, puis Sélinonte (628), ceux de Rhodes et de Crète, Gela (690) sur la côte méridionale; de celle-ci partirent les colons d'Agrigente (580). Ces colonies prospérèrent rapidement; la côte orientale et méridionale de l'île fut donc entièrement peuplée de Grecs. Les indigènes restèrent à demi indépendants dans l'intérieur. Les tyrans d'Agrigente, puis ceux de Gela et de Syracuse acquirent l'hégémonie de la plus grande partie de l'île; à partir du Ve siècle, l'histoire de celle-ci se confond avec celle de Syracuse. |
La
Grande-Grèce.
Dans la péninsule, les colons grecs abordèrent dès le XIe siècle; si l'on admet du moins que Cumes fut fondée en Campanie par des Ioniens d'Eubée vers l'an 1050 av. J.-C.; elle forma, avec ses colonies de Naples (Neapolis) et Dicaearchia (Pouzzoles), un groupe à part qui exerça une influence considérable sur les Italiens, mais eut peu de rapports avec les colonies grecques ultérieures. Celles-ci remontent à la seconde moitié du VIIIe siècle. Les Achéens ouvrirent la voie, fondant Sybaris vers 720 et Crotone en 710 av. J.-C. Ces deux cités devinrent les plus puissantes de toutes. En face de leur rivale Tarente, fondée par les Spartiates (708), elles créèrent Métaponte (entre 700 et 680); à l'Ouest de celle-ci les Ioniens fondèrent Siris (vers 680); vers l'extrémité de la presqu'île s'éleva Lucres Epizéphyrienne (710), colonie des Locriens. Sur le détroit existait depuis un certain temps Rhegium, colonie chalcidienne; plus tard, les Ioniens d'Asie fondèrent sur le rivage tyrrhénien Velia ou Élée (vers 540). Les cités que nous venons d'énumérer ayant rapidement grandi essaimèrent à leur tour : Posidonie, Laüs, Scidrus sont des colonies de Sybaris; Terina et Caulonia, de Crotone; Hipponium et Medina, de Locres; sur ce rivage tyrrhénien d'autres villes oenotriennes furent hellénisées : Pandosia, Petelia, Scylletium. Les cités grecques de l'Italie méridionale eurent une fortune rapide et brillante, éclipsant à ce point la Grèce proprement dite qu'on leur appliqua le nom de Grande-Grèce. Les colonies achéennes tinrent le premier rang. La richesse de Sybaris devint proverbiale; elle commandait à vingt-cinq cités et quatre peuplades italiennes. Celles-ci, apparentées aux Hellènes, s'assimilaient aisément, ce qui permit la constitution d'États agricoles très peuplés, où les indigènes et les colons se mélangeaient, partageant le droit de cité. Ce développement atteignit son apogée au VIe siècle. Malheureusement il nous est presque inconnu, les écrits historiques consacrés à cette période étant perdus. C'est d'autant plus déplorable qu'alors s'élaborèrent les premiers modèles de constitutions, telles que celles de Zaleucus à Locres, de Pythagore à Crotone, etc. La Grande-Grèce fut aussi un des foyers primitifs des sciences et de la philosophie, en particulier des mathématiques, et ses philosophes eurent un rôle prépondérant (pythagoriciens, Éléates, Empédocle, etc.). Cette splendeur fut ébranlée par des guerres civiles implacables. Tout d'abord les trois grandes villes achéennes se coalisèrent pour exterminer les Ioniens de Siris. Après la destruction de cette opulente cité, les discordes suscitées par les pythagoriciens provoquèrent une guerre entre Crotone, où ils prévalaient, et Sybaris; celle-ci fut détruite (510) et sa chute produisit une profonde sensation. Les guerres civiles continuèrent si bien que la Grande-Grèce resta étrangère au grand duel des guerres médiques; comme la Sicile, d'ailleurs, Rhegium crût en force sous la tyrannie d'Anaxilaos (496-476) et grâce à son union avec Zancle ou Messine (renforcée par les immigrants messéniens). Les Rhégiens et Locriens avaient infligé une sanglante défaite aux Crotoniates. A partir du Ve siècle commence le déclin de la Grande-Grèce. La fondation des nouvelles colonies de Pyxus (Buscentum) par les Rhégiens (473), de Thurii (près des ruines de Sybaris) par les Athéniens (443), d'Héraclée (près des ruines de Siris) par les Tarentins (432) ne peut l'enrayer. La réaction des peuples de l'intérieur fait reperdre aux Grecs presque tout le territoire qu'ils s'étaient agrégé. De ce moment il est certain que l'Italie serait aux Italiens. La péninsule.
Les
Sabelliens.
On rattache à la famille sabellienne les montagnards pillards établis dans les montagnes qui dominent le Latium : les Eques dans la vallée de l'Anio; les Volsques dans celle du Léris, les monts Lepini et la plaine Pontine. Au Sud des Latins, le petit peuple des Rutules, absorbé dès le VIe siècle, occupait Ardée; on ne sait de qui les rapprocher : des Latins, des Étrusques ou d'autres? Les
Ombriens.
L'Étrurie septentrionale forma une confédération de douze cités, dont nous ne savons pas grand-chose. Felsina (Bologne), Mantoue, Melpum sur l'Adda, Adria qui donna son nom à la mer Adriatique, furent les plus célèbres. Au nom des Étrusques se rattachent les immenses travaux d'endiguement, de canalisation et de drainage qui assainirent et mirent en valeur le bassin inférieur du Pô. Dans l'Etrurie proprement dite, la Toscane actuelle, ils en accomplirent d'aussi importants; le val de Chiana, la Maremme connurent alors une richesse qu'elles n'ont jamais retrouvée. Constructeurs de villes, guerriers, agriculteurs, commerçants, marins, les Étrusques se distinguaient en tout des autres peuples de l'Italie. Leurs marins parcouraient les mers Adriatique et Tyrrhénienne auxquelles on garde justement leur nom. Ils y dominèrent pendant des siècles avant les Grecs et les Carthaginois qui leur enlevèrent la prépondérance dans la Méditerranée orientale. La confédération des douze cités qui se partageaient l'Etrurie toscane formait probablement une véritable nation; le lien fédéral se relâcha plus tard et le morcellement prépara la ruine de ce peuple énigmatique. Au temps de sa puissance, il s'était étendu sur le Picenium, sur le Latium où il colonisa Fidènes, Crustumeria, Tusculum; soumit les Volsques et les Rutules, sur la Campanie, où, vers l'an 800 av. J.-C., s'organisa une troisième fédération étrusque; les principales cités étaient Volturnum (Capoue), Nola, Acerrae, Herculanum, Pompéi; on y ajoute Nuceria, Calatia, Teanum, Cales, Suessa, Aesernia, Atella, pour compléter la douzaine. En Campanie, les Étrusques se trouvaient juxtaposés aux Grecs établis là depuis le XIe siècle. Les rapports militaires et commerciaux furent continus et exercèrent sur l'Etrurie une action d'autant plus grande que la population tyrrhénienne y offrait un champ plus favorable et conservait un dialecte voisin du grec. Les cités de Caese, Pyrgi étaient presque grecques; Tarquinies et Caese eurent leur trésor à Delphes, comme Athènes. Vers le VIIIe siècle avant l'ère chrétienne, les Étrusques semblaient les maîtres de l'Italie; leur marine dominait sur les deux rivages; le bassin du Pô, la Toscane, la Campanie leur appartenaient. Les Latins, les Ombriens subissaient leur ascendant. On ne peut méconnaître l'énorme influence exercée par les Étrusques sur les peuples voisins et en particulier sur les Romains. Ils ont fourni à L'État romain et à l'esprit romain plusieurs de leurs caractères essentiels. Leur puissance fut brisée par les Gaulois et les Grecs. Les Carthaginois avaient été de dangereux rivaux sur mer, s'installant en Sardaigne et en Corse, fermant le détroit de Gadès (de Gibraltar); mais ils laissaient aux Étrusques la mer Tyrrhénienne. Les Grecs vinrent les y attaquer. Des corsaires cnidiens s'établirent aux îles Lipari au milieu du VIe siècle et vainquirent la flotte étrusque. Les Rhodiens, les Phocéens lui infligèrent des défaites analogues; bien qu'avec l'alliance carthaginoise elle ait expulsé les premiers de Corse, Anaxilaos de Rhegium ferma aux Étrusques le détroit entre la Sicile et l'Italie. Les Syracusains furent des ennemis encore plus redoutables. Vainqueurs des Carthaginois à Himère, ils s'allièrent aux Ioniens de Cumes; auprès de cette ville, les Étrusques essuyèrent un désastre naval irréparable (474). Ils perdirent la mer; au siècle suivant, Denys de Syracuse put promener ses navires dans la mer Adriatique (387) et piller Pyrgi sur la côte toscane (383). Mais à cette époque la décadence des Étrusques était consommée. Les coups mortels leur furent portés par les Celtes. L'Italie septentrionale.
« Comme conquérants, les Gaulois ne dépassèrent pas les limites où s'était arrêtée l'invasion des Sénons. Mais cette peuplade vigoureuse, ces hommes avides de bruit, de butin, de combats, troublèrent longtemps la péninsule, comme tout l'ancien monde, avant que les légions pussent les saisir au milieu de leurs forêts et les fixer au sol. Ils habitaient des bourgs sans murailles, dormaient sur l'herbe ou la paille, ne savaient que combattre et un peu labourer. Vivant surtout de chair, ils n'estimaient que les troupeaux et l'or, richesses mobiles qui ne gênent point le guerrier et qu'il transporte partout avec lui. Sous leur domination, la Cisalpine retourna à la barbarie d'où les Étrusques l'avaient tirée : les forêts, les marécages s'étendirent; les portes des Alpes surtout restèrent ouvertes, et il en descendit continuellement de nouvelles bandes, qui réclamèrent leur part du pays de la vigne. Leur haute taille, leurs cris sauvages, leurs gestes emportés et menaçants, et cette ostentation de carnage qui, les jours de, bataille, leur faisait dépouiller tout vêtement. pour combattre nus, effrayèrent si fort les Italiens, qu'à leur approche il n'était personne qui ne s'armât. » (Duruy).Ils fournirent des mercenaires à quiconque les payait. Ils n'achevèrent même pas la conquête de l'Italie septentrionale. A côté d'eux subsistèrent à l'Ouest les Ligures, à l'Est les Vénètes. Les
Ligures.
« Point de villes, si ce n'est Gênes, leur marché commun. Peu de peuples eurent une telle réputation d'activité laborieuse, de sobriété, de vaillance. » (D.).Il fallut quarante ans aux Romains pour en venir à bout, et ils n'y réussirent qu'en transplantant au loin les plus réfractaires. Les
Vénètes.
Les
autres peuples.
La décadence
des colonies grecques.
L'hégémonie de RomeLa conquête romaine.Le retour offensif des éléments indigènes inauguré par les Sabelliens fut continué par les Romains. Ce n'est pas ici le lieu de retracer l'histoire des origines de la cité du Tibre et de sa grandeur. Nous nous contenterons de rappeler les faits essentiels. Le peuple romain résulte d'un mélange de Latins et de Sabins, auxquels s'ajoutèrent des Étrusques; sous une dynastie toscane fortement hellénisée, elle acquit une puissance dont témoigne l'étendue de l'enceinte de Servius Tullius. La chute de cette dynastie (509), suivie d'une guerre malheureuse contre le monarque de Clusium, réduit Rome à son territoire propre. Elle conserve une partie de son importance économique, et son caractère composite, n'ayant et n'excitant chez aucun des peuples voisins de haine xénophobe, les absorbant aisément et propageant sa nationalité par le système des colonies. Elle guerroie au Ve siècle contre les Étrusques de Veies et Fidènes, contre les Sabins, les Éques et les Volsques, alliée aux Latins qu'elle protège. Après avoir détruit Veies, elle subit le choc des Gaulois Sénons (Senones). Ceux-ci, continuant de refouler les Étrusques, se heurtent aux Romains; ils les écrasent et brident leur ville. Pendant plusieurs années, les bandes gauloises dévastent la région du Tibre. Quand elles se retirent, Rome qui s'est relevée et a réorganisé son armée, profite de l'affaiblissement général de ses voisins. Quand elle a consommé la fusion de ses patriciens et plébéiens (366), sa grandeur est assurée. Les nouvelles incursions gauloises (367-49) sont repoussées; les Herniques et les Latins renouvellent leur alliance avec Rome; les Volsques et les Éques sont presque exterminés; l'Étrurie méridionale est subordonnée. L'État romain étend en 343 de la forêt ciminienne au Liris sa domination ou son protectorat. Rome engage avec les Sabelliens une guerre acharnée qui décidera de la suprématie en Italie. L'État romain leur arrache la Campanie, écrase les Samnites; successivement tous les peuples de l'Italie centrale sont impliqués dans la lutte : Étrusques et Ombriens y jouent leur indépendance comme les Samnites. Mais leurs divisions, le manque d'unité dans leurs opérations assurent la victoire aux Romains. Lorsqu'il se forme enfin une coalition générale à laquelle participent les Gaulois Sénons, elle est vaincue dans la terrible bataille de Sentinum (295) qui décide le sort de l'Italie. Rome entre alors en conflit direct avec les Grecs et les Gaulois. La grande cité de l'Italie méridionale, Tarente, lui tient tête. Les Sénons, après une brillante victoire, sont exterminés. Les Boïens levés pour les venger sont massacrés au lac Vadimon; pendant un demi-siècle les Gaulois resteront en paix avec Rome. Elle dompte les Lucaniens et Bruttiens et, malgré le talent de Pyrrhus, conquiert la Grande-Grèce et Tarente (272). La défaite des Picentins (268) et des Sallentins (266) consomma l'unité italienne. La frappe d'une monnaie d'argent atteste l'entrée de l'Italie romaine dans le système économique des grandes nations du monde antique (269). Elle se crée une flotte, et, profitant de sa situation au centre de la Méditerranée entre l'Occident barbare et l'Orient anarchique et démoralisé, elle va étendre sa domination sur tout le bassin de la Méditerranée. L'unification de l'Italie par les Romains consommée en 266 devait durer plus de huit siècles, jusqu'à l'invasion lombarde. Cependant, l'unité politique précéda l'unité morale; les résistances des Italiens se manifestèrent encore à plusieurs reprises durant deux siècles. La lutte qui livra
aux Romains l'empire du monde antique fut
engagée pour la possession d'une annexe de l'Italie, la Sicile.
La première guerre punique la leur donna, et bientôt après
ils y ajoutèrent la Sardaigne et la Corse, dont la soumission ne
fut achevée qu'un siècle plus tard. Puis vint celle de la
région continentale, du bassin du Pô. Commencée, en
232, interrompue
par la seconde guerre punique, elle fut reprise; en 191,
la Cispadane est conquise; la Transpadane le fut ensuite. Les Vénètes
ne résistèrent pas. L'Istrie fut subjuguée en 177.
Les Ligures, combattus depuis 236,
ne furent domptés qu'en 158.
A cette date, toute l'Italie continentale obéit aux Romains. Dans
la péninsule, Hannibal avait soulevé
les Sabelliens et les Grecs; les effroyables
ravages de la Seconde Guerre punique
eurent une influence néfaste pour l'avenir de l'Italie. La Grande-Grèce
en sortit ruinée; le centre de la péninsule fut dépeuplé.
La concurrence du blé de Sicile, puis d'Égypte,
ruinant les laboureurs italiens, les pâturages à esclaves
s'agrandirent au détriment des champs. L'antagonisme croissant au
IIe siècle
entre les Italiens et les Romains se traduisit par la guerre sociale, révolte
des Italiens qui tentèrent de se constituer en nation à côté
de Rome (90-89).
Ce fut encore une insurrection des Sabelliens; on la noya dans le sang;
après ces répressions et les massacres qui signalèrent
la victoire de Sylla sur les partisans de Marius,
le Samnium fut réellement un désert. La dernière opposition
collective de l'Italie contre ses maîtres se manifesta contre les
triumvirs, à l'occasion des expropriations faites pour donner des
terres aux vétérans. Elle provoqua la révolte de l'an
41 (guerre
de Pérouse) qu'Octave
réprima férocement. L'Etrurie et l'Ombrie furent dépeuplées.
Après cette longue série de guerres et de proscriptions,
l'immense majorité des anciens Italiens avaient péri. Les
esclaves importés du dehors,
Celtes, Phrygiens,
Syriens, Africains, Ibères,
Germains et leurs descendants affranchis
formaient la majorité de la population des villes et des campagnes.
La conquête de l'Italie par les Romains. L'Italie romaine.
La grande innovation du nouveau régime fut la division de l'Italie en régions; ce fut une première atteinte à l'unité. Auguste institua onze régions : La première comprit les plus anciennes conquêtes de Rome, le Latium ancien et nouveau (pays des Volsques, Herniques et Aurunces) et la Campanie avec Salerne et les cités du haut Vulturne (AIlifae, Callifae, Telesia, Venafrum) on l'appela Latium et Campanie, puis Campanie seulement. Elle eut pour limite méridionale le Silarus (aujourd'hui Sele).Cette division, à peu près conforme au passé historique, eut une grande importance et demeura la base des remaniements ultérieurs. L'Italie impériale.
La Transpadane (dont on a détaché Bergame); la Vénétie et Istrie;On ajouta à ces huit provinces les îles (provinces de Sicile, de Sardaigne, de Corse), la Rhétie et les Alpes Cottiennes pour former le diocèse d'Italie. La capitale administrative fut Milan. On laissait subsister le diocèse urbain, comprenant Rome et sa banlieue; pour certaines prérogatives, la limite était le centième mille à partir de Rome; pour d'autres affaires l'enceinte de la ville. Les combinaisons administratives varièrent : à partir de 320 on généralisa la division en Italie urbicaire (comprenant la péninsule et les îles), administrée par le vicaire de Rome, et Italie annonaire ou proprement dite comprenant la Gaule cisalpine. Le mot d'Italie désigne soit le diocèse unique d'Italie, soit l'un des deux (quand il y en avait deux) et de préférence celui du Nord (auquel on réunit l'ancien diocèse de Pannonie), l'autre s'appelait diocèse de Rome; soit encore la préfecture du prétoire, embrassant outre ces diocèses ceux d'Afrique et d'Illyrie occidentale. L'Italie supporte, au Bas-Empire, toutes les charges des autres provinces: service militaire, impôts sont les mêmes. Quand la capitale fut transportée à Constantinople, l'Italie ne différa plus des autres parties de l'Empire; elle fut, comme la Gaule ou l'Espagne, un agrégat de provinces. La vie municipale et provinciale avait été favorisée par les empereurs. Si elles déclinent, c'est en dépit de leurs efforts. Les vieilles divisions nationales tendent à reparaître dans les limites antiques. Durant le courant du IVe siècle le Samnium recouvre les cités du haut Vulturne et Bénévent. On sépare l'Émilie de la Ligurie; la Sabine reparaît à part sous le nom de Valérie, emprunté à la voie qui la traverse; la Flaminie est également constituée en province distincte. Puis la séparation de l'Italie en deux diocèses se traduit par le fractionnement de l'Etrurie en Tuscie annonaire (septentrionale) et Tuscie urbicaire; d'autre part, on remanie encore l'ancienne Ombrie, séparant d'une part la province de Flaminie et Picenum annonaire, région côtière (aujourd'hui Marche), de celle de Flaminie et Picenum urbicaire, région de l'Apennin. Dans l'Italie proprement dite, c.-à-d. continentale, on réunit la Transpadane à la Ligurie. Plus tard, entre 538 et 555, on découpera cette Ligurie comprise entre les Alpes, l'Adda et la mer; le nom de Ligurie restera à la région au Nord du Pô (ancienne Transpadane) tandis qu'on appliquera celui d'Alpes Cottiennes à l'ancienne Ligurie au Sud du Pô (Gênes, Robbio, Tortone, Acqui). Sous des noms parfois nouveaux subsistent les divisions naturelles et historiques. Lorsque le pouvoir central va s'affaisser et que l'intrusion des Barbares dans les cadres de l'Empire l'aura disloqué, le fractionnement de l'Italie se fera de lui-même. Toutefois, il faut tenir compte des circonstances qui l'aggravèrent et détruisirent pour quinze siècles l'unité réalisée par les Romains. Durant les deux premiers siècles du Bas-Empire, l'Italie est encore le centre d'un des gouvernements qui se partagent l'Empire. Maximien, Constant y résident, puis Valentinien, Gratien, Honorius et ses faibles successeurs. Mais de plus en plus on délaisse Rome; la résidence impériale est d'abord Milan; quand l'Italie est devenue frontière, les empereurs s'abritent derrière les canaux et la forte enceinte de Ravenne. La première invasion fut celle d'Alaric (402); puis vinrent les bandes de Radagaise (405); après l'assassinat de Stilicon, le retour d'Alaric et le pillage de Rome (410). Son successeur Ataulf emmène hors d'Italie les Wisigoths (412). En 452 vient Attila; en 455, Genséric saccage Rome. Les derniers empereurs d'Occident sont les jouets de leurs mercenaires barbares. L'un de ceux-ci, Odoacre, envoie les insignes imperiaux à Constantinople (476) et essaye de fonder un royaume en Italie. Mais cette histoire appartient déjà au Moyen âge. (F. Henneguy). |
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